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Le blog de hugo,

Près de 3000 enfants dorment à la rue, selon l’Unicef et la Fondation Abbé Pierre

26 Octobre 2023, 03:14am

Publié par hugo 🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️

Près de 3000 enfants dorment à la rue, selon l’Unicef et la Fondation Abbé Pierre
Christelle Murhula
 Publié le 18 octobre 2023 à 12h15

MADMOIZELLE  SOCIÉTÉ
Dans une tribune, les deux associations ainsi que de nombreux élus dénoncent les chiffres records du nombre d’enfants dormant à la rue, en hausse de 42% en seulement un mois.
C’est un triste record que dénoncent l’Unicef et la Fondation Abbé Pierre. Selon les deux organisations, près de 3000 enfants dorment dans la rue, un chiffre en nette augmentation, et ceci, en seulement un mois.


C’est dans une tribune publiée ce 17 octobre, que l’Unicef France, la Fondation Abbé Pierre, d’autres associations, ainsi qu’une cinquantaine d’élus, ont tiré la sonnette d’alarme. Ils interpellent les pouvoirs publics, et les somment à « prendre des mesures d’ampleur pour mettre fin à cette situation insoutenable et contraire aux droits de l’enfant ». Ils dénoncent une situation alarmante : « Aujourd’hui 2 822 enfants [dorment] dans la rue ou tous autres lieux les privant de conditions de vie dignes et sécurisantes ».

686 enfants de moins de 3 ans dorment dans la rue
Car si le 2 octobre, ils étaient 2 822 enfants dans cette situation – dont 686 enfants de moins de 3 ans –, cela représente une hausse de 42 % de plus en seulement un mois, puisqu’en septembre dernier, ils étaient 2000 à dormir dans la rue. Des chiffres sous-estimés selon l’Unicef, et qui entraîne un traumatisme chez les enfants qui sont « pénalisés dans leur développement, leur santé, leur scolarité, et confrontés dès le plus jeune âge aux inégalités et à la grande pauvreté », peut-on lire dans la tribune.

Les signataires de cette tribune dénoncent « des moyens insuffisants pour répondre à cette urgence sociale », mais demandent également « une hausse du nombre de places d’hébergement et une politique ambitieuse du logement ».

Pour l’heure, le gouvernement a seulement prévu de maintenir les 203 000 places déjà existantes. Selon les associations, il faudrait créer au moins 10 000 places d’hébergement d’urgence supplémentaires, ainsi que « la mise en œuvre d’une programmation pluriannuelle de la rue au logement ».


Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

Crédit photo de la une : pixelshot


 https://www.madmoizelle.com/pres-de-3000-enfants-dorment-a-la-rue-selon-lunicef-et-la-fondation-abbe-pierre-1586363

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Paroles de Amour Censure

26 Octobre 2023, 02:38am

Publié par hugo 🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️

 Paroles de la chanson Amour Censure par Hoshi lyrics officiel
Écoutez "Amour Censure"
sur Amazon Music Unlimited (ad)
Amour Censure est une chanson en Français

Au placard, mes sentiments
Surtout ne rien dire et faire semblant
Être à part, un peu penchant
Au bout du navire, je coule doucement

Maman, désolée, j'vais pas te mentir
C'est dur d'effacer tout ce qui m'attire
Un peu dépassée par tout mes désirs
Papa, c'est vrai, j'ai poussée de travers
J'suis une fleur qui se bat entre deux pierres
J'ai un cœur niqué par les bonnes manières

Est-ce qu'on va, un jour, en finir
Avec la haine et les injures?
Est-ce que quelqu'un viendra leur dire
Qu'on s'aime et que c'est pas impur?
Pour pas que j'pense à en finir
Vos coups m'ont donné de l'allure
Pour le meilleur et pour le pire
J'prendrai ta main, un jour, c'est sûr

Il n'y a pas d'amour censure
Il n'y a que de l'amour sincère
Il n'y a pas d'amour censure
Il n'y a que de l'amour sincère

Travestir qui je suis vraiment
Faire taire la rumeur
Les mots sont tranchants
Se mentir à s'arracher les dents
Ils cherchent un docteur
On souffre sans être souffrant

Maman, désolée, j'ai pris tes calmants
C'est pas que j'voulais partir, mais c'est violent
J'voulais juste dormir un peu plus longtemps
Papa, t'inquiète, j'ai appris à courir
Moi aussi, j'veux une famille à nourrir
On s'en fout près de qui j'vais m'endormir

Est-ce qu'on va, un jour, en finir
Avec la haine et les injures?
Est-ce que quelqu'un viendra leur dire
Qu'on s'aime et que c'est pas impur?
Pour pas que j'pense à en finir
Vos coups m'ont donné de l'allure
Pour le meilleur et pour le pire
J'prendrai ta main, un jour, c'est sûr

Est-ce qu'on va, un jour, en finir
Avec la haine et les injures?
Est-ce que quelqu'un viendra leur dire
Qu'on s'aime et que c'est pas impur?
Pour pas que j'pense à en finir
Vos coups m'ont donné de l'allure
Pour le meilleur et pour le pire
J'prendrai ta main, un jour, c'est sûr

Il n'y a pas d'amour censure
Il n'y a que de l'amour sincère
Il n'y a pas d'amour censure
Il n'y a que de l'amour sincère


https://www.paroles-musique.com/paroles-Hoshi-Amour-Censure-lyrics,p194315

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52 % des Français n’approuveraient pas qu’une princesse Disney soit lesbienne

26 Octobre 2023, 02:29am

Publié par hugo 🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️

 52 % des Français n’approuveraient pas qu’une princesse Disney soit lesbienne
Par Mélodie CapronnierPublié le 17/10/2023 à 11:00
princesse Disney lesbienne
Les Français estiment que regarder des films Disney les a rendus plus tolérants. Cela ne les empêche pas de refuser la représentation de personnages LGBTQIA+ dans les dessins animés, ou de s'opposer à la modification de scènes problématiques.


Ce lundi 16 octobre 2023, Walt Disney Pictures célébrait son centième anniversaire. Pour cette occasion marquante, l'Ifop a mené une étude sur la vision des Français sur les films Disney, en partenariat avec l'agence Flashs et le site Voyage avec nous. Le sondage, réalisé début octobre auprès de 1011 personnes de 18 ans et plus, révèle que 63 % des personnes interrogées affirment que regarder les productions du studio leur ont permis d'être plus tolérantes. Pourtant, elles s'opposent aussi à la moindre évolution des films Disney, notamment au niveau de l'inclusivité.


Les Français ne veulent pas moderniser les classiques Disney
62 % des Français se disent opposés à la modification des classiques Disney pour les adapter aux valeurs sociétales actuelles, donc 32 % de ceux qui se disent progressistes et 89 % de ceux qui se disent très conservateurs. Cela va de refuser que les nains de Blanche Neige soient remplacés par des créatures magiques (77 %), à refuser de supprimer les scènes de Blanche Neige ou de La Belle au Bois Dormant sont réveillées par les princes qui les embrassent alors qu'elles dorment et ne peuvent pas donner leur consentement (70 %). De la même façon, pour 71 % d'entre eux, il ne faut pas modifier l'histoire pour que Blanche Neige ne soit pas sauvée par le prince et ne rêve pas de trouver le grand amour.


Les Français ne veulent pas d'une princesse Disney lesbienne
Les Français sont un peu moins fermes sur la question de l'inclusivité et de la diversité de les films Disney, mais cela ne les empêche pas de les refuser. Ainsi, 53 % des personnes interrogées sont défavorables à la représentation de personnages LGBTQIA+, dont 43 % des 18-24 ans et 40 % des progressistes. Par ailleurs, 52 % des sondés disent être opposés à la création d'une princesse Disney lesbienne, dont 34 % des 18-24 ans et 67 % des plus de 65 ans. Fait intéressant : plus les personnes regardent des films du studio, et plus elles sont ouvertes à la question. En effet, 27 % de ceux qui consomment des contenus Disney toutes les semaines sont défavorables à une princesse homosexuelle, contre 64 % de ceux qui n'en regardent jamais.


Les Français ne sont pas engagés pour la diversité dans les films Disney
De la même façon, le choix d'une actrice latino-américaine joue Blanche Neige en 2024 est désapprouvée par 48 % des sondés. 46 % d'entre eux disent aussi avoir désapprouvé le choix d'une actrice afro-américaine, Halle Bailey, pour jouer la Petite Sirène en 2023. D'ailleurs, seulement 42 % des Français estiment qu'il est important que les princesses Disney représentent la diversité ethnique. La question divise selon l'âge (67 % des 18-24 et 60 % des 25-34 ans trouvent cela important, contre 36 % des 50-64 ans et 25 % des plus de 65 ans), et le genre, car les femmes sont 46 % à y accorder de l'importance, contre 38 % des hommes.


https://www.magicmaman.com/52-des-francais-n-approuveraient-pas-qu-une-princesse-disney-soit-lesbienne,3760003.asp

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Japon : décision de justice très attendue sur le changement d'état civil des personnes trans

26 Octobre 2023, 02:27am

Publié par hugo 🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️

 Japon : décision de justice très attendue sur le changement d'état civil des personnes trans
Publié le 25 octobre 2023 à 9 h 30 min
La Cour suprême japonaise doit prononcer mercredi 25 octobre un jugement très attendu sur la légalité de l'obligation faite aux personnes trans de subir une opération chirurgicale pour officialiser leur changement d'état civil.
Drapeau trans/Shutterstock
La Cour suprême japonaise doit prononcer mercredi 25 octobre un jugement très attendu sur la légalité de l’obligation faite aux personnes trans de subir une opération chirurgicale pour officialiser leur changement d’état civil.

Au Japon, une personne trans souhaitant que les registres d’état civil reflètent sa transition de genre doit saisir un tribunal pour les affaires familiales après avoir subi une chirurgie de réassignation sexuelle, en vertu d’une loi adoptée en 2003.

Elle doit aussi prouver l’absence de capacité reproductive, ce qui nécessite généralement une stérilisation.

Toute personne souhaitant ce changement d’état civil doit également être célibataire, ne pas avoir d’enfants mineurs et être officiellement diagnostiquée comme souffrant de dysphorie de genre, c’est-à-dire d’une détresse causée par une inadéquation entre le sexe assigné à la naissance et le genre auquel s’identifie une personne.

La Cour suprême japonaise a été saisie à la suite d’une action en justice lancée par une femme transgenre demandant à être légalement inscrite comme femme sans subir d’opération chirurgicale, au motif que la stérilisation obligatoire constitue une « grave violation des droits de l’homme et est inconstitutionnelle ».

Sa demande a été rejetée par un tribunal pour les affaires familiales, puis par une juridiction supérieure.

« Anachronique, nuisible et discriminatoire »
C’est la deuxième fois que la plus haute cour du pays est appelée à se prononcer sur la constitutionnalité de l’obligation d’opération chirurgicale.

En 2019, elle l’avait confirmée, jugeant que la mesure avait pour but de prévenir des « problèmes » dans les relations parents-enfants pouvant conduire à de la « confusion » et des « changements brusques » au sein de la société.

La Cour suprême avait cependant reconnu le caractère invasif de cette loi, ajoutant que la législation devrait être revue régulièrement au fur et à mesure que les valeurs sociales et familiales évoluent.

Seule une poignée de pays, comme l’Espagne cette année, ont récemment facilité le changement d’état civil des personnes trans.

Mais les défenseurs des droits LGBT+ s’indignent des procédures médicales longues, invasives et potentiellement risquées auxquelles contraint le Japon – par ailleurs seul pays du G7 à ne pas reconnaître le mariage entre personnes de même sexe ou les unions civiles au niveau national.

Dans un rapport publié en 2019, l’ONG Human Rights Watch (HRW) a ainsi jugé que cette obligation était fondée sur une notion « péjorative » selon laquelle la transidentité relève d’une « maladie mentale ».

« La procédure de changement légal de genre, qui nécessite une chirurgie de stérilisation et un diagnostic psychiatrique obsolète, est anachronique, nuisible et discriminatoire », a condamné HRW.

« Trop risqué »
Le débat évolue cependant dans l’archipel, où un tribunal local pour les affaires familiales a rendu au début du mois un jugement sans précédent dans le pays, jugeant inconstitutionnelle et invalide la loi de 2003.

Le Japon, traditionnellement conservateur, a aussi fait ces dernières années de petits pas vers l’acceptation de la diversité.

Au début de l’année, le pays a ainsi adopté sa première loi visant ostensiblement à protéger la communauté LGBT+ contre les discriminations. Toutefois, les militants ont dénoncé la formulation édulcorée du projet de loi, qui ne s’oppose qu’aux « discriminations injustes ».

Et de la désinformation « associant des femmes trans à des violences sexuelles dans des lieux publics » se répand « très largement », a averti cette année une organisation japonaise pro-LGBT+.

La décision de mercredi est particulièrement attendue dans la communauté trans de l’archipel, comme par Tomoya Asanuma, un homme trans de 34 ans.

A l’âge de 23 ans, M. Asanuma a subi une ablation de l’utérus et des ovaires pour changer sa mention de sexe à l’état civil et pouvoir épouser sa fiancée.

Mais « faire de la chirurgie une condition pour changer légalement de genre est trop risqué pour les personnes transgenres à tous points de vue, physiquement, émotionnellement et financièrement », a déclaré M. Asanuma.

« Je souffre toujours. C’est vraiment frustrant de penser que je ne souffrirais pas autant si j’avais été autorisé à changer de genre sans opération », a-t-il ajouté.

La Rédaction avec l'AFP
La Rédaction avec l'AFP
AFP

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Japon : décision de justice très attendue sur le changement d'état civil des personnes trans
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https://www.komitid.fr/2023/10/25/japon-decision-de-justice-tres-attendue-sur-le-changement-detat-civil-des-personnes-transgenres/

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Nigeria : 76 personnes arrêtées pour avoir organisé un « mariage gay »

26 Octobre 2023, 02:24am

Publié par hugo 🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️

 Nigeria : 76 personnes arrêtées pour avoir organisé un « mariage gay »
Publié le 24 octobre 2023 à 10 h 08 min
Le mariage entre personnes de même sexe est illégal au Nigeria en vertu d'une loi de 2014, et est passible de 14 ans de prison.
Drapeau du NigeriaDrapeau du Nigeria
Plus de 70 jeunes ont été arrêtés samedi 21 octobre par des forces de sécurité qui les accusent d’avoir organisé un « mariage gay » dans le nord-est du Nigeria, où ces unions sont criminalisées et les violences envers la communauté LGBT+ généralisées.

Le mariage entre personnes de même sexe est illégal au Nigeria en vertu d’une loi de 2014, et passible 14 ans de prison.

« Nous avons appréhendé 76 homosexuels présumés lors d’une fête d’anniversaire organisée par l’un d’entre eux qui devait épouser son fiancé lors de l’événement », a déclaré Buhari Saad, le porte-parole du Corps de sécurité et de défense civile du Nigeria (NSCDC) dans l’Etat de Gombe, une organisation paramilitaire dépendant du gouvernement.

Parmi les jeunes arrêtés figurent 59 hommes et 17 femmes.

Les avocats des personnes arrêtées n’ont pas pu être contactés dans l’immédiat pour un commentaire ou une confirmation.

Les intimidations envers la communauté LGBT+ sont légion au Nigeria et ces dernières années les forces de sécurité ont organisé de nombreuses descentes lors de fêtes abritant selon eux des mariages. Cependant, aucune des personnes arrêtées n’a été condamnée.

En août, la police a ainsi arrêté plus d’une centaine d’hommes dans des circonstances similaires dans le sud-est du Nigeria.

L’organisation de défense des droits humains Amnesty International a appelé à la fin de cette « chasse aux sorcières ».

« Dans une société où la corruption est endémique, la loi interdisant les relations entre personnes de même sexe est de plus en plus utilisée à des fins de harcèlement, d’extorsion et de chantage par les forces de l’ordre et d’autres membres du public », a-t-elle également dénoncé.

En décembre, 19 hommes et femmes âgés d’une vingtaine d’années ont été arrêtés à Kano, la plus grande ville du nord du Nigeria, par la police islamique, appelée Hisbah, sous l’accusation d’avoir organisé un mariage gay.

Les suspects ont été réprimandés et remis en liberté sans être traduits en justice.

L’État de Gombe, où les arrestations ont eu lieu samedi, est également l’un des États du nord à majorité musulmane où la charia islamique s’applique parallèlement au système judiciaire fédéral et à celui de l’État.

Dans la charia, les relations entre personnes de même sexe sont passibles de la peine de mort. Cette sentence n’a toutefois jamais été appliquée dans le nord du Nigeria.

Le porte-parole du NSCDC a refusé de préciser si les suspects arrêtés samedi seraient inculpés en vertu de la charia ou du droit commun.

La Rédaction avec l'AFP
La Rédaction avec l'AFP
AFP

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https://www.komitid.fr/2023/10/24/nigeria-76-personnes-arretees-pour-avoir-organise-un-mariage-gay/

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 Tous Unis Contre la Haine : ce que dit la loi

26 Octobre 2023, 02:14am

Publié par hugo 🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️

 Tous Unis Contre la Haine : ce que dit la loi


(c) Service d'information du Gouvernement - SIG/ Gouvernement.fr
La lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie constitue une priorité du Gouvernement. La loi interdit et sanctionne le racisme et l'antisémitisme sous toutes leurs formes. Les peines varient en fonction de la façon dont ils s’expriment : des propos insultants ; un traitement différent et défavorable par rapport à d’autres personnes (il peut s’agir alors d'une discrimination) ; des violences physiques.

Contenu publié sous le Gouvernement Valls III du 11 Février 2016 au 06 Décembre 2016
TWEETERPARTAGERENVOYER
 
LE RACISME ET L’ANTISÉMITISME SONT-ILS DES INFRACTIONS ?
La liberté d’opinion est une liberté fondamentale, affirmée en France dès la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 qui énonce en son article 10 que "Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses." Comme toute liberté fondamentale, elle comporte cependant des limitations strictes, déjà énoncées dans l’article 10 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Cette liberté est en effet garantie "pourvu que [sa] manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi".

La liberté d’expression est le corollaire de la liberté d’opinion. Comme elle, elle connait des limites. L’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen proclame en effet : "La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre à l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi."

  
Aucune opinion, tant qu’elle n’est pas exprimée publiquement, ne peut être poursuivie. Le droit sanctionne en revanche les manifestations de racisme ou d’antisémitisme à travers des propos ou des actes motivés par ce sentiment raciste ou antisémite.
Ces droits fondamentaux sont également garantis au niveau international par la Déclaration universelle des droits de l’homme (art. 8) et européen dans la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales (art. 10) et la Charte des droits fondamentaux (art. 10 et 11). L’expression souvent entendue : "le racisme n’est pas une opinion, c’est un délit", n’est pas juridiquement exacte. Aucune opinion, tant qu’elle n’est pas exprimée publiquement, ne peut être poursuivie. Le droit sanctionne en revanche les manifestations de racisme ou d’antisémitisme à travers des propos ou des actes motivés par ce sentiment raciste ou antisémite. Il faut donc qu’un acte soit commis ou que des propos soient tenus pour tomber sous le coup de la loi.
LA RÉPRESSION DE LA PAROLE RACISTE ET ANTISÉMITE
Afin de garantir la liberté d’expression, la loi interdit toute censure préalable. En revanche, elle sanctionne les propos racistes et antisémites, qui constituent des abus de la liberté d’expression. On répond, a posteriori, des propos que l’on a effectivement tenus, des publications dont on est l’auteur. En cas de risque de trouble à l’ordre public, le juge peut, exceptionnellement et en dernier ressort, interdire une publication ou la tenue d’un rassemblement.
Le principe : répondre a posteriori des abus de liberté d’expression définis par la loi
Les propos racistes sont interdits par la loi et punis en fonction de leur gravité. Lorsqu'ils sont tenus publiquement, les peines sont plus sévères.
 
La publicité des propos

Les propos sont dits "publics" lorsque leur auteur a clairement voulu qu’ils soient entendus ou lus par d’autres personnes (dans les médias, au cours d’une réunion publique, sur une affiche, lors d’une manifestation publique…). Dans le cas contraire, on dit qu’ils ont été tenus dans le cadre privé (dans un domicile, lors d’une discussion entre deux élèves dans un lieu clos).

  
Par principe, les propos tenus sur internet sont publics. Ce n’est pas le cas des courriels, qui sont des correspondances privées. Sur un réseau social, un message est considéré comme public s'il est accessible à d'autres personnes que les "amis" de l’utilisateur ou de l’utilisatrice ; sinon, il est considéré comme privé.

Exemples : sur un profil Facebook, une publication est publique si elle est ouverte aux catégories "amis des amis" ou "tout le monde" ; sur Twitter, tous les tweets d'un compte public sont publics.
Par principe, les propos tenus sur internet sont publics. Ce n’est pas le cas des courriels, qui sont des correspondances privées. Sur un réseau social, un message est considéré comme public s'il est accessible à d'autres personnes que les "amis" de l’utilisateur ou de l’utilisatrice ; sinon, il est considéré comme privé. Exemples : sur un profil Facebook, une publication est publique si elle est ouverte aux catégories "amis des amis" ou "tout le monde" ; sur Twitter, tous les tweets d'un compte public sont publics.
 
Les différents types de propos

La loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, révisée en 1972, définit plusieurs infractions réprimant la tenue de propos racistes ou antisémites.
 
L'injure raciste
La loi définit l’injure raciste comme toute expression outrageante, tout terme de mépris ou toute invective "envers une personne ou un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée".

L’injure constitue une attaque personnelle et directe. Lorsqu’elle est dirigée contre une personne ou un groupe de personnes en raison de leur appartenance religieuse, elle est réprimée. En revanche, ni la critique d’une religion ni le "blasphème" (outrage à la divinité) ne constituent des injures. En effet, en France, société laïque et pluraliste, le respect de toutes les croyances va de pair avec la liberté de critiquer les religions quelles qu’elles soient et avec celle de représenter des sujets ou objets de vénération religieuse.
 
Lorsque l'injure n'est pas publique, la peine encourue est une amende de 750 euros maximum (contravention de 4e classe) (art. R.624-4 du code pénal). Lorsqu’elle est publique, son auteur encourt jusqu'à 6 mois d’emprisonnement et 22 500 euros d'amende (art. 29 alinéa 2 et 33 alinéa 3 de la loi du 29 juillet 1881).
 
La diffamation raciste
Si des propos tenus attribuent des faits précis qui portent atteinte à l’honneur d’une personne ou d’un groupe "à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée", il s’agit de diffamation raciste.
 
La provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence raciste
La provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence raciste, lorsqu'elle est publique, est punie d'un an d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende, ainsi que des peines complémentaires telles que l’affichage ou la diffusion de la condamnation (art. 24 al. 6 et 8 de la loi du 29 juillet 1881).Lorsqu'elle n'est pas publique, elle est punie de 1 500 euros d’amende maximum (art. R.625-7 du code pénal).
C’est l’infraction raciste la plus communément poursuivie devant les tribunaux. Il y a "provocation" lorsque des propos encouragent la discrimination, la haine ou la violence raciste à l’égard d’une personne ou d’un groupe "à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée".
 
Lorsqu'elle n’est pas publique, elle est punie de 1 500 euros d’amende maximum (art. R.625-7 du code pénal). Lorsqu’elle est publique, son auteur encourt jusqu’à un an d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende, ainsi que des peines complémentaires telles que l’affichage ou la diffusion de la condamnation (art. 24 al. 6 et 8 de la loi du 29 juillet 1881).
 
Le délit d'apologie des crimes
Si des propos promeuvent ou justifient un crime de guerre ou un crime contre l’humanité, il s'agit d'un délit d'apologie des crimes de guerre, des crimes contre l'humanité ou des crimes et délits de collaboration avec l'ennemi.
 
La contestation de l'existence d'un ou plusieurs crimes contre l'humanité
Enfin, si des propos nient un fait historique relatif à un crime contre l’humanité, ils constituent une contestation de l'existence d'un ou plusieurs crimes contre l'humanité. Cette infraction est définie dans  la loi n° 90-615 du 13 juillet 1990, dite loi Gayssot. La jurisprudence assimile le fait de minimiser de façon outrancière le nombre de victimes de la Shoah, le fait de présenter ces crimes sous la forme dubitative à la contestation de crime contre l’humanité.

La définition de cette infraction est cependant très restrictive. Elle ne concerne en effet que les "crimes contre l'humanité tels qu'ils sont définis par l'article 6 du statut du tribunal militaire international annexé à l'accord de Londres du 8 août 1945 et qui ont été commis soit par les membres d'une organisation déclarée criminelle en application de l'article 9 dudit statut, soit par une personne reconnue coupable de tels crimes par une juridiction française ou internationale" - soit en pratique les crimes jugés par les tribunaux de Nuremberg et de Tokyo à l’issue de la Seconde Guerre mondiale.
L’auteur d’une telle contestation, nécessairement publique, encourt un an d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende (art. 24 bis de la loi du 29 juillet 1881).
 
La pénalisation de la négation des crimes contre l’humanité autres que la Shoah – La question du génocide arménien
La Cour européenne des droits de l’homme a considéré que la pénalisation de la contestation du génocide arménien par la Suisse constituait une atteinte disproportionnée à la liberté d’expression dans un arrêt du 15 octobre 2015. La Cour a considéré dans cette décision contestée que pour déterminer si des propos négationnistes peuvent ou doivent être poursuivis en justice, il est nécessaire de tenir compte du contexte et du pays dans lequel les propos ont été tenus. En l’absence de lien direct entre la Suisse et le génocide de 1915, la répression des propos négationnistes (l’intéressé avait déclaré publiquement que le génocide arménien constituait un "mensonge international") apparaît être une limitation de la liberté d’expression disproportionnée.
L’exception : l’interdiction a priori en cas de risque de trouble à l’ordre public
Par exception, il est possible pour les autorités administratives (maires, préfets…) d’interdire des manifestations, réunions ou spectacles lorsque ceux-ci sont susceptibles de causer un trouble à l’ordre public.

La justice apprécie au cas par cas, en évaluant à chaque fois s’il y a bien un trouble à l’ordre public et s’il est suffisant pour justifier une interdiction. Ainsi, un même artiste, voire un même spectacle peut, selon le risque de trouble, et les mesures alternatives pouvant être mises en œuvre (déploiement des forces de l’ordre pour éviter des affrontements, par exemple), être ou ne pas être interdit. Il n’y a là  ni incohérence, ni "deux poids deux mesures" mais un examen de chaque situation particulière.
LA RÉPRESSION DE L’ACTE RACISTE ET ANTISÉMITE
S’agissant des actes, et non plus simplement des mots, le droit pénal réprime le racisme ou l’antisémitisme à partir du moment où il motive un passage à l’acte criminel ou délictueux. Les infractions sont alors aggravées par la circonstance de racisme ou d’antisémitisme.
La circonstance aggravante de racisme ou d’antisémitisme
Le code pénal définit la circonstance aggravante de racisme en son article 132-76 : "Les peines encourues pour un crime ou un délit sont aggravées lorsque l'infraction est commise à raison de l'appartenance ou de la non-appartenance, vraie ou supposée, de la victime à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée."

Les peines sont donc plus sévères selon la motivation de l’auteur de l’infraction. Le même mécanisme existe d’ailleurs pour les autres "crimes de haine" (homophobie, transphobie… cf. art. 132-77 du code pénal). Par exemple, des violences qui entraînent une incapacité totale de travail de plus de huit jours sont punies de la peine de 3 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende. Si l'acte a une motivation raciste ou antisémite, ce n’est pas cette peine qu’il encourt mais 5 ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende.

La preuve de la motivation des auteurs est souvent particulièrement délicate à apporter. Ceux-ci reconnaissent en effet rarement avoir agi par idéologie raciste ou antisémite. Afin de faciliter cette preuve, la loi précise que la circonstance aggravante de racisme est constituée "lorsque l'infraction est précédée, accompagnée ou suivie de propos, écrits, images, objets ou actes de toute nature portant atteinte à l'honneur ou à la considération de la victime ou d'un groupe de personnes dont fait partie la victime à raison de leur appartenance ou de leur non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée".
Les infractions aggravées par la circonstance de racisme ou d’antisémitisme
La loi permet d’aggraver de nombreuses infractions du fait de la motivation raciste ou antisémite de leur auteur. Le tableau ci-dessous reprend les principales infractions pouvant être aggravées par la motivation raciste ou antisémite définie à l’article 132-76 du code pénal.

NB : La notion de peine encourue renvoie à la peine maximale qui peut être prononcée par les juges. Il est rare que la peine prononcée par les juridictions coïncide avec la peine encourue.
RACISME ET DISCRIMINATIONS
Le racisme se distingue de la discrimination. Tout acte raciste n’est pas discriminatoire, comme tout acte discriminatoire n’est pas nécessairement raciste.
Pour qu'on puisse parler de discrimination au sens juridique, trois conditions doivent être réunies. Cet acte doit être :
 
un traitement défavorable ;
fondé sur un des vingt critères spécifiés par la loi : origine, apparence physique, nom de famille (patronyme), lieu de résidence, appartenance ou non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée (mais également sexe, état de santé, handicap, orientation ou identité sexuelle, âge, etc.)…
se traduisant par un acte, une pratique, une règle :
dans le cadre professionnel : recrutement (emploi ou stage), progression dans la carrière, licenciement, montant du salaire, accès à des formations, etc. ;
dans l'accès à un bien ou à un service public ou privé : logement (refus de louer ou de vendre un appartement...), éducation (refus d’inscription à l’école...), accès à un bâtiment public ou privé (refus d’entrée dans une discothèque, un musée...), etc.
 
La discrimination et la provocation à la discrimination sont des infractions, définies aux articles 225-1 du code pénal, et 24 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, mais cette notion irradie de nombreux domaines du droit (droit du travail, droit administratif…), de sorte que le juge pénal n’est pas le seul à être compétent pour juger des actes discriminatoires. Le juge civil, administratif, prud'homal peut également être amené à en connaître.
 
Pour en savoir plus sur les discriminations :
 
stop-discrimination.gouv.fr
egalitecontreracisme.fr
defenseurdesdroits.fr


https://www.gouvernement.fr/tousuniscontrelahaine-ce-que-dit-la-loi-4046

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Interview long format de Mathias Chaillot pour son essai : « 4% en théorie… »

26 Octobre 2023, 02:13am

Publié par hugo 🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️

 Interview long format de Mathias Chaillot pour son essai : « 4% en théorie… »
Publié le 23 octobre 2023 à 10 h 54 min
Dans sa passionnante enquête « 4% en théorie… » (aux éditions Goutte d'Or), le journaliste Mathias Chaillot explore de façon critique les recherches qui s'interrogent sur le pourquoi de l'homosexualité. Et livre aussi un récit intime et sensible sur son parcours d'homme gay. Il a répondu aux questions de Komitid.
Mathias Chaillot, auteur de « 4% en théorie… », aux éditions Goutte d'OrMathias Chaillot, auteur de « 4% en théorie… », aux éditions Goutte d'Or - Simon Courchel
On prend un plaisir fou à lire l’essai du journaliste et photographe Mathias Chaillot, 4 % en théorie (aux éditions Goutte d’Or). Non seulement parce qu’on parcourt avec lui le territoire riche des recherches sur l’homosexualité sans ignorer toute l’ambiguïté de leur légitimité ou de leur utilité, et parce que son récit est aussi très personnel, avec notamment de très belles pages sur ses grands-parents, sur son coming out ou sur son vécu de l’homophobie.

Ce qu’on apprend avec Mathias Chaillot, c’est que de nombreux chercheurs sur la génétique, la biologie, les origines de l’homosexualité, étaient ou sont eux-mêmes gays.

Grâce à l’essai de Mathias Chaillot, vous découvrirez « l’effet grand frère ”, vous apprendrez en quoi le « règne animal » est finalement très queer, mais aussi comment les recherches sur l’homosexualité, même menées avec les meilleures intentions du monde, sont utilisées de façon abusive à des fins de répression.

Fièrement gay (son livre est consacré quasi exclusivement à l’homosexualité masculine et il s’en explique dans l’interview), l’auteur aurait pu, comme beaucoup d’homos, balayer d’un revers de main toutes ces théories sur « les causes », sur le « pourquoi » de l’homosexualité. Mais son analyse se révèle au contraire salutaire et finalement joyeuse.

Mathias Chaillot a répondu aux questions de Komitid à la veille de la sortie de son livre.

Komitid : Une des forces de ton essai, c’est ce mélange entre ta présentation des nombreuses recherches sur la question de l’origine de l’homosexualité masculine et ton cheminement personnel, ton vécu. Etait-ce un parti pris dès le départ ?
Mathias Chaillot : Oui. Avant même de contacter l’éditeur, dans les premiers chapitres que j’avais écrit, il y avait cet aspect intime, en tant qu’homme qui aime les hommes. Souvent nos expériences, même si elles sont très différentes, résonnent chez tous ceux qui ont vécu l’homophobie, le coming out ou autre. En parlant de moi, je parlais peut-être un peu de nous, et j’ai pensé que beaucoup de gens pouvaient se reconnaître. Il y a des chercheurs qui sont eux-mêmes homosexuels, et qui sont en prise direct avec leur sujet. Moi aussi, j’étais en prise avec mon sujet, et la façon d’être le plus transparent sur mon travail, c’était de me raconter moi. Cela permettait de raconter les questionnements, les doutes, les évolutions de mon propre cheminement. Je pense que je me suis posé la question du “pourquoi “pour des raisons différentes à différents moments de ma vie, donc je voulais le raconter et de me le réapproprier intimement, personnellement.

Cette recherche sur le pourquoi ou la cause, elle est aussi ancienne, quelque part, que le concept-même d’homosexualité ou que l’invention, on pourrait dire, de l’homosexualité ?
Bien avant même. Déjà au IVe siècle avant Jésus-Christ, on avait une théorie… Platon donnait aussi une théorie sur l’homosexualité et l’hétérosexualité. Dans les années 1860, dès qu’on a inventé le terme homosexualité, finalement, on l’a pathologisée, et à partir de là, si c’est une maladie, on va chercher la cause, c’est la dégénérescence. Et c’est Michel Foucault qui dit à peu près ceci dans La Volonté de Savoir : le principe de la norme, c’est de chercher la marge, et le principe de la marge, c’est de chercher à la corriger. Donc, dès qu’on a inventé le mot homosexualité, on a cherché l’homosexuel. Comment est-ce qu’il fonctionne, comment est-ce qu’on l’a disséqué, au propre, comme au figuré, pour essayer de voir quelle était la pièce cassée…

« Il y a cette idée parmi ces chercheurs gays que si on chasse l’ignorance, on chasse l’homophobie »

Comment expliques-tu que bon nombre de chercheurs, de chercheuses, sur cette questions, sont des personnes concernées ?
Je m’attendais à ce que la plupart des recherches soient faites par des gens qui cherchaient, justement, à corriger l’homosexualité, et je me suis rendu compte qu’il y en a beaucoup, en tout cas, dans ceux qui ont marqué des étapes importantes, qui étaient, eux-mêmes, homos. Plus récemment, dans l’équipe qui a fait des travaux sur la génétique, il a été précisé dans la communication que plusieurs chercheurs étaient gays. Il y a cette idée parmi ces chercheurs gays que si on chasse l’ignorance, on chasse l’homophobie. Il suffirait de mettre la lumière sur ce qu’est et ce que n’est pas l’homosexualité pour briser tous ces clichés-là. Quand on comprendra que l’homosexualité est finalement construite comme nous – entre guillemets comme l’hétérosexualité –, et bien, on aura réussi à détruire une partie de l’homophobie. Je suis un peu d’accord avec ces chercheurs sur ce point-là, même si ça peut aussi être un danger, je pense, parce que ça peut être recherché en justification ou en excuse, donc c’est un peu dangereux. Il y avait vraiment cette question de se comprendre, je pense au neurobiologiste Simon LeVay, qui s’est lancé dans la recherche quand son compagnon est mort du sida. Il y a une malédiction qui nous arrive, on va essayer de comprendre ce que c’est que l’homosexuel et “d’où il vient et où il va”.

Ces recherches peuvent-elles faire progresser l’acceptation ?
Oui, il y a ce sondage qui m’avait surpris et qui montre que plus on croit que l’homosexualité est présente dès la naissance, plus les personnes sont favorables aux droits des homosexuels. Souvent, c’est quand même juste un peu de bêtise ou d’ignorance et ça peut être très simple à chasser. Mais il y a aussi beaucoup d’autres raisons d’être homophobe.

Comment as-tu procéder pour aborder et trier toutes ces études ?
J’ai d’abord réfléchi aux différents champs qui étaient possibles, j’en ai découvert d’autres. Au début j’ai tout lu, je me suis projeté dedans, j’ai perdu du temps à lire tout et n’importe quoi. Après, j’ai sélectionné les études les plus sérieuses, celles qui faisaient consensus et celles qui marquaient des étapes importantes comme celles sur le “gène gay”. Ça a été un phénomène dans les années 90, tout le monde y a cru. Aujourd’hui on sait que ce n’est plus le cas mais je ne pouvais pas passer à côté !

 

« Dans un monde idéal, on chercherait à comprendre l’homosexualité comme on chercherait à comprendre la sexualité en général ou l’amour en général »

Tu le dis d’emblée, ton essai ne parle que de l’homosexualité masculine. Pourquoi ?
Je suis un homme qui aime les hommes et je pense que l’homosexualité féminine sera beaucoup mieux décrite par des femmes lesbiennes. La première raison c’est ça, c’est un parcours personnel. L’autre raison c’est que la plupart des travaux qui ont été menés concernent l’homosexualité masculine. Il y a très peu de recherche sur l’homosexualité féminine. En tout cas beaucoup moins. La science est un monde d’hommes et les hommes regardent les hommes. De plus, l’homosexualité masculine a été perçue comme beaucoup plus menaçante pour la société que l’homosexualité féminine, qui était niée. La plupart des lois homophobes ne concernaient que les hommes. Si un livre doit exister sur l’homosexualité féminine, autant que ce soit une femme qui le fasse.

Parmi les gays, on a toujours eu une forme de méfiance par rapport à la science. Est-ce que justement, il n’y a pas ce danger de donner du grain à moudre à nos « ennemis » ?
La question, elle est sensible voire même dangereuse, je suis d’accord. Pour moi, c’est pour ça qu’on doit se la réapproprier dans le sens que de toute façon ces travaux sont faits. Ces recherches, elles existent, elles sont faites depuis des décennies, elles vont continuer à se faire. Il n’y a pas de raison qu’elles s’arrêtent. Elles peuvent être utilisées par ceux qui prônent les thérapies de conversion. Il faut être capable de dire maintenant : la science a prouvé que ces gens-là mentent. Et c’est à nous de nous réapproprier pour ne pas leur laisser entre les mains. Dans un monde idéal, on chercherait à comprendre l’homosexualité comme on chercherait à comprendre la sexualité en général ou l’amour en général parce que c’est passionnant de comprendre comment fonctionne l’humain. J’attends avec impatience les études sur : “Mais pourquoi es-tu hétérosexuel ?” Et on commence tout juste à se poser des questions. C’est d’ailleurs en se posant des questions sur les homos qu’on trouve des réponses sur les hétérosexuels. Ah bah tiens, on n’avait pas pensé à chercher mais peut-être que sur la génétique en fait, il y a peut-être des choses qui concernent les hétéros aussi. Il fallait que vous nous regardiez pour découvrir cela … Donc, il faut être super prudent. Il peut y avoir des dérives mais ce n’est pas la question qui est dangereuse.

Il faut un cadre éthique…
Exactement. C’est pour ça qu’il faut qu’on s’en empare pour que nous, on puisse éventuellement tirer la sonnette d’alarme si c’est le cas plutôt que de laisser les homophobes récupérer les théories qui les arrangent.

Tu présentes beaucoup de recherches anglo-saxonnes. Pourquoi ?
Oui on parle souvent d’Amérique. Il y a très peu d’auteurs français en fait, il y a un chercheur belge qui travaille sur les hormones.  Mais sinon c’est quasiment que des recherches anglo-saxonnes.

En quoi l’étude des comportements homosexuels parmi les espèces animales peut-elle être importante ?
Elle est à double tranchant. Elle est très importante parce qu’elle nous replace « dans la nature ». L’argument contre nature, il n’y a rien de plus absurde parce que si on regarde la nature il n’y a rien de plus cool que l’homosexualité. Mâle et femelle, c’est un concept qui existe certes chez les mammifères mais dans des millions d’autres espèces, ce n’est pas le cas. La transidentité, la fluidité ce sont des choses qui existent dans le monde animal. On a observé un groupes de girafes pour savoir si elles ont des rapports homos ? 90 % de leurs rapports sont homos ! Dès qu’on regarde un peu, on trouve. C’est donc assez intéressant d’un côté pour remettre dans ce qu’on appelle la nature l’homosexualité et toutes les orientations possibles de la diversité de la sexualité. Le danger c’est d’imaginer qu’on est des moutons ou des rats et que ce qu’on va voir chez une espèce fonctionne chez l’autre. On a trouvé des choses chez le mouton, on a trouvé des trucs chez les souris mais on sait que nos comportements sexuels ne sont pas les mêmes. Notre cerveau est différent. C’est d’ailleurs pour ça qu’on est capable de détruire notre planète et que les animaux ne sont pas capables de le faire… Le vrai risque c’est de calquer nos modèles humains sur des animaux et vice versa…

Surtout parce que cela renvoie à la dimension sexuelle de nos comportements alors qu’on s’est battu pour dire : « être pédé, être lesbienne, c’est aussi contester, vouloir un autre modèle, c’est culturel c’est social, c’est politique » !
A partir du moment où l’on nous a mis à l’écart, on a été obligé d’inventer une autre forme de société, une forme de famille ou de langage. Il a aussi fallu inventer des réseaux de solidarité, il a fallu faire famille autrement et ça c’est précieux.  Il est important qu’on se réaffirme avec nos mots à nous, comme “pédé” par exemple, parce que c’est un mot politique. Dans un monde idéal, on pourra choisir le modèle qui nous correspond. Je suis optimiste peut-être pas demain peut-être pas ma génération mais peut-être pas la suivante…

« Si on observe qu’il y a quasiment le même nombre de personnes qui se définissent gays ou lesbiennes dans les plus jeunes générations, il y a beaucoup moins de personnes qui se définissent totalement hétéros »

Tu en parles dans le livre. Cette question de se définir, toute une nouvelle génération considère que ce n’est plus vraiment une question…
Je trouve ça super qu’il y ait de plus en plus de jeunes – pas tous les jeunes non plus – mais de plus en plus de jeunes qui ne veulent pas être définis, qui veulent au moins qu’on leur laisse l’occasion de tester quitte à se rendre compte que ce n’est pas leur truc. Ou qu’ils vont le faire parce qu’ils veulent pas être un gars dans une case trop bien définie. Si on observe qu’il y a quasiment le même nombre de personnes qui se définissent gays ou lesbiennes dans les plus jeunes générations, il y a beaucoup moins de personnes qui se définissent totalement hétéros. Mais c’est parce qu’on s’est défini comme pédé, qu’on a demandé des droits pour les pédés, et tant que tous ces droits acquis dans le cadre légal ne le sont pas forcément dans la rue, le droit de marcher main dans la main par exemple, il faut qu’on continue à se définir et à se montrer.

Il y a ces très belles pages sur ta grand mère. Pourquoi tu as tenu à parler d’elle ?
J’aime énormément mes grands parents. La réaction des parents souvent, c’est un la question des petits enfants, deux ils ont peur pour nous, peur de la discrimination et trois c’est le regard des “autres”, qu’ils imaginent malveillants. Alors que les “autres” s’en foutent. Et les “autres” c’est notamment les grands-parents, les oncles et les tantes, qui parfois le savent déjà, avant les parents. Et c’est une fois que les autres leur disent : “Oui, ton fils c’est pédé, et alors ?” que finalement ça se détend. Et je trouvais que magnifique la réponse de ma grand-mère qui se fiche de savoir le pourquoi du comment, qui était une réponse un peu naïve, c’est bon, bah c’est comme ça.

J’aime bien aussi cette théorie du “grand frère”. C’est quelque chose que tu connaissais ?
Sur la théorie du “grand frère”, je suis vraiment tombé dessus dans le cadre de mes recherches, je n’en avais jamais entendu parler. Et pourtant c’est la théorie qui aujourd’hui fait le plus consensus.  Pas forcément sur la cause mais sur le constat. Les chercheurs ont analysé des méta-études sur plus de 10 000 personnes.  Quel que soit le pays, quelle que soit l’époque, il y a plus 33 % de chances d’être gay par grand frère. C’est complètement dingue…

…Mais pas très opérant pour moi puisque j’ai trois sœurs, mais peu importe…
Ça montre aussi la complexité du phénomène. Si c’est une explication, ça ne peut être qu’une part de l’explication. Parce que évidemment tous les gays n’ont pas de grand frère. Et puis il y a des personnes qui ont trois grands frères et qui sont plutôt hétéros. Ça montre que l’explication est forcément multiple et complexe et que les différentes explications de mon orientation sont différentes des tiennes. Peut-être que moi il y a un peu d'”effet grand frère” parce que j’en ai un, mais peut-être que c’est 5 % ou 15 % ou peut-être que c’est 0 aussi. Et puis un hétéro qui aura cinq grands frères, il va falloir m’expliquer pourquoi il est hétéro ! C’est très essentialisant,  mais j’ai envie de dire merci à mon grand frère si c’est le cas (rires).

« Aujourd’hui, je croise les jambes mais quand j’étais ado je regardais autour de moi les garçons et hop je faisais mon petit manspreading… »

Il y a aussi cette phrase que j’aime beaucoup à propos des hommes « efféminés », « folles » : « ce n’est pas nous qui nous déhanchons trop, c’est ce monde qui marche trop droit. »
Je ne voulais pas voir qu’il y avait ce truc de féminin parce que justement ça renvoyait à la grosse machine à clichés. De nombreux chercheurs, hétéros et homophobes, ont poussé les résultats dans le sens qui les arrangent pour nous voir comme des “femmelettes”, des “pédales”. Ça ne veut rien dire. On peut être “efféminé” et hétérosexuel. Statistiquement, oui on est plus nombreux chez les gays à avoir eu quand on était plus jeune ce petit quelque chose d’un peu différent. Il y a aussi plein de théories : est-ce que c’est l’expression de genre qui change et qui conduit à l’orientation ? Est-ce que c’est l’orientation qui conduit à l’expression de genre ? Est-ce que ce sont deux phénomènes qui sont développés en parallèle ? Est-ce que ça change à cause de la biologie ou de la famille ? Toutes les théories existent. C’est pas une maladie d’avoir du féminin en nous, ça nous donne une chance. Le problème c’est qu’on nous a forcé à le cacher. Un ex m’a confié que pour lui c’était une question de survie. Je n’ai pas l’impression de l’avoir fait consciemment mais je sais que j’ai longtemps fait attention à ma voix. Aujourd’hui, je croise les jambes mais quand j’étais ado je regardais autour de moi les garçons et hop je faisais mon petit manspreading. On se construit pendant 37 ans en cachant quelque chose qui est en moi et aujourd’hui je vais essayer de la retrouver. Si on pouvait avoir la chance de l’exprimer dès le plus jeune âge et qu’on nous laisse y aller. On se prive de quelque chose de beau !

Pour qui as-tu écrit ce livre ?
Au début, je l’ai écrit pour le petit Mathias de 17 ans. Mais je l’ai aussi écrit pour mes parents parce que j’aurais aimé l’avoir entre les mains quand j’avais 17 ans et que j’ai dû leur expliquer que non ce n’est pas « de votre faute ». Maintenant je leur dirais : « Désolé ce n’est pas grâce à vous » (rires).  À l’époque, je ne savais pas quelles clés leur donner. J’aurais bien aimé qu’ils aient peut-être un bouquin comme ça entre les mains.  Je l’ai plus écrit pour eux, pour les proches et les homos qui se posent des questions que pour les gens qui font des queer studies et qui connaissent peut-être déjà tout ça.

La conclusion, n’est-ce pas qu’il y a une multitude de facteurs, de « causes » ?
Il y a sans doute un milliard de causes et un milliard d’orientations, voire même autant que d’êtres humains. Donc il y a forcément des causes à tout, à l’hétérosexualité aussi. Et tant mieux que ce soit complexe, tant mieux que ce soit riche. Plus on recherche, plus on se rend compte que c’est complexe. Moi ça me rassure !

« 4 % en théorie… », de Mathias Chaillot, éditions Goutte d’Or, 286 p., 19 €
Couverture du livre de Mathias Chaillot, « 4% en théorie… » aux éditions Goutte d'OrCouverture du livre de Mathias Chaillot, « 4 % en théorie… » aux éditions Goutte d’Or
 

Christophe Martet
Christophe Martet
 @MartetChristoph

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https://www.komitid.fr/2023/10/23/interview-long-format-de-mathias-chaillot-pour-son-essai-4-en-theorie/

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MA PENSEE SUR TWITTER et le handicap

26 Octobre 2023, 01:49am

Publié par hugo 🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️

EN  CE MOMENT  SI TU VEUX PARLER  D AUTRES CHOSE , si tu veux faire un space  sur le handicap , sur les  fauteuil  roulant  sur paris   tu es un égoïstes ,  je  trouve  que ces gens  qui te disent  cela   sont ;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;;

en  general  ce sont  des gens  qui ont peu de connaissances  sur  ce  conflit ,  j ai  l impression d entrendre  3000   FOIS LE MEME  DISCOURS ,  comme ci  je  mettais UNE CHAINE D INFO  DE  5 H  DU MATIN A  23 H  DU  SOIR ,   je   voulais parler des  handicapé(e)s  sur paris  et on me dit  que je suis  égoïstes 😭😭😭😭😭 ,  cest  bien   connu  que je suis  egoistes ,  il ya  12 %  DE TRAVAILLEUR HANDICAPEES   AU CHOMAGE et les  entreprises  ne  respectent  pas les  6 % D HANDICAPEES   EN  ENTREPRISES !!!  mais  bien sur  je suis  egoistes je suis  MDR ,  LOL  

Emploi et chômage des personnes handicapées - Tableau de bord national 2022 (agefiph.fr)

Publication du tableau de bord national emploi et chômage 2022 de l’Agefiph | Agefiph

LES  ENTREPRISES  NE  RESPECTENT PAS LES  6 %  D HANDICAP   EN ENTREPRISES !!! 

 

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En Indonésie, des hommes perpétuent une danse ancestrale malgré les tabous

26 Octobre 2023, 01:36am

Publié par hugo 🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️

En Indonésie, des hommes perpétuent une danse ancestrale malgré les tabous
Publié le 20 octobre 2023 à 14 h 59 min
Malgré ses détracteurs, la danse, considérée à une époque comme une tradition sacrée, connaît encore un grand succès dans sa région d'origine.
Lengger LanangLengger Lanang - Riza Arif Nur Saputra 26 / Creative Commons
Devant des milliers de spectateur·rices, Rianto se déplace gracieusement, son long châle orange voletant au rythme des percussions, et perpétue une tradition indonésienne remontant au XVIe siècle mais aujourd’hui menacée, car la danse est pratiquée par des hommes travestis en femmes.

La Lengger Lanang « est toujours méprisée et stigmatisée », déclare à l’AFP Rianto, danseur et chorégraphe de 42 ans. « Les gens considèrent encore que des hommes qui dansent, c’est contre la norme », ajoute l’artiste qui, comme beaucoup d’Indonésiens, porte un seul nom.

Danse ancestrale apparue à Banyumas, dans le centre de la grande île de Java lors de cérémonies dédiées à la fertilité et aux récoltes, la Lengger (nom de la danse) Lanang (signifiant “homme”) se heurte désormais aux tabous et à la rigidité d’une société majoritairement musulmane.

Aujourd’hui, moins d’une centaine d’hommes la pratiquent encore. Les anciens maîtres disparus ne trouvent presque plus de successeurs.

Mais Rianto veut aller au-delà des clichés. Comme les autres danseurs, il a revêtu les attributs de princesses javanaises – jupe et blouse près du corps, maquillage et perruques.

« La Lengger Lanang est le lieu où le masculin et le féminin se rencontrent dans un seul corps et vise à apporter la paix en soi », explique le danseur, marié à une Japonaise.

En 2018, un film inspiré de sa vie a été très bien accueilli par la critique avant d’être interdit dans plusieurs villes du vaste archipel, certains estimant qu’il faisait la promotion de l’homosexualité.

« Condamné par le Prophète »
Qu’ils soient hétérosexuels, gays, trans ou non-binaires, les danseurs de Lengger Lanang sont confrontés aux préjugés et aux normes imposées par la société.

« Selon l’islam, il est clair qu’un homme ne doit pas s’habiller ou se comporter comme une femme, et inversement. C’est condamné par le Prophète », explique ainsi Taefur Arofat, président du Conseil des oulémas de Banyumas.

Rianto estime « très difficile » d’être « homme et danseur ». « Nous ressentons de façon très négative la stigmatisation du public pour qui danser est associé à la féminité », déplore-t-il.

De son côté, Torra Buana, danseur de 47 ans, confie avoir dû garder sa pratique secrète.

« A un moment, je l’ai cachée à ma famille » car pour certains c’était « négatif », raconte le danseur. Cependant « tous les hommes ne peuvent pas » pratiquer cette danse réservée « aux élus, bénis des dieux », estime-t-il.

Malgré ses détracteurs, la danse, considérée à une époque comme une tradition sacrée, connaît encore un grand succès dans sa région d’origine. Ainsi, un festival, organisé pour la première fois après trois ans d’arrêt dû à la pandémie de Covid, a réuni des milliers de spectateurs en septembre.

Rituel devenu spectacle
« Il s’agissait à l’origine d’un rituel pratiqué après les récoltes pour exprimer la gratitude à la déesse de la fertilité, et qui s’est ensuite transformé en une sorte de spectacle donné par exemple pour accueillir un hôte de marque », explique Lynda Susana Ayu Fatmawati, spécialiste de la culture, à l’Université Jenderal Soedirman de Banuymas.

Pour devenir danseurs de Lengger Lanang, les élèves devront eux-mêmes se soumettre à divers rituels de purification tels que le jeûne, le bain dans différentes sources et la méditation.

Avant chaque représentation, les danseurs brûlent de l’encens et présentent des offrandes de pétales de fleurs et de noix de coco pour implorer la bénédiction des dieux.

Pour que la pratique perdure, Rianto a ouvert le Rumah Lengger, un lieu où les jeunes danseurs peuvent pratiquer et se familiariser avec la philosophie qui accompagne la danse.

« Je veux que cette culture survive et se régénère », ajoute Rianto.

Parmi les rares recrues, Ayi Nur Ringgo a été séduit par des vidéos qu’il a découvertes lorsqu’il était à l’université, mais il a aussi dû faire face au sarcasme de ses anciens camarades.

« Je ne m’en soucie plus. J’ai fait la paix avec moi-même et avec ma force », assure-t-il.

La Rédaction avec l'AFP
La Rédaction avec l'AFP
AFP

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https://www.komitid.fr/2023/10/20/en-indonesie-des-hommes-perpetuent-une-danse-ancestrale-malgre-les-tabous/

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La Cour suprême indienne refuse de statuer sur le mariage entre personnes de même sexe

24 Octobre 2023, 00:37am

Publié par hugo 🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️

 La Cour suprême indienne refuse de statuer sur le mariage entre personnes de même sexe
Publié le 18 octobre 2023 à 12 h 19 min
La Cour suprême de l'Inde a déclaré mardi 17 octobre ne pas être habilitée à légaliser le mariage entre personnes de même sexe, balayant les espoirs de la communauté LGBT+ indienne.
cour supreme inde new DelhiVue de la Cour suprême indienne, à New Dehli en 2019 - Malik Haris 10 / Shutterstock
La Cour suprême de l’Inde a déclaré mardi 17 octobre ne pas être habilitée à légaliser le mariage entre personnes de même sexe, balayant les espoirs de la communauté LGBT+ indienne d’obtenir une reconnaissance du mariage pour tous·tes malgré l’opposition du gouvernement.

« Il relève du domaine du Parlement et des organes législatifs des Etats de décider de la loi sur le mariage », a tranché le président de la plus haute cour du pays, D.Y. Chandrachud.

L’arrêt de la Cour a relevé que le droit au mariage pour tous n’est pas garanti en l’état actuel par la Constitution.

Le magistrat a toutefois souligné que l’Inde avait le devoir d’accorder une forme de reconnaissance aux relations entre personnes de même sexe, et celui de protéger ces dernières contre toute forme de discrimination.

Cinq ans après la décriminalisation de l’homosexualité dans le pays par la plus haute institution judiciaire, une vingtaine de personnes et leurs avocats avaient obtenu en avril que la question du mariage pour tous·tes soit examinée par la Cour.

Les signataires de cette requête ont fait valoir que l’Inde devait traiter la communauté LGBT+ comme des citoyens égaux en vertu de sa Constitution.

Mardi, la déception s’est lue sur le visage des personnes qui s’étaient rassemblées devant le tribunal à New Delhi avec l’espoir que l’Inde devienne le plus grand pays au monde à reconnaître le mariage gay. En Asie, seul Taïwan reconnaît le mariage gay.

« Nous ne sommes pas satisfaits de ce que le tribunal a dit », a témoigné auprès de l’AFP Siddhant Kumar, 27 ans. « Cela fait des années que nous luttons pour une reconnaissance légale », a-t-il ajouté. « Nous devons rester forts et poursuivre notre combat. »

Une légalisation du mariage gay aurait notamment permis à la communauté LGBT+ un meilleur accès à l’adoption, aux assurances ou encore à l’héritage, avaient souligné les signataires de la requête.

« Unité familiale »
Mais le gouvernement nationaliste hindou du Premier ministre Narendra Modi s’y est fortement opposé et a déclaré que tout changement de la loi relevait du Parlement et non des tribunaux, une ligne finalement suivie par la Cour suprême.

« Toute ingérence dans ce domaine (…) perturberait complètement l’équilibre délicat des lois relatives à la personne dans le pays et les valeurs sociétales acceptées », a déclaré le gouvernement dans un mémoire adressé à la Cour.

«  Vivre ensemble en tant que partenaires et avoir des relations sexuelles entre personnes du même sexe (…) n’est pas comparable au concept de l’unité familiale indienne, composée d’un mari, d’une femme et d’enfants », a-t-il ajouté.

La Cour suprême a autorisé mardi la reconnaissance du mariage pour les couples dont l’un des membres est trans, à la condition qu’ils soient respectivement identifiés comme un « homme » et une « femme ».

En Inde, les lois sur le mariage sont régies par des lois codifiées en fonction de diverses communautés religieuses.

En 2018, un arrêt historique a annulé une loi datant de l’époque coloniale qui interdisait les relations sexuelles entre individus de même sexe et, l’année dernière, la Cour a statué que les partenaires non mariés ou les couples de même sexe avaient droit à des prestations sociales.

« Notre capacité à ressentir de l’amour et de l’affection l’un pour l’autre fait de nous des êtres humains », a relevé le juge D.Y. Chandrachud. « Cette cour a reconnu que l’égalité exige que les unions homosexuelles et les personnes homosexuelles ne fassent pas l’objet de discriminations. »

Siddhant Rai, 20 ans, qui s’était rendu à la Cour suprême pour la décision, a reconnu être désabusé. « Aussi longtemps que le BJP (le parti au pouvoir de M. Modi, ndlr) sera au pouvoir, je n’imagine pas de jugement en notre faveur dans un futur proche. »

La Rédaction avec l'AFP
La Rédaction avec l'AFP
AFP

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