Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de hugo,

L’emploi pour tous

30 Juin 2018, 09:02am

Publié par hugo

Le #17 des « Livrets de la France insoumise » aborde le thème de l’emploi et de la réduction du temps de travail. Il a été préparé par un groupe de travail animé par Zoé Desroches, doctorante en sociologie et Liêm Hoang Ngoc, économiste. Pour nous faire part de vos remarques et propositions ou pour indiquer votre volonté de participer au groupe de travail constitué sur ce thème, merci d’écrire à l’adresse suivante : livret-emploi@jlm2017.fr

https://avenirencommun.fr/livret-emploi-rtt/

 

Voir les commentaires

Éradiquer la pauvreté

30 Juin 2018, 09:00am

Publié par hugo

 Le #27 des « Livrets de la France insoumise » aborde le thème de la pauvreté et de l’exclusion. Il a été préparé par un groupe de travail animé par Hélène Cros, engagée dans la lutte contre la précarité et Pascal Lafargue, responsable associatif.
Pour nous faire part de vos remarques et propositions, merci d’écrire à l’adresse suivante  : livret-pauvrete@jlm2017.fr 
 

https://avenirencommun.fr/le-livret-pauvrete/

Voir les commentaires

"Macron veut démanteler notre modèle social et il le paiera un jour !" selon Olivier Besancenot,emplois,economie,

30 Juin 2018, 08:46am

Publié par hugo

  "Macron veut démanteler notre modèle social et il le paiera un jour !" selon Olivier Besancenot
Boursorama
Ajoutée le 22 juin 2018
S'abonner 6,7 k
Proposition de Valérie Pécresse d'augmenter le smic, privatisations, réforme de l'assurance-chômage, réduction du temps de travail... Olivier Besancenot, porte-parole du NPA, revient sur l'actualité économique ainsi que sur son dernier ouvrage "La journée de travail et le règne de la liberté" aux éditions Fayard. Ecorama du 22 juin présenté par David Jacquot sur boursorama.com.
Catégorie
People et blogs
Licence
Licence YouTube standard
Moins

https://www.youtube.com/watch?v=Nd3N0bAwP4E

Voir les commentaires

Hymne des femmes (L'),femmes,feminisme,

30 Juin 2018, 08:37am

Publié par hugo

Hymne des femmes (L')
Nous qui sommes sans passé, les femmes
Nous qui n'avons pas d'histoire
Depuis la nuit des temps, les femmes
Nous sommes le continent noir.
Refrain :
Levons-nous femmes esclaves
Et brisons nos entraves
Debout, debout, debout !
Asservies, humiliées, les femmes
Achetées, vendues, violées
Dans toutes les maisons, les femmes
Hors du monde reléguées.
Seules dans notre malheur, les femmes
L'une de l'autre ignorée
Ils nous ont divisées, les femmes
Et de nos soeurs séparées.
Le temps de la colère, les femmes
Notre temps, est arrivé
Connaissons notre force, les femmes
Découvrons-nous des milliers !
Reconnaissons-nous, les femmes
Parlons-nous, regardons-nous,
Ensemble, on nous opprime, les femmes
Ensemble, Révoltons-nous !
Dernier refrain :
Levons-nous femmes esclaves
Et jouissons sans entraves
Debout, debout, debout !


http://www.alternatifs.org/76/chorale/hymne.php

LES  FEMMES  PEUVENT  DIRE MERCI   A  SIMONE  VEIL 

LES  FEMMES   PEUVENT   DIRE  MERCI    A SIMONE VEIL   POUR L IVG  

Voir les commentaires

Simone Veil : hommage public au Mémorial de la Shoah avant le Panthéon,femmes,histoire,histoire de france,

30 Juin 2018, 08:29am

Publié par hugo

 Simone Veil : hommage public au Mémorial de la Shoah avant le Panthéon
 
Les cercueils de Simone Veil et de son mari Antoine, dans la crypte du Mémorial de la Shoah, à Paris. Les personnes qui le souhaitent peuvent venir leur rendre hommage jusqu'à samedi.
Frantz Vaillant
Simone Veil et son époux Antoine reposent au Mémorial de la Shoah à Paris vendredi 29 et samedi 30 juin 2018. Les visiteurs rendent hommage à cette immense femme de la politique française et européenne avant son entrée au Panthéon dimanche 1er juillet au matin.
Reportage.
29 juin 2018
Mise à jour 29.06.2018 à 18:25 par
Frantz Vaillant
dansAccueilTerriennesFemmes : résister autrementLes femmes politiquesLe droit à l'avortement dans la tourmente
"C’est la première fois qu’on les revoit ensemble depuis le décès de notre père depuis avril 2013. Pour nous, c’est évidemment très émouvant"explique, ému, Pierre-François Veil, le plus jeune des fils de Simone et Antoine Veil.
 
Pierre François Veil et son frère Jean, quelques instants après s'être recueillis devant les cercueils de leurs parents
(FV)
Nous devons désormais partager notre mère
Pierre-François Veil
Il est accompagné de son frère Jean, l'aîné de la fratrie. Sont-il fiers ? Bien sûr qu'ils le sont. Mais, comme l'expliquait Pierre-François Veil à Madame Le figaro,  "L'entrée au Panthéon est un immense honneur mais c'est aussi un second arrachement parce que nous devons désormais partager notre mère, et que le Panthéon et sa crypte n'incitent guère à la conversation intime".
Dans quelques instants, les "gens de la presse" pourront entrer avant l'ouverture au public, prévue à 10H.
A l'entrée de la crypte, deux albums photos accompagnent les livres du souvenirs où chacun est invité à écrire un petit mot. Sur un chevalet, le portrait de Simone Veil.
(FV)
Nous sommes donc devant le Mémorial de la Shoah, situé dans un quartier juif historique de Paris, au coeur du IVe arrondissement, là où, au XIIIème siècle, les Juifs avaient été repoussés, dans le marais, un quartier alors insalubre de la capitale française.
Une petite dizaine de personnes attendent l'ouverture des grilles. Elles sont venues rendre hommage  à cette grande figure politique, féministe ardente, icône de la réconciliation européenne et survivante des camps nazis.
A retrouver la biographie de Simone Veil dans Terriennes : > Simone Veil : une histoire de France
Simone Veil, décédée voici un an, le 30 juin 2017, était membre fondatrice du Mémorial et, pendant 6 ans,  elle fut présidente de la Fondation pour la mémoire de la Shoah.
Simone Veil avait perdu ses parents et son frère dans les camps de la mort. Elle fut déportée à Auschwitz à 16 ans par le convoi n° 71 du 13 avril 1944.
Plusieurs livres de souvenirs, à disposition du public, permettent de la retrouver adolescente puis jeune femme, maman, magistrate, ministre, députée européenne.
Cet hommage, à la fois public et intime, a été voulu par la famille.  Deux jours de recueillement avant l'entrée du couple Veil au Panthéon dimanche 1er juillet 2018 au matin.
Voici maintenant exposés, dans la crypte,  les cercueils de Simone Veil et de Antoine, son mari. 67 années de vie commune et d'engagements.
 
Simone et Antoine Veil. Tous deux furent mariés durant soixante-sept ans.
(archives familiales./ Mémorial de la Shoah
Quatre gardes républicains encadrent les dépouilles. L'éclairage est a minima. Dans cette vaste salle résonnent  les noms, égrénés un par un, des 1500 juifs qui furent les compagnons de malheur de Simone Veil, ceux du même convoi.
 
Simone, c'est notre modèle de courage
Maurice, 85 ans
L'ambiance est au recueillement.
Nul ne songerait à élever la voix. Pas même les photographes et caméramen, pourtant réputés chicaneurs en tout lieu et toute saison.
Non, rien de tel ici.
Les journalistes semblent eux aussi  imprégnés par la solennité du lieu. Derrière les deux cercueils recouverts du drapeau français brûle une flamme au centre d'une grande étoile de David en marbre noir. Cette flamme est un  hommage aux six millions de juifs morts, de la Seconde Guerre mondiale.
Mais les premières personnes arrivent.
 
Les trois premières personnes venues rendre hommage à Simone Veil dans la crypte du musée de la Shoah
(VF)
Marie Claire, octagénaire, est la première personne à venir murmurer quelques mots en guise d'hommage  : "Simone Veil, pour moi, représente tout le malheur de la déportation." dit-elle à voix basse.  Maurice, 85 ans, est à ses côtés. Il confie : "Je suis un enfant caché du Nord, sauvé par les cheminots, en 1942, avec 50 autres gamins. Simone, c'est notre modèle de courage, c'est une idée de la France extraordinaire qu'il faut préserver car elle est bien souvent en danger, cette pauvre France. Simone est un exemple de courage que j'ai envie de suivre jusqu'à la fin de mes jours. Lutter contre le racisme et l'antisémitisme..."
 
Michèle, 79 ans, semble très fragile. Elle paraît bouleversée : " Oui, c'est important pour moi de venir car j'ai eu une maman qui a été déportée et je voudrais que "plus jamais ça !. En l'accueillant au Panthéon, on honore sa mémoire et, aussi,  la mémoire de beaucoup..."
Nous quittons la crypte.
Devant les livres des souvenirs, où la presse multiplie les interviews, nous rencontrons Nathalie, 52 ans, venue saluer la féministe, aussi :
 
Denis, 70 ans, semble accablé par l'émotion, la chaleur aussi.
 
"J'espère que cela va compter, cette entrée au Panthéon"
(FV)
Il y en a encore qui contestent l'holocauste, qui disent que les chambres à gaz n'ont pas existé. Oui, cette entrée au Panthéon, j'espère que cela va compter
Denis, 70 ans
Tenant une béquille, il s'est assis sur un banc de pierre non loin du mur où sont gravés les noms des 76000 Juifs et, parmi eux, les 11000 enfants déportés de France : " C'est extraordinaire et mérité cet hommage ! Toute sa vie, Simone Veil a oeuvré pour les autres. Elle s'est sacrifiée en fait. C'est une très grande dame. J'espère que cela va servir à quelque chose : il y en a encore qui contestent l'holocauste, qui disent que les chambres à gaz n'ont pas existé. Oui, cette entrée au Panthéon, j'espère que cela va compter..."
"Rappeller au grand public que Simone Veil a été la femme de plusieurs combats et qu'elle était une rescapée de la Shoah"
"Il y a un intérêt transgénérationnel parce que nous avons tellement peu d'îcones, tellement peu de figures morales. Simone Veil n'est pas si loin de nous et elle s'est imposée dans ce siècle" explique Jacques Fredj.
(FV)
Jacques Fredj, directeur du Mémorial, enchaîne les interviews télés-radios-presse écrite avec un égal sourire, sans jamais montrer le moindre signe de fatigue. "Nous sommes très fiers et très émus que la famille ait choisi  que Simone Veil vienne dans cette maison qui était la sienne et qu'elle parte d'ici pour aller vers le Panthéon.  Symboliquement, c'est très fort car c'est rappeller au grand public que Simone Veil a été la femme de plusieurs combats et qu'elle était une rescapée de la Shoah. Nombre de ses engagements trouvent vraisemblablement leur origine dans son expérience de l'inhumanité à Auschwitz."
Merci Madame d'avoir eu le courage de lutter encore et d'avoir permis par votre combat la libération des femmes
Anonyme
Une heure après l'ouverture des portes du Mémorial, à peine cent personnes avaient fait le déplacement. A en croire plusieurs responsables du Mémorial, le samedi, la veille de l'entrée de Simone Veil au Panthéon, la chose devrait être différente.
Sur le cahier du souvenir, où sont couchés les témoignages émus des visiteurs venus ce vendredi matin, on pouvait lire : "Merci Madame d'avoir eu le courage de lutter encore et d'avoir permis par votre combat la libération des femmes. Cette lutte continue pour nos filles et petites filles. Merci encore..."
A retrouver aussi dans Terriennes : > L'hommage de la Nation française à Simone Veil, une femme au Panthéon, dans le temple des grands hommes
Frantz Vaillant
Mise à jour 29.06.2018 à 18:25
Sur le même thème

https://information.tv5monde.com/terriennes/simone-veil-hommage-public-au-memorial-de-la-shoah-avant-le-pantheon-246717

Voir les commentaires

Paroles de la chanson Le Chant des Marais par Chants révolutionnaires ,chansons,histoire,

30 Juin 2018, 08:11am

Publié par hugo

Paroles de la chanson Le Chant des Marais par Chants révolutionnaires

Chanson manquante pour "Chants révolutionnaires" ? Proposer les paroles
Proposer une correction des paroles de "Le Chant des Marais"

Paroles de la chanson Le Chant des Marais par Chants révolutionnaires
Loin vers l’infini s’étendent
Des grands prés marécageux.
Pas un seul oiseau ne chante
Sur les arbres secs et creux.
Refrain
Ô, terre de détresse
Où nous devons sans cesse
Piocher (bis)
Dans ce camp morne et sauvage
Entouré de murs de fer
Il nous semble vivre en cage
Au milieu d’un grand désert
Bruit des pas et bruit des armes,
Sentinelles jours et nuits,
Et du sang, des cris, des larmes,
La mort pour celui qui fuit.
 

Mais un jour dans notre vie,
Le printemps refleurira.
Liberté, liberté chérie
Je dirai « tu es à moi ».
Refrain
Ô, terre d'allégresse
Où nous pourrons sans cesse
Aimer (bis)

https://www.paroles.net/chants-revolutionnaires/paroles-le-chant-des-marais

RAPPELLONS QUE  LA  POLICE   FRANCAISE  A COLLABORER   A LA  DEPORTATION 

DES  JUIFS    ET  DE  TOUT CEUX QUI S  OPPOSSAIT   A  PETAIN LAVAL ET  A HITLER  ETC  

PETAIN =   HITLER  CAR MEME  POLITIQUES 

Voir les commentaires

Simone Veil : une histoire de France,femmes,feminisme,histoire,histoire de france

30 Juin 2018, 08:07am

Publié par hugo


Simone Veil : une histoire de France
Portrait de nos partenaires de France TV, 3'10
Rescapée de la Shoah, dont elle incarnait la mémoire, Simone Veil fut l'une des plus grandes figures de la Vème République, jalon de l'Histoire française, européenne et mondiale des femmes. Un parcours qui s'achève au Panthéon le 1er juillet 2018, le jour où cette immense femme entre dans le temple des "grands hommes".
30 juin 2017
Mise à jour 29.06.2018 à 19:58 par
Sylvie Braibant
dansAccueilTerriennesParité et politiqueLe droit à l'avortement dans la tourmenteLes femmes politiques
"Ma mère est morte ce matin à son domicile. Elle allait avoir 90 ans le 13 juillet", C'est par ces mots sobres que l'avocat Jean Veil, l'un de ses fils, avait annoncé le décès de Simone Veil, ce 30 juin 2017. Ce jour-là toute le pays fut en deuil. Les femmes, plus que les hommes sans doute, pleurèrent l'une des plus ardentes défenseure de leurs droits.
« Je le dis avec toute ma conviction : l'avortement doit rester l'exception, l'ultime recours pour des situations sans issue. Mais comment le tolérer sans qu'il perde ce caractère d'exception, sans que la société paraisse l'encourager ? Je voudrais tout d'abord vous faire partager une conviction de femme - Je m'excuse de le faire devant cette Assemblée presque exclusivement composée d'hommes : aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l'avortement. Il suffit d'écouter les femmes. »
Ces mots, quand on a eu la chance de les entendre, on ne peut les oublier.
Elle portait une robe bleue, un collier strict autour du cou, les mains bien calées sur ses notes. J'ai eu ce bonheur là. J'allais avoir 18 ans, je commençais ma première année de Droit, et, depuis les tribunes de l'Assemblée nationale réservées aux corps constitués, j'assistais à ce moment historique, ma première rencontre avec cette femme. C'était le 24 novembre 1974 au moment de ce discours là, qui allait ouvrir le droit à l'avortement pour les Françaises, mettre fin à des siècles d'obscurantisme sur le droit à disposer de son corps pour les femmes en France.
Nul doute que le respect, l'affection, les éloges couleront en fontaine après l'annonce de la disparition de cette citoyenne exceptionnelle, féministe, éprise de justice, et européenne militante. Simone Veil incarnait une histoire française, européenne, avec le meilleur et le pire du 20ème siècle, celui des génocides mais aussi des conquêtes sociales, politiques, démocratiques, en particulier pour les femmes.
 
Simone Veil était née dans la lumière de la Méditerranée, le 13 juillet 1927 à Nice, benjamine d'une famille de la bourgeoisie juive, père architecte, prix de Rome, mais peu enclin à l'émancipation des femmes - il demanda à son épouse Yvonne, née Steinmetz, d'abandonner ses études aussitôt l'union prononcée. Cette mère qui compta tant dans sa formation, dans les jours heureux comme dans la tragédie.
Soixante ans plus tard, je suis toujours hantée par les images, les odeurs, les cris, l'humiliation, les coups et le ciel plombé par la fumée des crématoires
Simone Veil
Après 1940 et l'occupation nazie en France, cette famille juive non pratiquante, harmonieuse, loin de Paris, résista plus longtemps que d'autres à la déportation. Simone Veil eut même le temps de passer son bac en mars 1944, un ultime signe de "normalité" pour cette jeune juive en France sous le gouvernement collaborateur de Vichy. Le 30 mars 1944, Simone J comme Jacob ou comme Jacquier son nom d'emprunt francisé pour échapper aux rafles, est arrêtée par des SS en compagnie de sa soeur Milou (Madeleine) et de sa mère, Yvonne. Direction d'abord Drancy puis Auschwitz.
"Soixante ans plus tard, je suis toujours hantée par les images, les odeurs, les cris, l'humiliation, les coups et le ciel plombé par la fumée des crématoires", racontait Simone Veil dans un entretien télévisé diffusé à l'occasion du 60ème anniversaire de la libération des camps. Jeunes et robustes, Simone Veil et sa soeur ne devront leur survie qu'au fait d'avoir été employées pour les usines Siemens à Bobrek, un sous-camp du complexe d'Auschwitz-Birkenau.
Devant l'avancée des troupes soviétiques en janvier 1945, elles seront évacuées vers Bergen-Belsen, lors de l'une de ces marches de la mort durant lesquelles périrent les reclus des camps d'extermination, corps décharnés, incapables de résister. Yvonne Jacob, épuisée et atteinte du typhus, décèdera le 15 mars 1945, un mois à peine avant la libération de ce camp par les Anglais. Et pour sa fille Simone, une culpabilité, celle des revenants, jamais altérée...
Au retour, elle découvre que son père et son frère sont morts eux aussi. Simone et ses deux soeurs sont les seules survivantes.
Simone Veil comme d'autres, avait constaté que leur histoire n'était pas bienvenue à raconter en France : trop d'horreurs et trop d'implication de la "République française" dans cette inhumanité, la France qui ne voulait se souvenir que de la belle face de la Résistance... "Beaucoup de nos compatriotes voulaient à tout prix oublier ce à quoi nous ne pouvions nous arracher... Nous souhaitions parler mais on ne voulait pas nous écouter", écrira-t-elle. "En revanche Denise (sa soeur, ndlr), rentrée un peu avant nous avec l'auréole de la Résistance, était invitée à faire des conférences".
Elle même pourtant n'était pas exempte de contradictions : dans ses mémoires, elle raconte qu'elle fut membre du conseil d'administration de l'Office de radiodiffusion-télévision française (ORTF)17. C'est à ce titre qu'elle s'oppose à la diffusion télévisuelle du documentaire, longtemps interdit sur la collaboration, "Le Chagrin et la Pitié" de Marcel Ophuls, qu'elle juge injuste et partisan, parce qu'elle pensait aussi qu'en France il s'était trouvé beaucoup de personnes pour aider les juifs à échapper au génocide.
A Auschwitz, elle noua des amitiés indéfectibles, de celles dont parle l'historienne de la Shoah Annette Wieviorka, des rencontres qui résisteront au temps et aux désaccords. Ainsi de celle avec Marceline Loridan Ivens, cinéaste, engagée très à gauche, tandis que Simone Jacob, devenue Veil après son mariage en 1946, se tenait sur une ligne centriste. Mais aussi européenne résolument, et féministe absolument.
Et puis il y eut aussi cet épisode plus méconnu : pendant la Guerre d'Algérie, en poste à l'administration pénitentiaire, elle réussit, discrètement, à faire transférer en France des prisonnières algériennes qu'elle estimait exposées aux tortures et aux viols.
Cette modernité (limitée, puisqu'elle s'opposa plus tard au mariage homosexuel et à l'homoparentalité), elle l'incarna avec l'écrivaine et journaliste Françoise Giroud sous le septennat de Valéry Giscard d'Estaing, élu président de la République française au printemps 1974. Comme ministre de la Santé aussi, avec cette loi qui portera toujours son nom, la Loi Veil qui dépénalisa l'avortement, aussi bien pour celles qui y avaient recours que pour celles et ceux qui le pratiquaient clandestinement. Durant les débats, il y eut des insultes, des élus pour comparer le droit à l'avortement aux camps de la mort nazis, foetus conservés dans des bouteilles de formol et biens en vue sur leurs pupitres.
Le texte fut ratifié en janvier 1975. Et il s'en trouve certain-es pour vouloir le défaire aujourd'hui.
A retrouver dans Terriennes :
> 26 novembre 1974 : Simone Veil présente son projet de loi sur la légalisation de l'avortement
Elle ne cilla pas, ne chancela pas. Elle avançait, aidée par un caractère bien trempé (c'est un euphémisme) et savait que pour ne plus vivre les chaos du 20ème siècle, il fallait être Européen, résolument, absolument. Elle conduisit la liste Union pour la démocratie française et devint la première femme présidente du Parlement européen, une consécration évidente.
Elle occupa ensuite des portefeuilles ministériels, fut nommée au Conseil constitutionnel et entra à l'Académie française en 2007 après avoir écrit ses mémoires "Une vie" tout simplement. Sur l'épée d'académicienne qui allait la rendre "immortelle" (nom que se donne les académiciens), elle avait fait graver ce qui la résumait : 78 651, le numéro tatoué sur son poignet par les gardiens d'Auschwitz, et "In varietate concordia" (Unie dans la diversité), la devise de l'Union européenne.
Et puis elle se consacra à ce qui lui semblait nécessaire encore et toujours : rappeler la mémoire de la Shoah, pour que plus jamais n'arrive "ça".
Simone Veil avait eu trois fils avec son mari Antoine Veil.
Le kaddish sera dit sur ma tombe
Simone Veil
Elle avait écrit aussi : "Je suis juive. (.../...) De cet héritage, il ne m’est pas possible de dissocier le souvenir sans cesse présent, obsédant même, des six millions de juifs exterminés pour la seule raison qu’ils étaient juifs. Six millions dont furent mes parents, mon frère et nombre de mes proches. Je ne peux me séparer d’eux.
Cela suffit pour que jusqu’à ma mort, ma judéité soit imprescriptible.
Le kaddish sera dit sur ma tombe."
Au revoir Madame Simone Veil et chapeau bas.
Suivez Sylvie Braibant sur Twitter @braibant1
Sylvie Braibant
Mise à jour 29.06.2018 à 19:58
Sur le même thème

https://information.tv5monde.com/terriennes/simone-veil-une-histoire-de-france-178121

Voir les commentaires

L'hommage de la Nation française à Simone Veil, une femme au Panthéon, dans le temple des grands hommes,femmes,histoire,

30 Juin 2018, 08:06am

Publié par hugo

 L'hommage de la Nation française à Simone Veil, une femme au Panthéon, dans le temple des grands hommes
 
Simone Veil, ministre de la Santé, parle de la dépénalisation de l'avortement devant le Parlement le 13 décembre 1974.
©AP Photo/Eustache Cardenas, archives
Le 1er juillet 2018 Simone Veil entre au Panthéon, en compagnie de son époux, Antoine Veil, comme l'avait annoncé le président Emmanuel Macron. Cette immense femmes aura sa place dans ce temple dédié "aux grands hommes" un an après le 5 juillet 2017, lorsque des personnalités de tous bords s'étaient réunies dans la cour des Invalides pour un dernier hommage à Simone Veil, morte le 30 juin.
05 juil 2017
Mise à jour 28.06.2018 à 19:21 par
Liliane Charrier
dansAccueilTerriennesLes femmes politiques
Les funérailles de Simone Veil se sont déroulées le 5 juillet 2017 dans la cour des Invalides, à Paris. Grande figure de la politique et du féminisme, l'ancienne ministre de la Santé de Valéry Giscard d'Estaing a eu droit, ce jour-là, à un premier hommage national en présence d'une foule de personnalités de tous bords. Six mois plus tard, le président Emmanuel Marcron annonçait que Simone Veil entrerait au Panthéon le 1er juillet 2018. En compagnie de son époux Antoine, décédé en 2013. Un ultime clin d'oeil aux droits des femmes : parmi la minuscule cohorte de personnalités féminines reposant au Panthéon, 4 pour 75, sont Sophie Berthelot suivant la dépouille de son mari le scientifique et ministre Marcellin Berthelot (début du 20ème siècle).
Simone Veil eut récemment deux prédécesseures dans ce socle de la nation française : en mai 2015, les corps de deux résistantes, Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz, étaient transférés au Panthéon.
A retrouver dans Terriennes :
> Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz, deux résistantes au Panthéon
Simone Veil aussi fut une résisante toute au long de sa vie. Cette femme dont l’envergure et les combats transcendaient les mouvements politiques était unanimement reconnue, admirée de tous. Deux anciens présidents de la République étaient présents à cette cérémonie pour faire leurs adieux à celle qui fut une icône politique et morale de la fin du XXe siècle : François Hollande et Nicolas Sarkozy. Valéry Giscard ­d'Estaing n'a pu se déplacer, de même que Jacques Chirac, pourtant un proche de Simone Veil, immobilisé pour raison de santé.
► Lire aussi dans Terriennes > Décès de Simone Veil : une histoire de France
C’est Emmanuel Macron qui a prononcé l'éloge funèbre de Simone Veil, rendant hommage aux combats de cette héroïne des temps modernes qui eut plusieurs vies : son engagement pour l'Europe - rescapée des camps de la mort nazis, elle était profondément convaincue qu'une construction européenne pouvait garantir que cela ne se reproduise plus jamais ; ses convictions féministes - c'est elle qui fit dépénaliser l'avortement - et le drame de la Seconde guerre mondiale.
► Lire aussi dans Terriennes : 26 novembre 1974 : Simone Veil présente son projet de loi sur la légalisation de l'avortement, le témoignage du docteur Joëlle Kaufmann-Brunerie ​
"Marquée par la douleur ineffaçable de la déportation, à laquelle elle survécut, mais où elle perdit ses parents et son frère, elle consacra sa vie aux plus nobles causes de la République", rappelait le président Macron après le décès de l’ancienne ministre, vendredi 30 juin. Ses deux fils, Jean et Pierre-François, lui ont rendu un hommage émouvant. Jean Veil se souvient de la façon dont sa mère distilla à ses enfants l'héritage d'une jeunesse en déportation :
 
Simone Veil au Panthéon
Le président Macron l'a annoncé lors de son hommage aux Invalides : Simone Veil reposera aux Panthéon aux côtés de son mari, Antoine, décédé en 2013.
 
Cette rapide décision fait suite aux appels unanimes pour demander le transfert au Panthéon de Simone Veil. Des personnalités de tous bords comme le président du MoDem François Bayrou, la présidente LR de la région Île-de-France Valérie Pécresse, la comédienne espagnole Rossy de Palma, Nicolas Dupont-Aignan, Christian Estrosi, Yves Jégo, l’ancienne patronne du Medef Laurence Parisot, Bernard-Henri Lévy, Florian Philippot, Laurence Rossignol ou encore la Femen Inna Shevchenko.
 
Ce mercredi matin, les pétitions adressées par différentes associations au président Macron pour réclamer la panthéonisation de Simone Veil recueillaient plusieurs centaines de milliers de signatures. Cependant, deux de ses petites-filles, Déborah, âgée de 30 ans, et Valentine, 23 ans, s'étaient dans un premier temps, montrées réticente à cette perspective qui, disaient-elles hier encore « n'est pas à l'ordre du jour ». Si elles jugaient « extrêmement touchant » le mouvement en faveur de l'entrée au Panthéon de leur grand-mère, elles étaient d’avis que leurs grands-parents « n’auraient pas été très heureux d’être séparés après 65 ans de vie commune ». Une réticence balayée par l'annonce d'Emmanuel Macron :
 
Féministe jusque dans la mort
Simone Veil rejoindra au Panthéon quatre autres femmes : la physicienne Marie Curie "panthéonisée" soixante ans après sa mort en 1995 ; l'ethnologue et résistante Germaine Tillion, ainsi que Geneviève de Gaulle-Anthonioz, nièce de Charles de Gaulle, toutes deux entrées en 2015. Mais aussi Sophie Berthelot - épouse du chimiste Marcellin Berthelot - entrée en 1907 pour rester aux côtés de son mari. Simone Veil reproduit ce précédent dans l'autre sens, car c'est la première fois qu'un époux, Antoine Veil, entre au Panthéon dans le sillage de sa femme.
Retrouvez ici les commentaires de la journaliste de Terriennes, sur le plateau du journal de TV5monde.
Liliane Charrier
Mise à jour 28.06.2018 à 19:21
Sur le même thème

https://information.tv5monde.com/terriennes/l-hommage-de-la-nation-francaise-simone-veil-une-femme-au-pantheon-dans-le-temple-des

Voir les commentaires

Les femmes voilées de plus en plus ciblées verbalement ou physiquement, en France et aux Etats-Unis,femmes,violences

30 Juin 2018, 08:00am

Publié par hugo

Les femmes voilées de plus en plus ciblées verbalement ou physiquement, en France et aux Etats-Unis
 
Des mannequins coiffés de voiles lors de l'exposition annuelle   musulmane au Bourget (Nord de Paris) le 30 mars 2018
(AP Photo/Christophe Ena)
A l'occasion d'une étude ménée aux Etats-Unis, et de l'arrestation d'un groupe d'extrême-droite en France, deux événements advenus fin juin 2018, il apparaît qu'il devient de plus en plus risqué pour une femme de marcher dans les rues ou de se déplacer dans les transports publics, si elle porte un foulard ou un voile. 
29 juin 2018
Mise à jour 29.06.2018 à 09:46 par
Sylvie Braibant
dansAccueilTerriennesFemmes voilées, le voile dans tous ses états
Deux informations, de part et d'autre de l'Atlantique, l'une en France et l'autre aux Etats-Unis, donnent quelques sueurs froides. C'est d'abord un groupe de personnes arrêtées aux quatre coins de la France, le 24 juin 2018, avant qu'elles ne passent à l'acte. Issues de la mouvance de l'extrême droite radicale, ces dix-là (hommes et femmes) projetaient des actions violentes contre des cibles musulmanes, parmi lesquelles "s'attaquer à des femmes voilées, choisies au hasard dans la rue" comme nous le rapporte l'AFP.  Ils avaient aussi l'intention de "s'en prendre à des imams radicaux et des détenus islamistes sortant de prison".
Quelques jours auparavant, la Commission des droits humains de la ville de New York (l'une des institutions les plus actives du pays en ce domaine) rendait un rapport de 34 pages sur « La xénophobie, l’islamophobie et l’antisémitisme à New York depuis l’élection présidentielle de 2016 : rapport sur les discriminations, les attitudes partiales, les actes de haine subis par les Musulmans, les Arabes, les Asiatiques, les Juifs et les Sikhs de New York. » Une commission présidée par Carmelyn P. Malalis, une femme, donc, il est toujours bon de le mentionner. Voici ce qu'elle précise : "Cette enquête est l’un des premiers efforts de la Commission sous ma direction. Alarmés par la tendance à la hausse du nombre d’incidents de harcèlement raciste, ou d’agressions contre des Musulmans, des Arabes, des Asiatiques, des Juifs ou des Sikhs, de New York, nous l’avons lancée pour nous donner plus d’informations sur ce que ces communautés vivent, et les obstacles qu’elles doivent franchir en réponse à tout cela. (.../...) Notre espoir est que ce travail permettra de réduire ces incidents et de donner les moyens à ceux/celles qui les subissent, de réagir eux-mêmes." 
Une New-Yorkaise voilée sur quatre agressée dans le métro
Et ce sondage mené auprès de 3105 personnes, représentatives des quelque 400 000 New-Yorkais, chiffre estimé par la ville de New York en fonction des origines mentionnées plus haut, l'affirme : "Les femmes musulmanes sont particulièrement affectées par ces violences: 27,4%, soit une femme sur quatre portant un hijab s'est déjà fait pousser ou bousculer intentionnellement sur une plateforme de métro en raison de son appartenance ethnique et religieuse (contre une moyenne de 13,6% pour les autres minorités)." Plus d'une femme sur quatre.
Et encore, beaucoup, la plupart même, ne portent pas plainte, ou ne signalent pas ces agissements, en un mélange de honte et de peur... Parce qu'elles appartiennent aux "minorités visibles", celles contre lesquelles les racistes peuvent se tourner ouvertement : "Les membres très visibles de ces communautés, y compris les personnes de couleur et celles qui portent des vêtements religieux, sont particulièrement vulnérables au harcèlement verbal, aux menaces, aux agressions physiques et à la discrimination en matière d'emploi." 8,1% d'attaques physiques moins que les verbales avec 18,4%.  Au premier rang desquelles, donc, les assauts contre les femmes voilées... Qui en outre font face à d'autres discriminations publiques, comme celles d'être surveillés, voire suivis par des agents des forces de l'ordre. 
 
Des attaques dans le métro parisien aussi
Ces agressions ne sont cependant pas cantonnées au métro de New York. Si dès 2013, un premier rapport faisait état d'une tendance à l'augmentation des agressions contre les femmes voilées dans l'espace public en France, elles semblent s'être banalisées depuis. Comme nous le raconte Soukaïna Skalli qui a rejoint la rédaction de Terriennes à la mi juin. Quelques jours après son arrivée à Paris, elle a été témoin d'une violente altercation dans le métro parisien.
Je n’arrive pas à y croire
Samia agressée dans le métro pour un bandeau sur la tête
19h30, 22 juin, station Opéra - On est vendredi soir, le métro parisien est plein à craquer. C’est normal, c’est l’heure de pointe et la fin de semaine. Je prends la ligne 8 pour rentrer chez moi. Je suis assise sur un siège, autour de moi, le bruit du métro d’un vendredi est étourdissant. Soudain, un « sale raciste ! » m’interpelle. « Sale con ! ». C’est la voix d’une jeune femme qui hurle. Moi qui pensait assister à une conversation bruyante entre deux amies. La jeune femme, s’approche de moi : « Je n’arrive pas à y croire » me raconte-t-elle, fébrile. Elle s’appelle Samia *, et elle est voilée, voilà la cause de l’agression. Le wagon est rempli, nous sommes tous collés les uns aux autre, et ceux adossés aux portes ouvrantes peinent à atteindre la barre du milieu pour se tenir. Alors que la rame ondule, Samia perd l’équilibre et bouscule un couple avec son sac. C’est le point de départ de l’altercation.
Ses agresseurs sont un couple, la quarantaine. Ils commencent alors à l’insulter, ils la fustigent de remarques racistes. « Rentre dans ton pays ! » « Sale mocheté », « Ce que tu portes sur ta tête c’est moche », «  T’es pas française ! ». En cause ? le simple voile qui couvre ses cheveux. Elle a beau répliquer que sa maman est normande et qu’elle est née en France ça ne change pas. Ils reviennent à la charge, insultes sur insultes avant que ne s’interpose un homme qui ordonne de la laisser tranquille. Et qui lui propose de changer de wagon, ce qu’elle refuse.
La rame se vide peu à peu et reste quelque temps bloquée à l’arrêt. Alors, elle s’assoit en face de moi et me raconte encore. « C’est la première fois que ça m’arrive. Je trouve ça choquant qu’en 2018 on me renvoie encore ça, alors que je suis née en France ». Samia est encore étudiante, youtubeuse à ses heures perdues, elle s'expose à tous et surtout à toutes. Sa chaîne compte à présent 44 000 abonnés et son compte instagram près de 15 900. Sur ses réseaux sociaux, elle prodigue des conseils beauté, se filme dans son quotidien ou encore donne des conseils de vie. Avec son turban sur la tête qui ne gène pas ses fans, mais seulement les idiots… Comme la jeune chanteuse à la voix d’or Mennel qui en a fait, elle aussi, l’amère expérience…
Récit de Soukaïna Skalli (Terriennes)
* le prénom a été modifié
Si les paroles et les actes semblent désormais les mêmes de part et d'autre de l'Atlantique, on pouvait penser que jusque là le rapport à la religion, et singulièrement à l'islam, et au foulard que portent certaines musulmanes pratiquantes en France ou aux Etats-Unis, différait grandement. Voyons par exemple les deux têtes d'affiche de mouvements citoyens, l'un américain, l'autre français, qui ont fait parler d'eux au premier semestre 2018.
 
A gauche, l'américaine Linda Sarsour, l'une des dirigeantes de la "Women march" de Washington, et à droite Maryam Pougetoux, présidente du syndicat étudiant Unef à la Sorbonne (Paris)
AP/Evan Agostini pour Linda Sarsour ; DR pour Maryam Pougetoux
Côté américain, la Women's march née après l'avènement de Donald Trump à la Maison Blanche pour tenter de contrecarrer les projets ouvertement anti-femmes du nouveau président. Le succès de l'initiative a été immédiat et ne s'est pas démenti depuis. Parmi les cheffes de file, Linda Sarsour est sans doute celle qui a le plus fait parler d'elle. Pour le meilleur et pour le pire.
J'aimerais qu'on arrête de me dire 'de retourner dans mon pays'. Brooklyn est mon pays !
Linda Sarsour, féministe américaine, porte parole de la Women's March
Après avoir suscité l'enthousiasme de ses compagnes et compagnons en activisme, en particulier pour un discours prononcé lors de la Women's March de Washington en janvier 2017, avoir été élue “femme de l’année” par l'édition américaine de Glamour, la jeune femme de 38 ans, née à Brooklyn, a subi un violent retour de bâton, agité par les ultra conservateurs et les racistes. Le New York Times cite les messages haineux qu'elle a reçus en rafales, centrés sur son "apparence", c'est à dire le voile qui couvre ses cheveux : "rentre dans ton pays", "deux balles dans ta tête", "une bonne arabe est une une arabe morte", etc, etc.
Brad Lander conseiller municipal démocrate de Brooklyn qui la connaît bien et la soutient face aux attaques constate les changements à l'oeuvre dans son pays : "L'une des caractéristiques horribles du règne de Trump est qu'il menace de nous tribaliser tous."
Linda Sarsour ne manque pas de répondant. A ses agresseurs, dans un entretien accordé au site américain d'information Quartz, elle lance : "J'ai une personnalité très résiliente, la peau épaisse, cela me vient de Brooklyn, et cela me permet de rester concentrée sur ma mission et mes objectifs. Et j'aimerais qu'on arrête de me dire 'de retourner dans mon pays'. BROOKLYN EST MON PAYS !"
Je suis une citoyenne française, j'ai fait des études en France, dans des établissements laïcs et publics. Mon voile je le porte par choix, par conviction religieuse, mais dans le respect de la loi, dans le respect d'autrui
Maryam Pougetoux, syndicaliste étudiante, Unef
Maryam Pougetoux est française, arrière petite fille de résistants, passionnée de littérature qu'elle étudie à la Sorbonne. Engagée en politique, elle a rejoint l'Unef, le syndicat étudiant marqué à gauche (qui a pris la tête du mouvement contre la réforme dite "parcoursup" de la "sélection" pour les études supérieures). Elle en est devenue l'une des dirigeantes parisiennes, dans son université. Mais pour certain.es, elle a un gros défaut, elle porte le voile, ce fichu morceau de tissu, dont elle dit que, "dans sa famille mêlée de catholiques et de musulmans, il ne pose aucun problème".  Dans des cercles intellectuels, comme au plus haut niveau de l'Etat, au sein du gouvernement même, on lui reproche pêle-mêle de "marquer sa différence avec la société française", d'afficher "une foi incompatible avec le syndicalisme", ou de "faire la promotion de l'islam politique". Sur les résaux sociaux, la haine se déchaîne, les insultes fusent, son numéro de téléphone est jeté en patûre.
Aux journalistes de BuzzFeed venus lui poser la question sur ses réactions face au "problème que poserait le voile à certaines personnes", elle répond : "Après les attentats de 2015 notamment, j'ai senti qu'on ne me regardait pas de la même manière, qu'on pouvait me regarder de façon un peu insistante. Mais au niveau universitaire, il y a l'idée que nous sommes tous là pour travailler, pour apprendre, pour étudier. Donc à partir du moment où on se donne les moyens pour le faire, le voile ne pose pas de problème. Lorsque je suis arrivée à l'Unef, on ne m'a pas non plus jugée parce que je portais un voile. C'est pour cela que j'ai pu m'impliquer autant pour ce syndicat et que je m'y sens à l'aise. (.../...) Je suis une citoyenne française, j'ai fait des études en France, dans des établissements laïcs et publics, mon voile n'a aucun lien avec ça. Je le porte par choix, par conviction religieuse, mais dans le respect de la loi, dans le respect d'autrui, donc à partir de ce moment-là, le débat ne devrait même pas se poser.​"
Serait-ce à dire que l'Etat français qui aime à louer son universalisme basculerait lui aussi "dans le tribalisme" évoqué par l'élu américain cité plus haut ? Pas étonnant dans ces conditions que des militants se réclamant d'un passé révolu, nostalgiques de la France coloniale et de l'Action française, ceux qui viennent d'être arrêtés, se sentent autorisés à agresser toute femme portant un foulard sur la tête...
De la liberté avant toute chose
A ce moment de cet article où l'on en arrive à la conclusion, certain.es auront déjà tourné les talons, face à ce qu'ils/elles considèrent comme une défense du voile islamique. Alors non, Terriennes ne défend pas le voile. Nous défendons la liberté individuelle des femmes, celle de refuser de se soumettre à tous les diktats énoncés par les hommes, qu'ils soient religieux ou autres, mais aussi celle de décider de s'y soumettre si tel est leur choix.
Nous avons souvent donné la parole à celles qui se battent contre l'obligation de porter le voile dans des pays où ne pas le faire peut vous valoir au minimum la prison, au pire la mort. Mais nous la donnons aussi à celles qui décident de le porter par choix, ne sont forcées par personne de le faire, ce qui ne leur vaut certes pas d'être tuées mais d'être copieusement insultées et parfois physiquement attaquées. (Encore que l'on ne sait pas jusqu’où voulaient aller ces militants d’extrême droite dans leur croisade. Et par ailleurs, pousser quelqu’une sur un quai de métro pourrait fort mal se terminer.)
 
Libre à chacun.e de critiquer le voile, foulard, hijab, etc, peu importe son nom, et de le faire comme n'importe quel signe religieux de n'importe quelle religion.
Masih Alinejad, activiste iranienne à l’origine du mouvement “My Stealthy Freedom”, une action contre le port du voile imposé dans son pays - et qui lui a valu l'exil pour échapper à la prison ou à l'assassinat -, rappelait lors d’un entretien accordé à Terriennes "qu'elle se battait contre le port du hijab imposé, pas contre le hijab en soi"...
A retrouver sur ces sujets dans Terriennes :
> Masih Alinejad, celle qui pousse les Iraniennes à sortir les cheveux au vent
> Iran : celles qui tombent le voile
> Pourquoi donc les hommes ne se voilent-ils pas ?
> Au Québec, universalistes et multiculturalistes s'affrontent sur l’interdiction du niqab dans les services publics
> Danemark : Sherin Khankan, l'imame qui promeut un féminisme islamique
> Polémique d'été en France : burkini ou pas burkini, telle est la question…
> Voile ou minijupe, religion ou mode, choisir son aliénation ?
> 'Le voile, c’est ton regard qui le met' : quand des artistes s'emparent du foulard
> Viols, voiles, corps de femmes dans la Guerre d'Algérie
Et tout notre dossier > Femmes voilées, le voile dans tous ses Etats
Suivez Sylvie Braibant sur Twitter @braibant1
Sylvie Braibant
Mise à jour 29.06.2018 à 09:46
Sur le même thème

https://information.tv5monde.com/terriennes/les-femmes-voilees-de-plus-en-plus-ciblees-verbalement-ou-physiquement-en-france-et-aux

Voir les commentaires

Droits des femmes en Arabie saoudite : conduire ou s'exprimer, il faut choisir,femmes,

30 Juin 2018, 07:57am

Publié par hugo


Droits des femmes en Arabie saoudite : conduire ou s'exprimer, il faut choisir
 
Se maquiller les yeux oui, s'exprimer librement non. Ce 19 avril 2018 le photographe d'AP immortalise à Riyad une Saoudienne essayant un produit de maquillage pour les cils, une pratique jusque là réservée aux intérieurs des maisonnées... Mais surligner le regard ne devrait pas empêcher d'ouvrir les yeux et la bouche...
(AP Photo/Aya Batrawy
Depuis le dimanche 24 juin 2018 à 0h00 les Saoudiennes peuvent prendre le volant. Cela semble trop beau pour être tout à fait vrai. En moins d'une année, elles se sont vues accorder le droit d'entreprendre, de conduire et d'aller applaudir leurs équipes dans les stades du royaume. Quelques jours avant et encore après ce fameux permis de prendre le volant, plusieurs militantes des droits des femmes étaient arrêtées, mises au secret, sous l'accusation de haute trahison.
29 juin 2018
Mise à jour 29.06.2018 à 07:47 par
Sylvie Braibant
dansAccueilTerriennesLa marche des femmes en Arabie Saoudite
Des cris de joie, des acclamations, des salutations, la nuit saoudienne du samedi 23 au dimanche 24 juin 2018 a retenti de liesse à l’entrée effective  du permis de conduire pour les saoudiennes. Une étape décisive pour beaucoup, au delà du pays lui même... "Aujourd'hui, les femmes peuvent enfin prendre le volant sur les routes saoudiennes. C'est un pas important vers la normalité après des décennies d'interdiction de conduire."
 
Et quelques belles images publicitaires, accompagnées du mot dièse #SaudiWomenDriving  :
 
Mais cette avancée motivée principalement par des arrières pensées économiques ne peut faire oublier le brutal rappel à l’ordre qui s’abat au même moment sur les militantes des droits des femmes. Une évolution donc, pas encore une révolution.
 
 

TV5MONDE
Amnesty International a beau s'émouvoir, une pétition être mise en ligne, gageons que le monde réagira peu à cette attaque frontale aux droits humains menée par les autorités saoudiennes contre les militantes des droits des femmes. L'Arabie Saoudite occupe une place économique et stratégique trop centrale et nécessaire aux puissances occidentales pour que celles-ci se risquent à la moindre critique de la dynastie des Saoud. Dix ou douze personnes, peut-être plus, ont pourtant été arrêtées en moins d'une semaine, dix militant.es, dont plus des deux tiers sont des femmes, œuvrant depuis des années à l'émancipation des Saoudiennes. Et qui selon Amnesty International ne bénéficient d'aucun droit minimum à la défense.
Leur "crime" a ainsi été présenté dans les médias "officiels", en accord avec le communiqué de la Sécurité du Territoire (lien en arabe) :  "elles/ils sont accusés de former une 'cellule', constituant une menace pour la sécurité de l'Etat en raison de leurs liens avec des entités étrangères dans le but de saper la stabilité et le tissu social du pays". Un hashtag (en arabe) les décrivant comme "agents d'ambassades", ainsi qu'un graphique montrant les visages des activistes, ont également circulé sur les médias sociaux, pour que la population comprenne bien à quel point ces personnes étaient malveillantes.
"Agents de l'étranger", "traitres", des adjectifs si souvent utilisés par les dictateurs ou les autocrates pour couper court à toute velléité d'ouverture au monde...
 
Ce brutal rappel à la réalité de l'absolutisme de la monarchie saoudienne n'est pourtant pas très étonnant : les dernières mesures libérales prises (droit de conduire - effectif le 24 juin 2018 -, d'entreprendre, de se rendre dans les stades) sont d'abord destinées à renflouer les caisses malmenées par la crise du pétrole, à favoriser l'économie, le tourisme, la circulation de la monnaie avant celle des personnes, bref à préserver le nerf de la guerre.
 
A retrouver sur ce sujet dans Terriennes :
> Droit d'entreprendre, d'aller dans les stades, de conduire, que cache l'émancipation des Saoudiennes ?
"En dépit du tollé international et des appels à la libération de ces militantes, elles sont toujours détenues à cause de leur activité pacifique pour les droits humains", a déclaré Samah Hadid, directrice des campagnes d'Amnesty International pour le Moyen-Orient. "Les autorités saoudiennes ne peuvent pas continuer à déclarer publiquement qu'elles sont en faveur de réformes, et en même temps traiter les militant.es pour les droits de la femme de cette façon cruelle".
Parmi ces détenues figurent, selon Human Rights Watch, Loujain al-Hathloul - détenue en 2014 pendant 73 jours après avoir tenté de traverser en voiture la frontière entre les Emirats arabes unis et l'Arabie saoudite -, Aziza al-Youssef, professeure retraitée de l'université Roi-Saoud à Ryad, et Hatoon Al-Fassi dernière  victime, le 29 juin 2018, de la campagne menée par les autorités de Riyad contre les défenseures des droits des femmes dans le royaume.
Tandis qu'une journaliste de Dubaï, la Saoudienne Shireen al-Rifaie, était obligée de quitter le pays, précipitamment le 26 juin pour avoir commenté l'avènement des femmes aux volant, vêtue d'une abaya trop décolletée.
 
Jointe grâce à skype, par Radio Canada, Atiya Jaffar l’une des amies  de Loujain al-Hathloul, déjà détenue en 2014 pour avoir pris le volant, réagit à cette arrestation. Elle connaît bien l'activisme de Loujain, elles ont étudié ensemble au Canada, et elle apprécie son sens des risques mesurés aux bénéfices de leur combat.
 
 

Reportage de notre partenaire Radio Canada - 2'43"
Une pétition internationale a été lancée par Amnesty International, une autre par WHRD- MENA, alliance régionale de défenseur.es des droits des femmes dans la MENA (région du Moyen Orient et de l'Afrique du Nord). accompagnée des mots dièses #NotATraitor #ReleaseSaudiWHRDs. Et elle a commencé à faire son effet, puisque l'une des détenues, la sociologue Aysha al-Manea, âgée de 70 ans, et pionnière du mouvement Women to Drive, a été libérée...
 
Quelques heures plus tard, Madeha al-Ajroush, Walaa al-Shubbar et Hessa al-Sheikh, trois autres détenues sortaient à leur tour... Même si les conditions de leur détention restaient obscures...
 
 
Tout gouvernement qui croyait que le prince héritier saoudien est un champion des femmes devrait exiger la libération immédiate et inconditionnelle des militantes des droits humains
Sarah Leah Whitson, directrice de Human Rights Watch pour le Moyen-Orient​
Restent donc incarcérées : Loujain al-Hathloul éminente défenseure des droits humains et pionnière du volant, Iman al-Nafjan blogueuse, militante du droit de conduire, Aziza al-Yousef pourfendeuse du système de tutelle masculine en Arabie saoudite et la journaliste Mayya al-Zahrani, arrêtée le 9 juin, pour avoir publié des commentaires attristés et critiques après l'arrestation, déjà, de l'activiste des droits humains Nouf Abdulazi pour son soutien à Loujain al-Hathlou. Et le 20 juin on apprenait que Nouf Abdelaziz et Mayaa al-Zahrani avaient été mise aux arrêts dans le courant du mois de juin. "Les autorités saoudiennes ont arrêté encore deux militantes (...) dans le cadre de ce qui apparaît comme étant une répression implacable du mouvement pour les droits des femmes", souligne HRW.
 
Tandis que leurs proches aussi sont sommés de se taire. Et tout cela, alors même que le Royaume se targue de délivrer ses premiers permis de conduire à des femmes. Mais pas de permis de parler...
 
"Tout gouvernement qui croyait que le prince héritier saoudien est un réformateur et un champion des femmes devrait exiger la libération immédiate et inconditionnelle de tous les militant.es des droits humains", a lancé Sarah Leah Whitson, directrice de Human Rights Watch pour le Moyen-Orient. "Parce qu'une vraie réforme ne peut se dérouler dans un climat de dystopie où les militant.es des droits sont emprisonné.es et où la liberté d'expression n'existe que pour ceux qui les maltraitent publiquement."
A suivre, parce que #yaduboulot...
 
Le dessin de Dilem pour TV5MONDE le 15 juin 2018
(c) DILEM
Suivez Sylvie Braibant sur Twitter @braibant
A retrouver tout notre dossier sur les (non) droits des femmes en Arabie Saoudite :
> LA MARCHE DES FEMMES EN ARABIE SAOUDITE
Sylvie Braibant
Mise à jour 29.06.2018 à 07:47
Sur le même thème

https://information.tv5monde.com/terriennes/droits-des-femmes-en-arabie-saoudite-conduire-ou-s-exprimer-il-faut-choisir-239133

Voir les commentaires

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 20 > >>