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En Argentine, le candidat d’extrême droite Javier Milei menace les droits des femmes

30 Octobre 2023, 04:42am

Publié par hugo 🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️

 En Argentine, le candidat d’extrême droite Javier Milei menace les droits des femmes

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26 oct. 2023 à 12:54

5 min
Par Camille Wernaers pour Les Grenades
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C’était en décembre 2020. L’Argentine légalisait l’avortement et le rendait gratuit jusqu’à la 14e semaine de grossesse (en Belgique, le délai est de maximum 12 semaines pour bénéficier d’une IVG).

Cette nouvelle était accueillie par une marée verte et les cris de manifestantes en plein cœur de Buenos Aires. L’adoption de cette loi représentait l’accomplissement de la longue lutte menée par des milliers de femmes, et symbolisée par le foulard vert qu’elles portent lors des actions féministes dans le pays.

"[L’Argentine a] envoyé un message d’espoir fort à l’ensemble de notre continent : que nous pouvons changer de cap contre la criminalisation de l’avortement et contre les avortements clandestins, qui présentent de graves risques pour la santé et la vie de millions de personnes", réagissait à l’époque Erika Guevara-Rosas, directrice du programme Amériques d’Amnesty International.

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© AFP

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"Pas un droit acquis"
Pourtant, pour Javier Milei, le candidat d’extrême droite qui est parvenu ce 22 octobre au second tour de l’élection présidentielle en Argentine, l’avortement n’est "pas un droit acquis". S’il remporte cette élection, il a d’ores et déjà annoncé qu’il aimerait interdire à nouveau l’avortement, via l’organisation d’un référendum. Malgré la nouvelle loi, la population argentine reste divisée sur la question.

Javier Milei a un discours qui semble rebelle, mais qui est néanmoins réactionnaire, en utilisant le ressentiment de la masculinité, qui s’exprime dans la croissance des extrêmes droites dans de nombreuses parties du monde

"L’avortement est un meurtre aggravé, où il y a une énorme disparité de forces parce qu’une personne abuse de l’autre", a-t-il déclaré en août dernier lors d’une interview à la télévision. Habitué de ce type de phrases choc, (il est d’ailleurs surnommé El Loco, "le fou"), il a également expliqué : "[…] Le ministère de la Femme, je l’éliminerai. Je ne m’excuserai pas d’avoir un pénis. Je n’ai pas à avoir honte d’être un homme blanc, blond, aux yeux bleu clair." Il se montre également pro-arme et climatosceptique.

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Le mouvement féministe réagit
Face à ces déclarations, le mouvement Ni Una Menos ("Pas une en moins"), qui lutte contre les féminicides depuis 2015 et qui a été très actif dans la légalisation de l’avortement dans le pays, a organisé en août une assemblée féministe ouverte, rassemblant de nombreux collectifs féministes.

"Nous sommes en alerte collective", se sont-elles insurgées. "Il y a eu un désir de se réunir, de créer un organe organisationnel, mais aussi de développer une approche politique de la situation. Nous voulons empêcher la droite ou l’ultra-droite d’accéder au gouvernement dans ce pays", a indiqué Lucía Caballero, coordinatrice des assemblées de Ni Una Menos au média Télam. "La suppression du ministère de la femme n’est que la partie émergée d’un iceberg, qui consiste à réduire toutes les dépenses publiques consacrées à la prévention, à la lutte contre la violence, […] et différents droits que nous avons obtenus au fil des ans dans le cadre de la lutte féministe", continue-t-elle.

On se rassemble pour défendre les droits des femmes, parce qu’on craint un recul

Parmi les personnes présentes ce jour-là, Neca Jara, membre du collectif La Enramada, a expliqué à Télam : "Il y a une façon de faire de la politique qui ne fonctionne plus, qui est épuisée, qui a atteint ses limites, et une autre qui se présente comme une proposition, comme anti-système, comme une rébellion, mais qui en réalité est une fraude. Et nous ne devons pas permettre à n’importe qui de venir avec des propositions pour renverser tout ce que ces années de lutte pour la construction ont apporté, et c’est pourquoi nous devons trouver un moyen pour que les organisations de base puissent dialoguer avec les institutions, mais cela ne veut pas dire tout détruire".


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Une nouvelle marée verte a déboulé dans les rues de la capitale du pays ce 28 septembre, journée internationale pour le droit à l’avortement, à l’appel des associations féministes argentines. "On se rassemble pour défendre les droits des femmes, parce qu’on craint un recul, selon le résultat des élections", a déclaré Martha Gazzano, psychologue de 47 ans, marchant aux côtés de sa fille de 15 ans, interrogée par l’AFP.

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Il n’y a pas que le droit à l’avortement qui est dans le viseur de Javier Milei. Au sujet du féminicide, il a par exemple proposé d’éliminer la circonstance aggravante que le code pénal prévoit lorsque le motif du crime est une question de genre, au nom de "l’égalité devant la loi". Il nie aussi l’existence d’un écart de rémunération entre les hommes et les femmes.

"Le ressentiment de la masculinité"
Selon les sondages, ce sont principalement les hommes qui forment la base électorale de ce candidat qualifié "d’ultra-droite" et de "libertarien". Outre la situation économique du pays, le débat de ces élections a également porté sur le mouvement féministe. "Je ne suis pas d’accord avec le fait qu’elles modifient la langue espagnole", a déclaré à propos du langage inclusif Moises Achee, un ouvrier de 57 ans, lors d’un rassemblement de campagne du candidat. "Ou qu’elles m’imposent certaines choses et si je ne les accepte pas, c’est comme si c’était moi qui étais exclu. Je ne partage pas du tout certaines idées, allons-y avec Javier Milei !"

Alors que le pays avançait vers plus d’égalité, les réseaux sociaux sont devenus le réceptacle d’une certaine frustration, un backlash (ou retour de bâton) en cours dans le monde entier. Interrogé par le journal Libération, Eric, un étudiant en marketing de 21 ans, répond : "Elles sont allées trop loin". Sur sa page Instagram intitulée "La Fête est finie", il appelle à une "renaissance argentine" autour de ses "valeurs". "Ces féministes n’ont aucun ciment moral, elles plaident pour la pire perversion : le génocide institutionnalisé à niveau industriel qu’est l’avortement. Mais surtout, il s’agit d’une minorité, certes bruyante, mais qui ne représente pas les honnêtes gens. Et plus elles font du bruit, plus elles provoquent le rejet de la majorité silencieuse", explique-t-il.

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Dans le magazine Perfil, le philosophe Ricardo Forster a déclaré que Javier Milei "a un discours qui semble rebelle", mais qui est néanmoins "réactionnaire", en utilisant "le ressentiment de la masculinité, qui s’exprime dans la croissance des extrêmes droites dans de nombreuses parties du monde". Le philosophe compare d’ailleurs Javier Milei à Donald Trump aux États-Unis et à Jair Bolsonaro au Brésil.

Le second tour de l’élection présidentielle aura lieu le 19 novembre prochain et verra donc s’affronter deux visions différentes du pays : les Argentin·es devront choisir entre l’actuel ministre de l’Économie, le centriste Sergio Massa, et Javier Milei.

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