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Genre et santé mentale (3/3): une approche féministe en psychologie , femmes, feminisme, sante , psychologie

31 Décembre 2020, 18:51pm

Publié par hugo

 Genre et santé mentale (3/3): une approche féministe en psychologie
Genre et santé mentale (3/3): une approche féministe en psychologie
Genre et santé mentale (3/3): une approche féministe en psychologie - © Lucy Lambriex - Getty Images
 
Jehanne Bergé
 Publié le mardi 29 décembre 2020 à 08h40
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Cet hiver, Les Grenades décortiquent la santé mentale sous le prisme du genre. Biais cognitifs des soignant·es, violences structurelles, charge mentale, gestion des émotions… Trois articles pour creuser ce sujet particulièrement sensible en ces temps sombres. Pour ce dernier article, on s’intéresse aux approches féministes et aux solutions. 

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Comme nous l’avons vu dans les précédents articles, les constructions sociales et les violences patriarcales ont un impact sur les personnes. C’est un fait, la santé mentale ne peut être pensée sans prise en compte du contexte social de l’individu. Dès lors, nous avons cherché à avoir où en était la réflexion du côté des soignant·es ? La question du genre fait-elle partie de leur pratique ? La santé mentale à l’aune de l’approche féministe c’est possible ?

Lutter contre les rapports de pouvoir
Psyfem est un réseau de professionnel·les qui pensent et réfléchissent aux questions de féminisme et de psychologie. Tout a commencé avec la mise en place d’un colloque en 2015 à l’ULB à l’initiative de différents interventant·es dont Roxanne Chinikar, psychologue et membre du réseau.

Elle explique : "Psyfem est né dans une perspective de transformation sociale, on ne fait pas de l’analyse de genre qui se contenterait de dresser des constats. L’idée, c’est de dire que toutes les disciplines des Sciences Humaines peuvent contribuer à lutter contre les inégalités et les rapports de pouvoir. On veut assumer la dimension politique du travail qu’on fait."

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

"La psychologie n’est pas en dehors du monde dans lequel on vit. Il faut pouvoir intégrer la question du genre, des stéréotypes, des violences faites aux femmes dans le travail des psychologues, il faut pouvoir comprendre qu’on est en résistance par rapport à ces phénomènes."

Sa patientèle la consulte régulièrement via le bouche à oreille, son engagement trouve un écho chez de nombreuses personnes : "Dans les retours qui me sont faits généralement, il y a l’appréhension ou la crainte d’être jugé·e dans l’espace thérapeutique, suite à des expériences qui ont pu être faites où les personnes ont été victimes de stéréotypes. Par exemple, un ou une psy avec des schémas assez normés, par rapport aux questions de sexualité ou des témoignages de violences."

Il ne devrait pas y avoir de lieux listés comme "safe", tous les lieux devraient être safe

Les biais cognitifs peuvent être une réalité chez de nombreux praticien·n·es malgré le fait que quand ils et elles sont formé·es en tant que psychologue, ils et elles sensé·es tout pouvoir entendre et mettre leurs représentations sur le côté. "Je n’ai pas la prétention de ne pas reproduire certaines choses aussi. La psychologie peut aussi être chargée de stéréotypes, ce ne sont pas juste des réflexions à côté de la plaque, ce sont des jugements, qui ont un effet sur les personnes et qui renforcent les rapports de domination."

Les futurs soignan·t·es
Si du côté des praticien·nes, des initiatives voient le jour, nous avons cherché à savoir ce qu’il en était des futures générations, la question du genre fait-elle partie des cursus académiques ? Sandrine Detandt est professeure à la faculté des Sciences psychologiques et de l'Education de l’ULB.

"En psychologie on a commencé à analyser la manière dont les approches genrées impactaient les questions scientifiques, souligne-t-elle. Parmi les enseignements dispensés, il n’y en a à proprement parler aucun qui investigue les violences de genre ou violences conjugales dans une approche clinique. Seul mon enseignement de "sexualité genre et psychopathologie" et quelques autres interventions dans les cours de collègues abordent ces problématiques."

►►► A lire aussi : Prendre soin de sa tête en confinement

"Nous sommes plutôt dans des approches qui vont être très spécifiques ou très centrées sur de la psychologie fondamentale en ce qui concerne la clinique. La manière dont la sociologie, le droit, les rapports de pouvoir et les féminismes bouleversent nos théories est encore peu pensé, ou du moins théorisé."

Selon l’experte, si les femmes sont davantage à risque à cause de leur vécu, l’environnement ne doit pas non plus effacer l’individu. "Je pense que la psychologie a un vrai travail de fond à faire sur la manière dont elle doit articuler la psychologie clinique avec ce qui concerne les violences ou les rapports de pouvoir plus structurels. Evidemment nos cours devraient être bien plus appuyés par les violences systémiques et les théories sociologiques, mais celles-ci ne doivent pas faire la part belle à ce qui concerne fondamentalement la psychologie."

La psychologie n’est pas en dehors du monde dans lequel on vit. Il faut pouvoir intégrer la question du genre, des stéréotypes, des violences faites aux femmes dans le travail des psychologues

"On est à un tournant pour les profs qui s’interrogent sur la question de comment faire une psychologie qui réponde aux enjeux d’ici et maintenant. Quel moment vivons-nous ? Est-ce un changement paradigmatique fondamental ou une remise à l’ouvrage de nos concepts ?"

LGBTQIA+, le cumul des violences et des discriminations
Concernant le public LGBTQIA+, dont Sandrine Detandt est spécialiste, elle avance : "Il faut être au courant des discriminations spécifiques liées à ces populations, de l’aspect intersectionnel et, dans le même temps, il ne faut pas naturaliser les différences des LGBTQIA+ et en oublier l’individu qui porte son histoire au-delà ou en deçà de cette réalité."

Noah Gottlob est psychologue, lui aussi spécialiste des questions LGBTQIA+ et l’un des fondateurs de Transkids : "Les personnes viennent me voir, sachant que je suis un psy spécialisé, les patient.es ont aujourd’hui malheureusement besoin de "lieux safe" parce que beaucoup de soignant·es sont à ce point peu conscientisé·es qu’il y a de la violence institutionnelle, de la pathologisation ou des approches normalisantes."

"Même parfois avec bienveillance, les professionnel.les vont amener le ou la patient·e à rentrer dans la norme. Il ne devrait pas y avoir de lieux listés comme "safe", tous les lieux devraient être safe. Si une personne ne se sent pas comprise elle risque de s’isoler et là c’est dangereux." Noah a terminé ses études l’année dernière, il témoigne du retard du monde académique dans le domaine : "Cette approche sur l’autodétermination de la personne en termes de transidentité n’a pas du tout été abordée pendant mes études. J’ai un cours de psychologie du genre qui m’a ouvert la porte, c’était une introduction."

On est à un tournant pour les profs qui s’interrogent sur la question de comment faire une psychologie qui réponde aux enjeux d’ici et maintenant

Selon les spécialistes que nous avons interviewé·es, il y a un travail de sensibilisation à mener autour de la question de la prise en compte des discriminations de genre dans le milieu de la santé mentale. D’où d’insister sur le sujet dans la formation des futur·es praticien·nes.

La pop culture, d’autres représentations
Les mentalités évoluent et ça se voit du côté de la Pop Culture aussi. Les maladies mentales commencent à être mieux représentées, y compris concernant les femmes. Céline Dejoie est chroniqueuse série pour la RTBF, en parallèle, elle a lancé sa chaine Youtube dédiée sujet.

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Sa première vidéo était justement consacrée à la question de la santé mentale dans les séries. Nous lui avons demandé quelques conseils à binge watcher tout en déconstruisant les stéréotypes autour de l’image des femmes et de la santé mentale. Voici ses deux coups de cœurs : "You're the Worst" est une comédie déjantée, c’est l’histoire d’un couple qui se rencontre à un mariage. Le personnage de Gretchen est dépressive clinique et vraiment bien représenté. Dans Crazy-ex girlfriend, on découvre le personnage de Rebecca qui a un trouble de la personnalité borderline. C’est une série bien féministe, drôle et une comédie musicale qui déconstruit plein de stéréotypes."


Du côté films, pour sortir de l’image de la femme hystérique qui ne sait pas se contrôler, Stanislas Ide, journaliste ciné, propose The Invisible Man de Leigh Whannel. En montrant à l’écran une femme stigmatisée, incarnée par Elisabeth Moss, le cinéaste pointe du doigt celles et ceux qui ne savent pas entendre la parole des femmes victimes de violences conjugales et se contentent de les traiter de folles.

"Il y a un shift dans l’entendement du sujet avec ce film. Quand tu le vois, tu te dis, cette femme a raison, au lieu de passer le film à te demander si elle est folle ou non, comme si on commençait (enfin) à en avoir marre de poser la question. Tu te dis, ce sont les gens qui ne savent pas écouter, et c’est insupportable."

Signe que les choses bougent.


Pour aller plus loin
Réseau Psyfem
Transkids
La série Genre et santé mentale
Genre et santé mentale (1/3): Bande d'hystériques!
Genre et santé mentale (2/3): le cumul des violences
Genre et santé mentale (3/3): une approche féministe en psychologie
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Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


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Cécile Djunga, sa bataille contre le racisme continue : procès en vue , femmes, feminisme, racisme

31 Décembre 2020, 18:46pm

Publié par hugo

 Cécile Djunga, sa bataille contre le racisme continue : procès en vue
Racisme contre Cécile Djunga: le procès va s’ouvrir, avec quels enjeux?
Racisme contre Cécile Djunga: le procès va s’ouvrir, avec quels enjeux? - © Tous droits réservés
 
Camille Wernaers
 Publié le lundi 28 décembre 2020 à 12h44
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Un procès pour incitation à la haine raciale va s’ouvrir au tribunal correctionnel de Bruxelles ce 5 janvier 2021 avec, sur le banc des accusés, un homme qui a écrit sur internet des insultes à caractère raciste et des menaces de mort envers l’animatrice de la RTBF Cécile Djunga.

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Rétroactes
Les faits remontent à plusieurs années. Le 1er juin 2017, Cécile Djunga commence à présenter la météo sur RTBF. Avant même cette date, des remarques à caractère raciste apparaissent sur internet. Accaparée par sa formation à ce métier, elle décide de ne pas réagir. Un an et demi plus tard, en septembre 2018, les attaques racistes sur internet n’ont jamais cessé et prennent une nouvelle dimension quand une femme appelle le service météo de la RTBF pour se plaindre que Cécile Djunga est “trop noire pour passer à la télé”.

“Là, j’ai craqué”, explique Cécile Djunga aux Grenades. “Un craquage” qui prend la forme d’une vidéo postée sur les réseaux sociaux. Cécile Djunga dénonce la manière dont les personnes noires sont traitées à la télévision et le racisme qu’elle subit depuis qu’elle travaille à la télévision publique. “Je l’ai posté d’une manière très innocente, je ne me suis pas rendu compte tout de suite de la portée de ce message”, précise-t-elle.

Car son message, très partagé, fait réagir de nombreuses personnes et sa portée dépasse les frontières de la Belgique. Ce sont surtout des messages de soutien, même si de nouveaux messages problématiques sont écrits suite à la publication de la vidéo. “J’en parlais récemment avec Rokhaya Diallo, une militante française, et elle me disait qu’à l’époque personne n’avait encore parlé comme ça de ce type de racisme”, souligne-t-elle.


"Garder toutes les preuves”
Elle poursuit : “Forte de ce soutien, j’ai décidé de porter plainte, d’aller jusqu’au bout”. La RTBF propose l’aide d’une avocate, Maître Audrey Adam, et parallèlement le parquet de Bruxelles, de sa propre initiative, ouvre une information judiciaire. “Il a fallu chercher des preuves et cela n’a pas été simple, d’abord parce que je ne voulais pas voir ces messages donc je n’avais pas pris de capture d’écran”.

Deuxième obstacle : la modération des sites d’information qui relayaient notamment la vidéo. C’est tout le dilemme de la modération sur les réseaux sociaux : faire la balance entre la demande importante et légitime de modérer les commentaires haineux et la question des preuves. “D’après moi, ils suppriment des messages problématiques mais sans faire de suivi. Ça efface des preuves et cela n’empêche personne de recommencer”, indique Cécile Djunga qui a pu finalement porter une dizaine de plaintes.

“Mais une fois les messages trouvés, il faut prouver qu’ils comportent de la haine raciale et c’est compliqué”, soutient-elle. Ainsi, la femme qui a appelé directement la RTBF, et malgré le fait que ses propos aient été entendus par deux témoins, n’a pas été poursuivie. “Même si ce n’est pas évident, je vous conseille donc tout de même de garder toutes les preuves”, insiste Cécile Djunga.

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

C’est également le conseil de Maître Audrey Adam : “Chaque personne dans cette situation devrait avoir le réflexe de garder des preuves. Même si vous ne souhaitez pas d’un procès tout de suite, cela peut venir plus tard. Pour l’incitation à la haine raciale, l’enquête va se concentrer sur deux éléments : est-ce que le message a été écrit publiquement et est-ce qu’il s’agit de haine raciale, d’appel à la violence ? Le type de message et son contenu doivent être analysés”.


“La haine en ligne ne peut plus être tolérée”
Au terme de toutes les procédures, une seule personne est accusée d’incitation à la haine raciale après une enquête de deux ans et demi dans le procès qui s’ouvrira le 5 janvier prochain. Cécile Djunga, la RTBF et UNIA, le service public indépendant de lutte contre la discrimination, sont parties civiles dans cette affaire.

C’est très rare que des affaires aillent jusque-là, cela montre que ce ne sont pas des actes anodins, que c’est un problème public même quand on écrit des phrases racistes anonymement derrière un écran

Contacté par Les Grenades, Denis Bouwen, le porte-parole d’Unia, explique : “Unia veut donner le signal que la haine en ligne ne peut plus être tolérée. Il faut que des faits de ce genre soient sanctionnés. D’ailleurs, Cécile Djunga travaille pour une chaîne publique et symbolise, elle aussi, l’idée d’une société inclusive. Unia veut soutenir la société inclusive et la diversité à l’écran”.

Le racisme, une réalité structurelle
Chaque année, le racisme est le premier critère pour lequel Unia est saisi. En 2019, 951 dossiers ont été ouverts dans notre pays, un record. “La persistance de ces chiffres illustre le caractère systémique et structurel des discriminations raciales”, explique Patrick Charlier, directeur d’Unia, sur leur site.

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“C’est pour cela que je suis très heureuse que la procédure ait abouti et d’avoir été entendue, exprime Cécile Djunga. C’est un travail d’équipe et je veux remercier la RTBF, les enquêteurs mais aussi les auditeurs et téléspectateurs qui m’ont soutenue, il y a beaucoup de gens qui sont contre ces propos”.

Elle précise : “C’est la première fois que j’entre dans un tribunal. J’appréhende de croiser l’accusé, c’est quelqu’un qui a beaucoup de haine en lui si on en croit ses propos. Je me prépare aussi à un jugement négatif, c’est possible, mais ce sera tout de même une victoire. C’est très rare que des affaires aillent jusque-là, cela montre que ce ne sont pas des actes anodins, que c’est un problème public même quand on écrit des phrases racistes anonymement derrière un écran. C’est la fin de cette impunité. J’ai beaucoup de chance parce que je suis bien entourée, il y a des gens qui en sortent complètement détruits”.

Parce que je suis non seulement noire mais je suis aussi une femme et cela s’additionne

Maître Audrey Adam souligne : “Je suis très respectueuse de la liberté d’expression mais dans ce cas-là, on arrive à une limite. L’enjeu de ce procès, c’est vraiment de montrer la fin de l’impunité. Même si le processus est long et laborieux, il y a moyen d’arriver à un procès”.

►►► A lire aussi : Insultes sexistes et liberté d’expression : que dit la loi ?

Un travail collectif
Pour cette raison, Cécile Djunga explique avoir décidé de reverser la somme éventuelle qu’elle pourrait recevoir au collectif Mémoire Coloniale et lutte contre les discriminations, une association qui lutte sur le terrain contre le racisme : “Je leur reverserais même un euro symbolique. Je suis impliquée dans la question de l’enseignement de l’histoire coloniale, j’ai notamment interpellé la ministre Caroline Désir à ce sujet. Mémoire coloniale fait un très bon travail là-dessus, et un aspect spécifique de leur travail porte sur les femmes racisées. Parce que je suis non seulement noire mais je suis aussi une femme et cela s’additionne”.


Les chiffres d’Amnesty International le confirment : les femmes noires sont le plus touchées par le harcèlement en ligne (elles ont 84% de risque en plus que les femmes blanches), un tweet sur dix reçu étant problématique, contre un sur quinze pour les femmes blanches.

Pour l’animatrice, c’est un travail collectif qui est nécessaire sur cette question. “On le voit encore avec les attaques antisémites contre Miss Provence et les attaques contre Rokhaya Diallo en France. Il faut que chacun sache qu’il peut s’impliquer, qu’on peut ne plus laisser passer ça. Il faut créer de la solidarité”.

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Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.

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Légalisation de l’avortement en Argentine : entretien avec la militante féministe Andrea d’Atri , femmes , feminisme, IVG ,

31 Décembre 2020, 18:45pm

Publié par hugo

 VICTOIRE HISTORIQUE
Légalisation de l’avortement en Argentine : entretien avec la militante féministe Andrea d’Atri
Ce mercredi 30 décembre, le Sénat argentin a adopté la loi autorisant l’accès à l’avortement, après une lutte énorme et exemplaire du mouvement des femmes. Dans ce contexte, nous interviewons la féministe Andrea d'Atri, fondatrice du collectif Pan y Rosas en Argentine et membre de la direction du PTS.

Légalisation de l'avortement en Argentine : entretien avec la militante féministe Andrea d'Atri 
Andrea D’Atri

mercredi 30 décembre
 

Révolution Permanente : Peux-tu nous en dire plus sur la loi sur laquelle le Sénat s’est prononcé hier ? Pourquoi l’exécutif a-t-il décidé d’examiner la loi maintenant et de manière aussi serrée ?

Andrea D’Atri : Au petit matin du 30 décembre, le Sénat argentin a ratifié la légalisation de l’avortement, qui avait déjà été adoptée en première lecture la semaine précédente à la Chambre des députés. Il s’agit d’un projet du pouvoir exécutif qui a été envoyé dans les derniers jours de l’année en session extraordinaire avec un autre paquet de lois, qui portent sur une réforme des retraites qui affectera notamment une allocation du gouvernement, l’allocation universelle pour enfant, qui concerne les femmes qui sont mères en situation de pauvreté.

Cette mesure austéritaire, demandée par le FMI, a donc été examinée en même temps que le droit à l’avortement qui était une demande très puissante en Argentine, portée par le mouvement des femmes qui se bat pour ce droit depuis des décennies.

RP : On parle depuis longtemps d’une nouvelle vague féministe, et d’une marée verte. Que signifie cette victoire en Argentine pour le mouvement des femmes à l’échelle internationale ? Comment peut-elle avoir un impact sur les pays qui luttent encore pour ce droit, comme la Pologne ou le reste de l’Amérique latine ?

Andrea D’Atri : La lutte pour le droit à l’avortement en Argentine existe depuis de nombreuses années. Avant la dictature militaire et après. Mais on a connu un saut en 2015 avec l’émergence du mouvement Ni Una Menos, où la Campagne nationale pour le droit à l’avortement qui proclame que la mort par avortement clandestin est aussi une violence, et que l’État est responsable de féminicides en refusant de légaliser l’avortement. En 2018, le mouvement est devenu encore plus massif lorsque le projet de légalisation de l’avortement est arrivé pour la première fois au Congrès.

La Campagne nationale pour le droit à l’avortement a présenté le projet pendant de nombreuses années, un projet propre, collectif, créé par le mouvement des femmes. Il n’a jamais été examiné avant 2018. Puis, cette opportunité a étendu la lutte à de nouveaux secteurs et une nouvelle génération de jeunes a constitué ce que l’on a appelé la « marée verte ». Cela a été d’une grande importance au niveau international, surtout dans les pays d’Amérique latine où la légalisation de l’avortement est encore en attente.

Nous pensons que dans ce sens, tant les mobilisations en Pologne qui résistent au recul des droits déjà conquis, que cette vague verte qui de l’Argentine s’est étendue à d’autres pays, sont un exemple pour conquérir non seulement le droit à l’avortement mais pour avancer dans la construction d’un mouvement féministe plus radical lié à la lutte et à la mobilisation dans les rues et qui prend sa force auprès des jeunes femmes, des femmes en situation de précarité, des femmes travailleuses dans une situation de plus grande précarité.

RP : Quelles sont les perspectives et les prochaines luttes du mouvement féministe en Argentine ?

Andrea D’Atri : Les perspectives sont maintenant d’aller vers la séparation de l’Église et de l’État. En Argentine, la constitution nationale établit que l’État argentin soutient le culte catholique. En plus d’être une formalité, cela a ses aspects politiques et économiques, comme le fait que les décrets de la dictature militaire génocidaire de 1976 sont toujours en vigueur. Ils établissent notamment que l’État a l’obligation de donner une rétribution monétaire aux évêques, archevêques, prêtres et séminaristes, qui est inclue dans le budget de l’État voté par le Congrès chaque année.

En plus de cela, l’Église bénéficie d’exonérations fiscales sur ses propriétés. L’État lui a offert de nombreuses propriétés et d’autres avantages économiques et politiques qui font en sorte que l’Église catholique soit privilégiée par rapport aux autres religions, même si la liberté de culte existe en Argentine.

Nous pensons qu’il est important que le mouvement qui a conquis le droit à l’avortement après une longue lutte se fixe également l’objectif de concrétiser la séparation de l’Église et de l’État qui, depuis 1789 en France, est toujours une dette impayée des démocraties bourgeoises dans des pays comme l’Argentine.

RP : Dans cette lutte, que défend Pan y Rosas et comment interviennent ses militantes ?

Andrea D’Atri : Pan y Rosas est né en 2003 en Argentine suite à la reprise de cette lutte pour le droit à l’avortement. En 2003, lors d’une Rencontre Nationale des Femmes [1], un secteur de cette rencontre a soulevé la nécessité d’établir un plan national de lutte pour le droit à l’avortement, réunissant des organisations et des militantes de différents secteurs, ce qui a été comme le décollage initial qui a ensuite formé la Campagne Nationale pour le Droit à l’Avortement [2], qui est une coalition d’organisations et de militantes.

Lors de cette réunion, les militantes du PTS - Parti des Travailleurs Socialistes [3] se sont unies à d’autres jeunes femmes indépendantes pour soulever la nécessité de lutter pour le droit à l’avortement, pour les droits des travailleuses et contre toutes les formes de violence, dans une perspective qui prenne en compte la question de l’oppression de genre mais aussi l’exploitation.

Cette graine qui a émergé lors de cette Rencontre entre un noyau de militantes trotskistes et de camarades issues de différents courants du féminisme, indépendants du PTS, s’est consolidée dans ce qui a été le premier collectif Pan Y Rosas avec 30 camarades. Aujourd’hui, il est devenu un mouvement qui non seulement rassemble plus de 3000 femmes en Argentine, mais s’est également étendu à d’autres pays du monde, comme la France, l’État espagnol, l’Allemagne, l’Italie, le Mexique, le Venezuela, le Brésil, l’Uruguay, la Bolivie, le Costa Rica et le Pérou, et nous commençons à construire Bread and Roses aux États-Unis.

Nous nous battons pour une société sans exploitation ni oppression d’aucune sorte, mais en même temps nous cherchons à arracher à ce régime social capitaliste, à ces démocraties dégradées (la seule chose que le capitalisme est capable d’offrir) autant de droits que possible qui nous permettent de vivre une vie meilleure dans les limites imposées par l’exploitation et l’oppression.

Nous faisons partie et nous sommes en première ligne de ces luttes pour conquérir ces droits élémentaires, ces droits démocratiques, ces droits fondamentaux à décider de notre corps et de notre vie, pour éviter la mort par des avortements clandestins et dangereux. Mais en même temps, nous pensons que ces luttes, comme le montre la Marée verte en Argentine, ne se limitent pas à la seule réalisation d’une loi. Nous pensons que c’est un grand pas et une conquête historique, mais en même temps nous sommes satisfaites de voir que le mouvement ne se termine pas seulement par l’obtention d’une loi, mais qu’il a également généré l’émergence de nouvelles générations de jeunes femmes, de lycéennes et étudiantes, de travailleuses, de secteurs très précaires, de travailleuses ménagères, d’ouvrières, qui ont retrouvé leur estime de soi avec ce mouvement. Elles ont senti que pour la première fois, elles pouvaient dire ce qu’elles ressentaient, ce qu’elles voulaient, elles pouvaient décider d’elles-mêmes.

Cela a réveillé l’énergie de ce mouvement de femmes qui, selon nous, sont devenues un exemple non seulement pour d’autres mouvements féministes dans d’autres pays du monde mais aussi pour d’autres secteurs de travailleurs et de travailleuses, des femmes qui luttent pour la terre et le logement, des femmes qui se battent pour de meilleures conditions de travail, des infirmières qui se battent actuellement pour les salaires et les conditions dans lesquelles elles travaillent dans cette pandémie.

Nous avons obtenu une loi, mais nous parions sur la généralisation de cette force de lutte et de cette conviction que les mères de la Plaza de Mayo [4] nous ont appris : le seul combat perdu est celui qui est abandonné, et la ténacité et la persistance de ce mouvement de femmes qui a conquis cette loi montrent que ceux et celles qui se battent ne perdent jamais.

Notes :

[1] La Rencontre nationale des femmes est une rencontre de trois jours de débats sur les luttes et les perspectives féministes qui a lieu chaque année en Argentine depuis 1986

[2] Campagne nationale pour le droit à l’avortement : coalition d’organisation portée par des groupes féministes et du mouvement des femmes, ainsi que par des femmes appartenant à des mouvements politiques et sociaux. Elle compte actuellement 305 groupes, organisations et personnalités liées aux organismes des droits de l’homme, issues des milieux universitaires et scientifiques, des travailleurs de la santé, des syndicats et de divers mouvements sociaux et culturels, notamment des réseaux d’éducation, des organisations de chômeuses, des usines récupérées, des groupes d’étudiants, etc.

[3] Le PTS est une organisation trotskyste argentine.

[4] Les mères de la place de Mai sont les mères des militants disparus lors de la dernière dictature militaire Celles-ci se sont organisées pour exiger des nouvelles de leurs enfants en tournant autour de la place située à Buenos Aires, tous les jeudis à 15h30, jusqu’à aujourd’hui, avec un foulard blanc sur la tête qui représente les couches de leurs enfants.


MOTS-CLÉS Mouvement féministe   /    Avortement   /    Féminisme    /    IVG   /    Argentine   /    Du Pain et des Roses


https://www.revolutionpermanente.fr/Legalisation-de-l-avortement-en-Argentine-entretien-avec-la-militante-feministe-Andrea-d-Atri

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95ème féminicide de 2020 : une jeune femme tuée par son ex-conjoint , femmes, feminisme, violences,

31 Décembre 2020, 18:44pm

Publié par hugo

 95ème féminicide de 2020 : une jeune femme tuée par son ex-conjoint
Yasemin Cetindag a été tuée sous les coups de son ex-conjoint. Elle avait pourtant alerté à plusieurs reprises de la menace qu'il représentait et des coups qu'il lui avait déjà portée. Plus que jamais : disons stop aux féminicides.

Raphael Desmez

mercredi 30 décembre
 

Ce 28 décembre le corps de Yasemin Cetindag a été retrouvé dans la forêt de de Vendenheim. La jeune femme, 25 ans et mère de quatre enfant, ne donnait plus de nouvelles depuis le 23 décembre. Elle a été assassinée par son ex-conjoint, Savas Ozyanik.

Selon les Dernières Nouvelles d’Alsace, il se serait rendu chez elle, lui reprochant de parler avec un autre homme, après des violences verbales, il l’aurait alors frappée et tuée. Les enfants présents dans l’appartement ont témoigné avoir vu leur mère en sang. D’après Le Monde une connaissance «  l’aurait aidé à nettoyer la scène de crime, à transporter le corps de la victime et à s’en débarrasser », il a ensuite menti à la famille de Yasemin qui s’était entre temps inquiétée de ne plus avoir de nouvelles d’elle.

Interpellé trois jours après le meurtre, il a nié dans un premier temps être l’auteur du crime, avant de reconnaître les faits après le témoignage de son complice. L’ex-conjoint a été mis en examen dans l’après midi du 28 décembre pour « meurtre par conjoint ou ex-conjoint » et son complice a été incarcéré pour « dissimulation de cadavre et de modification de scène de crime ».

Mais comme souvent cette mort terrible arrive après déjà de nombreux coups reçus mais aussi de nombreuses sonnettes d’alarmes tirées. En effet comme l’explique auprès du Monde Leyla Cetindag, la sœur de Yasemin,«  Elle m’avait parlé de coups, elle avait déjà eu un coquard à l’œil  ».Elle avait à plusieurs reprises porté plainte et déposé des mains courantes :« A ma connaissance, elle ne les a pas retirées. Je ne comprends pas pourquoi ça n’a pas été plus loin ». Une situation qui fait écho aux mots de Julie Douib abattue par son ex-conjoint en 2019 qui après plusieurs plaintes restées sans suite avait finie par déclarer quelques temps avant sa mort :«  Il faut peut-être que je meure pour qu’on m’entende et qu’on me croie  ». Une fois de plus derrière l’horreur de ce féminicide se trouve la spirale des violences conjugales au domicile puis la violence patriarcale des institutions judiciaires et policières, qui ignorent et minorent les situations de violences les réduisant très souvent à de simples « disputes conjugales » et classant sans suite une violence normalisée.

Le féminicide de Yasemin est malheureusement loin d’être isolé. Nous relations déjà le 19 décembre le 93ème féminicide de l’année de 2020, entre temps la veille de la découverte de la jeune alsacienne encore une jeune femme a été poignardée par son conjoint.

Face à l’ampleur de ces violences, le gouvernement réserve moins de 0,01% du budget de l’Etat pour lutter contre les violences de genre... Le grand cheval de bataille du quinquennat n’est pas si grand surtout quand on voit que la seule solution face à cette situation dramatique a été un appel d’offre pour privatiser le numéro d’écoute pour les femmes victimes de violences.

Il est plus que jamais nécessaire d’exiger des moyens à la hauteur de la situation et de lutter pour que plus une femme ne meurt de féminicide.


MOTS-CLÉS violences sexistes   /    Ni Una Menos   /    Féminicide   /    Féminisme    /    Violences faites aux femmes   /    Du Pain et des Roses


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Historique ! La lutte féministe conquiert le droit à l’avortement en Argentine , femmes, feminisme, IVG ,

31 Décembre 2020, 18:42pm

Publié par hugo

 MARÉE VERTE
Historique ! La lutte féministe conquiert le droit à l’avortement en Argentine
Ce matin, à 8 heures -heure française- le Sénat argentin a voté la légalisation de l’IVG, un droit fondamental que les femmes argentines réclament depuis des décennies. Avec des manifestations et des veillées dans tout le pays qui ont rassemblé plusieurs dizaines de milliers de personnes, le Sénat a adopté par 38 voix pour, 29 contre et 1 abstention le projet de loi.

Carla Biguliak

mercredi 30 décembre
 

Crédit photo : O Phil des Contrastes

Après de nombreuses années de lutte du mouvement féministe dans les rues, le Sénat a adopté le projet de loi autorisant l’avortement jusqu’à la 14e semaine de grossesse. Cela s’est accompagné d’une énorme mobilisation féministe, avec des dizaines de milliers de personnes déterminées à ne pas quitter les rues avant le résultat du vote.


Le projet de loi avait été approuvé en première lecture le 11 décembre par la Chambre des Députés. Il s’agit d’un projet de loi qui a été présenté par le pouvoir exécutif et qui laisse de côté le projet rédigé et défendu par le mouvement des femmes, en incluant la clause de conscience et la pénalisation des femmes qui avortent après la 14e semaine de grossesse.

Malgré cette manœuvre, le pouvoir exécutif, qui détient pourtant la majorité absolue au Sénat, n’a pas pu garantir les votes en faveur de la légalisation avant le début de la session au Sénat]. Une fois de plus le droit des femmes à décider de leur propre vie et de leur corps a été mis en jeu, dépendant du changement de position d’une poignée de sénateurs qui ont attendu jusqu’au dernier moment pour se positionner, quand d’autres secteurs ont négocié d’importants reculs- comme la clause de conscience pour accorder leur voix.

Quatre heures après le début du débat à la Chambre haute, deux sénatrices comptées comme « indécises » ont déclaré que leur vote serait favorable au projet de loi. À partir de ce moment, la balance a commencé à pencher en faveur des « Vertrs », qui se battent pour l’avortement légal, et cette tendance s’est accentuée au fur et à mesure que le débat progressait. Quelques heures avant le vote, il n’y avait plus aucun doute : l’avortement allait enfin être légalisé.

La loi qui autorise l'avortement jusqu'à la 14e semaine de grossesse en Argentine a été adoptée grâce à plusieurs années de lutte du mouvement des femmes !!

Es ley !!! December 30, 2020

Les cris de joie, d’émotion, de fierté, les câlins, les larmes, la fête, ont inondé les rues de tout le pays. L’immense mouvement de femmes qui a lutté pendant tant d’années, traversant plusieurs générations, avec persistance, détermination et force dans les rues et sur les places de tout le pays, face aux vagues polaires, aux canicules, à la pluie et au mépris de la caste dirigeante, a finalement obtenu la victoire.

Une joie immense pour l'obtention de cette loi qui a nécessité tant d'années de lutte. Il n'y a pas de retour en arrière !! December 30, 2020

Nos camarades de Pan y Rosas et du Parti des Travailleurs Socialistes (PTS) - groupes frères de Révolution Permanente et de Du Pain et des Roses - qui militent depuis des années au sein de la Campagne nationale pour le droit à l’avortement qui regroupe plusieurs organisations- étaient nombreuses hier dans la rue devant le Sénat.

Cependant, le poids et la puissance de l’Eglise se sont fait à nouveau très fortement ressentir. Si dans la rue hier ils n’ont mobilisé que quelques centaines de personnes, au Sénat, l’Eglise a fait pression jusqu’à la dernière minute sur les sénateurs pour qu’ils votent - une fois de plus - contre les droits des femmes. Aujourd’hui l’avortement est devenu une loi grâce à l’important combat des femmes en Argentine, et il est plus que jamais nécessaire de poursuivre ce combat en avançant dans la séparation de l’Église et de l’État, en prenant exemple sur la campagne du « foulard orange » pour la séparation de l’Église et de l’État qui a pris de l’ampleur après le rejet du projet de loi sur l’IVG en 2018.


MOTS-CLÉS Mouvement féministe   /    Avortement   /    PTS   /    Féminisme    /    IVG   /    Du Pain et des Roses   /    Argentine   /    Du Pain et des Roses


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Paris. Une centaine de personnes rassemblées en soutien au droit à l’avortement en Argentine , femmes, feminisme , IVG

31 Décembre 2020, 18:40pm

Publié par hugo

 "ABORTO LEGAL EN EL HOSPITAL"
Paris. Une centaine de personnes rassemblées en soutien au droit à l’avortement en Argentine
Ce mardi est discuté à la chambre haute du Parlement argentin le projet de loi de dépénalisation et de législation de l'avortement, exigé par le mouvement des femmes depuis plusieurs années. Le soutien international jouant un rôle important dans la possibilité d'arracher ce droit fondamental, une centaine de personnes se sont rassemblées à Paris en soutien à la lutte des femmes en Argentine.

Ariane Serge

mercredi 30 décembre
 

Crédits Photos : Du Pain et Des Roses sur Twitter

À Paris, une centaine de personnes se sont réunies à l’appel de différents collectifs féministes : Alerta Feminista, Las Rojas, Assemblée de Citoyens Argentins en France, Artistas en Francia por el Aborto Legal en Argentina et Du Pain et Des Roses, pour exprimer leur soutien au mouvement des femmes en Argentine, qui pourrait bien décrocher une victoire historique pour le droit à l’avortement lors du second passage d’un tel projet au Sénat.

Autour de banderoles violettes et vertes aux couleurs des luttes féministes et pro-avortement, le rassemblement place de La République appelé par plusieurs organisations féministes a été l’occasion de chants et prises de parole en soutien au mouvement de l’autre côté de l’Atlantique.

De fait, cette fois-ci les espoirs se tournent d’autant plus vers la force de frappe de la rue qu’il y a deux ans où le Sénat s’arrogeait le pouvoir de rejeter la légalisation du droit des femmes à disposer de leurs corps. "Nos droits et nos vies ne peuvent pas dépendre du bon vouloir d’un ou deux sénateurs. En 2018 on était un million dans la rue, on ne peut pas attendre la décision d’un sénateur pour un droit qui nous est dû" explique Carla du collectif Du Pain et des Roses.


Ainsi, le vote au Sénat sera déterminé par le rapport de force de la marée verte ainsi que ses soutiens à l’international, car "cette bataille pour que les femmes aient le droit à disposer de leur corps appartient à un mouvement" souligne Maria du collectif Las Rojas.

À l’heure où commence le débat au Sénat argentin, de tels soutiens internationaux sont précieux pour les femmes en Argentine pour maintenir la pression contre la chambre conservatrice très divisée sur la question. Celle-ci votera d’ailleurs sur la base d’un projet plus répressif que celui voulu par le mouvement des femmes dès lors que la pénalisation sera de nouveau en vigueur après la 14e semaine et que la clause de conscience sera admise pour les médecins.


De plus, en pleine crise économique et sanitaire, le droit à l’avortement devient de plus en plus vital tant de plus en plus de femmes se verront contraintes de pratiquer des avortements clandestins par incapacité de se rendre dans une clinique à l’étranger pour disposer de leurs corps.

"Aborto legal en el hospital" est donc un des slogans scandés Place de La République à Paris, faisant allusion à la nécessité que les avortements puissent être pratiqués dans les établissements hospitaliers pour éviter la mort de milliers de femmes durant des opérations clandestines. Un mot d’ordre qui raisonne d’ailleurs particulièrement en France où le droit à l’avortement est mis en danger par la casse de l’hôpital public orchestré par les gouvernements successifs.

MOTS-CLÉS grève féministe   /    Féminisme    /    IVG   /    Argentine   /    Du Pain et des Roses


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Six ans de prison pour la féministe saoudienne Al-Hathloul : Ben Salmane criminel, Macron complice ! , femmes, feminisme, politiques

31 Décembre 2020, 18:39pm

Publié par hugo

 SOLIDARITÉ INTERNATIONALE
Six ans de prison pour la féministe saoudienne Al-Hathloul : Ben Salmane criminel, Macron complice !
La militante féministe Loujain Al-Hathloul a été condamné à 5 ans et 8 mois de prison après avoir attendu plus de deux ans son procès enfermée et torturée dans les geôles saoudiennes. Le gouvernement français s'est empressé de demander sa libération. Une déclaration hypocrite pour masquer la complicité de Macron avec le régime saoudien.

Lili Krib

mercredi 30 décembre
 

La militante féministe Loujain Al-Hathloul a été condamné à 5 ans et 8 mois de prison. Crédit photo : Reuters (Marieke Wijintes / Handout)

Loujain Al-Hathloul est une militante pour le droit des femmes en Arabie saoudite, connue notamment pour ses vidéos sur Twitter où, avec humour et insolence, elle dénonce les conditions des femmes dans le pays. Figure féministe, elle est engagée contre le système de tutelle masculine, et pour le droit de conduite des Saoudiennes.

À ce titre, elle quitte en 2013 les États-Unis où elle étudie alors, pour rejoindre Riyad à l’occasion d’une opération de « conduite sauvage », pour défendre le droit des femmes à conduire, en octobre 2013. Cette forme de mobilisation n’était pas nouvelle, elle avait déjà été menée dès 1990 dans la capitale par 47 militantes, ayant subi par la suite de lourdes condamnations, contraintes de quitter leur travail voire le pays.

Dès son retour en Arabie Saoudite en 2013, Loujain Al-Hathloul se fait filmer par son père en train de conduire la voiture familiale, ce qui vaudra à ce dernier, car il est considéré légalement comme son tuteur, une convocation par les autorités pour signer des papiers attestant celle-ci que ne bravera plus la loi. En décembre 2014, elle obtient son permis de conduire aux Émirats Arabes Unis, où elle réside et travaille alors, et décide de passer en voiture la frontière saoudienne, et de filmer et diffuser sa traversée. Elle est arrêtée par la police et passe soixante-treize jours en prison. En 2016, elle est de nouveau arrêtée pour avoir lancé aux côté de la professeure d’informatique universitaire retraitée Aziza Al-Youssef, pionnière dans la lutte pour le droit des Saoudiennes, une pétition pour mettre fin au système de tutelle qui place les femmes sous l’autorité absolue d’un homme de leur famille [https://www.amnesty.fr/liberte-d-expression/actualites/loujain-al-hathloul-aziza-al-yousef-et-iman-al-nafjan].

Le 13 mars 2018, alors qu’elle est sur le territoire des Émirats et libre, elle est rapatriée de force à Riyad sur ordre des autorités saoudiennes, enfermée brièvement puis assignée à résidence chez ses parents, avant d’être arrêtée en mai 2018, soit deux mois avant la levée de l’interdiction de conduite pour les femmes saoudiennes, avec d’autres militantes, et placée sans jugement dans une prison de haute sécurité.

La militante féministe torturée et condamnée à 5 ans et 8 mois de prison
Depuis lors incarcérée et dans l’attente de son procès qui avait été annulé en mars dernier, officiellement à cause du Covid, elle a été condamnée lundi 18 décembre à cinq ans et huit mois de prison et à l’interdiction de voyager pendant cinq ans, avec une suspension de peine de 2 ans et 10 mois conditionnée à son silence pendant cette période, par le tribunal antiterroriste du royaume d’Arabie Saoudite. Les accusations sont ses prétendues « diverses activités prohibées par la loi antiterroriste », et comme l’explique sa sœur Alia Al-Hathloul sa prétendue « intention de saper la sécurité, la stabilité et l’unité nationale du royaume ». Cette incrimination fait référence à ses relations avec des diplomates européens et des ONG, des échanges avec des militants, sa candidature à un poste à l’ONU et des documents relatifs à des revendications pour le droit des femmes de cette organisation. Les pièces versées au dossier montrant les rapports entre l’activiste de 31 ans et plusieurs ambassades de pays européens avec qui l’activiste de 31 ans, ont soudainement et sans explication été retiré le 10 décembre dernier, le royaume souhaitant ménager ses relations diplomatiques et éviter de faire des vagues après le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi qui l’avait projeté sous le feu des critiques en 2018.

Par ailleurs, le royaume a refusé de reconnaître d’une part le lien entre les condamnations de Loujain Al-Hathloul et son militantisme pour le droit de conduire, et d’autre part toute forme d’abus qu’elle a subi en prison. Des organisations pour les droits humains et sa famille rapportent qu’elle a été fouettée, électrocutée et harcelée sexuellement. Fin 2018 une proposition de libération filmée lui avait été faite, à condition de nier les actes de tortures qu’elle avait subi. Ces actes de tortures étaient supervisés par Saoud Al-Qahtani, conseiller du prince héritier Mohammed Ben Salman (MBS) accusé par la Turquie d’avoir dirigé l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi le 2 octobre 2018 au consulat saoudien d’Istanbul, qui « a menacé plusieurs fois de la violer, de la découper en morceaux et de jeter son corps dans les égouts » rapporte Lina Al-Hathloul. 

La condamnation et la répression féroce subie par Loujain Al-Hathloul et toutes les autres activistes féministes, présentées comme des « traîtresses », précédant la levée de l’interdiction de la conduite pour les femmes, reflète le message clair envoyé par le royaume saoudien : l’obtention des droits des femmes ne peut pas être le produit de leur lutte acharnée mais il doit en revanche être perçu comme une faveur accordée par les dirigeants du pays, qui souhaitent se donner une image progressiste. Ce décret est par ailleurs une des mesures phares du plan de modernisation du royaume, « Vision 2030 », porté par MBS et mettant en place plusieurs réformes économiques et sociales pour permettre l’ouverture du pays, conservateur, aux investissements des puissances internationales, tout en faisant oublier que c’est bien la pression de la rue qui a permis d’arracher quelques droits aux femmes saoudiennes.

Pour la libération de Loujain Al-Hathloul : solidarité du monde entier contre l’impérialisme et le régime saoudien
Des organisations des droits humains, des politiques tels que les maires de de grandes villes comme Paris, Londres ou New York, les parlementaires européens ou encore le comité des droits de la femme de l’ONU exigent la libération de Loujain Al-Hathloul. La France a elle aussi formulé un appel à la libération de la militante, le 8 mars 2019 lors du discours de Macron pour la remise du prix Simone Veil, qui récompense les actions pour les droits des femmes, puis à nouveau lundi par un porte-parole adjoint du ministère français des Affaires étrangères qui a demandé sa « libération rapide ».

Une position particulièrement hypocrite de la part du gouvernement français qui reste à ce jour un des principaux fournisseurs d’arme au régime saoudien. Interrogé sur les rapports commerciaux avec les pays ne respectant pas les droits de l’Homme lors de la visite du dictateur égyptien Abdel Fattah Al-Sissi à Paris le 6 décembre dernier, Emmanuel Macron n’avait pas hésité à affirmer : « Je ne conditionnerai pas notre coopération en matière de défense, comme en matière économique, à ces désaccords », avant d’ajouter « qu’une politique de boycott viendrait à réduire l’efficacité d’un de nos partenaires dans la lutte contre le terrorisme et pour la stabilité régionale ». Une déclaration également valable pour les rapports avec le régime saoudien, qui signifie en d’autres termes que les multiples intérêts économiques du patronat de l’armement et du secteur pétrolier supplantent la question des droits humains.

A ce titre, la lutte pour les droits des femmes en Arabie Saoudite, contre la répression des militantes féministes et pour la libération de Loujain Al-Hathloul ne peut être menée à bien qu’en toute indépendance des puissances impérialistes et de leurs institutions complice du régime criminel de Mohammed Ben Salmane aussi bien à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur comme au Yémen, où il est coupable de véritables crimes contre l’humanité.


MOTS-CLÉS Solidarité internationale   /    Féminisme    /    Impérialisme   /    sexisme   /    Arabie Saoudite   /    Droits des femmes   /    Répression   /    Du Pain et des Roses


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IVG en Argentine : rassemblement à Paris ce mardi en soutien à la lutte ! , femmes, feminisme, IVG

31 Décembre 2020, 18:38pm

Publié par hugo

 IVG en Argentine : rassemblement à Paris ce mardi en soutien à la lutte !
Ce mardi 29 décembre, plusieurs collectifs féministes dont Du Pain et Des Roses appellent à un rassemblement pour soutenir la lutte des femmes argentines qui se battent encore pour un accès à l’IVG légale, sûre et gratuite. Le projet de loi visant à légaliser cette pratique a été adopté le 11 décembre dernier par la Chambre basse et sera examiné ce mardi 29 au Sénat.

Carla Biguliak

lundi 28 décembre
 

Après des années de lutte, les femmes argentines se rapprochent d’un moment historique. Si la loi est adoptée au Sénat, elles auront arraché au gouvernement le droit élémentaire et fondamental de décider de leur propre corps, de leurs projets de vie, et de leur désir d’être ou de ne pas être mère.

En Argentine, la loi régissant l’avortement date de 1921 et ne l’autorise que dans trois cas. Cela signifie que, comme dans presque tous les pays d’Amérique latine, l’avortement est clandestin, de sorte que l’accès à cette pratique est encore aujourd’hui un privilège de classe : celles qui n’ont ni les moyens matériels ni les informations nécessaires pour avorter en toute sécurité sont obligées de choisir entre accoucher contre leur volonté ou mettre leur vie en péril.

À travers une lutte qui remonte à plusieurs années, dans laquelle nos camarades de Pan y Rosas ont toujours été en première ligne, les féministes argentines ont réussi pour la deuxième fois à imposer à l’agenda législatif ce droit si souvent ignoré par les différents gouvernements. Le projet de loi a été examiné pour la première fois par le Congrès en 2018, où il a été approuvé par la Chambre basse mais rejeté par le Sénat. Cette année, l’exécutif a décidé de ne pas soutenir le projet de loi élaboré et milité par le mouvement des femmes qui a plus d’une décennie d’expérience et de présenter un texte propre, qui se distingue du premier par plusieurs points essentiels, comme l’inclusion de la clause de conscience et la pénalisation de la pratique après la 14e semaine.

Toutefois, le gouvernement, qui a la majorité absolue au Sénat, ne peut pas encore garantir que la chambre haute votera pour le projet de loi. Au moment de la rédaction de cet article, le calcul des votes selon les positions des différents sénateurs prévoient que 32 d’entre eux voteront pour, 32 contre et 2 seront absents (l’un d’entre eux serait l’ancien président Carlos Menem, qui non seulement a pillé le pays pendant 10 ans mais est aussi un fervent défenseur de l’avortement clandestin). Dans ce recensement, il y a encore 6 « indécis », qui n’ont pas encore fait connaître leur position définitive. Rappelons qu’en cas d’égalité, c’est l’ancienne présidente et actuelle vice-présidente Cristina Fernández de Kirchner qui serait chargée de trancher et qui, bien qu’ayant gardé le projet présenté par la campagne dans un tiroir pendant son mandat, bloquant ainsi le débat, voterait en faveur du projet de l’exécutif.

L’incertitude à quelques jours du vote est la confirmation que la seule garantie est la mobilisation dans la rue, et la force et le soutien international. Il est clair que si l’avortement est finalement légalisé en Argentine, ce sera grâce à cette lutte historique du mouvement des femmes qui ne doit rien à aucun gouvernement. Comme l’a dit Nicolas del Caño, député du Parti des Travailleurs Socialistes, organisation sœur du courant qui anime Révolution Permanente en France, « si nous sommes à nouveau ici, c’est grâce à l’effort et à la persistance d’un mouvement de lutte des femmes qui a trouvé un nouvel élan, avec de nouvelles générations qui l’ont transformé en marée verte. Si nous sommes ici à nouveau, c’est grâce à celles qui se sont non seulement mobilisées, mais qui ont aussi construit collectivement un projet de loi et n’ont pas cessé de le présenter pendant plus d’une décennie au cours de laquelle ce Congrès a décidé de le laisser dormir dans un tiroir ».

C’est pour tout cela que notre présence dans les rues devient plus qu’essentielle. Nous vous invitons au rassemblement appelé par les collectifs Du Pain et Des Roses, Alerta Feminista, Artistas en Francia por el Aborto Legal en Argentina, l’Assemblée de Citoyens Argentins en France et Las Rojas le mardi 29 décembre à 17h30 Place de la République à Paris pour soutenir la lutte de nos camarades argentines et pour que l’avortement soit enfin légalisé.


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Une campagne contre la précarité menstruelle en partenariat avec Nana fait polémique , femmes, feminisme, sante

31 Décembre 2020, 18:33pm

Publié par hugo

 Une campagne contre la précarité menstruelle en partenariat avec Nana fait polémique
Derrière l'action controversée menée par l'influence Mybetterself, la nécessité de politiser la question de la précarité menstruelle pour ne pas tomber dans le « féminisme Washing ».

Mica Torres

vendredi 25 décembre
 

Crédit : Compte instagram de Marguerite et Cie, distribuant des protections menstruelles gratuites 

Depuis une semaine, les stories instagram sont envahies d’images d’une jeune femme arborant une couronne de tampons hygiéniques sur la tête, dont le fond est une pluie de billets de banque. Cette photo est le produit d’une campagne que l’influenceuse du compte Mybetterself, qui a plus de 465 000 abonnés, a lancé pour la récolte de protections hygiéniques par l’association « Agir pour la Santé des femmes ». Cette association accompagne les femmes en situation de précarité dans les domaines de l’action médicale et psychosociale.
Le principe est le suivant : à chaque partage de sa photo, l’entreprise Nana France donne des protections hygiéniques à l’association ADS. L’influenceuse décrit brièvement la situation de 1,7 millions de femmes en précarité menstruelle en France et précise que son action n’est pas le fruit d’un partenariat rémunéré.

Son action a suscité beaucoup de controverses notamment sur les intentions de l’influenceuse, des accusations concernant l’utilisation d’une cause légitime pour les femmes dans le but d’augmenter le nombre de ses followers. Sans rentrer dans les débats sur ses intentions, nous voulions surtout apporter une contribution à la réalité de la précarité menstruelle qui ne ressort pas dans cette action et qui est aussi la raison de sa critique. Tout d’abord, nous pensons qu’il est nécessaire de replacer la question dans son contexte économique et social. Ensuite, nous pensons qu’il est important de dénoncer des entreprises comme Nana France, qui instrumentalisent la question féministe à des fins de bénéfice, tout en contribuant à la précarité des femmes.

La précarité menstruelle à remettre dans le contexte économique et social
En France, un quart de la population a ses règles tous les mois. Les personnes dotées d’un utérus dépensent entre 8000 et 23 000 euros en protection périodique et comme le rappelle l’influenceuse, 1,7 millions de femmes en France « font le choix entre une boîte de tampons et manger à la fin de journée », chiffre fournis par une étude IFOP. Sans compter les dépenses liées aux médicaments, au remplacement des vêtements tâchés de sang, et les conséquences financières de l’absence au travail due à des douleurs menstruelles, le congé menstruel n’étant pas reconnu en France.

Or, nous savons que la crise sanitaire ainsi que la crise économique a touché et va toucher de plein fouet des millions de femmes. Dans son dernier rapport, l’ONU femmes a montré que 47 millions de filles et femmes ont récemment été poussées sous le seuil de pauvreté en raison de la crise économique et sanitaire. De plus, les femmes sont majoritairement employées dans les secteurs les plus précaires. Elles y occupent aussi la majorité des postes à temps partiel et à durée déterminée. En France, la différence de salaire entre les femmes et les hommes est de 24 %, et s’élève à 42 % s’agissant de la retraite. Et le gouvernement a annoncé porter à 5 millions d’euros le budget pour lutter contre la précarité menstruelle, ce même gouvernement dont les politiques précarisent chaque jour un peu plus les femmes. De plus, certaines personnes ne s’identifiant par comme femmes et qui possèdent un utérus sont d’autant plus touchées par la précarité du fait du rejet fréquent par les proches et des discriminations sociales qu’elles subissent, notamment dans le monde du travail.

Contre le féministwashing des grandes entreprises de protection hygiénique
De plus, il est important de montrer que l’opération réalisée notamment par la marque Nana n’a rien de louable. L’opération en question est un bon moyen pour la marque Nana de l’entreprise SCA, dont le chiffre d’affaires est de 10,05 milliards, de se faire de la pub à faible coût en instrumentalisant les droits des femmes et en sous-traitant sa publicité auprès d’influenceurs. Le nombre de protections distribuées sera dérisoire par rapport à ses capacités de distribution. De plus, d’autres éléments montrent le peu de considération des grandes marques de protections hygiéniques concernant la santé des femmes.

En 2019, l’association 30 millions de consommateurs a en effet montré que dans la plupart des produits de grandes marques de protections hygiéniques se trouvaient des produits chimiques, qui peuvent être dangereux pour la santé des femmes. L’association a révélé la présence de glyphosate dans les protections menstruelles, notamment de la marque Nana. Or, celle-ci n’a jamais voulu révéler la composition de ses produits. L’agence nationale de sécurité sanitaire a publié un rapport affirmant que les substances chimiques seraient sans risque en reconnaissant elle-même le caractère biaisé de ses études. En effet, les études n’ont pas été réalisées à partir d’expérimentations prenant en compte l’exposition de ces substances directement sur la vulve.

Face à la réalité de la précarité menstruelle, il est intéressant de se battre pour la gratuité des protections hygiéniques, mais surtout de lutter contre les politiques qui précarisent de jour en jour les minorités sexuelles dotées d’un utérus.


MOTS-CLÉS Réseaux sociaux   /    Féminisme    /    Précarité   /    Du Pain et des Roses


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Une campagne contre la précarité menstruelle en partenariat avec Nana fait polémique (revolutionpermanente.fr)

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Arya Rajendran, 21 ans, plus jeune maire élue en Inde, dans une ville d'un million d'habitants , femmes, feminisme, politique

31 Décembre 2020, 18:30pm

Publié par hugo

 Arya Rajendran, 21 ans, plus jeune maire élue en Inde, dans une ville d'un million d'habitants
Cette jeune femme est devenue un symbole dans un pays où les faits-divers sexistes sont très nombreux.
Radio France
Mis à jour le 30/12/2020 | 09:33
publié le 30/12/2020 | 09:18

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Arya Rajendran, maire de Thiruvananthapuram, avec un enfant dans ses bras, en décembre 2020.Arya Rajendran, maire de Thiruvananthapuram, avec un enfant dans ses bras, en décembre 2020. (SFI SOCIAL MEDIA CCO VIA WIKIMEDIA COMMONS)
Une étudiante fascine depuis le début de la semaine les médias indiens. Elle a 21 ans, est en deuxième année de mathématiques à l’université et vient d’être élue maire de Thiruvananthapuram, la capitale de l’État du Kerala. Une ville d’un million d’habitants, sur la côte sud-ouest de l’Inde.

Arya Rajendran est donc la plus jeune maire du pays : "Je vais, dit-elle, remplir mes devoirs de maire, mais continuer mes études." Elle avait fait campagne, notamment sur la gestion des déchets et l’éducation des filles.

C’est une jolie histoire, dans un pays classé parmi les trois les plus dangereux pour les femmes, dont les crimes sexistes et les violences sexuelles sont régulièrement rapportées dans la presse mondiale, qui pointe à la 148e place mondiale pour la part (14%) des femmes dans les Assemblées nationales. 
Arya est la fille d’un électricien, et d’une employée d’une compagnie d’assurances. Les deux sont communistes et si Arya ne se souvient pas des meetings où l’emmenait son père, son premier souvenir remonte à ses cinq ans, quand elle a adhéré au Balasangam, un équivalent des jeunesses communistes, en plus gros. 

Le Kerala, État-pilote en Inde
Petit détail, son élection comme maire correspond à la première fois qu’elle a le droit de voter mais même sans le droit de vote avant, elle faisait campagne pour les autres, et a donc une certaine habitude de la politique, d’ailleurs les journalistes se disent impressionnés par ses propos rapides, précis et intelligents.
Il y a donc Arya, une jeune femme déterminée, et il y a le Kerala, un État peu ordinaire en Inde. Le Kerala, gouverné à gauche depuis l’indépendance, a le plus fort taux d’alphabétisation du pays. L’espérance de vie y est comparable à celles des pays occidentaux, c’est là que l’informatique a été introduite en premier dès le secondaire, et le nombre de femmes pour 1 000 hommes est de 1 084, contre 940 dans le reste du pays.

Arya Rajendran est donc devenue un symbole, que même les opposants politiques saluent et qu’une star de cinéma, née à Thiruvananthapuram lui aussi, l’acteur Mohanlal (340 films au compteur, trois fois plus que Tom Hanks et Tom Cruise réunis), a appelé dès le jour de sa nomination d’Arya à la mairie.
"Quand on éduque une femme, dit un proverbe arabe, on forme la société. Quand on éduque un homme, on forme seulement un individu." Ce que l’écrivain François Cavanna résumait : "La femme pense à l’homme, l’homme pense à lui"…

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https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/l-etoile-du-jour/arya-rajendran-21-ans-plus-jeune-maire-elue-en-inde-dans-une-ville-d-un-million-d-habitants_4221393.html

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