Elections législatives 2018 au Liban : les Libanaises à la conquête de leur Parlement,femmes,politiques,
Des Libanaises défilent lors des célébrations de la journée internationale des droits des femmes à Beyrouth, le 11 mars 2018, réclamant "Le pouvoir aux femmes" © AP Photo/Bilal Hussein
77 femmes figurent sur les listes des élections législatives au Liban prévues le 6 mai 2018. Un record. En 2009, lors du précédent scrutin, elles n’étaient que 12. Seulement 4 d’entre avaient alors été élues. Seront-elles plus nombreuses à entrer au Parlement lors du prochain scrutin ? Rien n’est moins sûr dans ce pays qui reste l’un des plus mauvais élèves au monde en matière de parité politique.
26 avr 2018
Mise à jour 26.04.2018 à 10:13 par
Marion Chastain
dansAccueilTerriennesParité et politique
Elles étaient 113 candidates au départ. Elles sont désormais 77 à briguer l’un des 128 sièges du Parlement. Certaines femmes n’ont pas été retenues sur les listes. D’autres ont finalement renoncé à se présenter. Mais c’est bien la première fois dans l’histoire du pays qu’autant de Libanaises se présentent aux élections législatives.
Nous (les femmes) constituons plus de la moitié de la population et la situation du Liban ne s’améliorera pas sans nous
« Cela fait maintenant plus de 30 ans que l’on nous dit que les droits de la femme ne sont pas une priorité. Nous ne pouvons plus accepter ce type d’argument. Nous constituons plus de la moitié de la population et la situation du Liban ne s’améliorera pas sans nous. Le changement, c’est pour maintenant », déclare Véra el-Khoury Lacoeuilhe, diplomate, intervenante à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne, dans une tribune publiée sur L’Orient-Le jour.
Autre exemple marquant de cette campagne : la liste 100 % féminine, les « Femmes du Akkar » (femmes du Nord) issues de la communauté musulmane et chrétienne dans une région conservatrice où aucune femme n’a été retenue dans les autres listes à majorité sunnite.
Quasiment aucune chance
Les chances de voir ces femmes candidates pousser la porte du Parlement semblent cependant quasi nulles. Sauf peut-être pour les 4 élues de la mandature sortante … toutes issues du sérail.
« Je pense que le jour J, les trois-quarts des Libanais vont voter pour un homme », indique à Terriennes Zeina el Tibi, essayiste et journaliste libanaise.
La mentalité orientale, un peu machiste, gangrène la société libanaise
Zeina el Tibi, essayiste et journaliste libanaise
Faire changer les mentalités ? Pas impossible pour la candidate Patricia Elias qui a cependant bien conscience de faire campagne dans une région « chrétienne assez ouverte ». Mais même dans les villages reculés de sa circonscription, où la tradition patriarcale est plus ancrée, tout ne semble pas perdu. Dans les réunions politiques face à ses homologues masculins, « lorsque j’ai démontré mes compétences et mes capacités, les hommes ne voient plus une femme, mais une candidate qui peut les représenter au Parlement », affirme-t-elle.
Traitement médiatique inégal
Le premier frein à l’élection des femmes pour la candidate : l’inégalité dans le traitement médiatique. Une étude menée par Maharat, ONG qui suit le déroulement des élections, montre que les femmes bénéficient de beaucoup moins de temps d'antenne que les hommes, estimé à 5,89 %. « Les hommes politiques actuels se font un nom dans les médias depuis 30 ans ! », raconte l'avocate qui précise que sa couverture médiatique, elle, se limite essentiellement aux émissions féminines, le matin.
Les hommes politiques actuels se font un nom dans les médias depuis 30 ans !
Sans oublier qu’au Liban, les passages dans les médias pour les candidats aux législatives sont payants. « 1 000 dollars… la minute ! Certaines émissions quottent même à 100 000 dollars ! » s’offense la candidate. Si elle pense que les femmes sont les premières discriminées, moins aisées que les hommes, Patricia Elias reconnaît que ce système est également discriminatoire pour les candidats masculins qui n’ont pas tous les mêmes moyens financiers.
Jeune génération de militants, un espoir pour la parité
De manière générale, avec des frais de candidature s’élevant à 5 000 dollars, entrer en campagne peut s’avérer un véritable gouffre financier pour les candidat.es. « Des frais non remboursables même si on renonce à se présenter », précise Patricia Elias.
A retrouver sur ce sujet dans Terriennes :
> May El Khalil, marathonienne de la paix et de la cause des femmes au Liban
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> Violeurs exonérés de leur crime au Liban : article 522, chronique d'une fin annoncée
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Marion Chastain
Mise à jour 26.04.2018 à 10:13
https://information.tv5monde.com/terriennes/elections-legislatives-2018-au-liban-les-libanaises-la-conquete-de-leur-parlement-233443
Elections législatives 2018 au Liban : les Libanaises à la conquête de leur Parlement
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