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Guinée: la mort d'une jeune femme des suites d'un viol présumé suscite l'effroi

23 Novembre 2021, 14:50pm

Publié par hugo

 Guinée: la mort d'une jeune femme des suites d'un viol présumé suscite l'effroi
 M’mah Sylla était une Guinéenne de 25 ans. Elle est morte des suites d'un viol présumé. 
 M’mah Sylla était une Guinéenne de 25 ans. Elle est morte des suites d'un viol présumé. 
DR
22 NOV 2021
 Mise à jour 22.11.2021 à 17:40 par 
TV5MONDE
 
avec AFP
La Guinée est en émoi après la mort d'une jeune femme des suites d'un viol présumé par des médecins dans une clinique privée de Conakry. L'affaire a abouti à l'inculpation puis à l'arrestation de trois personnes.
La jeune femme s'appelait M'Mah Sylla. Diplômée en secrétariat et âgée de 25 ans, elle est "décédée le samedi 20 novembre à Tunis où elle avait été évacuée pour des soins suite au viol dont elle avait été victime dans une structure hospitalière" de Conakry. C'est ce qu'a annoncé le gouvernement guinéen dans un communiqué.

Elle s'était déjà rendue en août dans cet établissement situé dans la banlieue de Conakry, selon la presse locale. Les raisons de son deuxième passage n'ont pas été précisées. Après le viol présumé, la jeune femme avait été évacuée au mois d'octobre par les autorités à Tunis pour des soins dont la nature n'a pas été précisée.

Son nom était M'Mah Sylla. Elle était pleine de vie avec des rêves et des ambitions détruits du jour au lendemain par des actes de violence inimaginable.

Diaka Camara, journaliste guinéenne

Après une saisine du parquet, un juge d'instruction du tribunal de Manfanco (banlieue de Conakry) a placé le 14 octobre en "détention provisoire" trois médecins inculpés de "viol, avortement, administration de substances nuisibles, risque causé à autrui et complicité", selon le parquet. Une autre personne "en fuite", est "activement recherchée".

Dans un communiqué, le président de la transtion, le colonel Mamadi Doumbouya, a adressé "ses sincères condoléances" et a demandé de "prendre toutes les mesures urgentes afin d'accélérer l'enquête en cours pour que les coupables répondent de leur forfaiture".

Capture d'écran d'un tweet de la journaliste guinéenne Diaka Camara, qui appelle à briser le silence après la mort de M'mah Sylla.
Capture d'écran d'un tweet de la journaliste guinéenne Diaka Camara, qui appelle à briser le silence après la mort de M'mah Sylla.
DR
La mort de M'Mah Sylla suscite de vives réactions dans le pays et sur les réseaux sociaux. Une pétition, à l’initiative d'associations de défense des droits des femmes, a été lancée et réclame des sanctions contre les auteurs présumés.

"Justice pour M'Mah Sylla. Plus jamais ça", indique une bande virale sur les réseaux sociaux. Des internautes ont aussi appeler à remplacer leur photo de profil par un carré de couleur rouge "en la mémoire de M'mah Sylla" et "de consacrer vos publications au drame vécu par M'mah Sylla tout en interpellant nos autorités."


TV5MONDE
 
avec AFP
 Mise à jour 22.11.2021 à 17:40
SUR LE MÊME THÈME


https://information.tv5monde.com/afrique/guinee-la-mort-d-une-jeune-femme-des-suites-d-un-viol-presume-suscite-l-effroi-433498

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"Si elle s'est fait violer, c'est qu'elle l'a voulu" : la directrice de Miss Sénégal indigne

23 Novembre 2021, 01:53am

Publié par hugo

 "Si elle s'est fait violer, c'est qu'elle l'a voulu" : la directrice de Miss Sénégal indigne
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"Si elle s'est fait violer, c'est qu'elle l'a voulu" : la directrice de Miss Sénégal crée un tollé
"Si elle s'est fait violer, c'est qu'elle l'a voulu" : la directrice de Miss Sénégal crée un tollé
Pauline Machado 
Par Pauline Machado
Publié le Lundi 22 Novembre 2021
Les propos d'Aminata Badiane, présidente du comité d'organisation Miss Sénégal, ont déclenché une polémique dans tout le pays. En cause, la façon dont, lors d'une interview télévisée, celle-ci s'est vautrée dans une culture du viol crasse.
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C'était le 18 novembre. Interrogée par le site internet Dakarbuzz, la directrice du comité d'organisation de Miss Sénégal revenait, en vidéo, sur les déclarations de Ndèye Fatima Dione, lauréate de l'édition 2020. Dans la presse, cette dernière dénonçait les violences subies lors de son règne, et sa mère révélait qu'elle était tombée enceinte après avoir été violée lors d'un voyage organisé par le comité.

"Un viol, c'est entre deux personnes, n'est-ce pas ? Ça ne concerne pas seulement une personne. Elle doit porter plainte si elle s'est faite violer", lâche alors la directrice Aminata Badiane. Et d'ajouter : "Personne n'a le droit de rentrer, pas même des amis. Elles reçoivent une éducation très sévère". Et puis, elle ose, en wolof : "Kougnou violer, yaw la nekh". Ce que Jeune Afrique traduit par : "Si elle s'est fait violer, c'est qu'elle l'a voulu." Pire encore, elle rit et conclut : "Après tout, elle est majeure."

Des propos qui n'ont pas tardé à faire bondir les internautes.

"Apologie du viol !"

Rapidement, les réactions condamnent l'intervention de la responsable. Un hashtag #JusticePourFatima embrase les réseaux sociaux. La plateforme de discussion et d'entraide Ladies Club Sénégal réclame, dans une pétition, la dissolution du comité, l'accusant d'"Apologie du viol !".

"Nous avons été horrifiées d'entendre la réaction de la présidente du comité qui organise cette élection miss qui réunit parfois des jeunes filles à peine sorties de l'adolescence", déclare auprès de RFI Oumy Regina Sambou, chargée de communication du site. "Tenir ce genre de propos, banaliser cette histoire de viol, pour nous, c'est trop. Il faut que la gestion du comité soit retirée à cette femme, pour que ce genre de situation ne puisse plus se reproduire."

Devant les pressions en ligne, et l'interpellation des sponsors du concours de beauté par les internautes, le groupe automobile CFAO s'est désolidarisé de l'événement, affirmant dans un communiqué que les propos allaient "à l'encontre de [leurs] valeurs".

"Il reste beaucoup à faire"
Pour Jaly Badiane, journaliste sénégalaise et militante pour les droits des femmes, "il reste beaucoup à faire dans la sensibilisation, cette perception que beaucoup de Sénégalais ont sur le viol et les victimes de viol", constate-t-elle auprès du média. Et ce, même si la loi criminalisant le viol a été votée début 2020.

"Textuellement, ce qu'[Aminata Badiane] a dit en wolof, c'est qu'une personne qui se fait violer l'a bien cherché, l'a bien voulu. En 2021 et après tous les combats menés pour criminaliser le viol, quand une femme de surcroît se permet de tenir des discours pareils, c'est choquant."

Au 22 novembre, la pétition avait été signée par plus de 60 000 personnes. Une indignation révélatrice d'une réelle prise de conscience, affirme en tout cas Jerry Azilinon, administrateur du mouvement Doyna luttant contre les violences faites aux femmes, auprès de Jeune Afrique.

SOCIÉTÉ VIOL TELEVISION AFRIQUE NEWS ESSENTIELLES SEXISME


https://www.terrafemina.com/article/miss-senegal-sa-directrice-se-vautre-dans-la-culture-du-viol_a361014/1

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Ce tweet de la police contre les violences conjugales crée la consternation

23 Novembre 2021, 01:50am

Publié par hugo

 Ce tweet de la police contre les violences conjugales crée la consternation
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Le tweet maladroit de la police nationale contre les violences conjugales
Le tweet maladroit de la police nationale contre les violences conjugales
Louise  Col 
Par Louise Col
Publié le Lundi 22 Novembre 2021
Un tweet "maladroit" de la police nationale du Bas-Rhin visant à sensibiliser contre les violences conjugales a suscité la perplexité au sein des militances féministes.
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"L'homme l'ignore trop souvent, mais son plus beau joyau, c'est la femme qui partage sa vie. Rien, absolument rien ne saura expliquer ou pardonner les violences faites à une femme". Voilà le tweet qu'a posté le 19 novembre la police nationale du Bas-Rhin. Une publication bien intentionnée (accompagnée du hashtag #ArrêtonsLesViolences), mais jugée maladroite voire embarrassante.

Car pour bien des internautes féministes, cette sensibilisation aux violences conjugales ne passe pas. "Prenez nos plaintes plutôt qu'écrire des poèmes", fustige Anna Toumazoff, l'instigatrice de la mobilisation digitale #DoublePeine, laquelle incite les victimes de violences sexuelles à témoigner de leur (mauvais) accueil au sein des commissariats. "Au commissariat central de Montpellier, on demande aux victimes si elles ont joui. Et on explique aux victimes de viol qu'une personne qui a bu est forcément consentante", avait dénoncé la militante.

Le "poème" virtuel a vivement été critiqué sur les réseaux sociaux.

"C'est un vrai tweet ?"

"Arrêtez vos pitreries. Les femmes n'ont pas à partager la vie de quiconque pour mériter de ne pas se faire tabasser", a ainsi fustigé l'autrice et militante féministe Klaire fait Grr sur Twitter. Avant de développer son propos à l'encontre de ce tweet, depuis supprimé : "Les violences masculines ne sont pas un 'mystère inexplicable' mais l'effet d'un système de domination".

Au centre de ces critiques, c'est la métaphore initiale du "beau joyau" qui suscite la perplexité. "Les femmes ne sont pas les joyaux ou des trophées, c'est pas des trucs, à mettre dans des coffres ou à sertir sur vos bijoux de famille", dénonce ainsi un internaute. "Mais non, c'est un vrai tweet ? Trop hâte de devenir le joyau d'un homme", ironise de son côté l'une des nombreuses abonnées du compte d'Anna Toumazoff.

"Et sinon, vous avez pensé à 'Arrêtons la connerie et le sexisme ?' Je te jure. 'Son plus beau joyau'. Non", a critiqué Caroline De Haas, instigatrice du collectif féministe #NousToutes. Un bad buzz auquel a réagi la DDSP 67 l'espace d'un message : "Notre tweet publié ce matin était maladroit et nous le regrettons. Plus que jamais, nous sommes engagés chaque jour pour lutter contre toutes les formes de violences faites aux femmes". Un mea culpa bienvenu.

SOCIÉTÉ NEWS ESSENTIELLES RÉSEAUX SOCIAUX VIOLENCES CONJUGALES VIOLENCES


https://www.terrafemina.com/article/violences-conjugales-ce-tweet-lunaire-de-la-police-cree-la-consternation_a361011/1

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La marche #NousToutes honteusement perturbée par un groupuscule d'extrême droite

23 Novembre 2021, 01:46am

Publié par hugo

 ACCUEILSOCIÉTÉ
Montpellier : 1.200 personnes pour dénoncer les violences sexuelles et sexistes
FEMINICIDES Le cortège a dénoncé les féminicides en France, mais également l’insécurité permanente dont sont victimes les femmes et le traitement de leurs plaintes

Jérôme Diesnis
Twitter
Publié le 22/11/21 à 08h13 — Mis à jour le 22/11/21 à 08h13
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Environ 1.200 personnes ont participé à la manifestation à l'appel du collectif Nous toutes 34, à Montpellier.
Environ 1.200 personnes ont participé à la manifestation à l'appel du collectif Nous toutes 34, à Montpellier. — J. Diesnis / Agence Maxele Presse
A Montpellier, environ 1.200 personnes ont dénoncé dimanche les violences sexuelles et sexistes dont elles sont victimes au quotidien.
Elles ont transporté des pancartes en formes de pierres tombales au nom des 101 victimes de féminicides depuis le début de l’année en France.
Parmi les nombreuses revendications, être entendues et reconnues comme des victimes lorsqu’elles déposent plainte. C’est à Montpellier qu’est né le mouvement #doublepeine.
Environ 1.200 personnes, selon les chiffres de la préfecture, ont défilé dans les rues de Montpellier, dimanche, à l’initiative de Nous Toutes 34. Les manifestants, en majorité des femmes, ont dénoncé les violences sexuelles et sexistes dont elles sont victimes. 101 pierres tombales en carton noir avaient été confectionnées, représentant les 101 féminicides depuis le début de l’année en France, avec le prénom des victimes et la façon dont elles sont mortes : « Sandra, 31 ans, poignardée », « Paula, 50 ans, violée et poignardée », « Gabrielle, 24 ans, le corps lestée de pierre »…


Sur les pancartes, des slogans sans équivoque pour dénoncer le climat d’insécurité permanent : « Marre d’être des proies », « Insister, c’est abuser », « Je veux sortir sans frémir », « Je veux être bourrée sans me faire emmerder », « Je veux être libre, pas courageuse ». Des revendications qui font écho au mouvement #balancetonbar, qui épingle le personnel de plusieurs établissements en France et notamment à Montpellier.

«Prenenez nos plaintes»
La façon dont son traitées les victimes fait également l’objet de revendications très claires. « Je te crois », « Tu n’y es pour rien », « Ce n’est pas ta faute », « Prenez nos plaintes », sont autant de slogans lus ou entendus. Ils ont d’autant plus de poids à Montpellier où est né le mouvement #doublepeine qui a pointé les conditions d’accueil des femmes venant porter plainte pour viol au commissariat de Montpellier.

« Construire l’égalité, c’est prévenir les violences », pouvait-on lire dans le cortège. Le collectif Nous toutes 34 réclame « un milliard pour financer la formation des fonctionnaires de police, des magistrats mais aussi des professionnels de santé et de l’éducation. Un milliard pour mettre en place des campagnes nationales de prévention et de sensibilisation antisexistes et sur le consentement dans les institutions et dans les écoles et ce dès le plus jeune âge, pour déconstruire et lutter contre la culture du viol. Un milliard pour financer la prise en charge intégrale des soins nécessaires aux victimes. Un milliard pour une vraie prise en charge des auteurs de violences sexistes et sexuelles pour éviter les récidives ».

SOCIÉTÉ
Montpellier : Des « capotes de verre » distribuées aux étudiants pour lutter contre le GHB
SOCIÉTÉ
Montpellier : La police mise en cause dans sa prise en charge des victimes de viols
SociétéManifestationLanguedoc-roussillonMontpellierFéminicideViol


https://www.20minutes.fr/societe/3178307-20211122-montpellier-1200-personnes-denoncer-violences-sexuelles-sexistes

MARRE  DE  CES  GROUPE DE  FAFS !!! 

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Montpellier : 1.200 personnes pour dénoncer les violences sexuelles et sexistes

23 Novembre 2021, 01:30am

Publié par hugo

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Montpellier : 1.200 personnes pour dénoncer les violences sexuelles et sexistes
FEMINICIDES Le cortège a dénoncé les féminicides en France, mais également l’insécurité permanente dont sont victimes les femmes et le traitement de leurs plaintes

Jérôme Diesnis
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Publié le 22/11/21 à 08h13 — Mis à jour le 22/11/21 à 08h13
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Environ 1.200 personnes ont participé à la manifestation à l'appel du collectif Nous toutes 34, à Montpellier.
Environ 1.200 personnes ont participé à la manifestation à l'appel du collectif Nous toutes 34, à Montpellier. — J. Diesnis / Agence Maxele Presse
A Montpellier, environ 1.200 personnes ont dénoncé dimanche les violences sexuelles et sexistes dont elles sont victimes au quotidien.
Elles ont transporté des pancartes en formes de pierres tombales au nom des 101 victimes de féminicides depuis le début de l’année en France.
Parmi les nombreuses revendications, être entendues et reconnues comme des victimes lorsqu’elles déposent plainte. C’est à Montpellier qu’est né le mouvement #doublepeine.
Environ 1.200 personnes, selon les chiffres de la préfecture, ont défilé dans les rues de Montpellier, dimanche, à l’initiative de Nous Toutes 34. Les manifestants, en majorité des femmes, ont dénoncé les violences sexuelles et sexistes dont elles sont victimes. 101 pierres tombales en carton noir avaient été confectionnées, représentant les 101 féminicides depuis le début de l’année en France, avec le prénom des victimes et la façon dont elles sont mortes : « Sandra, 31 ans, poignardée », « Paula, 50 ans, violée et poignardée », « Gabrielle, 24 ans, le corps lestée de pierre »…


Sur les pancartes, des slogans sans équivoque pour dénoncer le climat d’insécurité permanent : « Marre d’être des proies », « Insister, c’est abuser », « Je veux sortir sans frémir », « Je veux être bourrée sans me faire emmerder », « Je veux être libre, pas courageuse ». Des revendications qui font écho au mouvement #balancetonbar, qui épingle le personnel de plusieurs établissements en France et notamment à Montpellier.

«Prenenez nos plaintes»
La façon dont son traitées les victimes fait également l’objet de revendications très claires. « Je te crois », « Tu n’y es pour rien », « Ce n’est pas ta faute », « Prenez nos plaintes », sont autant de slogans lus ou entendus. Ils ont d’autant plus de poids à Montpellier où est né le mouvement #doublepeine qui a pointé les conditions d’accueil des femmes venant porter plainte pour viol au commissariat de Montpellier.

« Construire l’égalité, c’est prévenir les violences », pouvait-on lire dans le cortège. Le collectif Nous toutes 34 réclame « un milliard pour financer la formation des fonctionnaires de police, des magistrats mais aussi des professionnels de santé et de l’éducation. Un milliard pour mettre en place des campagnes nationales de prévention et de sensibilisation antisexistes et sur le consentement dans les institutions et dans les écoles et ce dès le plus jeune âge, pour déconstruire et lutter contre la culture du viol. Un milliard pour financer la prise en charge intégrale des soins nécessaires aux victimes. Un milliard pour une vraie prise en charge des auteurs de violences sexistes et sexuelles pour éviter les récidives ».

SOCIÉTÉ
Montpellier : Des « capotes de verre » distribuées aux étudiants pour lutter contre le GHB
SOCIÉTÉ
Montpellier : La police mise en cause dans sa prise en charge des victimes de viols
SociétéManifestationLanguedoc-roussillonMontpellierFéminicideViol


https://www.20minutes.fr/societe/3178307-20211122-montpellier-1200-personnes-denoncer-violences-sexuelles-sexistes

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Violences conjugales : 159.400 victimes en 2020, dont 139.200 femmes, en hausse de 10 %

23 Novembre 2021, 01:12am

Publié par hugo

Violences conjugales : 159.400 victimes en 2020, dont 139.200 femmes, en hausse de 10 %
DRAME Environ 87 % des victimes de violences conjugales sont des femmes

20 Minutes avec AFP
Publié le 22/11/21 à 10h22 — Mis à jour le 22/11/21 à 10h50
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Les violences conjugales ont augmenté en 2020.
Les violences conjugales ont augmenté en 2020. — ALAIN JULIEN / AFP
En 2020, les services de police et de gendarmerie ont enregistré 159.400 victimes, tous sexes confondus, de violences conjugales, soit une hausse de 10 % par rapport à 20219, a annoncé le service statistiques du ministère de l’Intérieur, ce lundi.

Environ 87 % des victimes de violences conjugales sont des femmes, soit 139.200, une proportion stable par rapport à 2019, selon ces chiffres du ministère, qui ne comptabilisent pas les homicides. En 2020, 102 femmes avaient été tuées sous les coups de leur conjoint ou ex. Elles étaient 146 en 2019.

Seine-Saint-Denis et Guyane en tête
Les victimes ont majoritairement, comme en 2019, subit des violences physiques volontaires ayant entraîné ou non une incapacité totale de travail. Quelque 5.500 personnes (soit 3 % des victimes), des femmes à une écrasante majorité (5.400), ont porté plainte pour viol ou agression sexuelle par leur conjoint. Les violences conjugales ont augmenté de 10 % lors du premier confinement – si l’on prend en compte la date de commission des faits – par rapport à la même période en 2019.

Ces violences ont baissé de 13 % sur la période du deuxième confinement, même si ces chiffres ne sont pas définitifs, souligne le ministère, « puisqu’ils ne comptabilisent que les faits commis pendant les confinements qui ont été portés à la connaissance de la police et la gendarmerie au plus tard début janvier 2021 ». L’Aveyron est le département qui présente le plus faible nombre de victimes enregistrées par habitante (2,7 femmes victimes âgées de 20 ans ou plus pour 1.000 habitantes de mêmes sexe et âge). A l’inverse, la Seine-Saint-Denis et la Guyane sont les deux départements de France les plus touchés.

Peu de plaintes
Selon les enquêtes de victimation Cadre de vie et sécurité, réalisées par l’Insee pour compléter les données brutes des plaintes enregistrées, 295.000 personnes, dont 213.000 femmes, déclarent en moyenne avoir été victimes de violences physiques et/ou sexuelles par leur conjoint ou ex-conjoint entre 2011 et 2018.

« Les violences conjugales sont peu fréquemment suivies de plaintes, en particulier lorsqu’il s’agit d’agressions à caractère sexuel », souligne le ministère de l’Intérieur, pour expliquer l’écart entre les chiffres de l’enquête de victimation et le nombre de plaintes enregistrées. Selon l’enquête CVS, seules 27 % des victimes se sont déplacées au commissariat ou à la gendarmerie, 18 % ont déposé plainte et 7 % une main courante ou un procès-verbal de renseignement judiciaire (PVRJ), chaque année en moyenne entre 2011 et 2018.

PARIS
Féminicides : Rassemblement autour du Panthéon en mémoire des 100e et 101e victimes
CULTURE
« Maid » sur Netflix : Comment la série permet de comprendre tout le spectre des violences conjugales
SociétéFemmeViolences conjugalesFéminicideMinistère de l'intérieurViolences faites aux femmes


 https://www.20minutes.fr/societe/3178387-20211122-violences-conjugales-159400-victimes-2020-dont-139200-femmes-hausse-10

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Sans archives, pas d'histoire : il y a un siècle, des pionnières archivaient le féminisme comme une urgence

23 Novembre 2021, 01:01am

Publié par hugo

 Sans archives, pas d'histoire : il y a un siècle, des pionnières archivaient le féminisme comme une urgence
22/11/2021 (MIS À JOUR À 16:28)
Par Chloé Leprince
Si nombre de figures du féminisme sortent aujourd'hui de l'oubli, et si les travaux universitaires qui leur sont consacrés sont aujourd'hui moins confidentiels, c'est parce que la trace du féminisme a été sauvegardée, préservée, conservée. Derrière ces archives, on retrouve d'autres pionnières.

Hubertine Auclert 
Hubertine Auclert • Crédits : Ullstein Bild - Getty
Dans l’histoire des féminismes, Hubertine Auclert fut longtemps l’une des rares figures (à peu près) préservées de l’oubli. Grande suffragiste et ardente défenseuse des droits civiques et politiques des femmes, on a même souvent dit qu’elle était la première. A tort, à vrai dire : Olympe de Gouges (qui meurt en 1793 sous la Révolution) et, plus encore, Jeanne Deroin (qui milite en 1848 et pose même sa candidature à une époque où les femmes ne votent pas), comptent parmi celles dont Auclert s’inspirera justement. Mais c’est elle qu’on appellera souvent “la première suffragiste”.

Or, sans être autant tombée dans l’oubli que Jeanne Deroin par exemple, Auclert, qui était née en 1848 et mourra en 1914, ne sera jamais tout à fait une figure de premier plan. Ni une priorité archivistique. Comme nombre de pionnières dans le cours du XIXe siècle qui, souvent, tiendront ensemble journalisme et engagement féministe, elle a pourtant laissé de nombreuses traces de son engagement pour le droit de vote des femmes. Une vie tout entière à vrai dire, et Auclert qui était à la fois contre le mariage et contre l’union libre (contrairement à d’autres militantes de la cause des femmes), tardera à épouser, quatre ans avant sa mort, ce magistrat dont elle était éprise. Elle n’aura pas d’enfants.

C’est justement l’intrication de cette vie intime et d’une existence pour la cause qu’on touche du doigt dans un document qui vient juste de surgir : le Journal d’Hubertine Auclert, que l’historienne Nicole Cadène refait paraître, enrichi d’une préface et d’articles de la féministe, en Folio, cet automne 2021. Ce document d’une quarantaine de pages, qui correspondent en fait aux extraits qu’il nous en reste, entre le mois de juin 1883 et un 12 août sans date (dont la préfacière estime qu’il est postérieur à 1899), n’avait jamais été imprimé à destination d’un large public. Il ne s’agit pourtant pas d’une découverte tardive, mais plutôt d’un document important tardivement sanctuarisé. Son histoire édifiante raconte les aléas et les enjeux de la conservation des archives de l’histoire des femmes, et de l’histoire des féminismes.

Car un siècle avant que le mot se fraye un chemin dans le paysage universitaire, ce qu’avait entrepris de consigner Hubertine Auclert tenait déjà d’une histoire des femmes. La sienne, et puis celle de toutes les autres, prises dans des rapports de genre. Elle documentait par exemple le tarif des ouvrières à “l’ordinaire débilitant” - 1,25 franc par jour en moyenne pour les travaux d’aiguille, au printemps 1894. Et elle écrivait aussi, le 25 septembre 1883 par exemple, alors qu’elle avait fait chou blanc après un appel de la Société pour le Suffrage des femmes : “Jésus au Jardin des oliviers avait ses apôtres fidèles, moi, je sens que je n’ai personne avec moi ; la fin de chaque réunion, voyant qu’elle a été inutile est mon calvaire, mon jardin des oliviers.”

Accéder pour de bon à son journal préservé pour la postérité, c’est revenir sur le seuil d’une cause, en se mettant dans les pas de cette figure forte de l’émancipation. Auclert n’était pas la seule à militer pour le droit de vote des femmes, mais elle avait pris la tête d’une des organisations dédiées au suffragisme. Raconter cette cause, c’est déplier sa trajectoire à elle en même temps que l’histoire des rapports sociaux entre les hommes et les femmes. Les deux éclairent la place qu’on a faite aux femmes à une époque où l’on sécurisait la République et le suffrage universel - mais seulement pour les hommes. 

Aujourd’hui, les tables des librairies qui diffusent des écrits féministes font le plein. Et les médias, en nombre, redécouvrent quantité de figures de l’histoire des féminismes, souvent érigées en héroïnes. Des silhouettes circulent, des visages apparaissent, des noms s’impriment. Mais sortir de l’invisibilité nombre de ces figures féminines, remonter le temps d’un siècle et demi pour prendre au sérieux, dans la durée, ces questions de genre (c’est-à-dire une lecture des rapports sociaux entre les hommes et les femmes) suppose des archives. Mesurer la trajectoire réelle, tangible, incarnée, de ces pionnières, aussi. Notamment pour dire de leur mobilisation autre chose qu’un martyre ou une obsession mystique. Mettre en relation leurs traces militantes, avec ce à quoi on a accès de leur vie, donne de l’épaisseur à cette cause. Cela la politise, aussi, tout en l’ancrant dans une histoire plus longue.

Caricature de la suffragiste Hubertine Auclert, parue dans le journal "Le Plat du Jour", le 24 avril 1910.
Caricature de la suffragiste Hubertine Auclert, parue dans le journal "Le Plat du Jour", le 24 avril 1910.• Crédits : API - Getty
Destin friable 
Le risque, à vrai dire, n’était plus tant la prison ou l’échafaud, lorsqu’Auclert miltait - même si elle fut jugée, en 1908, pour avoir renversé une urne lors des élections municipales. Son procès sera pour elle une tribune, et l’occasion d’un discours historique sur l’égalité qui éclipsera l’amende dérisoire à quoi la condamneront les juges. Mais la solitude, et une urgence d’écrire l’histoire, par exemple, furent encore un autre source de pression pour cette fille de propriétaire terrien montée à Paris en 1873 avec le petit confort d'une rente. C’est aussi ce qui affleure de ce journal, et densifie de quoi exactement fut faite la vie de ces femmes à l’avant-garde. Or le sillage des femmes dans l’histoire reste fragile. Et si Hubertine Auclert est restée comme l’une des protagonistes de premier plan de l’histoire de la cause féministe, la précarité de ses propres traces dit beaucoup du destin friable des femmes, dans les archives. Leur invisibilisation tient aussi à cela. 

Car même ses papiers à elle, qui pourtant compte très vite parmi les plus célèbres, ont souffert. En particulier ce journal, dont Nicole Cadène nous raconte ainsi le sort incroyable depuis cinq bonnes décennies. Ce journal d’Hubertine Auclert, qui reparaît sous le titre Journal d’une suffragiste, était de longue date porté disparu à la Bibliothèque historique de la Ville de Paris, qui abrite le fonds Hubertine-Auclert. S'il arbore aujourd’hui le label _“inédit” (_en Folio), on n’en ignorait pas pour autant l’existence : une poignée de chercheurs l’avaient bien eu entre les mains, certes… mais le plus souvent il s’agissait seulement d’une copie. On la devait à des chercheurs américains, travaillant pour l’un, dans les années 1970, à une thèse sur l’histoire du féminisme français (Patrick Bidelman) ; et pour l’autre, à un essai sur le suffragisme sous la Troisième République qui paraîtra en 1984 (Steven Hause). C’est de cette époque, et moyennant des allers-retours au-dessus de l’océan atlantique, que date une série de photocopies réalisées pour Bidelman par une étudiante américaine inscrite en maîtrise à Paris. 

Mais encore fallait-il en connaître l’existence. Et c’est à un autre historien anglo-saxon, Charles Sowerwine, qu’on doit d’avoir joué les passeurs. Australien d’origine, il était professeur associé au centre d’histoire culturelle de l’université de Versailles-Saint Quentin-en-Yvelines (vous pouvez l’entendre, en 2017 sur France Culture, dans l’émission Une vie une œuvre consacrée à la pionnière Madeleine Pelletier). Lui connaissait l’inventaire que l’historienne Maïté Albistur avait entrepris de dresser dans les archives de la bibliothèque Marie-Louise Bouglé, peu avant 1982. C’est là qu’est notamment censé être conservé l’original du journal d'Auclert. Quarante ans ont passé et le travail d’Albistur sur ce fonds crucial auquel elle a consacré sa thèse - sous la direction de Michèle Perrot - reste primordial. Elle-même le considérait comme un premier “dépôt légal officieux” des féministes. Crucial, mais imparfaitement exploité, et c’est peu dire : comme d’autres traces d’Hubertine Auclert dont le mari de Marie-Louise Bouglé fera don à la Ville de Paris en 1946, le manuscrit est désormais introuvable.

C’est pourtant un document d’autant plus important qu’on estime désormais que de toutes les militantes de sa génération, Hubertine Auclert est bien la seule à avoir tenu, ou conservé, un journal. L’édition qui débouche aujourd’hui sur une parution en poche, accessible à tous pour de bon, tient donc à bien des égards d’un petit miracle imparfait : il en sécurise la trace, bien qu’il soit lui-même issu de la liasse de photocopies que Hause avait fini par déposer faute de mieux. Annotées, et garnies de traductions dans les marges, jaunies par le temps, ces copies portent la trace du travail de ceux qui s’en sont emparés avant nous. Elles aussi ont souffert - comme le souvenir des pionnières dont elles sont la trace friable. Elles supposent aussi un nouveau regard : Nicole Cadène a découvert que ces pages de journal avaient probablement été conservées sous forme de feuilles volantes lorsqu’elle a fini par comprendre qu’elles avaient en fait été classées dans le désordre.

Duplicata précieux
Or, faute de mieux, ce jeu de photocopies reste d’une importance capitale. Car cette opération de remise au jour nous permet notamment d’entrer au cœur du texte. C’est ce travail à l’os, et au ras des mots de l’autrice, qui permet à Cadène de détricoter, par exemple, le tour à la fois plus sombre, et aussi plus fiévreux, que nous en avait laissé l’historienne Mona Ozouf. Nicole Cadène montre notamment que la grande historienne avait pu prendre quelques libertés avec le texte d’original qu’il est d’autant plus précieux de voir circuler aujourd’hui. Pour évoquer Hubertine Auclert dans Les Mots des femmes, son célèbre essai paru en 1995 chez Fayard, Mona Ozouf s’était, elle aussi, fait expédier à son tour une liasse de photocopies depuis les Etats-Unis en 1994. 

Suivre l’histoire de ces duplicata permet de découvrir quelque chose du sort qu’on a fait à Hubertine Auclert. Non seulement le journal était peu consulté, et son manuscrit d’origine avait été égaré. Mais les photocopies elles-mêmes étaient à leur tour devenues introuvables. Plusieurs saisons durant, Nicole Cadène s’est ainsi cassé le nez en les réclamant au comptoir de la Bibliothèque historique de la Ville de Paris. L’historienne en connaissait bien quelques extraits, traduits en anglais dans un livre de Bidelman paru aux Etats-Unis. Mais c’est en prenant la mesure de leur disparition, et donc de l’importance précaire du fonds Bouglé, qu’elle a commencé cette quête, qui fait aujourd’hui l’objet de sa préface au Journal d’Hubertine Auclert. En montrant la fragilité de l’archivage, elle éclaire, en même temps, à quoi tient un sillage.

En 2019, une pochette a resurgi dans les cartons du fonds Bouglé : les fameuses photocopies. Entre-temps, une archiviste de la Bibliothèque, Sarah Appert, avait enfin été missionnée pour s’atteler aux archives de la bibliothèque de Marie-Louise Bouglé, ce fonds endormi de la Bibliothèque historique de la Ville de Paris. Elle y travaille depuis trois ans, et désormais à deux. Si on a fini par remettre la main sur la liasse de photocopies en 2019, c’est parce qu’entre-temps, les archives d’Hubertine Auclert étaient remontées en haut des priorités. Charge à l’archiviste de les revisiter, en reprenant par exemple l’inventaire pour le rendre plus accessible aux chercheurs et aux chercheuses, et aussi plus lisible. 

Au total, Sarah Appert estime qu’il faudra “quatre à cinq ans” pour venir à bout de la remise en ordre du fonds où dormait la prose de la suffragiste. Révitaliser ce fonds en le rendant plus simple d’usage, c’est non seulement sécuriser les traces de protagonistes de la cause des femmes, comme Hubertine Auclert, et d’autres. Mais aussi dévoiler une histoire méconnue, qui s’imbrique dans celle des grandes pionnières de la cause des femmes : l’histoire d’autres femmes, qui, elles, ont réuni, collecté, collectionné, et archivé leurs traces.

Elles aussi furent des pionnières, et souvent, en même temps, des militantes de premier plan pour l’égalité et/ou le droit de vote des femmes. Et c’est à elles qu’on doit de pouvoir remonter ce fil, à présent qu’un public à la fois nouveau et plus nombreux s’affirme curieux de découvrir cette histoire longtemps assourdie. Le fonds Marie-Louise Bouglé représente vingt-sept mètres linéaires en tout, soit une soixantaine de boîtes d’archives. Mais il ne s’agit là que des papiers, manuscrits, et autant de traces diverses et éparses, donc beaucoup de lettres issues de plusieurs correspondances et des brouillons de discours : en 1936, après la mort de Marie-Louise Bouglé, à 56 ans, et moyennant plusieurs péripéties, son mari a aussi fait don à la Ville de Paris de toute une bibliothèque faite d’ouvrages parus depuis plus d’un demi-siècle.

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Réécouter Madeleine Pelletier (1874 – 1939), une femme d’avant-garde
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TOUTE UNE VIE
Madeleine Pelletier (1874 – 1939), une femme d’avant-garde
"Le capital que j’avais y passa et l’essentiel de mon pain"
De son vivant, et à partir de 1921, c’est à l’ensemble, papiers, correspondances ET livres, que Bouglé donnait accès au grand public en ouvrant son appartement en dehors des heures de bureau. Car même si elle n’avait ni grands moyens ni vaste propriété, c’est chez elle qu’elle avait commencé à conserver tout ce patrimoine. Née à Vitré, en Ille-et-Vilaine, onzième enfant d’un père briquetier, elle était orpheline, et c’est seule, à 16 ans, qu’elle était arrivée à Paris. Elle avait trouvé à s’y faire embaucher comme vendeuse, avant de devenir sténo-dactylo après des cours du soir. C’est à cette époque, et après avoir découvert le féminisme du côté de l’éducation populaire, qu’elle s’était mise en tête d’archiver le féminisme. Trente ans après sa naissance officielle mais plus d’un siècle après l’émergence d’un espace de la cause des femmes, dans les franges de la vie politique française. L’archiviste autodidacte en disait notamment ceci : “Femme, travailleuse, je faisais partie en 1921 de plusieurs groupements féministes et pacifistes. La pensée que tous les efforts faits par ceux-ci et que toutes les idées émises lors des congrès n’étaient pas centralisées et risquaient dès lors d’être perdus pour l’avenir me désolait. Je résolus d’amasser notamment tout ce qui concernait l’activité féminine dans le temps présent. De la à rechercher ce qui la concernait dans le passé, il n’y avait qu’un pas. Et lorsqu’on est pris d’une passion, c’est terrible. Le capital que j’avais y passa et l’essentiel de mon pain.”

En 1926, sa petite chambre de la rue des Messageries comptait déjà plus de douze mille volumes. Mais ce n’était pas tout : sa bibliothèque était aussi riche de coupures de presse en nombre - qui aujourd’hui ont souffert avec le temps qui tend à cramer le papier, et requièrent un soin tout particulier dans l’archivage. Dans Les Gardiennes de la mémoire, l’historienne Christine Bard écrit que lorsqu’elle commence à réunir toute cette documentation, “Marie-Louise Bouglé est persuadée qu’aucune bibliothèque identique n’existe”. Ainsi, cette année 1926, elle déclarait devant la Chambre syndicale des sténo-dactylographes : “Le temps pressait. Il est de ces collections qui doivent se faire au jour le jour, sous peine de subir une perte irréparable. Je me mis à l'œuvre en me disant que ce que je sauverais serait toujours autant. Et alors commença le développement d'une passion que je ne soupçonnais pas en moi. L'utilité de mes recherches, l'intérêt de plus en plus en plus grand que j'y trouvais, le succès dans mes fouilles, tout y contribua. Je pensais au début ne sauver que quelques documents au jour le jour et voilà que, entraînée, je remplissais toute une pièce de livres, de brochures, de journaux, de documents de toutes sortes, souvent très rares et de très grande valeur et me trouvais ébaucher cette vaste bibliothèque tant souhaitée".

Elle qui comparait le féminisme à “une religion en marche” avait tort, en réalité : avant même la Grande guerre, le féminisme tout juste sorti des limbes comptait déjà plusieurs bibliothèques qui ambitionnaient justement d’en conserver les premiers pas. Déjà, s’installait d’emblée l’idée qu’en préserver la trace, c’était aussi en préserver la portée. La toute première archiviste du mouvement féministe français ne s’appelait en fait pas Marie-Louise Bouglé, mais Eliska Vincent. Elle ne sera pas la seule mais elle aura été la première. Et lorsqu’elle mourra en 1914, elle lèguera au Musée social un impressionnant trésor qu’on estime de l’ordre d’un million de fiches et dossiers divers. Son ambition était explicite : que sorte de terre un institut du féminisme. Qui voit en partie le jour en 1916… mais sans pôle d’archives. Christine Bard précise qu’on ignore encore ce qu’a pu devenir l’impressionnante collection de documents que jamais les deux exécutrices testamentaires de Eliska Vincent ne parviendront à préserver. 

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La Commune de Paris, révolution féministe ? Idée reçue n° 4
Trauma féministe
Un épisode traumatique autant que fondateur ? L’une des deux exécutrices en question s’appelait Marguerite Durand. Elle aussi est féministe, c’est elle, ancienne comédienne, qui dirige le journal féministe La Fronde. Et elle, aussi, croit en la puissance de l’archive, et son urgence impérieuse. C’est en effet dès 1897 et au moment même de la création de La Fronde, de retour du Congrès international des droits de la femme, que Durand se met à collecter, et collectionner. Aujourd’hui, c’est son nom qui reste associé aux archives du féminisme, parce que c’est son nom qui fut donné au principal centre de conservation des traces de l’espace de la cause des femmes, à Paris. Alors que le fonds Bouglé a longtemps été jugé mal-pratique et un peu enseveli, malgré le travail de défrichage intense de Maïté Albistur, la bibliothèque Marguerite-Durand a fait l’objet d’un (relatif) investissement institutionnel. C’est l’intéressée elle-même qui en avait fait don à la Ville de Paris de son vivant, en 1931. Insérée dans le paysage politique, elle avait négocié avec la municipalité de demeurer la bibliothécaire de sa propre bibliothèque. Celle-ci était hébergée dans les bâtiments de la mairie du Ve arrondissement à la mort de Marguerite Durand, en 1936. Elle y restera cinquante ans, jusqu’à son déménagement, à l’étage d’une médiathèque du quartier Olympiades, dans le XIIIe arrondissement, en face de la fac Tolbiac, où vous pouvez la découvrir aujourd’hui.

Marguerite Durand donnant une conférence, en 1910 à Paris.
Marguerite Durand donnant une conférence, en 1910 à Paris.• Crédits : Ullstein Bild - Getty
Le fonds Bouglé n’a pas toujours eu la visibilité qu’il méritait. En 1985, dans un article, Maïté Albistur, qui en avait dressé l’inventaire, le déplorait déjà, écrivant : “La richesse du Fonds M.L. Bougie n'est plus à prouver. Dès lors, on s'étonne que rien n'ait été prévu pour le protéger de certains lecteurs indélicats. A fonds exceptionnel, on ne peut que souhaiter des crédits exceptionnels pour le microfichage, foliotage des documents, reliure des correspondances et entoilage des affiches qui protégeraient un fonds actuellement très vulnérable.” Près de quarante ans ont passé, et ces 27 mètres linéaires permettent toujours de découvrir l’impressionnante entreprise à quoi Marie-Louise Bouglé avait dédié sa vie. Et notamment ses choix, dans un périmètre qui n’a pas varié depuis son dépôt : on constate par exemple une attention particulière de Bouglé à la frange la plus radicale du mouvement féministe. C’est là qu’on peut trouver, à la Bibliothèque historique de la Ville de Paris, un vaste écheveau de documents sur la part des femmes dans l’histoire du syndicalisme.

La bibliothèque Marguerite-Durand est, par nature, différente puisqu’elle a fait l’objet d’un travail d’enrichissement dans le temps, depuis sa mort. On en mesure l’ampleur en reprenant les chiffres :

En 1997, huit ans après avoir déménagé rue Nationale, dans le XIIIe arrondissement, la bibliothèque Marguerite-Durand comptait :

plus de 40 000 livres et brochures français et étrangers depuis le XVIIe siècle
1 100 titres de périodiques féminins et féministes, essentiellement de la deuxième moitié des XIXe et XXe siècles
plus de 5 000 dossiers classés par personnalité ou par thème contenant des coupures de presse (depuis 1880), des notices biographiques, des portraits, des programmes, des statuts d’associations, des cartons d’invitation, des tracts
plus de 4 000 lettres de grandes figures féminines
et encore quantités d’inventaires plus précis qui ont trait à tel combat des personnalités.
Dans un entretien paru en 1985, Simone Blanc, la conservatrice de la Bibliothèque qui en fut aussi une figure tutélaire, précisait que le fonds comptait 17 000 ouvrages. Soit plus de deux fois moins, en comparaison avec aujourd’hui. A l’époque, elle soulignait le manque de moyens, avec trois bibliothécaires et deux vacataires à temps partiel en tout et pour tout. D’ailleurs la bibliothèque aura la vie sauve après un petit suspense, et une intense mobilisation de nombreuses chercheuses (et quelques chercheurs) alors que son sort était menacé. Même les épicentres, comme les figures de premier plan, ont un destin fragile, lorsqu’il s’agit de la trace des femmes.

En 1985, 95% des usagers de la bibliothèque Marguerite-Durand étaient issus du monde de la recherche. Mieux faire connaître l'œuvre de ces pionnières qui avaient déjà consacré leur vie à sauver de l’oubli d’autres pionnières contribue désormais à faire sortir de l’oubli l’histoire des femmes, et l’histoire des féminismes. Au point que des non-initiés et des non-initiées viennent y plonger ? Comme la Bibliothèque historique de la Ville de Paris, la bibliothèque Marguerite-Durand est aujourd’hui active sur les réseaux sociaux, et œuvre, en dialogue avec des historiennes, et une association comme Mnémosyne par exemple (qui œuvre pour promouvoir la place des femmes dans la recherche historique) ou encore l’association Archives du féminisme (fondée à Angers pour coordonner nos efforts pour mieux préserver les archives des associations et des militantes féministes), à maintenir la focale sur ces trajectoires longtemps ensevelies. Publier (en édition de poche, qui plus est) le Journal d’Hubertine Auclert y contribue aussi, surtout lorsqu’on en est encore à consulter des photocopies plusieurs fois égarées, ou subtilisées par des lecteurs indélicats. L’un des plus beaux slogans du MLF, à sa création, au début des années 1970, n’était-il pas : “Il y a plus inconnu que le soldat inconnu : sa femme !” ? L’urgence à fluidifier les inventaires, et à les sécuriser, n’en est que plus grande. Car l’espoir de retrouver le manuscrit d’Hubertine Auclert, lui, s’amenuise à mesure que Sarah Appert approfondit son travail dans les archives de Marie-Louise Bouglé. Et l’archiviste de rappeler ce vieux dicton : “En bibliothèque, un document mal rangé, c’est un document perdu.” 

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https://www.franceculture.fr/histoire/sans-archives-pas-dhistoire-il-y-a-un-siecle-des-pionnieres-archivaient-le-feminisme-comme-une

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La conversation des sexes : philosophie du consentement

23 Novembre 2021, 00:47am

Publié par hugo

 La conversation des sexes : philosophie du consentement
Manon Garcia(Auteur)
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L'affaire Weinstein et le mouvement #MeToo ont mis la question des violences sexuelles au premier plan. Depuis, le consentement renvoie naturellement au consentement sexuel et amoureux, envisagé comme un sésame de l'égalité entre femmes et hommes. Pourtant, il est bien difficile à définir, et soulève trois problèmes. Le problème juridique, bien connu de celles et ceux qui suivent l'actualité, peut être résumé ainsi:que faire pour que les cas de viol, d'agression et de harcèlement sexuels soient efficacement punis? Le ...
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La conversation des sexes : philosophie du consentement

La conversation des sexes : philosophie du consentement - Couverture - Format classique
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Fiche détaillée de "La conversation des sexes : philosophie du consentement"
FICHE TECHNIQUE
Auteur : Manon Garcia
Editeur : Climats
Date de parution : 06/10/2021
EAN13 : 9782080242365
Langue : français
Catégorie : Textes - Critiques - Essais - Commentaires
Format : 219x148x22
Poids : 312g
Nombre de page(s) : 300
Livre en français
RÉSUMÉ
L'affaire Weinstein et le mouvement #MeToo ont mis la question des violences sexuelles au premier plan. Depuis, le consentement renvoie naturellement au consentement sexuel et amoureux, envisagé comme un sésame de l'égalité entre femmes et hommes. Pourtant, il est bien difficile à définir, et soulève trois problèmes. Le problème juridique, bien connu de celles et ceux qui suivent l'actualité, peut être résumé ainsi:que faire pour que les cas de viol, d'agression et de harcèlement sexuels soient efficacement punis? Le deuxième problème est moral:comment penser des relations amoureuses et sexuelles qui ne soient pas fondées sur des normes sociales sexistes et inégalitaires? Enfin, le problème politique:comment ne pas reconduire les injustices de genre qui se manifestent dans les rapports amoureux et sexuels?La magistrale analyse du consentement que propose Manon Garcia revisite notre héritage philosophique, plongeant au coeur de la tradition libérale, mettant à nu ses impensés et ses limites
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RÉSUMÉ
L'affaire Weinstein et le mouvement #MeToo ont mis la question des violences sexuelles au premier plan. Depuis, le consentement renvoie naturellement au consentement sexuel et amoureux, envisagé comme un sésame de l'égalité entre femmes et hommes. Pourtant, il est bien difficile à définir, et soulève trois problèmes. Le problème juridique, bien connu de celles et ceux qui suivent l'actualité, peut être résumé ainsi:que faire pour que les cas de viol, d'agression et de harcèlement sexuels soient efficacement punis? Le deuxième problème est moral:comment penser des relations amoureuses et sexuelles qui ne soient pas fondées sur des normes sociales sexistes et inégalitaires? Enfin, le problème politique:comment ne pas reconduire les injustices de genre qui se manifestent dans les rapports amoureux et sexuels?La magistrale analyse du consentement que propose Manon Garcia revisite notre héritage philosophique, plongeant au coeur de la tradition libérale, mettant à nu ses impensés et ses limites
. De John Locke aux théoriciennes féministes françaises et américaines, en passant par Michel Foucault et les débats sur la pratique du BDSM, c'est une nouvelle cartographie politique de nos vies privées que dessine cet essai novateur. Au terme de ce livre, il s'agira en somme, pour reprendre la formule de Gloria Steinem, d'"érotiser l'égalité" plutôt que la domination:en ce sens, le consentement sexuel, conçu comme conversation érotique, est sans doute l'avenir de l'amour et du sex

La conversation des sexes : philosophie du consentement - Manon Garcia (chapitre.com)

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Le consentement, une nouvelle révolution sexuelle ? Avec Manon Garcia

23 Novembre 2021, 00:35am

Publié par hugo

 LE 06/10/2021
Le consentement, une nouvelle révolution sexuelle ? Avec Manon Garcia
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Quels problèmes moraux et politiques posent les relations sexuelles qui ne relèvent pas à proprement parlé du viol mais sont des expériences parfois traumatisantes ? Quelle est la force et quelles sont les limites de la revendication du respect du consentement ?

Une femme tient une pancarte indiquant "Quand une femme dit non, c'est non" lors de la journée des droits des femmes (Paris, 8 mars 2021)
Une femme tient une pancarte indiquant "Quand une femme dit non, c'est non" lors de la journée des droits des femmes (Paris, 8 mars 2021)• Crédits : Bertrand Guay - AFP
Le consentement. Le terme s’est répandu en France dans la vague du mouvement #MeToo. Face aux violences sexuelles, des femmes, à travers le monde, s’écrient :  « No means no ». Et de nombreuses voix abordent frontalement le sujet des « zones grises », ces expériences sexuelles qui ne sont pas toujours punissables par la justice mais peuvent s’avérer traumatisantes ou poser des problèmes moraux et politiques. 

La philosophe Manon Garcia, connaisseuse de l’œuvre de Simone de Beauvoir, dont la pensée traversait son premier livre, On ne naît pas soumise, on le devient, s’attaque dans La conversation des sexes. Philosophie du consentement, à cette expression comme concept. Elle en retrace l’archéologie, en passant par la philosophie politique du consentement, et sa signification dans la pensée libérale, l’illustre par l’exemple du BDSM, non sans multiplier les détours par le droit et la psychologie. Son approche philosophique enrichit une littérature toujours plus dense sur le thème de l’intime comme fait politique, souvent abordé par la sociologie et l’économie. 

Le consentement, Manon Garcia en dresse même la critique, toujours en revenant à de nombreux travaux. Ne risque-t-il pas de devenir, dans le droit notamment, qu’un assentiment, passif, de la femme aux avances sexuelles de l’homme ? Peut-il seulement y avoir consentement total sans disparition des mécanismes de domination sociale ? « Au fond, la question du consentement sexuel est analogue au problème philosophique classique du libre-arbitre », rappelle l’auteure. Qui n’abandonne pas toutefois la force qui réside dans le terme, devenu revendication : « Si, face à toutes les réserves que l’on peut avoir face au vocabulaire du consentement, il continue d’être tant utilisé, c’est précisément parce qu’il contient quelque chose comme la promesse d’un érotisme entre égaux, où les consentements s'échangent plus qu’ils ne se donnent unilatéralement. »  

Le consentement peut-il être la prochaine révolution sexuelle ? Manon Garcia clôt sa réflexion en vantant les mérites de la conversation érotique. 

Manon Garcia est philosophe, Assistant Professor à l’université de Yale et autrice de “La conversation des sexes” (Climats, 2021), qui fait suite à "On ne naît pas soumise, on le devient" (Climats, 2018).

Les leçons du rapport Sauvé
Quel est votre regard sur le rapport Sauvé, et sur ce qu'il dévoile ?

C'est difficile de dire quelque chose d'autre que la consternation, la tristesse. Pour voir les choses de façon optimiste, on peut se dire qu'enfin c'est bien, on voit ce qui s'est passé, qu'on ait ces chiffres atroces. En même temps, les chercheuses et les chercheurs ont montré depuis longtemps l'importance de la pédocriminalité, et le fait que les enfants étaient les oubliés de la lutte contre les violences sexuelles, même si cela a changé un peu avec #MeTooInceste. Mais aujourd'hui, ce qui prime, c'est la tristesse et la colère.

Questions de morale
Dans votre ouvrage, il est question assez largement de philosophie, notamment de philosophie morale : Kant, Rousseau... Et là, on voit que ces personnes, les prêtres, censément détenteurs d'une morale et aussi d'une morale sexuelle, ont commis ce qui passe aujourd'hui pour l'un des pires crimes que l'on puisse commettre à l'égard d'un enfant.

Pour moi, la question des abus sexuels dans l'Eglise a peu à voir avec le consentement puisque par définition, on ne peut pas consentir, quand on est mineur, à avoir un rapport sexuel avec un majeur détenteur d'une autorité, d'un magistère moral... Donc c'est vrai qu'il n'y a pas de consentement possible. Mais ce qui m'intéresse, en effet, c'est de proposer une approche de philosophie morale, au sens où cette dernière s'intéresse à la valeur de nos actions. Et là, il y a une contradiction très forte entre un magistère morale et des actions clairement interdites.

L'ambiguïté du "consentement"
Vous expliquez que le mot de "consentement", qui semble pourtant univoque, est en réalité beaucoup plus compliqué. Dites-nous pourquoi ce terme doit être problématisé selon vous.

A la suite de #MeToo, cette notion s'est popularisée, on y a vu un Graal de l'égalité hommes-femmes. Il me semble que l'on a une vision un peu trop simple de ce que c'est. Un certain discours dit par exemple : "le consentement, c'est ce qui sépare le sexe du viol". Comme si finalement, le viol c'était : "sexe moins consentement". Or c'est compliqué, car on ne considère pas qu'un vol, c'est le don moins le consentement. Il y a donc bien quelque chose de spécifique dans le viol, que l'absence du consentement ne suffit pas à expliquer.

Et puis on a pu se demander si consentir, c'est ne pas dire non, ou bien si c'est dire oui, sauf qu'en fait, ce que je veux montrer, c'est que c'est beaucoup plus compliqué : accepter un rapport sexuel, cela demande une analyse philosophique précise, appuyée sur des cas particuliers que l'on analyse en détails.

Le terme de "non-consentement" n'est pas non plus, selon vous, aussi univoque qu'il paraît, pourquoi donc ?

Il me semble qu'il faut distinguer le fait de refuser et le fait de ne pas accepter. Ce n'est pas la même chose d'avoir un rapport sexuel avec quelqu'un qui nous force (physiquement, ou moralement par du chantage), ou de se contraindre un peu. En réalité, il y a un continuum entre le meilleur sexe et le pire viol, alors qu'on a tendance à croire que le viol, c'est dans un parking, la nuit, alors que le sexe, c'est l'amour et le respect. Ces deux cas sont loin de la majorité des expériences sexuelles que font les gens. Alors ce qui m'intéresse, en tant que philosophe morale, c'est comment évaluer tous les cas qui sont entre ces deux pôles.


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https://www.franceculture.fr/emissions/l-invite-e-des-matins/le-consentement-une-nouvelle-revolution-sexuelle-avec-manon-garcia

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Consentement et violation

23 Novembre 2021, 00:01am

Publié par hugo

 BIBLIOTHÈQUE PUBLIQUE D'INFORMATION
CONFÉRENCES
Consentement et violation
21/11/2021 (MIS À JOUR LE 22/11/2021 À 10:00)
La honte et le consentement sont deux notions éminemment politiques et éthiques. Ce sont des faits sociaux totaux qui s’expriment dans la société moderne par différentes injonctions. Comment se cristallisent ces deux affects au sein de notre société ?

Gerd Altmann
Gerd Altmann
Le fait de “céder” renvoie au traumatisme psychique et sexuel, à l’abus de l’autre. Il implique le fait de dire “non” ou “oui” de manière forcée. “Consentir” revient à céder une part de son intime et de sa vérité inconsciente articulée à son désir, aux risques qu’il prend pour y accéder. Le consentement est un moment de sensibilité à des expériences de violation auxquelles les démocraties n’étaient pas sensibles auparavant. Les cas de harcèlement sexuel, de traumatisme, de domination, ont longtemps fait partie des faits divers et des marges de l’histoire. 

Avec les mouvements #Metoo et les affaires Weinstein et Kouchner, ces questions de consentement sont devenues des problèmes de civilisation, touchant à la fois l’éthique et la politique. La notion de consentement est liée à l’extime. Elle renvoie aux champs de l’amour, de la sexualité, du désir. Ce n’est pas une expérience rationnelle, elle ne relève pas de l’accord libre et éclairé de la raison. Le consentement possède une valeur d’affect. Il repose sur la foi en l’autre et fonctionne comme un “contrat” entre deux individus. C’est un déssaisissement en faveur d’une ouverture à l’autre. 

La honte émane d’une prise de conscience. Elle est liée à la tristesse, au désespoir, et à l’impuissance. C’est un auto-affect qui peut entraîner des situations de repli sur soi et de retenu. Les individus la ressentent vis-à-vis d’eux-mêmes, des autres mais aussi de la société. La honte est un affect majeur des sociétés modernes. C’est un fait social total. Trois injonctions lui sont liées :

“N’ayez plus honte de vous-mêmes”, concerne l’émancipation individuelle vis-à-vis de la honte. Elle est considérée dans ce cas comme un frein à l’existence.
“Il n’y a plus de honte”, renvoie aux individus qui font étalage de soi sur les réseaux sociaux de manière irrespectueuse.
“La honte doit changer de camp”, fait référence aux personnes qui agissent en toute impunité sans être inquiétées par la justice et les autorités.
Désormais présente sur les réseaux sociaux, la honte contemporaine se construit via la projection digitale de soi. La virtualité et la viralité se mélangent à la réalité. L’image publique de soi est portée à une forte intensité. Elle se construit indépendamment de l’individu et peut être détruite lors de cas de “e-bashing” par exemple. Au sens de Marx, elle représente un “sentiment révolutionnaire”, de par la colère sous-jacente qu’elle contient. Colère qui peut se retourner contre la personne lorsqu’elle n’est pas exprimée. Elle devient véritablement porteuse d’un combat lorsqu’elle est partagée collectivement. Les luttes antiracistes et intersectionnelles fédèrent les “microhontes” autour de la colère.


Une table ronde enregistrée en novembre 2021.

Frédéric Gros, philosophe, professeur d'humanités politiques à Sciences Po Paris et chercheur au CEVIPOF

Clotilde Leguil, philosophe, psychanalyste, membre de l'École de la Cause freudienne, professeur au Département de psychanalyse à l'université Paris 8

Philippe Petit, écrivain et journaliste.

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