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La bataille pour le droit à l'avortement aux Etats-Unis : "avorter m'a sauvée la vie"

18 Avril 2023, 15:37pm

Publié par hugo

 La bataille pour le droit à l'avortement aux Etats-Unis : "avorter m'a sauvée la vie"
Samedi 15 avril, devant la Cour suprême des Etats-Unis à Washington, des défenseur.e.s du droit à l'avortement se rassemblent pour protester contre les menaces pesant sur l'accès à la pilule abortive et sur l'interdiction de l'IVG. 
Samedi 15 avril, devant la Cour suprême des Etats-Unis à Washington, des défenseur.e.s du droit à l'avortement se rassemblent pour protester contre les menaces pesant sur l'accès à la pilule abortive et sur l'interdiction de l'IVG. 
©AP Photo/Nathan Howard
18 AVR 2023
 Mise à jour 18.04.2023 à 13:07 par 
Terriennes
 
avec afp
Des femmes, et des hommes, continuent de se mobiliser aux Etats-Unis pour défendre le droit à l'avortement, désormais interdit dans une quinzaine d'Etats. Un combat devenu d'autant plus rude à l'aune des dernières restrictions imposées à la vente de la pilule abortive, en voie d'interdiction, elle aussi.
"Les juges ne sont pas médecins", "l'avortement doit rester légal !": plusieurs rassemblements ont eu lieu durant le week-end à Washington, Los Angeles et à New York pour le droit à l'avortement, encore une fois remis en cause cette semaine aux Etats-Unis.

Le pays se retrouve plongé dans une complexe bataille judiciaire autour de la pilule abortive. Le temple du droit américain, à majorité conservatrice, avait été saisi en urgence par le gouvernement Biden, qui lui demandait d'agir avant que des restrictions sur l'accès à cette pilule, ordonnées par une cour d'appel, ne prennent effet. Son accès a finalement été temporairement maintenu par la Cour suprême mais reste menacé. En combinaison avec un autre médicament, cette pilule est utilisée pour plus de la moitié des interruptions volontaires de grossesse aux Etats-Unis. Plus de cinq millions d'Américaines l'ont déjà prise depuis son autorisation par l'Agence américaine des médicaments (FDA), il y a plus de 20 ans.

La même semaine, le parlement de Floride, l'un des Etats américains les plus peuplés, a adopté une loi interdisant les avortements au-delà de six semaines de grossesse, soit avant que la plupart des femmes ne sachent être enceintes.

"L'avortement est un soin de santé", "Pas d'interdit à nos corps", lit-on sur les pancartes brandies par des manifestantes lors d'un rassemblement pour la planification familiale en faveur de l'accès à l'avortement devant la Cour suprême le samedi 15 avril 2023, à Washington.
"L'avortement est un soin de santé", "Pas d'interdit à nos corps", lit-on sur les pancartes brandies par des manifestantes lors d'un rassemblement pour la planification familiale en faveur de l'accès à l'avortement devant la Cour suprême le samedi 15 avril 2023, à Washington.
©AP Photo/Nathan Howard
Droit à l'IVG, droit à la liberté
"Quand est-ce que ça s'arrête?", se lamente Carol Bouchard, devant le bâtiment de marbre blanc qui abrite le temple américain du droit. Pancarte à la main, cette ancienne avocate de 61 ans se dit "très en colère" de voir l'accès à ce cachet menacé près d'un an après que la Cour suprême a annulé la protection constitutionnelle à avorter dans le pays. Cette décision avait conduit à l'interdiction de l'IVG dans une quinzaine d'Etats.

Je suis vraiment persuadée que les femmes doivent avoir le droit de prendre cette décision elle-même.

Barbara Kraft, manifestante pro-IVG
Brittany House, une résidente de Washington, monte à la tribune et évoque l'avortement auquel elle a eu recours en 2012, alors qu'elle sortait à peine de l'université. "Avorter m'a rendue libre", confie la jeune femme, assurant qu'à 21 ans, elle "n'aurait pas été en mesure de s'occuper de cet enfant".

Devant la Cour suprême marchent également de nombreuses septuagénaires, outrées de voir les restrictions s'enchaîner dans le pays, cinquante ans après s'être battues pour le droit à avorter. L'IVG "m'a sauvé la vie", confie Barbara Kraft, qui a avorté à la fin des années 70 après de fortes complications durant sa grossesse. "Je suis vraiment persuadée que les femmes doivent avoir le droit de prendre cette décision elle-même."

Illustration des tensions qui traversent la société américaine, le rassemblement a été brièvement interrompu par un petit groupe de manifestantes anti-IVG proclamant, à l'aide d'un mégaphone, que "les avortements sont des meurtres".

Pilule abortive : faire du stock 
Plusieurs Etats démocrates américains, dont la Californie, ont annoncé constituer des stocks de pilules abortives, après la remise en question par un juge fédéral de l'autorisation de mise sur le marché de la mifépristone, agréée depuis plus de 20 ans.

L'avortement médicamenteux reste légal en Californie.

Gavin Newsom, gouverneur de Californie
Le gouverneur de Californie Gavin Newsom a expliqué que son Etat était en train de faire un stock d'urgence de deux millions de pilules de misoprostol, l'autre pilule utilisée pour les avortements médicamenteux. "Nous ne céderons pas aux extrémistes qui tentent d'interdire ces services d'avortement essentiels", a martelé dans un communiqué le dirigeant californien, en expliquant que son Etat avait déjà reçu 250.000 de ces pilules, qui peuvent être utilisées seules comme alternative à la mifépristone. "L'avortement médicamenteux reste légal en Californie", a-t-il insisté.

La gouverneure démocrate Maura Healey, à l'avant droite, fait face aux journalistes aux côtés de la procureure générale du Massachusetts, Andrea Campbell, à gauche, le lundi 10 avril 2023, lors d'une conférence de presse devant le Statehouse, à Boston. Le Massachusetts stocke suffisamment de doses de mifépristone pour durer plus d'un an.
La gouverneure démocrate Maura Healey, à l'avant droite, fait face aux journalistes aux côtés de la procureure générale du Massachusetts, Andrea Campbell, à gauche, le lundi 10 avril 2023, lors d'une conférence de presse devant le Statehouse, à Boston. Le Massachusetts stocke suffisamment de doses de mifépristone pour durer plus d'un an.
©AP Photo/Steven Senne
Même combat du côté du Massachusetts qui annonce avoir acheté plus de 15.000 pilules de mifépristone, soit l'équivalent d'un an de stock habituellement utilisé par cet Etat. Il va également débloquer un million de dollars pour permettre aux professionnels de santé de faire des stocks de cette pilule, avant que la justice se prononce définitivement sur son devenir. "Nous n'allons pas laisser un juge extrémiste du Texas revenir en arrière sur ce médicament qui a fait ses preuves et restreindre l'accès aux soins dans notre État", a expliqué devant la presse la gouverneure démocrate Maura Healey.

La semaine dernière, l'Etat de Washington a annoncé l'achat de 30.000 pilules de mifépristone, soit trois ans de stock, pour se préparer à toute éventualité.

Un coup fatal pour le droit à l'avortement ?
Dans une quinzaine d'Etats américains ayant récemment interdit l'avortement, la pilule abortive n'est déjà plus disponible officiellement, même si des voies détournées se sont développées. L'impact de restrictions ou d'une interdiction de cette pilule concernerait donc en premier lieu les Etats où l'avortement reste légal -pour beaucoup démocrates.

Bouteilles de pilules abortives mifépristone, à gauche, et misoprostol, à droite. Une cour d'appel fédérale a préservé l'accès à ce médicament abortif pour l'instant, mais en vertu de règles plus strictes qui autoriseraient le médicament uniquement pour être distribué jusqu'à sept semaines, pas 10, et non par la poste.
Bouteilles de pilules abortives mifépristone, à gauche, et misoprostol, à droite. Une cour d'appel fédérale a préservé l'accès à ce médicament abortif pour l'instant, mais en vertu de règles plus strictes qui autoriseraient le médicament uniquement pour être distribué jusqu'à sept semaines, pas 10, et non par la poste.
©AP Photo/Charlie Neibergall
Là où l'avortement reste légal, si l'accès à la mifépristone est restreint, les femmes auraient encore l'option d'un avortement par aspiration, une procédure plus lourde, nécessitant de se rendre dans une clinique.

Certains médecins envisagent ainsi de continuer à proposer des avortements médicamenteux en utilisant seulement le deuxième cachet, le misoprostol. Mais ce protocole est un peu moins efficace et a davantage d'effets secondaires (fortes crampes...) que celui combinant misoprostol et mifépristone. 
 

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Terriennes
 
avec afp
 Mise à jour 18.04.2023 à 13:07
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