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Danse virale sur les violences conjugales : peut-on rendre l'horreur belle ?,femmes,violences,

31 Octobre 2018, 08:19am

Publié par hugo

 Danse virale sur les violences conjugales : peut-on rendre l'horreur belle ?
Par Juliette Hochberg Publié le 29/10/2018 à 14:16
 

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Impossible de ne pas avoir vu passer la vidéo de ce couple de danseurs dans votre fil d'actualité. Leur chorégraphie, "contre les violences conjugales", a ému la Toile. Mais certain.e.s internautes ont confié leur malaise devant cette performance qui esthétise le drame.
Visionnée 25 millions de fois sur Facebook, 800.000 fois sur Twitter. En postant la performance de ce couple de danseurs amateurs sur la scène de La France a un incroyable talent, M6 a explosé les compteurs. Nadia, 21 ans et Dakota, 27 ans, ont bouleversé les quatre jurés de l'émission et les internautes avec leur chorégraphie qui illustre la violence conjugale au sein d'un couple. 
 
La violence glamourisée
À contre courant cet émerveillement unanime, Sofia Antoine ("Sofia Sept" sur les réseaux sociaux), artiste et militante féministe, membre du groupe FEMEN, décrit sa "drôle de sensation" ressentie à la découverte de la séquence utilisée comme teaser de la treizième saison du télé-crochet. Elle ouvre le débat à ses milliers d'abonnés et déclare : "Étonnamment, j’ai vraiment du mal. La violence est chorégraphiée, belle, glamourisée. Les corps sont splendides, jeunes, sexys. (...) Or les violences conjugales c’est moche, terrible, extrêmement mortifère, et inexcusable." Avec sa publication, elle met le doigt sur un sentiment que de nombreuses personnes confient, en réaction, ne pas avoir osé exprimer face à l'engouement collectif.
"Tu soulèves une question globale sur l'esthétisation de la violence et des horreurs", lui répond Patrick Altman, photographe et auteur. "A-t-on le droit de fabriquer de belles images pour dire l'horreur ? (...) J'avais vu il y a quelques années un clip sur les violences conjugales avec des ralentis, des images léchées, et ça m'avait produit le même malaise."
Lire aussi : Muriel Robin, Pierre Niney, Vanessa Paradis... 88 personnalités s'engagent contre les violences conjugales
D'autres internautes rebondissent et expliquent avoir été dérangés, de la même façon, en visionnant le clip Si j'étais un homme de la rappeuse Chilla, où deux danseurs illustrent aussi les violences au sein du couple. La militante à l'origine du débat compare quant à elle son malaise à celui ressenti, à l'époque, devant la comédie romantique Pretty Woman qui avait la "capacité à glamouriser la prostitution".
La violence est chorégraphiée, belle, glamourisée. Les corps sont splendides, jeunes, sexys.(...) Or les violences conjugales c’est moche, terrible, extrêmement mortifère, et inexcusable.
"Faut-il esthétiser le drame, le rendre beau, pour qu'il soit digne d'intérêt ?" s'interroge à son tour un internaute, soulignant dans un second temps l'hypocrisie des spectateurs. "À côté de ça, on continue de fermer les yeux sur les violences conjugales. Ça reste un sujet ultra-tabou. Mais en danse, oui, ça passe... C'est beau... On regarde les coups, on les partage. Monde hypocrite."
Cette violence qu'on nomme "amour passionnel"
La chorégraphie s'intitule "Ne me quitte pas". Avec ce choix de titre, les danseurs ont associé - réduit - la violence à l'idée d'amour passionnel, tout de suite romantique. Il est alors facile de l'interpréter comme forme d'amour "extrême" qui permettrait une forme de violence. Une dialectique qui revient souvent dans la banalisation des violences conjugales. "La femme finit par ne jamais quitter son bourreau et termine le pas de deux, dans ses bras, amoureusement enlacée. L’agresseur est sympathique et se pose en victime et en amoureux transi", analyse Sofia Antoine.
Lire aussi : De la nécessité de reconnaître le suicide forcé des victimes de violences conjugales
"L’interview des deux danseur-se-s est juste insupportable, pleine de poncifs avec un discours naïf à la limite de l’indécence pour les femmes victimes. Le danseur excuse même les hommes violents" conclue la FEMEN. Face caméra pour le site féministe Simone Media, le danseur Dakota commente : "Ce qu'on a voulu montrer, c'est que c'est malgré moi. Ce n'est pas volontaire, ce n'est pas quelqu'un qui est méchant de base. C'est quelqu'un de malade qui a besoin de se faire soigner." Aïe.

https://www.marieclaire.fr/danse-avec-les-stars-violences-conjugales-peut-on-rendre-l-horreur-belle,1285194.asp
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