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Droit Ă  l'avortement aux Etats-Unis : la pilule abortive, l'ultime bataille

15 Avril 2023, 23:53pm

Publié par hugo

  Droit à l'avortement aux Etats-Unis : la pilule abortive, l'ultime bataille
Des membres du groupe Women's March se mobilisent pour défendre l'accès aux médicaments d'avortement devant le palais de justice fédéral le mercredi 15 mars 2023 à Amarillo, au Texas. Matthew Kacsmaryk, un juge du Texas, a déclenché une tempête juridique en décident d'interdire la commercialisation de la pilule abortive.
Des membres du groupe Women's March se mobilisent pour défendre l'accès aux médicaments d'avortement devant le palais de justice fédéral le mercredi 15 mars 2023 à Amarillo, au Texas. Matthew Kacsmaryk, un juge du Texas, a déclenché une tempête juridique en décident d'interdire la commercialisation de la pilule abortive.
©AP Photo/David Erickson
Des membres du groupe Women's March se mobilisent pour défendre l'accès aux médicaments d'avortement devant le palais de justice fédéral le mercredi 15 mars 2023 à Amarillo, au Texas. Matthew Kacsmaryk, un juge du Texas, a déclenché une tempête juridique en décident d'interdire la commercialisation de la pilule abortive.La mifépristone (RU 486), est une des deux pilules utilisées pour les interruptions médicamenteuses de grossesse, elle a été autorisée il y a 23 ans par l'Agence fédérale du médicament américaine. Ce que contestent des anti-avortements auprès d'un juge texan. Sa décision pourrait lancer la voie à une interdiction de la pilule abortive sur l'ensemble du territoire américain. <br />
 
15 MAR 2023
 Mise à jour 03.04.2023 à 11:55 par 
TerriennesIsabelle Mourgere
 
avec AFP
La pilule abortive bientôt interdite sur l'ensemble du territoire américain ? Un juge du Texas a décidé de suspendre son autorisation de mise sur le marché. Le gouvernement a fait appel. En attendant l'issue de cette bataille juridique, un réseau de femmes s'organise à travers le territoire pour permettre à celles qui le souhaitent d'accéder à ce "dernier" moyen d'avorter, une pilule de plus en plus difficile à se procurer. 
"Nous sommes clairement très inquiets, comme toute la communauté médicale devrait l'être. Cela serait une première très dangereuse", estime la présidente de l'organisation de planning familial Planned Parenthood, Alexis McGill Johnson.

Si cette bataille se joue par le biais d'un juge du Texas, l'un des premiers Etats à avoir interdit le droit à l'avortement aux Etats-Unis, dès septembre 2021, l'interdiction de la pilule abortive pourrait concerner l'ensemble du territoire américain.

Lire la vidéo

(Re)-lire notre article ►​Avortement : le parcours de combattantes des Texanes

La pilule abortive, l'ultime bataille ?
Un juge fédéral texan a offert une victoire retentissante aux opposants à l'avortement, en suspendant l'autorisation de mise sur le marché de la mifépristone (RU 486) dans l'ensemble des Etats-Unis. Il a toutefois donné une semaine aux autorités pour faire appel, avant que sa décision n'entre en vigueur. Ce juge est connu pour ses positions ultra-conservatrices, il a été auparavant l'avocat d'un groupe juridique de liberté religieuse avec une longue histoire de défense des causes conservatrices.

L'administration du président démocrate Joe Biden a demandé à une cour d'appel, située à la Nouvelle-Orléans, d'intervenir : cet "arrêt extraordinaire et sans précédent" doit "être bloqué en attendant l'examen de fond" du dossier, lui a écrit le ministère de la Justice. Dans son recours, le gouvernement rappelle que plus de 5 millions de femmes ont utilisé la mifépristone, combinée à un autre cachet depuis son autorisation par l'Agence américaine du médicament (FDA) en 2000.

Un juge fédéral sans formation scientifique a fondamentalement sapé l’autorité accordée par le Congrès à l’Agence américaine des médicaments (FDA).

Lettre des groupes pharmaceutiques
Les cadres dirigeants de 250 entreprises pharmaceutiques, dont les géants Pfizer ou Biogen, ont également fustigé, dans une lettre ouverte, un arrêt qui "crée de l'incertitude pour l'industrie pharmaceutique dans son ensemble" en "ignorant des décennies de preuves scientifiques". "Un juge fédéral sans formation scientifique a fondamentalement sapé l’autorité accordée par le Congrès à l’Agence américaine des médicaments (FDA)", lit-on dans cette lettre signée notamment par le patron de Pfizer, Albert Bourla, et des représentants d’autres grands laboratoires comme Biogen, AbbVie ou Novartis. La lettre a été notamment initiée par Amanda Banks, cofondatrice de Blackfynn, Jeremy Levin, patron de Ovid Therapeutics, Paul Hastings, patron de NKarta Therapeutics, Shehnaaz Suliman, patron de ReCode Therapeutics et John Maraganore, fondateur de Alnylam Pharmaceuticals, a précisé à l’AFP une porte-parole de ReCode Therapeutics.

Selon les juristes, la FDA peut ignorer la décision du juge Kacsmaryk. En attendant l'issue de ce marasme légal, plusieurs Etats démocrates ont pris les devants en constituant des stocks de pilules abortives.


Le droit des Américaines à disposer librement de leur corps de plus en plus réduit
À l'origine de cette nouvelle attaque contre le droit des femmes à disposer librement de leur corps, une coalition de médecins et de groupes anti-avortement qui a porté plainte en novembre 2022 contre l'Agence américaine du médicament (FDA). Ils lui reprochent d'avoir autorisé il y a 23 ans la Mifépristone (RU 486), une des deux pilules utilisées pour les interruptions médicamenteuses de grossesse. Un produit chimique susceptible selon eux de créer des complications.


 La décision du juge Kacsmaryk pourrait avoir un impact aussi retentissant que l'arrêt de la Cour suprême des Etats-Unis ayant dynamité, en juin 2022, le droit à l'avortement. Depuis, une quinzaine d'Etats conservateurs ont interdit tous les avortements sur leur sol, et d'autres comme la Floride sont en voie de restreindre fortement l'accès aux IVG.

[En raison de siècles de discrimination systémique, l'interdiction de l'avortement frappe le plus durement les Noirs, les Latinas, les Autochtones et les autres personnes de couleur. Ensemble, nous devons tous nous battre. Une femme sur 3 en âge de procréer n'a plus accès à l'avortement. Au total, cela pourrait toucher à l'avenir 36 millions de personnes.]

Lire la vidéo
"Plan C" : un réseau de femmes pour résister
Elles n'avaient pas attendu la décision couperêt de la Cour suprême pour organiser la résistance. Depuis des années déjà, un groupe de femmes tente, malgré les risques, et par tous les moyens de permettre à toutes les Américaines d'avoir accès à une méthode sûre d'avortement, en cas de besoin, que constitue la pilule abortive.

Plan C est à la fois le nom d'un documentaire projeté cette semaine au grand festival South by Southwest à Austin, aux Etats-Unis, et de l'organisation au centre du film. Il retrace les montagnes russes vécues durant plus de trois ans par ces femmes engagées, entre 2019 et 2022.

Malheureusement, les anti-avortements ont en partie gagné (...) Mais de plus en plus de gens entrent en résistance et font en sorte qu'il y ait un accès aux pilules abortives. Donc il y a une alternative, il y a une réponse possible.

Tracy Droz Tragos, réalisatrice du documentaire Plan C
"Malheureusement, les anti-avortements ont en partie gagné", a déclaré à l'AFP la réalisatrice, Tracy Droz Tragos. Et "nous n'avons pas encore touché le fond aux Etats-Unis", craint-elle. "Mais de plus en plus de gens entrent en résistance et font en sorte qu'il y ait un accès" aux pilules abortives, dit-elle. "Donc il y a une alternative, il y a une réponse possible."


L'avortement médicamenteux, l'ultime solution ?
Le plan A, c'est la contraception. Ensuite, il y a le plan B, plus connu sous le nom de pilule du lendemain. Et puis, en cas de grossesse non désirée, le plan C : l'avortement médicamenteux. C'est pour mieux diffuser l'information autour de cette méthode que deux femmes, Francine Coeytaux et Elisa Wells, fondent l'association Plan C en 2015.

Elles commencent par tester les pilules pouvant être achetées sur le marché noir, sur internet, pour vérifier qu'il s'agit du vrai produit. Si oui, elles les répertorient sur leur site. Puis, durant la pandémie, face aux difficultés grandissantes pour trouver ces pilules, elles passent un appel pour recruter des médecins acceptant de les prescrire via télémédecine, et de les envoyer par la poste aux patientes.

"Après avoir parlé à environ 150 médecins, on a fini avec cinq", à la mobilisation "héroïque", raconte Elisa Wells. Plan C les aide à couvrir les coûts d'installation d'un service de téléconsultation, ou encore de licences médicales pour exercer dans plusieurs Etats. Ces femmes médecins opèrent alors malgré un flou juridique, jusqu'à ce que l'Agence américaine des médicaments (FDA) ne clarifie la situation: oui, les pilules peuvent bien être postées.

De nombreux services de téléconsultations naissent alors. Mais en juin 2022, séisme dans le pays: la Cour suprême rend aux Etats leur liberté de légiférer sur l'avortement, qui devient illégal dans une vaste partie du pays.


[Comment la réalisatrice de "Plan C" Tracy Droz Tragos prévoit de faire du bruit sur l'accès à l'avortement au Festival du film de Sundance]

Notre article â–şAu Canada, la pilule abortive finalement autorisée

Un réseau sous-terrain, dans la peur
"C'est comme faire tourner un cartel de drogue, mais pour aider les gens", déclare une des femmes anonymes du documentaire. Alors que l'accès est peu à peu drastiquement restreint, un fournisseur accepte de continuer à poster les pilules vers les Etats républicains, notamment le Texas. Un réseau sous-terrain s'organise.


La peur envahit chaque scène: peur pour les femmes utilisant les pilules, peur pour celles qui les aident. Mais aussi peur que tout s'arrête, et qu'elles se retrouvent sans solution.

"J'espère que nous en avons fait assez, et que ces gens resteront en sécurité", dit la réalisatrice, en regrettant qu'un médicament autorisé depuis plus de 20 ans aux Etats-Unis se retrouve à susciter de telles opérations clandestines. "C'est une tragédie", dit-elle.

Les détails du fonctionnement mis en place ne sont pas révélés dans le film, à dessein. Les visages sont floutés, les voix déformées, les pistes brouillées concernant les lieux filmés.

Ici l'équipe du film et du réseau Plan C lors de la projection au festival de Sundance aux Etats-Unis â–ş


Un film trop politique ?
Trouver une plateforme qui accepte de diffuser le documentaire se révèle aujourd'hui ardu. Les interlocuteurs trouvent le film "trop politique", disent devoir rester "neutres", explique Tracy Droz Tragos, dont un premier documentaire sur l'avortement avait été acclamé par la critique. Il donnait la parole aux militants des deux bords.

Nous restons optimistes sur le fait que même face à ces restrictions injustes, l'accès à la pilule abortive continuera à être possible.

Elisa Wells, l'une des organisatrices de Plan C
Elle espère que Plan C porte un message d'espoir pour les personnes qui le verront: qu'elles sachent "qu'elles ne sont pas seules, qu'il y a un réseau qui existe".

Face à la menace du jugement attendu au Texas sur la pilule abortive, les femmes de Plan C veulent garder espoir. "Nous restons optimistes sur le fait que même face à ces restrictions injustes, l'accès à la pilule abortive continuera à être possible", martèle Elisa Wells. "Nous pensons qu'il s'agit d'une forme de résistance, et qu'elle l'emportera."
 


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â–şFaut-il se méfier de la pilule du lendemain ? [à vrai dire]


 

TerriennesIsabelle Mourgere
 
avec AFP
 Mise à jour 03.04.2023 à 11:55
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