Violences conjugales : 146 femmes tuées par leur conjoint ou ex-compagnon en 2019
En 2019, 146 féminicides ont été enregistrés en France, selon les chiffres de l’enquête de la délégation aux victimes rendus publics par le ministère de l’Intérieur, lundi 17 août.
146 femmes sont décédées sous les coups de leurs conjoints ou ex-compagnons en 2019. (Illustration)
146 femmes sont décédées sous les coups de leurs conjoints ou ex-compagnons en 2019. (Illustration) | LOLOSTOCK
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Ouest-France
Avec AFP.
Modifié le 18/08/2020 à 07h02 Publié le 17/08/2020 à 20h12
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Cent-quarante-six femmes ont été tuées en 2019 par leur conjoint ou ex-compagnon, soit 25 de plus que l’année précédente, selon des chiffres de l’enquête de la délégation aux victimes rendus publics par le ministère de l’Intérieur lundi.
173 décès au sein de couple
Vingt-sept hommes ont également été tués au sein du couple, soit 173 décès au total (+16 %). Cela représente en moyenne un décès tous les deux jours. 2019 a pourtant été une année de sensibilisation sur le sujet, déclaré « grande cause du quinquennat », avec notamment un Grenelle contre les violences à l’automne.
Après le Grenelle de l’automne, le Parlement a adopté définitivement fin juillet une proposition de loi destinée à mieux « protéger les victimes de violences conjugales ».
« Prise de conscience et mobilisation »
Le Grenelle « a permis une vraie prise de conscience et une mobilisation de toute la société face aux violences conjugales. Avant le Grenelle, 8 % de la population connaissait le 3 919 (numéro d’aide) : c’est désormais plus de 64 % », écrit Marlène Schiappa ministre déléguée chargée de la citoyenneté dans un communiqué cosigné avec le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin et la ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes Élisabeth Moreno.
« Mieux repérer et mieux protéger les victimes, mieux sanctionner les agresseurs constituent dès lors […] mes priorités », assure cette dernière.
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a pour sa part souligné « une mobilisation sans précèdent des forces de l’ordre sur la prise en charge des violences conjugales avec la mise en place de nouvelles méthodes et des formations renforcées pour tous les policiers et gendarmes ».
Deuxième volet législatif
Ce texte, qui introduit notamment une exception au secret médical en cas de « danger immédiat », constitue le deuxième volet législatif en quelques mois d’un arsenal qui se veut offensif contre les violences au sein des familles. Une première série de mesures avait déjà été adoptée fin 2019, dont la généralisation du bracelet antirapprochement contre les conjoints et ex-conjoints violents qui devrait être mis en place en septembre.
La victime est en général une femme, de nationalité française, âgée de 30 à 49 ans ou de plus de 70 ans et n’exerce pas ou plus d’activité professionnelle. Selon l’étude, la majorité (76 %) des homicides ont lieu au domicile du couple, de la victime ou de l’auteur, 31 % sont motivés par une dispute et 20 % par une séparation non acceptée. Selon les chiffres fournis par le ministère, 36 % des homicides ont été commis par arme blanche et 24 % par arme à feu.
46 féminicides depuis janvier 2020
Le collectif « féminicide par compagnons ou ex » a recensé 152 cas en 2019. Sur cette base, l’AFP a opéré des vérifications pendant toute l’année 2019 auprès des services de police et gendarmerie, magistrats, avocats, maires ou proches des auteurs et victimes. Au total, l’AFP a décompté au moins 126 cas l’année dernière. Dans une dizaine de cas supplémentaires, les enquêtes n’ont pas permis de démontrer qu’il s’agissait bien de féminicide.
Depuis janvier 2020, au moins 46 féminicides présumés ont été recensés, selon un décompte de l’AFP.
« Une hausse effroyable »
« C’est une hausse effroyable, mais qui ne me surprend pas », a réagi Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes, « ça doit appeler une réaction urgentissime, le blabla ne suffit pas, il est nécessaire qu’il y ait des mesures fortes ».
« Marlène Schiappa n’a pas fait ce qu’il fallait. Les principales mesures du Grenelle ne sont pas mises en place, les moyens ne sont pas mis pour protéger suffisamment ces femmes », a-t-elle ajouté.
Pour Caroline De Haas du collectif #NousToutes, « ces chiffres correspondent à l’absence de politique ambitieuse », « il y a un décalage entre l’affichage du gouvernement et ses résultats ».
« Mieux repérer et mieux protéger les victimes, mieux sanctionner les agresseurs constituent, dans le sillon du Grenelle des violences conjugales, mes priorités », a assuré de son côté Elisabeth Moreno ministre déléguée chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes.
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