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AAH : une augmentation "massive" dès 2018 ?,handicap,economie,

22 Juin 2017, 23:48pm

Publié par hugo

 AAH : une augmentation "massive" dès 2018 ?
 
 Résumé : 100 euros de plus pour l'AAH à taux plein mais sur combien de temps ? Le gouvernement promet une augmentation "massive" et "concrète" dès le projet de loi de finances 2018.
Par Handicap.fr / Emmanuelle Dal'Secco, le 22-06-2017
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« Le Président de la République a souhaité que l'on aille très vite sur la revalorisation de l'Allocation adulte handicapée et que nous ne soyons pas dans un étalement dans le temps à l'échelle du quinquennat. »
1er lieu : amélioration des ressources
C'est ce qu'a déclaré, le 19 juin 2017, Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat en charge du handicap, lors de sa première allocution devant les membres du CNCPH (Conseil national consultatif des personnes handicapées). « Les chantiers d'action sont nombreux, en premier lieu, l'amélioration des ressources, a-t-elle déclaré ». Dans son discours, Sophie Cluzel affirme que le chef de l'Etat « sait le poids budgétaire de cette mesure » mais a considéré qu'il « n'était pas acceptable aujourd'hui, qu'en France, il y ait des gens qui soient placés sous le seuil de pauvreté du fait de situations qu'ils leur sont imposées ».
Sur la loi de finances 2018
Il a ainsi donné consigne au Ministre en charge des Comptes publics sous l'autorité du Premier ministre de faire en sorte qu'il y ait une traduction « concrète, massive » de cet engagement dès le projet de loi de finances 2018. Alors qu'il était candidat, Emmanuel Macron avait promis une réévaluation de 100 euros de l'AAH à taux plein. Les personnes concernées redoutaient alors que cette augmentation ne soit étalée sur 5 ans, comme l'avait fait Nicolas Sarkozy ; ce qui ne serait apparemment pas le cas.
Deux objectifs pour la mettre en oeuvre
Deux objectifs cependant pour « mettre en œuvre cette mesure de justice » : contribuer à la simplicité et la lisibilité de notre système pour ses usagers, pour éviter que des situations identiques reçoivent des réponses différentes. Selon la ministre, c'est une situation « incompréhensible et insupportable pour les personnes », comme en attestent nombre des courriers qu'elle dit recevoir « en masse ». Elle compte, ensuite, porter une attention particulière à la manière dont ce revenu de remplacement s'articule avec les revenus d'activités car « il ne s'agirait pas de créer avec cette mesure une « trappe à inactivité » et exclusion alors même que nous souhaitons construire une société inclusive qui fasse pleinement sa place à l'ensemble de ses membres ».
© vege/Fotolia

https://informations.handicap.fr/art-aah-augmentation-2018-853-9970.php

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France : en dix ans, les plus pauvres se sont... encore appauvris,economie,france,societe,

30 Mai 2017, 20:14pm

Publié par hugo

France : en dix ans, les plus pauvres se sont... encore appauvris
>Société|30 mai 2017, 21h10|0

Les inégalités de revenus en France (AFP/Thomas SAINT-CRICQ)
SociétérevenusInégalitésFranceObservatoire des inégalités
Les inégalités de revenus ne s'accroissent plus seulement par le haut : les catégories les plus modestes de la population ont vu leur niveau de vie diminuer sur une période de dix ans, selon un rapport de l'Observatoire des inégalités publié mardi.

S'il y a de plus en plus d'inégalités en France, ce n'est pas seulement parce que les plus favorisés deviennent de plus en plus riches : c'est aussi parce que les plus défavorisés... deviennent de plus en plus pauvres. C'est du moins le constat d'un rapport de l'Observatoire des inégalités publié mardi. 
 
Entre 2003 et 2014, les 10% de Français les plus favorisés (de plus de 3 000 euros nets mensuels après impôts et prestations sociales pour une personne seule) ont vu leur niveau de vie s'améliorer globalement (+ 272 euros par mois en moyenne), malgré une nette diminution entre 2011 et 2013 sous l'effet notamment des hausses d'impôts, selon ce rapport indépendant.
 
Une trentaine d'euros par mois en moins

 
Les classes moyennes, dans le même temps, ont plutôt connu une période de stagnation sur la même période. Quant aux 10% des plus pauvres, leur niveau de vie a évolué en dents de scie mais, au total, il a diminué en moyenne d'une trentaine d'euros par mois.
 
Ce mouvement, qualifié de «retournement historique» dans le rapport, ne s'est cependant «pas accentué» depuis deux ans, a tempéré Louis Maurin, directeur de l'Observatoire, lors d'une conférence de presse. «Le modèle social français a un peu amorti le choc».
 
Une réforme de l'école préconisée

 
Le «rapport sur les inégalités» de 175 pages recense les données disponibles dans d'autres domaines (éducation, chômage, logement, patrimoine, santé ...) et dresse un constat qui se veut «nuancé». Il présente dans un tableau des domaines où les inégalités sont en hausse (+ 950 000 personnes pauvres entre 2004 et 2014, taux de chômage des 20-24 ans en hausse de 3,3 points entre 2005 et 2015), d'autres où elles stagnent et des domaines où elles diminuent (part des filles à l'université, part de femmes maires, écart d'espérance de vie entre hommes et femmes).
 
Le rapport ne fait pas de recommandations, se voulant un outil de réflexion et d'action pour la nouvelle majorité. Mais pour Louis Maurin, une réforme utile pour réduire les inégalités serait une profonde «modernisation» de l'école, avec «beaucoup moins de notation» et plus d'encouragement des élèves, pour lutter contre le «tri social» qui s'y fait.
  leparisien.fr

http://www.leparisien.fr/societe/france-en-dix-ans-les-plus-pauvres-se-sont-encore-appauvris-30-05-2017-6999624.php#xtor=AD-32280603-[notification]&utm_content=notification&utm_campaign=extension&utm_medium=extension&utm_source=ExtensionFactory.com

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30 ans de l'Agefiph : un anniversaire sous tension,handicap,emploi,

30 Mai 2017, 19:34pm

Publié par hugo

30 ans de l'Agefiph : un anniversaire sous tension

Résumé : 2016, année de transition, 2017, année anniversaire. Pour ses 30 ans, l'Agefiph entend mobiliser tous les acteurs de droit commun pour booster l'emploi des travailleurs handicapés. Stratégie indispensable pour faire face à la baisse de ses moyens ! 

Par    Handicap.fr / Emmanuelle Dal'Secco, le 30-05-2017 
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L'Agefiph prétend en 2016, année de « transition », avoir « revisité les fondamentaux ». Le mardi 23 mai 2017, le fonds rendait publics les résultats 2016 de ses actions en faveur de l'emploi des personnes handicapées (doc en lien ci-dessous). Dans un contexte de chômage persistant à un niveau élevé, l'association a augmenté de 3% ses résultats en matière de placements aidés, de créations aidées, de contrats en alternance et de maintiens aidés (1% pour l'insertion et 8% pour le maintien). En 2016, deux mesures phares sont venues consolider ses engagements : les travailleurs indépendants handicapés peuvent désormais être comptabilisés dans le quota des entreprises et le dispositif d'emploi accompagné a été mis en œuvre en France (articles en lien ci-dessous).

Budget critique !
Pour la première fois en 2016, les collectes de l'Agefiph (sommes payées par les entreprises qui ne satisfont pas au quota de 6% de travailleurs handicapés) sont en hausse, de 0,7% -la reprise économique a permis la création de nouvelles entreprises qui n'ont pas encore entrepris des démarches dans ce domaine et doivent donc s'acquitter de contributions-, soit 404,5 millions d'euros. Mais le budget global dont dispose le fonds, si l'on tient compte des produits financiers, s'élève à 438 millions, soit en très légère baisse par rapport à 2015. Or 450 millions ont été engagés pour accompagner les travailleurs et entreprises, ce qui le contraint à puiser dans ses réserves. Elles seront officiellement à sec d'ici fin 2017 (article en lien ci-dessous). Face à l'urgence, le défi de l'Agefiph est donc de faire mieux avec moins. L'effet choc de simplification ? Selon Anne Baltazar, présidente du fonds, « les aides doivent être moins nombreuses et plus facilement identifiables » tout en s'accordant la possibilité de créer des « aides auxiliaires » lorsque la personne ne « rentre dans aucune case ». Elle parle même de « big-bang » de l'offre.

Priorité à la formation
En décembre 2016, le CIH (Comité interministériel du handicap) définissait de nouvelles mesures pour l'emploi des personnes handicapées, qui misent notamment sur la diversification des métiers, le renforcement des Cap emploi ou la restructuration des financements de l'Agefiph et du Fiphfp (son équivalent pour le public). De son côté, l'Agefiph a défini ses priorités. Parmi elles, la sécurisation des parcours professionnels qui contraignent à agir avant que la situation de handicap ne survienne ; on dénombre 64 000 licenciements par an pour inaptitude en France, dont 96 % conduisent à une RQTH (reconnaissance qualité travailleur handicapé). Selon Didier Eyssartier, son nouveau directeur, « c'est bien le rôle de notre fonds d'agir plus tôt lorsque la personne est encore en emploi ». Mêmes ambitions dans le champ de la formation, qui reste un des enjeux majeurs ; l'Agefiph dit vouloir s'impliquer « autrement », en ciblant notamment son offre en amont des parcours de formation (par exemple dans le cadre de remises à niveau, du nouveau certificat professionnel CléA…), pour permettre, ensuite, d'accéder aux formations qualifiantes. À ce titre, l'alternance, via son plan 2013-2016, demeure son cheval de bataille, intégrée de manière pérenne dans son offre, même si le fonds observe une légère baisse des contrats signés en 2016, qu'elle explique par la reprise économique qui incite les entreprises à signer davantage de contrats en CDD et CDI. « Il faut surtout que les acteurs de droits communs se mobilisent pour lever les freins dans les parcours de formation », explique Anne Baltazar.

Viser les petites entreprises
Pour 2017, l'Agefiph a défini d'autres axes de progrès qui visent, en priorité, à mobiliser l'ensemble du monde social et économique. Pour ce faire, elle lance un plan d'action pour élargir ses réponses à toutes les entreprises (et pas seulement celles de 20 employés et plus soumises à l'obligation d'emploi) ; elle entend ainsi proposer une « offre socle » pour « informer, sensibiliser et accompagner », en développant des « outils personnalisés ». « Nous répondons aux besoins des PME et TPE qui nécessitent un accompagnement spécifique car elles n'ont pas les moyens d'avoir des missions handicap », poursuit Anne Baltazar. Un vivier à ne pas négliger puisque 50% des placements réalisés par Cap emploi en 2016 l'ont été dans des entreprises de moins de 20 salariés.

D'autres actions…
L'Agefiph prévoit également de mettre à disposition un « kit ressources » pour orienter la négociation collective, tout en répondant aux besoins spécifiques de certains secteurs (par exemple la banque, l'assurance…). Du sur-mesure pour s'adapter également aux particularités de certains territoires. L'Agefiph prévoit par ailleurs la création d'un centre ressources pour un meilleur partage des connaissances sur « emploi et handicap » avec, pourquoi pas, la possibilité de soutenir des travaux de recherche universitaires sur ce thème. Le fonds entend également être force de proposition auprès des pouvoirs publics et les conduire vers des solutions concrètes, en valorisant les expériences de terrain, comme ce fut le cas sur le dossier de l'emploi accompagné. In fine, faire mieux connaître ses actions et porter la parole des personnes handicapées auprès des différentes instances.

Une hausse dérisoire
Lourde tâche face aux réalités ; le taux d'emploi global de travailleurs handicapés dans le privé (qui comprend la sous-traitance, les accords entreprises, le recours aux travailleurs indépendants…) s'élève (chiffres 2014) à 4,1% (seulement 3,3% en emploi direct). Il gagne péniblement 0,1% chaque année. À ce rythme, combien de décennies pour atteindre les 6% imposés par la loi ? Rappelons qu'en France, le nombre de personnes en situation de handicap en capacité de travailler ne cesse de croître ; parmi elles, 938 000 sont en emploi (contre 700 000 en 2011). Une recrudescence qui s'explique par l'augmentation de l'espérance de vie, le recul de l'âge de départ à la retraite mais aussi par une structuration de l'accompagnement moins stigmatisant qui encourage les travailleurs à demander une reconnaissance. Leur taux de chômage (19%) reste néanmoins deux fois supérieur à la moyenne nationale. De quoi se réjouir ?

30 ans en 2017
2017 est pourtant à la fête. C'est en effet le trentième anniversaire de l'Agefiph, enfanté par la loi de 1987 qui instaurait l'obligation d'emploi des personnes handicapées dans les entreprises privées. Pour cette occasion, il investira la toute nouvelle scène musicale de l'île Seguin (Boulogne-92) le 8 octobre 2017. Signe d'une nouvelle partition ?

© foto_tech/Fotolia

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Sur Handicap.fr
Victoire des indépendants handicapés: leur job vaut des UB !
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Les réserves de l'Agefiph seront épuisées fin 2017
Sur le web
Résultats 2016 de l'Agefiph

https://emploi.handicap.fr/art-anniversaire-agefiph-emploi-1029-9906.php

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AVEC EMPOW'HER, SOAZIG BARTHÉLÉMY AIDE LES FEMMES À DEVENIR ENTREPRENEURES,femmes,emplois,feminisme,

28 Mai 2017, 17:07pm

Publié par hugo

SOAZIG BARTHÉLÉMY / INTERVIEW “WORKAHOLIC”

AVEC EMPOW'HER, SOAZIG BARTHÉLÉMY AIDE LES FEMMES À DEVENIR ENTREPRENEURES
Publié le 23 mai 2017 à 6:00
Sensible aux questions d’égalité femmes-hommes, Soazig Barthélémy a découvert le monde de l’entrepreneuriat féminin alors qu’elle n’était encore qu’étudiante. Depuis, sa boîte Empow’Her propose outils et formations aux femmes qui souhaitent lancer leur entreprise, partout dans le monde. 
  
Soazig Barthélémy, DR 
Soazig Barthélémy, DR


Aider les femmes entrepreneures à travers le monde, c’est l’objectif d’Empow’Her, lancé en 2013 par Soazig Barthélémy. C’est déjà la quatrième année que la jeune femme de 27 ans et son équipe proposent formations et outils susceptibles d’aider les femmes à monter leur entreprise, de la Côte d’Ivoire à la Birmanie. L’idée est née au cours d’un projet d’étude, en 2012, pendant lequel Soazig Barthélémy et un groupe de camarades sont partis à la rencontre de femmes micro-entrepreneures au Cambodge, au Burkina Faso, au Sénégal et au Pérou. Rapidement, ils réalisent que leur formation à l’École supérieure de commerce de Paris (ESCP) leur permet d’apporter des connaissances et des outils utiles à toutes ces femmes.

Un enjeu particulièrement important car pour ces femmes “L’entrepreneuriat est une question de survie, déclare la jeune cheffe d’entreprise. Dans un pays comme la Côte d’Ivoire, il y a plus de 60% de femmes qui sont entrepreneures. Mais très souvent, elles font partie de l’économie informelle.” Peu de solutions existent pour les accompagner. Déjà sensibilisée aux questions d’égalité femmes-hommes, la Bretonne explique que “c’est en allant sur le terrain et en découvrant la multiplicité des situations que j’ai eu envie de m’engager et de proposer des solutions”.

Soazig Barthélémy a été classée parmi les 30 entrepreneur.es sociaux de moins de 30 ans de l’année par Forbes.
À son retour en France, Soazig Barthélémy fonde donc l’association Empow’Her. Dans un premier temps, tout le travail effectué est bénévole -la jeune femme s’en occupe en parallèle d’un premier emploi dans une banque d’investissement. Mais l’appel de l’entrepreneuriat se fait plus fort: “Il y a un an et demi, j’étais assise devant mon écran, et j’ai eu un moment de solitude, raconte-t-elle. Ça a peut-être duré une heure. Et puis, je me suis levée et j’ai annoncé à mon supérieur que je partais pour faire d’Empow’Her une véritable entreprise.”

Depuis, en plus des missions ponctuelles dans différents pays, l’organisation s’est implantée en Côte d’Ivoire, et sera bientôt au Niger. Empow’her développe aussi son activité en France, où elle propose des formations et des actions de sensibilisation à l’égalité femmes-hommes. Une activité remarquée jusque chez Forbes France, qui a classé sa directrice parmi les 30 entrepreneur.es sociaux de moins de 30 ans de l’année. Nous l’avons soumise à l’interview “Workaholic”.

À quand remontent les premiers symptômes de ton workaholisme?

À la période où j’étais étudiante! J’ai toujours bien aimé avoir beaucoup de choses à faire, m’intéresser à plusieurs trucs à la fois: en classe préparatoire, j’avais une charge de travail importante, il fallait bosser beaucoup. J’ai continué comme ça dans le supérieur, en prenant beaucoup d’engagements associatifs, au-delà de mes activités universitaires.

La fois où tu as frôlé le burn out?

Ça peut arriver, dans les périodes-clés comme la fin d’année, ou la rentrée scolaire. Je peux me retrouver avec une to-do list, sans vraiment savoir par quel bout la prendre. Dans ces cas-là, l’enjeu est de ne pas se laisser dépasser par la charge de travail. Mais bon, pour l’instant ça va quand même! (Rires.)

En quoi travailler est-il grisant ?

Entreprendre est grisant, c’est fascinant parce que ça permet de créer quelque chose, de mettre un bout de soi, de ses tripes mais aussi son âme et son cerveau dans un projet qui tient à coeur. Une entreprise, c’est un bébé. Alors c’est prenant certes, mais c’est vraiment passionnant, c’est incroyable d’avoir cette liberté d’action.

Ton truc pour avoir de l’endurance ?

Plusieurs trucs, dont un trouvé cette semaine: j’essaie d’avoir un rythme de vie un peu équilibré, j’ai besoin de faire du sport, de me défouler, donc je cours, et puis je me suis mise au yoga, qui me calme bien. Sinon, je viens de commencer la méditation, donc on en reparle dans un mois!

Quels sont les effets secondaires désagréables ?

Ça laisse beaucoup moins de temps pour la vie personnelle, moins de temps pour la famille et les proches. Et c’est difficile de faire comprendre pourquoi on travaille tant, même s’il est normal que tout parent ou grand-parent pose ce genre de question. Mais il faut arriver à maintenir un équilibre entre vie sociale, vie affective, vie personnelle et boulot, donc ça demande de l’organisation.

Avec Empow'Her, Soazig Barthélémy aide les femmes à devenir entrepreneures

L’équipe d’Empow’Her, DR 

La dernière fois que tu as fait une nuit blanche?

Dans l’avion. Ça m’arrive même assez souvent parce que je suis pas mal en déplacement. En rentrant du Niger, par exemple, les vols retour sont toujours de nuit. Du coup, les nuits sont courtes, je dors peu.

Ton anti-stress le plus efficace?

Le bruit des vagues, les pieds dans le sable. Le simple fait de l’entendre me transporte dans un autre univers, c’est radical.

Ta façon d’appréhender la détox ?

J’ai besoin de temps. Pas nécessairement d’un lieu particulier, mais de quelques jours pour vraiment déconnecter. Je n’ai pas encore passé le cap de changer les codes de ma boîte mail pour les filer à quelqu’un d’autre, mais j’aurais besoin de le faire. Parce que la détox digitale aussi est importante: je me force à ne pas regarder mes mails, mes messages, etc.

À long terme, envisages-tu de décrocher?

Décrocher, je ne sais pas, faire autre chose, oui. J’aime lancer de nouvelles initiatives et j’espère garder cet état d’esprit. Après, si ça se fait dans le cadre d’Empow’her ou pas, on verra. Mais dans les prochaines années, de toute façon, je n’ai vraiment pas prévu de décrocher: il reste tellement de choses à faire!

Qu’est-ce qui te ferait arrêter?

Si je me lève un matin et que je n’ai plus envie d’y aller, que je ne sais pas pourquoi j’y vais, que je perds les valeurs qui sont au fondement de cette entreprise, ça remettrait pas mal de choses en question. Empow’Her véhicule des valeurs fortes, donc il est important qu’elles subsistent.

Propos recueillis par Mathilde Saliou


http://cheekmagazine.fr/societe/empowher-soazig-barthelemy-femmes-entrepreneures/

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Agefiph : se rénover mais sans le sou,emploi,handicap,economie,

25 Mai 2017, 01:12am

Publié par hugo

Accueil » Emploi » Agefiph : se rénover mais sans le sou
Agefiph : se rénover mais sans le sou
Pendant la Semaine européenne de l'emploi des personnes handicapées, l'Agefiph a fait circuler un arbre à palabres pour recueillir les propositions de tous © Ivan Verbizh
Agefiph : se rénover mais sans le sou
Publié le 24 mai 2017  
     
Le fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées dans le secteur privé présentait mardi 23 mai ses résultats 2016 et son nouveau plan stratégique. Il alertait aussi sur l’urgence de réformer son financement dans un contexte de besoins accrus.

C’est mathématique ! En 2016, avec 404,5 millions d’euros de collecte et 450,2 millions de financements, l’Agefiph a encore été obligée de puiser dans ses réserves. Des réserves qui s’amenuisent. D’autant que l’État y a pioché par trois fois 29 millions d’euros pour financer les contrats aidés.

Résultat : « À la fin de l’année 2017, elles devraient être épuisées », selon Didier Eyssartier, directeur général de l’Agefiph qui, en compagnie d’Anne Baltazar, sa présidente, présentait mardi 23 mai les résultats 2016 de l’organisme et son nouveau plan stratégique.

2016, année de transition
Une année 2016 présentée comme une année de transition. Transition avec la “loi travail” du mois d’août qui renforce les missions de l’Agefiph dans l’objectif de sécuriser les parcours professionnels, transfère le maintien dans l’emploi aux Cap emploi et créé un cadre pour l’emploi accompagné.

Transition également avec la définition de nouveaux axes stratégiques pour mieux répondre aux besoins des personnes et des entreprises dans un contexte qui a fortement évolué au cours des cinq dernières années.

500 000 demandeurs d’emploi en situation de handicap
Ainsi l’emploi des personnes handicapées s’est accru de 20 % tandis que le nombre de reconnaissances de la qualité de travailleur handicapé a augmenté de 500 000 sur la même période. La part des entreprises employant au moins une personne handicapée est passée de 60 % à 78 % en moins de dix ans et seules 8 % des entreprises n’avaient rien entrepris en matière de politique emploi/handicap en 2014 contre 29 % en 2006.

Pour autant, le taux de chômage des personnes handicapées reste très fort, deux fois celui du reste de la population, avec près de 500 000 demandeurs d’emploi.

Quatre grandes ambitions
L’Agefiph s’est donc fixé quatre grandes ambitions dans son nouveau plan stratégique adopté en février dernier. Il s’agit d’abord de mieux sécuriser les parcours. Ce qui devrait passer par une redéfinition de l’offre de services des Cap emploi avec notamment une prévention des risques de désinsertion professionnelle.

L’Agefiph souhaite aussi dépasser les questions statutaires liées à l’emploi – chômeur ou salarié – et cibler son action en matière de formation sur l’amont, les pré-requis.

Côté entreprises, elle ambitionne de les mobiliser ainsi que le monde économique, en renforçant son offre de services, notamment pour les TPE/PME. Mais aussi par la création d’un centre de ressources permettant d’expérimenter et de soutenir des travaux universitaires.

Une enquête sur le financement
La promotion de l’emploi des personnes handicapées ainsi qu’un positionnement qui la rendrait plus lisible et visible complètent les ambitions de ce nouveau plan stratégique. Mais comment le mettre en œuvre si les moyens ne suivent pas ? Les inspections générales des Affaires sociales (Igas) et des Finances (IGF) entament aujourd’hui une enquête sur le sujet du financement des fonds Agefiph et FIPHFP.

Et pour de premières mesures correctrices dans la loi de finances 2018, qui lui permettrait de fonctionner, l’Agefiph a demandé à rencontrer la nouvelle secrétaire d’État chargée du handicap, Sophie Cluzel, et entend élargir la discussion. Corinne Manoury

http://www.faire-face.fr/2017/05/24/agefiph-handicap-emploi/

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Les réserves de l'Agefiph seront épuisées fin 2017,economie,handicap,

24 Mai 2017, 18:08pm

Publié par hugo

Les réserves de l'Agefiph seront épuisées fin 2017

Résumé : Fin 2017, les réserves du fonds pour l'emploi des personnes handicapées dans le privé seront épuisées. Un autre modèle est à penser. L'Etat lance une enquête pour assurer sa pérennité. Pourquoi pas une contribution de toutes les entreprises ? 

Par    Handicap.fr / Emmanuelle Dal'Secco, le 23-05-2017 
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Ce n'est pas faute de s'alarmer depuis des lustres… Les réserves financières de l'Agefiph (Fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées dans le secteur privé) continuent de s'amenuiser et seront épuisées à la fin 2017, a affirmé le 23 mai 2017 Didier Eyssartier, son directeur général, à l'occasion d'une conférence de presse. L'effet ciseau -stagnation des ressources et hausse des interventions en faveur des travailleurs handicapés- est un casse-tête qui oblige à remanier le système en profondeur. Mais jamais la menace n'avait été formulée de manière aussi précise…

Collecte versus dépenses
En 2016, l'Agefiph a collecté 404,5 millions d'euros (+0,7%) de contributions (ou pénalités) versées par les entreprises d'au moins 20 salariés qui ne respectent pas l'obligation légale d'employer au moins 6% de travailleurs handicapés. Dans le même temps, elle a engagé 450,2 millions d'euros (-4,6%) pour financer des actions d'insertion dans l'emploi et pour son budget de fonctionnement. Et ce n'est pas la très légère hausse des contributions en 2016 de 0.7 % (soit environ 2 millions d'euros), expliquée en partie par la reprise économique et donc la recrudescence de créations d'entreprises qui ne se sont pas encore engagées dans la démarche, qui va tirer le Fonds de ce mauvais pas. « La collecte ne va pas progresser », affirme Anne Baltazar, présidente de l'Agefiph. Or « notre prévision est qu'à la fin de cette année (...), nos réserves nous permettront juste d'avoir le niveau minimal » pour assurer environ « trois mois de fonctionnement », a complété M. Eyssartier. Il est vrai que ces réserves ont été généreusement ponctionnées à trois reprises par l'Etat pour financer les contrats aidés : 29 millions d'euros en 2015, 2016 puis 2017 (article en lien ci-dessous). Ponctions qui sont venues s'ajouter à la saisie de 50 millions opérée par le gouvernement de Nicolas Sarkozy en 2008.

Recherche de solutions en cours
Selon Anne Baltazar, le « sujet est sur la table ». Avec le Fiphfp (son équivalent pour la fonction publique), qui partage la même problématique, le Fonds a demandé une audience à la nouvelle secrétaire d'Etat en charge du handicap, Sophie Cluzel. Le précédent gouvernement avait prévu d'engager une réflexion sur le modèle de financement des deux fonds. Selon Mme Baltazar,  « des mesures correctrices » ont été envisagées avant la présidentielle dans le projet de loi de finances 2018 « pour que les deux fonds puissent fonctionner en 2018. Ce qui n'évite pas une discussion de plus grande ampleur ». Lorsqu'on lui demande si une contribution portant sur toutes les entreprises (et pas seulement celles de 20 employés et plus) est envisageable, la présidente répond qu'il ne faut pas « exclure de réfléchir à de nouveaux modèles, en mobilisant d'autres acteurs ».

Les inspections générales des affaires sociales (Igas) et des finances (IGF) viennent de démarrer une enquête conjointe sur le sujet qui devrait livrer ses conclusions à la fin de l'été. Il restera alors moins de quatre mois pour agir…

© Romolo Tavani/Fotolia

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FIPHFP et Agefiph : chronique... d'un sauvetage possible
Agefiph, le montant des aides diminue mais pas de panique !
58 millions de ponctions pour financer les contrats aidés
 
"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Emmanuelle Dal'Secco, journaliste Handicap.fr"

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Natacha Polony : «Le système de la globalisation néolibérale craque de toute part»,economie,

13 Mai 2017, 19:42pm

Publié par hugo

HOME  FIGARO VOX  VOX POLITIQUE
Natacha Polony : «Le système de la globalisation néolibérale craque de toute part»
Par Alexis Feertchak Mis à jour le 27/11/2016 à 11:19 Publié le 25/11/2016 à 20:13
Natacha Polony : «Le système de la globalisation néolibérale craque de toute part»
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FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - A l'occasion de la sortie de l'essai collectif du Comité Orwell, Bienvenue dans le pire des mondes, sa présidente, Natacha Polony a accordé un entretien fleuve au FigaroVox. Pour l'éditorialiste et essayiste, il existe aujourd'hui une forme de totalitarisme soft.
Le Comité Orwell est un collectif de journalistes, présidé par Natacha Polony, pour la défense du pluralisme des idées et de la souveraineté populaire. Il vient de publier Bienvenue dans le pire des mondes (éd. Plon, 2016) avec la participation de Natacha Polony, Jean-Michel Quatrepoint, Guillaume Bigot, Eric Delbecque, Franck Dedieu, Benjamin Masse-Stamberger, Alexandre Devecchio, Emmanuel Lévy et Gérald Andrieu.
FIGAROVOX. - Vous publiez avec le Comité Orwell que vous présidez l'essai Bienvenue dans le pire des mondes. On pensait après 1991 être débarrassé des totalitarismes idéologiques. Sommes-nous plongés de nouveau dans les mondes de George Orwell et d'Aldous Huxley?
Natacha POLONY. - Les concepts qu'ont mis en place Orwell et Huxley permettent de penser un monde qui en apparence est totalement différent. Evidemment, notre monde n'a rien à voir avec celui de 1984. A la limite, avec toutes les manipulations de l'être humain permises par les avancées scientifiques, il a peut-être plus à voir avec celui d'Aldous Huxley dans Le meilleur des mondes. En revanche, nous sommes bien dans des concepts forgés par Orwell utilisés à l'époque dans des contextes différents. Il ne s'agit pas de dire que le totalitarisme que nous vivons serait aussi violent et comparable aux véritables totalitarismes soviétique, maoïste ou nazi, bien sûr que non. C'est justement ce que nous appelons dans le livre le soft totalitarisme parce qu'il ne repose pas sur la coercition. Pour autant, il est tout aussi aliénant par certains côtés. Il faut absolument remettre en vigueur ces concepts marxistes d'aliénation et d'émancipation. Le système auquel nous faisons face remet en cause l'émancipation des peuples et des individus.
Quel est ce système dont vous parlez?
Nous avons cru être débarrassés des idéologies
Nous avons cru être débarrassés des idéologies, mais nous avons aujourd'hui à l'œuvre quelque chose qui se présente sous les habits de l'évidence, parfois de la science économique, en tout cas du pragmatisme, mais qui relève bel et bien de l'idéologie. C'est celle du libre-échangisme qui s'est développée à partir des années 1970 et qui a remis en cause petit à petit tous les acquis sociaux non seulement des classes populaires mais aussi des classes moyennes, notamment en France les acquis sociaux du Conseil national de la résistance. Cette idéologie s'est mise en place à partir de Reagan et Thatcher mais elle a vécu son ère de toute-puissance lorsque des sociaux-démocrates sont arrivés au pouvoir, aux Etats-Unis avec Bill Clinton, en Angleterre avec Tony Blair, des élus qui ont libéralisé les flux de capitaux, ont remis en cause la séparation des banques de dépôt et des banques d'investissement, toutes ces mesures qui permettaient de protéger les citoyens contre le capitalisme prédateur.
Le capitalisme est-il forcément prédateur?
Tout au long du 20e siècle, le capitalisme a été contenu par le fait qu'il avait un ennemi : le communisme.
Pour le dire simplement, tout au long du 20e siècle, le capitalisme a été contenu par le fait qu'il avait un ennemi: le communisme. Il fallait alors que les classes dominantes nouent un contrat avec les classes populaires, c'est-à-dire qu'elles abandonnent une part de leur domination - ascenseur social, règles de protection, bref, modèles sociaux qui étaient ceux des pays occidentaux - pour que ces classes moyennes adhèrent à la démocratie libérale. A partir du moment où le capitalisme n'a plus eu d'ennemi quand le mur de Berlin est tombé en 1989, on a vu réapparaître le vrai visage d'un capitalisme déconnecté de l'économie réelle, qui n'existe plus que pour lui-même. Il ne sert plus à financer l'économie, mais il sert seulement à produire encore plus de capital. Ce système a abouti finalement à la crise de 2008. Avec le comité Orwell, nous disons qu'il s'agit d'un soft totalitarisme car il s'impose contre la volonté des peuples, tout en gardant les apparences de la démocratie. Nous rappelons dans le livre la phrase de David Rockefeller, fondateur du groupe Bilderberg et président de la Commission Trilatérale, deux groupes d'influences au service des multinationales, dans Newsweek en 1999: «Quelque chose doit remplacer les gouvernements et le pouvoir privé me semble l'identité adéquate pour le faire.»
On peut comprendre la logique d'un «capitaliste» à préserver un tel système… mais qu'est-ce qui fait que les citoyens l'acceptent bon gré mal gré? Pour reprendre le langage d'Huxley, quel est le somma qui peut endormir les citoyens?
C'est ce droit des peuples à disposer d'un écran plat et d'un iPad qui permet l'assentiment de tous.
Il y a d'abord la société de consommation et son pendant, la société du bien-être. Elle agit à travers une idéologie du progrès qui est totalement détachée de l'idée de progrès moral de l'humanité, de progrès de la liberté, de progrès de l'émancipation. Cette idéologie s'est entièrement consacrée au progrès du bien-être. C'est ce droit des peuples à disposer d'un écran plat et d'un iPad qui permet l'assentiment.
Et y a-t-il une novlangue?
On ne dit pas libre-échange contre protection. On dit ouverture contre fermeture. Qui serait contre l'ouverture ?
Oui, elle est efficace parce qu'à travers une forme de manipulation du langage, tout ceci est présenté sous les aspects de l'objectivité pure et s'est détaché de tous les attributs habituels de l'idéologie. Il suffit d'ailleurs de regarder comment sont présentés les débats idéologiques dans les médias. On ne dit pas libre-échange contre protection. On dit ouverture contre fermeture. Qui serait contre l'ouverture? Evidemment, dit ainsi, l'ouverture, c'est bien, la fermeture, c'est mal. Tout le langage est manipulé pour essayer de faire croire que les tenants de régulation de ce système veulent revenir à la nation, au renfermement des peuples sur eux-mêmes. Ils n'aimeraient pas l'Autre parce que - grande manipulation suprême - tout ça se fait finalement au nom de l'Autre, au nom du sympathique migrant. C'est une instrumentalisation du sort de malheureux qui fuient la misère, mais qui permet d'imposer aux classes moyennes et populaires des pays développés un système qui creusent les inégalités. Il suffit de voir comment a été reçu notre livre. Immédiatement, on nous a accolé des adjectifs comme «identitaire», «populiste» et même «complotiste»…
Quel est le rôle des médias dans la transmission de cette novlangue? Dans les salles de rédaction, il n'y a pas de grand marionnettiste qui tire les ficelles et impose ce système libre-échangiste à tendance softement totalitaire!
Il y a ce qui relève de ce que Pierre Bourdieu appelait un « procès sans sujet », c'est-à-dire que personne n'est coupable immédiatement.
Il y a ce qui relève de ce que Pierre Bourdieu appelait un «procès sans sujet», c'est-à-dire que personne n'est coupable immédiatement. Chacun de leur côté, les journalistes tentent de faire leur travail au mieux, mais il se trouve que chacun, malgré lui, participe à ce processus sans sujet. Nous avons fondé le comité Orwell avec Jean-Michel Quatrepoint, Alexandre Devecchio, Emmanuel Lévy, Gérald Andrieu, des journalistes qui venons de différents médias et qui n'avons pas les mêmes opinions politiques et venons d'horizons différents (Le Monde, Marianne, Le Figaro, Causeur). Mais nous l'avons fondé parce qu'il nous semblait que certains sujets n'étaient jamais traités dans les médias ou étaient totalement sous-traités ou seulement selon un prisme qui était au service de cette seule idéologie libre-échangiste et qui ne laissait jamais apparaître les problématiques à l'œuvre en profondeur. Là aussi, revenons-en à Marx et à la différence qu'il établit entre infrastructure et superstructure. On nous vend toujours un débat quasiment moral, sur l'immigration, sur l'ouverture, sur le protectionnisme, et on ne va jamais voir les infrastructures, c'est-à-dire les questions économiques qui fâchent: à qui profite ce système? Le système profite évidemment aux grandes multinationales qui ont confisqué l'économie à leur seul profit, multinationales qui sont en grande majorité anglo-saxonnes et même américaines, en particulier ce que l'on appelle les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) dont la capitalisation boursière atteint les 600 milliards de dollars. Google dispose aujourd'hui d'à peu près 250 milliards de dollars en cash dans des paradis fiscaux.
Auparavant, les journalistes étaient des spécialistes de leurs sujets, ils pouvaient parler d'égal à égal avec leurs interlocuteurs et avec leurs sources.
Ces problèmes ne sont absolument pas abordés dans les médias parce qu'il y a aujourd'hui une concentration des médias dans les mains de groupes capitalistes qui achètent de l'influence. Les journalistes sont aujourd'hui soumis à un pouvoir économique. Ils subissent une pression pour traiter leurs sujets trop rapidement, selon un rythme qui est celui des chaines d'information en continu, qui ne leur permet pas d'adopter un point de vue éclairé. On pourrait d'ailleurs multiplier les analyses sur le monde médiatique, parler ainsi de la déstructuration dans beaucoup de journaux des différents services. Auparavant, les journalistes étaient des spécialistes de leurs sujets, ils pouvaient parler d'égal à égal avec leurs interlocuteurs et avec leurs sources. Tout ceci a été démantelé au profit d'un journalisme qu'on a voulu axé dans les années 1990 vers ce que l'on appelle l'investigation, avec un roulement dans les services qui les empêche d'acquérir un recul historique.
Traditionnellement, dans les totalitarismes, la propagande, les médias, sont importants, mais il y a aussi un autre levier qui est celui de l'éducation. Comment l'Education nationale par exemple, qui est encore un organisme étatique, peut-elle être imprégnée par cette globalisation idéologique libre-échangiste?
Il y a depuis trente ans un mouvement d'uniformisation des systèmes éducatifs sous les conseils des grandes instances internationales.
On nous présente l'éducation comme l'un des derniers domaines régaliens, ce qui signifierait d'ailleurs que l'échec absolu de l'école française relèverait finalement de la défaillance de notre système étatique trop élitiste. C'est une idée fausse. Il y a depuis trente ans un mouvement d'uniformisation des systèmes éducatifs sous les conseils des grandes instances internationales qu'il s'agisse de l'Union européenne ou de l'OCDE, à travers notamment les textes qui accompagnent les fameuses études PISA. Ces textes dictent aux différents pays ce que devrait être un bon système éducatif. Ces recommandations vont toujours dans le sens d'un utilitarisme qui ferait de l'éducation - pour reprendre d'ailleurs une phrase d'un lobby européen - un «service rendu aux entreprises». On veut faire des élèves de futurs salariés, employables à volonté et pour cela adaptables. On oublie totalement la dimension culturelle, patrimoniale, civilisationnelle de l'éducation. Et évidemment la dimension essentielle de l'éducation qui est l'émancipation des individus. Les connaissances, le savoir sont vus dans cette idéologie seulement comme un capital que chaque individu va pouvoir faire fructifier pour participer à la croissance globale. On ne se rend pas compte qu'on détruit ainsi ce qui fait la richesse de l'école, sa capacité à transmettre des savoirs universels qui donnent cette capacité aux individus de lire le monde. C'est ce qui a fait autrefois la grandeur de l'école française et qui a permis de perpétuer l'histoire des nations, une certaine idée de la France, comme il y avait une certaine idée de l'Angleterre ou une certaine idée de l'Allemagne. Il y a bien une globalisation à l'œuvre dans l'éducation, au service de ce système économique.
Qu'en est-il de l'hyperindividualisme? A la fin de l'ouvrage, la victoire du «minoritarisme» est évoquée. Comment cette propension à accorder des droits individuels participe à alimenter ce totalitarisme soft?
On détourne la démocratie de son véritable rôle qui est de permettre l'expression de la souveraineté des peuples.
Il ne s'agit évidemment pas de nier les avancées nécessaires des droits telles qu'on les a connues depuis la Révolution française. Nous sommes bien d'accord que la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen est une avancée majeure dans l'humanité - encore ne faut-il pas oublier le terme de citoyen… Mai 1968 a apporté des droits absolument fondamentaux pour les êtres humains. Il était nécessaire que cette avancée se fasse dans certains domaines, notamment en matière d'égalité homme-femme. Mais ce que l'on observe aujourd'hui est différent. C'est l'idée que la démocratie se réduirait au progrès indéfini des droits individuels. Se faisant, on détourne la démocratie de son véritable rôle qui est de permettre l'expression de la souveraineté des peuples et, à travers cela, de la souveraineté de chaque individu en tant que citoyen, qui permet à ceux-ci de décider en commun de leur destin. Cette avancée des droits individuels se fait sous l'apparence du beau, du bien et du bon. Là encore, qui serait contre accorder davantage de droits? Si on le présente ainsi, bien sûr que ce processus apparaît comme la victoire du camp du bien. Sauf que là encore, c'est une façon très particulière de présenter les choses puisqu'il s'agit avant tout de découper la communauté nationale de chaque pays en tranches d'individus ou de petites communautés qui vont être traités comme un cœur de cible marketing. Les individus sont ainsi empêchés de se forger une volonté citoyenne nécessaire à la lutte contre les grands intérêts privés. En démantelant la pensée majoritaire qui est l'essence même de la démocratie, on tue la capacité à lutter contre l'appropriation de l'espace public par des intérêts privés.
Donald Trump aux Etats-Unis, Brexit au Royaume-Uni, explosion des différents «populismes» en Europe… Ce monde du totalitarisme soft que vous décrivez n'est-il pas gravement secoué? N'y a-t-il pas dans tous ces phénomènes politiques récents un même rejet d'une globalisation néolibérale qui augmente les inégalités socio-économiques et qui uniformise culturellement le monde?
Il y a dans ces insurrections par le vote quelque chose qui ressemble à une fronde contre un système dont les citoyens de tous les pays occidentaux voient bien qu'on le leur a imposé.
Bien sûr! Il y a dans ces insurrections par le vote quelque chose qui ressemble à une fronde contre un système dont les citoyens de tous les pays occidentaux voient bien qu'on le leur a imposé. Ce n'est pas forcément pour le meilleur d'ailleurs… Car personne ne peut trouver formidable Donald Trump avec ses excès, avec tout ce qu'il peut dire d'absolument consternant. Mais justement, sortons des fausses alternatives! De même que ce n'est pas parce que nous sommes attaqués par un totalitarisme bien plus dangereux, frontal et brutal qu'est le totalitarisme islamiste qu'il faut refuser de voir ce soft totalitarisme dont nous parlons. Ne serait-ce que parce que ce soft totalitarisme fait le lit du totalitarisme islamiste. D'abord parce qu'il déstabilise les Etats-nations, ensuite parce qu'il détruit tous les anticorps des individus qui permettent de lutter contre la radicalisation. Encore parce que cette mondialisation financière et néolibérale s'appuie sur le consumérisme, sur l'abrutissement généralisé des populations et finalement sur leur enfermement dans la simple consommation et dans une misère sociale de plus en plus grande. Sous prétexte qu'il y a un danger islamiste, il ne faut pas refuser de remettre en cause le système tel qu'il est. C'est la raison pour laquelle l'insurrection par le vote que l'on observe un peu partout est une des formes de la colère des peuples. Il faudrait mieux que l'on prenne en compte cette colère, qu'on la comprenne et qu'on y réponde, plutôt que de laisser bouillir la marmite. Au lieu de cela, la réaction depuis quelques années consiste à transformer petit à petit nos institutions pour tenter de verrouiller le système démocratique. On voit très bien comment le système a exclu Bernie Sanders, comment l'establishment démocrate a d'ailleurs ouvertement triché pour favoriser Hillary Clinton. Ça leur a évidemment explosé à la figure, mais pour autant il y a bien là une forme de confiscation de la démocratie. De même en France, on voit comment le mécanisme des primaires essaie de contenir tout ce qui pourrait remettre en cause le système.
N'y a-t-il pas lieu d'être optimiste puisque François Fillon par exemple n'était pas le candidat de l'establishment et a fait mentir les prévisions tant politico-médiatiques que sondagières?
Oui, effectivement, on a François Fillon d'un côté. On a de l'autre Jean-Luc Mélenchon qui refuse d'entrer dans le cadre des primaires. On voit bien que ce système ne marche pas et qu'il craque de tous les côtés. Mais le tout est de savoir si l'on arrivera à remettre en cause ce qui est la base de ce soft totalitarisme, à savoir le pouvoir des multinationales à travers l'idéologie libre-échangiste.
Les peuples peuvent s'exprimer par leur vote, mais encore faut-il ensuite que les élus puissent agir conformément à leur mandat. Dans un monde de plus en plus complexe, global, rapide, interconnecté, n'y a-t-il pas une impuissance naturelle du politique? Est-ce à l'échelon national que le politique peut être vraiment en prise avec le réel?
Ce n'est pas à l'échelon national que les problèmes se règleront, mais l'échelon national sert prioritairement à exprimer la volonté des peuples.
Ce n'est pas à l'échelon national que les problèmes se règleront, mais l'échelon national sert prioritairement à exprimer la volonté des peuples. Pour le reste, nous avons laissé faire cette impuissance politique, elle a été organisée. Notre rôle de citoyen est d'imposer à nos politiques une obligation de puissance. Il s'agit pour nous de choisir les politiques qui auront la volonté de lutter contre ce système. Ça s'appelle la souveraineté. Lutter contre cette globalisation qui privatise la démocratie, cela peut se faire grâce à des politiques qui sauront refuser ce qui leur semble inacceptable, par exemple refuser les traités de libre-échange dans la mesure où ceux-ci sont une renonciation totale au modèle civilisationnel européen. Et pardon, ce n'est pas si compliqué de le refuser! J'ai le souvenir des propos du Général de Gaulle cité par Alain Peyrefitte dans C'était De Gaulle. Ce dernier lui parlait du traité de Rome et lui faisait remarquer que rien n'était prévu pour en sortir. De Gaulle répondait en substance: «C'est de la foutaise. Avez-vous déjà vu un grand pays être couillonné sous prétexte qu'il n'y a rien de prévu pour qu'il arrête d'être couillonné?». Il continuait en disant: «Quand on est couillonné, on dit «je suis couillonné, je m'en vais. C'est tout». C'est une question de volonté. Ça ne veut pas dire de se renfermer dans ses frontières comme on veut nous le faire dire. Mais ça veut dire réguler ce système. Il s'agit d'une juste régulation pour préserver les intérêts des citoyens.
Votre ouvrage se conclut par un appel à passer d'une gestion globale des choses à une gestion locale. Le Small is beautiful publié en 1979 par l'économiste Ernst Schumacher est-il encore vraiment possible à l'heure des grandes ruptures technologiques que nous connaissons? N'est-ce pas utopique?
Le local n'est non seulement pas utopique, mais ce sont même les nouvelles technologies dans ce qu'elles ont de positif qui peuvent nous aider.
C'est non seulement pas utopique, mais ce sont même les nouvelles technologies dans ce qu'elles ont de positif qui peuvent nous aider. C'est par là qu'on peut retrouver une pleine souveraineté sur notre façon de vivre, de consommer, de nous mouvoir, etc. Tout achat est un acte politique. Par ces choix de consommation, on choisit de soutenir un système ou un autre. C'est par le retour à une échelle locale que nous allons de nouveau pouvoir maitriser les flux économiques et retrouver un poids qui nous permettra de décider de notre avenir, de faire face à ce qui jusqu'à présent n'est qu'une concurrence déloyale. Reprendre une échelle locale permettra au citoyen d'avoir une prise et de répondre ensuite aux grands enjeux internationaux. Le système craque et l'on voit tout à coup l'Europe imposer à Apple une amende de 13 milliards d'euros pour tout ce dont elle a bénéficié comme largesses fiscales de la part de l'Irlande. Ça ne s'est fait que pour une raison: parce qu'il y a eu le Brexit et parce qu'il y a eu la remise en cause populaire des traités de libre-échange. C'est la voix des peuples qui a permis à l'Europe de retrouver son rôle. Il faut que l'Europe retrouve ce pour quoi elle a été fondée, à savoir la préférence communautaire. Au départ, il s'agissait de créer un marché intérieur, d'échanger entre pays qui auraient les mêmes conditions et qui œuvreraient ensemble parce qu'ils auraient la même vision et la même culture de ce que seraient les droits sociaux. Ceci a été complètement brisé en élargissant l'Europe de façon folle, en ouvrant les frontières au nom d'une idéologie libre-échangiste que ne pratiquent pas les autres grands ensembles du monde. Avec le Comité Orwell, nous avons voulu mettre des mots sur ce que les citoyens ressentent, parce qu'ils savent qu'on est en train de leur confisquer leur liberté, leur voix, leur souveraineté.

http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2016/11/25/31001-20161125ARTFIG00331-natacha-polony-le-systeme-de-la-globalisation-neoliberale-craque-de-toute-part.php

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Philippe Pascot, l’homme qui titille (beaucoup) les élus corrompus,politiques,economie,societe,

5 Mai 2017, 12:23pm

Publié par hugo

 Dans nos quartiers4 mai 2017

Philippe Pascot, l’homme qui titille (beaucoup) les élus corrompus
par Roxanne D'Arco
Dans Pilleurs d'Etats, tome 1 et 2, Philippe Pascot révèle les dérives des élus français...Philippe Pascot met un carton rouge aux parlementaires ! Capture d'écran Youtube
3
 
Philippe Pascot est, comme beaucoup de personnes pourraient le définir, une « grande gueule ». Bon vivant et direct, l’auteur de Pilleurs d’État s’est fait plus d’un ennemi avec son franc-parler et ses révélations sur les abus des parlementaires. Il nous raconte ses combats.
 
« J’avais encore quelques trucs à dire et ça m’énervait de ne pas le faire juste avant les élections. Je voulais laisser la possibilité aux gens de voter intelligemment. » Nous sommes en avril. Attablé dans un bistrot, au Sud de Paris, Philippe Pascot revient sur la saga Pilleurs d’État, dont le dernier tome, intitulé Allez (presque tous) vous faire…, est sorti en mars 2017. Les deux livres rencontrent le succès en librairie. D’après le principal intéressé, chapeau vissé sur la tête et écharpe blanche sur les épaules, le dernier s’est vendu à 120 000 exemplaires.
 
Alors concrètement, Pilleurs d’État, c’est quoi ? Des faits et encore des faits, peu reluisants, qui illustrent la corruption de nos parlementaires. En même temps, il faut avouer que Philippe Pascot les connaît bien, ces vieux briscards de la politique ! Ex-adjoint de Manuel Valls à la mairie d’Évry, il est aussi passé par la présidence de la formation professionnelle et de la fédération PRG de l’Essonne.
 
« 80% de mes informations sont en milieu ouvert. Non, 85% »
 
Autour d’un petit verre de vin et d’un plat du jour, la conversation s’installe, passant d’un sujet à l’autre. La première question qui traverse l’esprit d’un lecteur de Pilleurs d’État, c’est celle des sources. Comment travaille-t-il ? « 80% de mes informations sont en milieu ouvert. Non, 85%. Donc si je peux, toi, tu peux. Après, il faut savoir chercher sous le tapis. Dès qu’il y a un texte de loi qui sort, je le lis jusqu’au bout. Et c’est là que je m’aperçois qu’il y a des choses bizarres. » Et ça concerne tout et n’importe quoi ! La question du paiement en liquide, l’équité (et non l’égalité) du temps de parole dans les médias, la gestion des autoroutes, la fraude…
 
Peu importe la couleur politique, l’auteur n’épargne personne. Une démarche qui peut faire évoluer les choses dans le bon sens. « La preuve : j’ai gagné sur les casiers judiciaires vierges. Quand j’ai posé cette question, en 2014, personne n’y croyait. Aujourd’hui, ils ont voté, à l’unanimité, le casier judiciaire vierge de tous les partis politiques. Ils ne peuvent pas retirer la loi », assure-t-il.
 
Militant contre la corruption des élus, Philippe Pascot a ainsi tenté d’imposer cette thématique auprès des candidats à la présidentielle cette année. Avec plus ou moins de succès : certains ont repris son argumentaire comme Benoît Hamon et Nicolas Dupont-Aignan, mais toujours de manière élégante. D’autres ont voulu le manipuler un peu, comme l’équipe de Jean-Luc Mélenchon, d’après l’homme au chapeau. Certains ont été très corrects et courtois, comme François Asselineau, même si ses partisans, eux, l’ont moins été. Et d’autres n’ont pas souhaité le suivre comme Nathalie Arthaud qui dénonce une « mesure capitaliste »… Des réactions diverses, de toute part, hormis Marine Le Pen, qu’il n’a pas souhaité solliciter !
 
La lutte contre la corruption pour une nouvelle citoyenneté ?
 
Celui qui se décrit comme un « scribouilleur de la vérité » ne risque-t-il pas de nous dégoûter définitivement de la politique ? Pas forcément, puisque « plus vous en saurez, moins ils pourront le faire [être corrompus]. C’est une démarche constructive ». Mais ce n’est pas non plus aller vers un système de démocratie où les citoyens sont constamment sollicités. « Pour moi, c’est impossible. Les gens n’ont pas envie d’être tous les jours en politique. Mais il faut qu’on renforce les contrôles, qu’on réduise les mandats et qu’on mette en place de vraies sanctions. »
 
Cette démarche se complète aussi avec sa bataille contre l’abstention. Pour lui, voter nul ou blanc est la seule manière d’être quantifié. « Et plus on bourre les urnes comme ça, moins ils seront légitimes. C’est une erreur de penser que plus vous vous abstiendrez, plus on arrivera à obtenir le vote blanc. Au contraire, plus tu t’abstiens, plus c’est facile d’être élu. Et plus il y aura de l’abstention, plus on arrivera à nous imposer le vote électronique. Et il n’y aura plus aucune sécurité du vote. J’ai des preuves que le vote électronique est truandé. La seule manière d’avoir un minimum de sécurité, c’est le vote manuel. »
 
« Dans mes études, il y a autant de femmes pourries que d’hommes »
 
Citoyen engagé, Philippe Pascot regrette bien des aspects de notre société. Des éléments très présents en politique. En tête, la montée des extrêmes, le communautarisme, mais aussi un certain laxisme face au sexisme et autres délits liés. « Je ne comprends pas comment dans tous les délits sexuels que j’ai pu dénoncer, quand ces hommes se représentent, ils sont de nouveau élus. Ça veut dire que des femmes votent pour eux. Je suis effaré !, lâche-t-il, après, dans mes études, il y a autant de femmes pourries que d’hommes. On les voit moins parce qu’il y a moins d’élues. Par exemple, j’ai connu une ancienne ministre qui n’embauchait que des filles pour passer sous la table. Ce n’est pas une question de sexe, mais de pouvoir et de système. Est-ce qu’on pourrait enfin avoir des gens intègres et compétents ? »
 
Tristes affaires… Mais après le casier judiciaire, et en même temps que la lutte contre l’huile de palme et le gaz de schiste, ce « scribouilleur de la vérité » s’est lancé dans un nouveau défi : faire tomber la pratique des sondages, ces « influenceurs maléfiques » !
 
« Pourquoi réfléchir quand un sondage nous donne la réponse ? »
 
Et la méthode est plutôt simple. C’est répondre n’importe quoi à un sondage, tout le temps. « De façon à faire passer la marge d’erreur de trois – la marge actuelle – à 10 % ! », explique-t-il. Il estime qu’avec 100 000 signataires, aucun sondage ne sera plus valable en France, faute de savoir si les gens disent la vérité ou non.
 
Motivé et sûr d’y arriver, on pourrait se demander pourquoi tant de haine… « Pourquoi réfléchir quand un sondage nous donne la réponse ? Et malheureusement, la société est en train de se diriger vers ça. Ça me rend fou ! Et si on fout en l’air les sondages, ça va devenir intéressant. Pourquoi ? Parce que ça va obliger les gens à descendre dans la rue. A voir ce que veulent les gens, et non pas par procuration ».
 
Allez (presque tous) vous faire … de Philippe Pascot, aux éditions Max Milo, 19,90€
 
 
http://www.respectmag.com/28480-philippe-pascot-titille-elus-corrompus

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AAH et Aspa : ce qu’il faut savoir sur la nouvelle réglementation,handicap, economie,

4 Mai 2017, 16:06pm

Publié par hugo

AAH et Aspa : ce qu’il faut savoir sur la nouvelle réglementation
La nouvelle réglementation ne s'applique-t-elle qu'aux allocataires de l'AAH ayant fêté leur 62e anniversaire depuis le 1er janvier 2017 ? La réponse diffère selon les spécialistes interrogés par faire-face.fr.
AAH et Aspa : ce qu’il faut savoir sur la nouvelle réglementation
Publié le 2 mai 2017  
     
À l’âge de la retraite, les allocataires de l’AAH ayant un taux d’incapacité d’au moins 80 % ne sont plus tenus de demander l’allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa), moins avantageuse. Pour la Caf, cette nouvelle disposition ne concerne que les personnes ayant atteint leur 62e anniversaire depuis le 1er janvier 2017. Cette interprétation divise les spécialistes du droit. 

Un souci de moins pour les bénéficiaires de l’allocation adulte handicapé (AAH) arrivant à l’âge légal de la retraite. Tout du moins pour ceux ayant un taux d’incapacité d’au moins 80 %.  Ils peuvent désormais continuer à percevoir l’AAH dans les mêmes conditions qu’avant leur 62e anniversaire.

Jusqu’alors, les Caisses d’allocations familiales (Caf) exigeaient qu’ils demandent l’allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa), moins avantageuse que l’AAH. Une allocataire, Martine Deniau, avait contesté ce point devant le Tribunal des affaires sociales (Tass) du Var et obtenu gain de cause, dans un jugement rendu en janvier 2016.

Mais les Caf continuaient à exiger que les allocataires basculent à l’Aspa. « Début 2016, j’avais alors 61 ans, j’ai reçu un courrier de la Caf de l’Isère m’enjoignant de demander l’Aspa, raconte Gérard Puech, allocataire de l’AAH depuis 40 ans. C’est-à-dire que du jour au lendemain je n’étais plus handicapé, j’étais juste vieux. » Au printemps 2016, Gérard Puech a donc décidé, comme Martine Deniau, de saisir le Tass. L’affaire devrait être jugée en juin 2017. En attendant, la Caf ne lui verse plus aucune allocation. Il survit grâce à la solidarité de ses proches.

 

Depuis le 1er janvier 2017, la réglementation est cependant devenue très claire sur ce point précis : les prétendants à l’AAH ne sont pas tenus de demander l’Aspa. L’article L.821-1 du Code de la Sécurité sociale précise désormais que « le droit à l’allocation adulte handicapé est ouvert lorsque la personne ne peut prétendre (…) à un avantage de vieillesse, à l’exclusion de l’allocation de solidarité aux personnes âgées ». Cette dernière partie de la phrase, en gras, a été rajoutée par l’article 87 de la loi de finances pour 2017. Mais à qui s’applique la nouvelle mouture de cet article ? À tous les allocataires de l’AAH ou seulement à ceux n’ayant pas encore pris leur retraite ? Cette question fait débat. 

En pratique, il faut distinguer plusieurs cas de figure.

1 – Vous n’êtes pas encore à la retraite, touchez l’AAH et n’avez jamais travaillé
Vous n’avez aucune démarche à effectuer. Vous allez continuer à percevoir l’AAH et, le cas échéant, la majoration pour la vie autonome.

2  – Vous n’êtes pas encore à la retraite, touchez l’AAH mais avez travaillé
Vous avez sans doute droit à une pension de retraite, même minime. Si son montant est inférieur à l’AAH, vous percevrez alors une AAH différentielle. S’il est supérieur, vous perdrez vos droits à l’AAH.

3 – Vous êtes à la retraite et touchez l’AAH mais la Caf exige que vous demandiez l’Aspa
La Caf demande régulièrement à des allocataires de l’AAH à la retraite de basculer à l’Aspa. Viviane B, 67 ans, en fait actuellement l’amère expérience. « Depuis que j’ai pris ma retraite en 2009, je touche une AAH différentielle en complément de ma pension, explique-t-elle. Et mes droits à l’AAH sont ouverts jusqu’en 2021. Or, depuis juillet 2016, la Caf me harcèle pour que je demande l’Aspa. Ce que je refuse de faire puisque cette allocation est récupérable sur succession, contrairement à l’AAH. » Dans le courrier qu’elle a adressé à la Caf, elle fait valoir la nouvelle mouture de l’article L.821-1 du Code de la Sécurité sociale. Il la dispenserait, comme tous les autres allocataires de l’AAH, de demander l’Aspa.

Réponse de la Caf : cet article ne s’applique qu’aux personnes ayant atteint l’âge de 62 ans à partir du 1er janvier 2017. Elle s’appuie sur l’alinéa C du VI de l’article 87 de la loi de finances pour 2017, celui qui a modifié l’article L.821-1 du Code de la Sécurité sociale. Selon cet alinéa, cette disposition « est applicable aux personnes atteignant l’âge mentionné au dixième alinéa de l’article L. 821-1 du Code de la Sécurité sociale à compter du 1er janvier 2017 (…) ». Autrement dit, à 62 ans. Pour la Caf, seules les personnes ayant eu 62 ans depuis le 1er janvier 2017 n’ont pas l’obligation de demander l’Aspa. Les autres, elles, y seraient tenues.

Une autre interprétation de Maître Camps…

Maître Philippe Camps, qui avait défendu Martine Deniau, fait une autre lecture.

1 – Pour lui, l’article L.821-1 du Code de la Sécurité sociale établit clairement que l’Aspa n’est pas un avantage de vieillesse. « Le droit à l’AAH est ouvert lorsque la personne ne peut prétendre (…) à un avantage de vieillesse, à l’exclusion de l’allocation de solidarité aux personnes âgées. »

2 – Concernant l’âge auquel cette disposition serait applicable, l’article 87 de la loi de finances demande de se référer au dixième alinéa de l’article L. 821-1 du Code de la Sécurité sociale. Mais cet alinéa, qui fixe l’âge à 62 ans, concerne « la liquidation des avantages de vieillesse ». « Or, l’Aspa n’est pas un avantage vieillesse, souligne Philippe Camps. L’alinéa en question ne concerne donc pas l’Aspa. »

3 – Sa conclusion : l’article 821-1 du Code de la Sécurité sociale qui dispense les allocataires de l’AAH de demander l’Aspa s’applique à tous les allocataires de l’AAH ayant un taux d’incapacité d’au moins 80 %. Et peu importe qu’ils aient eu 62 ans avant ou après le 1er janvier 2017.

… contestée par Maître Grévin et les juristes de l’APF

Cette interprétation n’est pas partagée par l’avocate Alexandra Grévin. « C’est loin d’être toujours le cas, mais sur ce cas précis, la position de la Caf me semble conforme à la loi », estime cette spécialiste du droit du handicap. Même écho du côté du service juridique de l’APF : « La formule “à l’exclusion de l’allocation de solidarité aux personnes âgées” ne permet pas d’en déduire que l’Aspa n’est pas un avantage vieillesse. Elle pourrait simplement signifier que, parmi les avantages vieillesse, l’Aspa bénéficie d’un traitement différencié pour le droit à l’AAH. »

L’analyse de Maître Camps a peu de chances d’être entendue par votre Caisse ou par la commission de recours amiable. Elle est en effet contraire à la position de la Caisse nationale d’allocations familiales (Cnaf). Si vous souhaitez contester la décision de la Caf, vous devrez donc saisir le Tass. Mais les délais sont longs, un à deux ans. Et entre-temps, vous ne percevrez pas l’AAH, suspendue par la Caf. À vous de décider de la stratégie à adopter, en toute connaissance de cause.

4 – Vous êtes à la retraite et percevez déjà l’Aspa
Vous préfériez certainement toucher l’AAH plutôt que l’Aspa. Mais encore faudrait-il que vous remplissiez les conditions pour bénéficier de l’AAH. Surtout, la Caf considère que les nouvelles dispositions concernant l’AAH ne s’appliquent qu’aux personnes ayant eu 62 ans après le 1er janvier 2017. Il vous reste toujours la possibilité de saisir le Tass, comme expliqué ci-dessus. Mais cela vous engage dans une procédure longue et incertaine. Franck Seuret

AAH et Aspa  : une différence cruciale
Le montant de l’Aspa (801 €) est quasi équivalent à celui de l’AAH (810 €). Il peut être complété par une AAH différentielle, indispensable pour pouvoir conserver la majoration pour la vie autonome. Mais l’AAH n’est pas récupérable sur succession, contrairement à l’Aspa.

La récupération est opérée sur la fraction de l’actif net de succession excédant un seuil fixé à 39 000 €. Si vous possédez des biens immobiliers d’une valeur au moins égale à cette somme, la caisse qui verse l’Aspa a le droit de prendre une hypothèque provisionnelle.

http://www.faire-face.fr/2017/05/02/aah-aspa-reglementation/

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Pinçon-Charlot : « Emmanuel Macron est un extraordinaire porte-parole de l’oligarchie et de la pensée unique »,,politiques,

28 Avril 2017, 21:53pm

Publié par hugo

Pinçon-Charlot : « Emmanuel Macron est un extraordinaire porte-parole de l’oligarchie et de la pensée unique »

PAR AGNÈS ROUSSEAUX 21 AVRIL 2017


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Pourquoi certains électeurs vont-ils voter pour un candidat qui ne leur ressemble pas et qui ne semble même pas défendre leurs intérêts ? Pourquoi acceptons-nous ce fossé qui s’élargit chaque jour davantage entre une classe dominante et les autres ? Comment l’argent est-il devenu une arme de destruction massive aux mains d’une oligarchie ? C’est à ces questions que tentent de répondre les sociologues Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon, dans leur ouvrage Les prédateurs au pouvoir, dans un style clair et corrosif. Pour eux, Marine Le Pen, François Fillon ou Emmanuel Macron ne sont que différents visages de cette oligarchie prédatrice qui a fait main basse sur notre avenir. Rencontre.

Basta ! : Face à l’augmentation des inégalités, à l’intolérable situation dans laquelle se trouvent une partie de la population qui subit le chômage, pourquoi la question du partage des richesses n’est-elle pas plus centrale dans cette campagne ?

Monique Pinçon-Charlot : Il est difficile aujourd’hui de parler des inégalités abyssales, dont la concentration se fait pourtant à une vitesse complètement folle. En 2010, 388 multimilliardaires possèdent la moitié des richesses de l’humanité. En 2016, cette richesse est concentrée entre les mains de seulement 8 super riches ! Mais cela reste tabou car ces richesses ne sont pas le résultat de mérites, de réalisations favorables à l’humanité, mais de spéculations, de prédations sur les ressources naturelles, dans tous les domaines d’activité économique et sociale. Elles sont destructrices pour la planète et pour l’humain, mais sont passées sous silence. Une partie du problème vient du fait que ce sont des patrons du CAC40 qui sont massivement propriétaires des grands médias, qui relaient volontiers la « voix de leur maître » (lire notre enquête « Le pouvoir d’influence délirant des dix milliardaires qui possèdent la presse française »).

Dans ces conditions, comment des responsables politiques qui ne s’attaquent pas aux causes de ces inégalités arrivent-ils à nous faire croire qu’ils œuvrent pour le bien de tous ?

M. P.-C. : On ressent un désarroi très profond chez les Français avec cette élection présidentielle : ils ne comprennent plus rien ! Ils sentent qu’il y a quelque chose de vicié, de pervers, de cynique dans cette situation, qu’ils sont lobotomisés par les médias, qu’ils n’ont pas les moyens de penser car ils sont dans un brouillard sémantique, idéologique, linguistique. Ils sont en quelque sorte tétanisés, sidérés. Et la classe politique est dans une bulle. On nous dit que le système est démocratique, mais quand on voit comment un ouvrier comme Philippe Poutou est traité... Il n’y a pas d’ouvriers à l’Assemblée nationale, alors qu’ouvriers et employés représentent aujourd’hui encore 52% de la population active ! Un tel décalage entre réalité des classes moyennes et populaires et ce qui se passe au Parlement est problématique.

Comment est-ce possible que des responsables politiques ne voient pas où est le problème, à acheter des costumes de luxe, à se faire payer des cadeaux par des « amis » ?

M. P.-C. : C’est plus grave que cela. Il y a un processus qui se construit dès la naissance, de recherche d’entre-soi, d’être avec son semblable. C’est aussi un processus d’évitement et de ségrégation du non-semblable. Petit à petit, cela construit le dominant comme s’il venait d’une autre planète, comme s’il était d’une autre « race »… Comme pour la noblesse, avec son prétendu « sang bleu » : la différence était marquée dans la définition même du corps. Et dans la déshumanisation de l’autre, du dissemblable. L’autre, ils s’en fichent… du moment qu’il continue à voter pour eux.

Mais comment expliquer que François Fillon ait encore autant de supporters ?

M. P.-C. : C’est une question centrale. Pourquoi est-il à un niveau encore si haut dans les sondages malgré la gravité de ce qui lui est reproché ? Les 30 années que nous avons passées à travailler sur l’oligarchie nous ont permis de nous mettre dans leurs têtes – celles de François Fillon et des proches qui le soutiennent, celles des super riches. Ils se sont construits avec un sentiment d’appartenir à une classe sociale, une classe hétérogène évidemment mais suffisamment solidaire pour capter tous les pouvoirs. Ils sont entre eux en permanence : cela permet la construction d’un sentiment d’impunité collective et d’immunité psychologique. Chaque individu se construit une non-culpabilité, une « non mauvaise conscience ». Ce sont des gens « à part », qui estiment qu’ils ne peuvent pas être punis sur le plan pénal, en matière de fraude fiscale ou de corruption. Ils considèrent que les institutions doivent les protéger. Cette classe a une fonction : défendre les intérêts de la classe. Ils ne peuvent pas penser en termes moraux, de culpabilité, cela ne les habite pas. La culpabilité, ça, c’est pour nous ! Eux, ils font leur job de prédation. C’est plus fort que de la corruption, que du vol : on bouffe les autres.

Michel Pinçon : Ce sont des gens aimables, propres sur eux, qui présentent bien, mais ont souvent des casseroles. La sous-évaluation des biens pour les impôts ou l’évasion fiscale, cela va de soi ! Ils estiment qu’ils ont suffisamment travaillé, ils ont hérité de leur parents, ils ont fait fructifier, on ne va pas venir le leur prendre... Il y a une logique dynastique dans cette accumulation. Le fait de transmettre aux enfants, de continuer la dynastie (ou de la fonder). Ils font venir les enfants l’été pour les former dans l’entreprise familiale.

M. P.-C. : Un peu comme dans l’affaire Fillon…

M. P. : Malgré les conflits entre eux, cette classe bourgeoise est solidaire sur le fond. L’analyse en terme de classe sociale, ce n’est pas une foutaise, un truc d’autrefois. Il y a une classe bourgeoise qui existe par son niveau de richesses, la propriété des moyens de production, matérielle, mais aussi par la conscience qu’elle a d’elle-même. Et par le fait de veiller au grain pour que ça dure.

On peut comprendre pourquoi ceux-ci votent pour François Fillon. Mais pourquoi les classes populaires votent-elles pour des responsables qui ne leur ressemblent pas ? Dont les intérêts semblent contradictoires avec les intérêts de la classe populaire, comme pour Donald Trump ?

M. P. : Cela n’a pas été toujours le cas. Dans la période après guerre, le Parti communiste représentait une force sociale considérable. Il y avait notamment chez les ouvriers une conscience de l’existence de classes, de leur appartenance à une classe qui ne possède pas les moyens de production. La chute de l’URSS a été vécue comme l’échec des espoirs de fonder une société qui fonctionne autrement. Avec la destruction de la conscience de classes, l’expression politique peut aller vers des choix non conformes aux intérêts des classes populaires.

M. P.-C. : Quand Ernest-Antoine Seillière a pris les rênes du Medef [de 1998 à 2005, ndlr], il a procédé à une « refondation sociale », c’est-à-dire une inversion de la théorie marxiste de la lutte des classes : les riches sont devenus des « créateurs de richesses ». Et les ouvriers, qui sont les créateurs de richesses et de plus-value selon la théorie marxiste, sont devenus des « charges » et des variables d’ajustement. C’est un processus de déshumanisation très fort. Les ouvriers qui votent pour le Front national sont des gens perdus, qui ne comprennent pas ce qui leur est arrivé. Ils votent d’ailleurs pour Le Pen en disant : « On va peut-être se faire avoir, mais on aura tout essayé ». Et ils ne vont pas être déçus ! Car Le Pen, c’est la dernière alternance de l’oligarchie.

Le Front national a un discours virulent contre les « élites » françaises. Il participe selon vous de cette oligarchie qu’il dénonce ?

M. P.-C. : Le Front national, c’est une dynastie familiale. Une dynastie des beaux quartiers, avec de l’argent, des biens immobiliers, une famille assujettie à l’Impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Une dynastie avec un rapport très décomplexé à l’argent public et qui traine ses casseroles : sous-déclaration des biens au fisc, emplois fictifs, surfacturation des frais de campagnes pour prendre du fric à l’État. On est bien dans le registre de l’oligarchie, de la délinquance en col blanc. C’est une dynastie familiale devenue parti politique, avec trois générations, un phénomène de népotisme assez unique en France. Autre élément, dont parle peu la presse, la forte présence d’anciennes familles de la noblesse parmi les hauts dirigeants du FN.

Marine Le Pen a un discours très critique envers l’oligarchie européenne, mais elle contribue à préserver l’opacité de sa bureaucratie ! Les gens ignorent tout des votes de Marine Le Pen : sur la question de l’évasion fiscale, elle s’est opposée à la création d’une commission d’enquête sur les Panama Papers. Deux de ses proches, Frédéric Châtillon et Nicolas Crochet, sont épinglés comme possédant des comptes offshore, selon les Panama Papers. Les eurodéputés du FN ont aussi voté pour le secret des affaires. Mais Marine Le Pen feint toujours de se bagarrer contre l’opacité de la bureaucratie européenne... C’est une imposture (lire notre enquête « Au Parlement européen, les votes méprisants du FN et de Marine Le Pen à l’égard des travailleurs »)

Pourquoi ces éléments sont peu relevés par les médias ?

M. P.-C. : Parce que les médias ne font pas leur travail. Depuis trente ans, la classe oligarchique a ouvert un boulevard au Front national. Celui-ci a pour stratégie de casser la gauche radicale, de la détourner, de prendre sa parole, son programme, ses électeurs. Résultat : les gens ne comprennent plus rien.

Comment situez-vous Emmanuel Macron ? Vous dites qu’il a réussi un tour de passe-passe pour parvenir à faire croire qu’il n’est pas membre de cette oligarchie, malgré sa « parenthèse Rothschild » et ses liens avec le monde de la finance ?

M. P.-C. : Emmanuel Macron, il est parfait. C’est l’oligarque parfait. Qui convient parfaitement aux familles sur lesquelles nous avons mené nos études sociologiques. Il n’est « ni de droite ni de gauche »...

M. P. : … Donc « ni de gauche ni de gauche » !

M. P.-C. : Voilà… Il représente la pensée unique. Nous sommes dans un monde orwellien, mais il n’y a plus besoin de parti unique : nous avons la pensée unique ! Emmanuel Macron en est un porte-parole absolument extraordinaire. Il connaît des gens dans tous les recoins de l’oligarchie. Il se fait financer par des banquiers anglo-saxons, américains, dont il refuse de donner les noms. Il veut supprimer l’ISF et affirme que c’est une mesure de gauche... Quand on analyse ses discours, on se rend compte que c’est un vide absolument abyssal. C’est pour nous la caricature du conformisme qui se transforme en une espèce de « progressisme radieux » et fallacieux.

M. P. : Il peut faire illusion. L’illusion de la capacité, de l’expérience. Il apparaît comme un changement serein. Mais il propose une régression sociale sans précédent.

D’où vient son succès ? De l’attrait du « neuf » ?

M. P.-C. : C’est plus grave que cela. Il peut être le levier pour l’oligarchie mondialisée, celle qui se cache derrière l’idée de mondialisation pour mieux faire passer la marchandisation généralisée de la planète. Macron serait du bon côté du manche. Et un élément décisif. Nous sommes passés à une étape de plus vers un totalitarisme qui ne dit pas son nom. Nicolas Sarkozy et François Hollande n’ont pas tenu leurs promesses : les responsables politiques mentent. Mais là, avec Macron, on est passé au foutage de gueule : « Je ne prends même pas la peine de faire un programme parce que de toute façon je ne le tiendrai pas ». Cela montre à quel point on méprise le peuple. C’est une violence de plus à l’égard des classes populaires et moyennes.

Vous affirmez dans votre ouvrage que « les prédateurs au pouvoir ont fait main basse sur notre avenir ». Quelles sont leurs motivations ? Qu’est-ce qui pousse les plus riches à ces comportements de prédation ?

M. P.-C. : Il ne s’agit pas d’accumuler pour accumuler. L’argent est devenu une arme pour asservir les peuples. En ne payant plus d’impôts, ils construisent le déficit et la dette – qui n’a pas vocation à être remboursée : c’est une construction sociale, comme le « trou de la sécurité sociale ». Ils spéculent sur le réchauffement climatique et accélèrent la marchandisation de la planète. On spécule même sur le travail social, comme l’accompagnement des sans-abri, qui devient un nouveau marché financier, avec la création des « contrats à impact social ». C’est une destruction de tout ce qui peut ressembler à de la solidarité sociale, par ces oligarques, par le système capitaliste.

La seule raison de vivre des nantis est « l’enrichissement, les pouvoirs qui lui sont liés et l’euphorie de vies hors du commun », écrivez-vous…

M. P. : Un des gains importants est la création d’une dynastie. C’est quelque chose qui a des effets un peu magiques. Cela donne une immortalité symbolique. Vous avez des rues de Paris qui porte votre nom de famille...

M. P.-C. : La reproduction des privilèges passe par les familles, par la transmission au sein de la confrérie des grandes familles. On a fait la Révolution il y a plus de deux siècles, mais ce sont encore des grandes familles qui tiennent les rênes de presque tous les secteurs d’activité. La bourgeoisie a singé la noblesse après la Révolution et a inscrit les privilèges et richesses dans le temps long de la dynastie.

La situation peut-elle s’améliorer ?

M. P.-C. : On nous dit que la richesse des plus riches bénéficie à tous. Mais cette « théorie du ruissellement » fait partie de la guerre idéologique ! Le fossé s’élargit chaque jour davantage entre la classe dominante et les autres classes. L’ascenseur social n’existe plus. Il y a un antagonisme irréductible, qui appelle à un changement radical, à une révolution. Il faut que les titres de propriété leur soient enlevés ! Et que ceux qui travaillent dans les entreprises prennent les rênes et les responsabilités.

M. P. : La situation est pire qu’avant car il n’y a plus d’unité populaire en face du pouvoir de l’argent. Si Emmanuel Macron est élu, cela risque de s’aggraver encore, car c’est un faux-semblant. Il est perçu comme le Messie…

M. P.-C. : … alors que c’est le baiser du diable. Et que cette violence de classe atteint les gens dans leur être profond. Nous ne sommes pas du tout dans le « tous pourris ». Ce que nous disons, c’est qu’il faut prendre le problème dans sa globalité, puisque tout est lié : évasion fiscale, réchauffement climatique... Nous voulons mettre en lumière le fonctionnement d’une classe sociale, propriétaire des moyens de production et prédatrice du travail d’autrui. Car c’est vraiment une guerre de classes que mènent les plus riches contre les peuples.

Propos recueillis par Agnès Rousseaux

Lire aussi : Monique Pinçon-Charlot : « La violence des riches atteint les gens au plus profond de leur esprit et de leur corps »

A lire : Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon, Les prédateurs au pouvoir. Main basse sur notre avenir, Textuel, 2017, 64 pages.

https://www.bastamag.net/Pincon-Charlot-Emmanuel-Macron-est-un-extraordinaire-porte-parole-de-l

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