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La députée Aurore Bergé veut exclure les hommes trans de la protection du droit à l’IVG

11 Novembre 2022, 01:27am

Publié par hugo

 ACTU EN FRANCE
La députée Aurore Bergé veut exclure les hommes trans de la protection du droit à l’IVG
Maëlle Le Corre 10 nov 2022 8

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MADMOIZELLE  SOCIÉTÉ  ACTUALITÉS  ACTU EN FRANCE
Un amendement déposé par la députée Renaissance Aurore Bergé dans le cadre de l’inscription de l’IVG dans la Constitution choque les associations LGBTQI+. Il viserait à restreindre la protection du droit à l’avortement en en excluant les hommes trans.
Garantir le droit à l’IVG en l’inscrivant enfin dans la Constitution, l’idée est sur toutes les lèvres depuis la révocation de Roe v Wade aux États-Unis en juin 2022. Depuis, c’est la sénatrice écologiste Mélanie Vogel qui s’est par exemple emparée du sujet en présentant une proposition de loi constitutionnelle le 19 octobre dernier, proposition qui a finalement été rejetée.

Ce mercredi 9 novembre, un amendement porté par la députée et présidente du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale Aurore Bergé a finalement été adopté en commission des lois et devra être examiné la semaine du 28 novembre à l’Assemblée nationale.


On était à deux doigts de se dire « une bonne chose de faite »… mais c’était avant de voir le contenu du dit-texte.

Un amendement qui exclut les hommes trans de la protection du droit à l’IVG
C’est Sébastien Tuller, responsable des questions LGBTQI+ pour l’ONG Amnesty Intertnational France, qui a signalé son adoption et son contenu. Il dénonce qu’à travers une avancée significative et nécessaire pour protéger l’accès à l’IVG, certains politiques en profitent pour bafouer les droits sexuels et reproductifs d’autres personnes :

tweet IVG sebastien tuller aurore berge
Remplacer « Nul ne peut être privé du droit à l’interruption volontaire de grossesse » par la formulation « nulle femme ne peut être privée du droit à l’interruption volontaire de grossesse » permettrait selon la députée d’empêcher qu’une personne extérieure de s’opposer à ce qu’une autre avorte. C’est en tout cas la ligne de défense qu’elle a tenu, après avoir été interpellée sur les réseaux sociaux, celle de « garantir que des tiers ne puissent en aucune manière interférer dans le choix libre d’une IVG ».

Mais les associations et les activistes LGBTQI+ ne sont pas dupes face à cet amendement : l’Inter-LGBT a aussitôt dénoncé le « caractère foncièrement transphobe » de son adoption. Le député Renaissance Raphaël Gérard, qui est donc dans le camp politique d’Aurore Bergé, a lui aussi rappelé que « la meilleure prise en compte des droits des personnes trans ne menace EN RIEN les droits des femmes. »

C’est un fait : les hommes trans peuvent tomber enceints, et à ce titre doivent pouvoir bénéficier d’un suivi de grossesse, mais aussi avoir accès à l’avortement. Or, la formulation choisie dans cet amendement exclut de fait un homme trans qui aurait son changement d’état civil et souhaiterait avoir recours à une IVG.

Le résultat de l’offensive transphobe contre le Planning familial ?
Durant l’été, alors que le Planning familial était violemment attaqué pour avoir présenté une affiche sur l’inclusion des hommes trans dans ses structures, Aurore Bergé avait reçu Dora Moutot et Marguerite Stern, et donc témoigné de son soutien à deux activistes transphobes et à leur combat « contre l’invisibilisation des femmes ». Une séquence médiatique que nous avions justement analysée sur Twitch avec Maud Royer et Alice Ackermann :


Doit-on voir dans cet amendement le résultat de la poussée transphobe de ces militantes qui se présentent comme « femellistes » ?

Inscrire le droit à l’IVG dans la Constitution apparaît nécessaire pour protéger la liberté de disposer de son corps et prévenir un possible retour en arrière, comme cela a pu être le cas dans d’autres pays en Europe, notamment la Hongrie. Pour autant, cette inscription dans la Constitution ne devrait pas s’accompagner d’une instrumentalisation visant à faire reculer davantage les droits des personnes trans.

Des précédents existent : lors de l’extension de la procréation médicalement assistée votée en 2021 aux couples de femmes et aux femmes célibataires dans le cadre de la révision de la loi de bioéthique, les hommes trans ont été sciemment exclus. Ils n’ont pas été oubliés, ils ont été mis de côté pendant l’examen du texte, comme si leurs droits sexuels et reproductifs ne méritaient pas aussi d’être reconnus et protégés.

À lire aussi : Les violences médicales transphobes, en France, « ça commence dès la salle d’attente »

Crédit photo : Capture

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Publié le 10 novembre 2022 à 12h13


https://www.madmoizelle.com/la-deputee-aurore-berge-veut-exclure-les-hommes-trans-de-la-protection-du-droit-a-livg-1459677

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Avenir incertain pour l’emblématique L-Festival, le festival belge des fiertés lesbiennes, bi et trans

11 Novembre 2022, 00:27am

Publié par hugo

 Avenir incertain pour l’emblématique L-Festival, le festival belge des fiertés lesbiennes, bi et trans

mercredi dernier à 19:31

Temps de lecture
5 min
Par Camille Wernaers pour Les Grenades
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Ce 20 octobre, la RainbowHouse annonçait sur Facebook la fin du L-Festival, un événement lancé il y a 10 ans et consacré aux femmes lesbiennes, bisexuelles et transgenres (LBT).

La RainbowHouse, qui rassemble de nombreuses associations francophones et néerlandophones LGBTQIA +, explique dans son post que son rôle de coupole vise "à organiser la synergie et à représenter toutes les identités, et pas une en particulier. De plus, nous pensons que les identités lesbiennes méritent d’être représentées tout au long de l’année, et pas juste pendant quelques jours."

Le texte continue : "La maison/fédération avait endossé ce rôle parce qu’il n’existait pas, alors, d’association dédiée aux publics lesbiens qui puisse ou veuille organiser ce festival. Il existe maintenant plusieurs associations qui s’adressent à ce public. La fédération souhaite se retirer de ce projet et redéployer ses ressources vers d’autres missions." La RainbowHouse lance un appel pour que des associations de terrain reprennent le festival afin d’assurer sa survie.

Nous sommes prêts à apporter tout notre soutien pendant plusieurs années s’il le faut pour que le festival perdure. C’est une main tendue

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"Je suis bouche bée"
Plusieurs personnes ne semblent pas adhérer à ces explications et ont réagi sous la publication. "C’est l’événement qu’une myriade de personnes attend toute l’année… je suis bouche bée", peut-on lire. "Sous-financer les lesbiennes, c’est appauvrir des personnes qui vivent déjà une double discrimination. Les effacer du secteur culturel, c’est augmenter leur isolement social et psychologique ", écrit une autre. "Pourriez-vous nous dire quelles associations organisent des événements semblables ? Il n’en existe pas", questionne encore une autre personne.

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

Des personnes qui collaborent avec la RainbowHouse regrettent également cette décision. "Il y a besoin d’un espace dédié aux femmes au sein de la RainbowHouse et c’est tout à fait le rôle d’une coupole de l’organiser, précise l’une d’entre elles. Car le L-Festival rassemble justement un public très différent, celui de différentes associations-membres. Elles ont des âges différents, des classes sociales différentes. On vient au festival pour débattre, assister à conférences et aussi pour faire la fête après. C’est très diversifié. Aucune association ne pourra porter seule un tel événement de 10 jours. C’est incompréhensible !"

Une collaboratrice insiste : "Il y a beaucoup moins de lieux de sociabilité pour les femmes lesbiennes, bisexuelles et transgenres que pour les hommes homosexuels qui disposent de nombreux bars. A Bruxelles, nous n’en avons qu’un seul, le Crazy Circle ! Ce sont des lieux qui ont moins de moyens, qui ont du mal à survivre. D’où l’importance du L-Festival pour cette communauté."

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"La communauté lesbienne est invisibilisée et précarisée"
Anne-Sophie Sonnet a créé l’association Pullet Rocks, qui fait partie de la RainbowHouse et qui soutient le travail des musiciennes depuis sa création en 2013. "Nous avons très vite collaboré avec le L-Festival et c’était très important pour nous, en termes de visibilité. Le festival brasse un public bien plus large que nos événements, les artistes qui s’y produisent sont correctement rémunérées. Cela participe, selon moi, au soutien qu’une association-coupole peut apporter à ses membres. Le festival prenait justement de plus en plus d’ampleur ! Je suis déçue et dégoûtée !", explique-t-elle aux Grenades.

Elle a été "choquée" par certains arguments avancés par la RainbowHouse : "Dire qu’une autre association doit reprendre le flambeau, c’est du foutage de gueule ! Nous n’avons pas de moyens, ni financiers, ni matériels pour nous en occuper.  Il est évident que la communauté lesbienne est invisibilisée et précarisée. C’est un public fragile qui a besoin de visibilisation."

Sous-financer les lesbiennes, c’est appauvrir des personnes qui vivent déjà une double discrimination

"Cela ne m’étonne pas tellement qu’il soit supprimé au vu de la situation en interne. En tant qu’association-membre, nous sommes présentes aux assemblées générales et on peut constater une certaine déstructuration de l’équipe, qui pose question surtout à certaines associations féministes qui font partie de la RainbowHouse. Le L-Festival aurait pu redorer le blason de la maison, ils se sont tiré une balle dans le pied", observe-t-elle.

Une autre personne se questionne : "Ils ont décidé de chercher à tout prix la rentabilité, au détriment du bien-être des travailleuses et travailleurs. Est-ce que l’important maintenant, ce sera les moyens, et non l’humain ?"

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"Nous ne souhaitons pas la fin du L-Festival"
De son côté, Marie-Louise Chenois, co-présidente du conseil d’administration de la RainbowHouse, soutient que plusieurs raisons justifient l’arrêt de l’organisation du festival. "D’abord, il y a la question de la santé de l’équipe, qui est surmenée. Il y a des burn out et des situations de stress. Un tel festival se programme pendant des mois. Nous avions aussi pris ce rôle car aucune autre association ne pouvait le faire. Nous ne souhaitons pas la fin du L-Festival, c’est pour cela que nous avons lancé un appel pour qu’il puisse être relancé par une ou plusieurs associations et nous sommes prêts à apporter tout notre soutien pendant plusieurs années s’il le faut pour que le festival perdure. C’est une main tendue."

Elle s’étonne des réactions exprimées à la suite du communiqué posté sur Facebook. "Je vois surtout beaucoup d’attaques personnelles. Cette décision a pourtant été actée en AG au mois de septembre, les associations étaient présentes et auraient pu réagir à ce moment-là. Ces réactions s’expriment parce que nous avons souhaité être transparents et communiquer, justement."

Quant à l’invisibilisation des lesbiennes : "C’est assez paradoxal de nous reprocher ce genre de choses, puisque je suis moi-même lesbienne, c’est également le cas de l’autre présidente, Hilde De Greef", répond Marie-Louise Chenois. Par rapport à la méfiance de certaines associations féministes, la co-présidente dit "comprendre" et estime qu’"un maximum de choses ont été faites en interne à ce sujet."

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"Nous souhaitons travailler sur les violences institutionnelles, et donc réorienter nos activités vers cette problématique. J’en ai moi-même vécues, ce sont des violences très pernicieuses. Nous voulons créer des formations, notamment à destination des entreprises. Il faut se libérer du temps pour le faire", explique Marie-Louise Chenois. "Et je tiens à dire qu’il est plus facile de critiquer de l’extérieur. Si des personnes veulent amener de nouvelles réflexions, changer les équilibres dans la RainbowHouse, la porte du CA leur est ouverte. Nous avons beaucoup de mal à trouver des gens pour entrer dans le CA de l’association. Par ailleurs, nous ne coupons pas la communication, il est possible de nous contacter de différentes façons en cas de questions."

Une nouvelle publication a été postée le 8 novembre par la RainbowHouse sur la page du L-Festival, dénonçant la "désinformation" qui circule autour de l’annulation de l’événement. Une pétition a depuis été lancée pour sauver le L-Festival.

Quelle visibilité pour les personnes LGBTQIA + – Les Grenades, série d’été

Les Grenades - Série d'Eté
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Un "débat" sur l'existence des personnes trans sur France 2

7 Novembre 2022, 06:04am

Publié par hugo

Un "débat" sur l'existence des personnes trans sur France 2 

https://youtu.be/iH4k0tEoX7I

https://youtu.be/iH4k0tEoX7I

 

CAMILL ET  JUSTINE  SONT  SE MOQUENT TRES  BIEN DE  CETTE FEMMES  TRANSPHOBE 

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Une héroïne trans dans le jeu vidéo culte Apex Legends ? C'est historique

20 Octobre 2022, 15:56pm

Publié par hugo

 Une héroïne trans dans le jeu vidéo culte Apex Legends ? C'est historique
Publié le Mercredi 19 Octobre 2022
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Louise  Col
Par Louise Col Journaliste

Une héroïne trans dans le jeu vidéo culte Apex Legends ? C'est historique
Le jeu vidéo culte "Apex Legends" proposera d'incarner une héroine transgenre dès novembre prochain. Un personnage qui devrait être combattif, inspirant et "authentique". Une grande première.
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Un personnage transgenre dans un jeu vidéo ? La chose est suffisamment rare pour le souligner. Catalyst, alias Tressa Smith, femme transgenre, investira prochainement Apex Legends, la célèbre licence vidéoludique d'Electronic Arts initiée en 2019. Ce jeu de tir à la première personne proposera dès le 1er novembre prochain d'incarner ce personnage, en lutte contre son antagoniste, Hammond Robotics.

Sur YouTube, une vidéo mettant en scène Catalyst s'avère explicite. "Ma transition a été difficile... Je vois le monde sous un nouveau jour, depuis que je suis enfin moi-même", détaille ce nouveau personnage à l'adresse du public. Une première pour Apex Legends, qui cependant, rappelle BFM TV, a déjà mis en scène des personnages LGBTQ par le passé.

Un personnage intelligemment pensé
Pour les auteurs d'Apex Legends, il ne s'agit pas simplement de rendre l'univers du jeu vidéo plus inclusif - ce qui ne serait déjà pas si mal. L'idée est également de le faire intelligemment. Ainsi la scénariste Ashley Reed déclare-t-elle avoir travaillé en étroite collaboration avec des employés transgenres du studio, ainsi qu'avec des représentants de GLAAD, l'organisation américaine luttant pour le respect des droits des personnes LGBTQ.

Utile pour ne pas exclure les personnes concernées du processus de réflexion, donc. En outre, Meli Grant, la comédienne de doublage du personnage, est une femme trans, rappelle PC Gamer. "C'est très significatif de pouvoir travailler avec une équipe qui, je le sais, se soucie énormément de s'assurer qu'elle gère ce personnage avec soin et de créer un personnage respectueux et digne, authentique", a d'ailleurs déclaré cette dernière.

"Et Dieu merci, les collaborateurs ont été réceptifs à chaque étape de ce processus. Nous échangeons constamment sur ce que le personnage pouvait être, d'où il venait et où il allait. C'était une vraie collaboration et c'était tellement épanouissant sur le plan artistique", s'est encore réjouie la comédienne de doublage, qui assure que le jeu vidéo ne sombrera pas dans le "queerbaiting". Autrement dit, une démarche opportuniste visant à "séduire" la communauté LGBTQ par des choix artistiques stratégiques.

BUZZ NEWS ESSENTIELLES JEUX VIDÉO TRANSGENRE LGBTQI


https://www.terrafemina.com/article/jeu-video-bientot-une-heroine-trans-dans-le-jeu-culte-apex-legend_a366524/1

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La transphobie, une violence qui trouve ses racines dans le sexisme

19 Octobre 2022, 23:52pm

Publié par hugo

La transphobie, une violence qui trouve ses racines dans le sexisme
Par Elsa Gambin Mis à jour le 19/10/2022 à 16:53
Transphobie
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Violence quotidienne aux répercussions lourdes pour les personnes trans, la transphobie imprègne toutes les sphères, familiales, amicales, sociales et politiques de notre société. Pour mieux la combattre, il est urgent de comprendre ses origines et, surtout, d'entendre la parole des concerné•es.
Sommaire
La transphobie, des agressions au quotidien
Sortir du rang et bousculer l'ordre établi
Des invisibles perçus comme "indésirables"
Une masculinité appeurée
La transphobie dans le féminisme
Un parcours émaillé de curiosité malsaine, de remarques désobligeantes, de négation et d’insultes. Avec, parfois, quelques instants de répits. Léon, 20 ans, a fait son coming-out en fin de Seconde. L’équipe de direction interdit alors d’utiliser son prénom. Certain•es professeur-es le font en douce. "Mon existence était proscrite. Une année, j’étais très heureux d’être élu roi du bal du lycée, eux ont voulu me couronner reine. J’ai évidemment dit non."

La transphobie, l’histoire de Léon en est jalonnée. Scolarité, soirées entre ami•es, lieux publics. Et rendez-vous médicaux. Un jour qu’il doit faire une échographie pelvienne, on lui rétorque : "On ne fait pas d’écho à des messieurs !". "Je pense que des personnes ne vont plus chez le médecin par crainte", soupire le jeune homme.

Lire aussi :
Que fait l’Éducation nationale pour accueillir et protéger ses élèves transgenre ?
Vidéo du jour :

La transphobie, des agressions au quotidien
Pour les personnes trans, chaque acte du quotidien qui se veut banal peut engendrer angoisse et/ou appréhension. À son travail, le contrat de Léon indique son deadname (1). On lui assure que la machine ne peut pas le modifier. Pourtant, ce sera fait quelques temps plus tard. "J’ai compris que ce n’était pas un problème de machine, mais de personne."

Léon distingue maladresse et remarque transphobe. Celles et ceux qui veulent être sympas "mais se foirent" à grands coups de "T'es réussi, ça ne se voit pas du tout !" et les autres, les hostiles, les aigri•es, les violent•es. S’il y a certes une différence entre cet homme en camionnette qui lui a lancé un "Sale trans !" en ralentissant à sa hauteur, et celles et ceux qui lui disent "Tu es bel homme en plus", la quotidienneté des remarques liée à sa transidentité révèle que celle-ci est encore vue comme une transgression de genre.

Pour le sociologue Emmanuel Beaubatie, auteur du livre Transfuges de sexe (2), "la transphobie naît d’un ordre du genre constitué d’une différence et d’une hiérarchie entre les hommes et les femmes. Ce qui est perçu comme un passage de frontière sociale est sévèrement sanctionné car ce passage vient transgresser l’ordre du genre établi". Or, encore aujourd’hui, pour la plupart des gens, transgresser le genre relève de l’impensable.

Sortir du rang et bousculer l'ordre établi
Léon, lui, cispasse (3) aujourd’hui comme un homme mais est perçu "davantage comme un homme efféminé plutôt qu’un homme trans". Les insultes transphobes ont donc laissé la place aux insultes homophobes. Sortir du rang dominant se paye à chaque instant.

Michelle (4), 28 ans, en sait quelque chose, elle qui a vécu un cauchemar à l’université, où l’administration refuse son identité féminine. Mégenrée (5), elle se voit inscrite en option sport dans un groupe de garçons, qui multiplie les moqueries et les propositions sexuelles. Ces vestiaires masculins sont une expérience traumatisante. Elle devient "la trans". "Je ne me suis pas démontée, mais ce fut un acte de rébellion assez compliqué à assumer", se souvient la jeune femme. Autre fois, autre lieu, Michelle fut prise à partie par un groupe. Ce jour-là, elle eut peur de l’agression physique. "On me criait que je faisais honte, qu’on allait me montrer ce que c’était d’être un mec."

La transphobie naît d’un ordre du genre constitué d’une différence et d’une hiérarchie entre les hommes et les femmes.

Aujourd’hui travailleuse sociale, elle constate que le milieu n’empêche en rien les manifestations transphobes. Elle a ainsi croisé un chef "un peu dragueur, dont la virilité a pris un coup en apprenant que j’étais trans". L’odieux masculiniste, vexé, lui jettera des "Toi, tu vas pas aller à la piscine quand même, tu vas pas te mettre en maillot !".

Michelle a été minée par la multitude de remarques depuis son adolescence. "Au fil de la transition, on se blinde. Aujourd’hui j’en tiens beaucoup moins compte", assure-t-elle. Mais cette société patriarcale où l'hétérosexualité et le fait d'être cisgenre sont érigés en normes, ne manque pas de lui faire des piqûres de rappel. "Encore récemment, à la piscine, un groupe de mecs qui crie ‘Mais regarde vers son maillot, c’est un mec !".

Michelle "assume beaucoup plus qu’il y a dix ans. Et puis la curiosité peut être bienveillante, elle peut montrer qu’on s’intéresse à qui je suis". Pour autant, les questions intimes fusent, alors même que parfois elle connaît à peine les gens. "Tu as toujours ton pénis ? Tu es opérée ?" La jeune femme accepte parfois ce genre de questions. "Ça dépend vraiment de qui la pose. Et comment."

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Des invisibles perçus comme "indésirables"
Cette transphobie ambiante, généralisée, Youssef la connaît bien également. La jeune femme a rejoint XY Media (6), le premier média transféministe français, depuis quelques mois. "Nous [les personnes trans] sommes des indésirables, qui baignons avant tout dans un quotidien d’hostilité transphobe et/ou d’invisibilisation dans la sphère politique, qui fraye d’ailleurs avec le fascisme."

XY Media est né de la volonté de faire bouger les choses, d’apporter des discours transféministes accessibles au plus grand nombre dans un contexte européen de radicalisation des discours et pratiques politiques. "Pour combattre la marginalisation des personnes trans et permettre un accès digne aux droits et à la protection sociale. On n’en peut plus d’être en deuil", affirme Youssef.

Et pour cause : les personnes trans ont jusqu'à dix fois plus de risque de se suicider que les personnes cisgenres et les jeunes trans sont 69% à avoir déjà pensé au suicide. En décembre 2020, le suicide de Fouad, lycéenne lilloise, avait profondément ému, questionnant la responsabilité de l'école face à ces élèves, et posant la question des ressources allouées à la formation de son corps enseignant.

Les personnes trans ont jusqu'à dix fois plus de risque de se suicider que les personnes cisgenres.

En outre, les femmes trans sont davantage victimes d'agressions ou de meurtres. Triste illustration de cette violence, les assassinats de Vanessa Campos et Jessyca Sarmiento, travailleuses du sexe tuées à 19 mois d’intervalle entre 2018 et 2020, à Paris.

C’est pour faire entendre leurs voix que le nouveau média XY s’est lancé, aidé d'une remarquable levée de fonds (plus de 91.000 euros sur les 12.000 euros initialement demandés), preuve de la nécessité et de l’attente de ces représentations dans la société. "Il est important pour nous de se réapproprier les récits et discours de la sphère médiatique, pétris de reportages pathologisants et de personnes trans meurtries par la vie, qu’on présente comme des êtres souhaitant par-dessus tout un salut médical."

Les politiques ne sont pas en reste sur l’inaction et/ou la stigmatisation envers les personnes trans. Pour Youssef, il faut les interpeller sur "leurs mauvaises décisions. Il y a des causes sociales et politiques à cette transphobie. On y trouve également un ancrage raciste. Si moi en tant qu’immigrée j’adhère à d’autres normes de genre que celles qui dominent en France, elles ne seront pas légitimes. Et si elles ne sont pas légitimes, les solutions politiques à mes problématiques seront soit inadaptées, soit inexistantes".

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Une masculinité appeurée
Pour le sociologue comme pour la militante qui à présent écrit des vidéos pour XY Media, le sexisme est la source de la transphobie. Emmanuel Beaubatie, lui, préfère d’ailleurs le terme de "cissexisme", plus parlant, ici employé comme un synonyme de transmysogynie.

En effet, le suffixe -phobie fait référence à la peur, une forme de peur irrationnelle même, signifiant par là qu’elle pourrait ne pas être la faute de celui ou celle qui la manifeste. En laissant supposer une peur ou une réaction épidermique, on vient absoudre le ou la transphobe de ses propos ou gestes. "Or, la transphobie est très structurelle socialement, explique le chercheur. Elle est intimement liée au sexisme et à un monde social qui est organisé en deux, et seulement en deux groupes." La transphobie existe donc par et pour l’oppression de genre.

Les personnes trans, et notamment les femmes trans, "viennent montrer que la frontière entre hommes et femmes est poreuse.

En venant bouleverser l’ordre social préétabli, les personnes trans, et notamment les femmes trans, "viennent montrer que la frontière entre hommes et femmes est poreuse, c’est cela qui apparaît menaçant pour beaucoup", rapporte Emmanuel Beaubatie. Surtout pour les hommes, auteurs de la majorité des manifestations transphobes, et pour qui "toute féminité est perçue comme quelque chose de dégradant, souligne le sociologue. Cela vient les interroger sur leur masculinité".

Ce que constate également Youssef, qui voit au quotidien des femmes trans victimes de discriminations sexistes hétéropatriarcales. "Les hommes nous violentent, pour eux nous sommes des sous-hommes, ou bien des fétiches sexuels sur pattes. Il s’agit bien de casser quelqu’un, de le déchoir de son identité de genre."

La transphobie dans le féminisme
Ces derniers temps, la militante observe "une grande crispation au niveau du débat public", ponctuée d’un discours TERF (venant de l'anglais Trans Exclusionary Radical Feminism, désignant les féministes qui ne veulent pas inclure les femmes trans dans leurs luttes) qui prend de l’ampleur. Comment expliquer que des femmes, se revendiquant qui plus est du combat féministe, participent à la transphobie ambiante dans un contexte où les mobilisations féministes, et les acquis qui en découlent, demeurent fragiles ?

"Cette vulnérabilité engendre de la peur, explique Emmanuel Beaubatie. La crainte que des hommes viennent s’immiscer dans ces combats pour mieux les saper de l’intérieur. Parce que les droits des femmes ne sont jamais garantis, le discours TERF se trompe simplement d’ennemi, oubliant ainsi que l’ennemi principal est le patriarcat", souligne le sociologue. Et de rappeler, à propos : "Le cissexisme peut prendre différents visages".

En octobre 2022, le talkshow nocturne de France 2, Quelle époque !, a organisé un débat entre la militante Dora Moutot et Marie-Cau, première maire transgenre de France. Une séquence jugée violente et transphobe tandis que la première a refusé l'identité de femme de l'élue, la mégenrant en direct : "Pour moi, Marie Cau, c’est un homme. C’est un homme transféminin. Une personne qui est biologiquement un homme, ça, on ne peut pas dire le contraire."


Lors de la marche des fiertés à Paris, en juin 2021, une militante trans d'envergure, Sasha, vice-présidente de l'association Acceptess-T (6), et co-fondatrice de XY Media, est bousculée par un groupe de féministes TERFs, car elle déchire leurs pancartes aux messages transphobes. Interpellée sur place par la police mais vite relâchée, elle a ensuite été harcelée en ligne par des militantes TERFs. "L'Inter-LGBT condamne évidemment l'agression de Sasha. Les TERFs n'ont rien à faire dans nos manifestations", avait réagi le porte-parole de l'Inter-LGBT auprès de Têtu.

(1) Prénom de naissance que la personne a choisi de changer en transitionnant. L’utiliser revient à nier son identité et son souhait de transitionner. 

(2)

 
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(3) Cispasser (de cispassing) : une personne trans "passant", à première vue, pour une personne cisgenre.

(4) Le prénom a été changé. 

(5) Utiliser un pronom qui n’est pas celui utilisé/souhaité par une personne.

(6) Principale association d'aide aux personnes trans en France 

Lire aussi :
Lukas Dhont, réalisateur de "Girl" : "La situation de Lara est aussi belle que destructive"
Océan : "Les personnes transgenre n'ont pas de problème, c'est la société qui a un problème avec nous"
https://www.marieclaire.fr/transphobie-violences-transphobes,1378583.asp

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La génération Z s’identifie plus comme LGBTQ+ que les précédentes, ça veut dire quoi ?

12 Octobre 2022, 21:27pm

Publié par hugo

 SOCIÉTÉ ET POLITIQUE
La génération Z s’identifie plus comme LGBTQ+ que les précédentes, ça veut dire quoi ?
LGBT
 Suivre ce sujet
Écrit par Joséphine de Rubercy
|
Le 12.10.2022 à 11h36
Modifié le 12.10.2022 à 14h00
Selon une récente étude britannique, de plus en plus de gens s’identifient aujourd’hui comme lesbiennes, gays, trans ou bisexuelles. Et il s'agit en majorité des jeunes de la génération Z. Mais y a-t-il vraiment davantage de personnes queer, ou la nouvelle génération a-t-elle simplement moins de mal à l'assumer ?

Cela signifie que la société évolue, mais dans quel sens ? L’association britannique LGBTQ+ Stonewall a publié un nouveau rapport, au début du mois d’octobre, se basant sur les données d’Ipsos UK et dévoilant la proportion grandissante des personnes ne s’identifiant pas comme cisgenre et hétérosexuelles en Grande-Bretagne. Il révèle effectivement que de plus en plus de gens font leur coming-out chaque année (un événement qui était d’ailleurs célébré ce mardi 11 octobre avec la journée internationale du coming-out, mais revenons à nos moutons).

Comme l’a repéré Madmoizelle, cette étude dévoile plus précisément que 5 % de la population britannique s’identifie comme bisexuelle, 1 % comme lesbienne, 3 % comme gay, 7 % comme étant attirée par plus d’un genre, 2 % comme asexuelle et 1 % comme trans dont non-binaire. Au total, ce serait environ 10 % de la population qui se dirait non-hétérosexuelle et non-cisgenre. Mais ce chiffre augmente lorsque l’on regarde uniquement la nouvelle génération. Effectivement, selon The Telegraph, un peu plus d’un quart des jeunes issus de la génération Z (né·es après 1995) disent appartenir à la communauté LGBTQI+, contre 71 % s’identifiant comme hétérosexuel·les. À côté de ça, chez les baby-boomers (né.e.s entre 1943 et 1960), ce sont plus de neuf personnes sur dix qui déclarent être hétérosexuelles. Même constat pour la génération X (né·es entre 1960 et 1980), chez qui 87 % des gens s’identifient comme tel.

Les jeunes sont-iels vraiment plus LGBTQI+ que leurs aîné·es ?
On note donc d’importantes disparités entre générations (enfin, notamment entre les plus jeunes et leurs parents et grands-parents). Mais à quoi sont-elles dues ? S’il n’est pas impossible que de plus en plus de monde appartient réellement à la communauté LGBTQ+, il est plus probable qu’il soit en fait simplement plus facile de s’exprimer et de s’identifier comme tel aujourd’hui.

Longtemps jugées, réprimées, voire incriminées, les personnes gays, lesbiennes, trans ou bisexuelles ont vu leurs droits et leur représentation grandir dans de nombreux pays ces dix dernières années. Ou, du moins, en apparence. Car si la visibilité des personnes queers a augmenté, le nombre de signalements pour violences et agressions LGBTphobes a lui aussi explosé (on note une hausse de 21 % entre 2021 et 2022 en Grande-Bretagne et de 28 % entre 2020 et 2021 en France, selon Vice World News). On est donc encore (très) loin de vivre dans un joli monde arc-en-ciel…

À lire aussi ⋙ À Lyon, la première maison de retraite LGBT+ ouvrira ses portes fin 2024
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https://www.neonmag.fr/la-generation-z-sidentifie-plus-comme-lgbtq-que-les-precedentes-ca-veut-dire-quoi-559522.html

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Sexualité, religion et ethnicité : les LGBTQIA + d’origine maghrébine en Belgique

2 Octobre 2022, 22:48pm

Publié par hugo

 Sexualité, religion et ethnicité : les LGBTQIA + d’origine maghrébine en Belgique

30 sept. 2022 à 17:13

Temps de lecture
5 min
Par Manel Hamrouni*, une chronique pour Les Grenades
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Cet article est le résumé d’un mémoire, ce travail de recherche universitaire est publié en partenariat avec le master Genre.

A mes frères et sœurs : J’ai essayé de survivre… mais j’ai échoué ; pardonnez-moi.
À mes amis : l’épreuve est dure et je suis trop faible pour l’affronter ; pardonnez-moi.
Au monde : Tu as été extrêmement cruel mais je te pardonne

C’est avec ces mots que Sarah Hegazi a décidé de mettre fin à ses jours le 14 juin 2020, alors qu’elle était en exil au Canada. Cette jeune militante égyptienne des droits LGBTQIA + a souffert de troubles post-traumatiques après avoir été emprisonnée pendant trois mois en Égypte, torturée, violée et violentée psychologiquement pour avoir "atteint à la pudeur" dans un lieu public en portant le drapeau arc-en-ciel pendant un concert.

Comme Sarah, d’autres personnes originaires du monde arabo-musulman sont contraintes d’immigrer en Europe pour fuir des pays qui n’acceptent pas leur homosexualité ou leurs identités de genre.

Nombre de pays par exemple condamnent l’homosexualité, et les peines peuvent aller d’un emprisonnement de quelques années (Tunisie) jusqu’à la peine de mort (Arabie saoudite).

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LGBTQIA + au Maghreb
Dans ce mémoire, j’essaye de savoir si la migration en Belgique est la meilleure solution pour les personnes LGBTQIA + d’Afrique du Nord et je retrace leurs parcours migratoires. Pour ce faire, j’ai interviewé six personnes (deux femmes lesbiennes, deux hommes gays, un homme transgenre, et une personne drag) d’origine tunisienne, marocaine et algérienne.

Ces personnes avaient plus ou moins le même vécu. Grandir dans un pays nord-africain en tant que personne homosexuelle ou transgenre n’a pas été facile sur le plan psychologique. Le sentiment de culpabilité par rapport à la religion vient très vite s’installer après la découverte de l’orientation sexuelle, suivi par la solitude et l’absence du soutien familial. La majorité des personnes que j’ai rencontrées ont vécu des situations traumatisantes à cause de la violence physique et psychologique dès que leur identité de genre ou leur orientation sexuelle a été dévoilée ("outée" dans la majorité des cas).

Ces agressions se produisent dans tous les milieux : à l’école, dans la rue, de la part des personnes qui les connaissent, des policiers ou encore des inconnus. "J’ai été agressé au moins cinq fois l’année dernière, des voisins m’ont poignardé. Le médecin qui m’a ausculté m’a dit que si la plaie avait été deux centimètres plus larges, j’aurais perdu la vie", témoigne l’une des personnes interviewées.

Face à toutes ces peurs et insécurités, ces personnes sont toutes parties en Europe dans l’espoir d’avoir une meilleure vie. La route qu’empruntent beaucoup d’entre elleux n’était pas toujours légale.

Driss, par exemple, a emprunté la voie clandestine car sa demande de visa a été refusée deux fois. Il est allé en Serbie par avion et a ensuite continué son voyage soit à pied ou en train. Au total, cela lui a pris 42 jours pour arriver à Bruxelles, risquant de se faire attraper par la douane ou la police à n’importe quel moment de son voyage et de se faire expulser.

Une fois arrivées en Belgique, les personnes interviewées ont fait face à plusieurs difficultés notamment financières, sociales et légales. Fayez, qui est arrivée dans le cadre d’un regroupement familial, s’est retrouvé à la rue après que son mari l’a quittée, sans travail, ami·es ni famille.

Double stigmatisation : homophobie et racisme
Quand leur parcours d’intégration commence, les personnes que j’ai rencontrées ont toutes vécu des discriminations liées au genre et à leur origine ethnique. La violence homophobe était ressentie quasi quotidiennement : des regards ou des remarques dans la rue.

Celle issue du groupe d’origine reste néanmoins très présente : "J’ai été agressé par des arabophones à Etterbeek, parce qu’ils n’ont pas compris si j’étais un homme ou une femme". Dans leurs témoignages, les personnes LGBTQIA + expliquent en effet bénéficier rarement du soutien et de l’accueil de leur communauté ethnique une fois arrivés dans leur pays d’asile. Selon elles, leurs compatriotes reproduisent le comportement des personnes qu’elles ont fuies.

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Concernant le racisme, les personnes interrogées ont toutes vécu des situations différentes de racisme ordinaire. "Parfois en soirée les gens m’abordent pour me demander de leur vendre de la beuh parce que je suis arabe", raconte l’une d’entre elles. Ce racisme est vécu au quotidien, à travers des remarques et des commentaires sur le physique, ou en associant des comportements négatifs aux origines nord-africaines.

Une des personnes que j’ai interviewées a reçu des remarques racistes de la part de son conjoint : "J’ai découvert qu’il a une espèce de racisme intériorisé au fond de lui ! Pour lui, je reste un Africain !". Le racisme est aussi vécu sur le plan professionnel, médical ou même pour trouver un logement.

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"Joyful migration"
Les personnes migrantes LGBTQIA + peuvent se retrouver dans des conditions difficiles : précarité, complexité des procédures administratives, chocs culturels,… Mais le fait de bien vivre leur sexualité et leur identité de genre librement est la plus grande motivation pour rester en Europe. "Je fais du drag maintenant, c’est cool ! Je n’ai plus besoin de me cacher, je m’affirme, je sors en robe, je ne crains personne." Une personne que j’ai rencontrée a commencé sa transition et une autre a trouvé l’amour. "En Belgique je me sens libre, je ne risque pas d’être sanctionnée par les lois, je me sens accepté, donc je suis là pour ma paix intérieure."

Qu’elle soit légale ou clandestine, la migration en Belgique a été la solution trouvée par les personnes LGBTQIA + maghrébines rencontrées dans ce mémoire afin de mieux vivre leur sexualité ou identité de genre.

Même si elles ne sont pas à l’abri de l’homophobie et du racisme, qui s’accentuent avec la montée des mouvements de droite extrémistes, les personnes interrogées semblent satisfaites de leurs vies ici, où elles sont plus épanouies dans leur vie privée, professionnelle et familiale.

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*Manel Hamrouni est titulaire d’un master en marketing et communication. Elle a travaillé durant deux ans dans la publicité et le marketing en Tunisie et en Côte d’Ivoire, avant de suivre le Master de spécialisation en étude de genre de 2019. Elle a ensuite effectué une mission dans un bureau d’accueil des primaux arrivants à Bruxelles en 2020.


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Matérialismes trans

30 Septembre 2022, 12:23pm

Publié par hugo

Matérialismes trans
Collectif (Auteur) Paulin Clochec (Auteur) Paru le 27 août 2021 Essai (broché) 
5
2 avis
Matérialismes trans
Matérialismes trans_10
Résumé
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Refusant la réduction des réalités trans à des questions d'identité, cet ouvrage assume une perspective féministe matérialiste : il s'agit d'aborder les conditions sociales des personnes trans, leurs positions dans les rapports sociaux de sexe, de race et de classe, ainsi que leurs inscriptions dans les mouvements féministes. Diverses par leurs thèses et leurs ancrages disciplinaires, ces contributions se rejoignent par leur exigence de tenir ensemble élaboration théorique et engagement militant pour repenser en profondeur...
Caractéristiques
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Date de parution
27/08/2021

Editeur
Hysteriques & Associees

Format
12cm x 19cm

Nombre de pages
288

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Matérialismes trans
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RÉSUMÉ
Refusant la réduction des réalités trans à des questions d'identité, cet ouvrage assume une perspective féministe matérialiste : il s'agit d'aborder les conditions sociales des personnes trans, leurs positions dans les rapports sociaux de sexe, de race et de classe, ainsi que leurs inscriptions dans les mouvements féministes. Diverses par leurs thèses et leurs ancrages disciplinaires, ces contributions se rejoignent par leur exigence de tenir ensemble élaboration théorique et engagement militant pour repenser en profondeur les problématiques et les luttes trans et féministes.


https://livre.fnac.com/a16122714/Collectif-Materialismes-trans

Matérialismes trans - broché - Collectif, Paulin Clochec - Achat Livre | fnac

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Exposition : Queering Brussels ou comment concevoir une architecture plus inclusive pour les minorités LGBTQIA +

26 Septembre 2022, 01:31am

Publié par hugo

 Exposition : Queering Brussels ou comment concevoir une architecture plus inclusive pour les minorités LGBTQIA +

20 sept. 2022 à 17:07

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3 min
Par Maxime Maillet

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BX1
LGBTQIA+
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Associer architecture et droits des personnes LGBTQIA + *, c’est l’ambition de l’exposition Queering Brussels proposée aux Halles Saint-Géry cet automne. " Dans cette exposition, nous questionnons la norme - architecturale ou liée à une orientation sexuelle ou une identité de genre. Comment peut-on déconstruire cette norme ? Et comment le fait d’être une personne " hors-norme " nous pousse à concevoir différemment l’espace ? " explique Camille Kervella, architecte et commissaire de l’exposition.

Cette exposition part d’un constat. Dans notre capitale, l’espace public et son agencement ne permettent pas toujours de se sentir en sécurité quand on est une personne queer**. Camille Kervella nous donne deux exemples : la Place de la Bourse et les toilettes publiques.

Si vous vous baladez sur le Boulevard Anspach pour rejoindre la place de la Bourse, vous pouvez constater que cet endroit reste majoritairement masculin et hétérosexuel. Sur les marches de la Bourse, avant les travaux, les hommes seuls ou en groupe s’y sentent plus légitimes de se poser alors que les femmes et les minorités LGBTQIA + préfèrent traverser la place et ne pas s’y attarder. "La place de la Bourse ne favorise pas le vivre-ensemble et la sérénité. Cela peut s’expliquer aussi par l’environnement et son organisation. Tout ce qu’on trouve (ou non) aux alentours : les terrasses, les types de commerces, les lieux culturels. "

De même, non seulement les toilettes ne sont pas assez nombreuses en ville, mais elles se révèlent aussi peu inclusives en ne proposant par exemple que des urinoirs ou que des toilettes genrées. " Cela peut représenter une forme de violence pour les personnes dont l’identité de genre ne correspond pas à la norme. Or, on parle ici de répondre à un besoin humain. Avec un prisme queer, on peut donc s’interroger : pourquoi ne pas proposer davantage de toilettes non genrées, même si ce n’est pas forcément adapté dans toutes les situations ? "

>> A voir : l’émission hors-cadre de BX1 nous présente l’association l’Architecture qui dégenre, en charge de l’exposition

A Bruxelles, on trouve aussi un quartier LGBTQIA +, majoritairement pour les hommes gays avec des bars concentrés autour de la rue Marché au Charbon. Pour Camille Kervella, ces espaces doivent être préservés. " Ces lieux garantissent un refuge, une sécurité pour les personnes LGBTQIA +, mais il faut aussi " hacker " d’autres espaces : occuper des lieux qui ne sont pas propres à la communauté LGBTQIA +, voire moins accueillants pour susciter des réflexions et mieux favoriser le vivre-ensemble. "

Concevoir autrement l’espace public
Pour Camille Kervella, ces exemples montrent que nous devons questionner notre architecture urbaine et notre espace public. Comment peut-on les rendre plus accessibles et plus sûrs pour que les personnes LGBTQIA + puissent se les approprier ? C’est là qu’interviennent des associations et des experts, dont des architectes et des urbanistes. " L’architecture est un outil pour concrétiser les besoins et les désirs existant dans la société, y compris chez des minorités LGBTQIA + ", explique Camille Kervella.

L’exposition Queering Brussels ne nous donne pas de réponses toutes faites, mais se présente plutôt comme un point de départ pour concevoir autrement notre espace public. Les artistes et les architectes – des jeunes diplômé·e·s – soulèvent des problématiques, nous proposent des alternatives, modifient des lieux déjà présents pour les rendre plus inclusifs aux minorités LGBTQIA +. Bref, il s’agit de mettre en avant un autre futur possible pour la ville de Bruxelles sous les prismes queer.

Le projet est porté par l’association " L’architecture qui dégenre ", à la base des journées du Matrimoine. Cette exposition est à découvrir gratuitement jusqu’au 21 novembre aux Halles Saint-Géry dans le centre de Bruxelles. Le vernissage de l’exposition se tient ce jeudi 22 septembre 2022. Des visites guidées sont également organisées ce week-end dans le cadre des journées du Matrimoine, ainsi que des conférences sur la thématique du genre et de l’architecture en octobre et en novembre.

* LGBTQIA + pour Lesbienne, Gay, Bisexuel, Trans, Queer, Intersexe, Asexuel et + pour ceux et celles qui ne se reconnaissent pas dans les orientations sexuelles et les identités de genre citées précédemment.

** Une personne queer ne se reconnait pas dans la norme hétérosexuelle et cherche à redéfinir les questions de genre – indépendamment de son orientation sexuelle.


https://www.rtbf.be/article/exposition-queering-brussels-ou-comment-concevoir-une-architecture-plus-inclusive-pour-les-minorites-lgbtqia-11070557

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"On ne naît pas mec" : Daisy Letourneur dissèque les masculinités avec malice

13 Septembre 2022, 01:58am

Publié par hugo

 "On ne naît pas mec" : Daisy Letourneur dissèque les masculinités avec malice
Publié le Mardi 31 Mai 2022
49Partages
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
"On ne naît pas mec", l'étude féministe des masculinités par Daisy Letourneur5 PHOTOSLANCER LE DIAPORAMA
"On ne naît pas mec", l'étude féministe des masculinités par Daisy Letourneur
Avec son "Petit traité féministe sur les masculinités", l'autrice Daisy Letourneur épingle les mecs (machos, mascus, woke) et plus globalement le système patriarcal qu'ils constituent, avec beaucoup d'humour et de verve. Rencontre.
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On ne naît pas mec. Le titre seul du premier livre de l'autrice trans Daisy Letourneur pose le ton : irrévérencieux, féministe et taquin. Avec ce "petit traité féministe des masculinités", la militante passe sur le gril les attitudes des hommes et toutes les constructions culturelles qui leur sont associées.

"Nouveaux pères" et masculinistes, collègues de bureau sexistes et héréros progressistes, personne n'y échappe. Pour illustrer ces situations, l'essayiste déploie même des dessins caustiques qui font rire jaune.

Chapitre après chapitre, Daisy Letourneur s'interroge : c'est quoi, au fond, être un mec ? Et un mec antiféministe ? Pourquoi les garçons ne doivent-ils pas pleurer ? Un mari peut-il vraiment être "déconstruit" comme l'énonce avec confiance Sandrine Rousseau ? De quoi l'amitié virile est-elle au juste le nom ? Pourquoi les mecs hétéros préfèrent-ils les mecs ?

De quoi inciter bien des lecteurs à une introspection bienvenue. En découle une recherche très complète, qui fait écho aux réflexions de la journaliste Victoire Tuaillon et de son podcast Les couilles sur la table, mais aussi un ouvrage incarné, où pensées sourcées et expérience subjective côtoient des piques ironiques souvent jubilatoires. Rencontre.

Terrafemina : L'essai s'adresse dès le début aux hommes et leur rappelle : "Vous n'êtes pas qu'un homme, votre masculinité n'épuise pas l'entièreté de votre être, parler de votre masculinité ce n'est pas parler de vous en entier".
Daisy Letourneur : Oui, et d'ailleurs de manière générale je n'ai pas cherché à m'adresser tout particulièrement aux hommes ou aux femmes hétéros. J'ai écrit le livre en posant des questions et en discutant, comme je le ferais avec un peu n'importe qui.

En tout cas, je ne voulais pas me paralyser en me disant "il ne faut surtout pas fâcher les hommes", ni à l'inverse me dire "il faut vraiment leur rentrer dedans". Mais si mon livre peut éveiller chez le lecteur masculin un certain nombre d'interrogations, j'espère qu'il incitera également les lectrices hétérosexuelles à se remettre en question. Et les personnes cisgenres en général.

"On ne naît pas mec", l'essai féministe ravageur de Daisy Letourneur
"On ne naît pas mec", l'essai féministe ravageur de Daisy Letourneur
On est toutes et tous partie prenante du genre comme système. Il n'y a pas que les hommes qui sont 100 % responsables des choses telles qu'elles sont. D'ailleurs, je ne délivre aucun conseil aux hommes sur ce qu'il faudrait faire individuellement, au niveau des relations amoureuses par exemple, l'idée d'un combat collectif me parle plus que l'individu. Ce n'est pas du tout un livre de développement personnel. J'essaie juste de donner des outils de réflexion.

C'est un livre plein d'humour, une dérision qui passe par les punchlines et les dessins. Est-ce que cela permet de mieux diffuser vos messages ?
D.L : Ce n'est pas un sujet qui fait beaucoup rire les hommes donc j'avais peur que cette dérision soit prise comme une attaque. Mais j'ai l'impression, des retours que j'ai eus, que cet humour permet de mieux faire passer la pilule. Après, le but de ces blagues n'est pas d'alléger les questions posées ou d'amoindrir leur impact, simplement de déployer un langage plus universel.

Votre blog dédié aux masculinités, La mecxpliqueuse, qui est à l'origine de ce livre, génère-t-il d'ailleurs des retours positifs de la part des hommes ?
D.L : Il y en avait beaucoup plus au début. Avant ma transition, le blog s'appelait Le mecxpliqueur, et il s'agissait donc d'un homme qui parlait aux hommes. C'était forcément perçu différemment : j'avais l'impression que davantage d'entre eux étaient prêts à écouter. Puis le blog a évolué, moi aussi : j'ai peu à peu poussé les réflexions plus loin, j'ai beaucoup lu au fil des années en terme de théorie féministe. Au début du blog je pouvais accrocher un certain nombre de personnes, mais j'allais moins en profondeur.

Même si, à l'époque déjà, ça allait d'emblée trop loin pour certains hommes. Même pour des hommes féministes ou qui se disaient féministes. L'humour misandre par exemple, qui est juste de l'humour, qui est une sorte d'exutoire, ça ne passe pas du tout avec certains d'entre eux. C'est d'ailleurs toujours intéressant de voir à partir de quel moment on perd certains lecteurs masculins. On le constate parfois avec des choses inattendues.

Or bien souvent, quand les hommes disent que le féminisme va trop loin, c'est que l'on a touché quelque chose et donc qu'il faut persister. On ne peut pas laisser les hommes se faire arbitres du féminisme !

"On ne naît pas mec", le petit traité féministe et ravageur sur les masculinités
"On ne naît pas mec", le petit traité féministe et ravageur sur les masculinités
Six ans après le lancement du podcast Les Couilles sur la table, et alors que de nombreux documentaires et livres ont pu être dédiés aux masculinités, n'observe-t-on pas une certaine lassitude des militantes féministes au sujet de ces thématiques ?
D.L : On a pu constater qu'à l'époque de #MeToo, les milieux féministes et progressistes ont appelé à une forme de réconciliation avec les hommes dits "déconstruits". Il y avait du côté des mecs des discours du type : "Ces hommes-là, ça ne va pas du tout, mais nous on est des bons mecs". Ce qui fait que certains hommes ont pris de la place dans les discours féministes, ont écrit des livres, pas toujours très bons, car il y avait une vraie demande pour ça.

On a même pu observer une réappropriation de théories féministes de la part de ces auteurs. D'où effectivement une lassitude, et même une méfiance au final vis-à-vis des hommes qui prennent de la place dans les milieux féministes, qui valorisent ces discours, et en retour, une certaine radicalisation de la part des mouvements féministes mainstream ces dernières années.

D'ailleurs, l'expression "homme déconstruit" est volontiers fustigée dans le dernier chapitre de votre livre. En quoi est-elle problématique ?
D.L : Elle l'est car chercher un homme nouveau qui serait compatible avec le féminisme (ou contre le patriarcat) revient à chercher une forme d'apaisement, de confort. Or, c'est là à mon sens que le féminisme s'arrête. Car le féminisme ne doit pas craindre de mettre mal à l'aise, surtout les hommes. Il n'aspire pas à chercher la tranquillité au sein des relations entre les hommes et les femmes : il doit rester inconfortable, sinon on s'enlise dans un retour à la normale.

L'idée "d'homme déconstruit" implique simplement des changements cosmétiques, ça ne va pas vraiment plus loin, cela n'implique pas un bouleversement radical. En tant que féministe matérialiste, je pense par ailleurs que les notions-mêmes d'homme et de femme sont directement construites par et pour le patriarcat, et qu'on ne peut pas se débarrasser de la domination sans se débarrasser de ces notions-là.

Et puis aussi, avec la notion "d'homme déconstruit" on accole encore une fois à certains hommes une forme de prestige, une mise en avant au sein des mouvements féministes : l'homme déconstruit est génial, beau, et il a tout compris... Tout cela peut leur monter à la tête.

Cela rappelle votre discours sur le culte des "nouveaux pères", pères investis et "déconstruits" : "Au travail, les hommes se donnent en spectacle dans le rôle du père courageux tandis que les jeunes mamans ont l'habitude de cacher leur fatigue, craignant l'impact que la venue d'un enfant pourrait avoir sur leur carrière".
D.L : Oui, et cet écart a pu récemment être constaté avec un reportage de Paris Match sur le chanteur Vianney, qui change les couches de son bébé et a récolté des louanges grâce à ça. Quand une femme change les couches de son enfant, on en fait pas des tonnes et il n'y a rien d'extraordinaire à cela.

Paris Match n'a jamais encensé le fait qu'une actrice change des couches, ou rendu ce geste glamour ! Aussi, on nous renvoie souvent cette figure du "nouveau père" en contre-argument lorsque l'on rappelle que les inégalités perdurent. Il en devient presque un argument antiféministe.

"On ne naît pas mec", l'essai féministe ravageur de Daisy Letourneur
"On ne naît pas mec", l'essai féministe ravageur de Daisy Letourneur
Est-ce que cette mise en avant du "Nouveau père" n'est pas une réaction à une autre construction culturelle que vous abordez dans le livre, celle de l'homme perçu comme grand ado, individu immature et irresponsable ? Une vision largement banalisée dans les films et les séries...
D.L : En construisant cette figure de l'homme qui serait immature beaucoup plus longtemps que les femmes, on valorise effectivement à l'inverse le moindre signe de maturité de sa part. La barre est logiquement beaucoup plus basse. Il y a des double-standards qui font qu'on en attend moins des hommes, qu'ils ont le droit d'être immatures, mais qu'on les applaudit des deux mains quand ils ne le sont pas, ce qu'on ne ferait pas à une femme.

Vous qualifiez cette immaturité "d'insouciance des dominants"...
D.L : Cette immaturité est comme beaucoup de choses dans la vie des hommes. On nous dit que les hommes ont une grande confiance en eux. Mais les hommes n'ont pas confiance en eux dans toutes les situations. Ils ont confiance quand ils se sentent en position de sécurité.

C'est la même chose pour l'immaturité. Ils sont capables d'être matures, bien sûr, mais on leur permet d'être immatures dans un certain nombre de domaines, et ils en profitent. Quand on est dans un système de domination, qu'on nous donne les facilités de faire certaines choses, on en profite.

C'est le cas dans une société patriarcale qui offre des opportunités aux hommes. C'est quelque chose de très humain au fond : quand on vit dans une situation de domination, on use de ses privilèges. Malgré toute la bonne volonté du monde, quand on est un homme et qu'on vit dans une société patriarcale, on a plein d'opportunités qui s'offrent à soi.

Mais vous rappelez également les positions d'insécurité : quand les constructions sociales masculines font du mal aux hommes. Notamment, le fait que l'expression des émotions, la tristesse par exemple, ne soit pas considérée comme masculine.
D.L : Je voulais effectivement parler de ce que l'on pourrait appeler "les effets secondaires de la domination masculine", qui peuvent être très dommageables pour les hommes. Le fait que l'initiation dans le monde des hommes en grandissant se fait pas un gros refoulement des émotions par exemple, et que la seule émotion dans cette sphère-là soit la colère.


Ce qui peut engendrer des comportements addictifs, des comportements à risques, et par extension des morts sur la route, des suicides, le refus d'aller chercher de l'aide auprès d'un psychologue... Il y a moins de cas de dépressions détectés chez les hommes car tous n'ont pas été chercher de l'aide avant qu'il ne soit trop tard.

Je voulais en parler car on laisse trop ces sujets aux masculinistes et aux réactionnaires, qui s'en servent avant tout en tant qu'arguments antiféministes... Mais bien moins souvent pour en faire vraiment quelque chose. Ils nous disent juste : "c'est pas si cool pour nous non plus donc arrêtez de vous plaindre". Au lieu de chercher de vraies solutions contre ces réalités-là.

Comme s'il y avait un prix à payer pour la domination masculine.

Cette domination, vous la constatez par le prisme de votre transition. "En devenant une femme, j'ai appris à avoir peur dans la rue", écrivez-vous. Transitionner vous a davantage confrontée à ce que vous appelez "la réalité matérielle de la domination masculine".
D.L. : Oui, et d'un autre côté je ne voulais pas que On ne naît pas mec soit un récit type "Je sais tout ce que c'est qu'être un homme, et désormais je vois les deux faces de la médaille en étant de l'autre côté". Déjà parce que mon expérience de la masculinité est particulière, toutes les expériences de la masculinité le sont. Très visiblement je n'étais pas bien à ma place dans la masculinité et je serais assez mal placée pour parler de tout ce que ça constitue, être un homme.

Mais le fait d'avoir transitionnée me donne effectivement un certain point de vue, une perspective. Aujourd'hui je peux faire très concrètement les frais de la domination masculine, car je subis notamment du harcèlement dans la rue, et une certaine décrédibilisation dans le milieu professionnel. Mais toute ma vie, on m'a forcée à un rôle qui ne me convenait pas. Donc d'une certaine manière, je fais un peu moins les frais de cette domination désormais.

Ce livre est mon premier livre et j'avais envie que ce ne soit pas un livre sur ma transition, même si j'en parle moi-même, que cela fait partie du récit. Cela ne résume pas toute mon oeuvre et tout mon projet. Je suis fière quand un article sur mon livre n'évoque mon identité trans qu'au cinquième paragraphe (sourire)

On a l'impression que le regard des auteurs et autrices trans est de plus en plus valorisé au sein du féminisme. On pense à des essais comme Désirer à tout prix de Tal Madesta et Sortir de l'hétérosexualité de Juliet Drouar. Peut-être parce que ces voix permettent de nouvelles perspectives sur ces sujets ?
D.L : Durant très longtemps, les personnes trans étaient cantonnées aux témoignages personnels. Avec des livres aux titres type "De l'autre côté du miroir" ou "Comment je suis devenu moi". On souhaitait avant tout entendre leur parcours si "singulier" et leur "transformation".

Aujourd'hui, on a compris que ces paroles peuvent également être pertinentes politiquement, pour toute la société. Les gens comprennent qu'on a vraiment des choses à dire. Et sans surprise, des choses intéressantes. (sourire)

On ne naît pas mec : petit traité féministe sur les masculinités, par Daisy Letourneur. Editions Zones, 224 p.


https://www.terrafemina.com/article/livres-on-ne-nait-pas-mec-le-petit-traite-feministe-et-ravageur-sur-les-masculinites_a364314/1

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