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Rapport mondial sur la paix et la sécurité des femmes : où se situe la Belgique ?

18 Novembre 2023, 03:17am

Publié par hugo 🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️

 Rapport mondial sur la paix et la sécurité des femmes : où se situe la Belgique ?

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15 nov. 2023 à 19:31

4 min
Par Sarah Duchêne pour Les Grenades
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Le dernier indice mondial de paix et de sécurité des femmes (WPS) a été publié par le Georgetown Institute for Women, Peace and Security et l’institut privé de recherche sur la paix et les conflits de Norvège. Pour la quatrième fois, 177 pays ont été classés selon l’inclusion, la justice et la sécurité des femmes.

Sous ces trois dimensions se cachent 13 indicateurs qui permettent d’évaluer les pays. L’éducation, l’emploi, la représentation parlementaire ou les violences intrafamiliales sont analysés. Quatre nouveaux indicateurs ont été ajoutés cette année : l’accès à la justice, la mortalité maternelle, la violence politique et la proximité des conflits. Il est important de noter qu’aucun pays n’obtient de résultats parfaits, l’Institut Georgetown précise d’ailleurs que "tous les pays peuvent encore s’améliorer."

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La Belgique peut-elle mieux faire ?
La Belgique se situe à la 11e place du classement, avec 902 points, à ex æquo avec l’Australie. Elle passe donc de justesse sous le top 10, largement dominé par les pays nordiques. Le Danemark, avec 932 points est en tête de liste, suivi par la Suisse (928 points) et la Suède (926 points). Le rapport précise que la trentaine de pays se situant en haut du classement font tous partie des pays développés, d’Europe centrale ou de l’Est ou d’Asie centrale, à l’exception des Émirats arabes unis qui figurent à la 22e place.

Dans le classement du premier WPS, réalisé en 2017, la Belgique était à la 10e place, avec 846 points, juste après la Suède. L’emploi des femmes a largement progressé, passant de près de 48% à 70%. En revanche, en matière de perception de la sécurité collective, le pourcentage a baissé de 63% à 56%. En comparaison, elle est à 85% en Suisse.

Il est intéressant de relever qu’en 2017, le Danemark se situait après la Belgique, avec 845 points, en 11e place. En l’espace de 5 ans, non seulement le Danemark a dépassé l’Etat belge mais est passé premier de la liste en obtenant près de 100 points en plus. La Belgique semble donc davantage stagner, voire parfois régresser certaines années, comme en 2019 où elle était retombée à la 27e place. Même évolution pour la Suède, qui est montée de la 9e place à la 3e. D’autres pays ont, quant à eux, disparu du top 10, comme l’Espagne, désormais 27e ou le Royaume-Uni, 26e.

Sans très grande surprise, la dernière position est occupée par l’Afghanistan qui obtient un score de 286 points, une différence de près de 700 points avec le haut du classement. Depuis l’arrivée des talibans au pouvoir le 15 août 2021, les droits des femmes sont en constante régression. Les jeunes filles n’ont plus accès à l’éducation après la primaire, l’université leur est interdite, les salons de beauté sont fermés, et leurs tenues sont contrôlées.

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11 des 12 derniers pays sont classés comme des Etats fragiles et sept d’entre eux se trouvent en Afrique subsaharienne. L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, l’Irak, la Syrie et le Yémen font partie des pays les plus mal classés depuis la première édition du classement, en 2017.

Et si ces pays se retrouvent en bas du classement, ce n’est pas un hasard, selon le rapport. Les pays qui sont à proximité des conflits sont ceux qui obtiennent les plus mauvais scores. L’Institut rappelle que l’année 2022 – étudiée pour ce dernier rapport – a été la plus mortelle en termes de morts liées à des guerres depuis 1994, l’année du génocide du Rwanda. L’année 2023 pourrait bien dépasser à nouveau ce triste record, avec l’escalade de violence liée à la guerre israélo-palestinienne.

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Depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre, les bombardements israéliens s’intensifient dans la bande de Gaza. Les ONG internationales comme l’OMS, UNICEF ou Médecins Sans Frontières alertent depuis plusieurs semaines sur la situation des femmes et des nouveau-nés à Gaza.

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Selon les dernières statistiques, les femmes et les enfants constituent près de 70% des victimes. Le rapport insiste, les femmes sont les premières victimes des conflits armés car le risque de violence basée sur le genre s’accentue. En Ukraine ou en République démocratique du Congo, de nombreux témoignages de violences sexuelles sont partagés, révélant une véritable utilisation du viol comme arme de guerre.

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Corrélation avec l’adaptation au changement climatique
Le rapport indique que les pays où la sécurité et la paix des femmes sont garanties sont aussi les plus pacifiques, plus démocratiques, plus prospères et surtout mieux préparés à s’adapter aux effets du changement climatique.

Le WPS étant le seul indice mondial à regrouper l’inclusion, la sécurité et la paix des femmes, il est un outil important pour mettre en avant les liens entre ces dimensions et le bien-être général de la société.

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Ces impacts sur la paix, la démocratie et la résilience au changement climatique sont davantage corrélés avec le statut des femmes qu’avec le PIB, "ce qui souligne l’importance d’investir dans les femmes", explique l’Institut.

De fortes corrélations s’observent d’ailleurs entre l’indice WPS et les indices de développements humains et d’adaptation au climat.

La violence politique, le danger des pays plus prospères
Le rapport met toutefois en garde les pays qui se portent le mieux en matière de paix et de sécurité des femmes, car une "épine dorsale", comme l’appelle l’Institut, se dresse : celle de la violence politique.

Les États qui assurent de meilleures participation et représentation des femmes en politique doivent les protéger.

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Les femmes qui participent à la vie politique sont davantage exposées à de la violence et cela peut freiner les progrès. Les violences prennent différentes formes, et peuvent être digitales, physiques ou sexuelles. Selon l’Observatoire français des violences sexistes et sexuelles en politique, "les violences sexistes et sexuelles en politiques sont massives, concernent tous les échelons de pouvoir et toutes les familles politiques". Un #Me too politique a émergé en France, qui peine à prendre de l’ampleur en Belgique.

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https://www.rtbf.be/article/rapport-mondial-sur-la-paix-et-la-securite-des-femmes-ou-se-situe-la-belgique-11287250

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