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"J’ai éprouvé une peur sans nom" : Amélie Nothomb se livre sur le viol collectif dont elle fut victime à 12 ans

30 Août 2023, 15:26pm

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"J’ai éprouvé une peur sans nom" : Amélie Nothomb se livre sur le viol collectif dont elle fut victime à 12 ans 
Par Juliette Hochberg Publié le 29/08/2023 à 12:05
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Dans son nouveau roman, "Pychompompe" (Albin Michel), Amélie Nothomb écrit sur le viol collectif dont elle fut victime sur une plage du Bangladesh, lorsqu'elle avait 12 ans. Au micro de Léa Salamé, lundi 28 août 2023, elle se souvient de cette scène traumatisante, confie ses conséquences aujourd'hui encore, et remercie sa mère de l'avoir crue. Un témoignage bouleversant et important.

Elle était, lundi 28 septembre 2023, la première invitée du 9h20, le nouveau rendez-vous de Léa Salamé avec les auditrices et auditeurs de France Inter. 

Amélie Nothomb a répondu aux questions de la journaliste sur son nouveau roman, Pychompompe, paru aux éditions Albin Michel le 23 août dernier. Son trente-deuxième livre est "sans doute le plus douloureux et le plus intime", pour Léa Salamé. Notamment car en deux pages, l’autrice se livre sur le viol collectif dont elle fut victime à l'âge de 12 ans, sur une plage du Bangladesh, pays où elle vivait alors avec sa famille, car son père y était diplomate. Deux pages particulièrement éprouvantes à écrire, pour lesquelles la Belge de 58 ans a dû "serrer les dents", et fut "au maximum de [s]es capacités".

Jusqu’alors, elle n’avait que brièvement évoqué cette épreuve, notamment dans une interview accordée à Annick Cojean, pour Le Monde, en 2017, et avant cela, dans Biographie de la faim (Albin Michel), en 2004.


Quatre hommes
"Je pars toute seule nager, et je suis déjà loin du rivage quand je sens un très grands nombres de mains qui me saisissent par en bas, qui me dépouillent de mon maillot, et qui me violent, rembobine-t-elle douloureusement dans la bonnette rouge de la radio publique. Des mains invisibles, des êtres invisibles, j’appelle ça les mains de la mer, parce que je ne les ai pas vues. J’ai éprouvé une douleur extraordinaire, mais plus que tout, j’ai éprouvé une peur sans nom, puisque je ne voyais pas mes agresseurs."

Il a fallu beaucoup de temps pour que je sois capable de hurler.

"Il a fallu beaucoup de temps pour que je sois capable de hurler, se souvient-elle encore sur France Inter. Quand j’ai enfin été capable de hurler, ma mère - qui était sur le rivage avec mon père et ma sœur - est arrivée en courant, et les mains m’ont lâchée, et on a vu, peut-être 100 mètres plus loin, sortir de l’eau quatre hommes de vingt ans qui se sont enfuis et qui n’ont pas été inquiétés."

Vidéo du jour :

Les mots cruciaux de sa mère
Amélie Nothomb confie alors les quelques mots de sa mère à cet instant. "Pauvre petite, ça peut paraître dérisoire." "Ça", le viol, collectif. La voix brisée, la romancière "remercie profondément sa mère" d’avoir prononcé cette phrase, "les seules paroles qui ont commenté ce qu’il s’était passé". "Si ma mère n’avait pas dit ces deux mots-là, le silence aurait été absolu. C’était une autre époque, c’était les années 70", rappelle-t-elle.

Grâce aux deux paroles prononcées par ma mère, j’ai su que ça s’était vraiment passé.


"Et ne vous aurait pas crue", réagit la journaliste. Et à Amélie Nothomb d’assurer : "Plus grave que ça, je ne me serais pas crue." "Comme il n’y a eu aucun commentaire, de personne, aucune suite, d’aucune sorte, j’aurais très bien pu penser que j’avais complètement déliré, que j’avais inventé cet épisode absolument abominable de ma vie. Grâce aux deux paroles prononcées par ma mère, j’ai su que ça s’était vraiment passé", appuie-t-elle, reconnaissante.  


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Écrire sur l'évènement, une étape "colossale"
"Je me souviens parfaitement de cette sensation", "j’étais là mais je n’étais pas là", confesse-t-elle aussi, avec courage. Dans son roman, Amélie Nothomb écrit que ce groupe d’hommes lui a fait "tout ce qu’il était possible de faire". "Le simple fait de le dire, ça a été pour moi une démarche colossale. J’ai mis du temps. [...]. J'en ai subi les conséquences tous les jours, j’ai failli en mourir. [À la suite de ce viol, l’adolescente est devenue anorexique, ndlr.] Tous les jours, je me concevais comme dégradée, foutue… Mais jamais, je ne me suis pensée en terme de personne qui avait vécue 'ça'", explique-t-elle.  

L’écrire ici, dans ce libre, est une "déposition", et "c’est déjà colossale". Mais Amélie Nothomb confie à Léa Salamé ne pas savoir encore si cet acte d’écrire, cette libération de la parole, l’aidera à trouver le chemin de la réparation.

Lire aussi :


https://www.marieclaire.fr/j-ai-eprouve-une-peur-sans-nom-amelie-nothomb-se-livre-sur-le-viol-collectif-dont-elle-fut-victime-a-12-ans,1458818.asp

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