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"La chair est triste hélas" d’Ovidie : grève du sexe et solidarité féminine

13 Juin 2023, 16:51pm

Publié par hugo

 "La chair est triste hélas" d’Ovidie : grève du sexe et solidarité féminine

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28 mai 2023 à 08:11

Temps de lecture4 min
Par Fanny De Weeze*, une chronique pour Les Grenades
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Ovidie
Autrice
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Dans son livre La chair est triste hélas, Ovidie raconte les raisons, les réactions et les conséquences de sa décision d’arrêter d’avoir des relations sexuelles avec les hommes. Intime, cash, explosif, ce texte atteint son but : nous ébranler.

 

Point de départ
Dès les premiers mots, Ovidie nous avertit que ce que nous tenons entre nos mains n’est ni un essai, ni un manifeste. A mi-chemin entre un texte écrit en écriture automatique et un exutoire, ce texte remue sur un sujet plus que tabou, ce que la sexualité avec les hommes provoque chez les femmes.

Que Ovidie prenne la parole pour nous livrer ce récit intime n’est pas anodin. Ancienne actrice et réalisatrice de films X (carrière qui n’a duré que quelques années), elle est surtout connue et reconnue pour ses autres projets qui tournent autour du corps des femmes et de leur sexualité. Partant de cet atypique parcours professionnel, il est intéressant de comprendre ce qui l’a menée à refuser toute relation charnelle avec des hommes.

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Le point de départ d’une telle décision est difficile à établir pour l’autrice mais Ovidie déclare que tout a commencé par une lassitude. Elle l’explique entre autres par ces mots : "Cette servitude volontaire à laquelle se soumettent les femmes hétérosexuelles, pour si peu de plaisir en retour, sans doute par peur d’être abandonnées, une fois fripées comme ces vieilles filles qu’on regarde avec pitié. Tout cela m’a soudain semblé insupportable."

Au fur et à mesure de ces rapports avec des hommes, elle a découvert un certain mécanisme, dans lequel elle était embourbée. Ce mécanisme qui est de devoir plaire à tout prix, d’être la femme la plus désirable au monde, d’être celle qui évincera toutes les autres et surtout de prouver à l’homme qu’il est celui qui assure à tout point de vue, a poussé Ovidie à un point de non-retour.

A 36 ans, elle arrête de faire l’amour avec les hommes. Elle n’a pourtant pas fait vœu d’abstinence et elle s’est réservé le droit de coucher avec des femmes. Car pour l’autrice, le sexe avec un homme n’est jamais égalitaire. La femme donne et l’homme reçoit. Cette grève du sexe a commencé il y a quatre ans et s’il y a eu des "coups de canifs dans le contrat tacite", ces exceptions n’ont fait que confirmer les raisons de cet arrêt.


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Les répercussions de ce choix
Avec le partage de cette expérience, Ovidie rencontre d’autres femmes, qui elles aussi, ont renoncé aux rapports sexuels avec des hommes, certaines totalement, quand d’autres ne veulent plus de sexe pénétratif. Comprendre que d’autres vivent le même cheminement, c’est se rendre compte du problème et voir ensemble comment le contourner ou le résoudre avec nos moyens du bord.

Cette grève a engendré un tournant dans ses relations. Quand le (en) jeu de séduction n’existe plus, un tout autre rapport s’installe et c’est ce que découvre Ovidie. Son expérience l’amènera dans des contrées jusqu’alors inexplorées.

Et s’il y a bien une chose à laquelle elle ne veut plus se frotter, quand il s’agit de rapports amoureux c’est à la rivalité. Les femmes se comparent entre elles pour plaire au mâle dominant. Pour Ovidie, redécouvrir la solidarité entre femmes est devenu primordial.

Plus elle avance dans cette expérience, plus Ovidie comprend le rapport qu’elle a entretenu avec son corps, son image altérée de sa féminité, toujours dans l’attente de l’approbation du regard des hommes.

À lire aussi
"En finir avec la rivalité féminine" : s’approcher d’une sororité bienveillante

De la continuité avec un podcast
Dans cette expérience, elle est rejointe par un de ses amis, Tancrède Ramonet. Ovidie et lui décident alors de chroniquer ce projet fou en y documentant leur propre ressenti mais aussi en y incluant des interviews de personnes qui ont décidé, elles aussi, de ne plus avoir de rapports sexuels.

Ce podcast en 4 épisodes, intitulé sobrement "Vivre sans sexualité" aborde l’abstinence dans toutes ses composantes.

Dans cette continuité, l’autrice fait d’ailleurs également référence au livre d’Emmanuelle Richard, Les corps abstinents, qui est aussi un recueil de témoignages d’abstinences assumées.

La portée d’un tel récit
On peut imaginer différentes réactions à la lecture de ce livre : des femmes se diront peut-être "moi aussi", tandis que d’autres diront "elle exagère", ou encore certaines penseront "je vais tenter et voir ce que ça donne".

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Ce qui est sûr, c’est que quel que soit notre rapport à la sexualité, nous nous serons questionnées sur nos propres relations et aurons analysé celles-ci à l’aube de données nouvelles.

La chair est triste hélas, Ovidie, Editions Julliard, Collections Fauteuse de trouble, 160 pages, mars 2023, 18€.

*Fanny De Weeze est une lectrice passionnée qui tient un blog littéraire (Mes Pages Versicolores) depuis 2016 sur lequel elle chronique des romans, des essais et des bandes dessinées.

Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/article/la-chair-est-triste-helas-dovidie-greve-du-sexe-et-solidarite-feminine-11204072

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