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"Le mot en A" : une bande dessinée utile sur la question de l’avortement

20 Septembre 2023, 04:38am

Publié par hugo 🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️

 Le mot en A" : une bande dessinée utile sur la question de l’avortement

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17 sept. 2023 à 11:26

4 min
Par Fanny De Weeze*, une chronique pour Les Grenades
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En 2023, prononcer le mot en A reste un sujet de débat épineux. Elizabeth Casillas, scénariste de bande dessinée, en a conscience et s’est alors penchée sur les raisons de cette controverse.

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Sa bande dessinée, illustrée par Higinia Garay, Le mot en A, une histoire mondiale de l’avortement aborde de manière perspicace et avec une pointe d’humour un sujet délicat et nécessaire.

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Un point théorique
En commençant par (ré)expliquer ce qu’est l’avortement, notamment en mettant en lumière les différences entre l’avortement spontané, thérapeutique, volontaire et l’avortement indirect, la bande dessinée apporte un éclairage utile pour ceux et celles qui pourraient encore avoir des doutes quant à certaines informations.

Mettre par écrit, avec des sources à l’appui, des renseignements vérifiés et vérifiables, demeure toujours essentiel, car les fausses informations sont monnaie courante, que ce soit dans les médias ou ailleurs.

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

Viennent ensuite des chapitres qui, tour à tour, abordent les différentes typologies des femmes qui avortent. Sans surprise, cela touche toutes les franges de la population. La différence vient surtout de la classe sociale de ces femmes. L’autrice pointe du doigt le traitement inégal entre les femmes qui peuvent se permettre des avortements à l’étranger de manière sécurisée, tandis que celles issues d’un milieu plus modeste doivent se tourner vers des méthodes qui peuvent mettre leur vie en danger. Comme le souligne Elizabeth Casillas, "les femmes riches n’avortent pas, elles partent en vacances, les femmes pauvres n’avortent pas, elles meurent".

À la lecture de ces chapitres, on constate que, indépendamment du pays, les femmes sont soumises à des décisions qui devraient relever exclusivement de leur propre choix et responsabilité.

À lire aussi
Au-delà de 12 semaines : le règne de la débrouille pour celles qui veulent avorter

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Entre religions et pays
De tout temps, au sein de chaque religion, l’interruption volontaire de grossesse a été et reste toujours un sujet suscitant d’importantes réactions. L’autrice brasse les différents traitements de l’avortement par ces religions, oscillant entre hypocrisie et chasse à la sorcière, qui perpétuent un contrôle sur le corps des femmes. Entre stérilisations forcées pour certaines et interdiction totale pour d’autres, les pays et religions édictent des lois arbitraires en fonction des origines et des classes.

En ne se limitant pas à retracer l’évolution de l’avortement à travers le temps et les religions, Elizabeth Casillas opère un focus sur certains pays, notamment la France, mais aussi les États-Unis, où cette question de droit est en perpétuelle remise en question en fonction des états et des dirigeants.

►►► Pour recevoir les informations des Grenades via notre newsletter, n’hésitez pas à vous inscrire ici

Ailleurs, on découvre que le Salvador possède une législation les plus restrictives au monde, "C’est simple : toute interruption volontaire de grossesse est interdite". Les dénonciations pour avortement sont fréquentes, de même que les grossesses non désirées chez des adolescentes, suite à des viols par des membres de la famille ou des voisins.

Ce panorama d’un pays à l’autre démontre que la lutte pour un accès sécurisé et protégé à une interruption de grossesse n’est toujours pas gagnée, et que des femmes sont encore victimes de lois liberticides.

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En Pologne, Justyna Wydrzyńska risque toujours la prison pour avoir aidé une femme à avorter
De l’importance de cet essai graphique
Faire de ce sujet un essai graphique est une entreprise qui aurait pu s’avérer périlleuse, car encore aujourd’hui, le mot est souvent banni ou invisibilisé. Cependant, en combinant des couleurs vives, un graphisme moderne et des typologies percutantes, le tout avec un ton tantôt drôle, tantôt sérieux, la scénariste et la dessinatrice réussissent à composer une bande dessinée qui rassemble les informations importantes et nécessaires à la compréhension de cet enjeu sociétal et éthique.

Il est à noter qu’Elizabeth Casillas et Higinia Garay ont déjà collaboré sur la bande dessinée Todas nosotras édité chez Astiberri en 2020, qui décrit la réalité de l’avortement au Salvador.

Toutes deux engagées dans le combat contre les inégalités de genre et les violations des droits humains, elles démontrent, avec cette nouvelle sortie, l’engagement dont elles font preuve et la qualité dans ce qu’elles entreprennent.


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Pour aller plus loin
Si certains films n’osent pas aborder frontalement cette question en prenant des précautions ou en l’ignorant totalement, d’autres en ont fait leur sujet principal. On pourra citer comme films Grandma de Paul Weitz, L’une chante l’autre pas d’Agnès Varda ou encore L’événement d’Audrey Diwan (adapté du livre éponyme d’Annie Ernaux).


Le mot en A, Elizabeth Casillas au scénario et Higinia Garay aux illustrations, Traduction de l’espagnol par Alice Gallori, Editions Steinkis, 24 août 2023, 18€, 144 pages.

*Fanny De Weeze est une lectrice passionnée qui tient un blog littéraire (Mes Pages Versicolores) depuis 2016 sur lequel elle chronique des romans, des essais et des bandes dessinées.

Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias


https://www.rtbf.be/article/le-mot-en-a-une-bande-dessinee-utile-sur-la-question-de-lavortement-11256948

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Le jour où mon petit ami a tenté de se suicider

18 Septembre 2023, 23:43pm

Publié par hugo 🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️

Le jour où mon petit ami a tenté de se suicider
JulietteGee
 Mis à jour le 10 septembre 2023 à 19h39
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MADMOIZELLE  SOCIÉTÉ  SANTÉ  SANTÉ MENTALE
Cette lectrice a fait face à la détresse de son petit ami de l’époque. Elle n’aurait jamais cru possible qu’il tente de mettre fin à ses jours.
C’était en février 2014, et j’avais 22 ans. On était ensemble depuis quelques mois, mais notre relation était aussi intense que difficile.


On se disputait énormément, et ça partait parfois très loin : des portes qui claquent, des pleurs, des insultes…

Si aujourd’hui je vois l’aspect destructeur de la relation que nous avions, je pensais à l’époque que le fait de s’aimer très fort effaçait tout le reste.

La dispute de trop
Un soir, une énième dispute a éclaté (pour rien, comme toujours) et j’ai voulu marquer le coup, montrer que j’étais vraiment énervée.

Quand il est parti, je lui ai envoyé un message disant qu’il valait mieux qu’on arrête de sortir ensemble.

Je savais bien au fond de moi qu’on se réconcilierait très vite, comme d’habitude, mais la colère et la fierté m’ont poussée à lui envoyer ce message, en espérant qu’il ferait des efforts par la suite.

On s’est endormis chacun chez soi, sur ces messages de rupture.

J’étais mal, et j’espérais qu’il reviendrait très vite vers moi pour qu’on oublie tout ça, une fois de plus.

Sans nouvelle pendant deux jours
Le lendemain, je n’ai eu aucune nouvelle. Ma colocataire, qui était son amie et qui nous avait d’ailleurs présentés l’un à l’autre, lui a envoyé plusieurs messages qui sont également restés sans réponse.


Lui et moi étions tellement souvent dans le dramatique que ça ne nous a pas paru inquiétant au début. Je ne lui avais pas donné de nouvelles non plus. Question de fierté…

Je voulais que ce soit lui qui revienne vers moi.

La journée est passée, et la nuit également. Le lendemain matin, je n’avais toujours aucune nouvelle, et ma coloc non plus.

Progressivement, j’ai commencé à m’inquiéter. Il était impulsif, très sensible, et je savais qu’il était capable de prendre sa moto et de rouler à fond sur des kilomètres pour se vider la tête, ou de partir sur un coup de tête à l’autre bout du pays…

Je ne pensais pas qu’il pourrait aller plus loin.

Je savais qu’à 15 heures, il avait une répétition avec son groupe de musique. J’ai envoyé un SMS à un de ses amis pour m’assurer qu’il était bien là. Il m’a répondu qu’il n’était pas là et que personne n’arrivait à le joindre.

J’ai appelé. Son portable était éteint.

J’ai commencé à avoir peur.

Et s’il s’était suicidé ?
Ma coloc a tenté de le joindre également. On a contacté son meilleur ami, qui a essayé aussi. Rien. Aucune réponse à nos messages inquiets le suppliant de nous répondre qu’il allait bien.


Je me souviendrai toujours de ce moment où ma coloc et moi, en pyjama, sur le canapé, avons décidé de traverser la ville pour aller à son appartement.

Ça nous a pris d’un coup, un pic d’adrénaline énorme dû à la panique, un besoin irrémédiable de vérifier que nous nous inquiétions pour rien, et de lui faire payer ce silence.

C’est à ce moment-là que j’ai dû faire face à cette terrible angoisse : et s’il s’était suicidé ?

Une angoisse accompagnée par cette pensée supplémentaire : et s’il s’était suicidé à cause de moi ?

L’urgence à vérifier qu’il est en vie
On a enfilé une veste par-dessus notre pyjama, et avons contacté son meilleur ami : on allait prendre le tram, et il monterait quelques arrêts plus loin dans le même, pour qu’on y aille tous les trois.

Je me souviens à quel point on a couru jusqu’à l’arrêt de tram.

Ma coloc et moi avions parfois un rire nerveux, comme si on essayait de se dire « on est ridicules à s’inquiéter pour rien ».

Mais j’avais une boule énorme dans la gorge. Je pensais à sa famille, à ce qu’ils ressentiraient. Je pensais à la culpabilité qui me suivrait toute ma vie.


Et je pensais à lui, je l’imaginais mort, sans que je ne puisse jamais lui dire que je voulais être avec lui, que j’avais dit ça juste pour marquer le coup après une énième dispute, que je l’aimais…

Je me souviens avoir regardé les gens dans le tram, et avoir eu l’impression d’être dans un film : des choses terribles se passaient en ce moment même, et ces gens vivaient tranquillement leur vie, l’air de rien.

C’était une ambiance terrifiante, que je n’oublierai jamais.

On a retrouvé son meilleur ami un peu plus loin. Le tram était à la fois beaucoup trop lent, et beaucoup trop rapide.

Nous étions tous les trois partagés entre la hâte de voir que tout allait bien, et la terreur de le trouver mort. On n’osait pas en parler en ces termes. On essayait de se rassurer mutuellement.

Aujourd’hui encore, je me sens connectée à ces deux personnes par cet évènement, et par ce qu’on a ressenti ce soir-là. Je ne sais pas s’ils y pensent encore.

La peur d’une vie brisée par le deuil et la culpabilité
On a fini par arriver à l’autre bout de la ville, et on a marché vers son immeuble. Il faisait très froid, et nous étions en pyjama, mais je crois que rien n’avait vraiment d’importance.

On était là et pas là en même temps, tout était coupé du monde et du temps. La peur était tout. J’essayais d’avancer sans penser, mais c’était impossible.


On est arrivés au bas de son immeuble, et il y a eu le premier choc : une lumière à son étage, celle de sa salle de bain.

J’ai vu tellement d’images défiler dans ma tête. Je l’imaginais dans sa baignoire, remplie de sang. J’imaginais son enterrement, et je voyais ses parents pleurer.

Je voyais ma vie brisée, mon cœur déchiré par le manque et la culpabilité.

On a monté les étages, et on est arrivés devant sa porte.

Je n’ai pas pu m’en approcher, je me suis appuyée contre un mur. Je tremblais.

Son meilleur ami a frappé, a sonné. Rien. Il a appelé. Il a crié. Il a donné des coups de pieds dans la porte. Rien. Le silence. Glaçant.

Le silence qui devait nous faire accepter une réalité que nous avions essayé de nier jusqu’alors. Nous ne nous étions pas inquiétés pour rien. C’était réel.

Si vous avez, ou que l’un de vos proches a des pensées suicidaires, tournez-vous vers les numéros d’écoute comme :

Le standard du Fil Santé Jeunes : 0800 235 236
La page gouvernementale Que faire et à qui s’adresser face à une crise suicidaire ?
Suicide écoute : 01 45 39 40 00 (7j/7, 24h/24)
SOS suicide phénix : 01 40 44 46 45 (7j/7, de 13h à 23h, prix d’un appel local.
Vous pouvez avoir accès à des professionnels dans des centres médico-psychologiques, trouvez le plus proche de chez vous sur Internet.

Je me suis effondrée en sanglots.


J’ai littéralement glissé par terre, et je pleurais sur le sol. Je voulais que tout s’arrête, je ne voulais plus avoir mal, je voulais me réveiller de ce cauchemar.

J’aurais tout donné à cet instant pour arrêter de ressentir ce que je ressentais. C’était impossible, ça n’arrivait que dans les films, ça ne pouvait pas être vrai. Tout se déchirait en moi.

Son meilleur ami était en pleine panique.

Je me rappelle l’avoir entendu échanger avec ma coloc sur ce qu’il convenait de faire : appeler les pompiers ? Mais il n’y a que les flics qui peuvent forcer une porte non ?

Si on appelle les pompiers et qu’ils ne peuvent pas entrer ça ne sert à rien, si ? Est-ce que les voisins auraient la clé ?

J’avais l’impression de les entendre de loin. J’étais très loin. Qu’ils trouvent une solution, putain.

J’ai su que quelque chose n’allait pas
Ma coloc s’est penchée au-dessus de l’escalier. J’ai su après qu’elle avait entendu des pas. Moi je n’entendais plus rien.

Elle est revenue, s’est penchée vers moi et a dit « il est là ». Je me suis étranglée, je ne comprenais pas. Elle a répété « il est là, c’est bon, il est là ».

J’ai réussi à me relever en tremblant, et je l’ai vu qui montait les escaliers.


J’ai pleuré de plus belle. De soulagement, de colère, d’épuisement moral. Trop de choses avaient explosé dans ma tête en peu de temps, j’avais l’impression de devenir folle et de ne plus savoir ce qui était vrai ou pas.

Il nous a demandé pourquoi on était là.

Son meilleur ami le lui a expliqué, la voix tremblante. Il n’a rien répondu. J’ai su alors que quelque chose n’allait pas.

Il était en survêtement, un sachet à la main. Son visage était fermé, son regard flou. Tous ses mouvements étaient lents et étranges.

On est rentrés à l’intérieur de son appartement. Tout était sens dessus-dessous. Les cigarettes à moitié fumées traînaient partout, tout était sale et ça sentait mauvais.

Il s’est assis sur le canapé. On a voulu lui parler, mais il était ailleurs. Je lui demandé où il était. Il était descendu acheter des cigarettes. Il y avait effectivement des paquets de clopes dans son sachet, avec un Coca.

Son regard était vitreux, et il ne comprenait pas vraiment ce qu’on lui disait.

Qu’est-ce qu’il a pris ?
Son meilleur ami a été exceptionnel, et il a tout géré, ce que je n’avais pas la force de faire : il lui a demandé ce qu’il avait pris, en quelle quantité. Ça a mis du temps. On a d’abord pensé à de la drogue.


Et puis on a trouvé des médicaments sur son lit. Des somnifères puissants, qui lui avaient été prescrits il y a des mois, pour les quelques nuits où il avait du mal à dormir.

On a mis un long moment à réussir à savoir combien il en avait pris. Trop. Il avait du mal à nous répondre, du mal à réfléchir, du mal à tout. On a décidé de le ramener chez ma coloc et moi.

On l’a soutenu, pendant tout le trajet en tram. Il ne disait rien, et son regard était vitreux à en faire peur.

À lire aussi : Comment réconforter quelqu’un de triste ?

Appel des pompiers et SOS Médecins
Je me souviens que je commençais à retrouver des forces, il en avait besoin, il avait besoin de moi, et je devais être capable de l’aider.

On est arrivés chez nous. Son meilleur ami essayait de le faire parler. On aurait dit qu’il commençait à s’endormir. On lui a préparé à manger, mais il n’arrivait pas à se nourrir.

Son état empirait, et j’ai de nouveau paniqué. J’ai appelé une amie en pleurant. Elle était avec son copain. Elle est restée calme, m’a dit d’appeler les pompiers, et qu’ils venaient tout de suite tous les deux. Des amis de ma coloc sont venus également.

J’ai appelé les pompiers, pour la première fois de ma vie. J’essayais d’être claire, mais je ne sais plus ce que j’ai dit. Tout s’est accéléré.


Nos amis sont arrivés, et les pompiers tout de suite après. Ils l’ont enfermé dans une pièce pour lui parler seul, ils étaient 4 ou 5. Moi je suis allée pleurer dans une autre pièce.

J’étais soulagée que des gens qualifiés s’occupent de lui, et en même temps la dimension dramatique augmentait, et j’avais peur qu’il m’en veuille ensuite d’avoir fait appel à eux.

Les pompiers sont venus nous voir après un long moment. Selon eux, sa vie n’était pas en danger, mais ils nous ont demandé d’appeler SOS Médecin, et de ne surtout pas le laisser seul, puis ils sont partis.

Le médecin est également resté seul avec lui très longtemps, lui a donné une ordonnance, et nous a demandé de le surveiller de très près, surtout cette nuit.

Nous nous sommes retrouvés rapidement à 3 : ma coloc, lui et moi. Son meilleur ami était finalement parti, en nous demandant de le tenir informé.

On a encore essayé de le faire manger un peu mais ça n’a rien donné. On est finalement allés se coucher après un très long moment.

Il s’est allongé dans mon lit, et moi près de lui.

J’étais terrorisée, je me disais que je ne devais pas m’endormir, qu’il fallait que je surveille sa respiration toute la nuit. Mais les émotions m’avaient épuisée, et j’ai fini par m’assoupir quand même.


Le soutenir après sa tentative de suicide
Les deux semaines qui ont suivi ont été dures : je l’accompagnais chez la psychiatre, à la pharmacie, je l’aidais pour son traitement, je le surveillais constamment.

Nous avions été à notre école, pour les informer de la situation, et ils m’ont autorisée à rater les cours le temps que tout s’améliore.

Je l’ai obligé à appeler ses parents, et sa mère est venue pour m’aider quelques jours.

Les premiers temps, il vomissait tous les repas, c’était très dur. Mais petit à petit il allait mieux. On évitait de trop parler de ce qui s’était passé.

La troisième semaine, j’ai repris quelques cours, pendant que son meilleur ami s’occupait de lui. Tout le monde savait ce qui s’était passé, et je me sentais comme une étrangère dans un milieu que je connaissais pourtant parfaitement.

Tout me semblait tellement banal, sans intérêt. Je me disais que les gens se prenaient vraiment la tête pour rien, qu’il y avait tellement plus grave dans la vie.

Quelques amis me soutenaient mais ne pouvaient pas comprendre. Je n’ai jamais eu le soutien de mes parents, parce que je n’ai jamais osé leur raconter, par respect pour mon petit ami et l’opinion qu’ils avaient de lui.


Je me suis souvent sentie très seule.

Nous sommes restés ensemble un an et demi, mais je crois que rien n’a plus été pareil après ça. Des mois après, j’avais besoin d’en discuter avec lui, qu’il comprenne ce que moi aussi j’avais vécu ce soir-là, mais il ne voulait pas en entendre parler.

J’étais hantée par cette soirée, et par la peur que j’avais eue.

Rupture d’un amour très fort
Nous avons rompu après une nouvelle dispute en juin 2015, et là j’ai su que je devais faire ma route, qu’on se faisait trop de mal et que je n’avais pas à m’occuper de lui. Que ce n’était pas mon rôle.

Il y a eu une tentative de rabibochage trois mois après mais ça n’a rien donné, notre histoire était finie, et on l’acceptait tous les deux.

Depuis, nous avons tous les deux rencontré d’autres personnes, avec qui nous avons tous les deux des relations sérieuses, saines et heureuses.

Nous sommes encore en contact et je pense que nous le resterons, car nous avons vécu une histoire d’amour très forte que nous ne pourrons pas oublier.

Mais cet événement reste l’un des plus marquants de ma vie, et je ne souhaite à personne d’avoir à vivre la même chose.

À lire aussi : À mon ex qui vient de décéder
https://www.madmoizelle.com/tentative-suicide-petit-ami-966726


PS SOYEZ  TOUJOURS   A L ECOUTE DES GNES  AUTOUR DE  VOUS , car le suicide cela  peut arriver a  beaucoup de  monde ,  

essayer de  vous aimez les uns   les autres de  vous respectez LES UNS LES AUTRES !!!!

POUR MOI  LE SUICIDE   NEST PAS LA  REPONSE ,  SVP   NE LE FAITE PAS  !!!!  vous  allez  faire du mal aux  gens autour de  vous !!! j ai eu  deux  suicides   autour de moi  et je pense  encore  a eux  , ils m ont  fait  du mal a  se  suicide SVP ,  ne faite pas  cette  bêtise !!!!

si vous  voulez me parler  je  vous  répondrai ,   LE MEILLEUR  COMBAT  C  EST DE RESISTER  !!! ou de changer d  ecole de changer  de  ville  de region , mais le suicide   c est pas la réponse  !!! dite le  a  votre  professeur a  votre  directeur a  vos  amis , si vous n arrivez pas a le dire  , ecrivez  le et donnez le message  au professeur si  vous etes  encore  a l  ecole , au pire levez  vous en pleine  classe  et  dite  que  X OU Y N ARRETE PAS  DE M  EMBETER  , SI  LA PERSONNE  NE  REAGIT  PAS C EST  NON ASSIATNCE  A PERSONNE EN DANGER LOI 

 

Qu'est-ce que la non-assistance à personne en danger ? | Service-public.fr 

Est-on obligé d’assister une personne en danger ?| vie-publique.fr

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Au Texas, des villes veulent bloquer la route aux femmes souhaitant avorter dans les États voisins

10 Septembre 2023, 21:23pm

Publié par hugo 🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️

 
Marie Claire Société Actu société
Au Texas, des villes veulent bloquer la route aux femmes souhaitant avorter dans les États voisins
PAR MAËLYS PEITEADO PUBLIÉ LE 05/09/2023 À 18:25
Texas route


Plusieurs villes et plusieurs comtés de l'État du Sud ont voté en faveur d'ordonnances prévoyant d'interdire aux femmes enceintes de traverser les frontières du Texas pour aller avorter dans une clinique autorisant la procédure. Cette mesure mettrait davantage en péril la santé et des droits des femmes dans le pays.

Au Texas, il sera pourrait bientôt illégal de prendre la route afin d'aller avorter dans un autre État. Dans un reportage au sein du conseil municipal de la ville texane de Llano, publié le 1er septembre 2023, le Washington Post met en lumière cette nouvelle stratégie de l'État conservateur dans sa guerre contre le droit des femmes à disposer de leur corps. Ce dernier est particulièrement restrictif et agressif contre le droit à l'avortement, il l'interdit au-delà de six semaines de grossesse, dès que la première activité cardiaque du foetus est détectée.

LIRE AUSSI
Texas : un homme poursuit trois amies de son ex-femme en justice pour l'avoir aidée à avorter
États-Unis : Le Texas s'oppose aux avortements destinés à sauver la vie des femmes

UN "MUR" POUR EMPÊCHER LES DÉPLACEMENTS DES FEMMES ENCEINTES 
Selon le média américain, déjà plusieurs ordonnances, adoptées dans certains comtés et toujours à l'étude par endroits, prévoient d'interdire les habitants d'utiliser les routes locales pour conduire une femme souhaitant avorter dans la clinique la plus proche le permettant, traversant la frontière d'un autre État. Cette législation ouvrirait la possibilité pour tout citoyen de poursuivre en justice une personne ou une organisation qu'il soupçonne d'avoir violé l'interdiction, explique le Washington Post.

VIDÉO DU JOUR

"Il s'agit vraiment de construire un mur pour arrêter le trafic d'avortements", a déclaré Mark Lee Dickson, militant anti-avortement à l'origine de cette ordonnance. La mesure envisagée par différentes municipalités, et déjà adoptée par deux comtés et deux villes, écrit toujours le Washington Post, cible les régions situées le long des autoroutes ainsi que les zones dotées d'aéroports, dans le but de bloquer les principales voies de sorties du Texas aux femmes enceintes, notamment celles en direction du Nouveau-Mexique où l'IVG est encore autorisée.

Si cette ordonnance pourrait bien être inconstitutionnelle, note le média, ses défenseurs aspirent surtout à dissuader les femmes de partir ainsi que l'entourage à qui elles pourraient demander de l'aide.

LIRE AUSSI
Reportage au Texas : les pro-IVG entrent en résistance
Loi anti-IVG au Texas : une femme emprisonnée pour avortement après dénonciation du personnel hospitalier

DES CENTAINES DE KILOMÈTRES POUR AVORTER
Un an après la révocation de l'arrêt Roe v. Wade par la Cour suprême, la situation est critique dans presque la moitié des États américains. De nombreuses femmes sont contraintes de traverser une partie du pays dans l'espoir d'avorter en urgence. Selon l'Institut Guttmacher, si une Texane âgée de 14 à 49 ans veut avorter avant 15 semaines de grossesse il lui faut désormais parcourir au moins 830 kilomètres pour trouver une clinique pratiquant la procédure légalement.

Une alternative coûteuse et à la logistique contraignante que toutes les femmes ne peuvent se permettre et qui chiffonne particulièrement les conservateurs impuissants qui la qualifient de "trafic d’avortement". Rien de nouveau, la pénalisation de l'avortement n'arrête pas les femmes d'avorter, et les anti-IVG sont frustrés par le fait que les patientes arrivent à contourner les législations rétrogrades de ces derniers mois.


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Comme le rappelle le journal américain, avant même l'annulation du droit à l'avortement en juin 2022, le Missouri avait étudié un projet de loi devait permettre à tout citoyen de poursuivre en justice toute personne ayant aidé un résident de l'État à obtenir un avortement, quel que soit l'endroit où l'avortement a eu lieu.

Récemment, en avril 2023, l'Idaho est devenu le premier État à imposer des sanctions pénales à toute personne aidant une mineure à quitter la région pour se faire avorter sans le consentement de ses parents.


https://www.marieclaire.fr/au-texas-des-villes-veulent-bloquer-la-route-aux-femmes-souhaitant-avorter-dans-les-etats-voisins,1459312.asp

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A partir de 15 ans, près d’un garçon sur trois est infecté par le papillomavirus humain (HPV)

17 Août 2023, 05:19am

Publié par hugo 🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️

 A partir de 15 ans, près d’un garçon sur trois est infecté par le papillomavirus humain (HPV)

A partir de 15 ans, près d’un garçon sur trois est infecté par le papillomavirus humain (M. Michiels, LP 16/08/23)
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Temps de lecture2 min
Par Johanne Montay
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Le HPV, les filles connaissent bien. Les garçons, moins. Et pourtant, ils ont toutes les raisons de savoir ce qu’est le papillomavirus humain (HPV). Certains types de ce virus sont la voie royale pour provoquer un cancer du col de l’utérus chez la fille, mais aussi un cancer du pénis, de l’anus, de la bouche ou de la gorge chez le garçon.

Une nouvelle étude publiée aujourd’hui dans The Lancet Global Health sous forme de méta analyse montre que près d’un homme sur trois, âgé de 15 ans ou plus, est infecté avec au moins un type de papillomavirus humain. Un sur cinq est infecté par au moins un HPV à risque élevé de provoquer un cancer.

L’épidémiologie du HPV chez la femme était bien documentée. Cette revue systématique de la prévalence de l’infection génitale par le HPV dans la population masculine comble une lacune du côté des garçons.

Au total, les auteurs ont identifié 5685 publications à partir de recherches dans des bases de données, dont 65 études (comprenant plus de 44.700 hommes) incluses dans 35 pays. Les résultats montrent que 31% des garçons étaient porteurs de ce virus, et 21%, de la forme la plus cancérogène. C’est surtout entre 25 et 29 ans que la prévalence était élevée.

Chaque année, 70.000 cas de cancers masculins dus au HPV
Il existe plus de 200 types de HPV qui peuvent être transmis sexuellement, dont au moins 12 peuvent provoquer des cancers. La majorité des infections chez les hommes et les femmes sont asymptomatiques, mais elles peuvent entraîner des séquelles à long terme et même être mortelles.

En effet, chaque année, plus de 340.000 femmes meurent du cancer du col de l’utérus, d’après les "Statistiques mondiales sur le cancer 2020". Pour les garçons, l’étude se réfère à une publication de 2018, citant le chiffre de 69.400 cas de cancer dus au HPV en 2018.

La prévalence du HPV génital est donc élevée chez les hommes, comme le montre cette étude, et elle demeure élevée tout au long de la vie sexuelle des hommes hétérosexuels.

Vaccination gratuite pour les garçons depuis 1 an
Depuis le 1er août 2022, en Belgique, les adolescents comme les adolescentes ont le même accès au remboursement du vaccin contre le papillomavirus humain. Jusqu’alors, seules les filles avaient droit à la gratuité. Le changement a été effectué suite à une plainte introduite par un adolescent – soutenue par l’Institut pour l’Égalité des femmes et des hommes – estimant qu’il était discriminatoire de devoir payer son vaccin.

En Belgique, la vaccination peut se faire soit via l’école, en 2e année secondaire ou en 1re différenciée, soit par l’intermédiaire du médecin généraliste. Elle doit être terminée de préférence avant le premier rapport sexuel. En dehors de la médecine scolaire, les jeunes de 12 à 19 ans ne paieront que le ticket modérateur (12,10 euros par dose, le remboursement étant limité à 3 injections par bénéficiaire.

La vaccination ne protège pas contre tous les types de HPV. Il faut donc continuer à réaliser des dépistages régulièrement. La recommandation pour les femmes entre 25 et 65 ans est de réaliser un dépistage tous les 3 ans.


https://www.rtbf.be/article/a-partir-de-15-ans-pres-dun-garcon-sur-trois-est-infecte-par-le-papillomavirus-humain-hpv-11241128

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Dans le Mississippi, une enfant de 13 ans violée a été contrainte d'accoucher car l'avortement y est illégal

16 Août 2023, 22:42pm

Publié par hugo 🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️

 Dans le Mississippi, une enfant de 13 ans violée a été contrainte d'accoucher car l'avortement y est illégal
Par Maëlys Peiteado Publié le 16/08/2023 à 11:25
Mississippi

Bloquée par une législation opaque et restrictive contre le droit à l'avortement, une fillette de 13 ans a dû mener sa grossesse à terme dans l'État du Mississippi après avoir été victime d'un viol dans son jardin.

C'est une histoire terrible d'une vie brisée, et qui risque de se répéter, que rapporte le Time. Le 14 août 2023, le magazine américain a publié un reportage bouleversant sur Ashley (dont l'identité a été modifiée), 13 ans, qui vient de mettre au monde un bébé surnommé Peanut dans une ville pauvre du Mississippi (États-Unis).

À l'automne 2022, Ashley a été violée par un inconnu alors qu'elle jouait dans la cour de son domicile à Clarksdale, a précisé la mère de l'enfant au Time. De cette agression, elle ne dira rien, juste qu'elle "a mal", sans pouvoir mettre de mots dessus. La petite serait devenue mutique et aurait cessé de sortir de sa chambre.

Dans le Mississippi, des exceptions difficilement applicables
La petite fille a été obligée de mener sa grossesse à terme bien que celle-ci était la conséquence d'un viol. Dans le Mississippi et tous les États limitrophes, l'avortement est prohibé dans presque toutes les circonstances.


En réalité, note le Time, l'État où réside Ashley prévoit bien une exception "largement théorique" en cas de viol ou bien de mise en danger de la mère. "Même si une victime obtient un rapport de police [sur son viol, ndlr], il ne semble pas y avoir de procédure claire pour lui accorder une exception", souligne le magazine américain qui n'a pas pu obtenir de réponses claires de la part du bureau du procureur local et de la part de l'Ordre des médecins du Mississippi.

Vidéo du jour :

Par ailleurs, il n'existe plus aucune clinique pratiquant l'avortement dans l'État du Sud et seules deux exceptions auraient été accordées depuis début 2023. Plus largement, l'opacité des législations contre l'avortement à la suite de la révocation de l'arrêt Roe v. Wade par la Cour suprême en juin 2022, déroute. Le Time précise que la mère d'Ashley ne savait pas que l'interdiction de l'avortement dans le Mississippi prévoyait une exception en cas de viol mais qu'elle avait bien porté plainte auprès de la police de Clarksdale et qu'un rapport de police avait été rendu.

Pas assez d'argent pour avorter ailleurs
À la suite de son viol, Ashley aurait montré des signes de douleurs à l'estomac et sa mère lui aurait même demandé si elle était enceinte, mais la petite ne sachant même pas comment les détails de la reproduction, n'aurait rien répondu. "J'aurais aimé qu'elle me le dise quand c'est arrivé. Nous aurions pu prendre le Plan B [pilule abortive, ndrl] ou quelque chose comme ça", a regretté la mère de l'enfant.

En janvier 2023, après des crises de vomissements, elle conduit la petite à l'hôpital et le couperet tombe : elle est enceinte de 10 à 11 semaines. Sur place, la gynécologue obstétricienne Erica Balthrop, comme elle le raconte au Time, suggère à la mère d'Ashley de la conduire rapidement à Chicago, clinique autorisant l'avortement la plus proche. Mais le voyage dure 9 heures et la mère de la patiente ne peut s'absenter du travail, ni payer les frais de déplacements, de restauration sur place et d'hébergement. Le sort d'Ashley est ainsi scellé.
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Aucune arrestation n'a eu lieu depuis le début de l'enquête sur le viol qu'a subi Ashley. Après les demandes répétées du Time sur l'avancement des investigations, la police a finalement collecté l'ADN du bébé et donc du géniteur.


https://www.marieclaire.fr/dans-le-mississippi-une-enfant-de-13-ans-violee-a-ete-contrainte-d-accoucher-car-l-avortement-y-est-illegal,1457938.asp
 

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Dans "Vieille Peau", l'autrice Fiona Schmidt s'attaque à l'âgisme qui condamne les femmes à la péremption

15 Août 2023, 01:13am

Publié par hugo 🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️

 Dans "Vieille Peau", l'autrice Fiona Schmidt s'attaque à l'âgisme qui condamne les femmes à la péremption
Par Garance Fragne Publié le 05/08/2023 à 08:04
Fiona Schmidt


Dans son livre "Vieille Peau" sorti en mai 2023, l'autrice féministe écrit sur une discrimination encore ignorée : l'âgisme. En 300 pages ultra documentées, Fiona Schmidt dissèque la vieillesse et lui donne une nouvelle peau. L'essayiste se confie sur son rapport au temps et analyse celui de la société qui fait disparaitre les femmes de plus de 50 ans des écrans, hypersexualise les petites filles et qui ne regarde pas de la même manière les femmes et les hommes d'un certain âge.

Sommaire
Justice pour les vieilles peaux
À un certain âge, les femmes passent à la trappe
Fiona Schmidt, future vieille dame révoltée
Les femmes vieillissent, les hommes mûrissent
Âgisme et relations amoureuses
Mauvaise perception des personnes âgées
"Ne serait-il pas temps d’écouter ce que veulent les vieilles, mais aussi de nous demander ce que nous voulons pour nous quand nous serons nous-mêmes vieilles ?". Fiona Schmidt, autrice et journaliste, a publié en mai 2023 Vieille Peau(Éd. Belfond). Dans ce livre intime et féministe, l’essayiste de 41 ans décortique le phénomène d’âgisme sous toutes ses coutures sexistes.

Cette discrimination peu abordée représente, selon ses mots, "l’ensemble des stéréotypes, des préjugés qui sont fondés sur l’âge et qui ont une incidence sur les représentations, les comportements et le vécu de son propre vieillissement".

Justice pour les vieilles peaux
Lors d'un entretien téléphonique, elle nous en dit plus sur cette discrimination peu abordée, souvent incomprise et qui pourtant concerne tout le monde, "même les jeunes", note Fiona Scmidt.

Marie Claire : Avez-vous déjà été victime d'âgisme ? 

Fiona Schmidt : Bien sûr ! En tant que femme, j’ai été âgisée très rapidement. L’âge qu’on me donnait, l'âge que j’avais l’air d’avoir, a influencé la façon dont on m’a traitée rapidement. J’ai eu une puberté précoce, à 10 ans j’avais l’air d’en avoir 15 et on me traitait comme si j’en avais 20.

Le fait d’être considérée comme une adulte alors que j’étais enfant m’a fait vieillir très tôt. Je savais que mon corps était susceptible de provoquer certains comportements chez des êtres humains adultes. J’étais donc responsable de mon propre comportement mais aussi celui de la moitié de l’humanité [les hommes, ndlr].

Qu’est ce qui vous a poussé à écrire un livre sur le sujet ?

J’ai toujours été obsédée par mon âge. J’ai grandi avec des magazines féminins comme Jeune et jolie, qui était ma bible. J’y ai appris ce qu’était "la bonne féminité". Dès 12 ans, on pouvait lire des articles sur comment mettre une crème anti-âge pour ne pas vieillir. J’ai donc rapidement intégré qu’avoir des signes de vieillissement (cheveux blancs, rides…), c’est synonyme de laideur.

J’ai aussi longtemps travaillé dans la presse féminine où la peur de vieillir est considérée comme un sujet futile. On n’est pas censée parler du vieillissement, du double standard, avant d’être soi-même concernée par l’âge. Le cap de la quarantaine m’a donné envie d’écrire ce livre, je me suis sentie enfin autorisée à m’emparer de ce sujet.

Vieille peau est le titre de votre livre, mais surtout un terme négatif pour parler des femmes âgées.

J’adore cette expression, je la trouve cool ! C’est un peu comme le mot queer qui veut dire bizarre et que la communauté LGBTQIA+ s’est réappropriée [il était à l’origine utilisé pour se moquer et juger les personnes non-hétérosexuelles, ndlr]. "Vieille peau", ça claque.

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À un certain âge, les femmes passent à la trappe
L'âgisme est particulièrement présent dans le milieu du cinéma.

À partir de 50 ans, la société nous considère vraiment comme vieille et on n'existe plus au cinéma et dans les séries [selon l’enquête annuelle de l’association des Actrices et acteurs de France associés, seuls 7% des rôles ont été attribués à des actrices âgées de plus de 50 ans, ndlr].

Les comédiennes concernées sont reléguées à des rôles secondaires et hyper caricaturaux. Elles interprètent souvent des mères, des grands-mères, ou des femmes de. Elles existent dans la sphère domestique, pour leur rôle au sein d’une famille mais elles ne sont pas aventurières, détectives privés ou plombières. Sans oublier que leur temps de parole est réduit comparé à celui des hommes.

Quasi 100% des vieilles dans les médias sont blanches, minces, hétéros, et CSP+.

Vous avez été rédactrice en chef du magazine Be. Quel regard portez-vous sur les articles à propos de l'âgisme dans les médias féminins ?

Je déteste les généralisations - et puis les médias féminins ne sont eux-mêmes pas uniformes et interchangeables. Mais quand même, globalement, je dirais que beaucoup de chemin a été fait en à peine 10 ans. À l'époque où je travaillais dans la presse féminine, les vieilles n'existaient pas, les signes du vieillissement non plus, il fallait s'en prémunir et garder l'apparence de la jeunesse le plus longtemps possible. Il ne s'agissait pas d'être "bien dans son âge" mais de ne surtout pas le paraître, même s'il était encore loin d'être canonique.

Les médias sont désormais plus inclusifs, notamment en termes d'âge, on voit davantage de cheveux blancs, de rides et de corps - un peu - éloignés des canons de beauté traditionnels, même si quasi 100% des vieilles dans les médias sont blanches, minces, hétéros, et CSP+.

Le discours porte davantage sur l'acceptation de soi plutôt que sur l'amélioration de soi. Certaines initiatives sont maladroites. Quand un magazine féminin national sort un numéro "Belle à tout âge" avec une Sharon Stone plus fraîche que jamais en couv', qu'à deux cm du titre du hors-série, "Vieillir comme je veux", il y a une pastille "médecine et chirurgie esthétique, notre guide ultime", on est au-delà de la maladresse : on est, encore et toujours dans l'injonction contradictoire.

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Fiona Schmidt, future vieille dame révoltée
Qu’est-ce que vous aimez dans le fait de vieillir ?

Je suis plus à l’aise. La femme que je deviens, objectivement, est de plus en plus cool. Elle ose prendre la parole, s’exprime en public, s'autorise à ne pas être polie. Ce livre a d’ailleurs renforcé ma confiance en moi, même si j’ai parfois comme beaucoup de personnes, le syndrome de l’imposteur.

Vieillir met à l'épreuve le sentiment de toute puissance, d'invulnérabilité, que les hommes ont.

Comment souhaiteriez-vous vieillir ?

Quand je serai une vieille dame, j’espère que je serai très indignée comme Gloria Steinem que je cite au début de mon livre - "Chère Déesse : donne-moi le courage de marcher nue à tout âge. De porter du violet et du rouge, d’être disgracieuse, indécente, scandaleuse et inconvenante jusqu’à mon dernier souffle" - et que je continuerai à aller en manifs.

J’ai envie d'être la plus révoltée possible jusqu’à la fin de mes jours. Et j’espère que je vivrai dans une communauté de vieilles féministes révoltées et inclusives qui maintiendront quand même le dialogue avec les nouvelles générations !

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Les femmes vieillissent, les hommes mûrissent
Vous écrivez : "Consciemment ou pas, pour les hommes, le plus angoissant dans la perspective de vieillir, ça n’est pas les rides ou la peur de mourir, c’est la peur de devenir une femme". C’est-à-dire d’être vus par la société comme vulnérables ?

Vieillir met à l'épreuve le sentiment de toute-puissance, d'invulnérabilité, que les hommes, davantage que les femmes, sont éduqués à éprouver dès leur plus jeune âge, et qui fait partie intégrante de la virilité.

Les auteurs qui ont construit leur oeuvre sur la peur de vieillir, comme Houellebecq, Gary, Philip Roth ou John Updike par exemple évoquent d'ailleurs moins leur hantise de la décrépitude physique que leur terreur de devenir, sexuellement et symboliquement, "impuissants", c'est à dire, littéralement, "privés de puissance".

L'idée de redevenir dépendant, d'occuper une position subalterne traditionnellement réservée aux enfants et aux femmes est une peur typiquement masculine. Les femmes aussi ont peur de vieillir, mais pas pour les mêmes raisons.

Vous constatez aussi que "l’âge fait mûrir les hommes alors qu’il fait vieillir les femmes". Qu’est ce qui vous agace le plus dans ce double standard ?

Beaucoup de choses. Le fait que les rides, les cheveux blancs soient considérés comme des signes de laisser aller, de négligences chez les femmes mais que ça peut être un atout de séduction ou un non-sujet chez les hommes, c’est très agaçant.

Être perçue plus vite comme une senior, ça a aussi forcément une conséquence sur la recherche d’emploi, donc la vie économique. Mais ce ne sont que des exemples parmi tant d’autres.

Ce double standard, comme vous le démontrez dans l'une de vos dernières publications Instagram à propos de Robert De Niro et Al Pacino à nouveau pères après 70 ans, se retrouve dans la perception différente de la parentalité tardive entre les femmes et les hommes.

Un homme qui va être papa à 55 ans ça ne choque pas parce que la société estime que c’est moins important qu’un homme soit jeune pour exercer les tâches de la parentalité qu’une femme. En revanche, une mère doit être en pleine forme car la parentalité est avant tout une "histoire de femmes".

La parentalité tardive est aussi beaucoup pathologisée chez les femmes de plus de 35 ans pour qui l'on parle alors de grossesse gériatrique [étymologiquement, gériatrie vient du mot grec gerôn, qui signifie "vieillard", ndlr]. Pendant très longtemps les risques de la grossesse tardive, qui existent, ont été surévalués alors que les risques de la paternité tardive pour les hommes n’ont pas été abordés par la science et sont largement sous-estimés.

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Âgisme et relations amoureuses
Selon vous, "l’âge d’un homme n’est jamais un obstacle à l’amour". Et celui d'une femme ? 

Avoir une relation amoureuse et/ou sexuelle avec une femme beaucoup plus jeune valorise un homme : c'est un indice de sa "verdeur", un terme qui ne s'emploie qu'au masculin, c'est à dire de sa vigueur sexuelle. Alors que passée la ménopause, non seulement les femmes sont désérotisées, mais en plus elles ne sont plus censées avoir d'activité sexuelle. Une femme qui a une relation avec un homme plus jeune est animalisée, on parle d'elle comme d'une "cougar", alors qu'un homme qui a une relation avec une femme plus jeune, c'est juste un homme !

La relation entre un homme plus vieux et une jeune femme est donc l'indice de la "normalité" de l'homme, la preuve de sa virilité, alors que c'est l'indice de la vénalité d'une femme, ou des problèmes qu'elle a avec son père, les fameux Daddy issues qui ne sont jamais des signes de défaillance du père, mais des problèmes psychologiques de la fille ! Bref, quel que soit le sens de l'écart d'âge important dans un couple hétéro, il est systématiquement valorisant pour l'homme, et dévalorisant pour la femme.

Dans société non âgiste chacun est libre de choisir sereinement le rythme de sa vie.

Vous racontez justement dans votre livre avoir toujours été attirée par des hommes plus vieux que vous. Et précisez que vous avez eu une relation avec votre maître de stage alors que vous n'aviez que 13 ans. Selon vous, la domination patriarcale biaise-t-elle toutes les relations avec un écart d’âge ?

Ce qui est certain, c'est que les relations de domination - physique, sociale, et symbolique en terme d'écart d'âge - entre un homme et une femme sont non seulement normalisées, mais érotisées, et ce depuis la nuit des temps, dans tous les objects culturels au sens large du terme. L'allégorie du Pygmalion et de la jeune fille naïve n'a pas disparu avec les fictions modernes, bien au contraire.

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Mauvaise perception des personnes âgées
L’âgisme participe-t-il à une certaine déshumanisation des personnes âgées dans notre société ?

Oui. D'ailleurs dans les Ehpad plus de 8 résidents sur 10 sont des femmes. On a beaucoup parlé des maltraitances dans les Établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes sans dire que ces maltraitances concernent principalement les femmes.

Est ce que pour vous la façon dont on traite les petites filles et la façon dont on traite les femmes âgées est une sorte de miroir ?

On traite les vieux et les vieilles comme des mineurs. Dans ma propre famille, les enfants sont un peu traités comme les vieux, on ne les écoute pas. Et on est aussi autoritaire avec les vieux. Ma mère je l’ai déjà entendue dire à ses propres parents de ne pas manger trop de sucre, d’aller se coucher, de faire attention à l’escalier…

On considère que le vieillissement est forcément une incapacité, un handicap. On ne considère pas que le vieillissement est une évolution normale mais une régression, un déclin.

À quoi ressemblerait être vieux ou vieille dans une société non patriarcale ?

On arrêterait de s’excuser d'être vieux, on arrêterait de pathologiser la vieillesse. Elle serait considérée comme une étape de la vie comme les autres avec ses inconvénients et ses avantages. Les caractéristiques intrinsèques du vieillissement qui est quand même un ralentissement du corps - même quand on reste en forme - seraient acceptées. Les règles de la société productiviste et ultra capitaliste n’existeront plus. On sera ok avec le fait de prendre des pauses, d’être contemplatif.

Une société non âgiste est une société où chacun est libre de choisir sereinement le rythme de sa vie.

Souhaiteriez-vous que l’âge ne soit plus une manière de se présenter ?

Ce que je voudrais surtout, c'est que l'âge ne soit plus lié à toutes ces représentations qui sont des formes d'injonctions sociales, comme c'est le cas aujourd'hui. Demander à quelqu'un son âge et ce qu'elle ou il "fait dans la vie", c'est une façon de vérifier si ce qu'elle ou il est et ce qu'elle ou il fait est en conformité avec les normes de sa classe d'âge, dans une perspective capitaliste.

Car "ce qu'on fait dans la vie" ne s'entend pas en terme de passions ou de talents, mais toujours en terme économique : "Comment gagnes-tu ta vie ?", en d'autres termes. Or la façon dont on paie ses factures à la fin du mois à un âge donné ne dit rien de la personne que l'on est : tout le monde n'a pas la chance d'exercer un "métier qui a du sens".

Que dire aux jeunes femmes d’une vingtaine d’années qui ont peur de vieillir ?

Je leur dirai d’affronter leur peur, de se renseigner sur l'âgisme pour sortir du déni. Même les féministes ne s'y intéressent pas. C’est une discrimination invisible dans la société et on devrait tous s’y intéresser comme on devrait déconstruire dès le plus jeune âge nos préjugés racistes, LGBTphobes…

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La santé des femmes en prison : "On est complètement infantilisées"

11 Août 2023, 03:34am

Publié par hugo 🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️

 LES GRENADES

La santé des femmes en prison : "On est complètement infantilisées"

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12 juil. 2023 à 17:16

Temps de lecture11 min
Par Camille Wernaers pour Les Grenades
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"Je voulais me faire ligaturer les trompes, on m’a dit que comme j’étais en prison, j’étais sûrement dépressive, que comme j’ai que 35 ans et que c’est irréversible, je peux pas prendre ce genre de décision. Je comprends pas pourquoi. On est complètement infantilisées, on ne peut plus rien décider ici. On me donne de l’ibuprofène, et quand je me plains, on m’a répondu ‘si vous êtes pas contente, fallait pas venir ici’". Ce témoignage est celui de Gabrielle, que l’on découvre dans le rapport Parle avec elles, publié ce 11 juillet par l’association I.Care.


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Inégalités de santé
Les intervenantes de l’association ont rencontré 17 femmes, incarcérées dans différentes prisons du pays, afin de récolter leur parole et de mieux comprendre les difficultés auxquelles elles sont confrontées, plus particulièrement en matière d’accès aux soins de santé. "L’une des principales difficultés résulte dans le fait que les femmes sont minoritaires dans les prisons, et qu’elles se trouvent souvent dans des bâtiments à l’écart des bâtiments principaux. Cela complique leur prise en charge. Comme les hommes sont plus nombreux, ils passent avant elles, observe Camille Couette, chargée de projet au sein d’I.Care. Elle a travaillé sur ce rapport qui conclut : "Les conditions de détention, telles que le manque d’intimité, la violence institutionnelle et les limitations de l’accès aux soins de santé de qualité, aggravent les inégalités en santé pour les femmes incarcérées."

Autre constatation émanant du terrain : "Les professionnel·les, notamment de santé, qui travaillent dans les prisons ne sont pas formé·es à la question du genre. Les besoins sexo-spécifiques des femmes ne sont pas bien pris en compte. Et il n’y a pas assez de personnel de santé", souligne Camille Couette. "Chez I.Care, nous ancrons notre travail dans la logique promue par l’Organisation mondiale de la santé et la Charte d’Ottawa, selon laquelle la santé ne se réduit pas à l’absence de maladie ou d’infirmité mais représente un état complet de bien-être physique, mental et sociétal. On estime donc que si on s’intéresse uniquement sur l’aspect curatif de la santé, on passe à côté de beaucoup de choses, surtout si on prend l’angle du genre."

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En Belgique, c’est le SPF Justice qui est responsable de l’organisation et du financement des soins de santé dans les prisons. "Selon la loi fondamentale, ces soins doivent être équivalents à ceux dispensés dans le reste de la société. Chaque prison dispose d’une équipe médicale composée au moins d’un médecin généraliste, d’un dentiste et d’infirmiers. Si une annexe est prévue localement, l’équipe de base est complétée par un psychiatre, des infirmiers psychiatriques, des ergothérapeutes, des éducateurs, des psychologues et des assistants sociaux. Tout détenu entrant dans l’établissement par transfert ou en provenance de la liberté doit être vu par un médecin dans les 24 heures (tous les jours de la semaine)", résume Valérie Callebaut, porte-parole de l’administration pénitentiaire.

"Une coopération étroite avec la santé publique existe depuis des années. La santé publique finance par exemple l’administration de médicaments dans trois de nos institutions, ce qui sera porté à 10 institutions au cours du second semestre de l’année. Par ailleurs, les femmes enceintes sont suivies spécifiquement par un gynécologue et peuvent être orientées vers l’un de nos centres médicaux si nécessaire. Les accouchements ont toujours lieu dans un hôpital externe", précise Valérie Callebaut.

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L’impact des violences faites aux femmes
Selon Camille Couette, les femmes en prison cumulent des vulnérabilités : elles ont souvent été victimes de violences avant d’en commettre, elles souffrent de maladies mentales et un grand nombre d’entre elles sont consommatrices de drogues. A cause de ces vulnérabilités, les femmes détenues ont des besoins élevés et spécifiques en termes de soins de santé. "L’entrée en prison, pour ces femmes, pourrait être l’occasion d’entamer un chemin de reconstruction et leur redonner une capacité d’agir. C’est une opportunité qui devrait être utilisée pour ce public-là, particulièrement vulnérable. Il faut aussi leur reconnaître ce double statut : elles sont victimes et autrices de violences. Il ne s’agit pas ici de justifier les actes qu’elles ont commis mais de prendre en compte cette réalité."

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Une étude anglaise du Prison Reform Trust a par exemple montré en 2017 que la majorité des femmes en prison avaient été victimes de violences. En 2018, deux journalistes australiennes, Hayley Gleeson et Julia Baird, se demandaient "Pourquoi nos prisons sont-elles remplies de femmes victimes de violences domestiques ?"

L’association I.Care a ainsi découvert que les prisons peuvent être des "moments de répit" pour les femmes incarcérées. "Quelque chose de confortable dans la détention ? La sécurité. Dehors, tout peut arriver. Ici, rien ne peut se passer. Quoi qu’il arrive, et quoi qu’on puisse en dire, il y aura toujours quelqu’un qui va passer nous voir, nous surveiller, on aura toujours à manger et tout. Alors que dehors, tout peut arriver. Ici, j’ai trouvé la paix, la paix de pouvoir m’asseoir, par exemple c’est bête mais allumer la télé et se dire que rien ne va se passer. Ne pas avoir peur des horaires, de savoir si on va rester en vie ou pas… […] C’est en prison que j’ai retrouvé ma liberté", témoigne par exemple Louise dans le rapport.

Camille Couette poursuit : "Pour elles, la prison peut devenir un refuge et les agents deviennent des piliers dans leur quotidien. Cela ne règle cependant pas la question des violences intrafamiliales, conjugales ou sexuelles, d’autant plus que les structures dédiées à l’accompagnement des femmes victimes de violences n’interviennent pas en prison."

La sortie de prison peut alors représenter un stress pour certaines d’entre elles. "Ma seule crainte, c’est qu’il me retrouve. Même s’il n’a pas le droit de s’approcher de moi. On sait jamais. Et ça me fait peur. Je vais te dire, si j’étais pas rentrée en prison, il nous aurait tués", explique ainsi Lina à l’association I.Care. "Le juge m’avait autorisé le bracelet, je suis sortie, et il est arrivé. J’ai dû appeler la police pour qu’ils me ramènent ici, et même en les attendant, il a réussi à me tabasser", se rappelle une autre.

Les conditions de détention, telles que le manque d’intimité, la violence institutionnelle et les limitations de l’accès aux soins de santé de qualité, aggravent les inégalités en santé pour les femmes incarcérées

Le 4 juillet dernier, les député·es Ecolo-Groen, Claire Hugon et Stefaan Van Hecke ont présenté un texte en commission Justice du Parlement fédéral, visant à mieux connaître les réalités des femmes détenues dans les prisons. Les deux député·es font remarquer que les détenues ont, pour beaucoup d’entre elles, un passé empreint de violences intrafamiliales ou sociales qui peuvent se perpétuer en prison. Ils observent qu’aucun dépistage systématique à ce sujet n’est organisé à leur arrivée en prison, alors qu’il s’agit d’une recommandation du Comité européen pour la prévention de la torture et des peines et traitements inhumains ou dégradants.

"En prison, les soins de santé spécifiques – par exemple, l’accès à une ou un gynécologue, l’accès à la contraception ou la protection contre les IST, les dépistages… – ne sont pas équivalents à ce qui existe à l’extérieur des murs", explique Claire Hugon.

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Précarité menstruelle
Outre le rapport Parle avec elles, l’association a également travaillé sur la précarité menstruelle en prison, avec l’asbl BruZelle. Dans le cadre du projet "28 jours", entre 2019 et le début de l’année 2023, elles ont fourni des trousses contenant 20 serviettes hygiéniques à des femmes qui entraient en prison. Elles ont également pu placer des protections périodiques gratuites et variées (tampons et protège-slips), dans plusieurs prisons pour faciliter leur accessibilité.

Lors de ces activités, elles ont constaté des difficultés importantes dans l’accès à ces produits de première nécessité. "À titre d’exemple, nous avons été informé∙es du cas d’une femme qui avait été contrainte d’utiliser une chaussette en guise de protection périodique. De plus, nous avons observé un accès inégal aux protections périodiques selon les établissements pénitentiaires", écrit l’association dans une note.

Je vais te dire, si j’étais pas rentrée en prison, il nous aurait tués

Des serviettes hygiéniques, des tampons et des protège-slips sont bien disponibles à la vente via les magasins qui existent au sein des établissements pénitentiaires, appelés "cantines", "ils le sont à des prix toutefois bien supérieurs à ceux dans les commerces extérieurs (entre 6 et 60% selon une étude que nous avons menée à Berkendael en 2019 ; à la prison de Marche, les produits coûtent 7% plus cher qu’à l’extérieur). Ces tarifs rendent leur accessibilité difficile pour les personnes incarcérées. En outre, les produits disponibles à la cantine sont très différents d’un établissement à l’autre, certains n’en proposant que très peu", dénonce I.Care.

Le projet "28 jours" avait été pensé dès le départ comme un projet temporaire "dès lors que nous estimons qu’il incombe aux autorités belges de subvenir à ces besoins fondamentaux, et ce dans l’ensemble des prisons du pays."

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BruZelle, l'asbl de lutte contre la précarité menstruelle, lance son programme "Règles de 3"

Un travail de plaidoyer politique à ce sujet avait donc été amorcé par I.Care. En mai 2022, les ministres fédéraux de la Justice, Vincent Van Quickenborne (Open VLD) et de la Lutte contre la pauvreté, Karine Lalieux (PS), ont annoncé mettre à disposition gratuitement des protections périodiques au profit de toutes les femmes détenues en Belgique. "L’accès à des protections menstruelles est un besoin de base, pas un luxe ni une coquetterie", a souligné Karine Lalieux.

En 2022, 300.000 tampons et serviettes hygiéniques ont été gratuitement mis à disposition des détenues dans les dix prisons pour femmes du pays. Cette année, 200.000 protections seront distribuées gratuitement. Face à ces avancées, I.Care a arrêté la mise à disposition de protections périodiques à la fin du mois de février 2023.

L’association reste désormais attentive aux modalités de distribution de ces produits dans les établissements pénitentiaires. "En effet, selon nos premières observations, il semble que, dans certains établissements, les personnes détenues doivent passer par les agent·es pénitentiaires […] De plus, plusieurs personnes nous avaient fait part de plusieurs cas dans lesquels elles avaient dû justifier le nombre de protections demandées."

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Des protections menstruelles gratuites pour les détenues

"Mes agresseurs ne sont pas en prison"
Séverine (prénom d’emprunt) a 35 ans et habite dans la région de Charleroi. Elle souhaite "alerter sur les conditions de détention des femmes en prison", selon son avocate, Me Caroline Poiré.

Avec elle, nous abordons un autre aspect de l’accès aux soins de santé, celui de la continuité des soins. "Je suis atteinte de mucoviscidose, mais aussi de plusieurs autres pathologies génétiques", explique Séverine aux Grenades. Fin 2022, elle a été incarcérée plusieurs mois en détention préventive dans deux prisons en Belgique. "J’ai frappé ma mère, avec qui j’habitais. J’ai été arrêtée pour coups et blessures et rébellion envers des agents de police. Je sais bien que ce que j’ai fait est très grave. Je ne veux surtout pas minimiser mes actes. J’ai tout de même trouvé que j’ai été très vite incarcérée, et c’est vrai que cela m’a mise en colère. Parce que j’ai été violée plusieurs fois et mes agresseurs ne sont pas en prison, eux…"

J’avais très peur de prendre ma douche, parce que c’est là que se déroulent les règlements de compte

Elle explique qu’on lui a pris "tous ses médicaments", et avoir eu "peur de mourir". "Comme beaucoup de femmes en prison sont toxicomanes, on m’a mise dans cette case, car je prenais de la morphine à cause de ma santé. Une agente m’a même accusée de mentir. Une autre m’a dit qu’elle savait ce que j’avais fait à ma maman. Normalement, les agent·es pénitentiaires n’ont pas le droit de lire les chefs d’accusation des personnes détenues. Je suis passée devant un médecin pour expliquer les pathologies dont je souffre mais il a été très froid avec moi. Je sais très bien de quels médicaments j’ai besoin. Il m’a dit que ce n’était pas moi qui faisait les règles ici. Mon état de santé s’est vraiment dégradé durant mon incarcération, j’ai eu du mal à avoir accès à de l’oxygène, ce qui est pourtant nécessaire pour moi."

Me Caroline Poiré souligne : "Un médecin légiste a estimé que l’état de santé de ma cliente était incompatible avec les conditions de détention au sein de la première prison où elle a été détenue et qu’elle devait être transférée ailleurs… ce transfert n’a pu se faire que dans un délai d’une semaine."

Séverine se souvient "des abus de pouvoir, des insultes sexistes pour me provoquer et de la gardienne qui venait chanter Grégory Lemarchal devant ma porte [ce chanteur français est décédé en avril 2007 de la mucoviscidose, ndlr]", mais aussi "de la solidarité entre femmes détenues et de l’agente pénitentiaire qui me donnait des médicaments en douce pour m’aider." Elle poursuit : "J’avais très peur de prendre ma douche, parce que c’est là que se déroulent les règlements de compte. On n’a aucune intimité à la toilette non plus. Je sais qu’on parle beaucoup des conditions de détention horribles dans d’autres pays, mais il faut vraiment raconter ce qu’il se passe derrière ces murs en Belgique aussi. Je reste très marquée par ce que j’ai vécu en prison."

Camille Couette de l’asbl I.Care précise : "La continuité des soins est effectivement compliquée en prison, il y a une rupture entre l’entrée en prison et la sortie, par exemple parce que certains médicaments ne sont pas admis au sein des établissements pénitentiaires. On donne alors des médicaments génériques aux patient·es, mais cela n’est pas rassurant quand on a l’habitude de recevoir un traitement depuis longtemps. Pour les personnes détenues, il n’est pas facile de comprendre pourquoi elles ne peuvent pas poursuivre leur traitement. L’accès au dossier médical se complique aussi, il peut y avoir des difficultés au niveau de la mutuelle quand on sort et cela affecte l’état de santé. Je pense que la continuité des soins est compliquée parce qu’en prison, il s’agit de la compétence de la Justice, et non de la Santé."

Autre aspect important pour Me Caroline Poiré : "Les contraceptions sont également enlevées aux détenues ce qui peut entraîner des dérèglements hormonaux."

Valérie Callebaut explique : "Une continuité des soins est possible en prison, à condition que le détenu fournisse toutes les informations nécessaires. Les médicaments pris à l’extérieur peuvent être apportés en détention, mais le médecin évaluera la situation à la réception et, si nécessaire/possible, adaptera le traitement conformément à nos propres instructions internes. Il en va de même lors de la sortie de l’institution, le service médical local n’est pas autorisé à contacter le médecin de la personne à l’extérieur de sa propre initiative, l’autorisation de la personne concernée est requise. L’objectif de l’accueil médical, qui a lieu dans les 24h après l’entrée en prison, est d’identifier le plus rapidement possible certaines urgences médicales et de garantir la continuité des soins. Il est donc primordial que le détenu dise ouvertement et honnêtement au médecin, à ce moment-là, tout ce qui est important. Les occasions ne manquent pas de soulever la question auprès du médecin chef local, de la direction, du comité de surveillance, de la direction régionale, du service médical central, du directeur général, du ministre, afin de remédier à la situation le plus rapidement possible. Dans le courant de l’année, un nouveau dossier électronique du patient, compatible avec la santé en ligne, permettra une communication plus fluide entre l’intérieur et l’extérieur de l’établissement."

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Le rapport d’I.Care liste une série de recommandations à l’attention des pouvoirs publics et espère ainsi "pouvoir contribuer à créer les conditions d’un débat sur les réalités carcérales des femmes." Parmi ces recommandations, intégrer une approche respectueuse des dimensions de genres dans les politiques et pratiques pénitentiaires, garantir que le futur mécanisme national de prévention de la torture prête une attention particulière aux questions de genres et aux besoins sexo-spécifiques des femmes incarcérées et encourager la participation active des femmes détenues en créant des espaces de consultation réguliers, où elles peuvent exprimer leurs préoccupations et recommandations.

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Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/article/la-sante-des-femmes-en-prison-on-est-completement-infantilisees-11226893
 

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Aux États-Unis, l’Idaho demande aux hôpitaux leurs registres pour pister les personnes qui avortent

10 Août 2023, 03:18am

Publié par hugo

 Pancarte de manifestation "pas ton corps, pas tes choix"
ACTU MONDIALE
Aux États-Unis, l’Idaho demande aux hôpitaux leurs registres pour pister les personnes qui avortent
Elisa Covo
 07 août 2023 à 09h09

MADMOIZELLE  SOCIÉTÉ  ACTUALITÉS  ACTU MONDIALE
Mi-juin, les législateurs républicains de l’Idaho ont adressé un courrier aux hôpitaux de la région, les accusant à mots couverts de dissimuler les avortements réalisés et leur demandant de transmettre sans attendre leurs registres médicaux sous peine d’être poursuivis. Un coup de pression glaçant à l’égard des praticiens.
L’étau se resserre. Plus d’un an après l’abrogation de l’arrêt Roe v. Wade, qui garantissait constitutionnellement le droit à l’avortement pour les États-uniennes depuis 1973, la répression anti-IVG continue de progresser sur le sol américain.


Dernier exemple en date, l’Idaho : les législateurs ont adressé un courrier aux hôpitaux de l’État le 15 juin dernier pour réclamer les registres médicaux des patientes afin de vérifier qu’aucun avortement n’était passé sous les radars. Une lettre glaçante rendue publique la semaine dernière grâce au travail d’investigation du média local Northwest Public Broadcasting.

Un rappel des peines encourues
Dans ce courrier inquisiteur, les législateurs républicains questionnent ouvertement la véracité des données transmises par les hôpitaux à l’État, au sujet des avortements réalisés.

Depuis près d’un an, l’Idaho interdit entièrement l’avortement, sauf en cas de viol ou de danger pour la vie (grossesses extra-utérine et môlaire). La lettre rappelle les peines encourues en cas de non-report de ces informations, à savoir une amende de 1000 dollars et jusqu’à 1 an de prison pour les médecins qui outrepasseraient la loi.

« Votre hôpital a-t-il pratiqué l’un des avortements provoqués qui doivent être signalés ? Si oui, votre hôpital a-t-il été en conformité avec la loi de l’Idaho sur la déclaration des avortements provoqués ? Si non, y a-t-il une explication raisonnable, et pourriez-vous fournir vos données sur l’avortement provoqué afin que nous puissions prendre des décisions politiques éclairées ? 

Extrait du courrier reçu le 15 juin par les hôpitaux de l’Idaho
Un décalage entre le nombre de cliniques et le nombre de signalements
Selon le courrier envoyé, seul 5 des 44 comtés de l’Idaho auraient transmis leurs données en matière d’avortement dans les 11 dernières années.


Comme le détaille le média en ligne Jezebel, cet écart supposé pourrait très bien s’expliquer logiquement : il n’est pas rare que « les hôpitaux des comtés ruraux ou les hôpitaux disposant de moins de ressources orientent les patientes en quête d’avortement vers les hôpitaux des grands comtés ».

Pour le média, il n’y a aucun doute : « bien sûr, les législateurs anti-avortement de l’État semblent moins intéressés par une explication logique que par une autre occasion d’intimider, de surveiller et éventuellement de criminaliser les prestataires de soins de santé ».

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Règles douloureuses au travail : un tabou persistant qui pousse certaines femmes à mentir

13 Juin 2023, 16:13pm

Publié par hugo

Règles douloureuses au travail : un tabou persistant qui pousse certaines femmes à mentir
Règles douloureuses au travail : un tabou persistant qui pousse certaines femmes à mentir.
© Milos Dimic

23 mai 2023 à 11:30

Temps de lecture3 min
Par RTBF avec ETX
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Sujet à débat, l’intégration du congé menstruel dans le code du travail pourrait permettre aux femmes de s’absenter en cas de règles douloureuses sans perte de salaire. Sans un tel dispositif, les nombreux tabous qui entourent la santé menstruelle au travail contraignent les femmes à inventer de nombreuses excuses pour préserver leur santé physique et mentale, comme le révèle une étude menée au Royaume-Uni.

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L’Espagne a fait office de pionnier en Europe en adoptant en février dernier une loi visant à instaurer un congé menstruel pour les femmes souffrant de règles douloureuses. Une mesure inédite sur le Vieux Continent qui pousse d’autres pays à entamer une réflexion autour de la santé menstruelle au travail. A l’approche de la Journée mondiale de l’hygiène menstruelle (28 mai), la marque suédoise Intimina présente les résultats d’un sondage* mené au Royaume-Uni, qui témoigne des nombreux clichés qui entourent les règles douloureuses et de la peur des femmes d’être stigmatisées dans le cadre de leur emploi.

Un problème de santé comme les autres ?
Menée par Censuswide auprès de plus de 1000 femmes britanniques, l’étude nous apprend dans un premier temps que près des deux tiers des répondantes (63%) se disent en faveur d’un congé menstruel rémunéré au Royaume-Uni et près de la moitié d’entre elles (49%) confient même avoir déjà éprouvé le besoin de recourir à un tel dispositif.

Reste à savoir si en l’absence d’une loi accordant ce congé, les employeurs sont réellement prêts à faire des efforts en faveur des femmes souffrant de règles douloureuses. Et la réponse risque de faire grincer des dents puisque seulement une sondée sur dix affirme que son employeur serait prêt à offrir quelques jours de congés en cas de "symptômes graves" pendant cette période du mois.

Thorsten Kiefer de Wash United, organisation qui encourage la mise en place du congé menstruel, ne décolère pas :

"Aucune femme ne devrait être stigmatisée ou exclue parce qu’elle a ses règles".

"Celles qui souffrent de douleurs menstruelles devraient bénéficier de congés payés, comme pour n’importe quel autre problème de santé. Comme énormément de femmes souffrent de symptômes extrêmement graves pendant leurs règles, il est incroyable de voir que l’Espagne est le seul pays du monde occidental à avoir mis en place cette politique", ajoute-t-elle.

Quand le stress s'ajoute à la douleur...
Autre constat et non des moindres, près d’une femme sur deux (49%) fait part d’un "manque de compassion" de la part dudit supérieur lorsque le sujet des douleurs menstruelles est mis sur la table dans le cadre du travail. Un constat qui n’est pas sans conséquences sur la santé mentale des principales intéressées à tel point qu’une répondante sur quatre affirme avoir déjà ressenti le besoin de justifier ce type d’absence avec des excuses de toutes sortes et parfois même parmi les plus insolites. "J’ai attrapé un virus mystérieux" et "J’ai une intoxication alimentaire parce que j’ai mangé des crevettes avariées" comptent parmi les prétextes les plus prisés pour justifier une absence liée à des règles douloureuses, avec 28% et 20% des suffrages respectivement.

Cela ne concerne bien évidemment que les femmes qui s’absentent en raison de douleurs menstruelles, la plupart continuant de travailler malgré leurs symptômes. Le sondage montre d’ailleurs que pour 20% des femmes britanniques, cela a une influence néfaste sur leur bien-être et leur santé mentale.

"Les règles nous affectent toutes de manière différente. Chez certaines femmes, elles peuvent s’accompagner de graves symptômes physiques et psychiques. Le fait de ne pas avoir droit à un congé lorsqu’on souffre de douleurs menstruelles ou de devoir mentir à son employeur peut être source de stress et d’anxiété, ce qui peut entraîner d’autres problèmes de santé", explique le Dr Susanna Unsworth, gynécologue.

 

*Ce sondage a été réalisé par Censuswide en mars 2023 auprès de 1017 femmes au Royaume-Uni.


https://www.rtbf.be/article/regles-douloureuses-au-travail-un-tabou-persistant-qui-pousse-certaines-femmes-a-mentir-11201648

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Que contient la proposition de loi sur le congé menstruel ?

2 Juin 2023, 00:39am

Publié par hugo

 CTU EN FRANCE
Que contient la proposition de loi sur le congé menstruel ?
Christelle Murhula
 26 mai 2023 à 11h05

MADMOIZELLE  SOCIÉTÉ  ACTUALITÉS  ACTU EN FRANCE
Vendredi 26 mai, trois députés écologistes déposent une proposition de loi afin d’instaurer un congé menstruel de treize jours par an.
Et si la France était le second pays européen à instaurer un congé menstruel ? Ce vendredi 26 mai 2023, les députés écologistes Sandrine Rousseau, Sébastien Peytavie et Marie-Charlotte Garin déposent une proposition de loi pour instaurer un congé menstruel en France.

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À lire aussi : IVG, congé menstruel… l’Espagne se dote d’une loi précurseuse pour les droits des femmes

Bientôt un congé pour « menstruations incapacitantes » en France ?
Les trois députés écologistes proposent donc de mettre en place un arrêt de travail, cumulable avec le recours au télétravail, pour « menstruations incapacitantes ». Il sera possible d’avoir jusqu’à treize jours d’arrêt pas an. Il sera accessible grâce à un certificat médical renouvelable chaque année, délivré par un médecin généraliste, une sage-femme, un médecin du travail ou encore un spécialiste. Les cas les plus graves pourront renouveler leur certificat de manière plus régulière.

La personne devra ensuite déposer son certificat sur la plateforme Ameli pour mettre en place son droit aux treize jours d’arrêt. Ils pourront être « posés consécutivement ou séparément, sur une durée d’un an et sans limite mensuelle ». C’est le site qui générera un arrêt que la personne remettra ensuite à son employeur. Il sera intégralement pris en charge par l’assurance maladie, sans jour de carence.

De la sensibilisation des entreprises
Afin de prévenir les discriminations, l’employeur n’aura pas accès à ce certificat, a dévoilé le député Sébastien Peytavie dans les colonnes de Libération. La mention « menstruations incapacitantes » n’apparaîtra pas sur le document. « Si pour certaines, c’est une bataille politique et féministe, de revendiquer d’avoir ses règles, d’autres n’ont pas envie que leurs collègues ou employeurs soient au courant », a-t-il déclaré.


Outre la mise en place d’un congé menstruel, la proposition de loi se veut mettre en place une sensibilisation à la santé menstruelle. Ainsi, si la loi est votée comme telle, les employeurs devront mettre en place des cycles de sensibilisation. La santé menstruelle et gynécologique sera intégrée dans les prérogatives de la médecine du travail.

Certaines entreprises et administrations l’ont déjà mis en place sous certaines conditions, comme la municipalité de Saint-Ouen, ou encore plus récemment le département de Seine-Saint-Denis. Le 10 mai dernier, des députés du Parti Socialiste avaient, eux aussi, déposé une proposition de loi similaire à L’Assemblée nationale qui prévoit quant à elle un congé en cas de fausse couche, en plus. Selon un sondage Ifop, 66% des Françaises sont favorables à l’instauration d’un congé menstruel.

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