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Le blog de hugo,

Au-delà de 12 semaines : le règne de la débrouille pour celles qui veulent avorter

30 Septembre 2021, 11:41am

Publié par hugo

 Au-delà de 12 semaines : le règne de la débrouille pour celles qui veulent avorter
   
Camille Wernaers pour Les Grenades
 Publié le mardi 28 septembre 2021 à 08h03
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Ce 28 septembre est la journée mondiale de lutte pour le droit à l’avortement. C’est également ce jour que la plateforme Abortion Right a choisi pour révéler les témoignages reçus par le biais d’un appel, lancé en juin 2021 et toujours ouvert pour recueillir la parole et le vécu des femmes ayant dépassé le délai légal d’interruption volontaire de grossesse.

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"Cet appel à témoignage entend visibiliser des réalités dont on ne parle pas", explique Diane Gardiol, membre de cette plateforme bilingue qui rassemble les Fédérations de centres de planning familial et d’avortement, ainsi que des associations de défense pour les droits des femmes et pour les droits humains. "En Belgique, des femmes sont obligées d’avorter après le délai légal de 12 semaines pour différentes raisons. Quelles sont ces raisons ? Comment cela se passe-t-il pour elles", s’interroge-t-elle. En trois mois, une vingtaine de témoignages ont été recueillis.

Cela n’est pas à la portée de toutes les femmes, certaines d’entre elles, les plus précaires, sont donc obligées de mener leur grossesse non désirée à terme !

Parmi ces témoignages, celui d’une pharmacienne de 37 ans qui prenait la pilule depuis 20 ans en continu et découvre sa grossesse à 15 semaines. Elle a dû demander une IVG au Pays-Bas à 16 semaines de grossesse. "Il y a encore des clichés sur les femmes qui avortent après 12 semaines : qu’elles seraient inconscientes, qu’elles n’utiliseraient pas de contraception. Ici, il s’agit d’une pharmacienne qui connaît bien ce sujet, de par son métier. Elle continue en disant qu’elle s’est sentie comme une criminelle de devoir avorter à l’étranger", souligne Diane Gardiol.

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

Un lien avec des violences
Une autre femme de 19 ans témoigne, dont le partenaire ne s’est pas retiré lors de la relation sexuelle comme ils l’avaient pourtant convenu. Elle découvre sa grossesse à 13 semaines et doit avorter dans un hôpital privé belge pour la somme de 1000€, à 14 semaines de grossesse. "Cela s’est passé discrètement avec juste le médecin, l’anesthésiste et l’infirmière, le soir. On voit qu’il y a la possibilité de profiter de ces femmes. Il faut des moyens pour se permettre d’avorter après 12 semaines, soit pour voyager à l’étranger, soit pour payer l’hôpital. Cela n’est pas à la portée de toutes les femmes, certaines d’entre elles, les plus précaires, sont donc obligées de mener leur grossesse non désirée à terme !", s’insurge-t-elle.

D’autres femmes ont également témoigné de cette forme de violence spécifique : le sabotage contraceptif. En effet, plusieurs d'entre elles, qui ont dû avorter après 12 semaines, ont mentionné le fait que leur partenaire ne s’était pas retiré lors de la relation sexuelle alors que c’était la méthode convenue.

►►► A lire : Sabotage de la contraception: une tromperie intime avec IVG à la clé

Une femme de 28 ans qui subissait des violences de la part de son partenaire découvre sa grossesse à 7 semaines témoigne encore qu’elle a décidé au bout d’une énième violence, de sortir de cette emprise avec l’aide de la police. A 14 semaines et 3 jours d’aménorrhée, elle a dû partir au Pays-Bas pour demander une IVG. "C’est effarant", réagit Diane Gardiol. "Les violences qu’elles a subies n’ont pas du tout été prises en compte, 'elle n’avait qu’à aller à l’étranger’. Il était essentiel de la prendre en charge en Belgique pourtant.."

Les témoignages apportent d’autres informations importantes sur le vécu de ces femmes : plusieurs d’entre elles, de tout âge, ont témoigné concernant une grossesse résultant d’un viol, le traumatisme de cette violence sexuelle les avait empêchées de demander plus tôt une IVG. Plusieurs femmes ont également rapporté avoir vécu un déni de grossesse qui les a empêchées de venir à temps.

►►► A lire : Comment le coronavirus affecte les avortements

"Un délai hypocrite"
"Ce délai légal est hypocrite selon nous, car les femmes qui peuvent se le permettre avortent à 14, 15 ou 16 semaines. Ce qui est inquiétant, c’est que le corps des femmes est toujours un enjeu de négociation politique dans notre pays", conclut Diane Gardiol en faisant référence à la proposition de loi dépénalisant l’avortement et allongeant le délai légal pour avorter de 12 à 18 semaines.

En 2020, cette proposition de loi avait été renvoyée pour examen en Commission Justice de la Chambre à la demande du CD&V qui en avait fait une condition pour son entrée dans le gouvernement Vivaldi, et ce alors que six partis de la Vivaldi étaient favorables au vote de cette loi. "C’est une mise au frigo de cette proposition de loi qui pourrait pourtant améliorer l’accès à ce droit qui concerne directement la santé des femmes", selon Diane Gardiol. "On attend toujours la création du groupe d’expert.es promis par l’accord gouvernemental du 30 septembre 2020."

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La plateforme Abortion Right réitère d’autres revendications afin d'améliorer la loi IVG : outre le délai légal allongé, il faudrait que le délai de "réflexion", pour l’instant d’une semaine, soit raccourci et que les femmes soient mieux encadrées et soutenues tout au long de la procédure. Parallèlement à cela, la plateforme plaide pour un meilleur remboursement de la contraception au-delà de 25 ans pour toutes les femmes, "car la charge de la contraception repose à 90% sur elles". Enfin, "il faut parler de l’avortement et de toutes ces réalités, sortir du tabou qui les entoure, c’est aussi un enjeu important", résume Diane Gardiol.

Négociations politiques : ce que les discussions prévoit autour de l'IVG

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Cardi B, une "Bitch" féministe ?

30 Septembre 2021, 10:03am

Publié par hugo

 Cardi B, une "Bitch" féministe ?
  
Une chronique d'Elena Diouf pour Les Grenades
 Publié le mardi 28 septembre 2021 à 07h58
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Cet article est le résumé d'un mémoire, ce travail de recherche universitaire est publié en partenariat avec le master Genre.

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Il y a quelques mois, le nouveau hit des rappeuses Cardi B et Megan Thee Stallion, intitulé WAP (Wet-Ass Pussy), faisait scandale aux États-Unis. Tantôt perçues comme vulgaires et grossières, tantôt comme libres et puissantes, les deux artistes atteignaient pourtant 26 millions de vues en 24 heures pour leur titre.

Il faut dire que parler et exprimer ouvertement son plaisir et ses ébats dans un vocabulaire cru, représente tout ce qu’une société patriarcale teintée de racisme n’attend pas d’une femme. Ce discours à contre-courant a ainsi largement fait plus réagir que n’importe quel autre son masculin des dernières années.


En attendant, beaucoup s’interrogent encore, Cardi B est-elle le porte-drapeau d’une génération émancipée de femmes afro-américaines ou dessert-elle la cause féministe ? Ce débat sur l’hypersexualisation des corps divise depuis des décennies au sein même des courants féministes.

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S’il n’y a pas de réponse évidente, cette figure trash que l’on nomme la Bitch pourrait bien subvertir à la fois les normes de genre et de race, en réponse à un passé oppressif, représentant ainsi une figure contemporaine d’émancipation.

Bitch, de l’insulte à l’arme de combat
Si le terme Bitch est ancien, ce sont les années 90 qui marquent un véritable tournant dans la signification du mot. En effet, le monde du rap alors éminemment masculin, s’empare du mot au travers d’un discours sexiste et misogyne, considérant les femmes comme des bitches (chiennes) dans leurs textes.

C’est à partir de ce moment que des groupes de gangsta rap (sous-branche du rap) féminins décident de se réapproprier cette injure en s’autoproclamant Bitch. Elles s’emparent ainsi du terme comme arme contre le sexisme produit et assumé par les hommes. Ce sera le cas du groupe d’Afro-Américaines Bytches With Problems. Leur discours rare et novateur sur l’égalité des sexes se forgera en réaction aux offenses de rappeurs comme Tupac, Dr.Dre ou Snoop Dog. Une porte entrouverte pour les futures générations.

30 ans plus tard, la Bitch afro-américaine s’incarne toujours dans ses paroles, mais surtout au travers de son attitude et de son corps. Elle renvoie à une femme indépendante et puissante qui règne en maîtresse au royaume du hip-hop américain. En s’intéressant aux paroles, on retrouve presque toujours des références à l’argent et à la sexualité, avec en toile de fond, une ode aux formes généreuses et cette idée de revanche sur la vie. Le terme bitch apparaît très régulièrement soit comme qualificatif positif soit comme insulte au second degré. Plus qu’un titre honorifique, c’est une véritable revendication identitaire !


Forte, sexy, "provocatrice", matérialiste, riche, elle se suffit à elle-même et n’hésite pas à faire de l’homme son objet. En effet, dans les clips ou ailleurs, il apparaît souvent simplement pour faire de la figuration. Perruques, bijoux, strass, liasses de billets, latex, fourrures, bas résille, sous-vêtements ou encore couronnes, cet univers qui renvoie à l’ancien monde de Cardi B, celui du strip-tease, laisse place à une vision qui conçoit la possibilité pour les femmes de s’émanciper et d’utiliser son corps par choix. Qu’elle s’incarne en la personne de Cardi B, Nicki Minaj ou encore Rihanna, la Bitch se crée une image hypersexualisée et stéréotypée de la femme noire pour se jouer des normes genrées et raciales. Elle renverse ainsi les codes patriarcaux et déconstruit l’objectification des femmes.

Un phénomène ancré dans le Black Feminism et la pensée intersectionnelle
Ce phénomène s’inscrit pleinement dans la pensée du Black Feminism américain des années 60, qui se distingue par sa volonté de traiter ensemble la question de la race et du genre. Ce courant mettra en lumière ce qu’on appellera plus tard l’intersectionnalité et qui renvoie à l’imbrication de différents systèmes d’oppression comme le sexe, la race ou encore la classe. Ce concept dont s’emparent de nombreuses féministes, rendra compte de différentes réalités.

En effet, au-delà de cette double oppression raciste et sexiste, les femmes noires furent longtemps doublement exclues. Tout d’abord, écartées des mouvements féministes blancs ne prenant pas en compte leur vécu spécifique en tant que femmes racisées et entretenant un racisme subtil qui perpétua les stéréotypes. Ensuite, exclues des mouvements antiracistes ne prenant pas en compte leur vécu en tant que femmes.

►►► A lire aussi : Un peu racistes, les féministes ?

Beaucoup furent donc forcées de choisir la lutte antiraciste, les rendant donc invisibles dans l’Histoire des luttes féministes. Enfin, le processus de dévalorisation de la féminité noire (en opposition à la norme de blancheur) datant du contexte esclavagiste américain du 17e siècle, aura des répercussions jusqu’à nos jours avec des stigmates toujours intacts. Parmi eux, l’image de la femme noire hypersexualisée, sauvage et bestiale. Ce sont ces stigmates poussés à l’extrême que la Bitch décide d’utiliser à des fins émancipatrices en redéfinissant les normes de beautés et en magnifiant la femme noire. Elle se définit ainsi par et pour elle-même et n’est plus définie de l’extérieur.

Si la Bitch prend place au cœur d’une pensée intersectionnelle, c’est parce qu’elle n’est jamais caractérisée uniquement par la race, le genre ou la classe, mais à l’intersection des trois, comme les trois thèmes récurrents de ses chansons. Au carrefour d’une lutte féministe et raciale, elle célèbre la victoire contre cette triple oppression qu’elle refuse de subir et se crée un espace dans un lieu masculin, où peuvent coexister plusieurs luttes.

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La Bitch peut donc représenter une figure féministe à laquelle celles qui ne peuvent être entendues peuvent s’identifier. Pour autant, cette figure à contre-courant a tout de même ses limites. Elle concentre en effet ses efforts sur sa capacité à se réaliser elle-même et n’engage pas un processus collectif visant à transformer des inégalités structurelles, enjeu même du féminisme. Mais en a-t-elle l’ambition ? Par ailleurs, elle peut à travers son image, paraître contre-productive en renforçant et en pérennisant des représentations raciales déjà trop présentes et persistantes à travers les époques.

Alors la Bitch en fait-elle trop ou au contraire pas assez ? En tout cas, à l’instar de Cardi B, elle incarne à sa manière, la réussite et l’émancipation d’une femme racisée qui ne doit sa couronne de salope qu’à elle-même !

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© Tous droits réservés
Elena Diouf, d’origine belgo-sénégalaise, grandit au Gabon. Journaliste de formation suite à ses études à l’Université de Liège, elle se spécialisera ensuite en études de genre grâce à un master interuniversitaire. Aujourd’hui chargée de missions à la Fédération des Centres de Planning Familial des FPS, elle travaille tout particulièrement sur l’EVRAS et les violences faites aux femmes. Elle s’intéresse en outre aux questions liées à l’intersectionnalité et aux droits des femmes.

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https://www.rtbf.be/info/dossier/les-grenades/detail_cardi-b-une-bitch-feministe?id=10849733

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Xavier Bertrand coupe le micro d'une élue : on lui explique le "mansplaining"

29 Septembre 2021, 20:11pm

Publié par hugo

 Xavier Bertrand coupe le micro d'une élue : on lui explique le "mansplaining"
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Xavier Bertrand coupe le micro d'une élue, on le recadre
Xavier Bertrand coupe le micro d'une élue, on le recadre
Pauline Machado 
Par Pauline Machado
Publié le Mercredi 29 Septembre 2021
Au Conseil régional de Lille, le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand n'a pas aimé le ton de l'élue écologiste Marine Tondelier. En pleine phrase, il lui a ainsi coupé micro, prétextant un "besoin de calmer les esprits". Benjamin Lucas, conseiller régional Génération·s, n'a pas manqué de la soutenir.
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C'est une scène qui malheureusement, n'est pas isolée dans la sphère politique. Après Pauline Rapilly-Ferniot en février dernier, c'est au tour de l'élue écologiste Marine Tondelier de faire les frais d'un paternalisme évident, cette fois-ci de la part de Xavier Bertrand, candidat à la primaire de la droite et président de la région des Hauts-de-France.

Alors qu'elle s'exprimait sur un amendement à un texte de loi, demandant qu'aux paroles suivent des actes, Marine Tondelier a été interrompue par l'ex-ministre. Celui-ci lui a reproché de tenir des propos "ironiques". "S'il y a besoin de calmer les esprits je vais suspendre pendant 5 minutes, moi je n'ai pas de problèmes", a lâché Xavier Bertrand sur un ton particulièrement condescendant, mentionnant son expérience de "très nombreuses assemblées".

Une femme donne son avis, il diffère de celui d'un homme : ce dernier lui demande de "se calmer", sous-entendu que son désaccord n'émane pas d'un raisonnement construit, mais plutôt d'un excès de colère. Un mécanisme de silenciation et d'infantilisation emprunt de sexisme malheureusement classique.

"J'aurais pu vous expliquer ce qu'est le mansplaining"
Dans les rangs de la gauche, l'élu Génération·s Benjamin Lucas a alors pris la parole, en soutien à sa collègue, se désolidarisant par la même occasion d'une connivence masculine qui a tendance à planer dans les milieux de pouvoir.


"Si nous disposions de 5 minutes j'aurais pu vous expliquer ce qu'est le mansplaining, la capacité à interrompre une femme lorsqu'elle s'exprime. Je trouve qu'il est assez irrespectueux de l'opposition et d'une élue dans cette assemblée de l'interrompre quand elle a entamé son propos. Être le président, faire la police de l'Assemblée ne permet pas tout, Monsieur Bertrand".

Et de rappeler quelques règles de base : "Quand Madame Tondelier s'exprime, ses propos ont le droit de vous déplaire, ils peuvent même vous choquer, vous agacer, vous pouvez être contre (...) mais permettez que sur les deux pauvres minutes que vous accordez à votre opposition pour qu'elle puisse exprimer un point de vue Madame Tondelier (...) ne soit pas interrompue comme vous l'avez fait, avec beaucoup de mépris et beaucoup d'arrogance".

Tout est dit. Reste à espérer que la prochaine fois, Marine Tondelier puisse le formuler elle-même.

SOCIÉTÉ BUZZ POLITIQUE SEXISME NEWS ESSENTIELLES


https://www.terrafemina.com/article/xavier-bertrand-il-coupe-le-micro-d-une-elue-et-se-fait-recadrer-video_a359982/1

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Scandale d'abus sexuels en RDC : l'OMS présente ses excuses et limoge plusieurs employés,femmes,

29 Septembre 2021, 20:10pm

Publié par hugo

 Scandale d'abus sexuels en RDC : l'OMS présente ses excuses et limoge plusieurs employés
Le directeur de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, présente ses excuses aux dizaines de femmes victimes d'abus sexuels perpétrés par des membres de l'OMS en République démocratique du Congo, pendant l'épidémie d'Ebola, entre 2013 et 2015.
Le directeur de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, présente ses excuses aux dizaines de femmes victimes d'abus sexuels perpétrés par des membres de l'OMS en République démocratique du Congo, pendant l'épidémie d'Ebola, entre 2013 et 2015.
©AP Photo/Bilal Hussein
29 SEP 2021
 Mise à jour 29.09.2021 à 11:20 par 
TerriennesIsabelle Mourgere
 
avec Le Temps
Au terme d'un an d'investigation, une commission d’enquête indépendante publie un rapport accablant contre l'OMS. Des employés sont accusés d'avoir profité de leur position pour abuser sexuellement des dizaines de femmes lors de l’épidémie d’Ebola en République démocratique du Congo. Le directeur de l’Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesusa, a fait son mea culpa. Il dit assumer la responsabilité de l'organisation, mais n'a pas l'intention de démissionner.
"Je suis désolé pour ce qui vous a été infligé par des employés de l’OMS, qui auraient dû vous servir et vous protéger. Cela n’aurait jamais dû vous arriver. C’est inexcusable". C'est avec ces mots que Tedros Adhanom Ghebreyesusa s'est exprimé le mardi 28 septembre 2021. Le directeur de l’OMS dit assumer "la responsabilité ultime pour le comportement des gens que nous employons" et les "manquements" de l’organisation pour empêcher ces actes.

Ces excuses s'adressent à près de soixante-dix victimes, des femmes essentiellement, d’"exploitation" et d’"abus sexuels" en République démocratique du Congo entre août 2018 et juin 2020. L’OMS coordonnait alors la réponse contre une épidémie d’Ebola dans l’est du pays, la pire épidémie de cette maladie mortelle après celle qui avait touché l’Afrique de l’Ouest entre 2013 et 2015.

Le docteur Tedros, qui briguera l’an prochain un second mandat à la tête de l’OMS, s’exprimait lors de la présentation d’un rapport d’une commission d’enquête indépendante. Il avait décidé la création de cette instance en octobre dernier suite aux révélations dans les médias sur des violences commises par des employés de l’OMS, mais aussi des collaborateurs d’autres organisations onusiennes et d’ONG.

Dans le rapport, plusieurs responsables de l’OMS sont pointés du doigt pour n’avoir pas réagi lorsque des alertes sont remontées depuis la RDC. Le docteur Tedros a annoncé que deux d’entre eux avaient été suspendus, en attendant d’être fixés sur leur sort. D’autres enquêtes administratives concernant d’autres cadres sont en cours. Mais la commission d’enquête disculpe le directeur de l’OMS, qui n’avait "aucune responsabilité opérationnelle".


La directrice du bureau africain de l’organisation, la docteure Matshidiso Moeti, était aussi à Genève pour présenter ses excuses aux victimes. "Humiliée, horrifiée et navrée par les conclusions de cette enquête. Sincèrement, mon cœur va à toutes les femmes touchées. L'exploitation et les abus sexuels sont une violation inacceptable des droits humains et une profonde trahison des valeurs fondamentales de l'OMS", a-t-elle déclaré dans un tweet. 

J’aurais peut-être dû poser des questions.

Tedros Adhanom Ghebreyesusa, directeur de l'OMS
A l’époque, le docteur Tedros s’était rendu quatorze fois dans l’est de la RDC pour suivre personnellement d’avancée de la lutte contre Ebola. Mais il dit n’avoir jamais eu vent des allégations reprochées à ses employés. "J’aurais peut-être dû poser des questions", élude-t-il après une question d’une journaliste lui demandant s’il allait démissionner.

Tedros Adhanom Ghebreyesus lors d'un voyage dans l'est de la RDC à l'aéroport de Butembo, en juin 2019.
Tedros Adhanom Ghebreyesus lors d'un voyage dans l'est de la RDC à l'aéroport de Butembo, en juin 2019.
©AP Photo/Kudra Maliro
Chantage sexuel
Les premières plaintes remontent à septembre 2020. Des employées congolaises d’organisations et d’ONG internationales engagées dans la lutte contre l’épidémie d’Ebola en RDC accusent leurs collègues expatriés d’avoir abusé d’elles. 

Il y a une condition. Il faut qu’on fasse l’amour tout de suite.

Témoignage d'une victime
"Il y a une condition. Il faut qu’on fasse l’amour tout de suite", a raconté une jeune femme de ménage à propos d’un médecin de l’OMS qui lui avait proposé de passer chez lui pour discuter d’une promotion. "Il a commencé à me déshabiller. J’ai reculé, mais il s’est jeté sur moi et a continué à m’arracher mes vêtements. Je me suis mise à pleurer et je lui ai dit d’arrêter… Mais il ne s’est pas arrêté. Alors j’ai ouvert la porte et je suis sortie en courant", poursuit-elle. Son contrat n’a ensuite pas été renouvelé.

Ce témoignage et celui d'une cinquantaine d'autres femmes ont été recueillis et rendus publics par le site d'information spécialisé The New Humanitarian et par la Fondation Thomson Reuters. Les victimes étaient cuisinières, femmes de ménage ou travailleuses communautaires embauchées en contrats à court terme et payées entre 50 et 100 dollars par mois. Certaines étaient des survivantes d’Ebola. D’autres témoins, des chauffeurs, décrivent des pratiques très répandues. Une femme a déclaré que l’exigence de rapports sexuels était un "passeport pour l’emploi" dans une région très pauvre et fragilisée par des années de conflit.

J'étais terrifiée. Dégoûtée. Je n'en ai même pas parlé à ma mère.

Témoignage d'une victime
"Certaines femmes ont affirmé qu'on leur avait servi des boissons, d'autres auraient été piégées dans des bureaux et des hôpitaux, et certaines auraient été enfermées dans des pièces par des hommes qui leur auraient promis du travail ou les auraient menacées de les renvoyer si elles n'obéissaient pas", rapporte l'article publié sur le site. "De nombreuses femmes ont déclaré n'avoir jamais signalé ces incidents par crainte de représailles ou de perdre leur emploi. La plupart ont également affirmé qu'elles avaient honte". "J'étais terrifiée. Dégoûtée. Je n'en ai même pas parlé à ma mère", témoigne une des femmes interrogées par les journalistes. 

La plupart des témoignages visent des expatriés employés par l’OMS, mais des femmes se sont dites victimes d’hommes travaillant pour l’Unicef, l’Organisation internationale des migrations (OIM) ou pour des ONG comme World Vision, Alima et Médecins sans frontières. Selon leurs victimes, les agresseurs venaient de Belgique, du Burkina Faso, du Canada, de France, de Guinée et de Côte d'Ivoire.

La commission d’enquête mandatée par l’OMS a confirmé les témoignages rendus publics l'an dernier. "Nous avons interrogé d’autres victimes", précise Aïchatou Mindaoudou, co-présidente de cette commission d’enquête. Cette ancienne ministre des Affaires étrangères du Niger suggère ainsi que le fléau était encore plus grave que ce qu’avaient révélé les médias.


Viols et avortements
Le Malien Malick Coulibaly, également membre de cette commission d’enquête, a décrit des actes loin d’être isolés, certains étant commis par un "réseau". Ce système d’exploitation a prospéré sur les disparités entre les humanitaires et la population locale engagée pour des contrats journaliers pour aider à la lutte contre Ebola dans une région très pauvre et très instable. "Nous avons pu établir que de nombreuses personnes se sont vues promettre des emplois ou une prolongation de contrat contre des actes sexuels", continue Malick Coulibaly.

Nous avons aussi documenté neuf cas de viols. Certaines femmes sont tombées enceintes, d’autres ont été contraintes d’avorter.

Malick Coulibaly, membre de la commission d'enquête
"La plupart des victimes n’ont pas obtenu les emplois promis. D’autres ont été licenciées pour avoir refusé des actes sexuels. Nous avons aussi documenté neuf cas de viols. Certaines femmes sont tombées enceintes, d’autres ont été contraintes d’avorter", poursuit le Malien, ancien ministre de la Justice. Au total, la commission a identifié 75 victimes, la plupart des femmes, en moyenne âgées de 20 ans. La plus jeune avait 13 ans. Une dizaine d’hommes se sont déclarés victimes, leur mariage ou leur famille ayant été, selon eux, brisé.

Quant aux auteurs présumés de ces actes, la commission en a dénombré 83 sur la base des témoignages recueillis et recoupés. Parmi eux, 23 employés de l’OMS : des Congolais engagés sur place, mais aussi des expatriés, même si aucune nationalité n’a été divulguée. Les informations à propos des viols ont été transmises par l’OMS aux autorités congolaises et aux pays dont les auteurs présumés sont ressortissants.

La plupart des personnes incriminées avaient quitté l’OMS après la fin de l’épidémie d’Ebola. Mais quatre d’entre eux travaillaient toujours pour l’organisation quand le rapport d’enquête est parvenu ces derniers jours au siège de l’OMS à Genève. Ces quatre employés ont été licenciés. Le directeur de l’OMS a promis que cette affaire n’était pas terminée et qu’il avait mandaté des experts externes pour tirer toutes les leçons de cet énième scandale d’abus sexuels dans un pays en crise.
 

A lire aussi dans Terriennes : 
►Scandales sexuels chez Oxfam : problèmes individuels ou défaillance du système ?
►Oxfam: prostitution, abus sexuels, viols, des accusations de plus en plus lourdes
►L’ONU accusée de minimiser les abus sexuels de ses Casques bleus
TerriennesIsabelle Mourgere
 
avec Le Temps
 Mise à jour 29.09.2021 à 11:20
SUR LE MÊME THÈME


https://information.tv5monde.com/terriennes/scandale-d-abus-sexuels-en-rdc-l-oms-presente-ses-excuses-et-limoge-plusieurs

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Tunisie : Kaïs Saïed nomme à la tête du gouvernement une femme, Najla Bouden , femmes, feminisme,

29 Septembre 2021, 16:36pm

Publié par hugo

 Tunisie : Kaïs Saïed nomme à la tête du gouvernement une femme, Najla Bouden
Naja Bouden, ici reçu par le président Kaïs Saïed ce 29 septembre, devient la première femme à devenir chef du gouvernement.
Naja Bouden, ici reçu par le président Kaïs Saïed ce 29 septembre, devient la première femme à devenir chef du gouvernement.
Capture AFPTV
29 SEP 2021
 Mise à jour 29.09.2021 à 16:20 par 
TV5MONDE
 
AFP
Le président tunisien Kaïs Saïed a chargé pour la première fois une femme, Najla Bouden, de former un gouvernement en Tunisie, deux mois après le limogeage du précédent cabinet.
Najla Bouden a été "chargée de former un gouvernement dans les plus brefs délais", a indiqué la présidence dans un communiqué. Née en 1958 et scientifique de formation, Najla Bouden, qui a pratiquement le même âge que le président Kaïs Saïed et est originaire de la ville de Kairouan, est inconnue du grand public.

Première fois qu'une femme prend la tête du gouvernement
C'est la première fois qu'une femme prend la tête du gouvernement en Tunisie, même si les pouvoirs octroyés à ce rôle ont été considérablement amoindris par les "mesures exceptionnelles" adoptées par Kaïs Saïed le 22 septembre, qui suspendent l'application de chapitres clé de la Constitution.

La présidence a publié une vidéo de Kaïs Saïed  recevant Najla Bouden dans son bureau et la chargeant de former un nouveau gouvernement pour le lui présenter "dans les prochaines heures ou jours".

Kaïs Saïed a insisté à plusieurs reprises sur le caractère "historique" de la nomination d'une femme pour la première fois pour diriger le gouvernement en Tunisie. "C'est un honneur pour la Tunisie et un hommage à la femme tunisienne."

"Mettre fin à la corruption"
La principale mission du futur gouvernement sera "de mettre fin à la corruption et au chaos qui s'est répandu dans de nombreuses institutions de l'Etat".

Le décret présidentiel du 22 septembre est venu officialiser le coup de force du 25 juillet du président Kaïs Saïed par lequel il s'est arrogé les pleins pouvoirs, après avoir limogé le Premier ministre, gelé le parlement et avoir repris en main aussi le pouvoir judiciaire.

Les pouvoirs du Premier ministre fortement amoindris
Désormais, sur la base des "mesures exceptionnelles" prises le temps de mener une série de "réformes politiques", le chef de l'Etat, détenteur du pouvoir exécutif, préside lui-même le conseil des ministres.

Les mesures du 22 septembre prévoient aussi la poursuite du gel du Parlement et que le président légifère par décrets.

Avant sa nomination surprise, Najla Bouden était directrice générale d'un projet de réforme de l'enseignement supérieur.

Auparavant, cette docteure en géologie avait été chargée de mission, puis directrice générale au ministère de l'Enseignement supérieur.


https://information.tv5monde.com/afrique/tunisie-kais-saied-nomme-la-tete-du-gouvernement-une-femme-najla-bouden-426425

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Oui à la PMA pour toutes : la loi bioéthique entre en vigueur en France

29 Septembre 2021, 16:30pm

Publié par hugo

 Oui à la PMA pour toutes : la loi bioéthique entre en vigueur en France
Selon une récente enquête d'opinion de l'institut Ifop, 67% des Français-es se prononcent en faveur de l'ouverture de la PMA (procréation médicale assistée) à toutes les femmes, célibataires, en couple, et/ou homosexuelles. 
Selon une récente enquête d'opinion de l'institut Ifop, 67% des Français-es se prononcent en faveur de l'ouverture de la PMA (procréation médicale assistée) à toutes les femmes, célibataires, en couple, et/ou homosexuelles. 
©Pixabay
07 JUIN 2021
 Mise à jour 29.06.2021 à 09:10 par 
TerriennesIsabelle Mourgere
 
avec AFP
La loi de bioéthique, dont la mesure phare est l'ouverture de la PMA à toutes les femmes entre en vigueur, le décret vient d'être publié au Journal officiel. Dernier acte d'un long processus et d'une bataille de longue haleine pour la mise en oeuvre d'une réforme profonde de la société.
Neuf ans d'attente pour des milliers de femmes, et pour beaucoup d'entre-elles, cela arrivera sans doute trop tard, mais pour les autres, cette loi sonne l'heure de tous les possibles. Si le président François Hollande a été le premier à en faire la promesse, Emmanuel Macron l'a fait: les couples de lesbiennes et les femmes seules vont désormais pouvoir accéder à la procréation assistée. Après une troisième lecture au début du mois de juin à l’Assemblée, puis au Sénat, le texte de loi Bioéthique a fait son ultime passage pour être définitivement adopté à l'Assemblée nationale le mardi 29 juin. 326 députés ont voté pour, 115 contre et 42 ne se sont pas exprimés. La loi a été officiellement promulguée le 29 septembre 2021, le décret étant publié au Journal officiel. 

 
Ce texte ne satisfera pas tout le monde. Il sera jugé tantôt frileux, tantôt audacieux. Mais il sera jugé équilibré. C’est un texte ambitieux.

Adrien Taquet, secrétaire d'Etat à l'enfance et aux familles
"La PMA pour toutes les femmes était un engagement du président de la République", a rappelé le secrétaire d’Etat en charge de l’enfance et des familles, Adrien Taquet, "Ce texte ne satisfera pas tout le monde. Il sera jugé tantôt frileux, tantôt audacieux. Mais il sera jugé équilibré. C’est un texte ambitieux". Le projet de loi va terminer son processus législatif pour le moins long de deux ans et repasse devant les députés, qui pourront l’adopter définitivement.
 

"Le texte va arriver au bout de son examen" au Parlement en juillet et les textes d'application doivent "sortir très rapidement" afin que "les femmes qui attendent ce droit nouveau puissent en bénéficier le plus tôt possible", s'est engagé le ministre de la Santé Olivier Véran.


Fabien Joly, de l'association des familles homoparentales, pousse "un ouf de soulagement: cette loi va finalement être adoptée, les jeux sont faits". Il relève cependant "le risque d'avoir une pénurie de sperme" face à la demande, alors que le projet de loi prévoit une levée de l'anonymat des donneurs sous conditions. 

La PMA pour toutes s'inscrit dans un quinquennat de progrès : nous avons allongé le congé paternité, combattu les violences intrafamiliales.

Christophe Castaner, chef de file des députés LREM, dans le JDD
"D'autres pays ont connu une baisse des dons, mais seulement temporaire. Il faudra faire de la pédagogie, rassurer", reconnaît le chef de file des députés LREM Christophe Castaner. "La PMA pour toutes s'inscrit dans un quinquennat de progrès : nous avons allongé le congé paternité, combattu les violences intrafamiliales, assuré le versement par la CAF des pensions alimentaires impayées", vante-t-il dans le JDD.

Oui à la PMA pour toutes, pour 67% des Français-es 
Une enquête - intitulée Les Français, la PMA et le vote de la loi bioéthique - a été réalisée par l'Ifop pour l'Association des familles homoparentales. Elle révèle un consensus autour de cette mesure. 67% des Français sont favorables à son instauration dans le cas des couples de femmes, et la même statistique appuie l'ouverture du dispositif à l'avantage des femmes célibataires.

Dans le détail, il apparaît en juin 2021 que 63% des hommes et 70% des femmes soutiennent la PMA pour les couples de femmes. Les catégories de la population les plus enthousiastes sont les 18-24 ans (avec un taux de faveur de 84%), les employés (79%) et les ouvriers (78%).
 


Selon ce même sondage, l'approbation de la gestation pour autrui (GPA) est désormais majoritaire dans la population: 53% y sont ouverts pour les couples homosexuels. Et 66% des gens sont prêts à valider le principe de la mère porteuse pour accoucher des couples hétérosexuels. Plus largement, l'étude d'opinion montre l'évolution profonde du regard jeté sur l'homoparentalité.

Cela constitue un renversement majeur du prisme français autour de cette thématique, opéré en une trentaine d'années à peine. En janvier 1990,  24% seulement y étaient favorables, selon une autre enquête de l'Ifop. L'idée était cependant déjà devenue majoritaire en avril 2004, avec 51% de sondés partisans de la possibilité du recours à l'insémination pour les couples de femmes.
 


La Manif pour tous se remobilise
Mais l'opposition de droite n'a pas dit son dernier mot. Elle a déposé près des deux tiers des 1.550 amendements. "L'exécutif fait preuve d'une absence catastrophique de sens des priorités et des responsabilités" au regard notamment de la crise sanitaire, estiment quelque 80 parlementaires LR dans une tribune récente à La Croix. Ces élus, dont les députés en première ligne Patrick Hetzel et Xavier Breton, ainsi que le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau, jugent que "le gouvernement veut passer en force sur le projet de loi bioéthique". Ils suggèrent de laisser plutôt "place à un vrai débat démocratique en 2022".

"Dans ce contexte, le gouvernement, au lieu de retirer le texte, vient de décider d’une troisième lecture dans les deux chambres. Comme cela ne permettra pas de parvenir à un texte commun, tant le clivage est profond, il sait pertinemment que c’est l’Assemblée nationale qui aura le dernier mot. Autant dire que la majorité présidentielle aura alors les mains libres, faisant fi du travail du Sénat, de l’opposition de nombreux députés aux mesures les plus clivantes et des conclusions des États généraux de la bioéthique organisés en 2018", écrivent ces députés dans leur tribune.

Malgré cet appel des anti, les députés de la commission spéciale ont adopté le 1er juin, en troisième lecture, le projet de loi relatif à la bioéthique.


Quant à la Manif pour tous, vent debout contre l'ouverture de la procréation médicalement assistée aux couples de lesbiennes et aux femmes célibataires, elle appelle à manifester aux abords du Palais Bourbon au nom de "l'égalité des droits pour tous les enfants, à commencer par celui d'avoir un père et une mère".

Le sondage Ifop montre que les segments de la population les plus défavorables à la PMA pour les couples de femmes se situent notamment du côté des 65 ans et plus. 49% de cette partie du panel désapprouvent, comme 50% des artisans et des commerçants. La scène religieuse est très contrastée: 61% des musulmans et 56% des protestants déclarent leur opposition mais 55% des catholiques pratiquants soutiennent cette mesure.


Une attente qui se prolonge pour des milliers de femmes
Le projet de loi a entamé son parcours parlementaire à l'automne 2019. Pour cette nouvelle lecture, les temps de parole des groupes politiques seront limités au total à douze heures et demie, pendant cinq jours.

Il y a un an, le Sénat dominé par la droite avait voté le projet de loi avec sa mesure d'ouverture de la PMA, excluant toutefois la prise en charge par la Sécurité sociale. Mais en deuxième lecture en début d'année, les sénateurs ont adopté dans la confusion le texte amputé de cette mesure emblématique. Députés et sénateurs ne sont pas parvenus à un texte de compromis, d'où cette dernière navette, avec ensuite un examen au Sénat le 24 juin et in fine le dernier mot pour l'Assemblée.

Outre l'ouverture de la PMA, le projet gouvernemental prévoit une délicate réforme de la filiation et de l'accès aux origines, et aborde nombre de sujets complexes comme l'autoconservation des ovocytes ou la recherche sur les cellules souches embryonnaires. Lors du tour de chauffe en commission spéciale la semaine dernière, les députés ont rétabli leur version et supprimé les ajouts du Sénat comme la mention qu'"il n'existe pas de droit à l'enfant".
 


Une nouvelle fois, a ressurgi le débat sur la GPA (gestation pour autrui c'est-à-dire par mère porteuse), interdite en France. Les élus LR ont dénoncé une "duplicité" de la majorité, du fait notamment de la reconnaissance possible de la filiation des enfants nés par GPA à l'étranger, que les députés ont gravée dans le projet de loi en deuxième lecture pour unifier les décisions de justice sur la question.

Toujours selon la même enquête Ifop, le recours des couples hétérosexuels à des mères porteuses est acceptée pour 66% des Français-es, 34% s'y opposent. 62% des hommes s'engagent en ce sens, et 70% des femmes. Quand il s'agit de la GPA à destination des couples homosexuels, 53% se disent pour, 47% contre. 52% des hommes y sont opposés, alors que 59% des femmes y sont favorables.


>Cliquez ici pour retrouvez tous les résultats de l'enquête Ifop 

Sur le même sujet dans Terriennes:
>En France, le projet de loi bioéthique et PMA à l'examen
>PMA pour toutes : la France dit oui, ou presque
>PMA pour toutes : le projet de loi sur la bioéthique passe en Conseil des ministres
>Ce qu'il faut savoir sur la PMA et la GPA
>La PMA procréation médicalement assistée pour toutes, nouvelle pomme de discorde en France
>OGM / bébés PMA, même combat : nouvelle campagne et nouvelle polémique pour la Manif pour tous


https://information.tv5monde.com/terriennes/derniere-ligne-droite-pour-la-loi-bioethique-et-la-pma-pour-toutes-en-france-411833

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Procès des attentats du 13 novembre : la souffrance minimisée des femmes

29 Septembre 2021, 16:27pm

Publié par hugo

 Procès des attentats du 13 novembre : la souffrance minimisée des femmes
Plaque commémorative dévoilée devant la salle de concert du Bataclan à Paris, lors d'une cérémonie à la mémoire des victimes des attentats du Bataclan, qui ont tué 130 personnes le 13 novembre 2015. 
Plaque commémorative dévoilée devant la salle de concert du Bataclan à Paris, lors d'une cérémonie à la mémoire des victimes des attentats du Bataclan, qui ont tué 130 personnes le 13 novembre 2015. 
©Christophe Petit Tesson/Pool Photo via AP
28 SEP 2021
 Mise à jour 28.09.2021 à 10:34 par 
TerriennesIsabelle Mourgere
Trois semaines après le coup d'envoi du procès des attentats du 13 novembre 2015, la parole est enfin aux victimes. Près de 1 800 se sont portées partie civile, et beaucoup se préparent à témoigner à la barre. Parmi elles, des femmes rescapées, des survivantes, mais aussi des épouses, mères, filles ou soeurs de victimes. Comment, en tant que femmes, font-elles face au traumatisme ?
C'est la terrible loi des chiffres. En France, 50% des victimes de violences sexuelles ont moins de dix ans, et 80% sont des filles. Quel lien avec les attentats du 13 novembre 2015, qui ont fait 130 morts, pour moitié des femmes et des hommes ? Peut-on parler de trauma genré, ou du moins d'impact au féminin du trauma vécu lors de cette nuit tragique ?

Pour la psychiatre Muriel Salmona, fondatrice et présidente de l'association Mémoire traumatique et victimologie, qui accueille des patientes ayant vécu cette nuit d'horreur, le traumatisme du massacre ne se limite pas à celui-ci. Il vient s'ajouter à d'autres traumatismes subis par le passé, car certaines des femmes victimes ont connu des épisodes de violence, de violence sexuelle notamment. Et c'est une terrible vérité que nul ne peut plus ignorer : comme les enquêtes successives le démontrent, ce sont bel et bien les femmes qui subissent le plus de violences. 

Quelles conséquences ? Elles sont multiples et se répercutent à plusieurs niveaux. En cause, le poids d'une société patriarcale dont on hérite encore aujourd'hui : minimisation de la souffrance des femmes, stigmatisation, voire culpabilisation, et plus encore... Décryptage.
 
Terriennes : Comment les femmes victimes font-elles face au traumatisme subi lors des attentats ? Existe-t-il une différence avec les hommes ? 

Muriel Salmona, psychiatre et fondatrice de Mémoire traumatique et victimologie (DR).
Muriel Salmona, psychiatre et fondatrice de Mémoire traumatique et victimologie (DR).
Muriel Salmona : C'est un traumatisme qui touche des femmes qui ont déjà vécu des traumas. C'est donc aussi une réactivation de traumas. Il y a un certain nombre de femmes qui ont vécu des violences sexuelles, conjugales, et le trauma des attentats se rajoute à ceux-ci et amplifie la mémoire traumatique. Il s'agit d'un mélange de traumas en quelque sorte, ce qui fait qu'elles peuvent avoir des symptômes plus complexes, des manifestations plus importantes. Je l'ai vu avec plusieurs de mes patientes qui ont été victimes des attentats : le fait de subir une fusillade, en plus menée par des hommes, peut réactiver tout ce qui peut être viol et violences sexuelles, avec une connotation extrêmement misogyne et sexiste. Cet élément-là diffère du trauma vécu par les hommes. 

Leurs angoisses et symptômes psychotraumatiques vont être moins pris au sérieux que ceux des hommes.

Muriel Salmona, psychiatre

Autre élément, les femmes sont plus formatées pour être dans le soin, le secours, le soutien. Donc celles qui subissent des violences vont être moins soutenues par leurs proches et notamment les hommes de leur entourage. Je le constate chez mes patientes, qui se préoccupent plus de leurs parents, de leurs enfants, de leur famille, et font tout pour ne pas peser sur cet entourage. Elles vont aussi moins bénéficier de soins. Et aussi, autre conséquence, la société étant ce qu'elle est, avec tout son sexisme etc, leurs plaintes, leurs angoisses, tous leurs symptômes psychotraumatiques vont être moins pris au sérieux que ceux des hommes. Ils vont être minimisés, voire renvoyés sur d'autres registres comme la névrose, la dépression ou encore sur le simple fait qu'elles se plaignent. Et puis comme toujours, c'est valable pour tous les psychotraumatismes, les médecins ont beaucoup de mal à faire des liens entre les symptômes qui sont présentés et les traumas qui ont été subis. Tous ces éléments-là vont jouer en défaveur des femmes, qui vont être plus lourdement impactées. 

Car une femme va avoir beaucoup plus de symptômes du fait qu'elle a déjà subi des traumatismes. Cela se traduit par :  "Et bien si elle va plus mal, c'est de sa faute en fait, et c'est parce que c'est une femme" ; on va la comparer à d'autres sans prendre en compte qu'elle a été déjà exposée à des situations traumatiques auparavant.


Ces réactions sont visibles dans le contexte privé, qu'en est-il du secteur professionnel ? Beaucoup de victimes ont fini par se faire licencier, en raison de leur état dépressif, leurs absences etc... 

Oui, dans le cadre du travail, bien entendu, le sexisme reste présent, les femmes sont plus en insécurité. Elles sont beaucoup plus éjectables que les hommes - c'est une réalité de fond, ce qui accentue leur situation de précarité professionnelle. Elles vont devoir se battre encore plus pour faire valoir leurs droits, déjà que toutes les victimes du Bataclan et des autres attentats ont eu à se battre par rapport aux expertises. Mais pour les femmes, c'est encore plus difficile et plus cher payé. Avant qu'elles soient prises au sérieux, avec leurs souffrances et leur détresse, il y a du chemin. D'autant plus qu'elles s'autocensurent, mais on va aussi minimiser l'intensité de leurs souffrance. J'ai par exemple accompagné certaines de mes patientes avec des psychiatres masculins, il y avait des réactions sexistes flagrantes, une minimisation de leurs plaintes. Même quand j'étais présente pour les soutenir. 

Les femmes victimes sont-elles plus fragilisées que les hommes ?   

Une femme dissociée par les traumas va aussi être plus à risque d'être agressée et de subir de nouvelles violences. Les hommes aussi vont être fragilisés, sauf que nous sommes dans une société où les femmes subissent beaucoup plus d'agressions sexistes et sexuelles, c'est bien le problème. Chez les hommes, cette dissociation va se traduire plus par de la violence envers autrui, alors que chez les femmes, ce sont elles qui subissent des violences. Car c'est aussi la société qui distribue les stratégies de survie. On accepte plus d'un homme une réaction d'agressivité. Chez les femmes, cette agressivité se retourne contre elles. Ces attentats ont été commis par des hommes. Et puis il y a eu un nombre important de femmes visées et blessées sur les terrasses de café, on comprend que les femmes occidentales étaient particulièrement ciblées par les terroristes. 

L'insécurité est totale après un attentat comme celui-ci. Certaines de mes patientes n'ont toujours pas pu reprendre les transports en commun.

Muriel Salmona, psychiatre

Les femmes sont pénalisées par une société sexiste et dans des conditions extrêmes, cela est encore pire. L'insécurité est totale après un attentat comme celui-ci. Dans les transports publics, par exemple, c'est déjà compliqué pour les hommes : certains me disent qu'ils se mettent dans la dernière rame du métro pour tout observer et qu'ils attendent sur le quai, collés au mur, près de la sortie. Sauf qu'eux sont très rarement agressés dans les transports, alors que les femmes elles, sont quotidiennement agressées. C'est encore moins possible pour elles de reprendre les transports en commun. Certaines de mes patientes n'ont toujours pas pu le faire, et leur a fallu aussi se battre pour faire du télétravail par exemple. 

Quelles conséquences sur la vie intime ?

Il y a bien sûr toutes les conséquences aux niveaux gynécologique, hormonal, etc, qui impactent lourdement les femmes. Concernant la vie privée, et selon de nombreuses études qui ont été faites, dans les deux ans qui suivent un traumatisme de cet ordre, la moitié des couples divorcent ou se séparent. Et sur le fait d'avoir des enfants... Tout est source d'angoisse, de difficulté. Comment arriver à faire confiance en ce monde-là ?  C'est source de beaucoup de stress. Pour les patientes qui ont eu un enfant assez rapidement après, cela a été extrêmement difficile, elles ont été très dépressives. Et toujours sans vraiment être comprises par leur entourage. Même les douleurs de l'accouchement, pour certaines des femmes qui ont été blessées, se réveillent à ce moment-là. Et puis quand on a subi des traumatismes, on a besoin de tout contrôler pour se sentir un minimum en sécurité. Donc elles sont hypervigilantes, et quand on est enceinte ou pendant l'accouchement, évidemment qu'on ne peut pas tout contrôler ! C'est très difficile à vivre pour elles.

Il y a une absence de culture du traumatisme qui nuit d'autant plus aux femmes qu'elles sont beaucoup plus exposées à la violence.

Muriel Salmona, psychiatre

Et puis il y aussi les mères qui ont perdu leur enfant, comme j'ai pu le constater chez certaines de mes patientes, elles sont confrontées à une malveillance et une maltraitance effarante, que ce soit de la part de leurs proches, ou au travail. Perdre un enfant dans ces circonstances-là, on ne peut pas s'en remettre, c'est comme ça, et les gens ont du mal à l'accepter, ils n'arrivent pas à le prendre en compte. 

Vous nous dites donc que globalement leur souffrance est minimisée ? 

Je tiens à insister sur ce point, les gens ont du mal à penser qu'il peut y avoir une aggravation du trauma du fait qu'il y a déjà eu des traumas, et parfois particulièrement lourds. Et que cela n'est pas pris en compte. Il y a une absence de culture du traumatisme qui nuit d'autant plus aux femmes qu'elles sont beaucoup plus exposées à la violence qui a pu entraîner des traumas très lourds, du type violence sexuelle, conjugale ou intrafamiliale. L'importance du préjudice n'est pas prise en compte à la hauteur de son impact.

Peut-on parler d'une résilience au féminin ? 

Alors moi, je n'aime pas trop le terme de résilience, car ce qui est souvent promu comme résilience sont plutôt des conduites dissociantes, anestésiées du type "Oh moi tout va bien". La vraie résilience, c'est celle qui est liée à une protection, une prise en charge adéquate, avec des soins nécessaires. Je préfère parler de stratégie de survie. Chez les femmes, on observe plus de l'évitement et du contrôle. Et si on constate des conduites dissociantes au féminin, elles vont plus se traduire par des mises en danger de soi que d'autrui. Cela peut être des automutilations, des risques d'être exposées à des personnes violentes, des conjoints violents. Cela va se faire à leurs dépens.

Il y a aussi des hommes qui peuvent avoir ces réactions, mais il est vrai que la société pèse de façon importante, de part son sexisme et ses discriminations. Les femmes se retrouvent avec des double ou triple peines ! Théoriquement, le seul avantage qu'elles peuvent avoir, c'est qu'elles sont plus amenées à verbaliser leurs émotions que les hommes. Car la société fait que les hommes ne doivent soi-disant pas montrer leurs émotions, alors que les femmes y sont plus enclines. C'est plutôt un facteur positif pour le traitement d'un trauma. Elles auront par exemple plus recours au psy que les hommes. A condition que les psys soient formés et qu'ils ne réduisent pas tous leurs symptômes à des problèmes névrotiques, hystériques, voire psychotiques ! 

Trois plus de femmes que d'hommes présentent des troubles psychotraumatiques chroniques.

Muriel Salmona, psychiatre

Une étude menée aux Etats-Unis sur l'état posttraumatique a montré que dans la population générale, trois plus de femmes que d'hommes présentaient des troubles psychotraumatiques chroniques. Selon la conclusion de cette étude, c'était parce que les femmes sont "plus fragiles" et qu'elles avaient donc plus de mal à s'en sortir ! Mais ce n'est pas du tout ça ! C'est parce qu'elles subissent plus de violences qui génèrent de fait plus de traumas ! Ce sont les femmes qui sont les plus exposées à des violences depuis la petite enfance. Les violences sexuelles, c'est 50% avant 10 ans et c'est 80% de filles. Le viol est utilisé comme arme de guerre, les terroristes sont des gens qui violent, et qui détruisent les corps d'autrui, ont détruit des vies et le lien avec le viol est évident. 

Les femmes plus fragiles ? Mais non au contraire, elles sont bien plus fortes pour supporter tout ça, il leur faut bien plus de courage.

Depuis #MeToo, on parle de "libération de la parole", lors du procès des attentats du 13 novembre qui se tient à Paris, faut-il aussi s'attendre à une libération de la parole des femmes appelées à témoigner ? Qu'est-ce que cela peut leur apporter ? 

Dans le fait de témoigner, d'être entendues, que les gens prennent la mesure de ce qu'elles ont subi, d'être reconnues dans leur souffrance et dans leur trauma, on peut voir une résonnance avec cette "libération de la parole" provoquée par #Metoo. Beaucoup d'entre elles ne se sont pas senties suffisamment prises en charge ni prises au sérieux. Avec des préjudices qui sont souvent mal ou pas pris en compte. Il y a aussi la recherche de vérité, qu'est-ce qu'il s'est passé, pourquoi ça a eu lieu, comment cela a pu arriver ? Il y a aussi l'enjeu de la prise en charge, elles veulent témoigner car beaucoup ont eu du mal à accéder à des soins qui leur étaient pourtant indispensables. 

A lire aussi dans Terriennes :
>Procès des attentats du 13 novembre : un "moment vital" pour parler des victimes, témoignage d'une mère
>Attentat de Liège : Darifa Imaankaf, le courage calme d'une femme de ménage, héroïne invisible
>"Le kiosquier de Charlie" d’Anaïs Ginori : derrière l'attentat une histoire de la presse
>Après les attentats de Paris, l'artiste Miss Tic réagit : "Créer c'est résister"
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https://information.tv5monde.com/terriennes/attentats-du-13-novembre-la-souffrance-minimisee-des-femmes-423397

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Islande : le pari presque gagné de la majorité, au féminin , femmes, feminisme,

29 Septembre 2021, 15:52pm

Publié par hugo

 Islande : le pari presque gagné de la majorité, au féminin
La première ministre islandaise Katrin Jakobsdottir en situation délicate à l'issue du scrutin du 25 septembre 2021, ici dans un bureau de vote à Reykjavik.
La première ministre islandaise Katrin Jakobsdottir en situation délicate à l'issue du scrutin du 25 septembre 2021, ici dans un bureau de vote à Reykjavik.
©AP Photo/Arni Torfason
27 SEP 2021
 Mise à jour 27.09.2021 à 18:49 par 
TerriennesIsabelle Mourgere
 
avec AFP
Loupé ! Pendant quelques heures, l'Islande a cru devenir le premier pays d'Europe à élire un parlement majoritairement féminin. Mais en raison d'un système électoral particulièrement complexe et des résultats très serrés, un recomptage des voix s'est avéré nécessaire, faisant retomber à 30 le nombre de femmes députées sur les 63 sièges de l'assemblée nationale islandaise. Jusqu'au prochain recomptage ? 
Une chose est sûre : l'Islande bat un nouveau record européen, et détrône la Suède. Avec 47,6% de députées, elle occupe la première place. Sur les 63 sièges de l'Althingi, le millénaire Parlement islandais, 30 seront occupés par des femmes. Avant le recomptage, elles devaient en occuper 33... Les législatives du 25 septembre auraient donc pu faire de l'Islande le premier pays en Europe à présenter une assemblée majoritairement féminine.

Un nouveau comptage a changé quelques voix dans une des six circonscriptions du pays, du fait du très complexe système électoral islandais. Conséquence : trois femmes ont perdu le siège qui leur était promis. "Ces quelques votes de différence entraînent ces grands chambardements", a dû préciser Ingi Tryggvason, le président de la commission électorale locale. Personne ne l'avait demandé, mais "nous avons décidé de recompter parce que le résultat était si serré", a ajouté le responsable électoral de la circonscription du nord-ouest.


Avant ce coup de théâtre, responsables et simples citoyens s'étaient félicités de voir la petite Islande (370 000 habitants) entrer dans l'histoire politique européenne. Aucun pays d'Europe n'a jamais franchi la barre symbolique des 50% de femmes dans un Parlement.

J'ai 85 ans, j'ai attendu toute ma vie que des femmes soient majoritaires.

Erdna, une habitante de Reykjavik
"J'ai 85 ans, j'ai attendu toute ma vie que les femmes soient majoritaires (...), et je suis vraiment très contente", commentait Erdna, une habitante de Reykjavik, avant le recomptage.

Une certaine incertitude règne encore toutefois car un possible recomptage dans une autre circonscription du sud du pays pourrait à nouveau avoir des conséquences.

L'Islande, pays féministe d'avant-garde
Cette "petite" nation nordique est régulièrement présentée comme une championne du monde en terme d'égalité des genres. Et si aucune loi n'impose de quota de femmes pour les législatives, plusieurs partis réservent d'eux-mêmes une part minimale de femmes parmi leurs candidats.

Parmi les plus grands faits d'armes féministes islandais : la grande grève féministe d'octobre 1975, un mouvement inédit pour demander de meilleurs salaires et une plus grande place pour les femmes. En 1980, l'Islande devient le premier pays à élire démocratiquement une femme cheffe de l'Etat. Plus récemment, il applique depuis 2018 une loi avant-gardiste sur la parité salariale. Depuis 12 années consécutives, il trône en tête du classement du Forum économique mondial en matière d'égalité femmes-hommes.

Comme on est un tout petit pays, on a tous le sentiment d’être partie prenante dans la construction de la société. Je pense que c’est une des raisons qui expliquent pourquoi nous sommes aussi égalitaires.

Katrin Jakobsdottir
L'égalité de revenus n'est pas la seule avancée féministe d'Islande comme s'en réjouit Katrin Jakobsdottir, celle qui dirige l’Islande depuis trois ans et demi. "Oui, et je pourrais ajouter d’autres exemples comme l’égalité de revenus. On se débrouille pas mal par rapport à la moyenne de l’OCDE. Et je crois que tout cela se tient. Comme on est un tout petit pays, on a tous le sentiment d’être partie prenante dans la construction de la société. Je pense que c’est une des raisons qui expliquent pourquoi nous sommes aussi égalitaires, même si j’aimerais qu’on le soit encore plus. Nous sommes un des pays les plus égalitaires au monde", a confié la Première ministre islandaise d'un entretien sur la chaine française France 3.


C'est un nouvel exemple du chemin que nous avons accompli sur la route de l'égalité complète des sexes.

Gudni Johannesson, chef de l'Etat islandais.
Cette "presque" parité parlementaire est également saluée par le chef de l'Etat Gudni Johannesson qui a déclaré à l'issue du scrutin : "C'est un nouvel exemple du chemin que nous avons accompli sur la route de l'égalité complète des sexes (...) Je souhaite à ce Parlement un grand succès" .
 

Le 50/50 parlementaire, une rareté mondiale

Dans le monde, cinq autres pays ont actuellement au moins une moitié de femmes au Parlement, selon l'Union interparlementaire internationale : le Rwanda (61%), Cuba (53%), le Nicaragua (51%) ainsi que le Mexique et les Emirats Arabes Unis (50%).

A lire aussi : 
►Pionnier en matière de parité, le Rwanda veut amplifier le mouvement avec la "masculinité positive"
►Egalité entre les sexes : mais comment donc fait l'Islande, championne du genre
►​L'Islande impose l'égalité salariale entre femmes et hommes. Et ailleurs ?
Une Première ministre à l'avenir incertain
Malgré la portée du symbole, Katrin Jakobsdottir sort fragilisée de ce scrutin. Son parti de gauche écologiste, le mouvement Gauche-Verts a perdu trois sièges et est passé, avec 12,6% des voix, derrière ses deux actuels alliés de droite.

Le parti conservateur de l'ex-Premier ministre Bjarni Benediktsson reste le premier parti d'Islande avec 24,4% des voix, gardant ainsi son contingent de 16 sièges quand les sondages lui prédisaient un recul. Bjarni Benediktsson futur Premier ministre ? "Je ne réclame pas cela", a assuré à la télévision publique RUV le chef des conservateurs, qui a déjà occupé le fauteuil de Premier ministre en 2017, selon qui "il faut s'efforcer d'être en quête de solutions".

Car la surprise est surtout venue du parti du Progrès (centre-droit) qui remporte 13 sièges, soit cinq de plus que lors des dernières élections de 2017, avec 17,3% des voix. La liesse régnait dans la nuit au QG du parti "de retour au premier plan de la scène politique", a lancé sous les vivas son dirigeant Sigurdur Ingi Johannsson, qui se retrouve lui aussi en position de Premier ministrable.

Avec un total de 37 sièges, les trois partis alliés confortent donc au total leur majorité, mais la droite se retrouve en position de force. Avec l'option de se trouver un autre troisième partenaire plus proche idéologiquement, par exemple les partis centristes de la Réforme (cinq sièges) ou du Centre (trois députés). Jamais depuis la faillite spectaculaire des banques islandaises en 2008 et la grave crise qui s'en était suivie, un gouvernement islandais sortant n'avait conservé sa majorité. Il faut remonter à 2003 pour trouver un précédent.

Bjarni Benediktsson, pas forcément candidat pour succéder à Katrin Jakobsdóttir au fauteuil de Premier ministre en Islande ? 
Bjarni Benediktsson, pas forcément candidat pour succéder à Katrin Jakobsdóttir au fauteuil de Premier ministre en Islande ? 
©AP Photo/Brynjar Gunnarsson
Des discussions doivent avoir lieu entre les trois chefs de partis. La question du futur locataire de Stjornarradid, la modeste maison blanche où siègent les chefs de gouvernement islandais, se posera nécessairement, et il y a fort à parier que la réponse sera masculine.
 

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Saint-Marin dit "OUI" à l'avortement, sous conditions ,femmes, feminisme,

29 Septembre 2021, 15:48pm

Publié par hugo

Saint-Marin dit "OUI" à l'avortement, sous conditions
Les militantes célèbrent la victoire du "oui" à l'avortement qui a recueilli plus de 77% des voix à Saint Marin et qui met fin à une interdiction remontant à 1865.
Les militantes célèbrent la victoire du "oui" à l'avortement qui a recueilli plus de 77% des voix à Saint Marin et qui met fin à une interdiction remontant à 1865.
©AP Photo/Antonio Calanni
Les militantes célèbrent la victoire du "oui" à l'avortement qui a recueilli plus de 77% des voix à Saint Marin et qui met fin à une interdiction remontant à 1865.A Saint-Marin, le Oui a largement remporté le vote sur la légalisation de l'avortement, qui était considéré comme un crime depuis 1865. L'IVG est désormais autorisé jusqu'à 12 semaines de grossesse, en cas de menace pour la vie de la mère ou lorsque des anomalies ou malformations détectées chez le fœtus.Saint-Marin, micro-Etat pittoresque enclavé à l'intérieur de l'Italie. Il est le troisième plus petit État d'Europe après le Vatican et Monaco, et la plus ancienne république au monde.
26 SEP 2021
 Mise à jour 27.09.2021 à 07:30 par 
TerriennesLiliane Charrier
L'avortement n'est plus considéré comme un crime à Saint-Marin. Les votants ont dit oui à 77% lors du référendum organisé dimanche au terme d'une campagne particulièrement tendue. Cette minuscule république enclavée dans le centre de l'Italie, toujours sous forte influence de l'église catholique, rejoint ainsi l'Irlande, qui a légalisé l'avortement en 2018 et Gibraltar qui a assouplit sa législation en juin dernier.

Un grand "Oui". A 77,3%, les électeur-trice-s de Saint-Marin ont choisi de donner aux femmes le libre choix d'avoir recours à l'IVG jusqu'à douze semaines de grossesse. Après ce délai, l'avortement ne sera autorisé qu'en cas de menace pour la vie de la mère ou lorsque des anomalies ou des malformations détectées chez le fœtus "comportent un grave risque pour la santé physique ou psychique de la femme". 

C'est la victoire de toutes les femmes de Saint-Marin, sur les conservateurs et réactionnaires qui croient que les femmes n'ont pas de droits !

Karen Pruccoli, militante pour le oui
"C'est la victoire de toutes les femmes de Saint-Marin, sur les conservateurs et réactionnaires qui croient que les femmes n'ont pas de droits!", a jubilé Karen Pruccoli, présidente de l'UDS. Et "c'est une victoire sur l'Eglise catholique, qui était notre adversaire, et a tout tenté pour empêcher ce résultat".

Ce résultat met fin à une interdiction remontant à 1865, qui faisait de l'avortement un crime passible d'une peine de prison allant jusqu'à trois ans pour la femme et six ans pour le médecin qui le pratique. La balle est désormais dans le camp du Parlement, qui devra voter une loi conforme à l'issue du référendum.


Une campagne sous tension
"Il faut en finir avec cette hypocrisie qui consiste à envoyer les femmes de l'autre côté de la frontière" pour avorter en Italie, "sans aucune aide", s'insurge Vanessa Muratori, membre de l'Union des femmes saint-marinaises (UDS), à l'origine du référendum du 26 septembre. "Il n'est pas vrai que l'avortement n'existe pas à Saint-Marin", déclare Rosa Zafferani, membre de l'UDS (Union des femmes de Saint-Marin). "Les femmes vont se faire avorter hors de nos frontières. Elles le font illégalement car l'avortement est un délit pénal ici. Tout cela est honteux".

Une victoire donc pour toutes les militantes, qui pendant des semaines, nuit et jour, ont défendu le droit à l'IVG en collant sur les panneaux de la capitale les affiches de cette campagne très tendue. "Votez oui, pour la liberté de choix" et "pour sortir de la clandestinité", proclame une pancarte. 


"Même à 12 semaines, je suis un enfant, sauve-moi !" riposte une affiche choc arborant l'image d'un foetus. "Je suis une anomalie. Ai-je moins de droits que toi ?", plaide un jeune trisomique sur une autre :


Les femmes traitées comme des criminelles
"Je me suis sentie comme une clandestine, une criminelle", confie sous le couvert de l'anonymat une habitante de Saint-Marin qui s'est vue contrainte d'aller en Italie pour avorter à l'âge de 22 ans et de débourser près de 2000 euros. "Je voulais d'abord terminer mes études, je ne me sentais pas prête à être mère. Avorter, ce n'est jamais une promenade de santé, mais je n'ai pas regretté", assure-t-elle, désormais "mère heureuse" de deux enfants. "Au centre médico-social où j'ai eu un entretien avant l'intervention, j'avais l'impression d'être un simple numéro", dit cette femme qui en veut à son pays natal de l'"avoir abandonnée" dans un moment si difficile.

Collecte de signatures en vue du référendum.<br />
©<a href="https://mailchi.mp/safeabortionwomensright/10-sept-2021?e=8dc8227db" rel="nofollow">Campagne internationale pour le droit des femmes à avorter en sécurité</a>
Collecte de signatures en vue du référendum.
©Campagne internationale pour le droit des femmes à avorter en sécurité
Les droits des Saint-Mariniennes à la peine
​Les tentatives pour légaliser l'avortement se sont heurtées ces vingt dernières années au veto des gouvernements successifs, en grande majorité conservateurs. Le Parti démocrate-chrétien au pouvoir, proche de l'Eglise, a ainsi appelé à voter "non" au référendum. En termes de droits des femmes, Saint-Marin a toujours eu un train de retard : le divorce n'a été instauré qu'en 1986, le vote des femmes en 1964 et leur éligibilité en 1974.

"L'influence de l'église est très forte", constate Rosa Zafferani, 61 ans, ancienne "capitaine-régent" (cheffe d'Etat). "Depuis des semaines", les prêtres martèlent dans leurs homélies "oui à la vie, non à l'avortement". "Je suis catholique et le fait d'avoir décidé de ne pas interrompre volontairement ma grossesse ne signifie pas que je doive refuser l'avortement aux autres", explique cette militante pro-IVG qui a rendu sa carte du Parti démocrate-chrétien.


Les anti-IVG vent debout
"Tuer un enfant innocent est un acte grave, un crime", affirme Gabriele Mangiarotti, 73 ans, prêtre à l'église San Francesco. D'autant que Saint-Marin "a été fondé par un saint et a dans son ADN une présence chrétienne". Il n'hésite pas à comparer l'avortement à la persécution des Juifs sous l'Allemagne nazie : "c'est une nouvelle forme de l'Holocauste pendant lequel six millions de Juifs ont été exterminés", soit "autant que les enfants innocents tués en Italie" depuis la libéralisation de l'avortement en 1978.

De son côté, Rocco Gugliotta, 41 ans, manutentionnaire, estime que la mère ne devrait pas être la seule à prendre la décision d'avorter : "Un couple est composé d'une mère et d'un père. Pourquoi faut-il toujours que ce soit uniquement la mère qui décide ? Le père n'a-t-il aucun pouvoir de décision ? La grossesse doit être menée à terme sans avortement. Si vous ne voulez vraiment pas de l'enfant, il y a la possibilité de le faire adopter."

Pour Antonella Mularoni, ancienne juge à la Cour européenne des droits humains et membre du comité anti-avortement, même en cas de viol ou inceste, "l'enfant doit naître, car c'est une victime". Avorter, "c'est dramatique", car "déjà au bout de quelques semaines, l'enfant a tous les organes en miniature et on entend son coeur qui bat".


Une très longue attente
C'est l'ancienne députée communiste Vanessa Muratori qui a été la première à déposer une proposition de loi pro-avortement en 2003, restée dans les tiroirs, comme tant d'autres initiatives. Ces vingt dernières années, les tentatives de légalisation de l'avortement se sont heurtées au veto des gouvernements successifs, pour la plupart conservateurs. D'où l'idée de l'UDS de ce référendum.

Question droits des femmes, cette cité-état de 60,5 km2 (12 km du nord au sud) figure toujours parmi les plus mauvais élèves: le divorce n’a été instauré qu’en 1986, le vote des femmes en 1964 et leur éligibilité en 1974. Pourtant, en novembre 2018, une loi autorisant le mariage pour tous-tes a été adoptée, signe d'une ouverture sociétale sans précédent. 

En Europe, l’interdiction totale de l'avortement est une exception: il est ainsi totalement illégal à Malte (où en cas d’infraction la peine encourue va de 18 mois à trois ans de prison) ainsi que dans les deux micro-Etats d’Andorre et du Vatican. 

A lire aussi dans Terriennes :

► Référendum sur l'IVG à Gibraltar : les électeurs "pour" desserrer l'étau de la loi
► Référendum en Irlande : du 8ème au 36ème amendement de la Constitution, un "oui" franc pour le droit à l'avortement
► États-Unis : l'avortement quasiment interdit au Texas
► Mexique : la Cour suprême dépénalise l'avortement

TerriennesLiliane Charrier
 Mise à jour 27.09.2021 à 07:30
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Angela Merkel, la "Mutti" de l'Allemagne se proclame (enfin) féministe , femmes , feminisme

28 Septembre 2021, 19:07pm

Publié par hugo

 Angela Merkel, la "Mutti" de l'Allemagne se proclame (enfin) féministe
Angela Merkel, féministe malgré-elle ? La première femme chancelière allemande a toujours tenu à porter le même "uniforme", une tenue sobre : un pantalon et un désormais célèbre blazer "Merkel", aux multiples couleurs, comme le montre ce montage photo rassemblant les vestes qu'elle a portées entre 2009 et 2016. 
Angela Merkel, féministe malgré-elle ? La première femme chancelière allemande a toujours tenu à porter le même "uniforme", une tenue sobre : un pantalon et un désormais célèbre blazer "Merkel", aux multiples couleurs, comme le montre ce montage photo rassemblant les vestes qu'elle a portées entre 2009 et 2016. 
©AP Photos/Markus Schreiber
Angela Merkel, féministe malgré-elle ? La première femme chancelière allemande a toujours tenu à porter le même "uniforme", une tenue sobre : un pantalon et un désormais célèbre blazer "Merkel", aux multiples couleurs, comme le montre ce montage photo rassemblant les vestes qu'elle a portées entre 2009 et 2016. La future ex-chancelière allemande Angela Merkel ne s'est jamais revendiquée féministe sauf à l'aune de son départ à la retraite. Ici, elle participait à un forum sur le leadership féminin en octobre 2016 à Berlin.
22 SEP 2021
 Mise à jour 24.09.2021 à 09:03 par 
TerriennesIsabelle Mourgere
 
avec AFP
Il y a 16 ans, Angela Merkel brisait un plafond de verre en devenant la première femme chancelière de l'histoire allemande. Si elle est incontestablement reconnue comme l'une des personnalités politiques les plus puissantes de la planète, incarne-t-elle pour autant une figure modèle pour les féministes ? "Oui et non", répond Alice Schwarzer, figure du féminisme allemand. 

Seize, et longues, années à la tête du gouvernement allemand ... Elle est la première et unique, du moins pour l'instant, à avoir fait se conjuguer au féminin, le terme de chancelier. On ne compte plus les photos de sommets internationaux où elle a dû poser, vêtue de son éternel blazer de couleur, seule et unique femme parmi un parterre de dirigeants masculins, enserrés dans leurs cravates et costumes sombres. Une image qui restera gravée dans l'histoire du combat des femmes pour accéder aux plus hautes marches du pouvoir. Et rien que pour la force de ce symbole, chacun-e pourra y voir une victoire féministe et en Angela Merkel, 67 ans, une féministe à sa façon, une féministe malgré elle et peut-être imparfaite sous certains aspects. 

"Je suis féministe", a pourtant lâché à quelques jours des élections qui marqueront la fin de son mandat, celle qui jamais jusqu'ici ne s'était revendiquée féministe. "Sur le principe, (le féminisme consiste) essentiellement à dire que les hommes et les femmes sont égaux, dans le sens d'une participation à la vie sociale, à toute la vie", a-t-elle affirmé lors d'une conférence en Allemagne la réunissant sur scène avec Chimamanda Ngozi Adichie, célèbre écrivaine féministe nigériane. 


"A l’époque, j’ai dit timidement les choses. Aujourd’hui, tout ça est plus réfléchi. Dans ce sens, je peux maintenant le dire : nous devrions tous être féministes !", déclare-t-elle encore. Quatre ans plus tôt lors du G20 des femmes, entourée d’Ivanka Trump, de Christine Lagarde et de la reine Maxima des Pays-Bas, Angela Merkel avait "botté en touche", comme le rappelle Le Monde. "Pour être honnête, l’histoire du féminisme est une histoire avec laquelle j’ai des choses en commun mais aussi des différences, et je ne veux pas me jeter des fleurs avec un titre que je n’ai pas", répondait-elle alors à une journaliste qui lui demandait si elle était féministe.  

Il y a vingt ans, je n’aurais pas fait attention s’il n’y avait eu que des hommes à discuter sur une estrade. Aujourd’hui, je considère que ça n’est plus possible.

Angela Merkel, à Düsseldorf, Allemagne
Aujourd'hui, "quelque chose à changé" comme elle a tenu à le préciser lors de cette rencontre (une conférence organisée le 8 septembre 2021 à Düsseldorf, ndlr) : "Il y a vingt ans, je n’aurais pas fait attention s’il n’y avait eu que des hommes à discuter sur une estrade. Aujourd’hui, je considère que ça n’est plus possible".


Féministe, sur le tard... trop tard ? 
Une prise de conscience tardive reçue comme "une gifle" pour les femmes, selon Ines Kappert, directrice de la fondation Gunda Werner, spécialisée dans l'étude du féminisme et le genre. "Elle a eu 16 ans pour écouter les féministes et améliorer la situation des femmes en Allemagne mais elle a décidé de ne pas le faire", regrette la chercheure auprès de l'AFP. Si la carrière d'Angela Merkel "mérite le respect", elle n'a pas su utiliser son influence pour apporter des changements structurels en faveur des femmes dans la société allemande, selon elle.

"Ces dernières années seront plus tard vues comme une révolution sociale. Dans l’histoire de la République fédérale, il n’y a jamais eu autant de choses de faites pour les femmes que sous Angela Merkel en une législature", estimait au contraire Die Welt. En 2009, le journal dressait un bilan plus positif, saluant deux principales avancées : la multiplication des places en crèche et l’instauration d’un salaire parental.

Néammoins, l'écart de rémunération entre hommes et femmes en Allemagne reste  parmi les plus élevés de l'Union européenne, s'élevant à 19% en 2019, en partie parce que de nombreuses femmes travaillent toujours à temps partiel. Une loi sur la transparence des salaires entre hommes et femmes n'a été adoptée qu'après de nombreuses tergiversations des conservateurs.

Après 16 ans au pouvoir, Angela Merkel laisse sa place.
©capture d ecran / Liberation
Ces derniers sont aussi restés sourds aux appels à réformer le système fiscal, favorable aux couples mariés. Celui-ci rend moins attrayant pour le conjoint gagnant le moins, généralement la femme, de travailler à temps plein.

Et ce n'est qu'en 2020 que le gouvernement a accepté la mise en place d'un quota obligatoire de femmes dans les conseils d'administration, une réforme poussée par les sociaux-démocrates. "Nous aimerions que les femmes soient mieux représentées dans la politique, la société et les entreprises parce que c'est un facteur d'attraction important", explique sur France 24, Evelyne de Gruyter, la présidente de la fédération des entrepreneuses allemandes (VdU). 

Quant au Bundestag, la chambre basse allemande, il compte aujourd'hui moins de députées qu'au début de l'ère Merkel, baissant de 36% en 2013 à 31% aujourd'hui.


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Des rapports de force "virils"
Angela Merkel a grandi dans l'ancienne Allemagne de l'Est communiste, où la gratuité des services de garde d'enfants permettait aux femmes de travailler et où l'égalité des salaires était inscrite dans la Constitution. Elle a récemment déclaré que c'est grâce à ses études de physique que, fille de pasteur, elle a appris à s'imposer, se rappelant les bousculades pour obtenir une table pendant les expériences. Pour sa biographe, Ursula Weidenfeld, autrice de l'ouvrage Die Kanzlerin, "Elle a souvent dit qu'elle ne voulait pas se vanter des mérites de ces femmes qui se sont battues depuis les années 1960, alors qu'elle-même n'avait pas participé à cette lutte et à ces débats. (...) Ce féminisme qui a émergé en Europe de l'Ouest et donc en Allemagne de l'Ouest, lui a toujours été étranger".

La dirigeante "a découvert le féminisme tardivement dans son mandat", estime de son côté la politologue Sudha David-Wilp, directrice adjointe du German Marshall Fund, qui lui trouve des circonstances atténuantes: "elle avait la tête dans le guidon à résoudre crise après crise". Connue pour son sang-froid, elle a su tenir tête à des personnalités aimant établir des rapports de force virils, comme avec Recep Tayyip Erdogan, Donald Trump ou encore Vladimir Poutine.

Sous son mandat, Ursula von der Leyen, son ancienne ministre de la Défense, est devenue la première femme présidente de la Commission européenne. Son actuelle ministre de la Défense, Annegret Kramp-Karrenbauer, avait brièvement été présentée comme sa dauphine avant plusieurs faux-pas préjudiciables.

Angela Merkel entourée d'Ursula von der Leyen, à l'époque ministre de la famille (à gauche), et d'Alice Schwarzer (à droite) lors du 90ème anniversaire du droit de vote accordé aux Allemandes, le 26 janvier 2009, à Berlin.
Angela Merkel entourée d'Ursula von der Leyen, à l'époque ministre de la famille (à gauche), et d'Alice Schwarzer (à droite) lors du 90ème anniversaire du droit de vote accordé aux Allemandes, le 26 janvier 2009, à Berlin.
©AP Photo/Michael Sohn
Retour de bâton patriarcal
Ce n'est "pas assez", estime cependant Ines Kappert pour qui la chancelière aurait dû davantage favoriser l'éclosion de femmes politiques progressistes et féministes. En conséquence, son parti, la CDU, subit selon elle un "retour de bâton patriarcal" qui voit "des hommes super sexistes et conservateurs revenir sur le devant de la scène".

Je ne pense pas qu'elle soit à l'aise avec le féminisme, en tout cas avec la façon dont elle l'imagine. 

Alice Schwarzer, militante féministe
Angela Merkel, grimée en Mère Teresa, au moment de la crise des réfugiés en Europe, à la Une du <em>Spiegel </em>en 2015.
Angela Merkel, grimée en Mère Teresa, au moment de la crise des réfugiés en Europe, à la Une du Spiegel en 2015.
©capture d ecran/ Der Spiegel
Féministe Angela Merkel? "Oui et non", répond Alice Schwarzer, figure du féminisme allemand  dans un long entretien avec le magazine Spiegel. "Non, parce que je ne pense pas qu'elle soit à l'aise avec le féminisme, en tout cas avec la façon dont elle l'imagine. Mais oui, en acte. Sa vie. Son destin. Son succès. C’est du féminisme pur. Elle a prouvé que les femmes peuvent arriver au sommet sans rien devoir aux hommes". "Le plus important, et pour moi ce qu’elle laisse de plus déterminant : un style politique totalement nouveau, sans prétention, porté vers les problèmes concrets, respectueux à l’égard des autres", ajoute l'éditrice et rédactrice en chef du magazine EMMA .

Trois candidats sont en lice pour le poste de chancelier : l'actuel ministre des Finances et vice-chancelier social-démocrate Olaf Scholz, le conservateur Armin Laschet et la cheffe de file des Verts Annalena Baerbock, qui d'après les sondages semble avoir peu de chances de se qualifier pour le sprint final. Dimanche 26 septembre, il est donc fort probable qu'un homme succède à Angela Merkel. De quoi se désoler peut-être que la "Mutti" de l'Allemagne n'ait finalement pas choisi ou trouvé une candidate pour suivre son sillage. En dernier recours, la future ex-chancelière a finalement accepté de faire campagne pour soutenir celui qui se présente comme son héritier naturel. Selon Armin Laschet, un chancelier pourrait jouer un rôle clé en faveur de l'égalité des sexes, "peut-être un homme plus qu'une femme". On prend le pari. 

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https://information.tv5monde.com/terriennes/angela-merkel-la-mutti-de-l-allemagne-se-proclame-enfin-feministe-425323

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