Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de hugo,

Une épidémie de Harlem Shake secoue la planète

31 Mars 2013, 18:58pm

Publié par hugo

Une épidémie de Harlem Shake secoue la planète LE MONDE | 11.03.2013 à 13h47 • Mis à jour le 12.03.2013 à 17h27Par Stéphanie Binet et Rosita Boisseau
Abonnez-vous
à partir de 1 €
  Réagir  Classer  Imprimer  Envoyer

Partager   google + linkedin

 

Au Caire, le 28 février, de jeunes Egyptiens devant le quartier général des Frères musulmans.

 

C'est le nouveau phénomène Web planétaire. Le Harlem Shake, cette bombe choré-musicale – assemblage de danse, de musiques urbaines, de tradition carnavalesque –, a véritablement explosé en un mois sur la Toile, suscitant quelque 50 000 versions postées un peu partout dans le monde sur YouTube et générant plus de 30 millions de vues.

Cette mode a même pris une tournure politique, servant de prise de parole pour des mouvements en rébellion contre le pouvoir. Comme en Chine – sur la question du Tibet –, ou bien encore en Tunisie et en Egypte où les jeunes révolutionnaires du "printemps arabe" s'empoignent sur leur droit ou non à faireleur Harlem Shake.

 

Le scénario d'une vidéo est simple : une personne casquée ou masquée débute une danse au rythme des infrabasses de trap music (hip-hop électro du sud des Etats-Unis), puis est rejointe par d'autres déguisés. Les clips durent quelque trente secondes.

QUATRE JAPONAIS COSTUMÉS EN BABYGRO

Un balayage rapide de ces vidéos donnera une idée de l'imagination délirante que cette "danse de tremblements" semble injecter dans la moelle de toute la planète. Non seulement, elle s'installe dans les bureaux, les cantines, les vestiaires des équipes de sport, mais elle se risque dans des endroits a priori impossibles : un avion, une mine d'or. Un Harlem Shake filmé en piscine est magique, tant d'un point de vue comique que plastique. Celle des Norvégiens saisis à poil en train defaire semblant de copuler avec un pont reste un moment d'anthologie.

 

 

Le mouvement a démarré le 2 février quand le premier clip du Harlem Shake a été réalisé et posté par un groupe de quatre Japonais costumés en Babygro filmés dans leur chambre. L'un deux, Filthy Frank, habitué des vidéos burlesques sur YouTube, avoue sur son blog : "Je fais ça, car ma vie ne va nulle part." C'est lui qui a choisi le morceau Harlem Shake du DJ américain, Baauer.

De son vrai nom Harry Rodrigues, Baauer fait partie d'une scène électro de Brooklyn qui revisite le rap du sud des Etats-Unis, le crunk et la trap music, soit littéralement, la musique du "Piège", surnom donné aux quartiers pauvres d'Atlanta. Le morceau débute par la voix d'un artiste reggaeton qui crie en espagnol "Con los terroristas". Cette première vidéo a mis sur orbite une danse toute en secousse du bassin et du buste. Parfait pour faire monter la transe etterminer en tire-bouchon gestuel, auto-masturbatoire et très sexe.

LES LOCAUX RÉCLAMENT LA PATERNITÉ DE LA DANSE

Le nom a une autre origine. Historiquement, le Harlem Shake, né à Harlem, est unstyle de danse hip-hop apparue dans les années 1980. Combinant de manière virtuose et ultra-nerveuse des roulements des épaules avec des huit du bassin tout aussi toniques, elle se danse d'abord dans la rue.

Directrice d'une école de danse qui se situe dans l'hôpital de Harlem sur la 135erue, Françoise Brooks, se souvient : "En 1981, un jeune a eu l'idée de cette danse en imitant les ivrognes, d'où les mouvements désarticulés. Ce sont les artistes hip-hop comme Puff Daddy et d'autres en 2001 qui lui ont redonné vie en l'incluant dans leurs clips vidéo. Là, on a vu tous les gamins du quartier danser le Harlem Shake. Les gosses adoraient ça, et nous, pour une fois, les adultes, on voyait ça plutôt d'un bon oeil."

En effet, le Harlem Shake n'est pas aussi outrageusement sexuel que les contorsions jamaïcaines et d'autres danses en vogue à l'époque. Mais à Harlem, on avait rangé depuis un moment le Harlem Shake au placard. Et quelques vidéos seulement poussent sur le Net où les locaux réclament la paternité de la danse.

Dans le clip de la rappeuse Eve, Who's that Girl, l'apparition d'un groupe de hip-hopeurs en train de vriller à toute allure donne une idée de la technique nécessaire à cette danse. "Le Harlem Shake tel qu'on le voit actuellement n'a rien à voir avec le style hip-hop de l'époque virtuose et élaboré, explique Bruce Ykanji, danseur et directeur de la compétition hip-hop Juste debout. M. et Mme Tout-le-Monde peuvent l'exécuter. Ce n'est pas ce que j'appelle véritablement une danse. Je pense même que ce buzz est en train de la vulgariser en la rendant vraiment grossière."

 

 

POUSSER LOIN LE BOUCHON DU N'IMPORTE QUOI 

Le Harlem Shake serait la nouvelle fièvre danse après le Gangnam Style ? Pour les experts en tendances, assurément oui ! "C'est l'après-Gangnam que l'on attendait, assure Vincent Grégoire, responsable du département art de vivre de l'Agence Nelly Rodi. Mais à la fantaisie de Psy qui joue avec les codes du luxe et de l'establishment à laquelle ce fils de famille appartient, le Harlem Shake est nettement plus foutraque et bordel. Alors que fleurissent les expositions sur le surréalisme et l'usage des drogues dans l'art, cette danse pousse loin le bouchon du n'importe quoi, jusqu'au punk même parfois."

Entreprise de libération ? L'esprit contestataire du carnaval innerve les éclats féroces du Harlem Shake qui semble jouer parfaitement son rôle de déversoir collectif. "Dans le contexte de crise et de ras-le-bol, les gens se donnent rendez-vous pour se filmer dans des endroits parfois interdits et injectent du non-sens dans le système, poursuit Vincent Grégoire. Ils retrouvent aussi du liensocial. Parallèlement, cette danse que l'on peut qualifier de païenne à l'ère du virtuel tombe à pic pour remettre du charnel dans la vie."

C'est sans doute ce qu'a voulu condamner, le 23 février, le ministre de l'éducation tunisien, Abdellatif Abid, en ordonnant une enquête contre des lycéens qui avaient filmé leur Harlem Shake déguisés en émirs ou simplement habillés de sous-vêtements.

Le 28 février, les élèves de l'Institut de presse et des sciences de l'information (IPSI) de l'université de Manouba avaient voulu organiser le leur en soutien, mais se sont cognés à leurs "camarades" salafistes de faculté et ont dû annuler. Dans leur communiqué, ils défendaient "leur droit au rêve, à la création, à l'expression et à la joie"...

 

 

Stéphanie Binet et Rosita Boisseau

Quelques liens autour du Harlem Shake

 

 

www.youtube.com/user/HarlemShakerTV

www.youtube.com/user/dotheharlemshakeit

harlemshake.fr

knowyourmeme.com/memes/harlem-shake

Commenter cet article