Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de hugo,

Droits des LGBT et identités de genre : nouveau clivage (géo)politique

1 Décembre 2022, 16:27pm

Publié par hugo

Droits des LGBT et identités de genre : nouveau clivage (géo)politique
Mercredi 30 novembre 2022

ÉCOUTER (41 MIN)


Marche des fiertés à Wellington, le 9 juillet 2022 ©Getty - Mark Kerrison
Publicité
Publicité

Publicité

Les Matins
Provenant du podcast
L'Invité(e) des Matins

CONTACTER L'ÉMISSION

A l'heure où la Russie élargit sa loi contre la propagande LGBT, où la pénalisation de l'homosexualité au Qatar s'invite dans la Coupe du Monde, interrogation sur la place des réflexions sur le genre et sur l'identité au sein des sociétés.
Avec
Eric Marty Ecrivain, essayiste et professeur de littérature française à l’Université Paris Diderot-Paris 7
Guillaume Erner reçoit Eric Marty, essayiste, éditeur des Œuvres complètes de Roland Barthes (Seuil), et auteur de Le Sexe des Modernes. Pensée du neutre et théorie du genre (Seuil, 2021).
La notion du « Neutre » pour répondre à une vision binaire et stéréotypée de la sexualité
Publicité

Eric Marty revient dans son livre sur la période des années 1960, « pendant laquelle la question sexuelle devient une question collective et sociale : les magazines ne cessent de parler de sexualité, masculine ou féminine. Les « modernes » - Jacques Lacan et Roland Barthes pour ne citer qu’eux - ont affaire à une société où le sexe est partout. Michel Foucault appelle cela « le dispositif de sexualité », au sein duquel le sexe est discuté par tous. Ces penseurs ont été confrontés à cette massification de la sexualité, à travers laquelle il est question de performance sexuelle, d’épanouissement individuel, et de relations entre hommes et femmes » uniquement.
Jacques Lacan, Roland Barthes, mais aussi Jacques Derrida ou Gilles Deleuze introduisent dans cette conception « massive et grégaire » de la sexualité la notion du « Neutre », « une pensée du dissensus, de la différence » qui fait directement référence au terme de « genre » utilisé depuis les années 1990.
Judith Butler, une auteure américaine qui reprend les thèses de Jacques Lacan
Dans le but de « relativiser la place de la sexualité » selon Eric Marty, ces penseurs ont contribué à l’articulation de la question LGBT, reprise depuis par la professeure de rhétorique et de littérature à l'université de Berkeley Judith Butler. « Elle n’invente pas le concept de genre mais le popularise, lui donne une assise politique, philosophique et culturelle très puissante. Il devient un point hégémonique de questionnement de la sexualité » précise l’écrivain.
« Le Genre », le premier livre de Judith Butler, reprend ainsi une thèse du psychiatre et psychanalyste Jacques Lacan, « fondamentale vis-à-vis de la question LGBT : le phallus n’est pas le pénis, c’est une fonction pas forcément liée au biologique, au corps, au sexe génital. Le phallus devient un objet symbolique » explique Eric Marty.
L’« identité » Trans, à distinguer des « orientations sexuelles » LGB
Judith Butler pense la notion de genre comme une notion « universelle » selon Eric Marty. Toutefois, « elle n’est pas en mesure de l’associer à l’identité trans. Elle parle de « transsexualisme », et jamais de « transgenre ». Le mot trans est toujours associé au sexe et non au genre. Ce qui est frappant, poursuit l’auteur, c’est que les trois premières lettres LGB concernent des pratiques sexuelles. On est gai.e – lesbien.ne – bisexuel.le. Le « T » de « trans » ne définit pas une sexualité, elle définit une identité de sexe. Cette lettre T n’est pas cohérente avec les autres, elle fait exception » plaide Eric Marty.
Devenir trans, un moyen de vivre son homosexualité dans les régimes homophobes et patriarcaux selon Eric Marty
« Ce n’est pas seulement ça, mais c’est aussi ça » pour l’auteur : « le transsexualisme est aussi une manière de refouler l’homosexualité. Dans certains pays très patriarcaux, explique-t-il*, il faut se faire opérer et devenir trans pour vivre son homosexualité. On arrive à des paradoxes invraisemblables : plus le pouvoir est patriarcal plus le ''phénomène'' trans serait ‘’protégé’’.* L’auteur poursuit en affirmant que, dans la mesure où un homme refoule son homosexualité au sein d’un régime particulièrement patriarcal et homophobe, « il accepterait d’avoir un rapport sexuel avec un garçon que si ce dernier est trans » car c'est tout simplement mieux accepté par la société. « On voit qu’il n’y a pas d’harmonie » entre être LGB et être trans dans cette situation spécifique, insiste-t-il.

Info
Société
Identités – Genres
LGBTQIA+
Roland Barthes
Judith Butler
Qatar
Discriminations - Racisme


https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/l-invite-e-des-matins/droits-des-lgbt-et-identites-de-genre-nouveau-clivage-geo-politique-7866378?at_medium=newsletter&at_campaign=culture_quoti_edito&at_chaine=france_culture&at_date=2022-11-30&at_position=1

Commenter cet article