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Le blog de hugo,

Parvana, la guerre en Afghanistan vue par une fillette, un film réaliste et empathique ,femmes,filles,

28 Juin 2018, 09:07am

Publié par hugo

 Parvana, la guerre en Afghanistan vue par une fillette, un film réaliste et empathique
 
Parvana, au début du film, quand elle est encore une fille, dans le marché où elle est rejetée par tous.
(c) Le pacte
"Parvana, une enfance en Afghanistan", nous entraîne à la suite d'une enfant déterminée à sauver les siens.  Ce film, animé et non joué, témoigne du quotidien de  cette fillette de onze ans dans les années 1990 à Kaboul, en pleine guerre et sous le régime des talibans. Pour subvenir aux besoins de sa famille, elle décide de s'habiller en garçon. Rencontre avec sa réalisatrice, l'Irlandaise Nora Twomey, rare femme à investir le cinéma d'animation.
26 juin 2018
Mise à jour 26.06.2018 à 18:20 par
Soukaina Skalli
dansAccueilTerriennesFemmes de cinémaTalibans, milices : en Afghanistan, le combat pour la sécuritéLe genre en questions
Le titre original du film  "The Breadwinner" reprend directement celui du livre de Deborah Ellis dont il est adapté. The Breadwinner c'est une construction, contraction de mots, entre pain (bread) et winner (gagnant) - littéralement donc le "gagne pain", dans le sens de soutien de famille. Et le "gagne pain", c'est Parvana, une fille de onze ans, qui vit sur les hauteurs de Kaboul avec sa famille. A travers ses yeux on y découvre le quotidien des habitants d’un pays en pleine guerre : une société ultra-patriarcale, la domination des talibans, mais surtout les interdictions que subissent les femmes, premières cibles de ces hommes au pouvoir.
Alors que la fillette accompagne un jour son père, lecteur et écrivain public, au marché, elle assiste à son arrestation. La raison ? L’instruction et l’éducation qu’il donne aux petites filles. Sans la présence d’un homme, il leur est difficile, à sa mère, à elle-même, voire impossible, de se déplacer pour chercher de l’eau au puits ou encore d’acheter de la nourriture au marché.
Contrainte de subvenir aux besoins de sa famille, Parvana  prend une décision radicale : devenir un garçon. Cheveux coupés courts, longue tunique et petit chapeau, la jeune fille découvre la liberté des enfants de son âge, de sexe masculin, et se lance avec une idée en tête : retrouver son père.
A travers cette histoire romancée, Nora Twomley, la réalisatrice, plonge le spectateur dans la réalité brutale de la guerre avec des scènes de violence très réalistes. On y voit la mère de Parvana se faire battre avec un bâton en pleine rue pour être sortie seule, ou encore la fillette au marché à qui l’on refuse de vendre de la nourriture parce que c’est une fille. Douleurs ressenties physiquement par les spectateurs. 
Les "bacha posh" d'Afghanistan, un double genre masculin/féminin
Comme beaucoup de préadolescentes en Iran et en Afghanistan, le seul moyen de vivre "en paix" c'est de gommer tout aspect féminin de son corps. Dans le film, Parvana change de nom et devient Aatish - littéralement "le feu"- un garçon qui n'a pas froid aux yeux et qui est prêt à tout pour sauver son père et aider sa famille.
On appelle ces intrépides les « bacha posh », ce qui veut dire « habillée comme un garçon » en dari, langue persanne parlée en Afghanistan. Ces enfants au double genre existent bel et bien en Iran, en Afghanistan ou au Pakistan et sont considérés comme des garçons à l’extérieur de la maison.
L'origine des « bacha posh » viendrait de familles où les parents, qui n'ont pas eu de garçon, élèvent une fille comme un un garçon. En échange de son identité de fille, la bacha posh a le droit d’aller à l’école, de faire du sport ou encore d'accompagner sa mère et ses sœurs à l’extérieur : elle/il incarne la figure masculine de la famille.
Mais cette trêve qui sonne pour ces petites filles comme un cessez le feu à leur identité n'est que temporaire. Une fois passé le cap de la puberté, les adolescentes sont renvoyées à leur statut de femme et sont contraintes de se soumettre aux interdictions  : sortir avec un voile, être accompagnée d’un homme.
Nora Twomey, rare femme dans le cinéma d'animation
Nora Twomey, rare femme présente dans le cinéma d'animation
(c) Ste Murray
Nora Twomey est une réalisatrice, animatrice et productrice irlandaise. Huit ans après avoir réalisé "Brendan et le secret de Kells", cette cinéaste de 46 ans signe son quatrième long métrage d'animation avec "Parvana, une enfance en Afghanistan". Un film qui vient trancher avec son univers habituel, celui des légendes nordiques.
Produit par Angelina Jolie, il lui a valu une nomination aux Oscars et le prix du Jury  ainsi que celui de la meilleure musique originale, au Festival d'Annecy, dédié au cinéma d'animation.
Une reconnaissance certaine pour l'une des très rares femmes à avoir percé dans ce secteur. (A retrouver sur ce sujet : > Au festival du film d'animation d'Annecy, les femmes à l'honneur)
La rédaction de Terriennes s'est entretenue avec cette pionnière
Nous avons choisi l’animation parce que c’est plus facile d’accrocher avec le personnage de Parvana. Si nous avions fait un film avec de vrais acteurs, le spectateur y aurait peut être moins adhéré.
Nora Twomey
Terriennes : Comment avez-vous découvert le livre « The breadwinner » ?
Nora Twomey : Il y a cinq ans nous avons été approchés (sa société de production "Cartoon Saloon" ndlr) par deux producteurs canadiens qui avaient déjà vu « Le secret de Kells ».  Ils avaient adoré le visuel de ce film et voulaient voir si nous pouvions travailler ensemble sur « The Breadwinner » de Deborah Ellis. J’ai essayé de me familiariser avec le travail de cette romancière canadienne. J’ai lu son livre en une soirée et j’ai véritablement aimé la façon dont elle l'avait écrit pour un jeune public. Elle a vraiment mesuré les différents impacts de la guerre mais d’une façon très humaine, pleine d’émotion et de compassion.  Elle y fait dedans le portrait d’une jeune fille, Parvana qui est extrêmement héroïque, forte et courageuse. C’est une petite fille à qui l’on peut facilement s’identifier.
 
Comment en êtes-vous venue à réaliser ce film ?
Nora Twomey : Je voulais vraiment me lancer dans ce projet et j’ai senti que j’avais beaucoup à y apporter.  Deborah Ellis a voyagé à travers le Pakistan et  l’Afghanistan, elle a parlé à des femmes, des enfants, dans des camps de réfugiés pour écrire son livre. Et moi j' avais suivi de mon côté ce qu’il se passait dans l’actualité des années 2000   : les attentats du 11 septembre, le régime des talibans, les attaques terroristes à travers le monde et j'ai réellement voulu respecter la sensibilité de l’histoire. Je voulais juste être sûre que cette sensibilité soit là et que ressorte la complexité de ce qui arrive là-bas.  J’ai voulu rencontrer des personnes de groupes ethniques différents et d’âges différents pour comprendre leurs différents points de vue. Et le livre arrive à capter tous ces différents points de vue d’une façon très artistique.
 
Pourquoi passer par les yeux d’une fillette pour illustrer le quotidien des femmes afghanes ?
Nora Twomey : Pour moi c’était le point de vue le plus accessible. Je ne voulais pas que le film fasse ressortir un seul point de vue particulier : religieux, ethnique ou lié au genre. Je voulais que le film soit empathique.  Parvana pourrait être l’enfant de n’importe qui. J’ai essayé de rendre ça « universel », suivre une petite fille qui ne prend rien pour acquis, qui grandit au milieu de la guerre et sous le joug des talibans.
 
Pourquoi être passée par le cinéma d’animation pour dénoncer le statut des femmes en Afghanistan ? Sensibiliser un public plus jeune à cette situation ?
Nora Twomey : Je pense que l’animation a beaucoup à offrir. Le film n’était pas vraiment destiné à un jeune public. Les problèmes en Afghanistan sont  très complexes, ce n’est pas seulement des hommes qui traitent mal des femmes, il y a vraiment beaucoup de causes différentes. La raison pour laquelle nous avons choisi l’animation c’est que c’est plus facile d’accrocher avec le personnage de Parvana. Si nous avions fait un film avec de vrais acteurs, le spectateur y aurait peut être moins adhéré.
 
Même si c’est un film d’animation certaines scènes de violence sont réalistes. Est-ce un parti pris de ne pas les suggérer ?
Nora Twomey :  C’est incroyable ce que ressent le cerveau humain. J’ai entendu un spectateur parler de Pavana, et de la route si difficile qu’elle devait emprunter (Parvana se fait battre par un homme parce qu’elle est allée seule à la prison, et avec les bruitages on ressent sa douleur, ndlr). Tout cela grâce à des effets sonores, à la musique et à la chorale de femmes afghanes.
J’ai essayé de montrer ce qu’était la vie sous le régime des talibans. En tant que mère de deux jeunes enfants, j'essaye toujours d'imaginer un film d'animation comme quelque chose qu'on pourrait regarder ensemble. Les enfants sont plus fascinés par le courage de Parvana alors que les adultes sont plus sensibles à la situation, parce qu’ils arrivent en ayant déjà des informations sur le sujet.
 
Parvana, une fois habillée en garçon, dans une boutique au marché où cette fois ci on l'accepte.
(c) Le pacte
Le travestissement des femmes ou des filles traverse les cultures
Dans le film, Parvana se travestit en garçon. On appelle ces petites filles les « Bacha Posh » en Iran et en Afghanistan notamment. Est-ce une réalité sur le terrain encore aujourd’hui ?
Nora Twomey : Oui absolument. Ça arrive dans certains cas mais pas seulement sous le régime des talibans, c’est arrivé tout au long de l’histoire en Afghanistan. Pour différentes raisons les femmes s’habillent en hommes pour subvenir aux besoins de leurs familles. Dans la culture chinoise, il y avait l’histoire de Mulan, qui s’est coupé les cheveux pour ressembler à un homme. Dans la culture irlandaise, il y a l’histoire du docteur James Barry, née Margaret Ann Bukley, au XIX-XXe siècle qui était médecin dans l’armée anglaise. Elle s’est habillée comme un homme pour aller à l’université car à cette époque ce n'était pas autorisé pour les femmes. C’est donc commun à plusieurs cultures.
A retrouver sur ce sujet dans Terriennes :
> Se travestir pour vivre libre
Je n’ai jamais regardé le « genre » comme quelque chose qui nous définissait complètement
Nora Twomey
Vous avez choisi l’actrice iranienne Golshifteh Fahrani pour incarner la voix française de Parvana. Dans une interview, elle dit que « braver les interdictions des hommes en Iran ce n’est pas une rebellion mais une nécessité pour vivre ». C’est ce que nous montre Parvana en Afghanistan ?
Nora Twomey : Absolument. Je n’ai jamais regardé le « genre » comme quelque chose qui nous définissait complétement. Quand elle s’habille en garçon, Parvana n’est pas moins féminine que quand elle est habillée en fille, c’est vraiment la façon dont les gens la perçoivent qui définit son genre.  Elle se travestit parce qu’elle doit le faire, il n’y a pas d’autres solutions pour survivre. Elle incarne toutes ces jeunes filles et enfants qui essayent de subvenir aux besoins de leur famille par n'importe quel moyen.
 
Sur le tournage vous étiez la seule femme, comment l’avez-vous ressenti ?
Nora Twomey : J’adore raconter des histoires et diriger des équipes. Malheureusement, il n’y a pas assez de femmes réalisatrices dans le milieu de l’animation. C’est une situation vraiment étrange que 51% de la population mondiale ne soit pas représentée à l’écran. Ce n’est pas juste. Je sens que j’ai la responsabilité de faire en sorte que la prochaine génération de femmes réalisatrices se sente soutenue et qu’elle ait des modèles féminins auxquels se raccrocher. Nous avons vraiment besoin de faire changer les choses et je pense que ce qu’il s’est passé l’année dernière à Hollywood (l'affaire Weinstein et le mouvement #MeToo, ndlr) va faire changer le comportement envers les femmes dans l’industrie du cinéma.
Si les femmes ne sont pas bienvenues dans le cinéma d'animation c'est sûrement en raison de l'idée sous-jacente que les garçons ne voudraient pas voir des films avec des personnages principaux féminins
Nora Twomey 
Seulement 6% des réalisatrices sont présentes dans le cinéma d’animation en France. Comment l’expliquer ? Est-ce  la même chose en Irlande ?
Nora Twomey : Je pense que c’est l’environnement de travail qui joue. De ma propre expérience en Irlande, quand j’étudiais le cinéma d’animation, j’étais l’une des trois seules femmes au milieu d'hommes. Et aujourd’hui, je suis la seule qui ai continué à travailler dans ce secteur. Il faudrait que les femmes qui choisissent l’animation se sentent plus soutenues. Il faut dire qu'elles ne sont pas spécialement les bienvenues dans le cinéma d’animation et dans la réalisation en général. Il y a sûrement l'idée sous-jacente que les garçons ne voudraient pas voir des films avec des personnages féminins principaux. Ce qui  est totalement faux, je peux en témoigner en tant que mère de deux garçons.
 
Angelina Jolie est la productrice du film, comment y est-elle arrivée ?
Nora Twomey : Elle est arrivée sur le projet il y a cinq ans maintenant. Les deux producteurs canadiens que nous avions rencontrés, produisaient aussi des documentaires. Ils travaillaient alors avec Angelina Jolie et elle avait lu « The Breadwinner ». Elle a vraiment compris l’histoire que nous souhaitions raconter. Elle s’était déjà intéressée à la situation des enfants et des familles dans les zones de conflits, pas seulement en Afghanistan, mais à travers le monde (On pense à "Au pays du sang et du miel", sur fond de guerre en Bosnie ou encore "D’abord j’ai tué mon père", cette fois à partir du génocide au Cambodge, réalisés par l’actrice passée derrière la caméra, ndlr) . Avec elle, nous avons essayé de rencontrer des femmes afghanes, musulmanes, et on a essayé de les impliquer autant que possible, tout comme le peuple afghan.
 
Quels sont vos projets pour la suite ?
Nora Twomey : Je continue de produire et développer de nombreux films et séries télé. A Cartoon Saloon (sa société de production ndlr) nous avons travaillé sur un nouveau film qui s’appelle « WolfWalkers », dirigé par Tomm Moore (une évocation de la lycanthropie - transformation de l'homme en loup). Et je développe aussi, bien sûr, un nouveau projet à moi.
La réalisatrice ne nous en dira pas plus. A suivre, donc...
Soukaina Skalli
Mise à jour 26.06.2018 à 18:20
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https://information.tv5monde.com/terriennes/parvana-la-guerre-en-afghanistan-vue-par-une-fillette-un-film-realiste-et-empathique

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Jericó, l'envol infini des jours : un film de transmission entre femmes de Colombie,,femmes,

28 Juin 2018, 08:55am

Publié par hugo

 
Jericó, l'envol infini des jours : un film de transmission entre femmes de Colombie
 
L'affiche du film "Jericó, l'envol infini des jours", de femme à femme, une transmission délicieuse
DR
Véritable coup de cœur de l'année France-Colombie 2017, le film "Jericó, l’envol infini des jours" de Catalina Mesa sort en France le 27 juin 2018. La jeune cinéaste colombienne signe un premier long-métrage poétique, saisissant de fraîcheur et de sagesse, à travers les portraits intimistes de vieilles dames, vivant dans ce petit village d’Antioquia en Colombie. Entretien avec la réalisatrice
26 juin 2018
Mise à jour 26.06.2018 à 09:18 par
Lynda Zerouk
dansAccueilTerriennesFemmes de cinémaFemmes : résister autrement
Avant de sortir en salles en France au mois de juin 2018, cette petite bombe poétique, film universel qui parle d’amour, de foi, de rêves concrétisés ou sacrifiés, et même de mort, avec un même élan de vie avait fait l’ouverture du cycle « 100 % doc Colombie- regard féminins » au Forum des images qui se déroulait du 31 octobre au 7 novembre 2017 à Paris. Dans Jericó, l'envol infini des jours, la réalisatrice Catalina Mesa, 38 ans, retourne sur les terres de sa grand-tante Ruth qui lui contait enfant l’histoire de Jericó, ce petit village de la région d’Antioquia (Nord Ouest du Pays), en Colombie.
L'esprit féminin d'un voyage imaginaire
Peu avant sa mort, elle enregistre ses derniers récits, et se met en tête de réaliser un film sur « l’esprit féminin de ce village imaginaire », dans l’espoir de préserver le patrimoine immatériel, spirituel, et la culture de cette génération. Elle rencontrera au total une vingtaine de Colombiennes avant d’en sélectionner huit à l’écran, de toutes origines sociales.
Au cours d’une séquence, l’une de ces femmes lance de but en blanc : « l’héritage, on le laisse dans la tête de ses enfants, pas dans leurs poches ». Si sage et si juste. Il semblerait bien que c’est précisément ce qu’a fait la grand-tante Ruth avec sa petite nièce. Le trésor légué dans l’oralité du souvenir à la petite Catalina Mesa a donné vie à un film coloré et drôle, à la fois ethnographique et mémoriel,  à l’esthétique très poussée, loin des clichés qui plombent l’image du pays. Un bel héritage pour la jeunesse colombienne et pour nous tous.
 
Sans surprise, "Jericó, l'envol infini des jours", déjà multiprimé, a reçu les prix du public et prix du meilleur documentaire au festival Cinelatino de Toulouse. Il est aussi le coup de cœur de notre émission Terriennes diffusée à l'antenne chaque samedi à 18h20.
 
Distribué en Espagne où il a reçu un bel accueil, le film continue de voyager à travers le monde. Il sera projeté, les 25, 26, et 28 novembre 2017 en Suisse dans le plus important festival de films, FILMAR en América Latina, entièrement consacré aux cinématographies et à la culture latino-américaines. Et une projection publique est prévue, le 3 décembre en France, dans le cadre du Festival de Poitiers.
Pour Terriennes, Catalina Mesa raconte la génèse et l'esprit de son merveilleux documentaire. Entretien
Ces femmes ont la capacité de réconcilier les opposés, la dualité de la vie
Catalina Mesa
Terriennes : Pourquoi avez-vous choisi de travailler uniquement sur les femmes de Jericó ?
Calalina Mesa, résalisatrice (c) DR

Catalina Mesa - Pour la simple raison que j’ai
reçu Jericó par l’oralité d’une femme, ma grand-tante Ruth. Elle me racontait sans cesse ce Jericó imaginaire, à travers ses souvenirs d’enfance. Quand elle est tombée malade, je l’ai enregistrée et une fois qu’elle est morte, j’ai vraiment senti que ce ne serait plus pareil. L’esprit, le rapport au temps, les traditions, la poésie, la cuisine, tout cela allait, non pas disparaître, mais se transformer. J’ai donc décidé de revenir à Jericó, avec l’idée de rendre hommage à ces femmes. Même si en Colombie, elles sont assez libres, ce sont les hommes qu’on voit à l’extérieur sur la Place du village. Elles sont plutôt en maison, à l’intérieur. Je voulais vraiment entrer dans cette intimité de l’esprit féminin de cette région-là. En donnant à voir aussi ces espaces d’une grande beauté, conservés avec le temps, alors que Jericó se trouve un peu isolé dans les montagnes.
 
Qu’entendez-vous par « l’esprit féminin » de ces femmes ?
 
Catalina Mesa - Il y aurait tellement de choses à raconter. Ce qui me fait rire, ce sont les hommes qui me disent : Pourquoi nous n’avons pas la parole ?  Or les femmes ont une énergie masculine tout comme les hommes de l’énergie féminine. Il faut sortir du clivage des genres. Quand je parle d’esprit féminin, c’est cette capacité qu’ont ces femmes à réconcilier les opposés, la dualité de la vie. Elles sont dignes, ne se victimisent jamais. Parfois, elles pleurent et rigolent en même temps. Certains considèrent d’ailleurs que le film est trop coloré pour des réalités qui sont dures. Je leur réponds : allez passer trois mois avec ces femmes et vous verrez... Chilla, par exemple, m’a révélé la mort de ses enfants et de son mari alors qu’elle jouait aux cartes !
 
Avez-vous trouvé une fois sur place « ce Jericó imaginaire » conté par votre grand-tante ? Etait-ce fidèle à son récit ?
 
Catalina Mesa - Une fois sur place, j’étais dans l’accueil. Même si le film s’inscrit dans un espace entre le documentaire et la fiction, et même si j’ai pris un peu la liberté de chorégraphier les rencontres avec ces femmes, parce que c’était une sorte de danse, de rythme, de poésie, en somme la façon dont moi je vois cette génération-là, je voulais tout de même être au service de l’oralité et du réel de ces femmes.
Et j’ai retrouvé la même énergie féminine que ma grand-tante. Mais chacune d’elles est un monde. Et quand je suis arrivée, je ne savais pas qui j’allais rencontrer.
 
Je me disais : que va-t-il rester de cette génération de mes grands-mères, mes grandes-tantes ?
Catalina Mesa
Justement comment êtes-vous entrer en relation avec ces femmes ?
Catalina Mesa - Mon seul contact était le directeur du musée de Jéricó. Il m’a mise en relation avec l’animateur d’une émission de radio qui s’appelle Ola Jéricó. Je lui ai transmis mon intention et là il m’a fait une liste de 25 femmes. J’ai fait beaucoup de rencontres. J’en ai finalement sélectionné 12, extraordinaires, de façon très intuitive. Et c’est, je crois, le fruit de cet apprentissage pour moi : on lance une intention et la vie co-crée énormément.
 
Vous avez quitté la Colombie, vécu plusieurs années aux Etats-Unis avant de vous installer à Paris. Pourquoi avez-voulu revenir sur votre culture d’origine ?
 
Catalina Mesa -  En tant que latino-américaine souvent on regarde dans le futur parce que notre culture est plus jeune que celle de la France. A Paris je visite la maison de Victor Hugo, la maison de Balzac, celle de Monnet à Giverny, constamment je vis dans le plaisir de retrouver tous ces hommes, ces femmes qui ont laissé des traces. Mais quand je rentre en Colombie, je ne me lie pas à mon histoire.
 
(c) DR
Ce sont les films de Raymond Depardon (Profils paysans, trilogie documentaire) et ceux d’Alain Cavalier, qui m’ont communiqué l’importance du travail de mémoire. Je me disais : que va-t-il rester de toute cette génération de mes grands-tantes, mes grands-mères ? J’ai donc voulu regarder à mon tour la complexité de ma propre culture d’origine et la mettre en valeur.
Y avait-il une volonté d’aller contre les clichés, montrer une image plus positif du pays ?
 
Catalina Mesa - On souffre énormément de l’image qu’à la Colombie à l’étranger, les Farc, Ingrid Bettencourt etc. Je peux faire une la liste de tout ce qui ressort, dans les taxis, dans les diners. Et c’est vrai. L’ombre de ce pays existe mais ce n’est pas que ça. Quand je rentre en Colombie, je vis d’histoires, de joie, de musique, de diversité culturelle et on ne voit jamais ça à l’étranger. Mon objectif n’a pas été de donner une image différente de la Colombie. Il s’agit d’un travail de mémoire. Si le film transmet finalement une autre image, tant mieux, mais ce n’était pas mon intention.
 
Il faut absolument que vous diffusiez ce film dans les maisons de retraite afin de montrer que la vieillesse peut être très vivante et vécue dans la joie.
Une spectatrice 
La religion est omniprésente dans ce village, quelle place occupe-t-elle chez ces femmes ?
 
Catalina Mesa - Le documentaire traite de beaucoup de thèmes : l’éducation, la solitude, le rapport à la mort, l’amour. J’avais 80 heures de film et autant d’histoires possibles, mais j’ai choisi les histoires qui représentaient plus l’esprit collectif.
On trouve à Jericó, toutes les communautés espagnoles religieuses, les jésuites, les chrétiens etc. Culturellement le village est très religieux. A aucun moment, je n’ai senti que la religion pouvait les limiter, j’ai ressenti qu’elles étaient extrêmement joyeuses, vivantes. Alors la religion, je ne la commente pas. Ce que je trouve plus intéressant, c’est le rapport avec l’invisible. Suarez confie dans une séquence qu’elle a fait un contrat avec la vierge. Faviola, elle, se bagarre avec ses Saints et parle à voix hautes avec les anges dans l’Eglise.
 
 
(c) DR
D’ailleurs, Suarez dit quelque chose d’extrêmement frappant. Comme sortie d’un long sommeil, elle a tout à coup cette phrase : « moi, maintenant je me prépare à mourir ». Comme si à 102 ans, elle se préparait à la mort tout en envisageant son avenir…
 
Catalina Mesa - C’est une expérience très étonnante. Elle est la première femme à avoir porté un pantalon à Jericó, la première femme à avoir conduit une voiture, et toujours bien en avance sur son temps. Mais quand je lui ai parlé de toute ces histoires-là, ce passé ne l’intéressait pas. Elle était ailleurs pendant un long moment. Et après quelque temps de silence, je lui dis : vous êtes où en ce moment Madame Suarez ? Et là, elle se révèle plus présente que jamais, et me répond : « Maintenant, je me prépare à mourir ». Puis elle m’explique avec beaucoup de force et de vitalité comment elle se prépare. C’est très fort ce rapport aussi tranquille avec la mort.
 
En France, ce rapport à la mort, à la vieillesse est très différent. Et ces femmes ne semblent pas se trouver dans une solitude subie...
 
Catalina Mesa - C’est ce qui est incroyable. Elles sont un peu seules mais elles ne le vivent pas mal. Et puis elles sont avec leurs voisines, leurs copines. Il est vrai que le rapport à la mort n’est pas vécu partout de la même façon. En Colombie, on adore les vieux. Ils sont dans la famille et proches de toutes les générations. Je ne sais pas si en France, c’est différent. Mais une femme est venue me voir après la projection à Toulouse, elle m’a dit : « il faut absolument que vous diffusiez ce film dans les maisons de retraite afin de montrer que la vieillesse peut être très vivante et vécue dans la joie. »
 
Le thème de l’école est aussi récurrent. Son absence se traduit par une immense frustration chez certaines femmes. Ce défaut de scolarisation n’était-ce pas le marqueur plus visible de l’inégalité entre les femmes et les hommes qu’ait connue cette génération ?
 
Catalina Mesa - C’est une génération aux prises à la société patriarcale. Mais ce qui est beau, c’est que cette génération-là a tenu à éduquer ses enfants, les filles comme les garçons, pour éviter la répétition de cette inégalité. Tous les enfants de ces femmes ont fait des études. C’est un changement considérable.
C’est pour cela qu’à la fin du film on voit un garçon qui dit à une fille avec un cerf-volant à la main : « Lâche, profite du vent. » Je tenais absolument finir avec cette image comme une métaphore pour l’avenir de ce village.
 
 
(c)DR
On ne peut pas parler de votre film sans parler de son esthétique poussée, on croirait  voir défiler des peintures. Etait-ce pour casser l’aspect ethnographique du film ?
 
Catalina Mesa - Je voulais que ce soit un regard d’auteure. J’ai été très inspirée par « La poétique de l’espace » de Gaston Bachelard, où il célèbre le petit coin, le tiroir, la cuisine, les espaces intimes. Car les objets qui nous entourent sont aussi des extensions de l’être. Je voulais aussi célébrer leurs espaces, leurs décorations, ce quotidien avec les savoir-faire, aujourd'hui on ne fait plus le tri du maïs, on l’achète dans le supermarché. Revenir à cette façon de faire, le détail des mains, c’était aussi montrer comment dans les faits ordinaires, il y a aussi de la transcendance, de l’intimité, et des histoires profondes. Sans oublier bien sûr la musique, qu’elles passaient en boucles. C’étaient les compositions qu’écoutaient mes grands-tantes, et il y a dans le film celles d’une grande pianiste afro colombienne de 66 ans, Teresita Gomez, qui interprète des compositions de la fin du 19ème s et la fin du 20ème s. Elle a vu le film et m’a cédé les droits. C’est un immense privilège.
 
Au fond il s’agit d’un film universel…
 
Catalina mesa - C’est vrai. Le film a beaucoup voyagé au Maroc, en Israël, et a été bien reçu. Des femmes à Toronto m’ont dit « ce film m’a fait penser à ma grand-mère ». Je pense que c’est grâce à l’équipe de post-production. Je me suis entourée d’une équipe européenne et de Loïc Lallemand pour le montage car j’avais besoin de cette distance culturelle. Il comprend l’espagnol et il a vraiment apporté un regard français, singulier et distancié à ce film qui a participé à le rendre universel.
Suivez Lynda Zerouk sur Twitter : @lylyzerouk
Lynda Zerouk
Mise à jour 26.06.2018 à 09:18
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Les échos contrastés du mouvement #MeToo chez de jeunes hommes de Lausanne, en Suisse,femmes,feminisme,egalite,salaire,

28 Juin 2018, 08:50am

Publié par hugo

Les échos contrastés du mouvement #MeToo chez de jeunes hommes de Lausanne, en Suisse
 
#MeToo un mouvement planétaire soutenu par d'innombrables hommes, comme en Corée du Sud, le 8 mars 2018
AP Photo/Ahn Young-joon
Quels échos a le mouvement de dénonciation du harcèlement #MeToo auprès des jeunes ? L'envoyée spéciale du quotidien suisse Le Temps s'est plongée dans une classe d'apprentis lausannois
26 juin 2018
Mise à jour 26.06.2018 à 08:50 par
Céline Zünd, Le Temps
dansAccueilTerriennes#MeToo #BalanceTonPorc contre les violences sexuelles, partout les femmes passent à l'offensive
Après l’affaire Weinstein, des millions de voix dans le monde ont porté le harcèlement sexuel et le sexisme dans le débat public. Et, comme bien souvent lorsqu’il s’agit d’émancipation des femmes, c’est aussi l’identité masculine qui est bousculée. Le Temps a voulu connaître l’écho du mouvement #MeToo auprès de jeunes hommes.
Nous nous sommes rendus dans une classe d’apprentis de l’Ecole des métiers de Lausanne, où sont enseignées les formations techniques et artisanales. Un environnement majoritairement masculin : l’ETML compte seulement 7% d’élèves féminines.
On accepte les féministes, mais pas les féminazis
Bruno, 21 ans
Dans la classe qui nous a ouvert ses portes, elles sont deux sur une quinzaine. Les élèves, qui ont entre 19 et 25 ans, obtiendront leur maturité en 2018. Y a-t-il un féministe dans la salle ? Aucune main ne se lève. « On accepte les féministes, mais pas les féminazis » lance Bruno, apprenti en informatique de 21 ans. On lui demande de préciser. « Une féministe, c’est une femme qui accepte que nous soyons différents et complémentaires », dit-il. Le jeune homme prend un exemple: « Une différence de salaire entre hommes et femmes de 20%, comme maintenant, c’est trop, dit-il. Mais je suis d’accord avec une petite différence de 3 à 4%. Après tout, une femme aura un enfant et c’est son employeur qui devra débourser. »
La différence des hommes ce n'est pas la faute des hommes mais celle des patrons
Loris
Le débat est lancé. Nathalie* lève la voix : « Et si je décide de ne pas avoir d’enfant ? Je devrais être moins payée ? » Les garçons ne sont pas d’accord non plus : « Les différences de salaire, c’est injustifié. Mais ça, ce n’est pas la faute des hommes, c’est celle des patrons. Ils devraient peut-être en faire plus pour les femmes, comme mettre des garderies », dit Loris. « Toutes les boîtes ne peuvent pas se le permettre ! » embraye Bruno, avant d’ajouter: « Moi, j’aimerais bien un congé paternité. » « Mon père, lui, voulait être homme au foyer. C’est ma mère qui n’a pas voulu », reprend Loris en riant.
Certains se sentent un peu malmenés par le discours ambiant. L’impression qu’on leur en veut, sans trop savoir pourquoi. « On n’y peut rien si quelques hommes se comportent mal ! », s’exclame un automaticien de 23 ans. Hochements de tête dans la salle. Face à une poignée de gros lourds qui déshonorent la gent masculine par leur comportement, qu’ont-ils à se reprocher, eux, ceux de la majorité silencieuse ? « C’est comme si on avait une faute à réparer. Mais il faut faire attention à ne pas nous mettre tous dans le même panier », lâche l’un d’entre eux, brandissant le Petit guide de survie à l’ETML, distribué dans les couloirs de l’école.
Les vertus de la pédagogie
Avant même l’irruption de l’affaire Weinstein, l’ETML a mis en place, sous l’impulsion d’une petite équipe très engagée, une série d'initiatives pour éveiller la conscience des élèves face au harcèlement et à l'égalité entre femmes et hommes. Les jeunes ont visionné ensemble "L’ordre divin" en septembre 2017, le film de l'Argovienne (du canton d'Argovie, au Nord de la Suisse, ndlr) Petra Volpe, qui raconte la lutte de villageoises en faveur du droit de vote des femmes.
L’enseignant d'histoire Grégoire Gonin, qui tient à aborder les questions liées au genre à chaque sujet du programme, a mis sur la table le thème de l'identité masculine en décortiquant le livre d'Olivia Gazalé "Le mythe de la virilité : un piège pour les deux sexes."
A retrouver sur ce sujet dans Terriennes :
> Les hommes - et les femmes - victimes du mythe de la virilité ?
Le Petit guide de survie à l’ETML fait partie de cette démarche de sensibilisation. Il délivre des recommandations aux nouvelles élèves. Exemple : « Si on te fait des blagues qui te dérangent sur ton physique, tes capacités, ou que cela implique ton sexe, il faut savoir être ferme et poser dès le début tes limites. » Y figure aussi une liste de situations sexistes déjà rencontrées au sein de l’école : remarques dégradantes, commentaires sur les capacités intellectuelles, professionnelles, physiques ou sur la tenue des filles, ou encore « comportements tactiles non souhaités ». Et recommandations aux garçons pour éviter de se comporter comme un « harceleur ».
La peur d’une guerre des sexes
Bruno soupire : « Il n’y a pas que les femmes qui sont concernées par le harcèlement. Plein d’hommes l’ont vécu à l’école. Si cela continue ainsi, on risque de déclencher la guerre. » Le mot ne laisse pas indifférent. Nathalie*, assise au premier rang, se retourne alors vers ses camarades et questionne à la ronde : « Mais pourquoi vous vous sentez visés lorsqu’on parle de harcèlement ? » La plupart admettent qu’il existe des cas problématiques, mais relativisent le sexisme de leur génération : « On a changé d’époque et de mentalité, ce n’est plus tellement un problème. »
Pourtant, lorsqu’on s’intéresse aux expériences des uns et des autres, le tableau se révèle plus nuancé. Ils sont plusieurs à avoir été confrontés à des cas problématiques, sans trop savoir comment réagir.
« Un type qui propose un petit massage à une collègue sur sa place de travail, ça arrive tout le temps… C’est quand même bizarre », dit un apprenti laborantin de 24 ans. L'un de ses camarades s'engouffre dans la brèche, pour raconter une histoire qui s’est passée dans l'entreprise où il est engagé. Un employé a invité un jour une collègue chez lui au prétexte de travailler, pour mieux tenter d’obtenir une faveur sexuelle contre sa volonté. « Il y a eu un rapport au supérieur, mais le type n’a jamais eu d’ennui », dit-il. Que faire lorsqu’on est témoin de dérapages, si même ceux qui en ont le pouvoir ne réagissent pas ?
Un grand brun hâbleur assis au premier rang admettra avoir été lui-même saisi d’un doute sur son comportement: « Un soir, je buvais un verre avec une copine, on a pas mal rigolé et j’ai fait des blagues machistes. Le lendemain, je lui ai écrit pour m’excuser. Elle m’a répondu qu’elle avait bien compris que c’était du deuxième degré. » Alors, il se demande si on n’exagère pas un peu… Nathalie*, elle, souhaite simplement que les différences demeurent mais n’entravent pas les choix individuels: « Homme ou femme, ce serait bien qu’on arrive à s’en foutre complètement. »
*Prénom fictif
Article original paru > sur le site de notre partenaire Le Temps
Céline Zünd, Le Temps
Mise à jour 26.06.2018 à 08:50
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https://information.tv5monde.com/terriennes/les-echos-contrastes-du-mouvement-metoo-chez-de-jeunes-hommes-de-lausanne-en-suisse

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Le contrôle des naissances au Sénégal, mené avec l'appui d'ONG et d'imams,femmes,sante,ivg

28 Juin 2018, 08:45am

Publié par hugo

 Le contrôle des naissances au Sénégal, mené avec l'appui d'ONG et d'imams
 
Le véhicule de l’ONG Marie Stopes International, l'une des associations qui oeuvre au contrôle des naissances au Sénégal, dans les rues de Dakar.
(c) Marie-France Abastado
À peine le quart des Sénégalaises ont recours à la contraception. Pourtant, le développement du pays ne peut passer que par un meilleur contrôle des naissances. Ce ne sont pas seulement les ONG qui le disent, mais aussi des imams.
25 juin 2018
Mise à jour 25.06.2018 à 09:52 par
Marie-France Abastado
Radio Canada
dansAccueilTerriennesLes femmes et la contraception
Moussé Fall, imam de la mosquée Sacré-Cœur 3, prêche tous les vendredis dans ce quartier paisible de Dakar, la capitale sénégalaise.
 
À la sortie de la mosquée de Sacré-Coeur 3, à Dakar, après la prière du vendredi
(c) Radio-Canada/Marie-France Abastado
« Aujourd’hui, je vais traiter du manque de patience dans la société sénégalaise. » L’imam pense ici, entre autres, à la sexualité précoce des jeunes qui n’attendent pas toujours d’être mariés pour s’y adonner.
Un imam progressiste
L’imam Fall est considéré par plusieurs comme progressiste. Il veut convaincre ses fidèles que la planification familiale ne va pas à l’encontre des préceptes du Coran. 
Même s’il croit que l’abstinence est encore la meilleure façon de se conformer aux préceptes du Coran, il préfère être réaliste et inciter les jeunes qui sont sexuellement actifs à être responsables.
 
L’imam Moussé Fall est perçu comme progressiste
(c) Radio-Canada/Marie-France Abastado
C’est un péché encore plus grave de transmettre des maladies, (sans parler) de l’avortement provoqué ou de l’infanticide
Imam Fall
Planification familiale et développement
En fait pour l’imam Fall, la planification familiale est une question de développement. Il doit en convaincre non seulement les fidèles, mais aussi ses collègues imams. 
C’est ce qu’il fait avec l’Alliance des religieux pour la promotion de la santé et du développement, qui a formé plus de 3000 imams dans le pays.
 
Les femmes à la prière de la Mosquée de Sacré-Coeur 3 à Dakar
(c) Radio-Canada/Marie-France Abastado
Mais la partie est loin d’être gagnée, et bien des imams, avant ces formations, sont férocement contre la planification familiale. 
Ceux qu’on réussit à convaincre pourront à leur tour faire la promotion du contrôle des naissances à la mosquée, dans des causeries de quartier ou dans des émissions.
Un travail apprécié
Aminatou Sar dirige l’ONG Path au Sénégal, une organisation américaine qui se spécialise dans le domaine de la santé. Elle salue le travail de ces imams encore minoritaires qui, dit-elle, font une interprétation plus libérale du Coran.
J’ai beaucoup d’admiration pour ceux qui osent confronter leurs pairs. Ce sont des jeunes qui ont une lecture beaucoup plus scientifique du Coran, qui sont éminemment érudits et donc difficiles à contredire
Aminatou Sar, directrice de Path
 
(c) Radio-Canada/Marie-France Abastado
Mais surtout, ce qui la ravit, c’est qu’enfin on comprenne que la planification familiale est une condition sine qua non du développement. 
Le Sénégal a fait un bond de géant en la matière depuis 50 ans avec un taux de natalité qui est passé de plus de sept enfants par femmes en 1960 à 4,6 enfants aujourd’hui.
Taux de fertilité au Sénégal 1960-2016, nombre de naissances par femme
« Je suis moi-même issue d’une famille de quinze personnes, et ma mère est la première à être indignée quand on en a plus de deux! Aujourd’hui, on ne peut pas dire qu’on peut développer ce pays en ayant 15 enfants par famille. » Si la population continue de croître à ce rythme, jamais les besoins en éducation et en santé ne pourront être satisfaits, quels que soient les milliards investis, ajoute-t-elle.
 
Clinique Marie Stopes International à Dakar
(c) Radio-Canada/Marie-France Abastado
Une clinique pour la santé de la reproduction
L’équation contraception et développement, on l’a bien comprise aussi à la clinique Marie Stopes, ouverte depuis trois ans à Patte d’oie dans la banlieue de Dakar. On y offre des services reliés au contrôle des naissances et aux maladies transmissibles sexuellement ou à la reproduction. 
Ce jour-là, une jeune femme est venue pour un rendez-vous de contrôle après l’implantation sous-cutanée d’un contraceptif hormonal. Pour elle, c’est important de pouvoir avoir accès à la contraception.  « Je veux laisser ma fille grandir avant d’avoir d’autres enfants », affirme-t-elle.
 
Des condoms offerts sur la table à café de Marie Stopes International, une clinique spécialisée en santé de la reproductio
(c) Radio-Canada/Marie-France Abastado
Dans la salle d’attente de la clinique, un plat rempli de condoms est bien en vue sur la table à café. Chez Marie Stopes, on met aussi l’accent sur la sensibilisation des jeunes à la planification familiale. Dans ce pays où les grossesses précoces ne sont pas toujours accidentelles, c’est même un aspect crucial du travail de l’ONG. Car dans certaines régions, les filles sont mariées aussi tôt qu’à 12 ou 13 ans. 
A retrouver dans Terriennes, sur le même sujet :
> Niger : Ouverture d’un planning familial dans la région la plus féconde
> Planification des naissances, une révolution familiale au Niger
> Au Burkina Faso, les dégâts du premier décret anti-avortement de Donald Trump
La directrice des programmes, Michèle Diop, reconnaît qu’il est difficile de modifier ces habitudes culturelles.
On laisse la jeune femme avoir son premier enfant, mais on lui explique qu’il faudrait, pour son état de santé, pour son épanouissement social, qu’elle mette un peu de temps avant de faire un autre enfant
Michèle Diop, de Marie Stopes
 
Michèle Diop, directrice des programmes à Marie Stopes International
(c) Photo : Radio-Canada/Marie-France Abastado
Des soins post-avortements
La clinique Marie Stopes offre aussi des soins post-avortement. Parce que même si les interruptions volontaires de grossesse sont interdites au Sénégal, en moyenne chaque année, on en pratique plus de 50 000  dans la clandestinité avec toutes les complications que cela peut entraîner. 
« Des fois, dit la sage-femme Claudine Depot, elles viennent avec de la fièvre, elles sont malades, paniquées. On les reçoit et on fait la prise en charge. » 
Cette prise en charge peut-être aussi simple qu’une prescription d’antibiotiques ou d’anti-inflammatoires. Mais dans tous les cas, il faut faire une échographie pour s’assurer qu’il ne reste pas de débris et en ce cas procéder à une aspiration pour compléter l’avortement.
 
Claudine Depot, sage-femme à Marie Stopes International à Dakar, au Sénégal
Photo : Radio-Canada/Marie-France Abastado
La bataille des juristes sénégalaises pour l'IVG
La seule exception à l’interdiction de l’avortement au Sénégal, c’est lorsque la vie de la mère est en danger. À l’Association des juristes sénégalaises, on se bat pour qu’il soit aussi permis en cas de viol ou d’inceste. 
La secrétaire exécutive, Awa Tounkara Cissé, rappelle que le Sénégal a signé le Protocole de Maputo qui permet l’avortement dans ces cas. « Nous ne demandons pas l’avortement à tout prix », lance-t-elle. Awa Tounkara Cissé souligne que dans la réalité, ce sont les femmes les plus démunies qui souffrent de la situation. Faute de moyens, elles vont voir des charlatans, alors que les femmes plus fortunées peuvent avoir accès à des cliniques mieux équipées qui oeuvrent dans la clandestinité.
 
Awa Tounkara Cissé, secrétaire générale de l’Association des juristes sénégalaises Radio-Canada/Marie-France Abastado
(c) Radio-Canada/Marie-France Abastado
L’Association des juristes est encore bien loin de demander la dépénalisation complète de l’avortement.  Et ce n’est pas qu’une question de religion; les mentalités n’en sont pas encore là, observe Awa Tounkara Cissé.
De son côté, la directrice de Path international, Aminatou Sar, croit qu’on devrait arriver un jour à la décriminalisation complète de l’avortement au Sénégal et pas seulement en cas de viol ou d’inceste. 
« Pour moi, l’avortement, ça procède du même courage qu’il faut quand on a aboli la peine de mort, le même courage qu’il a fallu pour imposer le vote des Noirs aux États-Unis. Et ce courage-là ne viendra pas d’une adhésion populaire, jamais ! lance-t-elle. Ça viendra d’une vraie volonté politique, une volonté de traiter sa population à égalité et de se dire qu’on ne peut pas imposer à une femme d’être mère coûte que coûte. »
 
Une rue du quartier Sacré-Coeur 3, à Dakar
(c) Radio-Canada/Marie-France Abastado
A décourir aussi : > Dans quels pays la maternité tue-t-elle le plus de femmes ? La réponse en carte
Le reportage de Radio Canada a été publié par notre partenaire et est a réécouté sur > le site de l'émission Desautels le dimanche
Marie-France Abastado
Radio Canada
Mise à jour 25.06.2018 à 09:52
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https://information.tv5monde.com/terriennes/le-controle-des-naissances-au-senegal-mene-avec-l-appui-d-ong-et-d-imams-243551

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Ai-je une sexualité "normale" ?,articles femmes hommes,couples,amours,sexes,

28 Juin 2018, 08:32am

Publié par hugo

 Ai-je une sexualité "normale" ?
La question de la normalité dans le domaine sexuel est souvent posée. Si les normes régissent la vie en société, elles posent problème quand elles perturbent ou rigidifient la sexualité... Comment s'en affranchir ?
Par Dr Charlotte Tourmente
Rédigé le 22/06/2018
 
Crédit photo :  Antonioguillem - Fotolia.com
Sommaire
Les normes sexuelles, au coeur de la normalité
Les risques des normes
Comment s'émanciper des normes ?
Les normes sexuelles, au coeur de la normalité
Fais-je assez l'amour ? Est-ce normal d'aimer telle ou telle pratique ? J'ai rarement envie de faire l'amour, est-ce normal ? La grande majorité des gens se posent un jour ou l'autre ce type de questions, par curiosité mais aussi pour se rassurer sur leur propre sexualité. Les réponses sont souvent apportées par les normes, relayées dans la presse ou sur Internet, voire imposées...
Qu'est-ce qu'une norme sexuelle ?
La définition change suivant l'angle que l'on choisit, social, éthique (défini par le bien et le mal, l'acceptable et l'inacceptable, comme l'inceste, la pédophilie et le viol pour ne citer que les plus emblématiques). Il peut être aussi médical (fondé sur la différence entre le sain et le pathologique), ou encore statistique, issu des études et enquêtes.... Le concept de norme fluctue aussi selon les époques et les cultures. "Mais il y a surtout les normes que chacun intègre dans son éducation, à partir d'exemples parentaux, des injonctions parentales ou sociétales, complète Joëlle Mignot, sexologue et psychologue. Ces normes à l'intérieur de nous, liées aux schémas sexuels, sont souvent très inconscientes." Elles influencent considérablement le rapport que l'on entretient avec le désir, le plaisir et plus largement la sexualité.
"Les normes ont des côtés positifs, elles permettent de cadrer, même si dans le domaine de la sexualité, le cadre doit rester souple et surtout pas fermé... reprend la sexologue. Elles sont utiles face à des comportement déviants et elles permettent aussi de se sécuriser. Elles ont un fonction défensive et protectrice : certains s'en servent comme un bouclier pour se protéger..." Mais les normes ont hélas des répercussions négatives chez certains.
Les risques des normes
Au 21ème siècle, on pourrait presque croire que la sexualité est devenue plus tolérante. Mais si les normes sont parfois rassurantes, la sexualité soi-disant normale se transforme parfois en exigences contraignantes. Un homme doit toujours "assurer au lit", être doté d'une érection rigide quel que soit son âge, son niveau de stress et de fatigue, ne pas éjaculer trop vite, être doux mais viril, sensuel mais trop sexuel. La femme n'est pas épargnée non plus : maman attentive le jour, elle est censée se transformer en maîtresse sexy maîtrisant le Kamâ-sutrâ, responsable de la variété sexuelle du couple, et avoir toujours envie de faire l'amour.
Vouloir absolument se conformer aux autres et aux normes conduit certains à développer des troubles sexuels : la performance et l'angoisse qu'elle génère vont affaiblir l'érection, le stress de vouloir contrôler l'éjaculation va la précipiter, la libido sera étouffée par la nécessité impérieuse de faire l'amour souvent et l'orgasme s'échappera à force d'être désiré... C'est cher payé pour répondre à une pression socio-culturelle et pas forcément à ses envies personnelles.
De plus, vouloir faire correspondre sa vie sexuelle à celle promue par les magazines ou laisser les normes la rigidifier fait courir le risque de passer à côté de sa propre sexualité, de vivre une sexualité imposée par la société plutôt que de suivre "au feeling" ce dont on a vraiment envie, avec son ou sa partenaire. Ainsi, à force de lire des articles sur la sodomie ou la fellation, on se force parfois à essayer alors que l'on n'en a pas vraiment envie... Et c'est le meilleur moyen de ne pas apprécier la pratique ! Suivre ses envies, en toute liberté et sans contrainte imposée par de pseudo-normes, c'est la base d'une sexualité épanouie et positive.
Comment s'émanciper des normes ?
Prendre conscience des pressions socio-culturelles permet de prendre un peu de distance, a fortiori si l'on parvient à les remettre en question...  Il est toujours enrichissant de se poser des questions sur ses envies sexuelles et plus largement sur sa sexualité. Réfléchir à ce qui a vraiment de l'importance à ses yeux, et uniquement à ses yeux, loin des normes sociétales, culturelles et personnelles, offre une vie sexuelle plus libre.  A fortiori parce que ce qui est imposé comme normalité n'est pas forcément fiable :  si l'on considère la norme statistique, comment être certain que les résultats des grandes enquêtes sur la sexualité soient le reflet de la réalité ?  Quand les Français rapportent trois rapports par semaine, leurs déclarations sont-elles justes ou reflètent-elles simplement ce qu'ils estimaient devoir dire ou penser, à une époque donnée ? Si l'on se penche sur la norme médicale, peut-on considérer comme anormal le fait d'éjaculer un peu plus vite que la moyenne, comme le tiers des hommes ? Ne serait-ce pas qu'une simple variante ? De plus, l'éthique sexuelle d'une époque ou d'un pays ne sera pas celle d'une autre : il n'y a pas si longtemps, la sodomie et la fellation ont longtemps été interdites et elles le sont encore à certains endroits...
Ces considérations permettent déjà de prendre un peu de distance face à la pseudo-normalité. Une sexualité épanouie n'est pas forcément dans les normes... c'est avant tout une sexualité qui convient et satisfait, tandis que la volonté de se conformer à la soi-disant normalité éloigne parfois de ses envies personnelles. On s'approche alors d'une norme individuelle et de couple, celle qui semble la plus propice au bonheur.
Communiquer et parfois consulter
Le concept de normes véhicule des jugements, des préjugés, des étiquetages... des "cases" dans lesquelles on peut se sentir enfermé, voir prisonnier, sans parvenir à en sortir. Dans ces cas-là, il est important de ne pas rester seul(e) avec ses interrogations. "Si l'on souffre dans sa sexualité ou dans sa vie affective, la communication dans le couple est importante, recommande la sexologue. Ensuite, on peut demander l'aide d'un professionnel si la norme est trop rigide et trop envahissante car elle peut empêcher un épanouissement sexuel."
Cette consultation permettra de trouver ce qui se cache derrière la question : " on aide le patient à faire la différence entre ce qui relève de la norme ou d'un interdit lié à la culture ou fondamental, détaille la sexologue qui cite par exemple certaines pratiques, comme la fellation ou la sodomie, fondamentalement interdites par certaines cultures et sociétés, ou "diabolisées" dans certaines éducations.
Se débarrasser des carcans sexuels prend du temps et demande une certaine indépendance d'esprit et de corps. Mais cela offre davantage de liberté, plus en accord avec sa nature profonde, qu'elle soit dans les normes ou pas...
par Dr Charlotte Tourmente  journaliste à la rédaction d'Allodocteurs.fr
Sponsorisé par Ligatus

https://www.allodocteurs.fr/sexo/ai-je-une-sexualite-normale_25001.html

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Agressions, discriminations... La France reste un pays homophobe,france,racisme

28 Juin 2018, 08:30am

Publié par hugo

 Agressions, discriminations... La France reste un pays homophobe
 
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Une personne LGBT sur deux a déjà subi une agression homophobe au cours de sa vie

Par Marguerite Nebelsztein
Publié le Mercredi 27 Juin 2018
Une personne LGBT sur deux a subi l'homophobie en France. Une enquête révélée ce 27 juin montre précisement les discrimination et les agressions dont elles sont l'objet.
 
Les agressions contre les personnes LGBT et les discriminations dont ces personnes sont victimes sont loin d'être de l'histoire ancienne. Une enquête menée par l'IFOP pour l'observatoire LGBT+ Fondation Jean Jaurès et la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah) sur un échantillon de 994 personnes homosexuelles, bisexuelles et transgenres révèle que les agressions physique et verbales et les discriminations sont encore leur quotidien.
Ainsi, au cours de leur vie, plus de la moitié (soit 53 % des personnes interrogées) déclare avoir subi au moins une forme d'agression à caractère homophobe. Dans le détail, on trouve les agressions verbales : 33 % déclarent avoir reçu des remarques désobligeantes et 28 % ont reçu des insultes ou des injures à caractère diffamatoire (jusqu'à 49% pour les personnes homosexuelles). Elles sont aussi victimes de menaces de révéler leur orientation ou leur identité sexuelle pour 18 %. Au cours des 12 derniers mois, ils et elles sont 16 % à déclarer avoir subi une agression à caractère homophobe.
 
L'étude révèle aussi le contexte de ces agressions verbales : 26% se passent à l'école, 23% dans la rue ou les transports en commun, 20% au travail, 19% dans leur foyer ou dans leur environnement familial, 18% sur internet ou sur les réseaux sociaux.

En tout, 33% des personnes LGBT déclarent avoir été discriminées en raison de leur orientation sexuelle. A tous les étages de la vie quotidienne, les personnes LGBT sont confrontées à de la discrimination. Les auteures de ces discrimination ? 25 % viennent des supérieures hiérarchiques ou des collègues sur le lieu de travail, soit un quart. De la part des enseignant·e·s, ce chiffre est de 21 %. Il est de 19 % pour les discriminations au cours de la vie venant des chef·fe·s d'entreprise ou des recruteurs, il en va de même pour les discriminations venant des forces de l'ordre et celle des clubs de sport. Tout comme les agressions, l'école et l'espace public sont des terreaux fertiles à l'homophobie.
 
La part des LGBT discriminés au cours de leur vie pour la recherche de logement est de 18 %, le même pourcentage se retrouve pour la discrimination dans les bars. Le chiffres est de 17 % pour les discriminations venant des responsables ou employés d'un commerce, d'une banque ou d'une compagnie d'assurance, des agents publics à qui elles ont dû présenter des documents officiels identifiant leur sexe et chez les personnels de santé.
De l'agression physique et morale à l'agression symbolique
Toutes les catégories socio-professionnelles sont touchées par ces actes. Sur la majorité des cas d'agressions ou de discriminations, les chiffres semblent être plus élevés pour les personnes racisées ou les femmes.
Alors que l'on pourrait penser que la ville est un endroit plus sûr que la campagne pour les personnes LGBT, c'est dans ces lieux que les agressions sont les plus courantes. Ainsi, 44% du panel vivant dans une commune rurale a déjà été victime d'agressions. Ce chiffre monte à 58% pour une ville de moins de 20 000 habitants et à 59% pour la région parisienne. Interrogé par France Info, Denis Quinqueton, le codirecteur de l'observatoire LGBT+ de la fondation Jean Jaurès explique : "Là où il y a du lien social, il y a moins d'agressions. Les gens se connaissent. J'ai remarqué qu'on est plus facilement homophobe face à une abstraction et que dès qu'il s'agit d'une personne, on l'est beaucoup moins."
La conséquence direct de ces agressions et discriminations homophobes est que les personnes LGBT ne peuvent avoir une vie juste normale. Face à ces violences, elles ont mis en place des stratégies d'évitement qui sont également détaillées dans cette étude. Elles sont 27 % par exemple à ne s'être pas embrassées en public, 26 % ne se tiennent pas par la main ou 33 % ont déjà évité de se montrer avec un partenaire du même sexe devant ses voisins. En tout, 60% des personnes LGBT sondées ont adopté au moins une technique d'évitement.
 
Il y a aussi les agressions symboliques. Dans la nuit de lundi 25 juin à mardi 26 juin, des vandales homophobes ont effacé à la peinture blanche un passage piéton décoré aux couleurs de l'arc-en-ciel à Paris dans le quartier du Marais et en inscrivant au sol sur le bitume : "LGBT hors de France". En réaction, des passants ont repeint le passage et la Mairie de Paris a annoncé que des passages piétons supplémentaires seraient peints dans la ville. Un joli pied de nez, mais le chemin vers la tolérance reste encore bien long.
Société france LGBT homosexualite News essentielles discrimination

http://www.terrafemina.com/article/homophobie-une-enquete-accablante-sur-les-discriminations-en-france_a343528/1

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Peut-on encore draguer dans la rue depuis #Metoo ?,articles femmes hommes,drague

28 Juin 2018, 08:20am

Publié par hugo

 Peut-on encore draguer dans la rue depuis #Metoo ?
 
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Peut-on encore draguer dans la rue ?
 
Par Léa Drouelle
Publié le Mardi 26 Juin 2018

Peut-on encore aborder des personnes dans la rue à l'ère de #Metoo ? Pour répondre à cette question, le youtubeur belge Jonathan Lambinet a filmé en caméra cachée les réactions des femmes et des hommes qui se faisent draguer par deux acteurs dans les rues de Liège.
 
L'affaire Harvey Weinstein a eu des répercussions sur le monde entier : les hashtags #MeToo et #Balancetonporc l'ont prouvé. Ces mouvements historiques qui ont libéré la parole de milliers de femmes a également largement contribué à dénoncer le harcèlement de rue. Rien qu'en France, ce fléau est subi par 3 millions de femmes chaque année, comme l'a dévoilé une étude de l'Ined publiée en décembre dernier.
Cette tendance à la méfiance de plus en plus grandissante doit-elle pour autant nous éloigner les uns des autres, quitte à nous faire rater de belles rencontres ? L'homme est-il devenu automatiquement un chasseur ou un pervers si il aborde une fille dans la rue ?
 
Voici les questions que s'est posées Jonathan Lambinet, créateur de la chaîne Youtube "Would You React". Depuis trois ans, ce youtubeur belge observe et interroge l'évolution des relations humaines au sein de la société par le biais de vidéos en caméra cachée, des "expériences sociales", comme il aime les appeler.
"Je pense qu'après cette vague et les changements qu'il y a eu récemment dans notre société, il est aussi important d'aborder ce sujet dans ce sens, tout en essayant de rassembler homme et femme sur ce même point", explique Jonathan Lambinet à propos de la drague dans la rue.
 
 

Peut-on encore draguer dans la rue : l'expérience sociale du youtubeur Jonathan Lambient, Would You React
"Arrêtez de toujours nous parler de notre physique !"
Comme à son habitude, le youtubeur a fait appel à deux acteurs, Mick et Ludovic. Les deux hommes se sont promenés dans une rue commerçante de Liège, pour aborder les femmes (et également quelques hommes). Le premier, Mick, joue le mec sûr de lui et n'hésite pas à balancer des : "T'es super jolie, franchement. Je peux avoir ton numéro ?", au bout de 2 minutes de conversation. Sans surprise, beaucoup déclinent. "Il faut arrêtez de toujours nous parler de notre physique", s'exclame l'une d'entre elles, une fois informée qu'elle a été filmée en caméra cachée.
Pourtant, si Mick ne parvient pas à ses fins, les réactions ne sont pas toujours négatives et l'échange reste souvent convivial. Certaines femmes acceptent même parfois de donner leur numéro. "Ça peut marcher, si le mec prend le temps de parler avec nous, de nous demander quels sont les bars sympas du quartier. Si le courant passe, là oui, peut-être on ira prendre un café ensemble", avance une jeune femme.
"Dans un bar peut-être, mais pas dans la rue"
Dans la deuxième séquence, Ludovic entre en scène. À l'inverse de Mick, il se met dans la peau du mec renfermé, peu sûr de lui, qui demande d'emblée aux femmes qu'il accoste si elles sont en couple. Une approche jugée bien trop directe et qui, naturellement, ne rencontre pas un franc succès.
"Les gens sont pressés dans la rue, donc si le mec arrive direct en demandant notre numéro et pour nous dire qu'on est belles, ça ne passe pas. Dans un bar peut-être, mais pas la rue", expliquent des passantes qui ont pris part (sans le vouloir) à cette expérience sociale.
"La drague en rue est encore permise, mais uniquement si elle est bien faite, et surtout si on ne parle pas du physique. C'est la conclusion qui revenait souvent dans la bouche des filles. Bien sûr certaines restent fermées et on peut les comprendre", conclue Jonathan Lambinet, que l'on aperçoit dans la dernière partie de la vidéo. "On espère voir encore beaucoup de couples qui se formeront dans la société, au hasard d'une rencontre", ajoute le youtubeur.
En janvier dernier, le youtubeur avait réalisé une expérience similaire au Salon de l'Auto de Bruxelles, dans laquelle un acteur s'adressait aux hôtesses d'accueil de manière "plus ou moins lourde" afin de tester leurs réactions. L'objectif de cette vidéo était de montrer où se situe la différence entre la drague et le harcèlement.
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Cette asso a monté des équipes de foot mixtes (et c'est une formidable idée),femmes,sport,egalite,

28 Juin 2018, 08:15am

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Cette asso a monté des équipes de foot mixtes (et c'est une formidable idée)
 
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Les joueurs et les joueuses de l'associaiton les Sportif·ve·s en pleine action

Par Marguerite Nebelsztein
Publié le Lundi 25 Juin 2018
L'association des Sportif·ve·s fait jouer au football les filles et les garçons pour défendre la mixité. Les participant·e·s se retrouvent chaque mercredi soir pour des matchs de soixante minutes.
Il fait chaud dans la salle d'UrbanSoccer à Nanterre, ce mercredi soir de juin. Les odeurs du terrain synthétique en vieux pneus remontent dans les narines. Les huit terrains couverts sont occupés par des équipes de football à cinq 100 % masculines. Sauf une, celle de la toute nouvelle association des Sportif.ve.s. Son but : favoriser la mixité dans le sport. Le jeu se joue entre deux équipes de cinq personnes. Chacune compte au moins deux filles ou deux garçons. C'est le deal pour pouvoir jouer chaque match.
Constitué en février en région parisienne autour d'un petit groupe de personnes, le collectif transformé en association depuis peu a fait boule de neige. Tous les mercredis soir, un terrain est réservé quelque part autour de Paris pour que deux équipes de cinq, plus deux remplaçant·e·s, puissent jouer. Depuis le début de l'année, ce sont ainsi 85 personnes qui se sont retrouvées en alternance pour jouer, dont 45 % de filles. Il n'y a pas d'engagement sur la durée, jouer se fait à la carte.
 
Le football reste un univers très masculin. En termes de licencié·e·s, il y a plus de deux millions d'hommes et de garçons en France, pour à peine 160 000 femmes et filles. Sur la plaquette de présentation des Sportif.ve.s, on peut lire : "Les préjugés envers les filles qui pratiquent le football sont parfois plus nombreux que dans d'autres sports. Nous appréhendons le problème dans les deux sens : prouver aux filles qu'elles n'ont aucune raison d'hésiter à se mettre au football et montrer aux garçons que jouer avec des filles n'enlève rien à la qualité de la partie."
Déborah Dechamps et Adrien Fulda, respectivement juriste et ingénieur de 28 ans, sont à l'origine du projet. Ce dernier explique : "Moi, j'ai toujours joué au foot. Quand je ramenais des copines, elles se prenaient des remarques sexistes." Il se fait la réflexion que lorsqu'elles veulent jouer à ce sport, les filles n'ont aussi pas forcément de réseau.
 
Quand l'initiative naît, le but est de libérer tout le monde : "Cela permet aux filles de se débrider et aux garçons d'arrêter leurs préjugés dans un cadre bienveillant", explique Adrien Fulda. Il ajoute : "Les garçons, même ceux qui jouent peu, n'ont jamais d'appréhension, ils ont toujours joué un peu au foot. Les femmes, il y a une barrière psychologique, même quand elles sont sportives." Depuis le début de l'année, ce sont déjà une trentaine de match qui ont été organisés.
 
Que ce soit les filles ou les garçons, tous les niveaux coexistent.
La plupart des personnes qui jouent ont eu vent de l'initiative par le bouche à oreille ou par le biais de la plateforme de networking MeetUp. "Je suis venu parce que c'est moins sérieux. Quand je joue avec mes collègues par exemple, il y a de l'animosité en mode "les gars de l'étage, on va les tuer !". C'est un peu ma bite et mon couteau", plaisante Anaël. Ce consultant en système d'information de 28 ans n'a loupé qu'un match du mercredi soir en trois mois de pratique.
Une pratique du football mixte qui libère les filles
Au but, Lucile, qui est inspectrice des impôts, arrête tous les ballons. Mais elle ne peut s'empêcher de s'excuser à chaque fois qu'elle relance la balle : "Désolé... ha désolé pardon c'était trop fort !". S'excuser en permanence, quelque chose que les garçons font en général beaucoup moins. Alors pour rassurer, Adrien joue le coach : "Bel arrêt ! Super Lucile !". Il s'explique : "Les garçons n'ont encore pas l'habitude de jouer avec les filles. On doit encore s'ajuster, les filles doivent oser jouer plus fort et les garçons un peu moins. Lucile, il y a trois mois elle ne savait pas jouer, aujourd'hui elle a mis un but. C'est une petite victoire pour nous."

"Ho, Anne, dommage !", s'exclame Gabriel après un tir cadré mais arrêté de sa coéquipière. On se soutient et l'on s'encourage. La joueuse se tord la cheville et sort pour se reprendre. Mais cette avocate de profession de 27 ans ne reste pas longtemps en dehors du terrain avant de vouloir rerentrer jouer : "Une amie m'a proposé de jouer et m'a expliqué le concept. J'ai accepté sans me rendre compte de cette 'anormalité' positive. C'est la première fois que je joue au foot. C'était aussi l'occasion de faire un sport collectif alors que quand on est adulte débutant c'est plus difficile de trouver une équipe". Elle se fiche des commentaires : "Autour de moi, certains me font des remarques pour me charrier. On a des débats féministes, ils sont dans la provoc' mais sinon, ils trouvent ça cool. J'ai eu la remarque une fois "c'est les sportives du dimanche !"".
Que ce soit les filles ou les garçons, tous les niveaux coexistent. Plus jeune, Maria a voulu devenir joueuse professionnelle au Mexique, son pays d'origine. Elle a commencé ce sport à l'âge de 6 ans et après plusieurs années de football à l'école, elle finit par abandonner l'idée par manque de coéquipières à l'âge de quinze ans. Aujourd'hui, à 26 ans, cette analyste pour Axa en France a souhaité reprendre la pratique : "Je jouais tout le temps au football avec mon frère et ses amis. A l'école de foot, j'ai joué avec des équipes de garçons". La pratique en mixité lui convient parfaitement : "Ce n'est pas pour le challenge, c'est juste pour jouer. Il y a moins de contact".
"Quand on est dynamique, on peut faire tous les sports"
Adrien sort et se fait remplacer : "Chuis mort, moi !". Soixante minutes à courir derrière un ballon, cela crève. Sur son engagement pour l'égalité, il répond : "J'ai trois soeurs, j'ai des potes filles qui jouent au foot et elles se prennent des réflexions, je n'aime pas ça. Selon la définition actuelle, je suis féministe. C'est cool de sentir que le projet parle, qu'il a du sens pour la société."
Le nom même de l'association est inclusif. Élaboré à l'écrit en écriture inclusive, comment dit-on son nom à l'oral ? La réponse, c'est Anne qui la donne : "Sportifeuveu". Tout simplement.
 
Le rôle de gardien·ne de but tourne, cette fois-ci c'est Maria
Parfois, il faut s'y reprendre à deux fois pour recruter des filles comme le raconte Élodie, une fonctionnaire de 26 ans. "Deborah Dechamps est l'amie d'une amie, elle a dû me harponner plusieurs fois pour que je vienne. Elle a insisté insisté, puis je me suis décidée à venir voir. Et en fait, c'est super, on transpire comme jamais !" Elle n'avait jamais pratiqué le foot auparavant, mais elle est sportive : "Je n'ai pas le niveau technique. Mais quand on est dynamique, on peut faire tous les sports. On essaie d'embrigader toutes les filles par le bouche à oreilles. J'en parle à tout le monde... sauf mon mec, il n'aime pas le foot."
Il y a aussi des petits réflexes, qui, mis bout à bout, changent tout et créer une atmosphère accueillante et bienveillante, comme cette phrase : "Dans l'autre équipe, c'est qui l'homme du match... ou la femme du match ?". A la rentrée, pour la première année complète de l'association, la plupart souhaite se réinscrire. Les Sportif·ve·s sont plein·e·s d'ambition et cherchent des mécènes et des entreprises partenaires. En plus des matchs chaque semaine, l'association organise des entraînements pour les personnes qui souhaitent se perfectionner. Elle a aussi organisé son premier tournoi début juin qui a réuni une quarantaine de personnes sur une demi-journée. Un nouveau tournoi aura lieu le 28 juillet prochain en région parisienne.
Ce mercredi soir-là, le match se termine à six buts partout. L'égalité parfaite, ce que souhaite transmettre les Sportif·ve·s.
Les personnes souhaitant s'inscrire à l'association Sportif·ve·s peuvent le faire sur cette page.
Page facebook des Sportif·ve·s
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"Témoins, agissez !" : Bordeaux lance sa campagne contre le harcèlement de rue,femmes,violences,

28 Juin 2018, 08:14am

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 "Témoins, agissez !" : Bordeaux lance sa campagne contre le harcèlement de rue
 
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"Témoins, agissez !" : Bordeaux lance sa campagne contre le harcèlement de rue

Par Marguerite Nebelsztein
Publié le Lundi 25 Juin 2018
A Bordeaux, 89% des femmes ont subi le harcèlement dans la rue. Pour tenter d'endiguer ce fléau, la ville lance une première campagne pour inciter les témoins à agir.

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La ville de Bordeaux a lancé une exposition de six affiches pour alerter les passant·e·s sur le harcèlement de rue mais aussi déculpabiliser les victimes. Intitulée "Un regard ne suffit pas", elle s'adresse particulièrement aux témoins d'agressions et les incite à réagir. Et contrairement à la récente campagne de la région Ile-de-France, les agresseurs n'y sont pas représentés en animaux, mais bien en chair et en os.
Cette campagne qui durera quinze jours a été élaborée conjointement avec les associations Stop Harcèlement de Rue et Hé Madmoizelle. Elle est exposée au Miroir d'eau, sur les quais bordelais, un lieu très passant de la ville, du 19 juin au 1er juillet. Six affiches y décrivent des situations fictives auxquelles beaucoup de femmes ont été confrontées. On y voit une fille agressée par un frotteur dans le tramway ou une autre importunée par une homme sur les marches d'un monument bordelais, une autre bloquée dans une rue contre un mur ou un groupe de garçons qui montrent du doigt une femme en mini-jupe.
 
A Paris, 100 % des femmes ont déjà été harcelées dans les transports. A Bordeaux, selon une enquête "Femmes et déplacements" datant de 2016, 83 % des habitantes ont déjà été harcelées dans la rue. Une étude montre également que 89% des personnes interrogées qui ont été témoins d'agressions n'ont eu aucune réaction.
Marie Szalay, étudiante en ingénierie et recherche psychosociales et stagiaire à la mairie de Bordeaux, a elle aussi mené son enquête en avril. Elle a recueilli près de 300 réponses. Les résultats ont permis d'élaborer cette campagne d'affichage. Sur France Bleu Gironde, elle précise la démarche derrière cette première exposition : "On cherche à recueillir les avis. La majorité des personnes concernées par le harcèlement de rue se sont les témoins." Sur la réaction des hommes à cette campagne elle raconte : "Les hommes sont tous très intéressés. Ils comprennent le sens, je pense qu'ils se voient eux-mêmes à la place des témoins qu'ils ont déjà été, ça leur parle".
 
C'est Léo Massias, un étudiant en master psychologie à l'Université de Bordeaux, qui a réalisé les photos. Il explique au journal Sud-Ouest : "En prenant ces photos, j'ai voulu instaurer de la gêne chez ceux qui les regardent".
 
La campagne contre le harcèlement de rue de la ville de Bordeaux incite les témoins à agir
 
Interrogé par 20 Minutes, Marik Fetouh, adjoint au maire de Bordeaux chargé de l'égalité et de la citoyenneté, précise : "Les campagnes de sensibilisation ne vont pas révolutionner la société, mais c'est grâce à ce type d'action qu'on fera avancer les choses dans le bon sens".
En parallèle, l'association Stop Harcèlement de Rue en a profité pour relayer son guide pour lutter contre ce fléau qui pourrit la vie quotidienne des femmes. Il explique que la première chose à faire en tant que témoin et de s'interposer physiquement entre le harceleur et la victime, sans forcément parler. Si vous avez trop peur d'intervenir, vous pouvez aussi en parler à un·e voisin·e et y aller à deux. Si une personne intervient, les autres passant·e·s auront moins de mal à se lancer pour réagir. Une autre technique consiste à dire bonjour à la victime en faisant semblant de la connaître pour que le harceleur ne la voit plus comme isolée.
Cette campagne n'est qu'un premier pas vers cette sensibilisation. Elle sera étendue à toute la ville de Bordeaux du 8 au 24 novembre 2018 pendant la Quinzaine de l'égalité.
Société Harcèlement de rue harcèlement transports publicité News essentielles

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Gironde : "En Guerre", le film de Stéphane Brizé, projeté devant des salariés de Ford Blanquefort,

28 Juin 2018, 08:07am

Publié par hugo

Gironde : "En Guerre", le film de Stéphane Brizé, projeté devant des salariés de Ford Blanquefort
mardi 26 juin 2018 à 2:29
Par Pierre-Marie Gros, France Bleu Gironde
Près de 200 personnes ont assisté lundi soir au cinéma les Colonnes, à Blanquefort, à la projection du film de Stéphane Brizé, avec Vincent Lndon, qui raconte le combat d'ouvriers pour sauver leur usine. Et parmi ces spectateurs, se trouvaient une vingtaine de salariés de Ford Blanquefort.
 
Vincent Lindon dans "En Guerre" -
Blanquefort, France
Un film qui raconte peu ou prou leur combat : lundi soir, le collectif des salariés de Ford organisait  une projection du film En Guerre, au cinéma Les Colonnes, à Blanquefort. Ce film, présenté au dernier Festival de Cannes, avec en vedette Vincent Lindon, évoque une histoire comparable à la leur : le combat des ouvriers d'une usine du Lot et Garonne, contre la fermeture du site. La  projection s'est déroulée en présence du réalisateur, Stéphane Brizé, et de Xavier Mathieu, conseiller sur ce film et ancien leader des Conti, les ouvriers de Continental qui se sont battus en vain contre la fermeture de leur usine, il y a 10 ans dans l'Oise.

Juste avant le début de la projection © Radio France - PIerre-Marie Gros
Parmi les 200 spectateurs se trouvait une vingtaine de salariés de Ford.  Ils ont effectivement trouvé dans cette fiction, au moins dans sa première partie, de fortes similitudes avec ce qu'ils vivent :  une usine qui ferme alors que le groupe réalise des bénéfices records, l'impuissance des politiques jusqu'au plus haut sommet de l'Etat, et les répercussions de la lutte sur la vie familiale, personnelle. Thierry travaille depuis 28 ans à Ford Blanquefort : "c'est la troisième fois que je voyais le film, la deuxième fois, j'ai pleuré pendant la projection". 
C'est nous, c'est ce qu'on vit au jour le jour. — Thierry, salarié chez Ford
"C'est nous, c'est notre combat"
Pour cet ouvrier, "nous en sommes aujourd'hui là où en sont les salariés au milieu du film, et j'ai peur que nous vivions une seconde partie encore plus violente". Car dans un second temps, le combat se radicalise, et apparaissent alors au grand jour les divisions syndicales : les tensions entre ceux qui veulent sauver l'usine à tout prix et ceux qui veulent partir et encaisser le chèque, et ça aussi, pour Stéphane, 24 ans de maison, c'est aussi le reflet de la réalité. "Il y a ceux qui pensent d'abord à l'emploi, explique-t-il, et puis ceux qui pensent à la prime. Je ne les critique pas, ils ont leurs raisons. Mais il n'y a plus d'unité syndicale.".
Xavier Mathieu et Stéphane Brizé pendant le débat avec la salle © Radio France - Pierre-Marie Gros
Après la projection, Stéphane Brizé et Xavier Mathieu ont répondu pendant trois-quarts d'heure avec le public. "Quand on me dit que mon film sonne juste, sonne vrai, dit-il notamment, je suis effectivement content de ne pas les avoir trahis.
Quand en sortant, les gens me disent : on a le sentiment de se voir à l'écran, je suis content d'avoir été à la hauteur de leur réel. — Stéphane Brizé, réalisateur d'En Guerre
"J'ai de l'admiration pour le combat des Ford" Stéphane Brizé, réalisateur d'En Guerre
Stéphane Brizé a conclu la soirée en rendant hommage aux salariés de Ford pour la défense de leurs emplois. Un combat qui se poursuit dès ce mardi : syndicats et direction de l'usine de Blanquefort se retrouvent toute la journée pour définir les contours du PSE, le Plan social pour l'emploi. Quatre-vingt dix postes au total sont menacés. Les premiers départs volontaires pourraient intervenir début 2019.
Mots-clés : industrie plan social voiture
Par :
Pierre-Marie Gros France Bleu Gironde

https://www.francebleu.fr/infos/economie-social/gironde-en-guerre-le-film-de-stephane-brize-projete-devant-des-salaries-de-ford-blanquefort-1529971279

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