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Baromètre des parents : 6 mamans sur 10 trouvent la période après l’accouchement difficile

2 Décembre 2022, 05:04am

Publié par hugo

 FAMILLE

Baromètre des parents : 6 mamans sur 10 trouvent la période après l’accouchement difficile
Finies les représentations parfaites de la maternité, la Ligue des familles veut briser le tabou sur le post-partum.
© Getty images

26 nov. 2022 à 07:00 - mise à jour 28 nov. 2022 à 16:17

Temps de lecture
6 min
Par Marie-Laure Mathot
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Tu n’as pas le temps de manger, de te changer, de te laver et ça c’était assez choquant. Personne ne m’a dit." Les premières semaines après une naissance sont bouleversantes pour les parents mais en particulier pour la mère qui se retrouve, après les 15 jours de congé légaux de son/sa partenaire si elle est en couple, seule en journée pour s’occuper de ce nouvel être humain et pour se remettre physiquement de l’accouchement.

Solitude, culpabilité, convalescence et surtout manque d’informations sur cette période… 62% des mères ont trouvé les premières semaines après l’accouchement difficile. Seule une maman sur dix a trouvé cette période facile. C’est ce qu’il ressort du dernier Baromètre des parents de la Ligue des familles (réalisé avec l’institut de sondage Ipsos).


"Ce qu’elles ont mal vécu, c’est qu’elles n’étaient pas au courant de ce qui allait leur arriver", explique Lola Galer, chargée d’étude et d’action politique à la Ligue des familles. "Elles n’étaient pas au courant de l’existence-même du post-partum. Elles sont préparées à l’accouchement, ce qui est nécessaire. Mais tout ce qu’il se passe après la naissance, elles ne sont pas au courant."

Les femmes tombent des nues car elles ne ressentent pas un bonheur absolu

"Or, ce n’est pas rien. Il peut y avoir des lochies, des tranchées, des pertes de sang, des difficultés liées à l’allaitement, des montagnes russes au niveau hormonal. Mais comme la maternité est complètement encensée et liée au bonheur absolu, les femmes tombent des nues car elles ne ressentent pas exactement ce que la société leur dit qu’elles devraient ressentir, c’est-à-dire, être dans un bonheur absolu avec leur enfant en ayant récupéré leur corps d’avant."

Briser le tabou autour du post-partum, c’est tout l’objet de la campagne lancée la Ligue des familles en même temps que la sortie de cette étude. L’association parentale emboîte ainsi le pas à des militantes féministes qui avaient lancé le hashtag #monpostpartum au moment de la cérémonie des Oscars 2020. Une publicité pour des produits en lien avec le post-partum avait à l’époque été censurée sur une chaîne américaine car jugée trop dure.


Illana Weizman, sociologue française et militante féministe avait alors publié un post Instagram avec une photo d’elle en culotte filet, cet objet dont on ignore l’existence avant d’avoir accouché et symbole du tabou autour de cette période. "Si on parlait davantage de ces sujets, si on ne les invisibilisait pas de façon systématique, les mères se sentiraient moins isolées, moins démunies", commente-t-elle.


La publication est "likée" presque 4000 fois et le hashtag compte aujourd’hui 23.566 publications reprenant messages de soutien, conseils et témoignages autour du post-partum.

Le post-partum, c’est quoi ?
Suite à cette demande d’informations, Illana Weizman a publié un livre pour lever le voile sur cette période (Ceci est notre post-partum, éd. Marabout). Elle y décrit le post-partum comme pouvant durer de trois mois à deux ans et elle y décrit les symptômes physiques et psychiques.


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Le post-partum, cette période de grande vulnérabilité des femmes

Sur le plan physique d’abord, c’est tout le corps de la maman qui a accouché qui doit se remettre d’une épreuve comparable à "avoir été renversée par un camion". "Le corps de la femme post-accouchement est littéralement en convalescence", explique-t-elle. Elle énumère les symptômes physiques :

Les lochies : ce sont des pertes de sang qui proviennent de la cicatrisation de la plaie du placenta laissée sur la paroi utérine. C’est pour cela que les femmes portent des langes ou "culottes filets" comme Illana Weizman sur son post Instagram.
Cicatrisation : une femme sur cinq a vécu une épisiotomie lors de son accouchement selon une étude de la Plateforme pour une naissance respectée. Cette incision dans le bas du vagin pour faire sortir le bébé plus facilement, sans déchirure doit prendre le temps de cicatriser et peut être douloureuse au moment d’uriner.
Les contractions ou "tranchées" : c’est le corps qui travaille pour remettre tout en place : l’utérus doit reprendre sa taille "normale".
L’inconfort périnéal : on parle souvent des exercices du périnée après la naissance. C’est justement pour éviter les pesanteurs dans le bas-ventre avec cette sensation d’un plancher pelvien affaibli, ce qui provoque aussi des fuites urinaires.
Montées de lait : même si la maman n’a pas décidé d’allaiter, sa poitrine va se gonfler et les seins devenir plus sensibles.
Baisse de libido : en lien avec cette montée de lait, la maman va produire une hormone appelée prolactine et qui diminue le désir.
Épuisement physique : porter son bébé quand on a un corps en convalescence peut provoquer des maux de dos. S’occuper de son enfant non-stop, une fatigue latente.
Hémorroïdes : c’est tout le bas du corps qui a été mis sous pression au moment de la poussée, ce qui peut provoquer des petites varices au niveau de l’anus.
"Je dirais qu’il y a deux volets dans le post-partum", explique Justine, une maman d’un petit de huit mois. "Il y a tout ce qui est physique mais il y a aussi le psychique et ça, ça peut durer beaucoup plus longtemps. Être beaucoup plus insidieux."

On ne comprend pas du tout ce qui nous arrive

Les hormones jouent en effet des montagnes russes pendant cette période. Si elles permettent l’attachement au bébé, elles vont aussi plonger la maman dans des bains de larmes. Larmes de tristesse comme de joie. "On ne comprend pas du tout ce qui nous arrive", témoigne Justine.

Et c’est exactement ce que la Ligue des familles fait ressortir dans son étude. "Il vaut mieux savoir d’une manière ou d’une autre que ça peut être difficile que penser qu’on va être transcendées par le bonheur maternel et qu’on va retrouver son corps d’avant quelques semaines après l’accouchement", explique Lola Galer. Voilà pourquoi la Ligue des familles plaide pour une prise en charge complète du post-partum et une préparation avant la naissance.

"Le post-partum ne se prépare pas une fois qu’on est dedans car on n’est pas en état. À côté des préparations à la naissance, il faudrait des préparations au post-partum pour savoir ce qui peut arriver. Que la mère le sache mais aussi que le partenaire soit au courant et puisse être soutenant. Une fois que la société comprendra de quoi il s’agit, alors, elle sera plus soutenante."

Les soutiens possibles en post-partum
Il existe déjà des soutiens aujourd’hui pour les nouveaux parents en Belgique. À commencer par un congé de naissance pour les partenaires de 15 jours qui passera à 20 jours en 2023, soit un mois. "Mais 15 ou 20 jours, c’est malheureusement insuffisant pour soutenir les femmes et les sortir de l’isolement", réagit Lola Galer. "Il est illusoire de penser que les femmes peuvent se remettre de leur accouchement alors que le père ou le coparent n’est là que trois semaines. Un meilleur vécu du post-partum passe par une égalité entre les deux parents."

Autre soutien possible, en Belgique francophone, 17 visites d’une sage-femme sont programmables jusqu’à un an après l’accouchement. C’est un suivi médical totalement remboursé même s’il n’est pas toujours activé par manque d’informations.


De plus, comme on peut le voir sur ce graphique, "le remboursement des sages-femmes varie en fonction des jours de prestation ce qui engendre moins de visites après le 6e jour post-partum car ce n’est plus assez rentable. Or, si on est en dépression post-partum, ça arrive plus tard et là, il n’y a plus personne", commente la chargée d’études de la Ligue des familles.

Il existe aussi des visites gratuites auprès d’un service de l’ONE (Office de la naissance et de l’enfance) qui sont surtout axées sur l’enfant et où il est possible de poser toutes ses questions. Enfin, les mutuelles proposent des aides ménagères via le système de titre-service. Si ce n’est pas totalement gratuit, le prix est plus abordable.

Une paire de mains en plus dans le ménage. C’est ce qu’il nous faut

Mais pour Lola Galer qui parle au nom de la Ligue des familles, ce suivi n’est pas assez global car il ne prend pas en compte les volets sociaux et psychologiques des parents. L’aide ménagère n’est en effet aucunement formée au post-partum et la sage-femme se penche surtout sur le volet médical.

Une "kraamzorg", comme en Flandre
"Il faudrait un suivi en Wallonie et pour les francophones de Bruxelles qui soit similaire à la 'kraamzorg' en Flandre." Ce service gratuit qui concerne donc la moitié de la Belgique mais qui existe aussi aux Pays-Bas permet d’avoir une aide pendant la période qui suit l’accouchement. Et elle n’est pas que médicale. La personne qui vient aider la famille toute la journée s’occupe du bébé mais aussi de la maman.

"Cette assistante maternelle est formée aux enjeux du post-partum. Elle existe en Flandre mais pas en Fédération Wallonie-Bruxelles, ce qui est assez interpellant", pour Lola Galer. "C’est une paire de mains en plus dans le ménage, pour s’occuper des enfants plus âgés et des trajets vers l’école, donner le bain au bébé, s’en occuper pendant que la maman fait une sieste. Et ces visites viennent en sus des visites de la sage-femme. C’est ce qu’il nous faut."

Selon le Baromètre des parents 2022, 45% des femmes disent avoir besoin d’une aide ménagère pendant les semaines qui suivent l’accouchement. Pour voir les autres besoins énoncés par les mères en plus grand que le graphique ci-dessous, cliquez sur ce lien.


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https://www.rtbf.be/article/barometre-des-parents-6-mamans-sur-10-trouvent-la-periode-apres-laccouchement-difficile-11111471

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