"Générations maestras" : une journée musicale pour fêter les cheffes d’orchestre

 "Générations maestras" : une journée musicale pour fêter les cheffes d’orchestre
Zofia Wisłocka.
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02 oct. 2023 à 17:56
•
5 min
Par Jehanne Bergé pour Les Grenades
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Ce 8 octobre à l’ULB se tiendra une journée musicale exceptionnelle consacrée aux femmes cheffes d’orchestre. Entre concerts, rencontres, projections et débat, vive "Générations maestras" !

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Quand Zofia Wislocka crée l’association internationale Femmes Maestros au début des années 2000, son objectif est alors de défendre l’égalité de genre à la direction d’orchestre. Aujourd’hui, plus de 20 ans plus tard, ce combat est loin d’être gagné…

Mais Zofia Wislocka ne baisse pas les bras, que du contraire ! Plus que jamais, elle tend sa baguette libre et fière et nous invite ce 8 octobre à célébrer trois générations de femmes cheffes d’orchestre européennes.

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Visibiliser les maestras
Pour Zofia Wislocka, la musique, c’est l’histoire d’une vie. Née en 1947 en Pologne, elle joue du piano et du violon dès l’enfance et commence à se former à la direction d’orchestre à partir de l’âge de 14 ans. Arrivée en Belgique au milieu des années 70, elle est alors l’une des pionnières et doit affronter de nombreux obstacles. "À l’époque, personne ne voulait engager une femme, surtout pas dans les orchestres professionnels", se souvient-elle.

Au fil des rencontres, à partir du début des années 80, elle prend la direction de l’orchestre de l’ULB, formation qu’elle accompagnera durant 36 ans. Aussi, dès 1991, elle crée son propre ensemble "I Musici Brucellensis".

La musique est transmission

Esseulée dans le monde très masculin de la direction d’orchestre, en 2000, elle décide de rassembler une vingtaine de cheffes venues des quatre coins du monde. C’est ainsi que nait l’association "Femmes Maestros". Depuis, Zofia Wislocka n’a jamais cessé de militer. Forte d’un réseau de dimension internationale, l’association honore chaque année le talent au féminin. Ce 8 octobre, "Générations maestras" marquera ce grand rendez-vous annuel !

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Zoé Zeniodi.
"Pour cet événement, j’ai voulu faire glisser la baguette de la Grèce au Luxembourg, en passant par la Belgique, parce que ‘Femmes Maestros’est un projet européen, international. Nous proposons trois cheffes de trois générations et nationalités différentes ; la musique est transmission", explique Zofia Wislocka.

Sur la scène de la salle Dupréel ce 8 octobre, derrière le pupitre, nous pourrons observer Zofia Wislocka bien entendu, mais aussi Zoé Zeniodi. Née en 1976, elle partage sa vie et sa carrière entre sa Grèce natale et les États-Unis. Saluée par la presse comme "l’ingénieuse cheffe grecque" ou encore "Ms dynamite", elle s’est produite dans des salles sur tous les continents en collaboration avec des artistes de renom.

Amélie Casciato.
La benjamine de la journée sera Amélie Casciato.

Âgée de 24 ans, elle a commencé sa carrière de maestra en 2022, en même temps que d’être musicienne au sein de plusieurs orchestres au Luxembourg et de diriger l’orchestre d’harmonie de l’ULB.

"Je suis très heureuse de les recevoir toutes les deux", sourit la cheffe polonaise.

Un répertoire varié
Au programme, notamment des œuvres de la compositrice autrichienne Maria-Anna de Martinez (1744-1812) qui fut l’élève de Joseph Haydn (clavecin) et Nicolas Porpora (chant). Elle a composé plus de 200 œuvres, mais la plupart ont été perdues, à l’instar de nombreuses compositrices tombées dans l’oubli au fil des années ou déconsidérées au profit de celles de leurs homologues masculins. Nous pourrons aussi écouter les œuvres du compositeur belge Eugène Ysaÿe (1958-1931), de l’anglais Edward Elgar (1857-1934) et de l’italien Nino Rota (1911-1979).

La place de soliste sera assurée par la virtuose violoncelliste Joanna Staruch-Smolec, spécialiste d’Eugène Ysaÿe et doctorante en art et sciences de l’art au laboratoire Musical, Lam-ULB.

À l’époque, personne ne voulait engager une femme, surtout pas dans les orchestres professionnels

Cette journée ayant comme ambition de déconstruire les stéréotypes autour de l’art de la baguette, hérités d’une tradition établie et perpétués par les hommes et par l’Histoire, la directrice du laboratoire Musical, Valérie Dufour, rappellera par ailleurs les enjeux autour de la diversité de genre dans la musique classique.

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Des films pour saisir l’air du temps
En plus des concerts et prises de paroles, ce 8 octobre sera diffusé Divertimento de Marie-Castille Mention-Schaar. Le film est inspiré du parcours singulier de Zahia Ziouani et de sa sœur Fettouma. La première rêve de devenir cheffe d’orchestre et la seconde, violoncelliste professionnelle. À force de conviction et de détermination, les deux jeunes femmes, d’origine algérienne et vivant dans la banlieue parisienne, surmontent les obstacles pour faire leur place dans le monde élitiste et sexiste de la musique classique en créant leur propre orchestre : Divertimento en Seine-Saint-Denis.

Il est à noter que plus que jamais, le monde de l’audiovisuel semble s’intéresser aux carrières de cheffes d’orchestre. En effet, la carrière de Zahia Ziouani fait également le sujet du documentaire Zahia, un temps d’avance. Il y a aussi le documentaire The conductor autour de la cheffe américaine Marin Alsop. Ou encore Maestra de Maggie Contreras qui suit plusieurs femmes du monde entier alors qu’elles participent au concours La Maestra à la philharmonie de Paris. Sans oublier le film de fiction Tàr de Todd Field, pour lequel Cate Blanchett a remporté la Coupe Volpi de la meilleure interprétation féminine à la Mostra de Venise bien que le scénario ait soulevé de nombreuses critiques. Toutes ces productions sont très récentes et témoignent sans conteste d’un vent nouveau.

Le nombre de directrices en augmentation
Revenons à la musique. Grâce à des personnalités comme Zofia Wislocka, le secteur gagne en inclusivité : "Il y a de plus en plus de femmes, de plus en plus d’opportunités. Ça bouge ! Les grandes maisons se rendent compte que les cheffes peuvent apporter leur regard. Aujourd’hui, les plus jeunes rejoignent la scène aux côtés des pionnières."

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Le nombre de directrices musicales de grandes institutions est en effet en constante augmentation. Selon une étude menée par le concours parisien La Maestra, aujourd’hui dans le monde, 62 femmes occuperaient des postes de directrices musicales ou de cheffes principales au sein d’un orchestre professionnel permanent, soit 7,9% sur 778 orchestres recensés. Elles étaient 32 en 2018, soit 4,3%.

Bon point pour notre plat pays : c’est en Belgique que le pourcentage de femmes dirigeant des orchestres était le plus élevé lors de l’enquête grâce à Elim Chan à Anvers, Kristiina Poska à l’Orchestre des Flandres et Speranza Scappucci à l’Opéra Royal de Wallonie-Liège (poste qu’elle a depuis quitté).

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"Être chef·fe c’est du travail, beaucoup de travail. Ce n’est certainement pas le genre qui importe. Ce ne sont pas les gestes non plus qui font un·e chef d’orchestre, mais la manière d’être, de percevoir la musique, de sentir les autres. À chaque concert, on éveille des choses en soi et les femmes ont toute leur place", conclut Zofia Wislocka.

Pour vivre ces frissons musicaux, rendez-vous le 8 octobre.

Infos pratiques

"Générations maestras" : une journée de sons et de témoignages autour de l’évolution des femmes dans la direction musicale

Le 8 octobre 2023 de 11h à 16h, Salle Dupréel, ULB Solbosch, 44 avenue Jeanne 1050 Bruxelles

L’événement sera dédié aux victimes du tremblement de terre du Maroc et tous les bénéfices seront reversés à la Croix-Rouge.

Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.

https://www.rtbf.be/article/generations-maestras-une-journee-musicale-pour-feter-les-cheffes-dorchestre-11265371

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