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"Fragments, rassembler les cœurs brisés" d’Anaïs Schenké : illustrer les différentes étapes d’une rupture amoureuse

7 Mai 2023, 00:43am

Publié par hugo

 "Fragments, rassembler les cœurs brisés" d’Anaïs Schenké : illustrer les différentes étapes d’une rupture amoureuse

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30 avr. 2023 à 12:27

Temps de lecture3 min
Par Fanny De Weeze*, une chronique pour Les Grenades
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"Les histoires d’amour finissent mal en général", chantaient les Rita Mitsuko en 1986. Ce refrain reprend un thème énormément revisité depuis des siècles et il est sûrement celui qui a fait couler le plus d’encre.

Il en a été de même avec Anaïs Schenké, une jeune illustratrice qui s’est inspirée de son expérience personnelle pour nous livrer un livre oscillant entre bande dessinée et réflexion politique sur l’amour.

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D’un tout au néant
Alors qu’elle s’apprête à fêter ses trente ans en compagnie de ses ami·es les plus proches, Coline aborde ce changement de dizaine entre excitation et crainte à l’idée que son copain, Aubin, soit également de la partie. Depuis quelques jours, la jeune femme le trouve "bizarre" et ne désire pas que cette impression empiète sur la fête à venir. Malheureusement, le sentiment qui l’habitait quelques heures avant se confirmera quand Aubin part de la soirée pour se rendre ailleurs. Quelques jours après, il quitte Coline, sans ménagement, sans explication autre que son désir d’être libre.

Le mot "rupture" est lâché. De cette première étape, douloureuse et anesthésiante, la difficulté est de se relever. Entre tristesse et désarroi, Coline n’arrive pas à reprendre le dessus. Sans cesse, elle se rappelle la violence des mots qu’Aubin a prononcés, alors que rien ne laissait présager une telle fin. Ce couple fusionnel partageait pourtant des moments doux et joyeux. Passer de ces moments à rien engloutit Coline dans un gouffre sans fond…

Coline goûte aux différentes étapes d’une rupture, jusqu’à rassembler les morceaux de son cœur dispersé.


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Manifeste sur l’amour
En plusieurs étapes, l’autrice aborde ce qu’une rupture amoureuse occasionne comme tempête et fracas. Les étapes sont décortiquées sous toutes leurs spécificités, de détails de l’intime aux réflexions politiques. Anaïs Schenké se questionne sur ce qu’on offre comme récit amoureux aux jeunes enfants. Elle repense aux illusions du fameux prince charmant qui viendrait délivrer les jeunes filles éperdues.

Que ce soit envers les garçons ou les filles, le résultat est souvent le même : ces récits offrent une vision inégalitaire des relations amoureuses. Une sera sauvée, l’autre sera sauveur.

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Dans ce manifeste associé à la bande dessinée, Anais Schenké s’est questionnée sur l’usage de l’écriture inclusive et sur la manière dont celle-ci pouvait servir aux propos défendus par l’autrice. Comme elle l’explique, elle a voulu démontrer que "la langue est un outil et non une fin en soi, et qu’ensuite, l’écriture inclusive est un formidable terreau de réflexions, d’expérimentations et de possibles. Rien n’est figé, ce sont les usagères et les usagers qui donnent du sens à une langue.". Ainsi les majuscules sur certains "E" démontrent l’inclusion de toutes et tous.

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Sombres dessins pour les cœurs brisés
Les dessins d’Anaïs Schenké usent à outrance de noirceur pour illustrer les tréfonds de l’âme de Coline. Peu de lumière transparait des planches et cela peut parfois donner un sentiment de lourdeur.


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Si l’intention était d’illustrer les étapes qui jalonnent la rupture amoureuse dans tout ce qu’il y a de plus noir et triste, Fragments réussit à nous embarquer irrémédiablement dans cette ambiance.

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Fragments est une douce consolation pour celles et ceux dont le cœur est brisé. Anais Schenké nous offre des pistes de réconfort pour trouver un peu de lumière et d’apaisement.

Le site de l’autrice.

Fragments, rassembler les cœurs brisés, Anaïs Schenké, Editions Les Insolentes, 256 pages, janvier 2023, 28 €.

*Fanny De Weeze est une lectrice passionnée qui tient un blog littéraire (Mes Pages Versicolores) depuis 2016 sur lequel elle chronique des romans, des essais et des bandes dessinées.

Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be

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Sans-abrisme : davantage de femmes dans le Brabant wallon qu'ailleurs dans le pays

8 Avril 2023, 12:56pm

Publié par hugo

Sans-abrisme : davantage de femmes dans le Brabant wallon qu'ailleurs dans le pays

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31 mars 2023 à 07:00

Temps de lecture2 min
Par Véronique Fouya
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Fin 2022, et pour la troisième année consécutive, la Fondation Roi Baudouin a procédé à un dénombrement du sans-abrisme dans différentes provinces dont celle du Brabant wallon. Les chiffres viennent d'être publiés. La problématique n'épargne pas la province , on y a recensé 888 personnes sans abri ou sans chez soi, mais si la grande précarité y est davantage cachée qu'ailleurs, les femmes sont surreprésentées.

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Des femmes qui fuient
L'enquête a été menée à la fin de l'année dernière dans les communes de Chaumont-Gistoux, Jodoigne, Grez-Doiceau, Nivelles, Ottignies- Louvain-La-Neuve, Rebecq, Tubize, Walhain et Wavre. Sur les 888 personnes recensées, 40% sont des femmes alors que la moyenne dans d'autres provinces se situe aux alentours de 30%.

Martin Wagener est professeur de sociologie à l'UCLouvain et il commente ces résultats :

" La première raison qui précipite ces femmes dans le sans-abrisme , ce sont les violences conjugales et les séparations violentes; en fait, ce sont des femmes qui fuient et historiquement, ces chiffres sont en augmentation depuis les années 70." 

Toutes ces femmes ne dorment pas forcément en rue. Elles peuvent passer la nuit dans des centres d'hébergement ou loger sur un canapé chez des connaissances ou dans des abris de fortune. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle elles sont moins visibles. On parle alors de personnes " sans chez soi" et elles sont majoritaires dans l'enquête: 

" Il y a pas mal de pauvreté cachée dans le Brabant wallon; des personnes qui vivent dans une grange, un terrain vague, dans un petit logement sans confort de base, sans eau ou électricité; ce sont des situations que les CPAS connaissent bien mais on y porte peu d'attention publique parce qu'on se croit dans une région où les choses vont un peu mieux d'un point de vue économique qu'ailleurs."  

Le corollaire de ce qui précède, c'est que 30% des cas recensés concernent des enfants, entre 0 et 18 ans. Ce sont les victimes collatérales de la désinsertion sociale de leurs parents, qu'ils accompagnent, là où ils se trouvent. Ces jeunes-là grandissent dans des conditions très instables, y compris sur le plan psychique.    

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Un outil d'aide à la décision
Ce qui ressort également de l'enquête, outre la représentation des femmes et des enfants, c'est que 20% des personnes bénéficient du revenu d'un travail, revenu qui ne leur permet donc pas de se loger dignement. Et vivre à la rue, cela, on le savait déjà, va souvent de pair avec un problème de santé mentale ainsi qu'avec la consommation de substances toxiques, à commencer par l'alcool.

L'intérêt de cette enquête, c'est évidemment d'instaurer des politiques publiques qui puissent prendre en compte les réalités de terrain, avec leurs spécificités. Dans le Brabant wallon, le dernier exemple en date étant l'installation d'un dispositif d'urgence composé de plusieurs lieux d'hébergement temporaire.


https://www.rtbf.be/article/sans-abrisme-davantage-de-femmes-dans-le-brabant-wallon-qu-ailleurs-dans-le-pays-11175391

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À Bruxelles, les femmes au cœur de la solidarité après le séisme en Turquie et en Syrie

11 Mars 2023, 23:31pm

Publié par hugo

  À Bruxelles, les femmes au cœur de la solidarité après le séisme en Turquie et en Syrie

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hier à 11:55

Temps de lecture
5 min
Par Sarra El Massaoudi pour Les Grenades
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Séisme en Turquie et en Syrie
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Séisme en Turquie et en Syrie
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Des pantalons, des pulls, des vestes, toujours plus nombreux à arriver dans de grands sacs. Celui-ci contient des vêtements pour enfants. Il est envoyé à un stand de l’autre côté de la salle. Un groupe de jeunes y trie les habits reçus ce matin. Pas de tâche ni de trou, alors cette petite chemise est soigneusement pliée et posée dans un carton déjà bien rempli. Un carton qui en rejoindra d’autres, beaucoup d’autres, dans un camion en partance pour la Turquie.

Le 6 février dernier, le pays et son voisin, la Syrie, sont frappés par un violent tremblement de terre en plein milieu de la nuit. Un mois plus tard, plus de 50.000 personnes ont perdu la vie, plus de 105.000 personnes sont blessées et les dégâts matériels dépassent les 100 milliards de dollars, selon l’ONU.

A Bruxelles, quelques heures suffisent pour qu’un élan de solidarité voit le jour. Des associations de quartier lancent des appels aux dons et organisent leur acheminement jusqu’aux régions touchées par le séisme. En parallèle, sur demande du conseiller communal Sevket Temiz (PS) et avec l’accord du bourgmestre de la Ville de Bruxelles, le Palais 11 du Heysel est mis à disposition du consortium "Aide pour la Turquie".

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Sur place, la masse de dons est impressionnante, comme le nombre de personnes venues apporter leur aide. "Nous avons eu jusqu’à mille bénévoles par jour", détaille Ugur Caliskan, chargé de communication pour le consortium. Très vite, le mouvement s’organise. Des dizaines de stands sont créés pour trier au mieux l’aide matérielle offerte par des particuliers et des entreprises.

La grande majorité se charge des textiles : vêtements pour femmes, hommes et enfants. Certaines équipes s’occupent des dons alimentaires, d’autres des appareils électroniques. "En moins d’une semaine, nous avons fait partir quarante-neuf semi-remorques et deux avions cargos. Près de cinquante tonnes de vêtements d’hiver ont été transportées."


© AFP
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Une forte présence des femmes
Une aide considérable, fruit d’un long travail de tri, notamment fourni par des femmes. Elles représentent plus de la moitié des bénévoles qui ont donné de leur temps au Palais 11. "Je pensais ne rester que deux ou trois jours. Finalement, j’ai aidé pendant plus de deux semaines. Il y avait tellement de dons, on ne se rendait pas compte de l'ampleur du travail nécessaire pour tout trier, emballer et envoyer", raconte Nazife (prénom d’emprunt), qui préfère rester anonyme pour ne pas se mettre en avant "alors qu’on est tellement nombreuses à s’être relayées". Comme d’autres, elle a découvert l’initiative sur les réseaux sociaux et n’a pas hésité une seconde à apporter son soutien.

Certaines ne parlent pas français mais on se débrouille

Un soutien parfois à temps plein : si les équipes sont logiquement plus nombreuses après les heures de bureau et les week-ends, certaines bénévoles sont présentes dès 10h du matin et jusqu’à 21h. "J’ai délaissé ma maison et mon travail. Je suis indépendante donc j’ai pris des congés sans soldes auprès de mes client·es."

A la maison, c’est son mari qui prend le relai. "J’ai eu de la chance à ce niveau-là", précise-t-elle en riant. D’autres femmes adaptent leur engagement à l’horaire de leurs enfants. Elles arrivent après les avoir déposés à l’école, s’éclipsent à la sortie des cours et reviennent ensuite avec eux. "Je salue leur courage ! Et souvent, leurs enfants triaient aussi."

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Et les mères de famille ne sont pas les seules à se mobiliser. Les plus jeunes générations donnent aussi de leur temps.

C’est le cas de Betül, une étudiante de 19 ans. "C’était la semaine blanche, juste après les examens, donc on n’a pas raté trop de cours avec mon frère. On s’organisait pour ne pas trop tarder parce qu’on avait quand même quarante minutes de trajet. Et on rattrapait les cours qu’on avait ratés le soir.” Des journées chargées qu’elle ne regrette nullement. La jeune femme a besoin de se sentir utile. “Ça m'a vraiment touchée parce que c’est la première fois que je vis un événement aussi dramatique. Aider à trier nous soulageait parce qu’on est loin de la zone concernée et qu’on ne pouvait pas faire grand-chose d’autre."


© AFP
"Ça réchauffe le cœur"
D’abord perdue devant l’agitation des centaines de bénévoles, Betül devient rapidement responsable du stand pour bébés. Elle y croise des dizaines de visages, dont certains très inquiets pour les membres de leurs familles vivant en Turquie. "Je me souviens d’une dame qui s’arrêtait tout le temps pour regarder son téléphone au cas où elle aurait des nouvelles de ses parents. J’avais la chair de poule en la voyant."

Je ne m’attendais pas à rencontrer autant de femmes et à assister à un tel élan de solidarité. C’est très émouvant

Les premiers jours, les nouvelles des victimes sorties en vie des décombres donnent de l’espoir aux bénévoles. Les encouragements sont permis. Mais plus le temps file et plus l’optimisme cède du terrain. "Après une semaine, on ne savait plus quoi dire, c’était triste de voir qu’il n’y avait plus d’espoir."

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Du côté du stand alimentaire, Nazife fait la connaissance d’une autre volontaire sans nouvelles de ses parents. "Elle a pleuré à chaudes larmes pendant trois jours." Présente malgré l’inquiétude et la douleur, la malheureuse est réconfortée par ses collègues bénévoles. "L’ambiance était très chaleureuse. Ça réchauffe le cœur de voir des personnes qui ne sont pas directement concernées par le séisme se mobiliser pour nous soutenir."

Parmi les centaines de petites mains au grand cœur, beaucoup de Turques et de Syriennes, mais pas seulement. Des volontaires, seules ou avec leur association, originaires du Maghreb, d'Afrique sub-saharienne et d'Asie. "Il y avait des femmes d'Azerbaïdjan, du Pakistan. Certaines ne parlent pas français mais on se débrouille."

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Des Bruxelloises d’origine palestinienne et marocaine ont aussi répondu à l’appel. "Dimanche, nous avons eu la surprise de voir des femmes belgo-marocaines apporter de la soupe et du couscous pour soutenir les bénévoles", explique Ugur Caliskan.

Au-delà de l’aide considérable apportée aux victimes directes du tremblement de terre, le Palais 11 a été le théâtre d’une entraide globale, avec et entre les bénévoles. Deux semaines après la fermeture du lieu au consortium "Aide pour la Turquie", Nazife est toujours aussi impressionnée : "Je ne m’attendais pas à rencontrer autant de femmes et à assister à un tel élan de solidarité. C’est très émouvant. Moi qui ai déjà été bénévole, je n’avais jamais vu ça."

Séisme en Syrie : la mobilisation en Belgique

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"Sciences et tech : elles prennent leur place", une série de podcasts créée par Les Grenades

10 Mars 2023, 03:33am

Publié par hugo

 "Sciences et tech : elles prennent leur place", une série de podcasts créée par Les Grenades

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06 mars 2023 à 16:14

Temps de lecture
83 min
Par Jehanne Bergé pour Les Grenades
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En Belgique aujourd’hui, les femmes restent largement minoritaires dans les carrières liées aux technologies et aux sciences. Ces domaines sont pourtant très porteurs.

A l’occasion du 8 mars, Journée internationale pour les droits des femmes, et pour tenter de lutter contre les écarts, Les Grenades partent à la rencontre de femmes scientifiques actives dans différents secteurs de l’industrie, de la tech’ ou de la recherche.

Une série de podcasts en quatre épisodes signée Les Grenades.

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

Episode 1 – Célia Sapart, 40 ans, climatologue
Des missions polaires aux réunions de sensibilisation auprès des dirigeants à la lutte contre le réchauffement climatique, elle se confronte depuis toujours à un monde qui reste largement dominé par les hommes.

Outre son parcours inspirant, dans cet épisode, l’exploratrice pointe notamment l’importance de s’allier entre femmes pour faire évoluer les mentalités et les pratiques sur les missions. Aussi, elle attire l’attention sur les caractéristiques biologiques féminines qui sont silenciées dans les secteurs pensés pour et par les hommes.

Aujourd’hui, elle œuvre comme experte Climat chez CO2 Value Europe, une organisation dont l’objectif est de défossiliser l’industrie. Son message entre en résonance avec le mouvement éco-féministe : à travers sa lutte contre le réchauffement climatique, elle insiste sur la nécessité de sortir des logiques de domination sur la nature, le sud et les femmes. Un portrait sous le signe de la confiance en soi pour poursuivre son moteur intérieur et ses engagements.


Sciences et tech : elles prennent leur place - A la rencontre de Célia Sapart, 40 ans, climatologue
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Episode 2 – Sarah Baatout, 53 ans, radiobiologiste
Sarah Baatout est cheffe de l’unité de radiobiologie du Centre belge d’étude nucléaire à Mol. Ses recherches participent au plus près à la lutte contre le cancer, mais aussi à l’envol des prochaines cohortes d’astronautes dans l’espace.

Dans cet épisode, elle nous emmène dans son univers fait de microscopes, de machines étranges qui simulent l’apesanteur, de mini-organes… À la pointe de la médecine de demain, en plus de son travail au laboratoire, elle enseigne à l’université de Gand et de Leuven. Elle observe avec grand intérêt une évolution des mentalités dans le monde académique notamment grâce au mouvement #metoo qui fait bouger les lignes et lève le voile sur les violences sexistes trop longtemps gardées sous silence.

Fervente défenseuse d’une plus grande diversité dans les sciences et la tech’, elle pointe la nécessité de déconstruire les stéréotypes qui freinent le développement des carrières des femmes. Aussi, elle insiste sur l’urgence d’ouvrir ces secteurs pour limiter les biais de genre dans la recherche : des angles morts qui peuvent entrainer des conséquences sur les corps et la santé des femmes. Un portrait rempli d’empouvoirement et de dynamisme.


Sciences et tech : elles prennent leur place - A la rencontre de Sarah Baatout, 53 ans, radiobiologiste
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Sarah Baatout : "C’est important de réduire les biais de genre dans les sciences et les technologies"

Episode 3 – Nadia Aimé, 29 ans, spécialiste en cybersécurité
D’une résilience à toute épreuve, c’est en self-made-woman qu’elle est arrivée dans le monde du numérique. Aujourd’hui, elle est spécialiste en cybersécurité pour Microsoft. Son parcours inspirant ouvre les portes du numérique aux femmes et encourage une tech’plus inclusive.

Si son entrée dans la vie d’adulte s’est révélée particulièrement violente, la suite de l’histoire de Nadia Aimé prend des airs de conte contemporain. Elle a su vaincre son syndrome d’imposture et s’est lancée dans l’aventure du code. Maman solo, après une expérience comme développeuse, elle a pris un nouveau virage vers la cybersécurité. Ce secteur ne compte que 20% de femmes, il est urgent de le décloisonner ce milieu pour pouvoir continuer à innover dans notre monde ultra-digitalisé. À travers son expérience et avec beaucoup d’humour, elle encourage les femmes, les mamans solos à oser se reconvertir dans ces filières, mais aussi elle insiste sur la responsabilité des entreprises à chercher les talents là où on ne les attend pas ! Un portrait qui respire la vitalité et la ténacité.


Sciences et tech : elles prennent leur place - A la rencontre de Nadia Aimé, 29 ans, spécialiste en cybersécurité
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"Casser les codes" : Rima Farhat et Nadia Aimé, les expertes des Cloud

Episode 4 – Jeanne Boute, 36 ans, ingénieure en biomécanique
Féministe engagée, cette ingénieure dans une usine pharmaceutique qui produit des médicaments à partir du plasma sanguin revendique la sororité pour faire entrer plus de femmes dans le monde masculin de l’ingénierie.

Responsable d’une équipe d’ingénieur·es chez Prothya Biosolutions, dans cet épisode elle nous fait voyager entre les tuyaux, les citernes et les machines. Si aujourd’hui, elle s’épanouit dans sa carrière, en regardant en arrière, Jeanne Boute se souvient de comportements sexistes, que ce soit sur les bancs de l’université dans la faculté d’ingénierie où les étudiantes étaient très minoritaires ou dans ses expériences de travail. Pour elle, dénoncer ces agissements, c’est faire avancer la société.

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Pour encourager les carrières scientifiques, elle pointe aussi l’importance de l’éducation, la nécessité de multiplier les role models et la prise en compte des stéréotypes de genre dans les recrutements. Fille de féministe, en tant que maman solo, elle tente désormais de transmettre ces valeurs de confiance en soi et en ses capacités à sa fille. Un portrait teinté de joie qui ouvre la voie.


Sciences et tech : elles prennent leur place - A la rencontre de Jeanne Boute, 36 ans, ingénieure en biomécanique
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La série Sciences et tech : elles prennent leur place a été réalisée par Jehanne Bergé, éditée par Mathieu Neuprez, Lise Lamouche et Camille Wernaers, produite par Safia Kessas.

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Pour les mamans migrantes : l’accès au marché du travail est compliqué

6 Mars 2023, 04:19am

Publié par hugo

 Pour les mamans migrantes : l’accès au marché du travail est compliqué

© Getty Images

01 mars 2023 à 13:39

Temps de lecture
5 min
Par Camille Wernaers pour Les Grenades
 
Àl’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le Réseau Européen des Femmes Migrantes (ENoMW) et ses membres en Belgique organisent deux événements pour visibiliser les réalités des mères migrantes.

Ce Réseau, qui existe depuis 2012, a été créé par un groupe de femmes migrantes elles-mêmes, venant d’Afrique ou encore d’Amérique du Sud, dans le but de faire entendre leurs voix dans les décisions prises au niveau européen.

Aujourd’hui, il compte plus de 50 organisations dans 23 pays. "Les organisations qui sont membres de notre réseau ont également été fondées par des femmes migrantes. Ou alors, elles œuvrent spécifiquement pour les droits de ces femmes. C’est important pour nous car un certain nombre d’organisations qui travaillent sur la question de la migration n’utilisent pas l’angle du genre. Du côté féministe aussi, ce sont des réalités dont on ne parle pas encore assez. Les femmes migrantes demeurent un groupe peu visible", explique Adriana S.Thiago, chargée de communication pour le Réseau Européen des Femmes Migrantes.

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Le travail de cette association-coupole a été récemment marqué par la situation en Afghanistan. "Nous avons organisé l’évacuation de femmes hors d’Afghanistan lorsque les talibans ont repris le pouvoir en 2021. Cela nous a beaucoup occupées", continue-t-elle.

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"Nous avons aussi la particularité d’être un réseau universaliste, c’est-à-dire que les droits des femmes ne sont pas à géométrie variable : toutes les femmes, peu importe d’où elles viennent, peu importe qui elles sont, doivent avoir accès aux mêmes droits. Nous sommes également abolitionnistes et je précise que c’est une demande des femmes migrantes, parce que nous savons tout ce qui arrive à nos sœurs. On ne peut pas faire l’impasse sur ce sujet. L’abolitionnisme n’est pas une question de féminisme blanc et bourgeois : les femmes qui sont exploitées sexuellement au sein de la prostitution et de la pornographie sont majoritairement issues des pays les plus pauvres, beaucoup d’entre elles n’ont pas de papier, et n’ont pas accès à la justice et aux soins de santé. L’âge d’entrée dans la prostitution est en moyenne de 14 ans…"

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"On m’a licenciée parce que je suis mère"
Si le Réseau a choisi de se concentrer, à l’approche du 8 mars, sur l’accès à l’emploi des mères migrantes, c’est parce qu’elles rencontrent des difficultés spécifiques. L’organisation participe au projet européen Moms at Work (Mamans au travail) qui s’intéresse à l’emploi durable des femmes migrantes. "L’Union européenne est défaillante en ce qui concerne l’emploi des femmes, mais pour les femmes migrantes, la situation est encore pire. Il y a différents obstacles à leur intégration au marché du travail : le racisme et la misogynie qui s’additionnent, il y a la barrière de la langue, le manque d’information, par exemple sur les possibilités d’accueil des enfants. Il y a aussi un manque de reconnaissance des psychotraumatismes qui affectent les femmes migrantes et qui sont un grand obstacle au fait de trouver un emploi pérenne. Il faut encore lutter contre des stéréotypes tenaces sur l’emploi des femmes, selon lesquels il ne serait pas nécessaire que les femmes travaillent, etc.", souligne Adriana S.Thiago.

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Ainsi, Marilyn, maman de 28 ans originaire d’Équateur mais qui vit aujourd’hui en Espagne depuis 3 ans, témoigne pour le projet Mums at work : "Trouver du travail est difficile pour moi, c’est le plus grand problème auquel je fais face. Du côté du travail, j’ai ressenti beaucoup d’injustices. Dans mon emploi précédent, on m’a fait signer un papier disant que je démissionnais alors qu’en réalité, on m’a licenciée parce que je suis mère. Je me sens seule parce que je suis avec deux enfants dans un pays où je suis beaucoup jugée."

Dans le secteur du soin
Les travailleuses migrantes vont très souvent se retrouver dans le secteur des soins aux autres, du care, c’est ce qu’on appelle la chaine globale des soins. Contrairement aux idées reçues et à la dévalorisation qui entourent ces métiers, il s’agit d’un travail important pour la société, qui demande des compétences professionnelles.

"Ces mamans s’occupent des enfants ou de personnes âgées d’autres familles, ici en Europe, alors qu’elles manquent de structures pour garder leurs propres enfants et travailler sereinement ! Elles contribuent énormément à la vie économique et sociale dans l’Union européenne. Il faut sortir ces femmes du silence qui leur est imposé et valoriser le fait que ce sont des professionnelles qui ont des compétences, qui ont d’ailleurs réussi à dépasser tous les obstacles dressés sur leur chemin. Elles peuvent tout faire ! Une étude de l’OCDE a pourtant montré en 2018 qu’environ 30% des femmes migrantes occupent des emplois peu qualifiés en Europe du Sud, ce qui a souvent pour conséquence que les qualifications de ces femmes restent inutilisées. Cela souligne l’importance d’aider les femmes migrantes, et en particulier les mères migrantes, à occuper des emplois plus qualifiés, contribuant ainsi à leur intégration sociale et économique, ce qui profitera à la génération suivante. Les recherches de l’OCDE montrent que les femmes réfugiées et migrantes reçoivent également moins d’aide à l’intégration que les hommes migrants", ajoute Adriana S.Thiago.

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L’événement "Mamans du Monde : Maternité et Migration" du 4 mars prochain est ouvert à tous et toutes. Il s’agit d’une après-midi complète de discussions, d’ateliers, d’activités et de divertissement, par et pour les mères migrantes, leurs familles, leurs ami.es et le grand public. Plusieurs associations seront présentes, comme l’association isala qui parlera du logement des femmes en situation de prostitution, mais aussi les associations Angela D., la Ligue des travailleuses domestiques ou encore la Sister’s House. La chanteuse sénégalaise Daba Makourejah viendra clôturer la journée. Elle est l’une des voix féminines issue du continent africain à s’être imposée sur la scène Dub internationale.

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Le 6 mars, un séminaire organisé au Comité économique et social européen, permettra d’en savoir plus sur le projet Mums at work et sur l’étude menée auprès des femmes migrantes dans plusieurs pays européens.

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Infos pratiques
L’événement "Mamans du Monde : Maternité et Migration" se déroulera le samedi 4 mars 2023, de 13h à 21h, à La Tricoterie (Bruxelles).

Le séminaire "Migrant Mothers in Europe : Building a Common Future" se déroulera le lundi 6 mars 2023 de 11h à 13h30, au Comité économique et social européen (Rue Belliard 99/101, 1000 Bruxelles).

Afghanistan : un an aux mains des Talibans – Archives JT

Afghanistan: un an aux mains des Talibans
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https://www.rtbf.be/article/pour-les-mamans-migrantes-lacces-au-marche-du-travail-est-complique-11160402

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Elodie : "La Justice a transmis ma nouvelle adresse à mon bourreau"

5 Février 2023, 19:29pm

Publié par hugo

Elodie : "La Justice a transmis ma nouvelle adresse à mon bourreau"
Elodie, victime de coups et blessures et de harcèlement
© / O.L.

24 janv. 2023 à 12:27

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3 min
Par Odile Leherte
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Violences conjugales : Quid de la protection des données ?
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Elodie (prénom d’emprunt) a subi des coups et blessures en avril dernier. Elle a déménagé pour que son agresseur ne la retrouve pas. Il y a quelques jours, elle a reçu la citation à comparaître devant le tribunal correctionnel de Dinant. Deux adresses s’y trouvaient : celle de son ancien compagnon et la sienne. L’huissier lui a confirmé que l’autre partie avait reçu la même citation. Son agresseur connaît dorénavant sa nouvelle adresse. Elle n’en dort plus.
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Elodie a 28 ans quand elle met fin à une relation de couple très toxique. "C’est là que ma vie est devenue un cauchemar. Une enquête de police a montré qu’il m’a envoyé jusqu’à 650 messages par jour. Il a défoncé ma porte, mis des coups dans ma voiture de société, mis une échelle contre la fenêtre de ma chambre pour essayer d’entrer par-là. Il a proféré des menaces de morts à mon encontre et des gens que je fréquentais". Elodie énumère ce qui fut un calvaire pendant des mois. L’homme agira ensuite de la même manière avec une autre femme. Tous ces faits ont été réunis dans un seul dossier, pour lequel l’homme a été condamné.

Elodie fuit. Elle déménage à l’étranger, mais revient à cause de la crise du Covid. Elle traverse alors une période un peu compliquée. Ayant perdu son travail, elle retombe sous l’emprise de cet homme. "Il me promettait qu’il avait changé, qu’il n’était plus le même qu’avant". Ce n’est manifestement pas le cas. La jeune femme dit avoir ensuite subi des coups et blessures et des vexations de toutes sortes au point d’arriver un jour au commissariat de police, le visage tuméfié. "J’avais rompu, je lui ramenais ses affaires. Il m’a frappée. Ça se voit sur les photos". L’homme sera incarcéré pendant deux mois. Elodie porte plainte et fuit à nouveau. Elle déménage pour la cinquième fois en quatre ans. "Le moindre bruit – sonnette de porte, bruit de clenche de porte qu’on agite, une voiture qui ralentit un peu trop devant chez moi- me procure énormément de stress".

La peur au ventre
D’expérience, Elodie savait que la justice risquait de communiquer son adresse à son ancien compagnon. "Il m’a dit que lors des premières poursuites pour harcèlement, mon adresse était sur la convocation. Il m’a dit qu’il était venu rôder près de chez moi. Il me l’a dit lui-même".

Dès octobre, Elodie prend les devants. "J’ai demandé à mon avocate, au greffier, au juge, à un commissaire de police, ce que je pouvais faire pour que cela n’arrive pas". Personne ne sait quoi répondre.

Il y a quelques jours, le couperet tombe. "L’huissier est venu me remettre la citation à comparaître". Son adresse est mentionnée sur le document. "Il m’a dit que Monsieur (c’est le mot qu’elle emploie pour désigner celui qui lui fait si peur) avait reçu ma nouvelle adresse". Depuis lors Elodie ne dort plus. "Je bloque la porte fenêtre avec une cale, je ferme la porte de ma chambre à double tour, je pose une boîte remplie d’objets devant la porte pour être alertée par le bruit si quelqu’un s’introduit chez moi". Elodie a pris contact avec la police locale qui l’a un peu rassurée. "Je sais qu’ils sont très à l’écoute et réagissent rapidement".

Être paralysée, fuir ou combattre
Elodie est suivie régulièrement par un psychologue et d’autres thérapeutes. "Jusqu’ici, j’étais paralysée par la peur. Mais j’ai fait le choix de combattre. Et ce combat passe par ce témoignage. J’espère faire changer cette aberration et éviter à d’autres personnes violentées de subir la même chose".

"J’aimerais que les autorités puissent se rendre compte du stress que cela ajoute que ce soit la justice elle-même qui ait envoyé mon adresse à mon bourreau. On est en 2023, on entend parler de nombreux féminicides. Il faut faire quelque chose".

La justice applique les procédures
Comme avocat, Benoît Hesbois a défendu ces vingt dernières années de nombreuses femmes victimes de violences. Ce que vit Elodie ne l’étonne pas. "Non ce n’est pas étonnant. C’est quasiment la pratique habituelle. Le principe, c’est qu’on utilise malheureusement les adresses au registre national. Et que dans tous les actes de procédure, entre autres la citation qui amène la personne au tribunal, on identifie la personne poursuivie et les éventuelles personnes qui sont constituées parties civiles. Si on ne fait pas une demande particulière, c’est l’adresse du domicile qui est utilisée".

Quelle « demande particulière » Elodie aurait-elle pu faire ?
Elle aurait pu faire une déclaration d’élection de domicile, "c’est-à-dire, via son avocat, demander à faire élection de domicile chez l’avocat ou à une autre adresse de référence, explique Benoît Hesbois. Mais cela se fait très peu. Et même si l’on prend cette précaution, à chaque stade de la procédure, si on n’est pas vigilant ou que le programme informatique va chercher l’adresse automatiquement au registre national, il n’est pas rare de voir régulièrement des adresses réapparaître".

Un président de tribunal de première instance nous a confirmé qu’il faudrait rendre le personnel attentif à cela, "car ces convocations se font un peu machinalement et automatiquement". Il faudrait également sensibiliser les policiers à ce problème et les inciter à prévenir les victimes de cette possibilité d’élire domicile ailleurs que chez elles.

Mais est-ce vraiment une solution crédible ? Pour Benoît Hesbois, seule une disposition de la loi pourrait régler le problème.

La loi #Stopféminicide, une partie de la solution ?
Un projet de loi est justement en cours de finalisation pour lutter contre les féminicides. Une disposition pourrait-elle y être intégrée pour éviter que des situations comme celle d’Elodie ne se reproduisent à l’avenir ? La secrétaire d’État à l’égalité des genres, Sarah Schlitz, qui porte le projet, se dit tout à fait favorable à "invisibiliser l’adresse des victimes de violences intrafamiliales dans les courriers que reçoivent les suspects". "Bien que cette possibilité existe déjà, ajoute-t-elle, elle n’est pas encore automatisée et peut faire courir de gros risques aux victimes. Cette automatisation pourrait être intégrée dans la Loi #StopFéminicide."

Elodie, elle, envisage de déménager une fois de plus, dès la fin du procès.


https://www.rtbf.be/article/elodie-la-justice-a-transmis-ma-nouvelle-adresse-a-mon-bourreau-11141517

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"Saint Omer" d’Alice Diop : la force du langage comme geste de transformation

2 Décembre 2022, 05:32am

Publié par hugo

 "Saint Omer" d’Alice Diop : la force du langage comme geste de transformation

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30 nov. 2022 à 11:56

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Par Katia Peignois, une chronique pour Les Grenades
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Chaque mois, Les Grenades publient une critique cinéma en collaboration avec le site CinéFemme.

"J’ai envie de dire ce soir que nous ne nous tairons plus", déclara Alice Diop à la dernière Mostra de Venise lorsqu’elle reçut – en plus du Lion du futur qui récompense le meilleur premier long-métrage, toutes sections confondues – le Lion d’argent pour Saint Omer.

Ce discours à valeur performative, en ce sens que son énonciation invite à l’action, n’était pas qu’un cri de célébration. C’était aussi la signature d’une réalisatrice qui consacre la force du langage et l’impose comme un geste de transformation : dans Saint Omer, la sidération de l’infanticide devient une prise de parole qui ébranle les certitudes et brouille les frontières entre le regardant et la personne regardée.


Après huit documentaires en plus de quinze ans (La Mort de Danton (2011), La Permanence (2016), Nous (2021), etc.), Alice Diop se lance dans la fiction. Elle y investit un espace où elle peut fondre le réel (un fait divers) dans un genre (le film de prétoire) qui donne de la voix à un récit difficile en exposant son caractère à la fois intime et universel.

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Le rapport à la maternité

Inspiré de l’affaire Fabienne Kabou, une jeune femme d’origine sénégalaise qui, en 2013, a noyé son bébé métis sur la plage de Berck-sur-Mer, Saint Omer (sans tiret, contrairement à la ville du Pas-de-Calais où s’est déroulé le procès, comme une indication du détournement cinématographique) revient sur son passage en cour d’assises pour interroger le rapport à la maternité de la société française entre misogynie, racisme et injonctions dangereuses.

Face à une Histoire du cinéma qui compte tant de voix absentes, l’on ne peut que s’intéresser aux tentatives de réparation.

Le scénario, co-écrit par Alice Diop, Amrita David et Marie Ndiaye, change Fabienne Kabou en Laurence Coly (l’actrice Guslagie Malanda), et introduit Rama (Kayije Kagame), une romancière et professeure qui assiste au procès pour rédiger un ouvrage sur celle que la presse et l’opinion publique dépeignent en Médée moderne – avec d’ailleurs la citation directe du film Medea (1969) de Pier Paolo Pasolini.

Au tribunal, les convictions de Rama, elle-même enceinte, vont vaciller et sa trajectoire personnelle va se confondre avec celle de Laurence Coly ; ou ce qu’elle aurait pu/dû être.


Si Saint Omer s’ouvre sur une scène nocturne d’une femme qui marche sur la plage, il ne s’agit pourtant ni d’un flashback, ni d’une réminiscence de l’accusée, mais plutôt d’une image mentale de Rama qui recrée l’acte irreprésentable.

Le meurtre, comme l’enfant sacrifiée, resteront hors-champ pour que le cadre – en longs plans fixes et plans-séquences – soit occupé par un mouvement de la parole qui conduit la dialectique d’observation et ses basculements.

L’impact politique de ce parti pris consiste à faire entendre les difficultés et les pertes émotionnelles de l’exil et de l’immigration à travers la violence du silence des mères pour mieux appréhender les traumatismes des filles.

À mesure que le décor tend vers l’abstraction, le décalage du point de vue permet de focaliser l’attention sur la personne qui écoute en créant un effet miroir, accentué par l’usage intense des regards caméra, entre Laurence et Rama, et les spectateur·rices.

Une arme linguistique
La rigueur formelle du long-métrage — magnifiée par la superbe photographie de Claire Mathon – épouse l’extrême sophistication du discours de Laurence Coly. Sa diction, qui sert de repoussoir à tout sensationnalisme, fonctionne autant comme une arme linguistique pour contrer les fantasmes racistes projetés sur les parcours et les corps noirs, que comme une mise en scène à part entière.

La manière de s’exprimer de la prévenue produit un effet de performance qui met l’horreur à distance, et confère au personnage une dimension impénétrable, irréductible aux étiquettes simplistes (monstre, victime, fabulatrice). En poétisant son crime – elle dit avoir "déposé son enfant à la mer" -, Laurence Coly ne discute pas sa culpabilité et ne s’en remet pas à un verdict – que le film ne montrera de surcroît pas car ce n’est pas l’enjeu ici -, mais à une puissance du langage dans sa tradition durassienne (qui transforme grâce au poids des mots le sujet couvert d’opprobre en une héroïne active) puisqu’elle lui accorde l’identité complexe qui lui a été refusée avant le drame.

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En mélangeant les citations (Duras, Pasolini, de Vinci), les types d’images (projections, vidéos familiales) et les procédés (flashbacks intimes, échappées en extérieur ou oniriques), Saint Omer tisse sa toile pour rendre le double récit d’effacement et de disparition audible. L’impact politique de ce parti pris consiste à faire entendre les difficultés et les pertes émotionnelles de l’exil et de l’immigration à travers la violence du silence des mères pour mieux appréhender les traumatismes des filles.


Tentative de réparation
Le dispositif sec et précis de Saint Omer, s’il a le mérite de réfuter le jugement hâtif, n’est cependant pas exempt de maladresses : la référence à la tonte des femmes à la Libération, ou encore l’appui sur les "cellules chimériques" ; concept de biologie selon lequel, lors d’une grossesse, la génitrice et le fœtus s’échangent des cellules qui demeurent à vie dans les deux organismes.

À trop se reposer sur une dynamique de correspondances, le risque de limiter les personnages féminins à des entités mère/fille n’est jamais loin. Pourtant, face à une Histoire du cinéma qui compte tant de voix absentes, l’on ne peut que s’intéresser aux tentatives de réparation. Celle-ci déroute autant qu’elle questionne.

Et, puisque Saint Omer représentera la France aux Oscars dans la catégorie du meilleur film étranger, il est permis d’espérer qu’il suscitera un dialogue constructif dans un contexte mondial marqué par la résurgence des idées d’extrême droite.

Saint Omer, d'Alice Diop, avec : Kayije Kagame, Guslagie Malanda, Valérie Drévilleq. Durée : 2h02. Sortie : 30 novembre 2022. 

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https://www.rtbf.be/article/saint-omer-dalice-diop-la-force-du-langage-comme-geste-de-transformation-11114513

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Stéphanie Frappart devient officiellement la première femme arbitre à officier en Coupe du monde

2 Décembre 2022, 04:44am

Publié par hugo

 COUPE DU MONDE 2022

Stéphanie Frappart devient officiellement la première femme arbitre à officier en Coupe du monde

© AFP or licensors

22 nov. 2022 à 18:07

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4 min
Par Alice Devilez avec AFP
Coupe du Monde 2022

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17h00, mardi 22 novembre 2022. Stephanie Frappart monte sur la pelouse du Stadium 974 à Doha en tant que quatrième arbitre lors de Mexique – Pologne : un petit pas pour l’arbitrage, un grand pas pour la cause féminine. L’arbitre française est devenue la première femme à officier en Coupe du monde. Il était temps, me direz-vous ! Frappart ne sera d’ailleurs pas la seule arbitre féminine dans ce Mondial, Salima Mukansanga et Yoshimi Yamashita officieront également durant les jours à venir !

Elles ont tracé leur chemin dans le monde très masculin de l’arbitrage jusqu’au Graal, la Coupe du monde de football : trois femmes arbitres seront au sifflet au Qatar, une première pour ces pionnières qui font passer "la compétence avant le genre".

Stéphanie Frappart, Salima Mukansanga, Yoshimi Yamashita, une Française, une Rwandaise et une Japonaise parmi les 36 arbitres de champ sélectionnés pour le Mondial-2022, c’est inédit pour l’épreuve majeure du football masculin.

Aux côtés de la Brésilienne Neuza Back, de la Mexicaine Karen Diaz Medina et de l’Américaine Kathryn Nesbitt, qui officieront en tant qu’assistantes au Qatar, ces trois trentenaires bouleversent l’ordre établi grâce à un parcours sans faute, remarqué par la Fifa.

Elles "enchaînent depuis plusieurs années les prestations de haut vol", a salué l’Italien Pierluigi Collina, légende de l’arbitrage et président de la Commission des arbitres de l’instance mondiale.

Pour Stéphanie Frappart, 38 ans, le Mondial est la suite logique d’une fulgurante ascension.

Première femme arbitre en deuxième division française (2014), puis en Ligue 1 masculine (2019), en Supercoupe d’Europe (août 2019), en Ligue des champions (décembre 2020) et en finale de Coupe de France (7 mai dernier), Frappart est désormais très bien ancrée dans le paysage français et européen de l’arbitrage.

"C’est le summum"
Yoshimi Yamashita
Salima Mukansanga
"Je suis très émue car ce n’était pas forcément attendu. Une Coupe du monde, c’est le summum", savoure celle qui officie régulièrement en L1 cette saison.

De deux ans sa cadette, Yoshimi Yamashita a connu, de son côté, une évolution similaire au Japon, en devenant en 2019 la première femme à arbitrer un match de Ligue des champions d’Asie. Un pas de plus vers le statut d’arbitre professionnelle, obtenu cet été, et suffisant pour abandonner son activité de professeure de fitness, qu’elle exerçait à temps partiel.

Arbitrer au Mondial, "c’est une grande responsabilité mais je suis contente de l’avoir", dit à l’AFP celle qui n’aurait "jamais pu imaginer" en arriver là.

En effet, sa découverte du métier ne doit qu’à l’insistance d’une camarade d’université qui l’a "à moitié traînée" pour officier lors d’une première rencontre, raconte-t-elle. Elle n’a ensuite plus jamais lâché le sifflet.

Première femme arbitre d’un match de la Coupe d’Afrique des nations masculine, en janvier dernier, Salima Mukansanga (34 ans) a également été sélectionnée pour l’épreuve reine au Qatar, la récompense ultime pour cette jeune arbitre, qui rêvait initialement de devenir basketteuse professionnelle avant de se tourner vers l’arbitrage. A 20 ans seulement, elle arbitrait déjà des matches du championnat national féminin.

Modèles
La Confédération nord-américaine n’est pas en reste, avec au Mondial l’Américaine Nesbitt et la Mexicaine Karen Diaz, arbitre-assistante qui incarne le symbole d’un pays où l’égalité de genre progresse timidement, malgré un machisme dénoncé avec virulence par les féministes qui avancent le chiffre de dix féminicides par jour.

A 38 ans, Diaz montre aux Mexicaines que tout est possible. "Le fait pour nous les femmes d’arriver à des instances importantes et de réaliser nos rêves est le fruit de notre travail constant mais aussi de ceux qui nous ouvrent la porte pour la première fois", a-t-elle déclaré.

Elle ne manque jamais de rendre hommage à son père, un "fanatique" du ballon rond qui lui a transmis sa passion. "J’ai commencé à jouer au football à huit ans", se souvient-elle. Ingénieure agronome de formation, la native d’Aguascalientes (nord) arbitre depuis 2016 des matches de la Ligue mexicaine de football.

"C’est devenu le panorama du football"
Mais pour ces pionnières, il n’est pas question de mettre en avant leur genre ni de chercher la lumière.

"Je vais faire tout mon possible pour faire ressortir la beauté du football. Ce n’est pas le pouvoir ou le contrôle qui m’intéressent", a prévenu Yoshimi Yamashita dans un entretien accordé à la Fifa il y a quelques mois.

Stéphanie Frappart n’a de cesse de le répéter : "Depuis 2019 et le premier match que j’ai fait à la Supercoupe d’Europe, les femmes arbitres dans le monde masculin, c’est devenu le panorama du football. Ce n’est plus une question de genre, mais une question de compétence", martèle la Française, appréciée pour sa diplomatie comme pour sa fermeté sur le terrain.

Mais marquer l’histoire de l’arbitrage au Qatar, émirat régulièrement critiqué pour sa gestion de la place des femmes dans la société, n’est pas anodin.

"C’est aussi un signe fort de la Fifa et des instances de faire arbitrer des femmes dans ce pays-là. Je ne suis pas porte-parole féministe mais si cela peut faire avancer des choses…", estime Frappart, consciente de "jouer un rôle" de modèle pour toute une génération de futures arbitres.

Sur le même thème : archive du JT du 14/08/2019


https://www.rtbf.be/article/stephanie-frappart-devient-officiellement-la-premiere-femme-arbitre-a-officier-en-coupe-du-monde-11109530

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"Victorieuses" de Safia Kessas et Camille Wernaers, un portrait de cinquante femmes inspirantes

14 Octobre 2022, 18:06pm

Publié par hugo

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"Victorieuses" de Safia Kessas et Camille Wernaers, un portrait de cinquante femmes inspirantes

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11 oct. 2022 à 17:14

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Par La Première
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Safia Kessas et Camille Wernaers dressent le portrait de 50 femmes inspirantes dans leur livre "Victorieuses", publié chez Deboek Supérieur.

"Ce n’est pas une victoire insolente", explique Safia Kessas. "C’est une victoire qui est tout en humilité, c’est à chacune sa victoire et à chacune sa définition."


Elisabeth Pierre, zythologue (spécialiste de la bière), Anne-Laure Michel, pilote de chasse, Dominique Pirio, bûcheronne dans les années 70, Agnès Jaoui, actrice et scénariste, ou encore Scarlette Le Corre, patronne de pêche, "ont réussi à mettre en place des chemins, parfois des chemins de traverse, pour arriver là où elles avaient envie d’être."

Ces cinquante femmes de "différents âges, différentes expériences, différents contextes", partagent dans ce livre leurs conseils "pratico-pratiques", qui sont des recettes pour "mener sa barque" et "pour vivre quand on est confronté à des freins."

Ce livre n’est pas un guide d’émancipation, c’est "à chacune de s’approprier son histoire et son parcours à travers celui des cinquante autres", conclut Safia Kessas.


https://www.rtbf.be/article/victorieuses-de-safia-kessas-et-camille-wernaers-un-portrait-de-cinquante-femmes-inspirantes-11083811

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Cinq ans après #MeToo : les paroles ont-elles été suivies par des actes ?

13 Octobre 2022, 09:21am

Publié par hugo

Cinq ans après #MeToo : les paroles ont-elles été suivies par des actes ?

#MeToo : 5 ans après
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05 oct. 2022 à 18:14

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5 min
Par Isabelle Huysen avec Martin Bilterijs et Marie Stas
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HARCELEMENT SEXUEL
Le 5 octobre 2017, les lecteurs du New York Times découvrent un article qui va déclencher un mouvement international, comme on en a rarement connu. Cet article s’intitule : "Pendant des dizaines d’années, Harvey Weinstein a payé des femmes qui l’accusaient de harcèlement sexuel pour qu’elles se taisent". Le tout puissant producteur hollywoodien tombe de son piédestal. Et ce n’est là que le début.

Cinq jours plus tard, un autre journal, le New Yorker, embraie : il a recueilli le témoignage d’actrices qui accablent Harvey Weinstein.

Nous sommes le 15 octobre quand l’actrice Alyssa Milano lance sur Twitter : "Si vous avez été harcelée ou agressée sexuellement, écrivez 'me too' en réponse à ce tweet." Dans les jours qui suivent, ce mot-clé va être repris des centaines de milliers de fois. On ne parle plus alors seulement d’Harvey Weinstein. On ne parle plus seulement du milieu artistique.


En dix jours seulement, c’est une vague de fond qui traverse le monde entier. Des femmes de tout âge, de toute condition sociale, sortent du silence. En Belgique aussi, on assiste à une libération de la parole des femmes.

Le monde artistique en première ligne
Lettre ouverte accusant l'artiste Jan Fabre d'harcèlement sexuel
Lettre ouverte accusant l'artiste Jan Fabre d'harcèlement sexuel © Tous droits réservés
En Belgique aussi, des femmes qui se sont tues pendant de longues années osent enfin parler de ce qu’elles ont vécu. Et c’est dans le monde artistique que la parole se libère en premier lieu.

Dès novembre 2017, une première affaire éclate. Elle concerne un producteur de la VRT, Bart De Pauw. Il est soupçonné d’avoir harcelé sexuellement plusieurs femmes, leur envoyant, notamment des dizaines de textos à caractère sexuel et intrusif. La télévision flamande met fin à son contrat. Des plaintes sont déposées. L’homme sera condamné au pénal à six mois de prison avec sursis pour harcèlement.

En novembre 2018, le directeur du théâtre des Tanneurs est écarté, lui aussi suite à des accusations de harcèlement.

Mais l’affaire la plus retentissante concerne l’artiste plasticien Jan Fabre. Les accusations à son encontre sortent en 2018. On parle de violence, d’harcèlement et d’harcèlement sexuel au travail. Certains faits sont prescrits. En avril de cette année, il est condamné à 18 mois de prison avec sursis.

Il y a sans doute encore beaucoup d'affaires qui sont tues. Mais sans #MeToo, ces différents scandales impliquant des personnalités ne seraient sans doute jamais sortis de l'ombre.

" Sans Metoo, je n'aurais pas gagné ce procès "
Wivine Wittouck, victime d'harcèlement au travail
Wivine Wittouck, victime d'harcèlement au travail RTBF
Quand Wivine Wittouck commence à être harcelée par un de ses collègues sur son lieu de travail, la vague #MeToo n’a pas encore déferlé. A l’époque, elle ne se rend pas compte qu’elle est harcelée. "C'était toujours insidieux", nous confie-t-elle. Et elle encaisse. Quand elle essaie d'en parler, elle ne rencontre que peu d'écoute : "j'avais appelé le chef mais il m'avait dit qu'on devait régler ça entre nous". Jusqu’au jour où, en 2011, son corps craque. Commence pour elle une période très dure de sa vie. Avec beaucoup de remises en question, beaucoup d'incompréhension autour d'elle : "les gens se sont dit que ce n'était pas possible". Le procès a eu lieu en 2020. Et pour la première fois, un jugement a été rendu en faveur de la victime sans preuve directe. Son harceleur a été condamné à lui verser 18000 euros de dommage moral.

"Je suis certaine que #MeToo m’a aidée, ça a mis en lumière des comportements", nous explique-t-elle. "Sans ce mouvement, je crois que mon procès aurait été différent. La prise de conscience du milieu du travail aurait été totalement différente. Et je n’aurais jamais gagné ce procès." Elle ajoute même cette phrase, terrible : "Je ne sais pas si je serais encore en vie aujourd’hui". 

Si ce mouvement l'a beaucoup aidée, elle pense qu'il faudrait que les directions et les ressources humaines des entreprises soient davantage à l'écoute des victimes.

 

Un constat effarant
L'affiche de la CSC
L'affiche de la CSC RTBF
En mai 2022, la CNE a mené une enquête sur les comportements inappropriés et les violences faites aux femmes sur leur lieu de travail. À la question : "Avez-vous déjà subi un comportement inapproprié sur votre lieu de travail ?", 34% répondent régulièrement, 66% exceptionnellement. Aucune femme n’a répondu par la négative ! Il s'agit majoritairement de sujets de conversation déplacés à caractère sexuel, de remarques gênantes sur le physique. Mais cela peut aller jusqu'aux menaces sexuelles et au viol.

"Ca veut dire que le lieu de travail n’est pas encore un espace sûr", estime Gaëlle Demez, responsable femmes à la CSC. "Cinq ans après #MeToo qui a donné un coup de pied dans la fourmilière, ce n’est pas normal que cela soit encore comme ça" Et d’ajouter : "dans un cas sur deux, l’employeur est au courant. Mais il n’agit que dans un cas sur cinq !"

Et certaines travailleuses sont davantage visées que d’autres. Dans une autre enquête, datant elle de juin 2017, la CSC s’était inquiétée des violences sexuelles envers les nettoyeuses et les aides familiales au travail. Là aussi, la conclusion était effarante : une nettoyeuse sur trois était victime de violences sexuelles au travail. Selon cette enquête, "il s’agit souvent de violences verbales liées au sexe, mais des attouchements non désirés ne sont malheureusement pas une exception". Pour Gaëlle Demez, "il est clair que les femmes les plus précarisées, celles qui travaillent à mi-temps, qui ont de petits salaires, sont les plus sujettes à ce type de violences. On sait qu’elles n’ont pas le choix, qu’elles doivent avoir leur boulot, contrairement à une cadre qui a un super carnet d’adresses, qui va pouvoir aller chez l’avocat en cas de problème."

La parole s’est libérée, oui. #MeToo a permis d’enclencher un mouvement qui ne reviendra pas en arrière. Mais il y a encore beaucoup de chemin à parcourir. "Quand on active la procédure harcèlement, en général, c’est la victime qui est délocalisée", estime Gaëlle Demez.

On est passé à côté de #MeToo !
La pyramide du harcèlement
La pyramide du harcèlement RTBF
Cette phrase, c’est Isabella Lenarduzzi qui nous l’a dite. Cette entrepreneuse sociale est à la tête de JUMP, fondation pour l’égalité entre les hommes et les femmes au travail. Sur son bureau, trône une pyramide. Tout en bas, c’est tout ce qui ressort du sexisme ordinaire : "Ce sont de petites blagues, des remarques qu’on ne ferait pas à un homme et qui disqualifient les femmes au travail. Les violences sexistes, ça commence là. Et à partir du moment où on ne s’en occupe pas, on va arriver rapidement au harcèlement sexuel, comme commencer à faire du chantage, à mettre la personne sous pression. Et puis on arrive à l’agression sexuelle."

Pour elle, il faut donc avant tout agir au niveau de ce sexisme ordinaire. Mais elle estime qu’en Belgique, il y a un déni des entreprises sur les cultures sexistes : "À partir du moment où on est dans le déni de ces comportements sexistes, automatiquement ils sont renforcés."

Isabella Lenarduzzi fait des formations en entreprises : "On est appelé en Belgique uniquement dans des cas extrêmement graves. On ne nous appelle pas au niveau de la prévention car le cadre juridique n’existe pas et ça, c’est dramatique". Selon elle, les outils juridiques n’ont pas évolué depuis le début des années 2000 : "On n’a rien sur la culture sexiste, ce n’est pas dans la loi bien-être, ce n’est pas dans la majorité des chartes sur le bien-être au travail." Et c’est pour cela qu’elle estime que nous sommes passés à côté de #MeToo.

Elle plaide pour que cette notion entre dans le règlement du travail de chaque entreprise, pour que soient clairement établies quelles sanctions pour quel type d'actes. Selon elle, si #MeToo a eu un effet sur les entreprises, c'est uniquement grâce à des femmes et des hommes pour qui ces faits d'harcèlement sexuel sont devenus intolérables.


https://www.rtbf.be/article/cinq-ans-apres-metoo-les-paroles-ont-elles-ete-suivies-par-des-actes-11079581

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