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Yémen : 13 personnes condamnées à mort pour homosexualité

8 Février 2024, 21:18pm

Publié par hugo 🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️

Yémen : 13 personnes condamnées à mort pour homosexualité
Publié le 8 février 2024 à 11 h 11 min
Treize personnes accusées d'homosexualité ont été condamnées à mort au Yémen par un tribunal dans une région aux mains des rebelles Houthis, a affirmé mardi 6 février à l'AFP une source judiciaire.
Justice au YémenJustice au Yémen - Mehaniq / Shutterstock
Treize personnes accusées d’homosexualité ont été condamnées à mort au Yémen par un tribunal dans une région aux mains des rebelles Houthis, a affirmé mardi 6 février à l’AFP une source judiciaire.

Le procès s’est tenu à Ibb, une province contrôlée par ces insurgés proches de l’Iran, dont les attaques contre les navires en mer Rouge et dans le golfe d’Aden perturbent le trafic maritime mondial.

Seize personnes au total étaient sur le banc des accusés, donc trois ont écopé de peines de prison, selon la source judiciaire qui s’est exprimée sous couvert d’anonymat car elle n’est pas autorisée à parler à la presse.

Trente-cinq autres personnes ont été arrêtés récemment à Ibb pour des raisons similaires, a-t-elle ajouté.

Dans des vidéos transmises à l’AFP, dont l’authenticité n’a pas pu être vérifiée de manière indépendante, on voit un juge dans un tribunal énumérer les charges retenues contre les accusés, incluant l’homosexualité, l’« attentat à la pudeur », l’« incitation à la débauche » et la « diffusion d’images contraires aux bonnes mœurs », avant de les condamner à une mise à mort en public.

Le verdict peut fait l’objet d’un appel.

Les Houthis, qui contrôlent les régions les plus peuplées du Yémen après près d’une décennie de guerre contre le gouvernement, n’exécutent pas toujours la peine capitale.

Selon un rapport publié en 2022 par l’Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’homme, 350 condamnations à mort ont été prononcées dans les zones rebelles depuis que les Houthis se sont emparés de la capitale en 2014, dont 11 ont été exécutées.

« Les Houthis multiplient les abus dans leur pays alors que le monde est occupé à regarder leurs attaques en mer Rouge », a dénoncé Niku Jafarnia, chercheuse pour le Yémen à Human Rights Watch.

En décembre, une militante yéménite des droits humains, Fatima Saleh Al-Arwali, a été condamnée à mort pour espionnage dans la capitale Sanaa.

Elle a été accusée d’avoir fourni des informations aux Emirats arabes unis, membres de la coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite qui appuie les forces gouvernementales depuis 2015.

Issus de la minorité zaïdite, une branche de l’islam chiite, les Houthis ont imposé des règles sociales et religieuses très strictes dans les régions sous leur contrôle, visant notamment les femmes.

La Rédaction avec l'AFP
La Rédaction avec l'AFP
AFP

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https://www.komitid.fr/2024/02/08/yemen-13-personnes-condamnees-a-mort-pour-homosexualite-source-judiciaire/

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LA DÉPORTATION DES HOMOSEXUELS

30 Novembre 2023, 20:34pm

Publié par hugo 🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️

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LA DÉPORTATION DES HOMOSEXUELS
La déportation des homosexuels – Jean le BITOUX et Emile TEMIME 9 avril 1994

Conférence-débat du 9 Avril 1994
Auditorium du Musée d’Histoire (Marseille)
Jean Le BITOUX, journaliste, écrivain
et Emile TEMIME, historien
Association Mémoire des Sexualités
(en collaboration avec le Collectif Gai et Lesbien Marseille-Provence)
Transcription : Anne Guérin – mise en page : Pascal Janvier

La DEPORTATION DES HOMOSEXUELS

INTRODUCTION
La déportation des juifs pendant la guerre de 1939-1945 a été massive et odieuse. On oublie souvent que la déportation a touché aussi de nombreuses autres minorités : tziganes, opposants politiques et religieux, handicapés et malades mentaux, prostituées, mais aussi des homosexuels. 10 000 à 20 000 homosexuels ont été déportés par les nazis, et le régime de Vichy a, là comme ailleurs, prêté mainforte à l’exode et au massacre.
Pierre Seel, l’un des rares survivants a voulu s’exprimer, après avoir longtemps cherché à oublier. Dans un livre à deux voix, avec Jean Le Bitoux, il raconte son histoire. Emile Temime qui connaît bien cette période, nous aidera à resituer le contexte de toutes ces  déportations.
Jean Le Bitoux : En juin 1940, les Allemands envahissent la France après une guerre éclair, contournent les Ardennes et se
précipitent sur l’Alsace-Lorraine, région qu’ils estiment leur appartenir. La région se trouve immédiatement sous un régime d’extrême vigilance et d’extrême répression. La résistance s’organise, mais l’Alsace-Lorraine « normalisée » est annexée au Grand Reich. Arrestations et déportations commencent
aussitôt. Il y a en Alsace-Lorraine plus de résistance et d’incarcérations que dans toute autre région de France. Des réseaux de filature et/ou de renseignement, sont mis en place. Il faut dénoncer à tout prix ceux qui sont allergiques à l’ordre nazi. Des listes de juifs et d’homosexuels sortent des tiroirs et sont remis aux Allemands.
C’est une très vieille habitude policière que de ficher, dans chaque ville, les gens qui ne sont pas comme les autres. Des témoignages fiables nous permettent d’affirmer que ces fichiers furent patiemment élaborés par la police française pendant les années qui précédèrent l’invasion. Un scandale de mœurs avait éclaté en 1934-35. Le procès n’eut jamais lieu mais il fournit à la police un prétexte pour convoquer des dizaines d’homosexuels et les interroger : « êtes-vous au courant de ce scandale ? En avez-vous fait partie ? Connaissez-vous des homosexuels ? Avez-vous un carnet d’adresses ? Donneznous
la liste des homosexuels qui y figurent ». D’un côté, il y eut une volonté de surveiller et punir, mais d’un autre côté il y eut des homosexuels voulant prouver leur innocence dans cette affaire de moeurs. Des noms furent donc livrés, en toute innocence (des membres de la famille, des voisins, des connaissances……)
Les Allemands eurent ainsi à connaître des homosexuels alsaciens et lorrains mais aussi des noms de personnages hauts placés – ecclésiastiques, par exemple – auprès desquels ils pourraient exercer un chantage discret, qu’ils pourraient surveiller davantage et qui deviendraient donc, pour des actes relevant de la vie privée, la proie de l’occupant. Toutes ces personnes devaient constituer un fichier assez important, qui devait être utilisé lors des premières rafles, en 1940/1941.

En mai 41, le jeune Pierre Seel est convoqué par la Gestapo et dès le lendemain il est introduit dans ses locaux et torturé.
Pourquoi son nom figurait-il dans le fichier des homosexuels de Mulhouse ? C’est très simple. Plusieurs années auparavant, à 17 ans, il draguait un peu dans les squares de Mulhouse. Entre le lycée et la maison familiale se trouvait un square qu’il
aimait bien. Et où, un jour, on lui vola sa montre. Indigné, il alla au commissariat se plaindre du vol. Le policier lui demanda
ce qu’il faisait à une heure très tardive dans ce square connu comme étant un square homosexuel. Le policier le réprimande,
archive sa plainte et – Pierre s’en apercevra par la suite – inscrit son nom dans le fameux fichier parfaitement illégal. Lorsque
Pierre se trouvera face à ses tortionnaires, on lui ressortira ce procès-verbal vieux de trois ans. Contrairement à d’autres
homosexuels, qui furent expulsés, Pierre ne pu nier son homosexualité, et fut expédié au camp de Schirmeck, un petit village
Pierre SEEL est ciblé

RAPPEL HISTORIQUE

A 30 kilomètres de Strasbourg où, pendant la « drôle de guerre » furent construits à la hâte des baraquements destinés à la
population frontalière à évacuer parce que trop proche du front, au cas où la guerre serait déclarée. Les Allemands
réquisitionnèrent tout ce qui ressemblait à un baraquement tout ce qui pouvait servir de parc carcéral, parce que beaucoup de gens furent arrêtes, raflés, beaucoup torturés. Le camp de Schirmeck avait pour modèle les camps de rééducation allemands.
Il y avait des barbelés des miradors, des baraquements, buanderie, économats, la séparation des hommes et des femmes… Le tout était dirigé par les SS.
M. Karlbück qui dirigea ce camp, avait déjà dirigé deux camps de concentration en Allemagne. Ancien chômeur, il devint
obersturmfürherà 44 ans. Il avait rejoint le parti nazi desannées auparavant. Il devint tout de suite une autorité dans les rangs SS. Il instaura la terreur dans ce camp où se retrouvaient toutes les populations dont le dénominateur commun était la haine
de l’idéologie nazie : communistes, républicains espagnols, résistants, tziganes, « asociaux » (dont Pierre et d’autres
homosexuels).
J’aurais du mal à vous raconter sans émotion cette période qui concerne la « vie » dans le camp de Schirmeck. Ce sont des pages terribles qui font honte à l’humanité. Pierre passe six mois dans ce camp puis on lui dit : « signez ce papier et vous pourrez sortir ». Il n’en croit pas ses oreilles, rentre chez lui, se demandant ce qu’il a signé. Et cela ne tarde pas : il est incorporé sous les drapeaux et envoyé sur le front yougoslave. Toute cette époque de la guerre est pour Pierre une épreuve terrible parce qu’il la fait dans un uniforme qu’il déteste. Après un périple hallucinant dans tous les pays d’Europe en guerre on le retrouve, en 1945, dans sa famille, à Mulhouse. Il a alors 23 ans. Sa famille est très bourgeoise. Papa est le grand pâtissier de Mulhouse. La foi catholique anime parfaitement cette famille, le patriotisme aussi. On demande à Pierre de ne pas parler de ce qu’il a vécu, de ses tortures, et surtout du motif de son incarcération. Pierre va donc se retrouver avec sa honte. Aussi, pendant trente ans, il va faire semblant d’être hétérosexuel, il va se taire, se marier, et même faire des enfants. Dans l’itinéraire de Pierre, ces années-là sont aussi lourdes que celles qu’il a vécues pendant la guerre. Pendant ces
quelques trente années, il reste ainsi figé, portant son lourd secret avec ce malheur derrière lui, et sans avenir devant. C’est l’époque de sa seconde souffrance.
En 1981, Mgr Elchinger, alors évêque de Strasbourg, que l’on peut qualifier d’intégriste puisqu’il est contre l’avortement, contre les mariages entre catholiques et protestants, et évidemment contre les homosexuels (en fait, contre tout ce qui bouge), à l’occasion d’un congrès européen, celui de l’Internationale homosexuelle – l’IGA, l’International Gay Association réunie pour la 1ère fois en France alors que la gauche vient d’arriver au pouvoir – qui se tenaitalorsà Strasbourg, fit preuve d’une réelle homophobie. Les congressistes avaient loué des chambres dans un foyer chrétien. De retour de Rome,
Mgr Elchinger donne une conférence de presse pour annoncer qu’il annule toutes les réservations alors que les congressistes sont déjà dans le train pour Strasbourg, au motif, selon lui, que les homosexuels sont des « handicapés », et que s’ils veulent faire croire qu’ils sont en bonne santé, ils se trompent !
Parce que la déclaration tonitruante de l’évêque fait du bruit dans les médias, Pierre Seel l’entend à la radio. Il est à Toulouse et il a 55 ans. Il est terriblement seul. Sa femme s’est séparée de lui et ses enfants ne le fréquentent quasiment plus. Pierre entend cette horreur, ce crachat sur l’identité homosexuelle, qui vient encore une fois d’Alsace. Il décide alors de parler, d’écrire une lettre ouverte à cet évêque, lettre qui est reprise dans la presse homosexuelle, et qui lui permet de se délivrer d’un très lourd secret. Il rappelle à cet évêque amnésique que l’Alsace a déjà souffert de ce genre d’interdit, de condamnation morale ; et qu’il ne se sent pas « handicapé » en tant qu’homosexuel, que les handicapés comme les homosexuels ont vécu dans les camps, qu’eux aussi ont été exterminés, victimes de l’idéologie nazie, de laquelle il croyait que l’Alsace était protégée.
Cette lettre ouverte n’a pas eu, pour Pierre, l’effet escompté. Il ne s’est pas fait entendre, comprendre, il n’a pas pu convaincre. Et tout à coup il s’aperçoit que pour témoigner, retracer le chemin de la déportation homosexuelle, il lui faut « des preuves ». Lesquelles ? Il n’en a aucune. Nous sommes en 1981. Quarante ans se sont écoulés. Où sonner, à quelles portes, pour avoir la preuve qu’il a été déporté, que d’autres homosexuels d’Alsace ont été raflés, torturés, expulsés ? A qui le dire pour les convaincre ? Pendant dix ans. Pierre a parcouru ce chemin en solitaire. Il ne voulait pas que le mouvement homosexuel s’occupe uniquement de lui, parce que son affaire appartenait au souvenir de toute une population, il ne s’agissait pas de la mémoire homosexuelle mais de toute la mémoire de la guerre. Au ministère des Anciens combattants et des Déportés de guerre, où on aurait dû, depuis longtemps, lui remettre sa carte de déporté, on lui ferme la porte parce qu’il n’a aucune preuve. Comment les trouver alors que les archives de Schirmeck sont presque toutes détruites, alors que celles de la Gestapo de Strasbourg ont repassé le Rhin, d’une façon étrange, à la Libération, alors qu’énormément de documents ont disparu ? Et qui trouver comme témoin d’un drame qui s’est produit il y a si longtemps ?
Pendant ces années difficiles, Pierre veut parler. Mais les papiers manquent. On le voit à la télévision, à la radio. Vous l’avez
certainement vu, vous aussi.On l’a vu dans « Perdu de vue », une émission idiote qui passe sur une chaîne privée, et qui a malgré tout un taux d’écoute, un audimat exceptionnel. Les responsables de l’émission font pression sur le ministère, lui disant : « Il faut retrouver le nom de Pierre Seel dans vos papiers, il faut résoudre ce problème. Alertez les associations de déportés, trouvez-nous les papiers de Pierre. Il est impossible que Pierre soit un mythomane qui raconte des sornettes ».
On a pu retrouver ces papiers. Au dernier moment nous les avons rajoutés dans le livre. Ils prouvent le passage de Pierre à Schirmeck, ils lui ont permis d’avoir sa carte de déporté. La commission se réunit dans quelques jours, le 16 avril. Ce jour-là j’espère que Pierre sera libéré d’un doute qui a longtemps plané sur son témoignage : ce témoignage d’un vieux monsieur qui raconte ce qui s’est passé il y a cinquante ans.
L’homosexualité est frappée, à cette époque, d’un jugement moral. Dans les années 1930/1940, lorsque les homosexuels ont fait l’objet de la haine nazie, ce jugement était encore plus sévère. Cette différence était très mal vécue, surtout dans un pays catholique fervent et patriotique. Pierre en a énormément souffert. Et cela fait partie de son silence… Juste avant la guerre, il avait pourtant affirmé son homosexualité, c’était un petit « zazou », un jeune homme élégant, il vivait une histoire d’amour avec son ami Jo (qu’il verra mourir dans le camp). Il s’assumait, ce qui était assez courageux pour un jeune bourgeois en 1939/1940. Mais à son retour de la guerre, c’est un homme détruit, terrorisé par l’ambiance qui règne à Mulhouse. Son frère aîné devient adjoint au maire. La réputation de sa famille est en jeu. Il ne songe pas à quitter l’Alsace qu’il aime, mais il y reste comme « enfermé », piégé. Son témoignage est un témoignage sur la honte.

L’idéologie nazie a toujours comporté la dénonciation des homosexuels, notamment parce qu’ils ne font pas d’enfants. Or, l’AlsaceLorraine rentrant dans le giron du nazisme, ses habitants étant à peu près des Allemands, et à ce titre ils devaient participer à la stratégie nataliste du régime, de l’idéologie nazi. Les hommes sont faits pour engrosser les femmes, et les femmes ne sont qu’un ventre, lequel appartient au Reich. C’est là le plan qu’a développé Heinrich Himmler visant à la pureté du sang et l’extermination de  tous ceux qui ne sont pas de ce sang-là.
Les homosexuels se trouvent dès lors dans une situation assez ambivalente. On va essayer de les soigner, de les rééduquer, afin qu’ils se rapprochent des femmes, qu’ils produisent quelque chose. Sinon, ils partent au front ; sinon, ils sont castrés, sinon, ils sont exterminés. On a parlé de décadence des mœurs, de perversion. Je ne crois pas que ce thème ait été un élément majeur de l’idéologie nazie. A mon avis, l’important était que la population aryenne se reproduise de façon complètement forcenée, y compris avec les « lebensborn », ces établissements qui étaient comme des usines à bébés, sur le ventre de ces femmes passaient les étalons SS pour faire le plus grand nombre possible de bébés aux yeux bleus et aux cheveux blonds.

Or les homosexuels étaient réticents à cette espèce d’industrie du bébé. S’ils ne voulaient vraiment pas s’y mettre, il fallait s’en servir comme chair à canon, ou les castrer, ou les exterminer. Autour de cette haine, se sont développées d’autres choses : ce rapport ambigu, ambivalent que nous allons peut-être évoquer, entre nazisme et homosexualité. Souvenez-vous de la « Nuit des longs couteaux ». Cette société très misogyne produisait peut-être de l’homosexualité, tout en haïssant les homosexuels. Cette idéologie super virile et misanthrope, cette ambiance dans les prisons, les milieux sportifs, les armées étaient telles qu’il y a peut- être eu des actes homosexuels. Mais il n’y a pas eu d’homosexuels, d’autant que ceux-ci n’étaient pas tolérés par l’ordre nazi. Bien sûr, il y a eu les SA, il y a eu Ernst Röhm qu’Hitler a fait exécuter, déclarant que l’homosexualité était totalement étrangère à l’univers SS. Là-dessus on peut discuter, mais dès les années 1924, dans un journal national-socialiste, la haine de l’homosexuel est explicitement formulée. On retrouve aussi des discours de Himmler aux SS expliquant que le nombre d’homosexuels en Allemagne (qu’il évalue à trois ou quatre millions) est une véritable menace pour l’Allemagne et pour la natalité. On est en guerre sur tous les fronts, les hommes partent au front, les femmes à l’usine et aux champs, tous doivent procréer, il faut que le régime nazi se reproduise, répète Himmler, car on manque de bébés.
En faisant des recherches, j’ai découvert d’autres témoignages. Comme celui d’un Alsacien de Colmar qui a été raflé peu
après Pierre, et torturé dans les locaux de la Gestapo aux fins de compléter les fichiers d’homosexuels. Mais il a été expulsé (vers la zone française, notamment Belfort) parce qu’il a nié son homosexualité, et qu’il n’y avait pas de preuve. Ou celui d’un grand résistant alsacien, Aimé Spitz qui a été arrêté lors de sa trente-quatrième ou trente-cinquième mission de résistance en Alsace et qui, au début de la guerre, a eu à comptabiliser toutes les populations expulsées d’Alsace, parmi lesquels les expulsés pour homosexualité, dont il a dressé une liste, entre juillet et décembre 1940. Nous avons donc des
preuves du fait qu’en Alsace-Lorraine la seule homosexualité permettait aux Allemands de se déchaîner, parce que nous ne sommes pas comme les autres. Des éléments qui permettent aujourd’hui de construire un dossier. Mais Aimé Spitz, lui, a témoigné juste avant de mourir alors qu’il était déjà âgé. Dans les années 1940 /1950, être homosexuel, c’est être frappé de honte. C’est l’époque de l’association Arcadie, pour qui il fallait se cacher, être comme les autres, propre sur soi, très loin de l’idée de décadence associée aux homosexuels. Cinquante ans après le drame que fut cette guerre et que l’on va bientôt célébrer avec ce grand spectacle loufoque sur les côtes normandes, avec toutes les armées et toutes les télévisions du monde, à 10 F l’entrée, pour regarder débarquer l’armée filmée par la télévision, on peut se demander si le spectaculaire sauve vraiment la mémoire. Je n’en suis pas certain. Je suis choqué par ce grand spectacle. Parlera-t-on des populations qui furent honnies par le Reich ? Des tziganes, très récemment reconnues comme populations déportées ? Sait-on qu’en France 40 000 malades mentaux ont été exterminés faute de nourriture ? Où sont les prostituées de l’époque et qui peut parler à leur place ? Personne. Certaines populations exterminées n’ont plus de mémoire et c’est peut-être là le plus terrible : ce sont des tragédies sur lesquelles nous n’avons plus aucun élément. Il faut donc remercier Pierre Seel de nous avoir fourni des documents, raconté une vie qui se déroule jusqu’à nos jours, des témoignages qui peuvent être recoupés avec d’autres
témoignages, tout aussi rares, en Allemagne. Le premier déporté homosexuel à témoigner là-bas l’a fait en 1988. Le témoignage d’un homosexuel autrichien déporté, Hans Heger a été publié en 1980. C’est dire que de telles mémoires viennent de très loin et attendent beaucoup de temps avant d’oser se dire et oser plaider pour un coin de l’Histoire qui a été oublié. Les « faits de résistance » de Pierre, exhumés par le ministère des Anciens combattants et Déportés, témoignent que l’homosexualité ne passe toujours pas aux yeux d’une génération un peu âgée, de même qu’elle ne passait pas dans les camps.
Il n’y avait dans les camps aucun système de solidarité envers ou parmi les homosexuels, alors qu’on peut deviner que les
politiques en avaient un, et les tziganes aussi. Les autres étaient unis par certains liens de famille, d’idéaux, de foi. Mais les
homosexuels étaient totalement isolés. Ils n’avaient qu’une idée (et Pierre Seel était l’un des plus jeunes du camp) de ne pas
être les boucs émissaires des autres identités, plus collectives, un petit peu moins terrorisées parce qu’elles étaient ensemble, qu’elles pouvaient se livrer à de petits trafics, s’informer. Or, Pierre Seel était seul dans le camp. A l’époque il n’existait aucun sentiment de solidarité des homosexuels entre eux. Il n’y avait pas encore d’associations homosexuelles. (Elles n’ont vu le jour, en France, qu’en 1954). Ils étaient solitaires, terrorisés, persécutés. La conscience et la protection de nos droits n’arrivent qu’après la guerre.
Quand Pierre rentre, en 1945, il doit faire face à la loi anti-homosexuels édictée par le régime de Pétain en 1942. Alors que
grâce au code Napoléon (et à Cambacérès), il n’y en avait plus eu depuis 1792. Cette nouvelle loi était inspirée par l’amiral
Darlan. Celui-ci a expliqué au maréchal qu’à Toulon, autour de l’Arsenal, beaucoup d’homosexuels attendaient l’arrivée des
marins à leur descente des navires, et que si le code militaire permettait de condamner les homosexuels dans la marine
nationale et dans les corps d’armée, par contre rien ne permettait au gouvernement de sévir contre les homosexuels civils.
Cette loi de 1942 fut promulguée avec un formidable empressement, votée à l’unanimité (je crois) sous le régime de Vichy,
par son pseudo parlement. A la Libération, tout le monde pensa, sans doute sous la pression des Américains, à supprimer les lois antisémites du code pénal, d’en faire un toilettage très approximatif. Mais tout le monde oublia d’enlever la loi antihomosexuels, qui ne fut supprimée qu’en 1982, avec la mobilisation du mouvement homosexuel et l’arrivée de M.
Mitterrand au pouvoir. Il s’agit de la suppression de l’alinéa 3 de l’article 331 du code pénal (intervenue le 2 août 1982).
Pourquoi le mouvement homosexuel ne s’est-il pas mobilisé sur la question de la déportation ? Parce que nous n’avions pas de preuves, de témoins. Que des rumeurs. Dans la littérature homosexuelle d’avant 1981/1982 il y avait très peu de chose. Pourtant on peut considérer que la déportation a fait beaucoup plus de martyrs que l’alinéa 3 de l’article 331. Celui-ci a permis des arrestations et des discriminations, mais pas des rafles, des tortures, des exécutions. C’est un dossier très ancien qui remonte aujourd’hui et que nous devons, je crois, porter ensemble parce que la déportation d’homosexuels
est l’une des hontes de l’histoire de l’Europe. Comme l’antisémitisme et le racisme d’aujourd’hui. Si l’Europe doit se construire, elle ne peut le faire en oubliant des pans entiers de son histoire, en pardonnant, par manque de preuves, à des tortionnaires d’hier. Il y a une Journée nationale de la Déportation, le dernier dimanche d’avril. Cette année nous souhaitons la célébrer à Paris mais aussi, je l’espère, dans d’autres villes. Venir avec une gerbe à la mémoire de nos aînés torturés, raflés et exterminés, cela fait toujours mauvais effet. Les associations de déportés sont toujours assez réticentes, et
c’est d’elles que dépend notre intégration ou notre exclusion du cortège officiel.
Car nous avons aussi une mémoire à honorer, nous avons aussi le souvenir de ce qu’ont vécu nos aînés. Nous n’avons pas de filiation, nous ne sommes pas une famille. Les familles peuvent transmettre un patrimoine culturel de génération. Nous ne pouvons transmettre que des documents, et l’expérience de ce que nous avons vécu. De sorte que le lien de mémoire de l’homosexualité est encore plus fragile que celui des autres parce qu’on décide seul d’être homosexuel et c’est ensuite qu’on se construit une identité collective. N’oublions pas que la mémoire, les documents, l’Histoire, sont les premières choses qu’Hitler a détruites à Berlin en 1933, en mettant à sac le Centre Hirschfeld (qui fut le fondateur du mouvement homosexuel
allemand au tout début du siècle). C’est-à-dire quelques 400 000 volumes, sans compter le buste d’Hirschfeld. Ce vilain docteur qui avait eu le double tort d’être juif et homosexuel, promené en pleine nuit dans une retraite aux flambeaux dans les rues de Berlin. Hirschfeld, ayant perdu la nationalité allemande, s’est réfugié à Nice, a tenté de continuer à faire des conférences pour expliquer que l’homosexualité méritait le respect, il a essuyé des coups de feu et est mort d’une attaque cardiaque à Nice, où il souhaitait remettre en place le Centre Hirschfeld, en 1934. Nous devons donc avoir cette exigence
de mémoire. La parole de Pierre Seel est quelque chose d’assez miraculeux, comme ce livre que nous avons pu écrire, en rassemblant les rares documents que nous avions. (Les Allemands sont beaucoup plus documentés que nous parce que leur déportation a été beaucoup plus sanglante). On ne peut pas admettre que le silence soit fait sur cette déportation tragique.
Emile TEMIME : Le cas de Pierre Seel, qui a eu tant de mal à prouver son incarcération à Schirmeck, n’est pas isolé; Il
est tout à fait courant. J’ai travaillé sur les camps, plus exactement sur une minorité peu connue qui est passée par là, à savoir les républicains espagnols à Mauthausen. J’ai découvert certaines choses. Mauthausen est le seul camp de concentration allemand sur lequel nousayons des listes précises de morts et de survivants. Car il y avait dans ce camp un secrétariat qui a pu dresser ces listes et les sauvegarder, nom par nom, alors qu’ailleurs les destructions d’archives nazies ont été systématiques, en particulier pour ce qui est des camps. On trouve aussi des noms de personnes relâchées, mais de façon tout à fait accidentelle. Ainsi y a t-il un débat, entre des gens de bonne foi, sur le nombre de juifs exterminés à Auschwitz, à Treblinka. Car nous n’avons pas ces listes. Il a fallu les énormes travaux de Serge Klarsfeld pour arriver à reconstituer à peu près certains listings, à suivre certaines trajectoires. Mais nous n’avons que des chiffres partiels.
Vous évoquez certaines minorités ayant vécu dans les camps, notamment ceux qu’on appelait les « asociaux ». En réalité, les
homosexuels ne sont pas rangés parmi les « asociaux ». Les tziganes, si. Ils portaient le triangle noir (celui des asociaux) alors que les homosexuels portaient un triangle rose. La logique concentrationnaire est quelque chose d’impeccable et d’implacable, qui a donné des catégories de gens repérables par la couleur de l’insigne qu’ils portent. Mais cela ne suffit pas. Les nazis ont systématiquement déporté les tziganes en tant que groupe. Par contre les homosexuels ont pu être incorporés dans l’armée, ou expulsés comme ceux dont vous parliez tout à l’heure. Ceci vaut aussi pour d’autres minorités. Il faut parler enfin de l’extermination commencée, mais non terminée, des handicapés et des malades mentaux. Certains ont été exterminés, pas forcément dans les camps d’ailleurs, mais dans leur cas les nazis ne sont pas toujours allés jusqu’au bout de leur logique de mort.

Sans entrer dans le détail, il faut remarquer qu’il s’agit là d’un groupe qui est visé mais qui n’est pas entièrement voué à l’extermination dès le départ.
Sur les expulsions : il y a eu, c’est exact, des homosexuels expulsés d’Alsace, mais aussi d’Allemagne, entre juin et septembre/octobre 1940. A ce moment-là, l’idéologie exterminatrice n’est pas encore en vigueur. Un exemple classique, et beaucoup plus connu : l’expulsion des juifs de Bade et d’une partie des juifs d’Alsace, en octobre 1940 précisément, vers la France de Vichy. Certains d’entre eux retrouveront plus tard les camps de concentration et d’extermination lorsqu’en 1942 ils seront raflés et envoyés là-bas. Mais en 1940 la volonté de faire disparaître ces minorités consiste seulement à chasser d’Allemagne les corps étrangers qui sont gênants. Il ne s’agit pas de les arrêter ni de les détruire physiquement. De cela il faut se rendre compte pour comprendre le caractère progressif de la politique nazie vis-à-vis des minorités. Les camps d’extermination n’existaient pas encore véritablement en janvier 1940, époque où parut un document très connu (republié
notamment par Langbeih) classant les camps de concentration en Allemagne par catégorie : or, le seul camp figurant dans la catégorie des camps d’extermination, c’est Mauthausen. Les Espagnols, dont je me suis occupé, étaient envoyés à Mauthausen parce qu’on ne savait pas quoi en faire. C’était un groupe qui gênait. Eux furent donc condamnés à mort dès le départ (quoiqu’ils ne soient pas tous morts). Mais on n’extermine pas encore à Auschwitz en 1940. Ni à Dora, ni à Buchenwald. On y parque les gens, on les maltraite, on leur inflige des sévices, ils en meurent souvent, mais ce sont des camps de concentration. La volonté d’extermination n’apparaît qu’en 1942, avec les camps du même nom. Les victimes sont alors les juifs et les tziganes, regroupés à Auschwitz. Les homosexuels, par contre, furent dispersés. On trouvait des triangles roses dans presque tous les camps d’Allemagne. C’est pourquoi il est si difficile d’en connaître le nombre. Les homosexuels ne constituaient pas une minorité à l’intérieur des camps, c’étaient des individus dispersés.
Une date à corriger : le livre de Heinz Heger à été publié en 1972 à Hambourg. C’est bien tardif, mais c’était tout de même il y a vingt ans que fut publié le premier témoignage sur les déportations des triangles roses. Mais c’est là un point secondaire.
Ce qui l’est moins, c’est le problème de l’homosexualité et de sa répression.Il faut s’interroger sur la volonté d’extermination des homosexuels. De quand date-t-elle? Quant à la législation contre les homosexuels : la loi vichyste de 1942 n’a pas eu une application très répressive. A ma connaissance, il n’y a pas eu véritablement en France de déportations d’homosexuels. Mais il y a eu des arrestations et des poursuites. Par contre, il faut rappeler qu’il existe dès avant Hitler en Allemagne une législation anti-homosexuelle. Elle n’est pas appliquée d’une façon répressive, il y a eu sur ce chapitre une plus
grande liberté en Allemagne, et moins de tabous moraux qu’en France à la même époque. Quant à l’Angleterre, pays de la liberté, elle a eu une législation homosexuelle tout à fait répressive, et qui fut appliquée pendant encore des années après 1945, avec des poursuites, des arrestations, des incarcérations dont certaines ont été très connues. La législation libérale est venue très tard en Angleterre.
La position des nazis sur l’homosexualité est en effet très ambiguë. Certes, celle d’Himmler est très claire. Celle d’Hitler l’est beaucoup moins. Au début des Hitlerjungen et des SA. Bien entendu, il y a un certain recrutement d’homosexuels. Pourquoi ne pas parler de l’homosexualité chez les SA ? Le mot « morale », employé par les nazis, me gène. Sur quoi leur morale était-elle fondée ? C’était avant tout une morale d’efficacité. J’entends par là qu’ils se servaient de l’homosexualité à des fins politiques. On a commencé à arrêter les homosexuels et à les mettre en prison en 1934-35. C’est la « Nuit des longs couteaux », puis l’exécution de SA dont c ertains était responsables de l’incendie du Reichstag. Ernst, qui occupait un poste dans la hiérarchie SS, était homosexuel et fiché comme tel.
Quand on joue au jeu politique qui consiste à justifier le massacre de la « Nuit des longs couteaux », on en condamne les acteurs en tant qu’homosexuels et « amoraux ». Il y a là un mélange de morale classique, puisque on les traite d' »amoraux », et de condamnation pour crime politique. Il y a eu à la même époque un montage politique remarquable contre Von Frisch, dont on voulait ainsi se débarrasser.
C’était le chef suprême de l’armée allemande, il n’était nullement homosexuel, mais il devait passer pour tel : d’où le montage, fondé sur le témoignage d’un homosexuel fiché et tenu par la police, qui déclara avoir été dragué par Von Frisch. Il ne resta plus à Von Frisch qu’à démissionner, comme le voulait Hitler. Même si l’on devait reconnaître par la suite qu’il s’agissait d’un autre Von Frisch. Ainsi les nazis ont-ils utilisé des préjugés courants dans une opinion publique très conservatrice et traditionaliste, pour obtenir des poursuites et des condamnations.
Pierre est arrêté début mai 41 et relâché en novembre. On ne se contente pas de le déporter, on le soumet à des pressions violentes, à des sévices. Les listes d’homosexuels sont fournies aux Allemands par la police française (ce qui n’a rien d’étonnant, depuis le Second Empire le fichage des policiers français est le meilleur du monde). Les Allemands se servent de ces fichiers comme ils le font au lendemain de la « Nuit des longs couteaux ». Ils veulent arrêter les homosexuels, mais surtout se servir d’eux pour attraper d’autres personnes. Et s’ils n’y arrivent pas, ils les expulsent Pierre dit d’ailleurs qu’il a
servi de boîte aux lettres.
Ensuite Seel va à Schirmeck, l’un des premiers camps alsaciens, camp de répression et non d’extermination, car on en sort vivant… Comme Pierre en novembre 1941. Ce que je ne comprends pas, par contre, c’est ce qu’il a dit sur le « lebensborn ».  Pierre n’a jamais voulu lire un seul livre, voir une seule émission sur l’époque de la guerre, il voulait garder sa mémoire intacte. Par contre, en lisant un livre traitant de la haine et de la race, il est tombé sur une photo d’une grande masure, un « lebensborn » à l’est de Berlin et s’est rendu compte qu’il était passé là. Mais c’est seulement en 1991 que ces souvenirs
sont revenus. Ce n’étaient que des impressions. Et pourquoi les nazis l’auraient-ils envoyé là-bas, sachant qu’il était homosexuel et que ce n’était pas en voyant de jolies jeunes filles qui servaient d’usines à bébés qu’il allait changer de sexualité.
Christian de Leusse : Je m’étonne qu’on n’ait pas plus d’informations sur d’autres homosexuels français
de cette époque, hors l’Alsace-Lorraine, dans les autres régions de france. D’autre part, pourquoi Pierre Seel n’a-t-il jamais porté le triangle rose,alors qu’il a porté la barrette bleue ?
Jean Le Bitoux : Pierre a effectivement porté une barrette bleue dans le camp de Schirmeck comme tous les
homosexuels amenés dans le même fourgon que lui. C’était la rafle homosexuelle de ce jour-là : douze personnes. L’étiquetage des homosexuels était bien une pratique allemande. La barrette bleue était réservée aux homosexuels, aux « asociaux » ou encore aux fervents catholiques (et Pierre en était un). C’étaient, selon le témoignage de Spitz, des homosexuels allemands qui portaient le triangle rose au camp de Struthof, construit d’ailleurs,avec son four crématoire, par les prisonniers de Schirmeck.
Emile Témine : Le triangle bleu était celui des apatrides, celui que portaient les Espagnols. Le triangle noir était réservé
aux asociaux. Dans tous les camps allemands. Dont Dora, Buchenwald, Mauthausen…, j’ai vu des triangles roses portés par des homosexuels. Ils ont été également introduits au camp de Struthof en Alsace. Examinons maintenant la législation de Vichy, des années 42/43. La loi contre les avortements, qui autorise une condamnation à mort pour celles qui avorteraient, date de février 1942.
La législation de l’époque trappe aussi les souteneurs, les prostituées, les personnes pratiquant l’occultisme. On a aussi retrouvé des  droits commun et des condamnés pour « motif économique » dans les camps allemands de déportation. Mais je n’ai pas eu connaissance de déportations, depuis la France de Vichy, pour cause d’homosexualité.
Jean Le Bitoux : Moi non plus, je n’ai aucun témoignage dans ce sens.

X : Y a-t-il eu des condamnations de femmes homosexuelles ?
Jean Le Bitoux : Les hommes et les femmes étant séparés dans les camps, les contacts avec les femmes étaient quasiment
impossibles, notamment dans le camps de Schirmeck. Nous avons quelques témoignages (extrêmement rares) sur des lesbiennes incarcérées, mais c’était surtout en raison de leur mode de vie, de leur volonté insolente, en quelque sorte des lesbiennes fières de l’être, des femmes homosexuelles qui paraissaient plus scandaleuses que ce qu’elles faisaient ensemble. Du moins à Berlin, pendant les années 30, quelques unes s’habillaient en pantalon,
fumaient et se tenaient la main dans les rues. C’était donc davantage leur visibilité que leur intimité, que le code ne réprimait pas puisque l’homosexualité féminine n’était pas sensée exister.
Emile Témine : Le camp de femmes, par excellence, c’est Ravensbrück. On y trouve des prostituées. Parmi les triangles verts, on remarque des « droit commun » au sens large du terme. Il y a eu quelques lesbiennes mais qui n’étaient pas condamnées, ni déportées, pour cela, pour homosexualité.
X : Une historienne allemande et féministe, Claudia Schoppmann a écrit récemment un ouvrage très important sur les lesbiennes. Ce livre, malheureusement n’a toujours pas été traduit en français. Il y est question, entre autres, de l’époque du 3ème Reich. Dans un magazine berlinois, ont été publiés il y a quelques mois, des témoignages presque anonymes sur des lesbiennes déportées. C’est un travail historique qui commence aujourd’hui, mais c’est quelque chose de très difficile, principalement parce que nous n’avons pas à notre disposition d’archives, et que ces personnes (celles qui
furent internées) sont aujourd’hui décédées. Mais nous avons, tout de même, à notre dispositions des indices, et certains amis ont témoigné, attestant que des lesbiennes ont subi de terribles sévices dans les camps, qu’elles y ont été traitées comme les dernières des merdes. Certains travaux ont été financés par un département unique en Allemagne, et même en Europe, je crois, l’Europe qui cherche à aider et même à promouvoir des recherches entreprises par des homosexuels et des lesbiennes, en la matière.
X : Quelles expériences cliniques ont été faites sur des homosexuels et des lesbiennes ?
Jean Le Bitoux : Les nazis voulaient absolument savoir si on ne pouvait pas changer quelque chose dans le
fonctionnement des homosexuels, et comment faire pour qu’ils se rapprochent des femmes. Ceci dans une période très scientiste, où l’on croyait que le progrès pourrait mener à tout, On a donc fait des expériences sur des homosexuels, qui ont toutes échoué. Sauf peut- être auprès de certains homosexuels qui ont dû faire semblant de se « convertir », pour sauver leur peau. Les expériences cliniques allaient dans tous les sens. Celles faites sur les malades mentaux étaient des horreurs, essentiellement des improvisations, sous des prétextes scientifiques, qui répondaient à un désir de torture. Pierre Seel a subi des piqûres dans le thorax qui étaient en réalité un jeu de fléchettes pour des infirmiers.Ces tortionnaires en blouse blanche s’amusaient à faire n’importe quoi, exprimant ainsi leur haine envers leurs proies, en l’occurrence des homosexuels qui s’obstinaient à le rester, ce qui était une insulte à l’ordre nazi.
De même je trouve très grave et dangereuse cette tentative faites par des scientifiques américains de découvrir un gène de
l’homosexualité, il y a six ou huit mois. Cette pseudo découverte devait, espérait-on, amener les homosexuels à se déresponsabiliser, à dire : « vous voyez bien que notre homosexualité n’est pas de notre faute, puisqu’elle est d’origine génétique ». Alors que l’homosexualité devrait être considérée comme un choix responsable, et assumé, et les autres citoyens doivent comprendre cela.
Pendant les années 1930. Hirschfeld a essayé d’expliquer que les homosexuels ne sont ni hommes ni femmes, mais qu’ils
appartiennent à un troisième sexe : phénomène qui, selon lui, devrait intéresser la médecine plutôt que la justice.
Emile Témine : Ce n’est pas du tout dans la logique nazie. Or, il y a toujours une logique dans l’horreur nazie. Par contre,
dans d’autres camps que Schirmeck, des expériences de type médical ont été pratiquées sur des homosexuels.
Emile Témine : Ce qui m’a étonné, dans le livre de Pierre, c’est l’absence des triangles verts, c’est-à-dire des kapos dans les premiers camps de concentration. Pierre était pris en charge que par les SS ?
Jean Le Bitoux : Oui.
X : En temps de dictature, est-ce que les homosexuels ne seront pas toujours exclus et pris pour des boucs émissaires puisqu’ils seront considérés, par le pouvoir en place, les dictateurs comme des asociaux ?
Jean Le Bitoux : Je suis convaincu que les homosexuels, s’ils ne sont pas organisés, s’ils n’ont pas une
parole, s’ils n’ont pas défini les droits qui les protègent, seront toujours pris pour des boucs émissaires, en effet, au même titre que les « sémites », les immigrés, etc. On va chercher dans la conscience populaire la plus primaire les moyens de fabriquer dela haine mais en l’utilisant, comme Le Pen, pour proposer un nouvel « ordre nouveau ». Ce sont là des zones sensibles de fascination / répulsion. Jankélévitch dit « c’est la différence qu’on ne voit pas qui inquiète ». De sorte que l’autre est quasiment accusé de cacher sa différence, pour ne pas m’inquiéter, moi. Par contre si l’autre dit sa différence, un rapport de force social peut s’installer, et nous protéger. Dans le cas contraire, l’homosexualité sera toujours utilisée pour en appeler à un ordre autoritaire.
Emile Témine : Les dictatures se servent toujours des minorités, « asociales » parce que s’écartant d’une norme
imposée par ces dictatures.
Jean Le Bitoux : Les droits des homosexuels d’un pays concernent toute la population, car si l’homosexualité est vilipendée, on pourra toujours accuser un ennemi politique, par exemple, d’être homosexuel afin de s’en débarrasser. N’importe qui peut être ainsi « calomnié ». Il y a le cas de Von Frisch, mais aussi celui du cinéaste arménien dissident Sergueï Paradjanov qui, il y a 15 ans, a été accusé de pédérastie et de viol d’enfant (choses parfaitement ignobles aux yeux de la population soviétique), afin de casser lasolidarité autour de lui.
Emile Témine : Dans cette affaire, ambiguïté et hypocrisie vont de pair. Comme dans le cas du seul ministre de
l’Education nationale qui ait été notoirement homosexuel (il ne s’en cachait pas) et qui a occupé ce poste dans le
gouvernement de Vichy. On légifère contre l’homosexualité, mais on se garde bien de sévir, on l’accepte au contraire
lorsqu’elle concerne certaines personnes bien pensantes.
Jean Le Bitoux : Lorsqu’on se considère comme « la race des seigneurs » on peut s’autoriser à soi ce qu’on interdit
aux autres. C’est peut-être cela qui fonde les SA, ces miliciens qui dénoncèrent violemment Hirschfeld au cours de leurs meetings, et qui l’accusaient de faire de la propagande pour la sodomie, alors que ces mêmes SA la pratiquaient entre eux. Certains aspects de l’ordre nazi ont malheureusement été exportés après leur chute, aux Etats-Unis, où l’on a longtemps cherché comment « soigner » l’homosexualité. Ce fut l’obsession de nombre de médecins et de chirurgiens. Il existait une technique appelée thérapie d’aversion, avec des fils électriques qui réagissaient chaque fois que vous bandiez sur des photos érotiques. Autre technique, il y a eu aussi la lobotomie (originaire d’Allemagne). Technique qui a continué à être pratiquées aux Etats-Unis jusqu’aux années 1970. On retrouve là cette haine de la différence qu’il fallait exorciser chirurgicalement.
X : On cite des chiffres de 5.000 à 20.000 déportés homosexuels. Un historien qui n’y connaissait pas grand-chose a parlé de 200.000. Qu’en est-il de telles statistiques ?
Emile Témine : II y avait quelques dizaines de déportés homosexuels à Mauthausen. Pour les autres camps de concentration, je suis incapable de donner des chiffres. A Dora, il y a eu un moment de relative résistance et il s’est trouvé un homosexuel dans le groupe qui dirigeait le comité de résistance. Ce qui est extraordinaire, parce qu’on ne retrouve rien de tel dans les autres camps, où les triangles roses sont toujours mis à part, à l’écart des autres prisonniers.

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Ca veut dire quoi au juste, "queer" ?

31 Mars 2023, 02:17am

Publié par hugo

 Ca veut dire quoi au juste, "queer" ?
Publié le Lundi 27 Mars 2023
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.

Ca veut dire quoi au juste, "queer" ?
Notre rubrique "Le Lexique" vous propose d'apprendre le sens précis des (très) nombreux mots qui font les cultures féministes et LGBTQ. Aujourd'hui, une question épineuse : ça veut dire quoi au fond, "queer" ?
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Désormais, Terrafemina vous propose son "Lexique" afin de comprendre le sens de termes de plus en plus employés... Mais pas toujours définis au mieux, quand il s'agit d'aborder les enjeux féministes, mais aussi le rapport au genre, à l'orientation sexuelle et à l'identité.

Exemples ? Féminisme intersectionnel, misandrie, non-binarité, pansexualité, cisgenre, transphobie... Ils ne manquent pas, ces mots sur lesquels vous êtes déjà forcément tombé, mais qui ont nécessité une petite recherche Google.


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Quitte à sérieusement vous emmêler les pinceaux. Pas de panique, nous sommes là pour ça. Et si nous commencions par le terme au coeur de bien des causes, oeuvres culturelles populaires et autres manifs ? Un mot anglais qui au fil des décennies fut employé pour désigner les personnes homosexuelles, avant que que son sens ne devienne plus profond encore...

Ce terme, c'est évidemment : "queer".

Un mot d'actu : il est revenu sur le devant de la scène avec la diffusion l'an dernier sur Peacock de la série Queer As Folk, la nouvelle version du show américain éponyme (et cultissime), relatant le quotidien d'un groupe d'amis, homos et lesbiennes, entre crises de coeur et coming out. On pense également à une émission de téléréalité associant relooking, cuisine, mode, déco, à retrouver sur Netflix : Queer Eye. Un programme populaire mettant en scène cinq gays trentenaires.


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Plus encore, si les séries vous passionnent, vous n'avez pas pu échapper aux récents et nombreux articles dédiés à vos persos préférées. Sur le web, certains sites se demandent ainsi si Mercredi Addams, incarnée par Jenna Ortega dans le show Netflix du même nom, "est queer" ou pas. En parallèle, d'autres s'interrogent concernant Eloïse Bridgerton, l'héroïne des Chroniques de Bridgerton (sur Netflix toujours) : "et si elle était queer ?".

On l'a compris, le "queer" est chic. D'accord, mais kézako ?

A la télé, la série "Queer As Folk" a rendu le terme "mainstream"
A la télé, la série "Queer As Folk" a rendu le terme "mainstream"
Bizarre, vous avez dit bizarre ?
"Queer" est un adjectif anglais. Dans la langue de Shakespeare, il signifie "bizarre" ou "étrange". Assez tôt, le terme fut précisément employé pour "insulter les hommes homosexuels", précise le site d'Interligne, centre spécialisé en matière d'aide pour la communauté LGBTQ. Oui, tous les hommes homos d'un coup.

"Assez tôt", c'est un euphémisme : le très complet roman graphique Queer Theory, paru en début d'année chez nous (Ed. La Découverte), nous apprend que "queer" est devenu une insulte homophobe... Dès la fin du dix-neuvième siècle. En 1894 déjà, on trouve dans des lettres des occurrences du terme en tant qu'insulte exprimant la haine des gays, révèle l'autrice Meg-John Barker.

Mais dans les années 80, les principaux concernés se réapproprient le mot et en font une forme de fierté, de signe d'appartenance : la communauté gay se définit comme "queer" pour mieux rétorquer aux homophobes et défendre leur droit d'exister, qu'importe si leur "étrangeté" offusque les plus réacs. En 1990 par exemple, la Gay Pride de New York accueille en ses rangs un groupe de militants baptisé "Queer Nation".

"Queer Theory : une histoire graphique", un ouvrage indispensable
"Queer Theory : une histoire graphique", un ouvrage indispensable
Mais depuis les années 80, le "queer" a bien changé.

Ainsi pour le Larousse, ouvrage de référence incluant les mobilisations de son époque (l'an dernier, le dictionnaire accueillait le terme "Grossophobie"), est désormais queer toute personne "dont l'orientation ou l'identité sexuelle ne correspond pas au modèle social hétéronormé, et qui affirme son refus des catégories liées au sexe".

Par "catégories", il faut comprendre "binarité" : la désignation de deux genres, le masculin et le féminin, qui correspondraient à tout un éventail de stéréotypes bien connus dans notre société.

Par exemple ? Apprendre aux petites filles à rêver au prince charmant - un homme, forcément. Banaliser des clichés du style "le rose pour les filles, le bleu pour les garçons" ou "les garçons ne doivent pas pleurer", et autres inepties. Bref, tout ce qui définit le "modèle social hétéronormé", pour reprendre les mots du Larousse. Cela incite à agir selon des valeurs et des schémas qu'on nous a vendu comme des "trucs de mecs" ou "de meufs".

"Queer et fières", un manuel jeunesse pour s'initier à la culture LGBTQ.
"Queer et fières", un manuel jeunesse pour s'initier à la culture LGBTQ.
Serait queer une personne qui contesterait ces assignations, et encouragerait à penser, et à SE penser, par-delà cette binarité "hommes/femmes". Un état d'esprit de plus en plus médiatisé de nos jours. Dans la mode, sur les réseaux sociaux et dans l'art, des hommes ont ainsi progressivement affirmé ces dernières années leur plaisir à porter des jupes ou du vernis à ongles par exemple.

C'est le cas du chanteur Harry Styles, auquel a pu être associé le mot "queer". Cependant, des militants LGBT accusent l'artiste de "queerbaiting" : médiatiser une posture "queer" de manière opportuniste afin de fédérer toute une communauté. Il n'empêche, l'exemple hyper "mainstream" de Harry Styles est venu d'autant plus imposer le qualificatif de "queer", comme volonté de bousculer les stéréotypes de genre. De ne rien figer.

En somme : de refuser les étiquettes et l'identité fixe qui va avec. Ne pas juste se dire "gay", "homme", "femme", "lesbienne", mais penser son identité et son rapport au monde par-delà tous ces mots qui peuvent cloisonner.

C'est d'ailleurs là la conclusion d'un guide illustré pour les plus jeunes (à partir de 14 ans) édité par Gallimard Jeunesse et sorti en février dernier, l'excellent Queer et fières. Ses autrices Rowan Lewis et Jacky Sheridan expliquent que les personnes qui se revendiquent queer le font notamment "parce que d'autres étiquettes ne leur correspondent pas".

Et qu'elles trouvent en ce "queer" devenu beaucoup plus théorique qu'il y a quarante ans la catégorie parfaite : celle de n'en avoir aucune...

SOCIÉTÉ NEWS ESSENTIELLES LGBTQI SEXUALITÉ HOMOSEXUALITE LESBIENNE FEMINISME


https://www.terrafemina.com/article/lgbtq-ca-veut-dire-quoi-au-juste-queer_a369008/1

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Allemagne : une majorité d'évêques pour la bénédiction d'unions de couples de même sexe

20 Mars 2023, 18:43pm

Publié par hugo

Allemagne : une majorité d'évêques pour la bénédiction d'unions de couples de même sexe
Publié le 13 mars 2023 à 11 h 15 min
Une grande majorité d'évêques allemands et d'organisations catholiques laïques, réunis en synode, se sont prononcés vendredi 10 mars pour la bénédiction d'unions de couples de même sexe dans les églises catholiques de ce pays.
crédit : Shutterstock.
Par cette décision, des catholiques allemands défient une nouvelle fois le Vatican qui considère l’homosexualité comme un péché.

En 2021 et 2022, certains prêtres catholiques avaient organisé des cérémonies dans toute l’Allemagne pour des couples d’hommes gays et de femmes lesbiennes. Le vote de vendredi est donc de nature à amplifier le mouvement.

Vendredi 10 mars, parmi tous les délégués présents au synode, 176 se sont prononcés pour une bénédiction des unions de couples de même sexe, 14 étaient contre, et 12 se sont abstenus : cela correspond à une approbation à 92,6 %.

La majeure partie des évêques y étaient également favorables : 38 ont dit “oui” à la célébration des unions de couples de même sexe, 9 “non” et 12 se sont abstenus.

Dans leur diocèse, les évêques sont cependant toujours libres d’agir comme bon leur semble malgré la décision du synode vendredi, ce qui veut dire que les opposants à cette mesure pourront continuer à refuser les célébrations.

En 2021, la Congrégation pour la doctrine de la foi du Vatican – qui s’appelle depuis 2022 le dicastère– avait publié une note dans laquelle elle réaffirmait considérer l’homosexualité comme un “péché” et confirmait l’impossibilité pour les couples du même sexe de recevoir le sacrement du mariage.

En janvier 2022, une centaine de catholiques allemands LGBTI+, prêtres ou impliqué·es dans leur paroisse, avaient fait leur coming-out pour dénoncer la politique “discriminatoire” de l’Eglise, un des principaux employeurs du pays.

Lire aussi : Coming out collectif chez les catholiques allemands LGBTI+
La religion catholique reste la première confession en Allemagne, suivie par les églises protestantes, malgré un nombre de fidèles qui décroît.

La Rédaction avec l'AFP
La Rédaction avec l'AFP
AFP

Lire aussi
Ouganda : six hommes arrêtés pour "pratique homosexuelle"
Italie : manifestation contre les restrictions du gouvernement Meloni aux droits des familles homoparentales
Le président ougandais Yoweri Museveni qualifie les « homosexuels » de « déviants »
Le Venezuela décriminalise l'homosexualité au sein de l'armée
Etienne Deshoulières : « Il est essentiel de travailler en bonne entente avec les organisations LGBT dans les pays pénalisant l’homosexualité »


https://www.komitid.fr/2023/03/13/allemagne-une-majorite-deveques-pour-la-benediction-dunions-homosexuelles/

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Avec ce couple de mamans homosexuelles, Disney met la tolérance à l'honneur,femmes,societe,hosexuelle,RESPECT

12 Août 2017, 02:25am

Publié par hugo

 Avec ce couple de mamans homosexuelles, Disney met la tolérance à l'honneur
par Anais Moine le 8 août 2017
3 114 partages 
La chaîne familiale Disney Channel a une fois encore œuvré en faveur de la tolérance. Un nouvel épisode du très populaire Docteur La Peluche met ainsi en scène un couple interracial et lesbien. Une action qui peut sembler anodine mais qui participe à l'ouverture d’esprit de centaines de milliers d’enfants.
Docteur La Peluche est une des séries d’animation préférée des tout petits. A sa création en 2012, le public a grandement salué le choix de la production de mettre à l'honneur une jeune héroïne afro-américaine dont la mère est médecin. En effet, il est rare que Disney "se mouille" en choisissant des personnages principaux noirs. De plus, la figure de la mère médecin qui inspire sa fille a été particulièrement bien accueillie.
Dans son dernier épisode, Docteur La Peluche s'attaque à un nouveau combat en mettant en scène un couple homosexuel. Loin d’expliquer aux enfants l’histoire de ces deux mamans, les réalisateurs ont plutôt décidé d’en faire totalement abstraction. Ne pas justifier aux jeunes téléspectateurs la différence est en effet une excellente manière de leur faire comprendre que rien n’est anormal dans cette situation et que ce couple de parents est en réalité comme tous les autres.
L’épisode intitulé "Le Plan d’urgence" est également l’occasion pour de nombreux enfants de voir une famille "comme la leur" dans leur dessin animé favori. Chris Nee, productrice exécutive de la série d’animation a déclaré à GLAAD avoir "toujours vu Docteur La Peluche comme un show qui expliquait ce que c’était d’accepter tout à chacun comme un membre à part entière de notre propre communauté." Chris, qui a d’ailleurs écrit le script de l’épisode en question, s’est également confiée sur ses motivations, "En tant que membre d’une famille formée par deux mamans, je suis fière d’avoir un épisode qui reflète le monde de mon fils et qui montre à tous ce qu’est l’amour dans Docteur La Peluche".
Si précédemment Disney avait déjà fait intervenir des couples homosexuels dans ses séries comme en 2014 dans Bonne chance Charlie !, c’est la première fois que le géant américain met en lumière un couple homoparental dans un dessin animé réservé aux plus petits.
Une avancée prometteuse qui laisse entrevoir un avenir plein de tolérance !
Voir aussi : Ces princesses Disney qu'on adore

http://www.aufeminin.com/news-societe/disney-channel-tolerance-enfance-s2339210.html

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Le mariage gay en Allemagne pourrait enfin être légalisé en Allemagne grâce à cette décision d'Angela Merkel,politiques,racisme,

26 Juin 2017, 23:22pm

Publié par hugo

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Taïwan légalise le mariage homosexuel mais 74 états répriment encore les personnes LGBTQ,lois,droits,homophobie,

25 Mai 2017, 14:22pm

Publié par hugo

Taïwan légalise le mariage homosexuel mais 74 états répriment encore les personnes LGBTQ
25/05/2017 | 12h37
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Voilà, c’est dit : Taiwan va légaliser les unions entre individus du même sexe, au grand soulagement de la communauté gay. Mais aujourd’hui encore, nombreux sont les pays où il ne fait pas bon être homosexuel.
C’est une décision juridique qui sonne comme un cri salutaire. Pour la première fois en Asie, la justice va autoriser le mariage gay. La Cour constitutionnelle laisse deux ans au gouvernement de Taiwan pour rectifier le Code Civil. “La loi doit protéger la liberté des individus de se marier et leur droit à l’égalité “ s’est réjouie la présidente de la République Tsai Ing-wen. En ouvrant la porte au progrès ce 24 mai, l’île nationaliste nous rappelle par effet-miroir la situation rétrograde de la Chine et de ses accablantes “cures anti-homosexualité“. Mais aussi celle d’un paysage international où subsistent interdictions et répressions.

“Viol” du principe constitutionnel 

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 蔡英文 Tsai Ing-wen ✔ @iingwen
"The law must protect the people's freedom of marriage and right to equality." Full statement from the Presidential Office below:
16:07 - 24 May 2017
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“C’est une grande victoire, non seulement pour l’égalité des droits mais pour le peuple entier” décoche Victoria Hsu. Selon cette fervente présidente d’association pro mariage gay, le Code civil de Taiwan viole la Constitution en avançant noir sur blanc que “le mariage ne peut unir qu’un homme et une femme“. Jusqu’ici, le principe d’égalité était passé aux oubliettes. Attendu au tournant par les citoyens asiatiques, la Cour Constitutionnelle taïwanaise corrige enfin cette contradiction. Et l’affirme sans détour au gré d’un discours :

“Si les lois appliquées ne sont pas modifiées au cours des deux années à suivre, deux personnes du même sexe souhaitant s’unir seront autorisées à le faire. L’orientation sexuelle est une caractéristique immuable, elle résiste au changement. Une fois que la liberté d’union entre deux personnes du même sexe sera reconnue par la loi, elle constituera aux côtés du mariage entre individus de sexe opposé la base d’une société stable”

En ouvrant la voie au mariage gay, Taiwan rejoint la France, les Pays-Bas, le Canada, l’Irlande, la Suède ou encore l’Espagne sur le banc du progressisme. Pour Chi Chia-wei, activiste pro-LGBTQ, cette victoire apaise les angoisses qui l’assaillent depuis trente ans, date de sa première lutte en faveur du mariage gay. “Il fallait le faire, appuie le militant, car en légalisant le mariage, le Code Civil et la Constitution de Taiwan considèrent enfin les gays comme des êtres humains”. Mais cette politique défendue par la présidente Tsai Ing-wen est loin d’être monnaie courante du côté des pays asiatiques. Union civile, mariage et adoption pour les couples gays sont interdits de l’Indonésie au Cambodge, de la Mongolie à la Chine et de la Thaïlande à l’Inde, comme du côté des deux Corée. Ces pays ne corrigent aucunement les discriminations relatives à l'”orientation sexuelle“…pis, ils la répriment. Et ils ne sont pas les seuls.

Les personnes LGBTQ pénalisées dans 74 états

Pays autorisant le mariage gay :. Taïwan premier pays asiatique à le légaliser. ️‍ pic.twitter.com/Hraxs6dQWO

— gxbp (@GabinParisot) May 25, 2017

20 mai 2017. Il a fallut attendre cette date tardive pour que le Liban organise la première Gay Pride du monde arabe. La Beirut Pride fait grincer des dents, là où l’homosexualité, qualifiée d’acte “contre-nature“, fait l’objet d’amendes et d’emprisonnement. Aux alentours, Arabie Saoudite, Afghanistan et Iran pénalisent l’homosexualité en banalisant la peine capitale. Sous couvert de Charia, les châtiments s’étendent de flagellations en lapidations publiques. Dans le monde, on dénombre aujourd’hui pas moins de dix pays où l’homophobie tue encore. Il ne fait pas bon être gay en Egypte – au risque de finir derrière les barreaux pour “incitation à la débauche, débauche et attentat à la pudeur” – ni en Russie, où l’homosexualité s’érige en décadence “sataniste“, corrigée par certaines organisations religieuses à vocation “thérapeutique“.

Cette répression instaurée en système a un nom : l'”homophobie d’état“. Le terme est brandi du côté de Slate Afrique pour désigner la criminalisation de l’homosexualité appliquée dans 38 pays d’Afrique sur 54. En Ouganda, Soudan, Somalie, Nigeria et Mauritanie notamment, la loi condamne à la mort ou à la prison à perpétuité les gays “récidivistes“, menaçant au passage les organisations de défense des homosexuels. Interrogé par 20 Minutes, Renato Sabbadini, directeur exécutif de l’ILGA (Association Internationale des Lesbiennes, Gays, Bi, Trans et Intersexe), rappelle que cet archaïsme est un héritage du colonialisme. Et déplore la régression dernièrement observée en Ouganda et au Nigeria, zones sévèrement gay unfriendly, “où il existait déjà une loi contre les activités sexuelles entre personnes de même sexe [avant que ne furent rajoutées] des peines plus sévères“.

“73 pays considèrent toujours l’homosexualité comme un crime, développe-t-il, mais si on regarde les choses sur un intervalle de dix ans, en 2006, ils étaient 93 états. Dans les dix dernières années, une vingtaine de pays ont modifié leur loi et ne pénalisent plus l’homosexualité, c’est déjà une amélioration.”

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 Andrew ‏اندرو @_drewki
Anti-sodomy laws in Africa are a product of colonialism. The same Western countries that imported homophobia now paint Africa as homophobic. https://twitter.com/tililaaa/status/867355922372407297 …
23:06 - 24 May 2017
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Professeur à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa, Stephen Brown insiste sur l’instrumentalisation de l’homophobie. La répression de l’homosexualité serait une façon de “clamer sa haine des autres civilisations” et en particulier de l’Europe, argument politique exploité de l’Afrique à la Russie, et ce jusqu’aux contrées du Moyen Orient. Le cas du Zimbabwe, “où l’on en fait une question de fierté nationaliste“, en témoigne. Imperturbable, son président l’a affirmé en janvier dernier : “En Afrique, nous sommes guidés par nos valeurs, ce qui appartient à l’Occident doit y rester et ne doit pas être appliquées chez nous”.

“Cette décision aura des implications pour la région”

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 Dan Ming @DanMing
Taiwan top court rules in favour of gay marriage http://bit.ly/2rjOyoW 
12:04 - 25 May 2017
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A l’inverse, Taiwan promulgue aujourd’hui un mouvement d’ouverture. La légalisation constitutionnelle du mariage homosexuel apparaît comme la revendication d’un esprit d’indépendance, dédouanée de l’homophobie d’état de ses collègues asiatiques. “Stigmatisé par Pékin, Taïwan a une volonté de s’affirmer comme un État à part, unique, avec une société jeune, libre et ouverte dans un contexte démocratique très fort” détaille dans les pages de La Croix l’éditeur Mark Wu, militant des droits LGBTQ. Pékin, dont l’on retient surtout sa censure d’événements culturels gay friendly, ses fermetures de bars gays, et ses cliniques “désintoxiquant” les homosexuels à grands coups d’électrochocs…

Au creux de ce panorama peu reluisant, la marche de Taiwan a tout du pas en avant. Elle en appelle peut être à de plus grandes avancées, à en lire Mme Lu, militante de la Taiwan LGBT Hotline Association, qui espère déjà que “cette décision aura des implications pour la région” . Sous entendu, que le respect de “l’union libre” se propage à l’avenir sur les territoires japonais et coréens. Mais l’emblématique arc-en-ciel peut-il étendre ses rayons jusqu’aux mentalités les plus lointaines ?

http://www.lesinrocks.com/2017/05/25/actualite/monde/taiwan-legalise-le-mariage-homosexuel-mais-74-etats-repriment-encore-les-personnes-lgbtq-11948291/

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