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Le blog de hugo,

L’érotisme dans l’art

27 Février 2022, 03:38am

Publié par hugo

 18 FÉVRIER 2022
Culture \ Livres
L’érotisme dans l’art

Avec 340 pages, riches en découvertes et informations, Laurence Dionigi nous retrace toute l’histoire de l’art de la préhistoire jusqu’à aujourd’hui en rendant hommage aux Vénus. Qu’elles soient actives ou passives, les femmes ont joué un rôle majeur dans l’art érotique car  « historiquement le corps féminin nu ou habillé a été un sujet central dans le monde de l’art à travers toutes les cultures ». Découvrez, dans ce livre passionnant, comment les femmes ont finalement réussi à s’imposer en exprimant leur art à travers le cinéma, la littérature, la peinture, les sculptures … ou encore les réseaux sociaux, sans l’influence du regard masculin.

Le corps des femmes a toujours suscité de la fascination. A la préhistoire, au début de l’ère paléolithique, on a retrouvé des corps nus sous forme de statuettes représentant essentiellement le corps de femmes.

Au cours de ces différentes périodes, en Mésopotamie, à Rome, en Égypte antique, en Grèce, le statut des femmes diffère selon la société, leur condition évolue légèrement lorsqu’elles font parties de la bourgeoisie. Les cultes du phallus, liés aux déesses ou dieux de la sexualité ou encore la prostitution sacrée étaient très prononcés. Quant à la représentation de l’art érotique, elle reste mineure, sauf le papyrus érotique de Turin qui montre des scènes sexuelles.

C’est entre le XIV et XV ème siècle, que l’art s’étend dans toute l’Europe. Il y a un retour à l’Antiquité considéré comme un âge d’or. C’est ici qu’intervient le mouvement Quattrocento, de l’art inspiré par le divin. En effet, de plus en plus de peintres créent des œuvres suscitant le désir physique. Ils peignent le corps de femmes en y mêlant des allégories ou des thèmes religieux ou de l’amour tout en faisant attention à l’église. Les Florentins furent les premiers peintres à réintroduire le nu sous formes d’allégorie avec des personnages de la mythologie biblique ou antique. Ainsi, des artistes ont essayé de représenter des actes sexuels ou la sexualisation de personnages bibliques qui furent détruite par l’inquisition et l’église. C’est le cas de Giulio Romano et Marcantonio Raimondi, ce qui donna la naissance de l’art érotique.

Malgré la censure de l’église, des gravures érotiques sont commandées et circulent dans toute l’Europe.

La posture des femmes change avec la renaissance puisque les peintres de cette époque voient en celles-ci, des tentatrices, des déesses inaccessibles… Il est important de souligner que le corps des hommes ne restait pas en marge de cette reprise.

Les peintres de cette génération veulent apporter leur touche avec des paysages, des jeux de lumière, du réel, des décors de la vie quotidienne et des personnages plus expressifs mais ne rompent pas avec les allégories, les émotions de la renaissance et les thèmes bibliques.

Au début du XIX ème siècle en Europe, de nouvelles lois sont mises en place mais la situation des femmes n’évolue pas énormément. Elles restent toujours infériorisées et sous la tutelle de leur mari. L’éducation commence à se populariser aussi bien chez les filles que les garçons même si dans la troisième république, les jeunes filles ne sont toujours pas autorisées à passer le baccalauréat. De plus en plus, des revendications féministes commencent à se faire entendre.

Le monde artistique est régulé par des académies et enfin considéré comme un véritable travail intellectuel. Plusieurs courants artistiques tels que le romantisme le symbolisme le réalisme, l’Impressionnisme … pour ne citer que ceux-là, apparaissent. Le métier d’artiste est désormais valorisé, elle/il travaille pour elle/lui-même et vend ses œuvres.

Les impressionnistes proposaient des nus sans artifice. Hélène Bertaux, créatrice de l’union des femmes peintres et sculpteurs, fut la première à oser exposer un nu masculin très pudique contrairement à ses homologues masculins. Ce siècle est marqué par la volonté d’exister en tant qu’individu, on assiste à la naissance du féminisme et l’invention du corset gorge qui marque la libération du corps. Il y a également une multitude de courants artistiques qui émergent.

Un peu plus tard, les femmes sont enfin acceptées dans les beaux-arts de Paris et la période des années folles leur permettra de s’exprimer et notamment dans l’art. C’est le cas de Romaine Brooks qui ne peindra que des femmes lesbiennes ou qui assument leur orientation sexuelle. Une nouvelle génération d’artistes transforme les concepts traditionnels de l’esthétique en plaçant l’art au-delà de la recherche du beau mais en incluant l’artiste, la spectatrice/le spectateur de l’œuvre et l’œuvre elle-même. L’art devient donc un acte de communication.

Des artistes masculins osent des œuvres mettant en exergue la beauté du corps masculin, c’est le cas d’Henri Léon Gerber. Parallèlement à ces courants se développe le mouvement cubisme avec Picasso, Braque, Leger.

Le courant des surréalistes est le mouvement artistique qui a le plus célébré les femmes que ce soit dans la poésie, la musique mais celles-ci ne sont jamais mises au centre en tant que créatrices ou actrices, elles restent à leur place d’objet qui fascine homme. Elles sont donc passives et dépendantes des fantasmes masculins.

Après la seconde guerre mondiale, les sociétés occidentales connaissent un essor économique et les 30 glorieuses y contribuent aussi. En quelques décennies, on passe à une société moderne, l’individu décide par lui-même avec la libération sexuelle, surtout celle des femmes, le corps est au centre de toutes les représentations artistiques.

Lorsque la censure disparait dans l’art en 1960, les artistes s’en donnent à cœur joie et représentent à foison dans leurs œuvres des organes sexuels dans leur détail. On assiste à l’âge d’or du cinéma hollywoodien avec des actrices qui incarnent des femmes fatales libres fougues et rebelles.

L’ouvrage Le deuxième sexe de Simone de Beauvoir est critiqué lors de sa publication, de nombreuses autrices engagées comme Benoite Groult ou Annie Lecler proposent des statuts sur le rôle des femmes. En revanche, le film érotique Emmanuelle totalise 45 millions de spectatrices/spectateurs dans le monde.

Au milieu du XX ème siècle, l’art élitiste et fermé, bascule dans la culture de masse à l’image de la société de consommation. Les références changent, elles ne sont plus religieuses ou antiques, le public devient universel et non sélectif. L’art contemporain se veut fragile, donc différent de la notion d’éternité auquel il a toujours été assimilé.

De nombreuses vagues artistiques se succèdent souhaitant redéfinir même l’art. Il s’agit du pop art (inspiré de la société de consommation, de la presse à scandale), du land art, du body art, de l’art numérique, du body positive (acceptation du corps) etc. Le corps et sa libération sont devenus des manifestations fréquentes, des supports de performance. Des femmes artistes s’affirment telles que Louise Bourgeois, Niki de Saint Phalle, Orlan, Marina, Penny Slinger montrant l’art différemment et souhaitant reprendre la place qui leur a été souvent arrachée. Valie Export, l’une des pionnières de l’art médiatique ou cinéma tactile dénonce dans ses œuvres la femme objet et aborde la notion de consentement. Féministe, elle se révolte contre la société patriarcale. Plusieurs artistes femmes suivent le mouvement.

Au début des années 2000, l’art contemporain est dominé par la photo, la vidéo, et la retouche numérique. L’illustration et la bande dessinée connaissent aussi un essor considérable à cette période. L’art s’installe, s’invite dans notre quotidien et devient un moyen d’expression et de communication. Les musées et les fondations accueillent des œuvres d’art. Avec les nouvelles technologies, l’art holographique virtuel ou robotique fait son entrée. La plasticienne féministe Orlan crée un androïde sexy.

En 2013, une pétition lancée contre le tableau de Balthus qui avait une manière perverse de peindre les jeunes filles installées au Museum of art de New York n’a pas aboutie car « Historiquement le corps féminin nu ou habillé a été un sujet central dans le monde de l’art à travers toutes les cultures ».

L’art érotique s’impose dans les rues, les parcs, avec des photos, des peintures ou des sculptures : Tree de Maccarthy en 2014, Le clitoris soufflé de Laurence Dufay en 2017, etc.

Le mouvement Metoo a libéré la parole et les revendications féministes. Même si les femmes ne sont pas autant représentées dans les musées, on assiste a un érotisme 100 % féminin, projection du désir des femme exprimé par des femmes, sans l’influence du regard masculin. C’est le cas de l’artiste Ana Uru qui fait de l’érotico-pop pour défendre une égalité des sexes.

Aujourd’hui, les femmes revendiquent leur sexualité. Internet et les réseaux sociaux ont permis de véhiculer et de démocratiser l’art au féminin sur tous types de supports.

Alexandra Koffi 50-50 Magazine

Laurence Dionigi L’érotisme dans l’art. Hommage aux Vénus de l’histoire Ed. Ovadia  2020


https://www.50-50magazine.fr/2022/02/18/lerotisme-dans-lart-de-laurence-dionigi/

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Enquête violences sexistes et sexuelles dans les études de pharmacie

27 Février 2022, 03:23am

Publié par hugo

 14 FÉVRIER 2022
Articles récents \ France \ Santé
Enquête violences sexistes et sexuelles dans les études de pharmacie

L’Association Nationale des Étudiant·es en Pharmacie de France (ANEPF) a mené, en décembre 2021, une enquête portant sur le sujet des violences sexistes et sexuelles au sein des études de pharmacie, et notamment lors des stages que doivent réaliser les étudiant·es pendant leurs années de formation. 

La question du harcèlement sexuel dans les études supérieures a déjà été abordée plusieurs fois mais n’a que rarement été prise au sérieux. Les bizutages des autres étudiant·es, les demandes insistantes des supérieur·es hiérarchiques ou le silence venant de l’administration sont considérés comme normal en pharmacie, voire même comme étant des “traditions” justifiables. Heureusement, les nouvelles générations veulent mettre fin à ces pratiques. Cette étude de grande envergure de l’ANEPF s’inscrit dans la continuité du mouvement MeToo de 2017. Pour l’association il est temps de faire bouger les choses et pour cela, il est important d’avoir une vision claire de la situation actuelle.

L’étude que l’association a réalisée en décembre 2021 a porté sur un panel de 2103 personnes, parmi lesquelles des étudiant·es, des professionnel·les ou encore des professeur·es. Parmi les répondant·es, une large majorité sont des femmes, 75.7%, car plus touchées par les cas de violences sexistes et sexuelles que les hommes.

Qui sont les auteur·es ?

La première question de cette étude concernait les remarques sexistes, en avez-vous déjà reçu et si oui, de la part de qui ? A cette question 49% des étudiant·es interrogé·es ont répondu en avoir déjà été victimes, soit presque un·e étudiant·e sur deux. De plus, parmi l’ensemble du panel, ces outrages concernent 55.4% de femmes contre 28.6% d’hommes. Les femmes reçoivent donc deux fois plus de remarques sexistes que leurs homologues masculins.

Ensuite, pour désigner les auteur·es de ces outrages, l’étude proposait une question à choix multiples et les différents pourcentages prouvent qu’il est très fréquent qu’une seule victime ait subi des remarques de différentes personnes. Ainsi, 89% des répondant·es ont reçu ces commentaires sexistes de la part d’autres étudiant·es, 30.3% par des professeur·es de la faculté de pharmacie et 8.7% par des membres du personnel administratif. Cette diversité de coupables montre que les agissements sexistes imprègnent toutes les strates des études de pharmacie. 48.8% des femmes interrogées ont répondu avoir à répondre à ce genre de remarques régulièrement. De l’autre-côté, 18.5% des hommes disent en avoir fait les frais. Concrètement, cela signifie qu’une femme sur deux et qu’un homme sur cinq subissent quotidiennement du harcèlement dans le cadre des études de pharmacie.

Ces agissements ne demeurent pas au stade de remarques. 27% des étudiantes victimes sondées déclarent en avoir été victimes contre 13.2% des hommes interrogés. Ces agressions proviennent principalement des étudiant·es (à 83.4%) mais le corps enseignant et le personnel administratif sont également responsables de 7.4% des cas. Il convient de rappeler qu’il est extrêmement rare qu’un·e professeur·e soit condamné·e pour ses actions. Bien souvent, l’université ne réagit pas ou bien ne renouvelle pas le contrat de l’enseignant·e à la fin du semestre sans en donner la raison. A 85% ces actes se sont déroulés lors de soirées étudiantes (intégration, bizutages etc), et les 15% restants ont eu lieu au sein même des facultés.

13 propositions d’actions

Pour l’ANEPF, la lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans l’enseignement supérieur doit s’articuler sur deux axes : la lutte contre les conséquences et l’impact des violences sur les individus et la sensibilisation des étudiant·es, des membres de l’administration et de l’équipe pédagogique à ces violences.

Pour ce faire, l’ANEPF propose avec le soutien de la Conférence des Doyens de Pharmacie 13 résolutions.

1 ) Œuvrer pour améliorer la communication sur les dispositifs d’accompagnement des victimes au sein des OFR Pharmacie, et ainsi permettre une meilleure prise en charge des étudiant·es.

2 ) Communiquer sur les dispositifs de signalement existants, vulgariser la procédure et travailler sur leur mise en place dans les établissements où ils n’existeraient pas.

3 ) Mettre en place des sessions de formations obligatoires pour les personnels administratifs et pédagogiques au sujet de la prise en charge des étudiant·es victimes, de l’accompagnement, de l’orientation et des ressources disponibles.

4 ) Rédiger et mettre à disposition des étudiant·es des feuilles de route sur la marche à suivre à destination des victimes, des proches de victimes, des témoins et des étudiant·es recueillant des signalements à l’officine.

5 ) Inciter à la mise en place de groupes de paroles dans les universités entre étudiant·es mais également entre membres du personnel administratif et pédagogique.

6 ) Former les tutorats et les associations étudiantes à la prise en charge et à l’accompagnement des victimes.

7 ) Mettre en place des référent·es étudiant·es chargé·es d’accompagner et de conseiller les étudiant·es qui feraient appel à elles et eux.

8 ) L’ANEPF s’engage à travailler sur un dispositif de signalement en temps réel pour les situations graves lors des stages.

9 ) Sensibiliser et former le réseau étudiant et associatif à raison d’un atelier sur les violences sexistes et sexuelles par Assemblée Générale de l’ANEPF

10 ) Publier le Guide des Affaires Sociales de l’ANEPF, contenant tout un volet sur les violences sexistes et sexuelles pour sensibiliser à plus grande échelle sur leur site internet.

11 ) Créer un temps de sensibilisation aux violences obligatoires pour tout le corps étudiant de la faculté de pharmacie, et pour les membres du personnel pédagogique et administratif.

12 ) L’ANEPF demande à ce que les maîtresses et maîtres de stage en pharmacie soient sensibilisé·es à cette problématique et que cette sensibilisation soit un critère du dossier d’agrément.

13 ) L’ANEPF s’engage à continuer de s’impliquer auprès du Centre National d’appui à la qualité de vie des étudiant·es en santé (CNA) afin de développer les nouvelles missions du CNA vis-à-vis de la lutte contre ces violences dans l’Enseignement Supérieur.

Ces propositions sont en réponse aux chiffres mentionnés plus haut. Ces extraits de l’enquête permettent déjà de dresser un état des lieux glaçant de la situation actuelle au sein des études de pharmacie. Bien que la sensibilisation à ces violences augmentent d’années en années, seulement un·e étudiant·e sur deux estime savoir comment réagir face à celles-ci. De plus, l’ANEPF s’engage à s’investir pour protéger les étudiant·es alors que l’association est elle-même composée d’étudiant·es. Pourtant, après avoir l’enquête il s’est avéré que la sensibilisation s’est faite grâce aux autres associations étudiantes, grâce aux réseaux sociaux, et enfin grâce aux campagnes de sensibilisation nationale.

C’est le gouvernement qui devrait être le premier à agir, et non pas laisser cette responsabilité à des étudiant·es. Il est inacceptable que l’État soit si peu investi dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Dans ces universités où le harcèlement est toléré et surtout banalisé, ce sont nos futur·es professionnel·les de santé qui sont formé·es. Si même ces personnes sont des agresseuses/agresseurs, alors qui protégera leurs victimes ?

Célia Rabot 50-50 Magazine


https://www.50-50magazine.fr/2022/02/14/enquete-violences-sexistes-et-sexuelles-dans-les-etudes-de-pharmacie/

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Lucien Douib : « un gendarme lui a dit, ce n’est pas encore fini cette histoire ? » 2/2

27 Février 2022, 03:20am

Publié par hugo

 11 FÉVRIER 2022
Articles récents \ DÉBATS \ Témoignages
Lucien Douib : « un gendarme lui a dit, ce n’est pas encore fini cette histoire ? » 2/2

Le 3 Mars 2019 la vie de Julie Douib a basculé mais aussi celle de tous ses proches. Elle a été assassinée à son domicile par son ex compagnon. Julie est le 30ème féminicide de l’année 2019. Ce passage à l’acte est arrivé après de nombreuses plaintes, qui ont disparues à ce jour.. Le Grenelle des violences a eu lieu mais aujourd’hui encore il y a de nombreux féminicides. Les procès sont longs et coûteux en énergie. Le père de Julie, Lucien est toujours en procès car l’ex-compagnon de sa fille a fait appel du jugement alors qu’il a avoué son crime. En l’approche de la présidentielle il est temps de prendre de réels engagements. Quel honneur de recueillir le témoignage émouvant de Lucien Douib qui se bat sans relâche avec une force immense pour la mémoire de sa fille. Il participe à des colloques tel qu’en octobre dernier, la journée débat 360° Violences conjugales : sortir de l’isolement pour s’en sortir. Il mène des actions comme de mettre en place des lieux de mémoire, il a partagé son histoire dans un documentaire, il organise des marches… 

Julie avait retrouvé sa petite vie de femme, elle avait retrouvé un travail, un appartement mais vivait toujours dans la crainte à cause de ce monsieur qui était constamment présent. Les plaintes se sont enchaînées à la gendarmerie dont la fameuse où elle dit qu’il avait une arme et où on lui a répondu « madame tant qu’il ne s’en est pas servi, on ne peut rien faire ». On a appris après qu’ils auraient dû faire le nécessaire. Ainsi lorsqu’il l’a mise à la porte sans vêtements, à la gendarmerie on lui a dit: « madame on ne peut pas aller chercher vos vêtements parce que vous êtes chez lui et non chez vous ». On a finalement appris que quand vous êtes avec quelqu’un depuis X mois vous êtes chez vous ! Donc ils auraient dû toquer à la porte, l’accompagner, chercher ses affaires et ressortir. Juste l’accompagner tout simplement.. J’étais là lorsqu’un jour elle est allée porter plainte et qu’un gendarme lui a dit « ce n’est pas encore fini cette histoire ? », comme si c’était banal. Comme si elle venait porter plainte pour un rien. Ils n’ont pas su la protéger, ils l’ont laissée partir sans s’inquiéter de ce qui pouvait lui arriver.

Moi aussi quand j’allais porter plainte pour menaces de mort, on ne me demandait pas si j’étais prêt à rentrer à l’hôtel ou à rentrer chez ma fille, si je n’avais pas peur. On aurait pu, je ne sais pas, me demander si je me sentais rassuré, car je n’ai pas été porter plainte pour un mal de dents, c’était pour des menaces de mort !

Jusqu’à ce fameux jour où Julie avait la garde de ses enfants et que ce monsieur est venu les chercher un vendredi au lieu du dimanche. Elle lui les a donnés pour ne pas faire d’histoires et elle a porté plainte à la gendarmerie. Elle a demandé où en étaient les plaintes, à ce moment-là il y en avait une dizaine entre nous deux, et le gendarme lui a dit « madame toutes vos plaintes ont été classées sans suite ». Et Julie a répondu « il faudra qu’il me tue pour que vous me preniez au sérieux ». Deux jours plus tard c’est ce qu’il s’est passé. Il est monté et a tiré trois balles.

La pauvre a vécu l’enfer pendant des mois sans qu’on puisse la protéger, sans qu’on puisse prendre conscience de ce qui se passait. C’était très très compliqué pour elle. Après le procès nous avons compris l’ampleur de tout ce qu’il avait pu lui faire avant de la tuer. La violence de cet homme, de ces hommes,  est inacceptable. Rien que pour ça, ils devraient être punis de perpétuité, c’est inadmissible et c’est ce qui me fait aujourd’hui très mal. Je ne lui pardonnerai jamais, ça c’est une certitude, mais je lui en veux encore plus pour ce qu’il lui a fait subir avant de la tuer. Les années de coups, de violences, de coups de poings devant les enfants, de souffrance psychologique puis physique, puis cet acte dingue … Je pense vraiment qu’on aurait pu la sauver si elle avait été écoutée.

Je demande, depuis trois ans, qu’on m’explique comment dix plaintes peuvent disparaître, comment une magistrate peut dire ouvertement qu’elle n’a reçu que deux plaintes qui ne correspondent pas à ce que Julie nous a raconté. Je voudrais bien qu’on m’explique un jour où sont passées ces plaintes, qu’est ce qu’elles sont devenues, parce que les preuves et les plaintes on les a entre les mains. Si il y a eu un manquement, qu’on nous le dise, qu’on nous l’explique. Nous laisser dans le doute, c’est nous laisser dans l’impossibilité d’avancer, on se pose toujours les mêmes questions.

C’est ça qui est révoltant, est-ce qu’on aurait pu la sauver, je pense que oui ! Je ne sais pas si ça aurait fonctionné parce que ce genre d’hommes s’ils ont envie de frapper, rien ne les arrête mais si on avait fait le nécessaire et qu’on l’avait mis en prison, peut être qu’elle serait là aujourd’hui.

Il y a encore beaucoup beaucoup de choses à faire pour que les femmes soient écoutées et surtout protégées. Comme j’ai pu l’expliquer quand j’étais avec Mme la ministre Moreno c’est qu’on ne devrait pas laisser une femme sortir des commissariats de police comme ça. On n’a pas le droit de la laisser seule après qu’elle ait eu le courage de porter plainte. On sait que ça va mal finir.

Le problème de tous les féminicides, c’est que c’est  toujours la même histoire. Quand une femme s’en sort c’est déjà énorme, mais la pauvre a tellement pris de coups et subi de violences qu’elle est détruite pour tout le reste de sa vie. Ne pas protéger les femmes qui viennent porter plainte c’est pire que tout, ça ne devrait même pas exister ! Les hommes ne sont pas assez punis pour ce qu’ils font. J’ai du mal a comprendre comment on peut donner l’autorisation à un meurtrier qui reconnaît son acte le droit de faire appel ou même tout simplement d’être mis en procès. « J’avoue que j’ai tué, j’assume ce que j’ai fait » et j’ai encore le droit d’emmerder les gens. C’est très très lourd à accepter.

Ça ne s’arrête jamais pour nous, ça fait trois ans bientôt que nous n’avons pas de répit. Nous avons pris perpétuité, nous ne dormirons jamais plus comme il faut… Et lui dort sûrement bien. Il a pris perpétuité avec 22 ans de sûreté, mais il a fait appel donc aujourd’hui il est encore considéré comme innocent… On attend la date de l’appel et donc on doit recommencer un nouveau procès. Comme si d’avoir avoué avoir tué quelqu’un ce n’était pas assez clair pour qu’on évite un nouveau procès.

Trois ans plus tard, nous nous retrouvons au même point qu’au début. Nous savions qu’il fallait des années avant de passer au tribunal mais là il faut tout recommencer, reprendre des avocat.es, repartir  en Corse, réentendre des choses que nous voulions mettre un peu de côté comme les insultes ou que ma fille était une mauvaise mère… Lui n’ a plus rien a perdre donc il peut raconter ce qu’il veut, elle n’est plus là pour dire le contraire. Nous allons être présente.s, nous allons nous battre pour qu’il reprenne la même peine et j’espère que la justice va faire encore une fois son travail et afin que cela serve pour les procès d’autres hommes.

Il faut que cet homme purge une peine pour l’assassinat de Julie. Il faut que chaque féminicide soit jugé et que ces hommes paient de la même façon, chacun pour l’acte qu’il a fait. 

C’est nous qui avons la garde des enfants, la délégation de l’autorité parentale, nous avons des droits, mais Bruno qui avait été déchu des droits parentaux au procès, a fait appel de la décision au mois de juillet dernier, donc il les a récupérés. La décision est caduque ! Nous attendons une date d’appel aussi pour les enfants. Il n’a pas de contrôle sur ce que nous faisons parce qu’il est en prison, mais il a toujours un droit de regard. Il a un droit de correspondance, mais les lettres ne peuvent être vues que si les enfants ont envie que nous leur lisions. Il ne veut pas que nous leur lisions ses lettres donc, il fait aussi appel sur cette question. Nous touchons les aides de la CAF puisque les enfants sont chez nous. Il a fait appel,  en fait il veut que les enfants repartent en Corse chez l’une de ses sœurs. Il fait appel de tout. Il n’a que ça a faire donc tous les six mois, nous y avons droit, appel sur appel. Qu’on nous laisse tranquilles pour élever les enfants le mieux possible !  

J’ai été voir ma fille à la morgue à l’hôpital de Bastia, ça m’as donné la force de me battre. J’ai embrassé son cercueil et je lui ait promis deux choses, que nous nous occuperions de ses enfants et qu’il paierait pour ce qu’il lui a fait. C’était une façon de crier ma colère et aussi une façon de mener une thérapie, d’essayer de changer les choses pour toutes les autres femmes qui sont encore vivantes c’est important. On me dit souvent que je suis courageux mais je ne sais pas si on peut appeler ça du courage… J’ai tellement envie que justice soit faite. Il a détruit la mère de mes petits-enfants, il a assassiné ma fille, il a détruit des dizaines de gens qui aimaient Julie, il n’a pas fait qu’une victime. Ce genre d’homme ne doit pas dormir tranquille en prison, même s’il prend 22 ans de sûreté. Moi je ne dors pas et je ne dormirai plus.

Je pense qu’on peut sauver quelques femmes, s’il y a de moins en moins de violences et de féminicides on aura gagné. En faisant bouger le gouvernement, en écoutant plus les victimes, en ouvrant les commissariats... Ce sont des victimes, pas des coupables, ce n’est pas de leur faute ce qui leur arrive c’est de la faute de ces hommes. Il faut qu’elles aient le courage de parler, de crier, d’aller a la gendarmerie ou à la police et de ressortir avec des plaintes. Qu’elles reviennent avec un avocat·e ou une amie ou qu’elles se mettent par terre. C’est une loi donc dans la mesure où on va prendre une plainte parce que vous avez perdu votre chien, on doit prendre votre plainte parce que vous avez pris des coups. N’ayez pas peur ! Mon souhait c’est que plus jamais je n’entende qu’une femme ait posé une main courante, mais il faut qu’elle porte plainte. Je sais qu’il y en a encore beaucoup qui ont peur… Il faut en parler à sa famille, ses amis… Ce n’est pas une honte ce qui leur arrive ce n’est pas elles qui l’ont choisi.

Aujourd’hui beaucoup de femmes, des actrices osent parler de ce qu’elles ont vécu des années en arrière. La parole se libère. Il y a quelques retombées, des gens vont être condamnés et vont payer pour ce qu’ils ont fait. Il faut que toutes les autres se disent aussi qu’il n’y a que malheureusement qu’en criant sa colère qu’on peut faire changer les choses.

Par le biais du téléfilm racontant l’histoire de Julie, je cherche a faire des action de mon côté car rentrer dans une association à ce jour je ne peux pas car je suis toujours en procès. Ce que j’aimerais faire dans les années qui viennent c’est aller dans les universités, les écoles, les colloques, afin d’expliquer ce que Julie a subi et que ce sont les femmes qui peuvent faire changer les choses en n’acceptant plus ce qui leur arrive. On ne doit jamais pardonner a un homme qui a levé la main. Ce sont des messages que j’aimerais faire passer. Même une jeune fille de 15/16 ans qui tombe sur un garçon de son âge qui est violent doit comprendre qu’elle doit vite partir. Si on peut faire comprendre ça dès le plus jeune âge et bien tant mieux.

J’ai eu dans mon malheur l’honneur d’ouvrir le Grenelle des violences conjugales. Je sais que ça bouge avec les téléphones grave danger, les bracelets électroniques, les appartements et les accueils dans les commissariats… Le problème c’est qu’on en arrive toujours au même point, c’est le parcours qui n’a pas changé. Celles qui sont parties ont été assassinées, elles n’ont pas été écoutées, elles ont porté plainte. Trois ans après ma fille il y a encore des femmes qui meurent de la même façon. 

En 2022 il y a déjà eu de nombreux féminicides, dont une militaire, donc c’est la preuve que les violences touchent tout le monde ! Tant que les gendarmes et les policiers ne seront pas punis, rien ne changera parce que si ils protègent pas une femme qui vient porter plainte c’est de la non assistance à personne en danger. Ils méritent d’avoir des sanctions. Je n’en veux pas à la gendarmerie j’en veux à ceux qui ne l’ont pas écoutée et qui l’ont laissée partir. Je sais qu’il y a eu des gendarmes qui ont fait un travail extraordinaire, il y en a eu d’autres qui n’ont rien f et aujourd’hui elle n’est plus là.

Pour le moment, mon premier combat c’est que Bruno paie. Tant que lui n’aura pas pris ce qu’il a a prendre moi je ne suis pas tranquille… J’ai appris qu’à Meyrignac les six policiers qui n’avaient pas fait leur boulot lors de l’assassinat de Chahinez Boutaa s’en sortent avec pas grand-chose. Ce n’est pas normal c’est quand même de leur faute ce qu’il s’est passé.  Si vous ne faites pas votre travail dans une usine on vous vire ! Julie n’est plus là et je pense qu’elle aurait pu être encore là si elle avait été écoutée, ou qu’on avait pris des décisions importantes comme le fait de retirer l’arme de ce monsieur. Il l’a tué avec son arme donc ça n’aurait peut être pas eu lieu si on lui avait retirée.

La seule chose qu’on ne peut pas reprocher, ni à Julie ni à moi, c’est de ne pas avoir fait ce qu’il fallait. Julie n’a jamais retiré aucune plainte, elle a toujours été présente. Elle a tout fait pour qu’on la prenne au sérieux, ça a bougé mais pas assez. La destitution de l’autorité parentale on nous l’avait promis, il y a trois ans, lors du Grenelle et elle n’est toujours pas en place.

Il faudrait que chaque femme, preuves à l’appui, venant porter plainte pour violences reçoive un téléphone grave danger et que son compagnon ou ex-compagnon ait un bracelet tout de suite. Le bracelet électronique n’est d’ailleurs mis que si monsieur est d’accord donc ça ne sert pas forcément à grand-chose… Pareil pour le téléphone grave danger, car si vous allez faire des courses et qu’il est à côté de vous c’est trop tard pour appeler… J’ai du mal a comprendre qu’un homme violent accepte de mettre un bracelet électronique pour prévenir s’il a l’intention de frapper sa femme, ou alors il est fou…

Il faut que les peines soient redéfinies. Il faut que celui qui va lever la main sur une femme sache qu’il va prendre trois ans de prison ferme sans jugement et si il récidive six ans. Un auteur de féminicide doit prendre perpétuité. Et si c’est défini à l’avance peut être que quelques uns réfléchiraient. Il faut que ce soient des peines dissuasives. J’avais expliqué en rigolant à l’époque que le bracelet électronique devrait électrocuter le monsieur quand il s’approche trop près de sa femme, sinon je n’en voyais pas l’intérêt. Le temps que la police soit prévenue et qu’elle arrive, il a le temps de faire ce qu’il veut. Je pense qu’il faut être plus dur dans les peines et surtout les appliquer.

On avance, il faut le reconnaître, mais encore une fois, pas assez vite. Le message que je veux faire absolument passer aux femmes c’est que ce ne sont pas des coupables, ce sont victimes. Il faut qu’elles n’aient pas peur de parler, de crier, de se plaindre et qu’elles ressortent toujours des commissariats avec des plaintes, c’est important. Qu’elles n’aient pas peur de frapper à la porte des gens autour d’elles, si elles se sentent en danger. Il y aura toujours une personne qui leur ouvrira la porte et leur sauvera la vie.

Témoignage recueilli par Camille Goasduff 50-50Magazine

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Lucien Douib : « ça a été le début de l’enfer pour elle, mais aussi pour moi » 1/2

27 Février 2022, 03:17am

Publié par hugo

 10 FÉVRIER 2022
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Lucien Douib : « ça a été le début de l’enfer pour elle, mais aussi pour moi » 1/2

Le 3 Mars 2019 la vie de Julie Douib a basculé mais aussi celle de tous ses proches. Elle a été assassinée à son domicile par son ex compagnon. Julie est le 30ème féminicide de l’année 2019. Ce passage à l’acte est arrivé après de nombreuses plaintes, qui ont disparues à ce jour.. Le Grenelle des violences a eu lieu mais aujourd’hui encore il y a de nombreux féminicides. Les procès sont longs et coûteux en énergie. Le père de Julie, Lucien est toujours en procès car l’ex-compagnon de sa fille a fait appel du jugement alors qu’il a avoué son crime. En l’approche de la présidentielle il est temps de prendre de réels engagements. Quel honneur de recueillir le témoignage émouvant de Lucien Douib qui se bat sans relâche avec une force immense pour la mémoire de sa fille. Il participe à des colloques tel qu’en octobre dernier la journée débat 360° Violences conjugales : sortir de l’isolement pour s’en sortir. Il mène des actions comme de mettre en place des lieux de mémoire, il a partagé son histoire dans un documentaire, il organise des marches… 

A la suite de ses études à la fac, Julie avait décidé de faire un break et de faire des petits boulots d’été. Elle avait trouvé un job de serveuse dans un restaurant à Calvi, c’était en 2006. Elle est partie faire sa saison et au bout d’un mois environ elle nous a appelés pour nous dire que tout allait bien et qu’elle avait rencontré un jeune homme. C’étaient les vacances donc c’était normal pour une belle fille comme elle. On lui a dit qu’on était rassurés et de nous tenir informés.

A la fin de l’été, elle nous a annoncé qu’elle avait l’intention de rester vivre en Corse avec ce monsieur, avec Bruno. Elle allait bien, tout allait bien. Donc on lui a dit qu’il n’y avait pas de problèmes qu’elle pouvait rester et qu’on viendrait la voir. Au début tout allait bien donc, c’est comme toute rencontre d’un homme qui veut draguer une belle jeune femme. C’était des gentillesses, des restaurants, des attentions, il la sortait, l’envoyait faire du bateau… C’était la Corse, le soleil, la plage… Quelques mois après, en octobre, ils sont venus à Vaires-sur-Marne pour faire les présentations. Il était charmant, on discutait, c’était tranquille.. Si je me souviens bien, ils sont repartis en novembre et puis elle s’est installée chez lui en Corse. C’était les premières années de la vie de Julie avec cet homme…Il était très attentionné à l’arrivée du premier enfant en 2008. Il était présent, il s’occupait d’elle, il la chouchoutait.

Trois ans après, il y a eu la naissance du deuxième enfant. A partir de ce moment-là on a senti qu’il commençait son travail de sape, de bourreau, d’emprise sur elle… Il lui disait « Pourquoi est-ce-que tu veux aller travailler, je travaille pour vous, la famille c’est nous, c’est le plus important ! Tu n’as pas besoin de tes ami·es, de ta famille…». Il a commencé un petit peu à l’isoler de nous et de ses amis… Quand l’amour est là malheureusement on fait un choix et elle a fait le choix de s’isoler un petit peu des autres par amour pour lui et par amour pour ses enfants. C’était normal, on ne peut pas lui reprocher d’avoir fait ce choix mais on sentait quand même qu’elle était moins heureuse, moins gaie, moins souriante. On sentait qu’il y avait quelque chose, mais l’on ne savait pas exactement quoi…

Au début quand on se rendait en Corse on dormait chez eux, tout se passait bien. Puis une année, il nous a fait comprendre qu’on n’était pas forcément les bienvenus. Il ne nous adressait pratiquement plus la parole, l’apéritif qu’on buvait ensemble l’année d’avant on ne le prenait plus… On sentait qu’on gênait. Avec mon épouse Violette on avait décidé pour ne pas faire d’histoires de prendre une location dans un hôtel de l’île rousse afin de voir Julie et les enfants. Il avait le droit de ne pas nous aimer après tout, il avait le droit d’aimer Julie et ses enfants et pas nous. Mais bon, on sentait qu’il y avait quelque chose. Après, il a réussi à l’isoler complètement c’est-à-dire « Tu ne travaille plus, tu reste a la maison, tu élèves les enfants… ». C’était devenu plus strict. Vers 2006 jusqu’en 2013/2014, Julie a commencé à créer sa petite fabrique de bijoux, sur internet c’était « Créachic Bijoux ». Un ou deux ans après, elle a commencé à s’agrandir un peu; elle faisait les foires, les clubs de vacances l’été… Elle a commencé à prendre un peu d’indépendance. Bruno l’autorisait à le faire mais elle devait se débrouiller, c’est à dire que quand elle décidait de faire une soirée au club Méditerranée ou au club Belambra de l’île rousse, il la laissait se débrouiller seule c’est a dire « moi je ne m’occupe pas des enfants tu les prends avec toi tu te démerdes. Tu peux mais ça ne me plaît pas, tu te débrouilles, moi je ne veux rien entendre de tout ça, je ne vais pas t’aider à charger ni à décharger le camion… » Pour elle ce n’était pas grave, elle assumait ce qu’elle voulait faire, elle voulait montrer qu’elle était capable, donc elle prenait les enfants avec elle pour sa journée de travail, parfois de 14h jusqu’à 23h. Elle montait son stand et démontait son stand seule, faisait son job et s’occupait des enfants en même temps. Nous on avait ce sentiment que ce n’était pas normal. Un homme ne peut pas laisser une femme travailler toute la journée avec deux enfants dans un club… Mais encore une fois c’était son choix et on l’acceptait.

Bruno avait commencé son travail d’emprise, de destruction psychologique en lui disant de se débrouiller, qu’elle était moche, qu’elle s’habillait comme un sac, qu’elle ne servait à rien, que ses copines étaient toutes des putes… Voilà le quotidien de Julie mais toujours quand il était seul avec elle. A l’extérieur elle était «sa chose» et il la montrait. Comme Julie était belle et grande quand il sortait avec elle au restaurant, il fallait qu’elle soit parfaitement pomponnée, toujours belle et souriante… Dès qu’ils rentraient à la maison ou qu’ils étaient seuls, il recommençait le travail de destruction qu’il avait l’habitude de faire. Mais ça nous ne le savions pas, nous l’avons appris que bien longtemps après. 

En juillet 2018, Julie nous a appelés en nous disant qu’elle avait quelque chose à nous avouer, qu’elle n’en pouvait plus de tout ce qu’il lui faisait subir depuis des années et qu’elle allait le quitter. Donc nous sommes restés choqués et lui avons demandé « qu’est-ce qu’il te fait subir depuis des années? »  S’en est suivi l’aveu de cette destruction psychologique, les menaces de mort sur elle et les enfants si elle partait, la violence sur les enfants et puis les coups. Elle ne nous a pas dit exactement qu’il la frappait mais qu’il la rabaissait à tous les niveaux et qu’il était infect avec elle. Julie nous disait « il m’as détruit intérieurement ». C’était comme si elle n’ existait plus, elle avait l’impression d’être une moins que rien, d’être moche… C’était le travail d’un pervers narcissique au top du top.. je dis ça à chaque fois car c’est vraiment quelqu’un qui «chasse » et une fois qu’il à flairé sa proie il la détruit.

A la suite de cet appel nous sommes venus en corse au mois d’août voir Julie et elle nous a dit qu’elle ne voulait plus vivre avec lui. Donc nous lui avons dit que nous étions la pour elle et que si elle voulait partir nous l’aiderions financièrement et à rencontrer des assistantes sociales, ou des éducatrices si besoin pour qu’elle puisse s’en sortir. Lors de cette discussion nous étions dans le jardin et Bruno a débarqué en furie, il avait entendu la discussion et nous a dit «  je vous préviens tout de suite, Julie peut rester en Corse mais elle quitte la Balagne et si elle ne quitte pas la Balagne je vais lui faire la misère, je vais la défigurer, je vais la tuer». Il nous a dit ça frontalement. Je l’ai regardé et je lui ai dit que s’il touchait à Julie il aurait affaire à moi.

Deux ou trois jours après, début septembre, nous sommes rentrés sur le continent. Julie vivait toujours avec Bruno car il y avait les enfants. Le temps est passé et fin septembre début octobre s’est tenue une foire à l’île-Rousse ou Julie vendait des bijoux comme chaque année. Quatre jours avant, il l’avait mise dehors en petite culotte sans vêtements, sans rien après une dispute. Elle avait dormi dans sa voiture et pendant quelques jours, une amie l’avait hébergée et protégée… Lors de cette fameuse foire, ce monsieur est venu la voir à son stand. Il a envoyé les enfants faire du manège et a dit à Julie de venir les voir car ça faisait quatre jours qu’elle ne les avait pas vus, qu’il en avait marre et qu’il fallait qu’elle rentre pour préparer à manger. Julie lui a répondu qu’elle ne reviendrait pas mais qu’elle voulait quand même voir ses enfants. A ce moment là, il l’a amenée près des manèges à l’abri des regards et il a levé la main sur elle, l’a prise par les cheveux, l’a tapée, l’a jeté par terre et une fois que Julie a commencé à crier il la relâché comme si de rien était puisque de toute façon il n’y avait pas de témoins. Julie nous a appelés pour nous expliquer ce qu’il venait de se passer. Je lui ait dit d’aller porter plainte à la gendarmerie tout de suite et que j’arriverai en Corse deux jours après. C’était la première plainte officielle puisqu’il y a eu des mains courantes en 2017 dont elle ne nous avait rien dit. Elle a porté plainte pour menaces de mort et coups.

Début octobre, je suis arrivé à l’île-Rousse et je suis allé à la gendarmerie pour faire constater que j’étais là, que j’avais entendu qu’il avait menacé Julie de mort. A partir de ce moment ça a été le début de l’enfer pour elle mais aussi pour moi car je suis resté pas mal de temps avec elle. Il la poursuivait constamment, il la pistait. On s’est aperçus qu’il avait mis un mouchard dans sa voiture. Elle allait faire les courses, il était là, elle allait se promener, il était là. Une fois comme Julie n’avait pas de vêtements, je l’ai accompagnée à Kiabi. Je l’ai attendue dehors devant l’entrée et il est arrivé de je ne sais où. Pourtant on avait fait bien attention de ne pas être suivis. Il m’ a dit que si Julie ne quittait pas la Corse il allait nous tuer tous les deux. Nous nous sommes rendus à la gendarmerie pour redéposer plainte et ça a été comme ça, pendant des mois…

Ensuite il y a eu l’histoire du passage au Juge aux Affaires Familiales (JAF) pour les enfants et malgré les témoignages démontrant que les enfants avaient peur pour leur vie et la vie de leur mère, le juge a confié les enfants à monsieur. A partir de là, il donnait les enfants à Julie quand il avait envie, il allait les chercher quand ça lui plaisait. Je me suis battu avec lui sur un terrain de foot parce qu’un soir Julie voulait voir ses enfants, mais lui ne voulait pas, donc je l’ai accompagnée. Il est arrivé en furie en traversant les vestiaires et lui a mis un coup de poing et moi je suis parti en live, j’étais très en colère et je lui ai mis un coup de tête. Il a alors porté plainte contre moi et j’ai porté plainte contre lui. Un autre jour devant l’école il ne voulait pas donner ses enfants à Julie, il a failli l’écraser et ça a fini en menaces de mort. Il y a eu contre moi au moins 4 ou 6 menaces de mort et contre Julie il y en a eu autant. Comme moi je faisais l’aller retour, il en profitait pour faire la misère à Julie quand je n’étais pas là. Elle avait trouvé un travail, il la suivait et se plantait à 8h30 devant son travail en lui faisant peur pour lui montrer qu’il était là. Après leur séparation il était omniprésent dans sa vie. Comme il ne travaillait pas en périodes hivernales, il passait son temps à la suivre, à lui faire peur, à la narguer. Elle était devenue la maman méchante pour les enfants puisqu’elle ne les avait pas. Il dénigrait Julie en disant aux enfants qu’elle ne servait à rien, que c’était a cause d’elle qu’ils en étaient là, que c’était elle qui l’avait trompé. Julie avait même confié a une amie qu’elle avait peur que ses enfants ne l’aiment plus. Moi j’étais devenu un papy méchant. Parce que c’était moi qui m’était interposé entre lui et elle, c’était moi qui l’avait amené à la police, c’était moi qui m’étais battu avec lui… Il a reproduit le même schéma de manipulation sur les enfants, il a agi de la même façon qu’avec Julie, il les a détruit psychologiquement. Les enfants avaient peur de lui, on sait pertinemment qu’il les frappaient. 

Témoignage recueilli par Camille Goasduff 50-50Magazine

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Daliborka Nikolic : « depuis 2016 Nova Žena a sa propre équipe de football féminine »

26 Février 2022, 18:10pm

Publié par hugo

9 FÉVRIER 2022
Articles récents \ Monde \ Europe \ Sport
Daliborka Nikolic : « depuis 2016 Nova Žena a sa propre équipe de football féminine »

Nova Žena est une association fondée en 2014 en Bosnie-Herzégovine qui, à travers le football, aide les jeunes filles à sortir de la précarité. L’association évolue dans une société profondément machiste où le football est considéré comme un sport exclusivement masculin où les filles n’ont pas leur place, encore moins les filles pauvres. Nova Žena reçoit le soutien du Fonds pour les Femmes en Méditerranée, ou encore de l’Union Européenne. Grâce à ces soutiens, l’association outrepasse les tentatives d’obstruction du gouvernement et de la société et mener à bien leurs actions. Daliborka Nikolic est la responsable de Nova Žena.

Pouvez vous présenter votre association et les services que vous proposez ?

Nova Žena est une association non partisane, non gouvernementale et à but non lucratif qui a été fondée en 2014 en Bosnie-Herzégovine dans le but d’améliorer la position des femmes dans les petites communautés. Pour cela, l’association essaye au maximum d’impliquer ces femmes dans des projets d’autonomisation économique, des projets environnementaux, et surtout des projets sportifs où elles ont connu leur plus grand succès. Depuis 2016 Nova Žena a sa propre équipe de football féminine qui, certes ne participe pas aux championnats de football, mais construit l’égalité sociale, ethnique et des sexes dans la société. Comment font-elles cela ? L’existence même de leur équipe de football dans un environnement très conservateur où prévaut le stéréotype selon lequel le football n’est pas pour les femmes, contribue à l’égalité des sexes. Leur équipe ne fait aucune discrimination et inclue des filles roms venant de milieux défavorisés, mettant ainsi en avant l’égalité ethnique et sociale. Elles utilisent le football comme outil principal car il permet de facilement rassembler un grand nombre de personnes.

Nos actions sont reconnues d’intérêt général et nous coopérons avec les fondations et les organisations de l’Union Européenne qui travaillent à la protection et à la promotion des droits humains. L’un de nos plus grands soutiens est le Fonds pour les Femmes en Méditerranée. Jusqu’à présent, plus de 150 filles sont passées par nos programmes gratuits d’école de football et notre équipe compte aujourd’hui 24 filles de 9 à 15 ans, dont 5 Roms. Toutes ont bénéficié d’entraînements et d’équipements sportifs gratuits. Elles ne participent pas à la ligue de football, mais elles se produisent lors de festivals et de tournois. De plus, elles organisent des événements thématiques axés sur les droits des femmes et sur la cohésion sociale. À partir de l’été 2021, nos actions se sont surtout concentrées sur les très jeunes filles et cela pour deux raisons. La première est que pour le football, et comme pour toute activité sportive, il vaut mieux commencer le plus tôt possible, pendant que l’on est encore jeune. La deuxième est qu’après cinq années d’activités, nous avons réalisé qu’il est très difficile de faire changer les mentalités des filles de 17-20 ans. Après ces âges-là, pour beaucoup de jeunes femmes la société patriarcale est “normale”, voire pire encore, elle serait souhaitable.


Quels sont les effets que vous avez constatés après le début de vos actions ?

Après trois ans d’activité dans le domaine du sport, nous avons remarqué des changements positifs dans le travail d’autres organisations sportives. Suivant notre exemple, ces organisations ont commencé à organiser des entraînements gratuits pour les enfants. Malheureusement, ces projets à court terme ne sont qu’occasionnels. Malgré tout, cela constitue une grande avancée qui nous motive énormément. De plus, nous avons influencé la création de différentes politiques et pratiques sportives dans notre communauté locale et même au-delà de celle-ci. Cette influence est très importante pour nous car précédemment, pratiquer du sport en Bosnie-Herzégovine était réservé aux enfants de parents riches.

Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?

Dès le début, Nova Žena a rencontré de nombreuses difficultés et obstructions dans notre travail, tant de la part du gouvernement local que des clubs de football masculin locaux. Aujourd’hui encore, 5 ans plus tard, nous n’avons toujours pas leur soutien. Pourtant, nous sommes la seule association à avoir reçu le soutien d’organisations telles que la délégation de l’Union Européenne ou encore l’ambassade d’Allemagne. Pour des raisons que nous peinons à comprendre leur attitude à notre égard va de l’ignorance totale à la discrimination ouverte. Les clubs de football masculin qui possèdent des stades de football ne nous autorisent pas à nous entraîner sur ces terrains, et les rares fois où ils le font, nous devons payer un prix cinq à six fois supérieur au prix du marché. De plus, quels que soient l’idée et le projet que nous avons, nous ne recevons qu’un soutien de 1500 euros par an de la part du gouvernement local, et la télévision locale censure depuis des années toute communication pour notre association. Ainsi, peu de gens savent que les entraînements et les équipements sont gratuits pour toutes les filles. Les autres organismes compétents de Bosnie-Herzégovine, tels que des ministères ou l’association de football nationale, ne leur offrent pas non plus leur soutien.

Néanmoins, de bonnes et nobles idées ne peuvent être ignorées, même dans de telles conditions d’obstruction et de corruption systémiques. Aujourd’hui nous sommes plus fortes que jamais grâce au soutien de nombreuses organisations internationales.

Quels sont vos projets pour l’avenir ?

Nous avons beaucoup de projets et, même si nous savons qu’il est probable que beaucoup d’entre-eux ne se réalisent pas à cause des obstacles mentionnés, nous restons persuadées que ce n’est qu’une question de temps. Nous sont convaincues que si nous n’étions pas entravées de la sorte, nous pourrions développer le football féminin dans des ligues officielles à des hauteurs inimaginables il n’y a même pas cinq ans.  Malheureusement, le  pays tout entier est gangréné par le crime et la corruption. Par conséquent, nos plans concernent presque exclusivement le développement des droits des femmes au niveau local.

Par conséquent, au cours des prochaines années, nous voulons centrer leur travail sur de très jeunes filles, afin d’en faire de solides leaders qui seront de véritables artisanes du changement. Il s’agira délibérément de filles issues de minorités ethniques et de familles socialement menacées. En aidant les plus précaires, Nova Žena souhaite montrer aux jeunes filles qu’il ne faut pas abandonner et qu’il faut se battre pour leurs droits et leurs rêves.

Propos recueillis et traduits par Célia Rabot 50-50 Magazine

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1 milliard d’euros pour éradiquer des violences sexistes et sexuelles

26 Février 2022, 18:07pm

Publié par hugo

 1 milliard d’euros pour éradiquer des violences sexistes et sexuelles
 
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Violences conjugales femmes confinement
Un article du groupe thématique Égalité femmes-hommes de la France insoumise.

En 2017, le candidat Emmanuel Macron promettait que l’Égalité femmes-hommes serait la « grande cause du quinquennat ». Des avancées suffisantes ont-elles été réalisées ? La réponse est non.

Malgré de grandes déclarations, la politique menée ne pourrait se résumer qu’à une vaste mascarade pseudo-féministe. Ce soutien de façade aux luttes féministes est miné de l’intérieur par les propres déclarations du Président de la République et de son gouvernement. Au-delà de cette violence symbolique, l’action étatique est toujours insuffisante. Alors que les associations demandaient 1 milliard d’euros pour lutter contre les violences sexuelles, les budgets sont restés bien inférieurs d’année en année.

À l’heure où nous écrivons cet article, 500 femmes ont été tuées depuis le début du quinquennat, victimes de féminicides : une honte pour tout notre pays. L’inaction gouvernementale en termes de renforcement des procédures de protection, de logements d’urgence, mais aussi le manque de moyens alloués aux secteurs judiciaires, médicaux et policiers ne peut ni perdurer ni continuer à être acceptée.

Sur le plan international, le gouvernement Macron continue toujours ses relations avec des pays dont les institutions politiques et judiciaires répriment, violentent et tuent les femmes. Il est temps de lutter activement contre le discours réactionnaire des conservateurs et de l’extrême-droite, peu importe le pays où ils se trouvent et les intérêts géo-politiques et financiers en jeu.

Nos propositions pour mettre fin aux violences faites aux femmes
Nos propositions s’articulent autour plusieurs axes prioritaires : prévention, formation, soutien aux associations, hébergement.

Il est aujourd’hui nécessaire de renforcer les actions préventives partout où cela est possible : des écoles aux universités, dans l’ensemble des établissements publics, des centres de formation, des entreprises et dans les transports en commun. Les agressions sexuelles, les comportements sexistes et le harcèlement sont toujours trop banalisés dans ces lieux publics alors que c’est pourtant l’état de droit qui devrait s’exercer. Des campagnes de sensibilisation sont impératives afin de donner des informations cruciales comme le numéro national du centre d’écoute 39.19.

L’action de l’État doit avoir parmi ses priorités la formation dans les secteurs concernés par la gestion de ces violences. Ainsi, dans la police, la justice, le milieu médical ou éducatif, les professionnels doivent être formés afin de gérer de manière respectueuse et efficiente les violences sexistes. La prise en charge doit devenir rapide et efficace sans être une peine supplémentaire pour la plaignante. 

Il est aujourd’hui nécessaire de travailler main dans la main avec les associations afin d’éradiquer enfin les inégalités de genre. Les associations effectuent un travail de qualité, déterminant. Elles ne bénéficient cependant pas d’un soutien suffisant, il est donc nécessaire de revaloriser immédiatement leurs dotations. 

Les victimes doivent être enfin mieux accompagnées juridiquement via une revalorisation de leurs droits mais aussi par l’augmentation des places d’hébergement d’urgence et un plan ambitieux de construction de logements sociaux qui pourra marquer le temps de la reconstruction de façon pérenne.

Ces mesures doivent être appliquées au plus vite pour enfin agir à la hauteur des enjeux qui se jouent actuellement. Vous pouvez retrouver la totalité de nos propositions dans notre programme l’Avenir en commun.


https://lafranceinsoumise.fr/2021/11/25/1-milliard-deuros-pour-eradiquer-des-violences-sexistes-et-sexuelles/

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1:05 / 2:07 Agression physique et exhibition sexuelle : que la police mène l’enquête !

26 Février 2022, 13:21pm

Publié par hugo


1:16 / 2:07


Agression physique et exhibition sexuelle : que la police mène l’enquête !
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Danielle Simonnet
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5h du matin, Séverine sort d’un bar avec une copine. Deux hommes l’abordent et un sort son sexe et se masturbe. Elle proteste et prend en photo. Elle est journaliste photographe. 
Les deux hommes la menacent et lui disent « on va te tuer si tu montres nos photos. »
Elle s’en va. 
Quelques mètres plus loin, elle est rattrapée par les 2 hommes en scooter. 
Ils la traînent avec leur scooter sur plusieurs mètres. 

Elle a porté plainte. La police a les photos, les vidéosurveillance du quartier. L’enquête doit aboutir ! 

Exigeons 1 milliard d’euros contre les violences faites aux Femmes !

Agression physique et exhibition sexuelle : que la police mène l’enquête ! - YouTube

 https://www.youtube.com/watch?v=_3poazfnb7M&t=33s

 

https://lafranceinsoumise.fr/2021/11/25/1-milliard-deuros-pour-eradiquer-des-violences-sexistes-et-sexuelles/

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Israël : les victimes de viol dans le milieu juif ultra-orthodoxe font leur #MeToo

26 Février 2022, 13:14pm

Publié par hugo

Israël : les victimes de viol dans le milieu juif ultra-orthodoxe font leur #MeToo
Le scandale sexuel provoqué par les révélations sur les actes perpétrés par le rabbin Chaïm Walder libère la parole dans une communauté religieuse où la dénonciation est punie par la loi. 
Le scandale sexuel provoqué par les révélations sur les actes perpétrés par le rabbin Chaïm Walder libère la parole dans une communauté religieuse où la dénonciation est punie par la loi. 
©AP Photo/Bernat Armangue
25 FÉV 2022
 Mise à jour 25.02.2022 à 13:00 par 
Terriennes
 
Avec Le Temps
Après le scandale, le suicide fin décembre du "rabbin star" Chaïm Walder, accusé de dizaines de viols, provoque un véritable électrochoc. Peu à peu la parole se libère et brise l'omerta qui fait loi dans le milieu juif ultra-orthodoxe. 
Le geste funeste. Le scandale énorme. La parole libérée. Dans la nuit du 27 décembre 2021, Chaïm Walder se suicide d’une balle sur la tombe de son fils. Le rabbin israélien, accusé de dizaines de viols qui remonteraient jusqu’au milieu des années 1990, laisse une dernière lettre. Il nie les faits et donne rendez-vous à ses accusateurs «devant le Tribunal d’En Haut». Privant ainsi ses victimes présumées d’une justice devant les tribunaux d’ici-bas.

Chaïm Walder s'est donné la mort le 27 décembre 2021, en laissant une lettre dans laquelle il nie toutes les accusations de viols, et d'agressions sexuelles portées contre lui. 
Chaïm Walder s'est donné la mort le 27 décembre 2021, en laissant une lettre dans laquelle il nie toutes les accusations de viols, et d'agressions sexuelles portées contre lui. 
©DR
En Israël, les juifs ultra-orthodoxes sont secoués par une affaire dont l’ampleur doit beaucoup à la personnalité du suspect. Chaïm Walder, 53 ans, était précisément la voix des enfants dans le milieu haredi («craignant-Dieu», le nom hébreu des ultra-orthodoxes). Auteur de livres pour enfants, il avait fondé le centre pour l’enfant et la famille de Bnei Brak, une ville ultra-religieuse à côté de Tel-Aviv. Il avait aussi reçu la médaille des «Protecteurs des enfants» décernée par le cabinet du premier ministre pour l’ensemble de son action. Dans son bureau convergeaient en toute confiance couples en difficulté, adolescents en crise et enfants turbulents.

«Chaïm Walder, le héros de mon enfance»
Chaïm Walder a écrit de nombreux ouvrages destinés aux enfants. 
Chaïm Walder a écrit de nombreux ouvrages destinés aux enfants. 
©DR
«Cette situation est tragique, car Chaïm Walder est le rabbin qui, grâce à ses livres, a fait entrer dans le monde juif très religieux l’idée qu’il est nécessaire d’écouter les enfants. C’est lui qui a introduit les premières bribes de psychologie dans un monde hermétique aux influences extérieures», décrypte Noémie Issan, une doctorante en sciences religieuses qui vit à Jérusalem.

«Chaïm Walder était le héros de mon enfance. J’ai moi-même été victime d’abus sexuels et j’ai grandi en lisant ses livres, qui m’ont donné la force de parler et de partir», confirme Noga Tal, 33 ans, qui a fui le monde ultra-orthodoxe à l’âge de 19 ans. Aujourd’hui, la musicienne vit avec une femme et milite dans une association de «sortants», pour aider ces ex-religieux à s’intégrer dans le monde laïc.

«Il disait qu’il était Dieu»
Tout commence avec Aaron Rabinowitz, un homme aux petites lunettes, à la chemise blanche et à la kippa noire, signes d’appartenance au monde orthodoxe. Ce journaliste est, avec sa consœur Shira Elk, une autre «sortante», à l’origine des révélations sur Chaïm Walder, publiées en novembre dernier dans les colonnes de Haaretz, le journal de la gauche laïque israélienne.

Imaginez le choc pour un enfant à qui l’on a appris depuis tout petit que les rabbins sont fondamentalement sans défaut !

Une religieuse, anonyme
Les victimes, souvent des proches des journalistes, se sont longuement confiées sur le modus operandi de Walder qui a bouleversé l’opinion israélienne. Parmi les témoignages, il y a celui de Talia, 13 ans au moment des faits, qui était en thérapie auprès de Walder. «Il disait qu’il était Dieu», rapporte la jeune femme, qui relate qu’après une période d’attouchements le rabbin l’avait invitée à l’hôtel pour «célébrer» ses premières menstruations. Dina, 20 ans au moment des faits, rapporte quant à elle que Chaïm Walder prétendait avoir «beaucoup de crédit auprès de Dieu».


«Imaginez le choc pour un enfant à qui l’on a appris depuis tout petit que les rabbins sont fondamentalement sans défaut!» écrit une autre victime, demeurée religieuse et qui a souhaité rester anonyme. Dans une lettre ouverte à plusieurs rabbins, elle raconte son «enfer», ses viols «sur un lit pliant dans l’entrepôt de Chaïm Walder, entre des piles et des piles de ses livres, dont les thèmes étaient d’aider, de protéger et de responsabiliser les enfants». Elle y détaille l’impossibilité d’en parler à ses proches, qui l’enviaient à l’idée de ses rencontres régulières avec le célèbre rabbin.

Même les bons rabbins peuvent être des prédateurs sexuels, des narcissiques, des coureurs de jupons qui pourraient tenter de vous violer.

Une religieuse anonyme
Aujourd’hui, elle milite pour que soit brisée cette immunité morale, cette aura de perfection, qui entoure les autorités rabbiniques. «Personne ne nous a jamais prévenus à l’école religieuse en nous disant: «Méfiez-vous les filles, même les bons rabbins peuvent être mauvais. Même les bons rabbins peuvent être des prédateurs sexuels, des narcissiques, des coureurs de jupons qui pourraient tenter de vous violer», poursuit-elle.

De très nombreuses agressions
Et pour cause, avance Gabriel Abensour, chercheur au Shalom Hartman Institute en pensée juive contemporaine: «Pour les ultra-orthodoxes, ce genre de comportement est propre au monde extérieur, laïc. Le dévoiler en témoignant devant la justice ou les médias revient à donner des armes aux adversaires du monde haredi, qui se perçoit comme une citadelle assiégée.»
 

Aujourd’hui, un #MeToo secoue le monde ultra-orthodoxe israélien.

Yaïr Hess, association d'aide aux sortant-e-s Hillel
Selon Yaïr Hess qui dirige Hillel, une association aidant les «sortants» dont font partie Noga Tal et la journaliste Shira Elk, «il y a davantage d’agressions sexuelles dans le monde religieux, car l’éducation sexuelle n’y existe pas». Pour lui, «la majorité des enfants élevés dans les courants les plus stricts ne savent pas comment on fait un bébé, encore moins ce qu’est un abus». Selon lui, «plus de la moitié des «sortants» ont été victimes d’agressions sexuelles».

Un tabou pesant que cette sombre affaire pourrait contribuer à lever. «Cette fois-ci, les parents sont en colère. Ils ne laisseront pas le silence retomber facilement sur les victimes. Aujourd’hui, un #MeToo secoue le monde ultra-orthodoxe israélien», assure Yaïr Hess.

L’interdiction de médisance, arme de l’omerta
Retour au lendemain du suicide de Chaïm Walder. Shoshanna Keats Jaskoll, qui vit dans un quartier religieux de la ville de Beit Shemesh, reçoit ce jour-là un coup de téléphone inquiet. D’origine américaine, elle a créé une association religieuse féministe, Chochmat Nashim, soit la «Sagesse des femmes». Bien qu’orthodoxe – elle porte jupe et manches longues et se couvre la tête –, elle ne fait pas partie des cercles les plus stricts, contrairement à son interlocutrice, en colère au bout du fil. «Le matin même, le rabbin-professeur de son fils, étudiant dans une école ultra-orthodoxe, a expliqué que Chaïm Walder était mort de médisance. Sans dire un mot au sujet d’abus sexuels !»

Le judaïsme interdit le lashon hara, le terme hébreu pour médisance. Et si cette médisance fait du tort à une autorité rabbinique respectée et la discrédite vis-à-vis du monde extérieur, c’est encore pire. L’injonction religieuse a été utilisée massivement pour étouffer des affaires comme celle de Chaïm Walder. Avec pour effet boomerang d’attiser la colère des parents appartenant à ce milieu ultra-orthodoxe, qui représente plus d’un million de fidèles en Israël.

«Une image m’est venue à l’esprit: celle d’un petit garçon assis au heder [école religieuse pour les enfants, ndlr] se disant: «Merci mon Dieu, je n’ai jamais transgressé en racontant que quelqu’un m’avait touché. Et je ne le dirai jamais.» C’est terrible», raconte Shoshanna Keats Jaskoll, émue.

Un #MeToo, des dizaines d’appels
L’Américaine décide alors de passer à l’action. En quelques jours, son association récolte 250 000 shekels (environ 71 000 francs suisses). Elle imprime un million de prospectus et recrute quelques figures rabbiniques déjà militantes pour donner une légitimité religieuse à sa démarche. Elle monte ensuite une dizaine d’équipes qui écument de nuit les boîtes aux lettres des quartiers les plus religieux de tout le pays. «De jour, j’aurais eu peur de me faire cracher dessus, ça m’est déjà arrivé», sourit-elle. Sur les prospectus, un numéro de téléphone d’urgence et un message: «Dénoncer n’est pas de la médisance. Ecoutez les victimes.»

Aujourd’hui la peur a changé de camp. C’est ça que nous voulions.

Shoshanna Keats Jaskoll, militante féministe
Le soir même, la hotline reçoit plus de 50 appels, en provenance de la ville de Beit Shemesh uniquement. Le lendemain 150. Parfois personne ne parle au bout du fil. Parfois une victime trouve le courage de se confier. Alors que parfois encore, c’est un agresseur qui appelle pour avouer et se dire prêt à coopérer pour éviter que son nom ne soit dévoilé. «Aujourd’hui la peur a changé de camp, triomphe Shoshanna Keats Jaskoll. C’est ça que nous voulions.»
 

Article original à retrouver sur le site de notre partenaire Le Temps


https://information.tv5monde.com/terriennes/israel-les-victimes-de-viol-dans-le-milieu-juif-ultra-orthodoxe-font-leur-metoo-446076

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13 EMES FEMINICIDES DEPUIS LE DEBUT DE L ANNEE 2022

25 Février 2022, 10:25am

Publié par hugo

2022 - Féminicides par Compagnons ou Ex – Google My Maps

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Prolongement du délai légal de l'IVG : fin d'un bras de fer sur fond de campagne présidentielle

25 Février 2022, 10:20am

Publié par hugo

 Prolongement du délai légal de l'IVG : fin d'un bras de fer sur fond de campagne présidentielle
Campagne de défense du droit à l'avortement en Europe. En France, un projet de loi pour prolonger le délai de 12 à 14 semaines est à l'étude et fait débat. Il est de 24 semaines au Royaume-Uni, 18 en Suède et 14 en Espagne. 
Campagne de défense du droit à l'avortement en Europe. En France, un projet de loi pour prolonger le délai de 12 à 14 semaines est à l'étude et fait débat. Il est de 24 semaines au Royaume-Uni, 18 en Suède et 14 en Espagne. 
©avortementeurope/facebook
Campagne de défense du droit à l'avortement en Europe. En France, un projet de loi pour prolonger le délai de 12 à 14 semaines est à l'étude et fait débat. Il est de 24 semaines au Royaume-Uni, 18 en Suède et 14 en Espagne. La loi proposant de prolonger le délai de l'IVG en France est pour l'instant en sursis, le débat fait polémique. En France, l'Assemblée nationale examine en deuxième lecture un projet de loi prolongeant le délai de l'IVG à 14 semaines. 
01 AVR 2020
 Mise à jour 23.02.2022 à 09:30 par 
TerriennesLiliane CharrierIsabelle Mourgere
La France rejoint la moyenne européenne en décidant d'allonger le délai légal de recours à l'IVG. Les Françaises auront désormais jusqu'à 14 semaines pour se faire avorter. Le Parlement vient d'adopter définitivement un projet de loi, loin de faire l'unanimité, même jusqu'au plus haut de l'Etat. 
24 semaines au Royaume-Uni, 18 en Suède et 14 en Espagne. La France rattrape enfin son retard.

Chaque année, entre 3000 et 5000 Françaises se font avorter à l'étranger, une fois dépassé le délai légal de 12 semaines. C'est justement pour éviter que ces femmes se rendent hors des frontières françaises, ou prennent des risques pour avorter que la députée Albane Gaillot avait présenté un texte de loi en octobre 2020, prévoyant l'allongement du délai légal.


Après des mois de débats, houleux, et d'allers-retours parlementaires, la loi a définitivement été adoptée, mercredi 23 février. L'IVG pourra être réalisée jusqu'à 14 semaines de grossesse contre 12 actuellement.


Un parcours parlementaire chaotique
Il s'agit probablement de la dernière réforme sociétale du quinquennat d'Emmanuel Macron."La balle est totalement dans le camp du gouvernement, estime Laurence Rossignol. Si le texte n’allait pas jusqu’au bout, ce serait une très mauvaise manière à l’égard des députés marcheurs."


Le 30 novembre 2021, les députés avaient adopté le projet de loi en deuxième lecture tout en refusant de supprimer la clause de conscience spécifique des médecins. La proposition de loi "visant à renforcer le droit à l'avortement" avait alors recueilli 79 voix contre 36 et 8 abstentions, après des débats souvent tendus. 

La majorité sénatoriale s'était pour sa part opposé à ce texte à plusieurs reprises. Le sénateur Alain Milon (LR) avait par exemple déclaré qu'à 14 semaines, l'IVG était "une opération souvent insoutenable pour nombre de professionnels", et que certains praticiens pourraient refuser de la pratiquer.

La France dans la moyenne européenne
L'actuel délai de douze semaines, jugé "trop court" par Albane Gaillot, pousse certaines femmes "trop précaires", "éloignées de la contraception" ou encore "victimes de violence conjugale" à partir avorter à l'étranger quand financièrement elles le peuvent. L'allongement des délais doit donc permettre à ces femmes de pratiquer une IVG en toute sécurité en France, explique la députée sur le site de Francetvinfo.

Le Royaume-Uni va jusqu'à 24 semaines, la Suède jusqu'à 18, l'Espagne 14 semaines. Donc en France, on n'est pas vraiment en avance.

Albane Gaillot, députée LREM
La France "serait enfin dans la moyenne européenne", souligne-t-elle. "Parce qu'on est assez bas par rapport aux autres pays ! Le Royaume-Uni va jusqu'à 24 semaines, la Suède jusqu'à 18, l'Espagne 14 semaines. Donc en France, on n'est pas vraiment en avance." 


Réserves présidentielles
En novembre 2021, alors que les députés s'apprêtaient à réexaminer ce projet de loi, Emmanuel Macron se prononçait de manière détournée. Quelques heures avant de rencontrer le Pape François au Vatican, le président français estimait qu'à "titre personnel", il restait opposé à l’allongement du délai d'avortement. Ce qu'il avait déjà dit au cours de l'été dans un entretien au magasine ELLE : il déclarait qu'il n'était "pas favorable" à l'allongement à 14 semaines, l'avortement étant "plus traumatisant dans ces délais-là". 

Dans une tribune, la députée Albane Gaillot et 160 parlementaires, personnalités et organisations, ont lancé un appel au gouvernement et aux député-e-s à s'engager en faveur du droit des femmes à disposer de leur corps. "Une femme sur trois avorte au moins une fois au cours de sa vie. L'avortement n'est pas une exception, une erreur de parcours ou un échec. Il fait partie de la vie des femmes", écrivent les signataires. Ce texte de loi recueille l'approbation de "80% des Français-e-s", rappelle le communiqué, se basant sur un sondage réalisé en avril 2021.  


Délai de l'IVG : une longue valse parlementaire
Cela fait près de deux ans que le texte subit des "va et viens" parlementaires.

Retour au coeur de l'été 2020. La crise sanitaire est alors à son plus haut, l'idée d'un prolongement du délai légal de l'IVG semble en bonne voie. Une grande première en France : le ministre de la Santé Olivier Véran indique qu’en cas de recours à l’avortement au-delà du délai légal de 12 semaines de grossesse, les médecins pourront désormais utiliser "la détresse psychosociale" comme motif d’interruption volontaire de grossesse par aspiration. Voilà une façon discrète de "s’assurer que toutes les femmes puissent trouver une solution d’accès à l’IVG durant cette période", explique-t-il alors.

Une manière pour le ministre de la Santé de répondre aux demandes répétées des associations et de parlementaires réclamant un allongement du délai légal de deux semaines pour faire face aux aléas imposés par la crise sanitaire. Olivier Véran se dit ouvert à une disposition répondant à des conditions exceptionnelles, tout en précisant que ce "sujet de société" restait "trop important pour être traité dans l’urgence".

Le 8 octobre 2020, les députés se saisissent, en première lecture, de ce sujet "sensible" votant en faveur de l'allongement du délai légal pour recourir à l'avortement. Sur fond de débats souvent très animés, ils se prononcent en première lecture en faveur de l'allongement du délai légal d'accès à l'IVG de 12 à 14 semaines de grossesse (16 semaines d'aménorrhée) prévu par l'article 1 du texte, par 102 voix contre 65.


Prudent, le ministre de la Santé, Olivier Véran, rappelle alors qu'il sera essentiel d'attendre l'avis du Comité consultatif national d'éthique (CCNE) "pour faire un travail complet abouti" et éclairer les débats.


Le 11 décembre 2020, le Comité d'éthique rendait publique son "opinion" à propos de l'allongement du délai d'accès à l'IVG : "Il n'y a pas d'objection éthique à allonger le délai d'accès à l'IVG... Il n'existe que peu, voire pas de différence de risque pour la femme avortant entre 12 et 14 semaines de grossesse", faisait valoir le Comité consultatif national d'éthique (CCNE).


A l'inverse, l'Académie de médecine se prononce officiellement contre l'allongement de ce délai. "En portant ce délai à 16 semaines d'aménorrhée (soit 14 semaines de gestation, ndlr), on augmente le recours à des manœuvres chirurgicales qui peuvent être dangereuses pour les femmes et à une dilatation du col plus importante susceptible de provoquer des complications à long terme comme un accouchement prématuré", estime l'académie dans un communiqué du 12 octobre 2020.

Retrait houleux du texte à l'Assemblée
Le 17 février 2021, le groupe socialiste entend profiter de sa niche parlementaire pour remettre à l'ordre du jour la proposition de loi d'Albane Gaillot visant à allonger le délai d'accès à l'IVG de 12 à 14 semaines de grossesse. Il doit renoncer à la dernière minute en raison des "423 amendements déposés" par la droite qui "rendent impossible" son examen, ainsi que celui d'autres propositions de loi socialistes.

"Une fois de plus, le droit des femmes est sacrifié. Une fois de plus, la politique politicienne et les guerres intestines prennent le pas sur les nécessaires avancées sociétales", s'indigne la députée Cécile Muschotti.


La présidente déléguée du groupe LREM, Aurore Bergé, renvoie dos à dos "l'obstruction parlementaire massive des LR" et le "renoncement du PS" par crainte que ce soit le seul texte débattu. Elle promet de l'inscrire au programme d'une "niche" LREM :


IVG médicamenteuse : feu vert de la Haute autorité
Début avril 2019, la Haute autorité de santé donnait déjà son feu vert au prolongement du délai légal pour demander une interruption volontaire de grossesse médicamenteuse à domicile : neuf semaines au lieu de sept. Les IVG médicamenteuses pouvaient désormais être prescrites et suivies entièrement par téléconsultation. Une mesure adoptée pour assurer aux femmes une continuité de leur droit pendant l'épidémie de coronavirus.

Saisie en urgence par le ministre des Solidarités et de la Santé, la Haute autorité de santé reconnaissait "la nécessité de garantir le droit des femmes à l'IVG durant la période d'épidémie de Covid-19 en évitant autant que faire se peut d'aller en établissement de santé".  Elle définit un nouveau protocole médicamenteux associant la prise de deux molécules, validé par le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) et l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Elle insiste aussi sur la nécessité de prévenir la douleur en prescrivant du paracétamol associé à l'opium ou à la codéine au lieu de l'ibuprofène, et d'éviter dans la mesure du possible que la femme ne soit seule à domicile.


L'avortement en temps de covid
Ce sont les obstétriciens qui les premiers ont tiré la sonnette d’alarme. Auprès de personnels de santé débordés et en période de confinement, il est devenu très difficile pour les femmes de demander une interruption volontaire de grossesse dans le cadre prévu par la loi en temps normal. Les difficultés à obtenir une consultation et/ou une place dans un bloc opératoire du fait du manque de personnel de santé disponible, les problèmes de transport et la fermeture de certaines structures durcissent les conditions face au délai légal.


"Les interruptions de grossesse sont considérées comme des interventions urgentes (circulaire de 2005, réactualisée en 2008, ndlr) par le ministère des Solidarités et de la Santé. Leur continuité doit être assurée", rappelaient le ministre de la Santé Olivier Véran et la secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa dans un communiqué du 23 mars 2019. Reste que les femmes qui souhaitent recourir à l'IVG ont de plus en plus de mal à respecter le délai légal.

Pour savoir où avorter en France ► Trouver les professionnels de santé proches de chez vous

Selon les écoutantes du Planning familial, le numéro national dédié à l'avortement et à la contraception est particulièrement sollicité pendant la crise sanitaire. Si les difficultés d’accès à l’IVG existaient avant la pandémie de Covid-19, elles se sont aggravées pendant, même si certaines régions semblent plus épargnées que d'autres. Le Planning familial a réussi à maintenir ses permanences. Sa coprésidente au niveau national, Sarah Durocher, souligne "l’urgence accrue de répondre aux femmes concernées en leur donnant les bonnes informations, du fait du confinement et des difficultés d’accès aux établissements de soins réquisitionnés."

Les femmes affectées par le Covid sont prises en charge dans un circuit particulier.
Philippe Faucher, gynécologue obstétricien

En alerte sur les difficultés des femmes qui souhaitent recourir à une IVG, l'AP-HP (Assistance publique - Hôpitaux de Paris) sensibilise les hôpitaux, tandis que les médecins gynécologues-obstétriciens tentent d'encadrer et de rassurer les patientes. Dans cette courte vidéo, les docteurs Philippe Faucher et Jacky Nizard, président de l'association des gynécologues-obstétriciens européens et obstétricien de la Salpêtrière à Paris, fournissent un mode d'emploi : "J’ai besoin d’un IVG, comment faire ?"


Conformément aux "recommandations du Collège national des Gynécologues et Obstétriciens français pour les IVG en période de COVID 19", les consultations pour demande d'IVG ont été maintenues, contrairement à celles pour les contraceptifs - la contraception d'urgence est délivrée sans ordonnance et la pilule contraceptive peut l'être avec une ordonnance périmée. Dans la mesure du possible, les soins ont pu être regroupés dans une seule unité de temps et de lieu : consultation gynécologique, anesthésie, prélèvements biologiques, échographie de datation... Les accompagnants, en revanche, n'étant pas admis.

La mifépristone ou RU 486 est un stéroïde synthétique qui agit comme antagoniste des récepteurs à la progestérone. Elle est utilisée pour l'avortement chimique du début de la grossesse.
La mifépristone ou RU 486 est un stéroïde synthétique qui agit comme antagoniste des récepteurs à la progestérone. Elle est utilisée pour l'avortement chimique du début de la grossesse.
©RTBF
Afin de limiter les contacts, les spécialistes, en période de pandémie et de confinement, ont préconisé de donner la priorité à l'IVG médicamenteuse, celle-ci pouvant se faire à la maison et ne nécessitant aucune hospitalisation.

A l'automne, comme au printemps 2020, l'accès à une interruption volontaire de grossesse médicamenteuse à domicile a été étendu à neuf semaines d'aménorrhée, afin de limiter les consultations en milieu hospitalier tout en garantissant le droit à l'avortement pendant le confinement. En temps normal, l'IVG médicamenteuse, qui peut être prescrite par un médecin libéral ou une sage-femme, est accessible jusqu'à sept semaines d'aménorrhée à domicile et neuf semaines en milieu hospitalier. En 2019, sur les 232 000 avortements pratiqués en France, près de 70% étaient réalisés par voie médicamenteuse.

Deux semaines de plus pour l'IVG chirurgicale ?
Devant l'urgence à prévenir une recrudescence de grossesses non désirées en pleine crise sanitaire, les médecins spécialistes de la grossesse et de l’accouchement préconisent un allongement du délai légal de deux semaines, de façon que les femmes aient jusqu'à 14 semaines de grossesse pour subir un avortement, soit 16 semaines après les dernières règles. Les sages-femmes, elles aussi, réclament un assouplissement des délais face à la crise sanitaire.


Le 20 mars 2020, la sénatrice socialiste de l’Oise Laurence Rossignol, ancienne ministre de la famille, prend les devants : craignant une vague de bébés non désirés, elle dépose un amendement au projet de loi urgence covid-19 visant à faire passer de 12 à 14 semaines de grossesse le délai légal pour pratiquer une IVG. Elle propose aussi de supprimer l'exigence d'une deuxième consultation pour les mineures (qui bénéficient de l’IVG anonyme et gratuite) puisqu'elles ne pouvaient plus sortir sans attestation ni raison valable. 

Cette proposition d'assouplissement du droit à l’avortement a, dans un premier temps, été mal accueillie et l’amendement, est rejeté.


Médecin-chef à la Maison des femmes de Saint-Denis, Ghada Hatem le regrettait d'autant qu'elle avait déjà obtenu l’appui d'une clinique voisine de la Maison des femmes, qui acceptait de pratiquer des IVG sous anesthésie générale pour peu que le gouvernement accepte explicitement de prolonger le délai. 

Comme la Maison des femmes et le Planning familial, nombreux.ses sont celles et ceux qui réclament une loi d'urgence pour faire face aux réalités : lors des pics de contamination du virus, certains établissements hospitaliers et centres de planification n’arrivent plus à assurer plus leurs missions face au droit à l'avortement, soit parce qu'ils doivent prioriser les soins aux personnes atteintes gravement par le coronavirus, soit par manque de créneaux opératoires et/ou de matériel de protection pour le personnel d’accueil et soignant.

Voir la pétition  ► Covid 19 : Les avortements ne peuvent attendre ! Pour une loi d'urgence !

Avorter à l'étranger
En temps de confinement, les femmes hors délais ne pouvaient plus se diriger vers les Pays-Bas ou l’Espagne, qui autorisent l’avortement jusqu’à 22 semaines dans certaines conditions. Les femmes devaient se déplacer par leurs propres moyens, en l'absence de transports en commun, et compter sur la compréhension de la police pour passer la frontière au vu de l'attestation de circulation "pour raison médicale". Le 26 mars 2020, le planning familial adressait au ministre de l'intérieur Christophe Castaner un courrier demandant à ce que les femmes hors délai puissent exceptionnellement se rendre à l'étranger pour avorter.


En temps normal, elles sont des milliers à partir chaque année dans un autre pays pour y subir un avortement. Combien étaient-elles, au plus haut de la pandémie, alors que les hôpitaux peinaient déjà à faire face aux urgences vitales, à devoir se rendre à l'étranger pour avorter ? 

Chaque année, quelque 230 000 avortements ont lieu en France. Environ un quart des IVG sont réalisées hors de l'hôpital.
 

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