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104 FEMMES TUEES DEPUIS LE DEBUT DE L ANEE 2021

28 Novembre 2021, 15:58pm

Publié par hugo

 

2021 - Féminicides par Compagnons ou Ex – Google My Maps

https://www.google.com/maps/d/u/1/viewer?hl=fr&mid=1AoTHJTAvWz-P1ddCKe1NhWtdsOQgcLPA&ll=50.10653109577031%2C4.316553320312506&z=8&fbclid=IwAR0DbX7Rhi05X7rjuUcHEL97cGJnDVUxSP1cx-tEQEX0yquWv01XK-YiyhU

https://www.google.com/maps/d/u/1/viewer?hl=fr&mid=1AoTHJTAvWz-P1ddCKe1NhWtdsOQgcLPA&ll=50.10653109577031%2C4.316553320312506&z=8&fbclid=IwAR0DbX7Rhi05X7rjuUcHEL97cGJnDVUxSP1cx-tEQEX0yquWv01XK-YiyhU

 

104  FEMMES TUEES DEPUIS LE DEBUT  DE L ANEE 2021
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"Je n'ai rien vu venir" : les familles de victimes de féminicide témoignent

28 Novembre 2021, 00:01am

Publié par hugo

 "Je n'ai rien vu venir" : les familles de victimes de féminicide témoignent
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Collage réalisé par "Collages Feminicides Paris" en hommage aux femmes victimes de féminicides, 31 août 2020
Collage réalisé par "Collages Feminicides Paris" en hommage aux femmes victimes de féminicides, 31 août 2020
Catherine Rochon 
Par Catherine Rochon
Publié le Jeudi 25 Novembre 2021
Les années passent mais le choc reste intact. Sandrine Bouchait et Isabelle Seva-Boismoreau ont perdu brutalement des êtres proches, des femmes tuées par leur compagnon. Aujourd'hui, elles militent au sein de l'Union Nationale des Familles de Féminicide pour faire entendre leur voix et pour "sauver les femmes qui peuvent encore l'être".
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"Je n'ai pas du tout vu venir le drame. Pas du tout." Sandrine Bouchait le répète, encore sidérée. Sa soeur, Ghylaine, 34 ans, "si joueuse, pleine de vie", a été assassinée par son conjoint le 22 septembre 2017. Et quatre ans après le drame, elle reste abasourdie. D'une voix calme, elle remonte le fil qui a conduit à l'impensable.

"Ma soeur était vendeuse en boulangerie et finissait le boulot tard, vers 21h. Son compagnon venait la chercher à son travail, sûrement pour s'assurer qu'elle ne discute avec personne et qu'elle ne rentre qu'avec lui", analyse Sandrine Bouchait. "A la maison, elle s'est rendu compte que leur petite fille n'avait pas dîné. S'en est suivie une dispute. Ils étaient en instance de séparation, elle avait rencontré quelqu'un d'autre. Elle lui a dit qu'elle s'en allait, elle a demandé à la petite de préparer ses affaires. Mais il ne l'a pas laissée partir."

Sandrine Bouchait raconte les coups qui auraient duré une quinzaine de minutes "selon les voisins", puis ce bidon d'essence versé sur sa soeur. "Il a mis le feu". C'est la fillette de 7 ans, présente au moment du meurtre, qui a ouvert la fenêtre et appelé à l'aide.

Le conjoint de Guylaine a été jugé en janvier 2020 et condamné à 20 ans de réclusion criminelle. Quatre ans après le féminicide, Sandrine Bouchait continue à décrypter ces fameux "signaux faibles" qui auraient dû l'interpeler. Et qui la hantent encore aujourd'hui. "Je reste persuadée aujourd'hui qu'elle n'avait pas été victime de violences physiques avant le meurtre. Mais a posteriori, elle a été victime de violences psychologiques." Elle cite quelques exemples de cette emprise que son beau-frère exerçait insidieusement sur sa soeur : "Elle me disait qu'il choisissait comment elle devait s'habiller, il lui faisait refaire le ménage, il choisissait la quantité de nourriture qu'elle devait manger... Quand on était au téléphone et qu'il rentrait, elle raccrochait en panique en disant : 'Je te laisse, il arrive'."

Mais elle le répète : elle n'a rien vu et pas entendu les signes avant-coureurs. Ni démasqué le bourreau en puissance. "On le connaissait extrêmement bien, on avait tellement confiance en lui qu'il était le parrain de mon fils aîné."

"Ces hommes-là savent très bien repérer les failles"
Suite au meurtre de sa soeur, plongée dans une extrême solitude ("La mort extrêmement violente nous empêche de passer à autre chose"), face à une multitude de questions "auxquelles je n'avais pas de réponses", Sandrine Bouchait s'est tournée vers un groupe Facebook de familles de victimes de féminicides. Et avec des membres de cette communauté virtuelle, elle a décidé de créer l'Union Nationale des Familles de Féminicide (UNFF), la première du genre en France.

Au sein de cette structure, 100 familles meurtries par un féminicide. Ses 200 membres sont animé·e·s d'une même volonté : que ces drames cessent. Car Sandrine Bouchait, présidente de l'association, en a l'intime conviction : ces assassinats seraient évitables grâce à une prévention accrue et de l'information auprès des institutions. "Si j'avais été formée, j'aurais vu. Aujourd'hui, tout me semble évident."

Les points communs qu'elle entrevoit parmi toutes les victimes ? "Ce sont souvent des femmes qui ont beaucoup d'empathie, elles vont plus se soucier de l'autre que d'elle-même. Elles vont avoir du mal à le quitter car l'autre va lui faire du chantage au suicide", soutient-elle. "Bien souvent, elles ont pu vivre un moment d'isolement : la perte d'un être cher ou encore la perte d'un travail. Elles ont été fragilisées à un moment dans leur vie et ces hommes-là savent très bien repérer ces failles."

"Elle était institutrice, une madame tout le monde"
C'est d'ailleurs le cas de Stéphanie, "la 39e victime de 2019". Isabelle Seva-Boismoreau, co-fondatrice de l'UNFF, est sa cousine. Cette "belle personne, discrète, empathique et bien insérée" a été tuée par son ex-compagnon. Un schéma "classique", souligne Isabelle. Après 8 ans de concubinage, Stéphanie s'était séparée de son compagnon, juste après le décès de sa mère. "Il avait appris qu'elle avait rencontré quelque d'autre. Il la pistait, traquait ses e-mails, avait emménagé à quelques mètres de chez elle. Car la violence psychologique, c'est aussi cette surveillance de tous les instants."

Marche #NousToutes en 2019
Marche #NousToutes en 2019
Isabelle se replonge dans la nuit du drame dont sa cousine a laissé quelques traces écrites. "Elle a envoyé plusieurs mails à une amie, expliquant que quelqu'un essayait de forcer sa porte. Le lendemain, mon oncle avait l'habitude de manger avec elle tous les dimanches et quand il ne l'a pas vue venir, il a été chez elle. C'est là qu'il l'a découverte égorgée. Son ex s'était suicidé à côté d'elle."

Et d'insister que non, "ces femmes assassinées ne sont pas des pauvres victimes marginalisées. Cela touche absolument toutes les classes sociales. Ma cousine était institutrice, une madame tout le monde et lui était ingénieur à la SNCF."

Là encore, la sidération. "On est tombé de l'armoire." Et rétrospectivement, ces "petites choses" qui sautent aux yeux après la tragédie. Aujourd'hui, Isabelle Seva-Boismoreau a appris à décrypter ces indices qui devraient alerter, comme "une femme qui va paniquer parce qu'elle n'a pas acheté la baguette cuite exactement comme il veut, le contrôle de ce qu'elle mange, de ses achats de vêtements, le chronométrage des trajets travail-maison. Cela paraît anodin mais mis bout à bout, c'est inquiétant."

Obtenir un réel statut de victime
Avec l'Union Nationale des Familles de Féminicide, elle milite pour rompre l'isolement des familles ("On se trimballe une détresse que les autres ne comprennent pas"), mais aussi pour que les enfants, ces victimes collatérales, soient enfin pris en compte. "Ils sont souvent placés au hasard. On souhaiterait que soit mis en place le 'protocole féminicide' qui permettrait de prendre l'enfant en charge immédiatement après le drame et avoir ensuite un temps d'expertise pour chercher la famille ou la personne la plus à même de s'occuper de lui."

C'est ainsi que Sandrine Bouchait a pu obtenir la garde de la fille de sa soeur assassinée. Actuellement tutrice, elle est en pleine procédure d'adoption de sa nièce chez qui elle a pu observer les stigmates des violences psychologiques. "Une fois, elle a fait une tache de crème au chocolat sur son pyjama, elle s'est mise à paniquer. Une autre fois, elle s'est mise en transe lorsqu'elle a fait tomber du dentifrice dans le lavabo : elle avait peur d'avoir 'gâché'."

L'association insiste : il est essentiel d'évaluer la famille dans laquelle les enfants seront placés, mais aussi de proposer un accompagnement psychologique pour celles et ceux qui ont vécu et parfois vu l'horreur. Une pétition a d'ailleurs été lancée cet été afin de demander la création d'un réel statut de victime pour les enfants et la famille des femmes victimes de féminicides, inspiré notamment du modèle législatif italien.

Alors que les violences conjugales ont augmenté de 10% en 2020, l'Union tente de faire bouger les lignes en distillant ses conseils de prévention auprès des Maisons de protection des familles (MPF) pour former les gendarmes, informant sur la notion d'emprise et le syndrome de la femme battue, en portant ses témoignages poignants jusqu'au Sénat. Et en appelant à ce que tous les dispositifs de protection existants (comme l'ordonnance de protection, le bracelet anti-rapprochement ou le téléphone grave danger) soient pleinement mobilisés.

Alors que le sinistre décompte des femmes assassinées en France depuis le début de l'année s'alourdit chaque semaine (102 féminicides au 25 novembre selon la très rigoureuse page Facebook "Féminicides par compagnons ou ex"), les familles endeuillées le martèlent : il est temps que la parole des femmes soit enfin entendue. "Si une femme vient au commissariat, c'est qu'elle est au bout du rouleau et que ça fait des années qu'elle subit. Ca suffit de s'entendre dire : 'Qu'est-ce que vous avez fait pour le pousser aussi loin ?'. Il faut la croire", cingle Isabelle Seva-Boismoreau.

 

- Si vous êtes victime ou témoin de violences conjugales, appelez le 3919. Ce numéro d'écoute national est destiné aux femmes victimes de violences, à leur entourage et aux professionnels concernés. Cet appel est anonyme et gratuit.

- En cas de danger immédiat, appelez la police, la gendarmerie ou les pompiers en composant le 17 ou le 18.


https://www.terrafemina.com/article/-je-n-ai-rien-vu-venir-les-familles-de-victimes-de-feminicide-temoignent_a361083/1
 

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La justice écoute-t-elle vraiment les victimes depuis #MeToo ?

27 Novembre 2021, 23:51pm

Publié par hugo

La justice écoute-t-elle vraiment les victimes depuis #MeToo ?
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Pancarte à la marche #NousToutes le 20 novembre 2021
Pancarte à la marche #NousToutes le 20 novembre 2021
Clément Arbrun 
Par Clément Arbrun
Publié le Jeudi 25 Novembre 2021
Une enquête sur la justice française face aux révélations #MeToo, c'est ce que propose la journaliste Marine Turchi dans un livre dense et fondamental : "Faute de preuves". Victim blaming, accueil en commissariats, culture du viol, procureurs... L'autrice est revenue avec nous sur des enjeux et rouages complexes.
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Orgasme, orgies, tabous : c'était comment, la sexualité dans la Rome antique, en vrai ?
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Libération de la parole, tribunal médiatique, présomption d'innocence... La médiatisation des affaires de violences, et notamment de violences sexuelles, invoque ou provoque toujours ces expressions familières. Tribunes, avocats et procureurs condamnent pour certains l'afflux des témoignages de victimes sur les réseaux sociaux, dans la lignée de la révolution #MeToo. Associations et principales concernées fustigent quant à elles les dysfonctionnements de la justice française. Mais que retenir de tout cela au juste ?

Les témoignages des plaignantes d'abord. Puis, reste à entendre le sens des mots, les mécanismes des procédures judiciaires, la réalité des dépôts de plainte au commissariat, la polyphonie qui résonne au sein des tribunaux. Autant d'aspects explorés avec minutie par Marine Turchi, journaliste pour Médiapart, et son enquête Faute de preuves (Editions du Seuil), opus ambitieux démontrant les limites mais aussi l'introspection de la justice face à MeToo.

Densité et nuance définissent ce livre de plus de 400 pages déployant les paroles d'Adèle Haenel, Sand Von Roy ou encore Sarah (l'une des femmes ayant porté plainte contre le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin). Mais aussi celles de policiers, avocates, commandantes, associations, magistrats. Une pluralité nécessaire pour mieux (re)penser cette fameuse phrase d'Adèle Haenel : "La justice nous ignore, on ignore la justice".

Une assertion qui exige d'aborder mille aspects. C'est ce qu'a accepté de faire Marine Turchi. Pour Terrafemina, l'autrice déploie une réflexion majeure en cette Journée mondiale de l'élimination des violences faites aux femmes.

Terrafemina : Avec la parution du dossier de Libération dédié à l'affaire PPDA, les réflexions de votre livre font d'autant plus écho : Faute de preuves rend compte à l'unisson d'un victim blaming systémique, de la difficulté d'expression face à l'omerta...
Marine Turchi : Je vois effectivement dans le nouveau rebond médiatique de cette affaire importante l'illustration du sujet de mon livre et de sa problématique. A savoir : ce que nous racontent ces affaires qui sortent dans la presse, leur médiatisation, mais aussi la question de l'abus de pouvoir.

Et les réactions que ces affaires suscitent. On dit que se rendre dans les médias pour accuser une personnalité de violences serait un choix de confort et de facilité. Ce n'est pas le cas. Parfois, on a justement pas d'autre choix, quand les témoignages ne sont pas entendus ou écoutés.

Qu'il s'agisse d'enquêtes comme celles dont font l'objet PPDA ou le comédien Ary Abbitan, l'argument de la présomption d'innocence revient inlassablement. Or, vous rappelez qu'on accorde trop rarement à la victime un "crédit de véracité". On ne semble jamais se demander : et si la victime disait vrai ?
MT : Oui, et tout cela, c'est propre aux affaires de violences faites aux femmes et notamment de violences sexuelles. Dans les affaires de vol, il est rare que l'on reçoive la victime en envisageant autant qu'elle puisse mentir. A travers cet enjeu s'entrechoquent des principes comme la présomption d'innocence et la nécessité d'impartialité, mais aussi l'idée que la présomption d'innocence ne doit pas être une présomption de non-crédibilité pour les plaignantes.

Après MeToo, la justice écoute-t-elle vraiment les victimes ? Marine Turchi nous répond [Photo : Emmanuelle Marchadour]
Après MeToo, la justice écoute-t-elle vraiment les victimes ? Marine Turchi nous répond [Photo : Emmanuelle Marchadour]
Dès lors, il convient de faire cohabiter ces deux facettes. La présomption d'innocence est un principe fondamental inscrit dans le droit. Mais le sens qu'on lui confère l'est tout autant. Cela n'a jamais signifié que l'on ôte aux plaignantes tout crédit de véracité. Sans parler de crédit de véracité, on peut aussi envisager le "crédit de bonne foi".

Autrement dit, permettre à la plaignante d'être dans de bonnes conditions pour l'accueil de la parole et le recueil des preuves, expliquer les choses, l'écouter, et ensuite, engager une phase de vérification en constatant si des éléments viennent infirmer ou confirmer son récit.

Journalistiquement, nous travaillons comme ça à Mediapart : nous recueillons la parole, puis nous vérifions. Chaque étape est importante. On peut revenir vers la plaignante, lui demander des précisions sur tel élément, mettre en avant d'éventuelles contradictions. On avance toujours comme une partie de ping-pong. Mais ce après un temps d'écoute qui ne soit pas directement dans le jugement ou la contestation.

Et puis il ne faut pas oublier, quand on parle de présomption d'innocence, cet autre principe qu'est la liberté d'information. La liberté d'expression et d'information existe autant que la présomption d'innocence, qui ne doit pas être synonyme d'assignation au silence pour les victimes.

Ces jugements que vous évoquez se retrouvent dans l'accueil des victimes au commissariat, fustigé à travers le mouvement social #DoublePeine. Dans votre livre, vous démontrez que la culture du viol y est prégnante.
MT : Si la formation des agents est une pratique-clé dans l'évolution des mentalités et des pratiques, cela ne permet pas pour autant de déconstruire certains préjugés et biais sexistes très ancrés. C'est un peu la limite. Ces préjugés peuvent être à l'oeuvre depuis l'école de police. Cela s'exprime à travers le traitement des dossiers de viols conjugaux. Ce sont les dossiers pour lesquels on auditionne le moins de témoins, comme l'a démontré la chercheuse Océane Perona.

Les préjugés, même inconscients, ont un impact sur la justice. Cependant, former les agents d'accueil (qui bien souvent sont les premiers interlocuteurs des victimes lors du dépôt de plainte) serait déjà une étape importante. Mais aujourd'hui, le ministère de l'Intérieur, lorsque j'ai envoyé des questions à ce sujet, n'a pas fourni de chiffres concernant le nombre d'agents formés. Il y a comme un non-dit là-dessus. Alors qu'avoir ces données permettrait des débats plus apaisés. De savoir simplement où on en est au juste.

On se demande si à travers cette formation, il ne faudrait pas bousculer certaines pratiques, comme le choix des questions. Sur la tenue ou l'attitude de la victime par exemple. Sont-elles nécessaires ?
MT : Que ce soit le personnel des unités médicos-judiciaire, les magistrats, ou les policiers/policières, chacun m'a expliqué pourquoi ils ont besoin de savoir (par exemple) comment était habillée la plaignante, pourquoi ils doivent demander s'il y a eu une relation sexuelle depuis le viol...

Mais tout le problème pour ces professionnels, ce n'est pas tant la question posée, mais comment elle est posée.

En privilégiant un questionnement respectueux, n'ayant pas pour conséquence que la plaignante se recroqueville, on peut obtenir de précieux détails. Au lieu de demander: "Pourquoi vous n'avez pas parlé avant ?", à la plaignante, on pourrait plutôt formuler : "Qu'est-ce qui vous permet de parler aujourd'hui ?".

"Faute de preuves", l'enquête dense et essentielle de Marine Turchi.
"Faute de preuves", l'enquête dense et essentielle de Marine Turchi.
Je donne dans le livre l'exemple d'une plaignante qui a disculpé l'un de ses violeurs car elle se sentait malmenée par la police. Cela prouve que pour le bien de l'enquête, il convient d'adopter une approche plus respectueuse, même quand on a besoin de poser des questions difficiles. Un exemple ? Si bien des associations contestent son utilité, on peut tout de même avoir besoin de la fameuse question des vêtements : "Comment étiez-vous habillée ?"
Cela peut permettre de reconnaître la victime sur la vidéosurveillance, obtenir les confirmations d'éventuels témoins, reconnaître des vêtements qui auraient été trouvés. Le problème, c'est que toutes ces raisons sont rarement énoncées à la victime quand elle est interrogée.

Plus largement, Faute de preuves suggère que les victimes ne sont pas toujours suffisamment guidées concernant leur dépôt de plainte, le pendant et l'après...
MT : Il y a une méconnaissance globale dans la société de la manière dont la justice travaille, de ce qu'elle peut faire, ne pas faire, comment elle le fait. Pour beaucoup de gens, la justice est comme une boîte noire dont on ne sait pas grand-chose, une machine froide déconnectée des réalités. Alors que les magistrats qui sont désireux de bien faire ne sont pas rares.

D'où l'importance pour l'institution d'apporter une forme de pédagogie et un effort d'information plus nets. Il faudrait expliquer ce que peut la justice, comment elle peut faire émerger les preuves, la réalité de ses moyens. Cela pourrait peut être faire que lorsqu'une plaignante va pousser la porte d'un commissariat, elle saura vraiment où elle met les pieds. C'est bien sûr également le travail de tous les avocats et avocates qui accompagnent les plaignants et plaignantes – donner suffisamment d'éléments.

La décision de porter plainte doit revenir à chacun et chacune, mais en ayant tous les éléments. Souvent, porter plainte est le début d'un processus, pour la justice, mais c'est aussi la fin d'une longue réflexion, d'une hésitation, qui a été difficile. La justice pourrait prendre davantage en compte ce facteur dans l'accueil des victimes.

Les témoignages des victimes vont faire l'objet de tout un tas de questionnements de la part des experts médico-judiciaires, médecins, psychologues, psychiatres, sans oublier la parole des témoins, confidents, enquêteurs. C'est un processus éprouvant. Et là non plus, les victimes ne sont pas toujours préparées.

La mobilisation féministe Nous Toutes du 20 novembre face aux violences sexistes et sexuelles.
La mobilisation féministe Nous Toutes du 20 novembre face aux violences sexistes et sexuelles.
Une dernière chose à communiquer : ce que peut la justice en terme de réparation, ce qui rejoint la question des attentes des victimes. Or chaque personne victime (je préfère dire "personne victime" plutôt que "victime") a des attentes différentes. Que l'agresseur aille en prison, qu'un procès public se tienne, qu'il y ait une reconnaissance des faits par l'auteur, l'entourage ou l'entreprise (si cela concerne le lieu du travail)...

Il y a une marge de manoeuvre pour la justice concernant une meilleure prise en compte de ces enjeux.

Cet enjeu de la réparation par la justice se retrouve dans les mots forts d'Adèle Haenel, qui vous pose la question : "Combien vaut mon enfance détruite, le fait d'être complètement perdue et en dépression pendant plus de dix ans, de ne plus avoir de lien avec ses parents, de perdre ses amis ?".
MT : La question de la réparation est si vaste. Les associations incitent également les victimes à exiger un dédommagement financier. Beaucoup de ces dernières disent encore qu'elles ne le souhaitent pas car elles ont peur qu'on les accuse de faire ça "pour l'argent".

Mais les associations insistent sur l'importance de cette sanction financière. Car documenter le préjudice et demander des indemnités constitue une forme de preuve, également : montrer les conséquences sur le plan personnel et professionnel dont a pu être victime la plaignante à travers les violences qu'elle dénonce, comme un faisceau d'indices graves et concordants appuyant la reconnaissance du préjudice.

C'est significatif car l'accusation de vénalité est toujours associée à l'accusation de mensonge.

Cette notion financière rejoint l'une de vos réflexions : les contraintes économiques que peuvent subir les victimes. Avant et après le témoignage.
MT : Il y a plusieurs enjeux économiques. Le fait de pouvoir dénoncer des violences sans qu'il y ait de conséquences sur son emploi d'abord. Mais également le fait de se demander si on a vraiment les moyens de se payer des frais d'avocat. La justice dit que l'aide juridictionnelle existe, à destination des personnes au RSA notamment. Elle peut effectivement être automatique dans le cas d'une instruction pour viol. Mais dans les autres cas, elle n'est pas automatique, mais "sous conditions de ressources".

Dans une affaire d'anciens scouts à laquelle je dédie un chapitre ("Maxime, Julien, Daniel et Nicolas : la désillusion face à la justice"), les victimes n'ont pas pu bénéficier de l'aide juridictionnelle car elles avaient quelques économies, sans pour autant rouler sur l'or. L'un des plaignants m'a expliqué qu'il en est arrivé à 26 000 euros de frais d'avocat. C'est aussi pour cela qu'il a contacté Mediapart, car il se retrouvait sans solution, après une instruction qui avait abouti à un non-lieu.

Une personne comme Adèle Haenel a davantage les moyens de réclamer justice certes, mais elle en est déjà à 7 000 euros de frais d'avocat, une somme importante. Ces coûts considérables s'ajoutent aux coûts humains. Dénoncer des violences engendre forcément un coût financier.

Un coût financier qui ne fait que renforcer les inégalités déjà palpables entre plaignante et mis en cause. Dans le chapitre que vous dédiez au témoignage de Sand Van Roy, accusant Luc Besson de viol, on s'interroge à ce titre : Sand Von Roy a dû subir suite à sa plainte des expertises psys... mais pas Luc Besson.
MT : Je me suis effectivement intéressée à cette question spécifique des expertises psychologiques et psychiatriques. Le plus souvent, le mis en cause, dans les affaires de viol, fait l'objet de cette expertise... au moment de sa mise en examen. Autant dire que cela ne représente pas la majorité des cas. En France, 73 % des affaires de violences sexuelles sont classées au stade de l'enquête préliminaire du Parquet.

Adèle Haenel, l'une des voix majeures de "Faute de preuves".
Adèle Haenel, l'une des voix majeures de "Faute de preuves".
Le mis en cause ne va pas forcément en subir très souvent. A l'inverse de la plaignante qui, dans une quantité de cas que j'ai pu observer, est soumise à une expertise psychologique et psychiatrique, ce qui peut être une manière de vérifier sa crédibilité. Même si normalement, ces examens, qui peuvent être très contraignants, naissent d'une raison plus légitime, à savoir observer le retentissement psychologique des violences, le préjudice.

Mais encore une fois, on explique pas suffisamment aux plaignantes ce qui va se passer, le questionnement auquel elles vont faire face, l'analyse, c'est une épreuve pour elles. On observe dans bon nombre de cas que davantage d'actes d'enquête concernent la plaignante plutôt que le mis en cause au stade de l'enquête préliminaire. Ce stade implique un équilibre difficile à trouver.

Parfois, il s'agit de ne pas trop "alerter" le mis en cause. Cependant, si l'on cherche des contradictions d'un côté mais pas de l'autre, on ne peut pas aboutir à une photographie tout à fait complète de la chose. Quand on ne prend pas en considération les témoignages des ex compagnes ou ex compagnons d'un mis en cause par exemple cela peut être problématique.

Imaginons : si un présumé coupable accusé de viol par sodomie déclare : "Je ne pratique jamais la sodomie". Peut-être qu'en interrogeant ses ex-compagnes ou compagnons, des contradictions pourraient s'observer dans ces propos. L'étude des messages téléphoniques, qui n'est pas toujours faite au stade de l'enquête préliminaire, pourrait aussi être éloquente.

La mobilisation féministe Nous Toutes du 20 novembre face aux violences sexistes et sexuelles.
La mobilisation féministe Nous Toutes du 20 novembre face aux violences sexistes et sexuelles.
De même, l'avocat Eric Morain explique dans le livre que pour des tueurs en série par exemple, la justice est capable de remonter sur des années entières pour faire émerger un mode opératoire et l'existence d'autres victimes. Or on le fait beaucoup moins pour des agresseurs sexuels, quand bien même il est démontré que la récidive n'est pas rare dans leurs cas. Là encore, on pourrait faire émerger d'autres voix pour renforcer le dossier et ne pas s'orienter vers un classement de suite.

Mais le chef de la brigade départementale de protection de la famille (BDPF) de Lyon et bien d'autres policiers m'ont expliqué qu'ils manquaient généralement de temps pour "aller chercher" d'autres victimes dans tous les dossiers concernés. Les policiers eux-mêmes reconnaissent un tri dans les dossiers, d'abord selon l'urgence – et c'est normal –, mais ensuite selon d'autres critères plus subjectifs. De fait, un classement sans suite ne signifie pas forcément que le mis en cause avait "raison". De même qu'un classement pour prescription n'est pas un classement pour absence d'infraction. Et ne pas avoir trouvé toutes les preuves ne signifie pas que la victime a menti.

Par-delà la police se trouvent les magistrats. Dans les tribunaux aussi, le victim blaming n'est pas rare. Tant et si bien que l'ancien procureur Youssef Badr s'interroge : "Quel magistrat veut-on être, un robot ou un être humain ? Est-ce que l'impartialité du juge signifie que l'on doit s'effacer derrière sa fonction ?"
MT : Oui, les préjugés inhérents à la culture du viol concernent toute la société, et donc ils se retrouvent aussi dans le monde de la magistrature. Le magistrat ne doit pas se départir d'un peu d'humanité, qui n'est pas contradictoire avec la rigueur de son travail, mais il doit également déconstruire tous les préjugés inhérents à son éducation.

La cheffe des unités médico-judiciaires de l'Hôtel Dieu à Paris me l'explique : tant que l'on comprendra pas les phénomènes de sidération, d'emprise ou de dissociation, on ne comprendra pas par exemple qu'une jeune fille de quatorze ans qui vient dénoncer un viol peut éclater de rire lors de son témoignage. Il y a bien des mécanismes qui ne sont pas encore suffisamment compris par la justice.

En relatant le parcours du combattant que représente un dépôt de plainte, mais aussi ce que cela implique (les rouages de la machine judiciaire), vous rappelez que derrière l'expression "libération de la parole", il y a tout un processus complexe. D'ailleurs, vous dites à Adèle Haenel : "Beaucoup de gens parlent de libération de la parole alors que c'est une libération de l'écoute".
MT : Je crois qu'il faudrait trouver autre chose que l'expression "libérer la parole". Dans la plupart des cas que j'ai pu traiter, les victimes avaient déjà parlé avant, dans leur entourage par exemple, avaient déjà tenté d'alerter, jusqu'à alerter formellement, sans être pour autant prises en compte. Ce n'est pas un problème de parole mais d'écoute. Savoir lire les signaux et ne pas minimiser les violences, c'est important.

D'où la nécessité d'une éducation et d'une prévention, puisque les gens ne peuvent pas témoigner d'une agression sexuelle qu'ils n'envisagent pas comme telle – mais comme un "geste déplacé" ou une "drague lourde". Chez les parents, à l'école, dans la société en général.

Notre travail de journaliste est justement de permettre cette pédagogie sur les violences sexuelles, leurs mécanismes, le silence qui les accompagne. C'est aussi un enjeu de santé public. En Scandinavie, cette éducation se fait dès le plus jeune âge.

Adèle Haenel justement, est, vous l'écrivez, "en partie à l'origine de ce livre". Sa parole, incarnée, impactante et déconstruite, fut déterminante. A-t-elle ouvert une brèche en France ?
MT : A l'époque où elle a témoigné pour Mediapart, les choses étaient encore loin d'être évidentes. On en était encore à un #MeToo assez taiseux en France et la tribune "pour la liberté d'importuner" était encore dans tous les esprits. Avoir une personne qui portait toutes les autres paroles, explique son cheminement vers la parole, avec une spontanéité et une intelligence importantes, un témoignage universel, tout cela a fait sens.

Le départ indigné d'Adèle Haenel lors de la cérémonie des César.
Le départ indigné d'Adèle Haenel lors de la cérémonie des César.
Doublement césarisée, reconnue à haut niveau, sa parole fut d'autant plus retentissante. Elle a ouvert une porte qui n'a pas été refermée : on pense aux témoignages de Sarah Abitbol, Vanessa Springora, Camille Kouchner, Valentine Monnier, et d'autres encore. C'est important de rappeler cette dimension collective. J'ai reçu après la diffusion de l'interview d'Adèle Haenel, dans les trois mois suivant son témoignage, 400 mails de parents, garçons et filles, qui disaient "Moi aussi". Beaucoup de gens ont eu l'impression que l'on portait leur voix.

Ce que détaille enfin Faute de preuves, c'est que le recueil de ces voix est lui aussi complexe. Ce que démontrait She Said, livre au sein duquel les journalistes du "New York Times" Jodi Kantor et Megan Twohey reviennent sur leur vertigineux travail d'investigation dédié à Harvey Weinstein.
MT : J'ai trouvé She Said formidable, oui. C'est cela qu'il faut expliquer aux gens : comment on travaille véritablement sur ces enquêtes. Les questions que nous pouvons poser, nous, journalistes, dans le cadre de ces enquêtes, vont bien au delà du judiciaire. Elles peuvent être politiques, déontologiques.

Il faut rappeler qu'il y a des pratiques différentes au sein d'un même média, des journalistes soucieux de produire des enquêtes étayées. Qu'un commentaire d'un éditorialiste, un tweet et une enquête fouillée ne peuvent être mis sur le même plan. Et que recueillir un témoignage, surtout, c'est difficile, en partie car celles et ceux qui témoignent sont conscients des conséquences sur leur vie personnelle et professionnelle.

L'important, c'est encore de sortir du sempiternel cliché de la victime qui, son dossier en mains et bave aux lèvres, serait forcément dans une optique de "vengeance". La réalité, ce n'est pas ça.

Faute de preuves, par Marine Turchi. Editions du Seuil, 420 p.

 https://www.terrafemina.com/article/violences-faites-aux-femmes-marine-turchi-a-enquete-sur-la-justice-post-metoo_a361086/1
 

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STOP AUX VIOLENCES CONJUGALES !!!

26 Novembre 2021, 02:25am

Publié par hugo

SI JE  TIENT  CE BLOG C ETS QUE  MOI AUSSI J AI ETE  ENFANTS  DE FEMMES  BATTUES !! maintenant   je suis  dans  ces  combats  contre  ce  genre de   combats  !! 

MON PERE  EST  PROFESSEUR DE LANGUE  ROMANE EN ALLEMAGNE bielefed !!! mon demi  frere  n y  croit pas !! MON DEMI  FRERE   DIT  QUE JE  REPETE LES CHOSE DE MA MERE et  que  donc moi je ment !!!  

MAIS  BIEN SUR  , ON INVENTE DES CHOSES AUSSI  DINGUE !!! MOI JE  VOUS  CROIT les filles !!! CE  GOUVERNEMENT   ME  FAIT  HONTE  CAR  IL NE  FONT  RIEN POUR LES FEMMES BATTUES  ET  BUDGET  ETS   PEANUT  , 

 

STOP  AUX  VIOLENCES  CONJUGALES !!!
STOP  AUX  VIOLENCES  CONJUGALES !!!
STOP  AUX  VIOLENCES  CONJUGALES !!!
STOP  AUX  VIOLENCES  CONJUGALES !!!
STOP  AUX  VIOLENCES  CONJUGALES !!!

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139 femmes victimes En Allemagne, les féminicides augmentent de 5 % sur un an

26 Novembre 2021, 01:43am

Publié par hugo

139 femmes victimes
En Allemagne, les féminicides augmentent de 5 % sur un an
Violences conjugalesdossier
La violence conjugale augmente chez les Allemands depuis le début de la pandémie, selon le rapport de l’Office fédéral de police criminelle paru ce mardi. Pour la première fois, la situation des femmes devient plus précaire en Allemagne qu’en France.

Lors d'une manifestation féministe à Berlin, le 30 avril. (Annette Riedl /dpa/picture alliance via Getty Images)
par Léonardo Kahn
publié le 25 novembre 2021 à 8h15

Pour la sixième année de suite, le nombre d’agressions commises par le conjoint ou l’ex-conjoint d’une femme a augmenté de presque 5 % en Allemagne. L’évaluation des violences conjugales au cours de l’année 2020, publiée mardi par l’Office fédéral allemand de police criminelle (BKA), recense 139 femmes et 30 hommes tués. Toutes les cinq minutes, une femme subit une agression en Allemagne, a souligné la ministre de la Justice, de la Protection des consommateurs et de la Famille, Christine Lambrecht (SPD), mardi lors de la présentation du rapport à Berlin. «Tous les trois jours, une femme meurt de ses blessures.»

La même année, la France a enregistré 90 féminicides. Proportionnellement aux populations des deux pays, les féminicides deviennent pour la première fois plus importants en Allemagne qu’en France. En comparaison, 146 femmes avaient été tuées par leur partenaire ou ex-partenaire en France en 2019 contre 117 femmes en Allemagne.


L’année de la pandémie a engendré une forte imprécision sur l’évaluation menée par le BKA. Le président de l’Office fédéral de police criminelle, Holger Münch, a spécifié que le rapport ne saisit «que les cas qui ont été enregistrés par les policiers» et que «selon certaines études», le nombre réel de violences contre des femmes pourrait en fait représenter plus du double du nombre officiellement enregistré.

Hausse du nombre d’appels à l’aide
Pendant les mois non-confinés, le nombre de plainte déposées est en nette hausse, alors qu’il baisse pendant les mois de confinement. Pour la ministre Christine Lambrecht, la baisse des plaintes indiquerait une difficulté accrue pour les femmes à dénoncer leurs agresseurs face aux limitations de contact imposées par l’Etat. En revanche, le numéro national de référence pour les femmes victimes de violences «Gewalt gegen Frauen» (violence contre les femmes) a enregistré une hausse du nombre d’appels de 15 % lors du confinement.

A lire aussi
Violences faites aux femmes : le 3919 désormais joignable 24 h /24 et 7 j /7
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30 août 2021
Les victimes sont majoritairement des femmes (80,5 %), les coupables présumés sont majoritairement des hommes (79,1 %). Lors de la présentation du rapport, la ministre a dénoncé les médias qui continuent de parler de «drames familiaux». «Cela me fait dresser les cheveux sur la tête quand je lis cela. Lorsqu’un conjoint, un ex-conjoint tue une femme ou des enfants, ce n’est rien d’autre qu’un délit de violence, et il doit être qualifié comme tel», a-t-elle expliqué.

A la suite du rapport, le ministre de la Coopération économique et du Développement, Gerd Müller (CSU), a annoncé mercredi matin un investissement de 15 millions d’euros de plus dans la lutte contre les violences faites aux femmes. Des appels à des manifestations d’ampleur pendant la journée internationale contre les violences faites aux femmes, ce jeudi, ont été lancées par des associations et organisations de défense des droits des femmes.

Féminicides
Violences conjugales
Violences faites aux


https://www.liberation.fr/international/europe/en-allemagne-les-feminicides-augmentent-de-5-sur-un-an-20211125_K35MPIIWBJATNGHPLCZSGER6RE/?fbclid=IwAR1Clua9tWalkzC_CALhW8CicY-YjyAQYpgmTnJGpYLBaFRv1WlAZ96z7n0

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Metoo politique : sexisme et violences sexuelles, les candidats à la présidentielle face au miroir

25 Novembre 2021, 02:57am

Publié par hugo

 Metoo politique : sexisme et violences sexuelles, les candidats à la présidentielle face au miroir
Que peut-on attendre du mouvement Metoopolitique à 5 mois de la présidentielle en France ? Les militantes féministes attendent des partis politiques et de leurs candidats qu'ils s'engagent à signer des chartes de bonne conduite et surtout à les appliquer. 
Que peut-on attendre du mouvement Metoopolitique à 5 mois de la présidentielle en France ? Les militantes féministes attendent des partis politiques et de leurs candidats qu'ils s'engagent à signer des chartes de bonne conduite et surtout à les appliquer. 
©IM
24 NOV 2021
 Mise à jour 24.11.2021 à 12:27 par 
TerriennesIsabelle Mourgere
Main aux fesses, "frotteur" d'ascenseur, remarques sexistes jusqu'au harcèlement ou abus sexuels et viol... Le mouvement #MeToopolitique met en lumière une évidence : il règne dans le monde politique un climat toxique, voire dangereux, pour les femmes. Ce qui ne surprend guère... Alors pourquoi la parole se libère-t-elle maintenant ? Quel résultat peut-on attendre et quel impact sur la campagne présidentielle ? Entretien croisé avec Elodie Tuaillon-Hibon, avocate, et Marlène Coulomb-Gully, experte de la représentation des femmes en politique.
A cinq mois de l'élection présidentielle, le climat se durcit en France, et le poids électoral des femmes, plus de la moitié, ne peut évidemment être négligé. La lutte contre les violences faites aux femmes a été proclamée cause du quinquennat du président Emmanuel Macron, un Grenelle a été organisé, des mesures décidées. Mais à l'heure où les candidat-e-s à l'Elysée commencent à s'aligner sur la ligne de départ et que le débat médiatique rugit, voilà donc le moment pour le monde politique lui-même de se retrouver face au miroir, sous le prisme d'un sexisme et de violences sexuelles systémiques. Une introspection nécessaire en ces temps où il est de bon ton de se revendiquer féministe. 
 
Notre article ► #Metoopolitique : harcèlement, agressions sexuelles, la parole se libère
Affaires DSK ou Baupin : impact à retardement ?
Il aura fallu attendre six ans après l'affaire DSK (en 2011) pour que déferle le tsunami #Metoo sur Hollywood, entraînant ensuite dans son sillage bien d'autres vagues de par le monde. Aujourd'hui, d'autres têtes d'affiche risquent de vaciller à l'aune des multiples témoignages postés sur les réseaux sociaux et d'une parole qui se "libère". Mais l'écoute va-t-elle aussi se libérer ? A l'origine de ce Metoopolitique, une tribune. Publiée dans le quotidien Le Monde, 285 femmes travaillant de près ou de loin dans le milieu politique y interpellent médias, partis politiques et électeurs-trices. Leur manifeste est sans équivoque : pas question qu'un homme potentiellement harceleur ou agresseur sexuel puisse d'une manière ou d'une autre participer à la campagne en cours.
 
Entretien avec Elodie Tuaillon-Hibon et Marlène Coulomb-Gully
 
Metoo politique : Maitre Elodie Tuaillon-Hibon, spécialisée dans les affaires de violences sexuelles
©LesExpertes.fr
Elodie Tuaillon-Hibon, avocate au barreau de Paris depuis 2002, a elle-même posté son témoignage sur les réseaux sociaux, rapportant une tentative d'abus sexuels remontant à plus de vingt ans.

Cette militante féministe s'est spécialisée dans les violences sexuelles et les féminicides après avoir travaillé dans le droit des affaires. Elle est l'une des avocates de l'AVFT, l'Association européenne contre les Violences faites aux Femmes au Travail. Son nom apparaît dans de nombreux dossiers ayant défrayé la chronique ces dernières années : les dossiers Tron, Darmanin, Depardieu...

 
Metoo politique : Marlène Coulomb-Gully analyse la place des femmes politiques
©expertes.fr
Marlène Coulomb-Gully est professeure de communication à l'université de Toulouse, elle est l'autrice de Femmes en politique, en finir avec les seconds rôles (Edition Belin-2016). A paraître en janvier 2022 : Sexisme sur la voix publique - Femmes, éloquence et politique - (Editions de l’Aube).

On la retrouvera lors d'une rencontre organisée à l'AFP, le 19 janvier 2022 à 14h30 à Paris, sur  "SEXISME DANS LES MEDIAS - Rester ou partir, faut-il choisir ?"
 
Elodie Tuaillon-Hibon et Marlène Coulomb-Gully ont livré à Terriennes leur analyse sur ce nouveau MeToo.

Terriennes : Doit-on être surpris par l'arrivée de ce #metoopolitique ? Ce monde politique n'est-il pas depuis toujours fait par les hommes, pour les hommes ?

Marlène Coulomb-Gully : Il faut tout d'abord remettre en mémoire que cette dénonciation de l'homosocialité qui caractérise notre monde politique est ancienne. Par exemple, il y a eu la tribune parue en 2015 dans Libération "Nous femmes journalistes politiques". Les journalistes dénonçaient en particulier le comportement des hommes politiques, qui était toujours "borderline", pour rester modérée... Il existe le site Chair.collaboratrice.fr qui rappelle les conditions extrêmement difficiles dans lesquelles travaillent non seulement les femmes politiques, mais toutes les personnes qui travaillent dans le milieu politique, dominé par cet entre-soi masculin. Cette nouvelle tribune s'inscrit dans une lignée qui est beaucoup plus large.
 
Cela fait dix ans que j'attend ce Metoo. Pour moi, c'est tellement récurrent. Qu'il s'agisse de petits barons locaux ou de grands pontes de partis, on peut dire que c'est systémique.

Elodie Tuaillon-Hibon, avocate au barreau de Paris
Elodie Tuaillon-Hibon : Les politiques sont ceux qui votent et font les lois. Et donc ce sont eux qui font et défont les instruments juridiques qui permettent plus de progressisme et plus d'émancipation et de protection des minorités ou des personnes en situation de vulnérabilité. Ils sont donc responsables directement de voter les lois qui bénéficient aux femmes, puisque ce sont essentiellement les femmes qui sont victimes et les hommes qui sont auteurs. C'est à la fois très troublant et signifiant.

Dans ce metoo politique, il y a une double dimension qu'on ne trouve pas ailleurs. C'est à la fois le sexisme entre personnel politique, mais c'est aussi le sexisme et les violences sexuelles à l'encontre des administré-e-s, du personnel etc. Cela fait bientôt dix ans que je traite le sujet des violences sexuelles, et j'ai même commencé par les violences sexuelles commises par des hommes politiques sur le plan local. Et donc ça fait dix ans que j'attend ce Metoo. Pour moi, c'est tellement récurrent. Qu'il s'agisse de petits barons locaux ou de grands pontes de partis, on peut dire que c'est systémique. A ce niveau-là, ça ne va pas du tout.
 


Peut-on dire que les dysfonctionnements rapportés aujourd'hui relèvent du "troussage de soubrette", autrement dit de la culture patriarcale ? 

Marlène Coulomb-Gully : Ce qui m'apparait surtout, c'est que ces lieux que sont le Sénat, l'Assemblée nationale, ou à des niveaux plus locaux, les conseils départementaux, régionaux, municipalités, ont été longtemps occupés uniquement par des hommes. Il y a cette pesanteur de l'histoire et l'imaginaire qui nous habite et qui les habite, eux, les hommes, qui sont là chez eux. Il faut quant même rappeler qu'on n'a jamais eu de présidente de la république, ni du Sénat, ni de l'Assemblée nationale, et une seule femme Premier ministre... Ca dit quelque chose.
 
Il y a cette pesanteur de l'histoire et l'imaginaire qui nous habite et qui les habite, eux, les hommes, qui sont là chez eux.

Marlène Coulomb-Gully, professeure à l'université de Toulouse
Ce que les sociologues appellent cette ségrégation verticale, autrement dit le plafond de verre qui fait que les femmes n'arrivent pas au sommet de la hiérarchie politique nous dit quelque chose sur l'imaginaire qui continue d'habiter les esprits, en particulier des politiques. Lors d'une conférence, dernièrement, un homme m'interpelle en me disant que pas mal de femmes étaient candidates dans cette présidentielle. Mais oui, comme d'habitude ! Vous allez voir, nous ferons le bilan dans quelques semaines, combien de femmes resteront en lice au final ? Une seule, Marine Lepen, est certaine d'en faire partie. Mais c'est tout de même une ironie du sort de constater que la seule femme qui restera en lice n'est pas vraiment connue pour ses positions féministes... 

Elodie Tuaillon-Hibon : Il est évident que le patriarcat pèse de tout son poids dans les champs de pouvoir immédiat, le pouvoir politique, c'est celui qui est sans doute le plus visible, mais il y a aussi celui du pouvoir de l'argent. Il y a donc le poids du patriarcat, le poids du pouvoir, mais également la culture du viol. Cela peut paraître une expression galvaudée ou excessive, mais c'est une manière de dire qu'on banalise les faits, que l'on jette toujours un peu le doute et l'opprobe sur la femme qui est victime et qui se plaint. On est toujours dans une espèce de mystification ou de complotisme. Pour ma part, je n'ai pas traité un seul dossier où la défense de l'agresseur ne commençait pas par dire que c'était une plainte politique. C'est du délire !

Quand vous avez par exemple une lingère du département qui travaille pour un tout petit salaire, qui n'a aucun pouvoir ni engagement politique connu, qui porte plainte pour agression sexuelle, en faire une affaire politique, c'est débile ! Il y a de quoi se mettre en colère et cela tous les jours ! (rires)

Pourquoi seulement maintenant ? L'affaire DSK, c'était il y a dix ans, le metoo aurait pu arriver à ce moment-là... 

Marlène Coulomb-Gully : On ne peut pas dire que rien n'ait changé depuis ces événements, que ce soit l'affaire DSK ou #Metoo. Il y a près de 40 % de femmes à l'Assemblée nationale - une augmentation de présence féminine qui a permis de faire bouger les choses. Dans les conseils régionaux, départementaux, municipaux, dans les villes de plus de 1000 habitants, les femmes et les hommes sont à parité. Tout cela a pu laisser croire que les choses allaient naturellement se mettre en place. Mais vous savez, les féministes écrivent "nature-elle-ment", car il ne se passe rien naturellement. Cette parité s'est faite par la loi, et on se rend compte que l'inertie ou les intérêts bien compris d'un certain nombre d'individus bloquent par rapport à ce genre de comportements.
 
Le traitement de l'affaire DSK dans le champ politique ou dans les médias a montré que la société n'était pas du tout prête.

Elodie Tuaillon-Hibon
Elodie Tuaillon-Hibon : Je ne crois pas qu'il était possible que ce metoo arrive à ce moment-là. Tout d'abord parce que le traitement de l'affaire DSK dans le champ politique ou dans les médias a montré que la société n'était pas du tout prête, en tout cas une partie, et que le personnel politique n'était pas encore prêt. Je pense qu'il a fallu aussi attendre qu'il y ait plus de femmes en politique, et pour cela on peut dire merci à la loi sur la parité, car mine de rien, ça travaille la société.

Ce n'est pas du tout un hasard qu'au moment de l'affaire DSK, il y ait eu finalement un gros couvercle. Et puis les journalistes femmes ont aussi beaucoup changé leur approche. Elles se sont emparées de cette énorme vague pour faire aussi de l'information autrement, c'est extrêmement visible et clair. Les journalistes femmes aujourd'hui s'autocensurent beaucoup moins. Même si je sais bien qu'encore beaucoup de choses restent à faire au sein même des rédactions... 
 
Je trouve très important qu'une telle tribune paraisse et que les partis s'engagent. J'espère qu'il y aura une sorte de cercle vertueux sur cette question.

Marlène Coulomb-Gully
Après le buzz, que peut-on attendre concrètement de ce metoo ? Le parti écologiste-Les Verts s'est engagé suite à cette tribune tout comme le parti socialiste... 

Marlène Coulomb-Gully : Bien sûr, j'espère que cela va bouger ! Les partis ont signé, tout de même... C'est un engagement, un acte qui reste. Je trouve très important qu'une telle tribune paraisse et que les partis s'engagent. J'espère qu'il y aura une sorte de cercle vertueux sur cette question. Si les partis de gauche commencent à s'engager, j'ose espérer qu'un parti comme Les Républicains ne pourra pas rester en marge ou alors sera repéré comme tel.

Les revendications d'égalité, de parité sont toujours venues de la gauche, ce qui ne veut pas dire non plus qu'elle est irréprochable - DSK n'était pas à droite- mais collectivement, il est vrai que l'égalité a toujours été portée par les partis de gauche ; c'est un repère malgré tout. C'est un signe encourageant, rendez-vous évidemment dans quelques mois pour voir ce qu'il en est. Ce sera aux électrices et électeurs de faire leur choix. 

Elodie Tuaillon-Hibon : Je trouve que les choses changent quand même depuis la vague metoo. Bon, on ne va pas défaire le patriarcat en 24 heures. C'est tous les jours, à chacune et chacun de le faire à sa modeste échelle. Le droit, il faut s'en emparer, le faire vivre, le mettre en oeuvre et le revendiquer. Ces questions qui sont totalement essentielles et fondamentales, il faut que les gens s'en emparent, y compris dans les partis politiques. C'est bien gentil de signer des engagements et des tribunes, mais bon, voilà... C'est important de dire ce qu'on fait et surtout de faire ce qu'on dit. D'avoir une exigence vertueuse en acte, de rendre compte. Je pense que les femmes recommenceront à voter pour des partis qui seront irréprochables, ou en tout cas qui afficheront un objectif réel et sincère d'irréprochabilité, y compris en leur sein.

Cela veut dire que lorsqu'une femme dénonce les actes d'un homme politique, il faut que le parti en question ouvre une enquête interne, même s'il n'y a pas de plainte pénale à l'encontre du mis en cause. C'est absolument nécessaire, ce qui n'est pas du tout le cas aujourd'hui. On exige encore qu'une plainte soit déposée au pénal, voire on exige même qu'il y ait des poursuites au pénal, et la plupart du temps, l'enquête interne se résume à deux ou trois entretiens sur un coin de table, ce qui est totalement scandaleux. Il faut changer ça. Ce qu'on exige des entreprises privées, les partis politiques doivent le mettre aussi en oeuvre. 

Elodie Tuaillon-Hibon, vous rapportez votre propre et douloureuse expérience. Le fait d'en parler vingt-six ans après, c'est libérateur pour vous ? Si cela se passait aujourd'hui, ce serait différent ? 

Elodie Tuaillon-Hibon : À l'époque, j'ai ressenti de la culpabilité à l'égard de ce qui m'était arrivé. Forcément, quand on est jeune, on se dit : qu'est-ce que j'ai fait ? C'est de ma faute... Aujourd'hui, si ça arrivait, est-ce que j'en parlerai ? Je n'en sais rien. Je voudrais croire que oui. Mais aurais-je le recul ? A l'époque j'avais vingt ans. Moi, c'est la découverte et la rencontre avec un féminisme radical qui m'a transformée. 
 
C'est complètement délirant qu'on daigne accorder aux femmes le droit à la parole sur ce qu'elles vivent presque quotidiennement, pour certaines d'entre elles.

Elodie Tuaillon-Hibon
Que répondez-vous à ceux qui dénoncent une "présomption de culpabilité" lorsque des noms sont lâchés, alors que les affaires sont soit en cours, soit classées... 

Elodie Tuaillon-Hibon : C'est n'importe quoi ! Ce n'est pas une présomption de culpabilité, c'est un droit absolument vital à l'information. Dénoncer quelqu'un, cela reste malgré tout extrêmement rare. Il ne faut pas non plus voir les choses sous un miroir grossissant. C'est totalement nécessaire. Les violences sexistes et sexuelles n'ont pas à être cantonnées dans le champ du juridique. C'est un phénomène de société et il n'y a pas que le droit qui doive s'en emparer. Les femmes sont quand même les premières victimes, et donc les premières victimes ont le droit de parler, en fait. Pour  moi, c'est complètement délirant qu'on daigne accorder aux femmes le droit à la parole sur ce qu'elles vivent presque quotidiennement, pour certaines d'entre elles. Il y a des personnalités, politiques, présumées innocentes, qui sont sous le coup de nombreuses plaintes, parfois par dix femmes, alors la "présomption de culpabilité", il faut tout de même arrêter de rigoler !

Et j'invite tous les Français et Françaises à s'interroger sur la rédaction de la loi qui postule une présomption de consentement sexuel et de disponibilité sexuelle permanente. Cela doit cesser. Le consentement, ce n'est pas le pouvoir de dire "non" quand on a l'espace de le faire. Le consentement, c'est la liberté sexuelle, la liberté de dire "oui, moi je veux". Pour l'heure, en 2021, en France, ce n'est pas ça. Et ça, c'est un problème énorme. 

Quel va être le poids électoral des femmes dans ce scrutin ? Est-ce que ce metoopolitique peut influencer leur choix de vote ? 

Marlène Coulomb-Gully : J'aimerais pouvoir vous croire ! Dans une enquête réalisée par ELLE, fin octobre, sur les femmes et le vote, on constate la montée des conservatismes, un glissement des intentions de vote vers la droite. Pendant longtemps, les femmes étaient moins favorables que les hommes à l'extrême-droite et à Marine Le Pen, mais  ce sondage montre l'inverse. Je ne veux pas dire que voter pour un-e candidate d'extrême-droite vaut caution d'agissements sexistes, mais ça nous dit quand même quelque chose... Etre une femme ne suffit pas et ne garantit pas le vote pour des candidat-es féministes, ou en tout cas irréprochables sur ce plan-là. 
 
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►Inconduites sexuelles : au Québec #MeToo #MoiAussi, les femmes politiques témoignent
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►Vidéo - Présidentielle française, femmes et sexisme politique
►Présidentielle française : une femme au second tour, bonne ou mauvaise nouvelle pour les femmes ?
►"Just because I am a Woman" : Les visages tuméfiés de femmes politiques placardés dans les rues de Milan
►#ellessimposent : femmes politiques roumaines, au delà du complexe Elena Ceaucescu
►Theresa May ou la revanche des femmes politiques britanniques ?
►Le populisme au féminin : quand les Européennes prennent les rênes de formations politiques peu enclines à la défense du “deuxième sexe“
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TerriennesIsabelle Mourgere
 Mise à jour 24.11.2021 à 12:27
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Violences faites aux femmes : « Ça devient une banalité chez de jeunes couples », alerte une association d’aide aux victimes

25 Novembre 2021, 02:37am

Publié par hugo

 CCUEILSOCIÉTÉ
Violences faites aux femmes : « Ça devient une banalité chez de jeunes couples », alerte une association d’aide aux victimes


HAUTS-DE-FRANCE L’association Solfa, qui intervient dans le Nord et le Pas-de-Calais, estime que la situation s’aggrave, concernant les violences conjugales

Gilles Durand
Publié le 24/11/21 à 10h35 — Mis à jour le 24/11/21 à 10h52

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Un centre d'accueil des femmes victimes de violences de l'association Solfa, à Lille. (Archives)
Un centre d'accueil des femmes victimes de violences de l'association Solfa, à Lille. (Archives) — G. Durand / 20 Minutes
C’est dans le département du Nord que le nombre de victimes de violence conjugale est l’un des plus important de France.
Pour l’association Solidarités Femmes accueil (Solfa), qui intervient dans le Nord et le Pas-de-Calais, la situation s’aggrave.
Elle s’inquiète notamment de la banalisation de la violence au sein des jeunes couples.
Le constat est sans appel. La région des Hauts-de-France est la plus touchée par les féminicides et c’est dans le département du Nord que le nombre de victimes de violence conjugale est l’un des plus importants de France. Entre actions à mener et bilan, 20 Minutes fait le point, à la veille de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.

Accueil de mineures en rupture de prostitution
Comme annoncé en octobre, Solfa va accueillir, à partir du 1er décembre, dix jeunes filles anciennes prostituées, dans une structure adaptée pour une durée de six mois. Le projet, élaboré par l’association avec l’aide du département du Nord, a trouvé une oreille attentive auprès du gouvernement. L’Etat va ainsi financer le fonctionnement de la structure pendant deux ans. « Il s’agit de faciliter la réinsertion avec une activité de maraîchage, dans la métropole de Lille », explique Jean-Yves Morisset, président de Solfa.

La structure définitive (hébergement et lieu de travail) doit ouvrir en 2023 après réhabilitation d’une ancienne brasserie. « Il nous manque encore un million », signale Jean-Yves Morisset qui compte sur le fonds de dotation de Solfa pour boucler le budget. Ce fonds, créé en 2017, bénéficie déjà du soutien financier de grands groupes régionaux comme La Redoute, Camaïeu, Promod, Nocibé ou Boulanger. « Nous espérons aussi une aide du grand public », souligne le président de Solfa.

Ecoutes de victimes encore trop partielles
Le cœur de métier de Solfa, c’est l’écoute et l’orientation des femmes victimes de violences. En 2020, l’asso a reçu plus de 10.000 appels, dont 70 % ont pu être traités. « On assiste à une forte hausse des appels, note Jean-Yves Morisset. Première raison : la parole s’est libérée avec la médiatisation des violences conjugales. Mais une deuxième raison nous inquiète davantage. Le nombre de cas augmente chez les jeunes. La violence devient une banalité chez de jeunes couples. »

Début janvier, un nouvel outil de gestion des appels doit permettre d’analyser plus finement les coups de fil. « L’objectif est de savoir s’il faut embaucher davantage d’écoutants ou décaler les horaires vers la nuit », souligne-t-il. L’autre problème, c’est l’hébergement. « On ne peut répondre qu’à 15 % des demandes. Heureusement que grâce au fonds de dotation, des accueils provisoires en hôtel sont possibles. Mais le dispositif reste insuffisant. »

Conjoints violents moins récidivistes
L’association accompagne aussi les auteurs de violences au sein du centre Clotaire, à Arras, dans le Pas-de-Calais. Hormis l’hébergement possible pour les conjoints brutaux, des stages de 4 ou 5 semaines y sont dispensés avec des psychologues et des gendarmes, notamment. « Il s’agit d’une alternative à la prison », note Jean-Yves Morisset.


Inédit en France, ce dispositif semble faire ses preuves. Depuis sa création en 2008, plus de 1.000 personnes y ont été responsabilisées, et le taux de récidive est passé de 50 % à 10 %. « Nous souhaitons qu’avec la mise en place de tous ces dispositifs, la tendance des violences envers les femmes soient enfin à la baisse dans les prochaines années. »

LILLE
Dans le Nord, un van itinérant, à la rencontre des femmes victimes de violence
LILLE
Au cœur d'un centre d'accueil pour femmes victimes de violences, à Lille
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https://www.20minutes.fr/societe/3179471-20211124-violences-faites-femmes-ca-devient-banalite-chez-jeunes-couples-alerte-association-aide-victimes

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Seules 10% des femmes se sentent "complètement l'égale des hommes"

24 Novembre 2021, 03:06am

Publié par hugo

 Seules 10% des femmes se sentent "complètement l'égale des hommes"
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Seules 10% des femmes se sentent "complètement l'égale des hommes"
Seules 10% des femmes se sentent "complètement l'égale des hommes"
Clément Arbrun 
Par Clément Arbrun
Publié le Mardi 23 Novembre 2021
Une enquête CSA pour La Maison des femmes de Saint Denis délivre de nouveaux chiffres inhérents aux violences faites aux femmes et à l'égalité hommes/femmes. Les données d'une évolution ?
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Seules 10% des femmes déclarent se sentir "complètement à l'égale des hommes". Et près de deux-tiers des hommes (ô ironie) n'ont pas le sentiment d'être mieux traités que les femmes. Voilà ce que nous apprend une nouvelle enquête CSA conduite pourLa Maison des Femmes de Saint-Denis, intitulée "Les Français·se·s et la lutte contre les violences faites aux femmes". Un rapport qui met en avant une cause majeure : la lutte pour l'égalité des sexes.

83% des répondant·e·s à cette enquête y voient là un combat qui doit être défendu par les deux sexes. Par ailleurs, 71% des femmes interrogées se déclarent sans détour "féministes". Il y a cinq ans, dans le cadre de cette même enquête, elles n'étaient "que" 57 % à mettre en avant ce qualificatif.

La preuve d'une évolution des mentalités ?

Une évolution des mentalités ?
Seules 10% des femmes se sentent "complètement l'égale des hommes"
Seules 10% des femmes se sentent "complètement l'égale des hommes"
Signe d'une certaine évolution des mentalités : selon l'étude, 64% des hommes interrogés se déclarent aujourd'hui féministes alors qu'ils n'étaient que 45% en 2016. Et semblent davantage sensibilisés à des enjeux majeurs, comme la lutte contre les violences faites aux femmes. En 2020, les violences conjugales ont fait 159 400 victimes, dont 139 200 femmes (87 % des victimes de violences conjugales sont des femmes) selon les nouvelles statistiques dévoilées par le ministère de l'Intérieur. Une hausse effrayante de 10% probablement provoquée par les confinements.

58% des sondé·e·s affirment que la lutte contre les violences faites aux femmes doit être un objectif gouvernemental prioritaire. De plus, 44% avancent que la situation des femmes - alarmante - n'a pas évolué au sein du pays. Plus encore, 26% pensent qu'elle a empiré. Des chiffres importants relayés en amont de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes le 25 novembre.

Une évolution des mentalités à relativiser néanmoins au sein de la société française. Effectivement, près de deux-tiers des hommes sondés n'ont pas l'impression "d'être mieux traités que les femmes". Les enjeux féministes gagnent encore à être diffusés au sein du débat public.

SOCIÉTÉ NEWS ESSENTIELLES HOMMES / FEMMES ÉGALITÉ HOMMES-FEMMES VIOLENCES FEMINISME


https://www.terrafemina.com/article/feminisme-seules-10-des-femmes-se-sentent-completement-l-egale-des-hommes_a361038/1

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Violences conjugales : le nombre d’appels au 3919 en «hausse exponentielle» entre 2017 et 2020

23 Novembre 2021, 14:56pm

Publié par hugo

Violences conjugales : le nombre d’appels au 3919 en «hausse exponentielle» entre 2017 et 2020
Le service d’écoute nationale du 39 19, anonyme et gratuit, a été souvent sollicité pendant la période du confinement. Il est également mieux connu aujourd’hui.
En 2020, 99 538 appels ont été pris en charge par le 39 19, soit une hausse de 22% par rapport à 2019. LP/J.B.
En 2020, 99 538 appels ont été pris en charge par le 39 19, soit une hausse de 22% par rapport à 2019. LP/J.B.
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Par Le Parisien avec AFP 
Le 23 novembre 2021 à 21h09
Un service fréquemment sollicité. La ligne d’écoute pour les femmes victimes de violences, le 3919, a enregistré une hausse « exponentielle » des appels de 114 % entre 2017 et 2020, selon la Fédération nationale solidarité femmes (FNSF).

En 2020, 99 538 appels ont été pris en charge soit une hausse de 22 % par rapport à 2019, selon des chiffres communiqués mardi par la FNSF, qui gère la ligne depuis sa création en 1992.

En 2020, « l’équipe de la ligne d’écoute nationale 3919 - Violences Femmes Info - a été particulièrement sollicitée et en particulier durant la période de confinement », constate la FNSF, qui a enregistré depuis 2017 une hausse de 114 % des appels, « une évolution exponentielle ».

La majorité des victimes sont des femmes
Avant la Journée internationale contre les violences faites aux femmes, le 25 novembre, la FNSF souligne que la quasi-totalité (95 %) des appels « concernent les violences conjugales ». Elle note également une augmentation des violences sexuelles (+ 9 %).

Dans la très grande majorité des cas, il s’agit d’une femme victime d’un homme auteur de violences, et dans 69 % des situations, ce sont les femmes concernées qui appellent, relève encore la FNSF. Le 3919, service anonyme et gratuit, est joignable 24 heures/24 et sept jours sur sept.

Les services de police et de gendarmerie ont enregistré une hausse de 10 % sur un an des violences conjugales, qui ont concerné 159 400 personnes tous sexes confondus en 2020. Environ 87 % des victimes sont des femmes, soit 139 200, une proportion stable par rapport à 2019, selon ces chiffres du ministère de l’Intérieur publiés lundi, qui ne comptabilisent pas les homicides. En 2020, 102 femmes avaient été tuées sous les coups de leur conjoint ou ex. Elles étaient 146 en 2019.


https://www.leparisien.fr/societe/violences-conjugales-le-nombre-dappels-au-3919-en-hausse-exponentielle-entre-2017-et-2020-23-11-2021-FTY3N6KOF5HYVKVDNKLV7LG2HM.php

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Violences conjugales : hausse de 10% en 2020 en France

23 Novembre 2021, 14:53pm

Publié par hugo

 Violences conjugales : hausse de 10% en 2020 en France
Des femmes participent à un "die-in" le 16 octobre 2021 à Paris pour dénoncer "les défaillances de l'Etat et du système juridique" dans la prise en charge des affaires de violences conjugales et de féminicides
Des femmes participent à un "die-in" le 16 octobre 2021 à Paris pour dénoncer "les défaillances de l'Etat et du système juridique" dans la prise en charge des affaires de violences conjugales et de féminicides
afp.com - GEOFFROY VAN DER HASSELT
22 NOV 2021
 Mise à jour 22.11.2021 à 13:42 AFP 
© 2021 AFP
Les services de police et de gendarmerie ont enregistré une hausse de 10% des violences conjugales qui ont concerné 159.400 personnes dont 139.200 femmes en 2020, selon les chiffre du ministère de l'Intérieur.

Environ 87% des victimes de violences conjugales sont des femmes, une proportion stable par rapport à 2019, selon ces chiffres du ministère, qui ne comptabilisent pas les homicides.

En 2020, 102 femmes avaient été tuées sous les coups de leur conjoint ou ex. Elles étaient 146 en 2019. A ce jour, 101 féminicides ont été recensés depuis début 2021.

Les victimes ont majoritairement, comme en 2019, subit des violences physiques volontaires ayant entraîné ou non une incapacité totale de travail.

Quelque 5.500 personnes (soit 3% des victimes), des femmes à une écrasante majorité (5.400), ont porté plainte pour viol ou agression sexuelle par leur conjoint.

Les violences conjugales ont augmenté de 10% lors du premier confinement - si l'on prend en compte la date de commission des faits - par rapport à la même période en 2019.

Ces violences ont baissé de 13% sur la période du deuxième confinement, même si ces chiffres ne sont pas définitifs, souligne le ministère, "puisqu’ils ne comptabilisent que les faits commis pendant les confinements qui ont été portés à la connaissance de la police et la gendarmerie au plus tard début janvier 2021".

L’Aveyron est le département qui présente le plus faible nombre de victimes enregistrées par habitante (2,7 femmes victimes âgées de 20 ans ou plus pour 1.000 habitantes de mêmes sexe et âge).

A l'inverse, la Seine-Saint-Denis et la Guyane sont les deux départements de France les plus touchés.

Selon les enquêtes de victimation Cadre de vie et sécurité, réalisées par l'Insee pour compléter les données brutes des plaintes enregistrées, 295.000 personnes, dont 213.000 femmes, déclarent en moyenne avoir été victimes de violences physiques et/ou sexuelles par leur conjoint ou ex-conjoint entre 2011 et 2018.

"Les violences conjugales sont peu fréquemment suivies de plaintes, en particulier lorsqu’il s’agit d’agressions à caractère sexuel", souligne le ministère de l'Intérieur, pour expliquer l'écart entre les chiffres de l'enquête de victimation et le nombre de plaintes enregistrées.

Selon l'enquête CVS, seules 27% des victimes se sont déplacées au commissariat ou à la gendarmerie, 18% ont déposé plainte et 7% une main courante ou un procès-verbal de renseignement judiciaire (PVRJ), chaque année en moyenne entre 2011 et 2018.

AFP
© 2021 AFP
 Mise à jour 22.11.2021 à 13:42
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https://information.tv5monde.com/terriennes/violences-conjugales-en-2020-159400-victimes-dont-139200-femmes-en-hausse-de-10-433441

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