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Simone Veil : une histoire de France
Portrait de nos partenaires de France TV, 3'10
Rescapée de la Shoah, dont elle incarnait la mémoire, Simone Veil fut l'une des plus grandes figures de la Vème République, jalon de l'Histoire française, européenne et mondiale des femmes. Un parcours qui s'achève au Panthéon le 1er juillet 2018, le jour où cette immense femme entre dans le temple des "grands hommes".
30 juin 2017
Mise à jour 29.06.2018 à 19:58 par
Sylvie Braibant
dansAccueilTerriennesParité et politiqueLe droit à l'avortement dans la tourmenteLes femmes politiques
"Ma mère est morte ce matin à son domicile. Elle allait avoir 90 ans le 13 juillet", C'est par ces mots sobres que l'avocat Jean Veil, l'un de ses fils, avait annoncé le décès de Simone Veil, ce 30 juin 2017. Ce jour-là toute le pays fut en deuil. Les femmes, plus que les hommes sans doute, pleurèrent l'une des plus ardentes défenseure de leurs droits.
Elle portait une robe bleue, un collier strict autour du cou, les mains bien calées sur ses notes. J'ai eu ce bonheur là. J'allais avoir 18 ans, je commençais ma première année de Droit, et, depuis les tribunes de l'Assemblée nationale réservées aux corps constitués, j'assistais à ce moment historique, ma première rencontre avec cette femme. C'était le 24 novembre 1974 au moment de ce discours là, qui allait ouvrir le droit à l'avortement pour les Françaises, mettre fin à des siècles d'obscurantisme sur le droit à disposer de son corps pour les femmes en France.
Simone Veil était née dans la lumière de la Méditerranée, le 13 juillet 1927 à Nice, benjamine d'une famille de la bourgeoisie juive, père architecte, prix de Rome, mais peu enclin à l'émancipation des femmes - il demanda à son épouse Yvonne, née Steinmetz, d'abandonner ses études aussitôt l'union prononcée. Cette mère qui compta tant dans sa formation, dans les jours heureux comme dans la tragédie.
Soixante ans plus tard, je suis toujours hantée par les images, les odeurs, les cris, l'humiliation, les coups et le ciel plombé par la fumée des crématoires
Après 1940 et l'occupation nazie en France, cette famille juive non pratiquante, harmonieuse, loin de Paris, résista plus longtemps que d'autres à la déportation. Simone Veil eut même le temps de passer son bac en mars 1944, un ultime signe de "normalité" pour cette jeune juive en France sous le gouvernement collaborateur de Vichy. Le 30 mars 1944, Simone J comme Jacob ou comme Jacquier son nom d'emprunt francisé pour échapper aux rafles, est arrêtée par des SS en compagnie de sa soeur Milou (Madeleine) et de sa mère, Yvonne. Direction d'abord Drancy puis Auschwitz.
Devant l'avancée des troupes soviétiques en janvier 1945, elles seront évacuées vers Bergen-Belsen, lors de l'une de ces marches de la mort durant lesquelles périrent les reclus des camps d'extermination, corps décharnés, incapables de résister. Yvonne Jacob, épuisée et atteinte du typhus, décèdera le 15 mars 1945, un mois à peine avant la libération de ce camp par les Anglais. Et pour sa fille Simone, une culpabilité, celle des revenants, jamais altérée...
Au retour, elle découvre que son père et son frère sont morts eux aussi. Simone et ses deux soeurs sont les seules survivantes.
Le texte fut ratifié en janvier 1975. Et il s'en trouve certain-es pour vouloir le défaire aujourd'hui.
A retrouver dans Terriennes :
> 26 novembre 1974 : Simone Veil présente son projet de loi sur la légalisation de l'avortement
Elle ne cilla pas, ne chancela pas. Elle avançait, aidée par un caractère bien trempé (c'est un euphémisme) et savait que pour ne plus vivre les chaos du 20ème siècle, il fallait être Européen, résolument, absolument. Elle conduisit la liste Union pour la démocratie française et devint la première femme présidente du Parlement européen, une consécration évidente.
Et puis elle se consacra à ce qui lui semblait nécessaire encore et toujours : rappeler la mémoire de la Shoah, pour que plus jamais n'arrive "ça".
Le kaddish sera dit sur ma tombe
Elle avait écrit aussi : "Je suis juive. (.../...) De cet héritage, il ne m’est pas possible de dissocier le souvenir sans cesse présent, obsédant même, des six millions de juifs exterminés pour la seule raison qu’ils étaient juifs. Six millions dont furent mes parents, mon frère et nombre de mes proches. Je ne peux me séparer d’eux.
Cela suffit pour que jusqu’à ma mort, ma judéité soit imprescriptible.
Le kaddish sera dit sur ma tombe."
Sylvie Braibant
Mise à jour 29.06.2018 à 19:58
https://information.tv5monde.com/terriennes/simone-veil-une-histoire-de-france-178121
Simone Veil : une histoire de France
" Ma mère est morte ce matin à son domicile. Elle allait avoir 90 ans le 13 juillet", C'est par ces mots sobres que l'avocat Jean Veil, l'un de ses fils, avait annoncé le décès de Simone Veil,...
https://information.tv5monde.com/terriennes/simone-veil-une-histoire-de-france-178121