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Le blog de hugo,

Harcèlement de rue : la méthode 5D pour réagir femmes, violences,

22 Juillet 2020, 01:07am

Publié par hugo

 
Média
Matrimoine
20 JUILLET 2020
Brèves
Harcèlement de rue : la méthode 5D pour réagir

Avec le début de l’été et le déconfinement, le harcèlement de rue est malheureusement de retour dans l’espace public. Comment y faire face quand on en est victime ? Comment réagir quand on en est témoin ? En avant toute(s) propose des formations sur le sujet, livre des conseils et dévoile sa méthode “5D”. 

Le harcèlement de rue, de quoi parle-t-on ? 

La notion de harcèlement de rue regroupe “tous les comportements verbaux, non verbaux ou physiques de nature sexuelle et étant non désirés”. Les sifflements, les interpellations, suivre quelqu’un, ou encore les frôlements font partie du harcèlement de rue. En France, 81 % des femmes ont été victimes de harcèlement de rue. Pourtant, ce sont seulement 20 % d’entres elles qui ont reçu de l’aide extérieure*. L’effet témoin (c’est-à-dire le fait que les personnes présentes ne se sentent pas directement responsables car beaucoup de témoins assistent à la scène), la crainte d’empirer la situation ou une perception atténuée de la gravité du harcèlement sont des facteurs qui contribuent à l’inertie.

Intervenir en tant que témoin : les 5D

Distraire : il s’agit de détourner l’attention du harceleur afin de faire stopper la situation. Il est par exemple possible de demander son chemin, de bloquer le passage discrètement, de faire semblant de connaître la personne harcelée.  Une autre option peut aussi être celle de parler très fort ou simplement, de se tenir à côté de la personne.
Dialoguer : s’adresser directement à la personne harcelée est la deuxième méthode. Lui demander si elle va bien, si elle souhaite être accompagnée, voire formuler explicitement qu’elle n’a rien fait de mal peut, d’une part, dissuader le harceleur et, d’autre part, la rassurer et diminuer l’impact traumatique pour la victime. 
Déléguer : solliciter de l’aide auprès d’autres personnes présentes ou d’un.e professionnel.le sur place, a fortiori s’il ou elle représente une forme d’autorité (agent.e de sécurité, contrôleur.euse, mais aussi barman.aid…), est aussi une manière d’intervenir tout en restant soi-même en sécurité. Si la personne harcelée le souhaite, la police peut être contactée.
Documenter : sans intervenir directement, enregistrer la scène peut permettre à la victime de porter plainte ultérieurement. Dans ce cas, de bonnes pratiques sont à respecter : être en sécurité, filmer suffisamment de contexte pour identifier le lieu et mentionner à l’oral la date et l’heure. Une fois l’enregistrement terminé, c’est la victime qui décide qu’en faire : celui-ci ne peut pas être diffusé sans son autorisation.
Diriger : la dernière méthode est la plus engageante et n’est à utiliser que pour éviter la violence. Il s’agit d’attirer l’attention sur la situation en interpellant directement le harceleur. S’il est possible de lui signifier explicitement que son action n’est pas acceptable, il faut en revanche éviter le débat. 
“Les actions les moins directes sont toujours à privilégier car elles évitent de tendre la situation, d’autant plus qu’il y a parfois des difficultés à savoir ce qu’il se passe exactement”, explique Ynaée Benaben, co-fondatrice d’En avant toute(s). Pour lever les doutes et confirmer qu’il s’agit bien d’une situation de harcèlement, le langage corporel de la victime est souvent d’une aide précieuse car il aide à révéler son malaise.  

Faire face en tant que victime 

En tant que victime du harcèlement, il est possible d’appliquer les 3D de Diriger, Déléguer et Documenter. “Ce qu’il faut retenir, c’est surtout que ce n’est pas à la victime d’avoir la réaction parfaite et que celle-ci n’a jamais à culpabiliser d’avoir été harcelée ou de n’avoir pas su réagir. En intervenant en tant que témoin, on a davantage la possibilité de garder la tête froide et de faire stopper la situation facilement”, conclut Ynaée Benaben.

En avant toute(s)

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Étiquettes : Violences Sexisme Société


https://www.50-50magazine.fr/2020/07/20/harcelement-de-rue-la-methode-5d-pour-reagir/?fbclid=IwAR0-O8iImXdonruoYuIthjOuAZdI0-QvR1SCG48svg73kHfhHYGRHIMR2OI

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Fin de la trêve hivernale : l’inquiétude pour les plus précaires , articles femmes hommes, societe,

22 Juillet 2020, 00:58am

Publié par hugo

 20 JUILLET 2020
Brèves
Fin de la trêve hivernale : l’inquiétude pour les plus précaires
Le 10 juillet dernier, des milliers de personnes en situation de grande précarité se sont vues indiquer qu’elles devraient quitter leur solution d’hébergement ou de logement, suite à la fin de la trêve hivernale.

Pour l’année 2020, le gouvernement avait fait le choix de prolonger cette trêve hivernale en raison de la crise du Covid-19. Les personnes les plus précaires avaient pu être temporairement hébergées dans des logements et hôtels sociaux. Cette décision était nécessaire, puisqu’elle répondait à une urgence sociale et sanitaire massive. Les annonces de la ministre déléguée au Logement le 12 juillet permettent aux associations de rassurer les personnes suivies et mises à l’abri, mais pas de leur proposer une solution pérenne et satisfaisante, car à ce stade, le 115 reste toujours inaccessible.

En effet, la crise sanitaire a plus durement touché les plus précaires, par de fortes baisses, voire des suppressions, de revenus. Si le plus fort de la crise sanitaire semble derrière nous, ses conséquences économiques, sociales et humanitaires rendent catastrophique la situation des personnes et familles en grande précarité.

Agir pour la santé des femmes (ADSF) alerte sur les difficultés que rencontrent les femmes à trouver une simple mise à l’abri, un hébergement ou encore un logement et pour avoir accès à leur droit au logement. Sans solution d’hébergement ou de logement, elles ne peuvent pas recevoir leurs convocations à des rendez-vous médicaux, leurs résultats à des tests de dépistages et/ou d’examens médicaux ; elles ne peuvent pas suivre de traitement de manière adéquate. Dans la rue, elles sont surexposées à toutes formes de violences.

La question de la mise à l’abri des personnes en situation de grande précarité est donc aussi un enjeu de santé publique. Alors que les signaux d’une reprise de l’épidémie se multiplient, l’ADSF tient à souligner l’importance pour ces femmes de se protéger elles-mêmes du virus, mais aussi de protéger les autres : leur famille, leur entourage, et la société dans son ensemble.

Si la crise du Covid-19 n’aura pas permis d’avancée ou de prise en compte par le gouvernement de la santé comme prérequis à l’amélioration des conditions de vie des plus précaires, les associations auront néanmoins travaillé à une articulation moins cloisonnée et moins dysfonctionnelle de la santé et du social, dans leurs actions en réponse à la crise sanitaire.

L’ADSF se tient donc à dispositions des autorités sanitaires pour réfléchir à une solution globale, pour agir sur les conditions de vie et la situation de santé des femmes en grande précarité.

ADSF – Agir pour la santé des femmes


https://www.50-50magazine.fr/2020/07/20/fin-de-la-treve-hivernale-linquietude-pour-les-plus-precaires/?fbclid=IwAR2TmX5hiRd-Sv8Bq5I9wAnBoCFbi9m_UnEhl_STs0hMuTYcypKTsMWr7JU

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Le gouvernement bruxellois adopte un plan de lutte contre les violences faites aux femmes , RTBF LES GRENADES , femmes feminisme, violences , violences conjugales

20 Juillet 2020, 06:06am

Publié par hugo

 Le gouvernement bruxellois adopte un plan de lutte contre les violences faites aux femmes
Ce premier plan est porté par Nawal Ben Hamou (PS), secrétaire d’État à l’Égalité des Chances 
Ce premier plan est porté par Nawal Ben Hamou (PS), secrétaire d’État à l’Égalité des Chances - © Belga
  
Le gouvernement bruxellois adopte un plan de lutte contre les violences faites aux femmes
Le gouvernement bruxellois adopte un plan de lutte contre les violences faites aux femmes
 
Belga avec Ca.We.
 Publié le jeudi 16 juillet 2020 à 15h17
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Le gouvernement bruxellois a annoncé jeudi l'adoption de son premier plan régional de lutte contre les violences faites aux femmes. Porté par la secrétaire d'État à l'Égalité des Chances Nawal Ben Hamou (PS), cheville ouvrière de la démarche, mais aussi par l'ensemble des membres du gouvernement, il se décline en 56 actions touchant à la plupart des compétences régionales.


Création d'un nouveau refuge
La création d'un nouveau refuge pour les femmes victimes de violences, de 50 lits maximum, est annoncé; il devrait être créé en 2023. Le plan prévoit également la création d’une cellule spécifique dédiée aux violences intrafamiliales et sexuelles dans les commissariats des six zones de police de la capitale. La STIB jouera aussi un rôle important car le harcèlement sexuel dans les transports est fréquemment dénoncé par des utilisatrices. Certaines mesures concernent plus spécifiquement l'espace public.

►►► A lire : Le confinement n'arrête pas le harcèlement de rue

Ces diverses actions sont destinées à améliorer l'accueil, la protection et l'accompagnement des victimes, la prévention, la formation des acteurs de la prévention, de la sécurité, mais aussi de l'urbanisme et de la mobilité.

Le plan a fait l'objet d'une concertation avec le secteur associatif et notamment avec le Conseil bruxellois de l'égalité entre les femmes et les hommes. Celui-ci sera étroitement associé à l'évaluation promise à mi-parcours, dans deux ans, au sein de la commission de l'Égalité des chances et des Droits des femmes du parlement régional. Chaque ministre y exposera son bilan intermédiaire.

Toutes les mesures sont planifiées, budgétées et assorties d'indicateurs de suivi.

86% de harcèlement sexuel à Bruxelles
La Région bruxelloise n'est pas épargnée par le phénomène de la violence à l'égard des femmes. Selon une étude menée en 2016-2017 par equal.brussels, le service de l'égalité des chances de la Région-capitale, dans la capitale, plus de la moitié des femmes subissent au moins une forme de violence de la part de leur partenaire au cours de leur vie. Ce taux atteint 86% pour le harcèlement sexuel et 17% pour le harcèlement obsessionnel (stalking). Un tiers des victimes en subissent encore les conséquences actuellement, même lorsque les faits se sont produits des années auparavant.


Campagne contre la hausse des violences dans le cadre familial, dans notre journal télévisé du 29 avril:

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Sur le même sujetEmploi Gouvernement bruxellois Politique Société Transport
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https://www.rtbf.be/info/dossier/les-grenades/detail_le-gouvernement-bruxellois-adopte-un-plan-de-lutte-contre-les-violences-faites-aux-femmes?id=10543902

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Prostitution et coronavirus: "On a constaté le sentiment d'impunité des clients" , femmes, sante,

20 Juillet 2020, 06:02am

Publié par hugo

 Prostitution et coronavirus: "On a constaté le sentiment d'impunité des clients"
Prostitution et coronavirus: "On a constaté le sentiment d'impunité des clients"
Prostitution et coronavirus: "On a constaté le sentiment d'impunité des clients" - © Tous droits réservés 
 19 juillet 2020
 
Camille Wernaers
 Publié le jeudi 16 juillet 2020 à 14h54
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Avec la crise du coronavirus, les personnes prostituées ont vécu des moments particulièrement précaires. Les Grenades ont rencontré Pierrette Pape, directrice de l’asbl isala qui agit sur le terrain en soutien des personnes en situation de prostitution ou de celles qui souhaitent quitter cette activité.


L’asbl les accompagne dans leurs démarches et gère également une maison de transit qui accueille plusieurs femmes, “le temps de souffler, de se mettre en ordre administrativement et de lancer les premières étapes de leur projet de vie”, explique Pierrette Pape qui dresse ce constat : "En cas d’épidémie, les personnes prostituées, qui sont majoritairement des femmes, sont elles aussi toujours en première ligne".

Comment travaillez-vous sur le terrain ?

"Nous travaillons en fonction des besoins et des demandes des personnes, dans une dynamique d’écoute et d’intervention féministe, pour leur permettre une reprise de pouvoir sur leur vie. Nous faisons avec elles, pas à leur place. Nous allons sur les lieux de prostitution chaque semaine, faisant plus de 700 rencontres chaque année. Nous avons développé un parcours de sortie de la prostitution en 8 piliers, parmi lesquels trois domaines qui sont au cœur de la sortie de prostitution et des demandes récurrentes des femmes : trouver un logement, obtenir un titre de séjour et trouver un travail. Elles nous disent très souvent qu’elles veulent un travail “normal”, elles estiment que la prostitution ne l’est pas.

Il y a d’autres piliers, comme la parentalité, les questions de santé, de justice, les cours de français que nous donnons gratuitement, la création de liens sociaux aussi : comment se sentir moins seules ? Nous accompagnons en effet majoritairement des personnes d’origine étrangère, qui composent la majorité des personnes en situation de prostitution en Belgique, et qui sont éloignées de leur famille ou ont peu de contacts en Belgique.

A côté de cette action de terrain, isala donne des formations au sujet de l’exploitation sexuelle auprès de structures partenaires ; nous avons notamment formé les personnels des centres d’asile pour qu’ils et elles puissent identifier un vécu de prostitution parmi les différentes formes de violences genrées auxquelles font face les demandeurs et demandeuses d’asile, et en particulier les femmes et les filles. Toute notre action est réalisée par une équipe de bénévoles qui veulent agir sur le terrain."

►►► A lire : Pour les femmes migrantes, un chemin de violence

Comment le coronavirus a-t-il impacté votre travail ?

"Pour garder le contact avec les personnes, nous avons mis en place une permanence téléphonique. Nous avons aussi développé un visuel en 7 langues (y compris le bulgare et l’albanais) avec tous les numéros d’urgence utiles dans cette crise, pour aider les personnes à trouver de l’aide ou des informations à propos de la santé, des violences, etc. Mais c’est difficile de conseiller pour un CV ou une lettre de motivation par téléphone, surtout que les femmes avec lesquelles nous travaillons ne parlent pas toutes français et ne maitrisent pas l’outil informatique.

Cette crise a rendu plus visible ce que nous constatons au quotidien : il y a une vraie fracture entre les personnes précarisées, celles qui ne savent pas bien lire et écrire, et le marché du travail. Et la digitalisation qui s’est mise en place avec le confinement n’a fait qu’accroître les difficultés pour les femmes et pour toutes les personnes éloignées du marché du travail aujourd’hui. Nous avons organisé un atelier informatique et nous avons créé des fiches sur le droit du travail pour les outiller le plus possible face au système belge. Et nous avons mis en place des partenariats avec des missions locales et des associations pour agir en réseau."

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

Quels ont été les retours des femmes avec lesquelles vous avez été en contact durant le confinement ?

"Ce qu’on sait, c’est que certaines sont rentrées dans leur pays d’origine, parce que c’était trop dur. Elles ne pouvaient plus payer leur loyer et leurs charges, et elles se sentaient trop seules. D’autres ont eu recours à la prostitution par webcam. D’autres encore étaient coincées chez elles avec un conjoint (ou un proxénète), parfois violent. La majorité a vécu le confinement comme toutes les personnes précarisées et les femmes en charge d’une famille : inquiètes pour leur logement, en recherche d’aides pour nourrir leur famille, parfois paralysées par la peur du virus. C’est pourquoi isala a fait des appels à solidarité pendant le confinement, pour distribuer des vêtements ou donner des bourses alimentaires, et nous avons priorisé l’écoute. Nous avons aussi constaté l’isolement des femmes et le manque d’accès aux informations.

Cette crise a rendu plus visible ce que nous constatons au quotidien : il y a une vraie fracture entre les personnes précarisées, celles qui ne savent pas bien lire et écrire, et le marché du travail

Par exemple, une femme belge de 56 ans a appelé l’association pour savoir quelles aides étaient disponibles ; elle est dans la prostitution depuis qu’elle a 20 ans et elle n’était pas au courant qu’elle a la possibilité d’aller au CPAS ! Sachant qu’elle se situe dans le quartier des carrés à Saint-Josse, c’est choquant d’apprendre que personne ne lui a parlé des aides sociales depuis tout ce temps. Mais la crise du Covid a aussi été un déclic pour plusieurs femmes qui sont venues à l’association. Pour elles, il y a eu un vide du fait de l’interdiction des activités de prostitution, un temps de calme, et elles se sont rendu compte qu’il serait très difficile d’y retourner. Des femmes nous ont dit qu’elles arrivaient enfin à dormir, à se reposer. Certaines sont venues nous voir avec la ferme détermination de trouver un travail et de renforcer leur français.

Certaines d’entre elles ont aussi été très choquées à cause de coups de téléphone des clients qui se moquaient du confinement et proposaient des sommes énormes pour les voir. Ils allaient contre tous les messages qu’elles entendaient à la télé ou à la radio et qui leur disaient de respecter la distanciation sociale. Certains clients disaient même qu’ils étaient contaminés, qu’ils avaient peur de mourir et demandaient qu’elles viennent ! On a constaté durant cette crise le sentiment d'impunité et de toute puissance des hommes, des clients.

Regardons le phénomène en face : ce sont des femmes, étrangères, en situation de précarité, qui sont dans la prostitution, face à des hommes, proxénètes, propriétaires ou clients, qui profitent de leur vulnérabilité

Aujourd’hui, nous sommes inquièt.es car la précarité s’est renforcée avec le Covid, et nous savons que la prostitution va peut-être être un recours ultime pour des femmes en détresse matérielle et psychologique. Nous disons qu’il faut agir et que la prostitution ne doit pas être une fatalité."

Que retenez-vous de cette crise ?

"Cette crise a mis en évidence deux réactions sociétales. D’une part, elle a permis de faire prendre conscience de la précarité des personnes en situation de prostitution, c’est très bien. Mais aujourd’hui, il semble que les politiques veulent juste revenir à "comme avant", avec des réponses à court terme, de la réduction des risques sans réel soutien durable. Va-t-on les ignorer de nouveau jusqu’à la prochaine crise ? Pour nous, il faut une solution à long terme et pas une solution à court terme qui ne changera rien aux rapports d’inégalité et de pouvoir. Regardons le phénomène en face : ce sont des femmes, étrangères, en situation de précarité, qui sont dans la prostitution, face à des hommes, proxénètes, propriétaires ou clients, qui profitent de leur vulnérabilité. On est au croisement de violences de race, de classe et de genre.

Les personnes que nous rencontrons sur le terrain n’ont pas de titre de séjour, et de ce fait n’ont pas accès aux aides sociales belges. Celles qui le peuvent, et cela va dépendre de leur statut migratoire, ont accès au statut d’indépendante, ce qui donne accès aux droits liés à ce statut. La majorité d’entre elles cependant sont exploitées, victimes de traite ou de proxénètes. En 2015, la police fédérale a recensé la population en situation de prostitution et a conclu qu’il y a environ 26.000 personnes concernées, dont plus de 80% sont en situation d’exploitation. Quel est le projet de société mis en place en Belgique pour offrir des alternatives durables à ces personnes ? Où est la volonté politique pour stopper ce système, qui profite aux propriétaires de vitrines, de bordels, mais aussi aux communes qui taxent les établissements et augmentent leur budget ?

 

Il faut que la société offre des alternatives, des opportunités, des chances. Donnons-leur d’abord un titre de séjour, un accès égalitaire au marché du travail et au logement, et un revenu minimum d’insertion qui permette de ne pas tomber sous le seuil de pauvreté. Prenons le temps de comprendre leur histoire, d’entendre leurs aspirations profondes.

Les femmes vivent des violences énormes mais elles doivent passer rapidement à autre chose, sinon on ne les écoute plus. On considère tout d’un point de vue individualiste et pas sociétal

La masculinité toxique était de sortie durant le confinement, et les clichés bien-pensants sur la prostitution sont revenus, comme le fait que la prostitution éviterait les violences conjugales. Il y a aussi eu des choses très perturbantes et qui n’ont pourtant pas fait réagir, comme le fait que les sites pornographiques étaient gratuits durant cette période. Certains médias en ont parlé, et on a pu voir ces offres parmi toutes les possibilités offertes en ligne pendant le confinement, entre 2 cours de yoga et un atelier peinture. C’est dérangeant quand on connait les conséquences de ces images sur les garçons, les hommes et les femmes. Ce n’est pas encore du tout intégré dans la société qu’il y a un lien entre la pornographie et les violences faites aux femmes. Pourtant, des études ont montré les liens clairs entre la consommation de pornographie et les actes de violence, y compris le recours à la prostitution, et en particulier chez les ados.

Avec le confinement, on a vu revenir sur les réseaux sociaux les blagues sexistes qui contribuent à banaliser la violence. isala a été contactée aussi par des femmes n’ayant pas forcément de vécu en lien avec la prostitution, mais qui demandaient de l’aide pour un hébergement d’urgence face à un conjoint violent. Nous faisons partie de la plateforme féministe contre les violences faites aux femmes : les violences masculines sont une réalité, pas une blague. Il est difficile de le visibiliser."

Pourquoi ?

"Parce que cela ne colle pas avec l’état d’esprit de la société actuelle, qui est une société de consommation. On ne doit surtout pas être victime, on doit être “plus forte que ça”. Les femmes vivent des violences énormes mais elles doivent passer rapidement à autre chose, sinon on ne les écoute plus. On considère tout d’un point de vue individualiste et pas sociétal. Il y a aussi un lobby intense et du marketing derrière la prostitution. Quand on parle de “sugar baby” et "sugar daddy", on essaie de rendre glamour ce qui est en réalité une relation sexuelle tarifée entre une femme jeune (parfois très jeune) qui a besoin d’argent, et un homme qui a de l’argent. Là aussi, il y a de la violence. On a reçu plusieurs appels, pendant le confinement, de jeunes femmes étudiantes qui recouraient à des salons de massage ou des agences d’escorting pour payer leurs études ; l’une d’elles appelait parce qu’un client avait été violent avec elle et qu’il avait déchiré sa robe, et elle voulait savoir si elle pouvait porter plainte à la police, étant donné qu’elle avait eu une mauvaise expérience par le passé avec la police qui ne l’avait pas aidée.

Une survivante allemande, que nous avons accueillie à Bruxelles en mars pour un événement européen, a raconté son expérience : "Quand j’ai exprimé mes difficultés et dit que la prostitution était une violence pour moi, on m’a répondu que je n’étais juste pas faite pour cela". Une réponse qui veut ignorer le vécu personnel et collectif, qui oblige les femmes au silence. Et malheureusement, même après la vague #metoo, on voit que la honte reste du côté des victimes, que la société continue de justifier les violences sexistes."

►►► A lire : La marche des 7 survivantes de la prostitution est arrivée à Bruxelles

Depuis le 10 juin, la prostitution est à nouveau autorisée, avec des différences selon les communes, qu’en pensez-vous ?

"On conseille à toute la population de garder 1m50 de distance. Soyons réaliste, comment est-ce qu’on applique cela dans la prostitution ? Le 6 juin, la Suisse a présenté son plan de déconfinement : les massages et toutes les activités et sports qui supposent un contact physique sont interdites, mais pas la prostitution. Selon la "charte d’hygiène" établie par l’industrie du sexe, ce qui est conseillé aux personnes en situation de prostitution, c’est de se laver les mains, de porter un masque, d’éviter les pratiques orales ainsi que tout "service" en face à face, ce qui veut dire de privilégier les pratiques anales. Est-ce cela qui va protéger les personnes du virus ?

En Belgique, certaines communes ont établi le même genre de protocole sanitaire, mais on constate qu’il s’agit avant tout d’encadrer la prostitution en fixant des horaires d’ouverture des vitrines ou carrés, plutôt que de proposer des alternatives ou des parcours de sortie. Je pense qu’il y a un manque de volonté politique de lutter contre la traite d’êtres humains et les marchés de prostitution. Les hôtels de passe, les vitrines, les carrés, ce sont autant de réceptacles de cette traite. Cela pose des questions. Qui a accès aux corps de qui ? Qui profite finalement de la prostitution ?"

►►► A lire : Une travailleuse du sexe en recours au Conseil d'Etat contre la commune de Saint-Josse

Témoignage de deux concernées
L’asbl isala a récolté plusieurs témoignages de femmes qui sont venues à l’association. Nous en avons choisi deux.

"J’ai grandi et fait mes études secondaires en Bulgarie, puis j’ai été mariée à 18 ans. Mon mari était violent et il m’a prostituée pendant 3 ans. Je me suis enfuie, j’ai dû laisser ma fille avec ma famille et je suis allée dans différents pays d’Europe, j’ai survécu avec la prostitution. J’ai connu mon deuxième mari il y a dix ans et j’ai une petite fille de 4 ans, qui est née ici, […] je ne peux pas rentrer en Bulgarie, car le racisme et la discrimination envers les personnes turcophones ou rom sont trop forts, et il n’y a pas de perspectives là-bas.

La prostitution est très violente, je le sais, mais je n’ai pas d’autre choix pour l’instant. Quand je vois un client, je ferme les yeux et je pense à autre chose, je me dissocie pour que cela passe plus vite. Je pense à mon objectif, qui est d’aider ma famille en Bulgarie et d’y construire une maison. Mais je vois bien que cela m’affecte. Je n’ai toujours pas trouvé un travail normal en Belgique, c’est difficile ici. Ma grande fille de 15 ans m’a rejointe cette année, je m’occupe de mes deux filles. Mais je suis fatiguée, je me sens fragile psychologiquement. Je le vois car j’ai crié sur ma fille, et je n’aime pas ça. […]

Avec le confinement, tout s’est arrêté. J’ai pu réfléchir, penser à long terme […] Le manque d’argent me stresse, c’est pour cela que je veux vraiment trouver un travail et que je suis venue à l’association. J’aimerais aider les personnes âgées, je pense à ma maman qui est seule en Bulgarie, je pleure quand je pense à elle, je voudrais qu’elle me rejoigne, qu’on soit en famille, en sécurité."

"C’est une amie d’amie qui m’a mise en contact avec l’association. Je suis arrivée en Belgique en novembre 2019, je fuyais une situation de violence conjugale très forte. Je ne peux plus rentrer dans mon pays, car le père de mes enfants me terrorisait, il me suivait partout où j’allais, il m’a frappée plusieurs fois, menacée de mort […]

La République dominicaine est l’un des pays les plus touchés par les féminicides, j’ai peur. J’ai dû fuir, en laissant mes deux filles derrière moi. Cela me rend très triste, elles sont le cœur de ma vie. J’étais infirmière et esthéticienne, j’ai étudié, je suis très débrouillarde, je ne pensais pas que j’allais vivre ce que j’ai vécu en Belgique. En arrivant ici, j’ai fait une demande d’asile sur motif de violence de genre, et du Petit Château, j’ai été envoyée dans un centre. Là-bas, les conditions de vie sont terribles, je ne voulais pas y rester. On m’a présenté quelqu’un qui pouvait m’aider à trouver du travail, mais il m’a confisqué mes papiers et m’a forcée à me prostituer. Il gardait tout l’argent et ne me donnait qu’une petite somme, que j’envoyais à ma famille.

Je pense que j’étais tellement stressée, perdue dans ce nouveau pays, et obnubilée par ma culpabilité d’avoir laissé mes filles, que je ne me rendais pas compte de ce qui m’arrivait. Jusqu’au jour où j’ai pensé à elles en me demandant si je pouvais leur dire ce que je faisais, et cela a été le déclic : je veux être un modèle pour elles, je veux qu’elles soient fières de moi. J’ai pu m’échapper car je devais renouveler ma carte orange et donc sortir de ce lieu d’enfermement. Je me suis réfugiée chez une amie, loin de ce lieu, mais nous étions deux dans une toute petite pièce, je dormais par terre. J’ai contacté l’association. J’ai la chance de pouvoir vivre maintenant dans la maison de transit de l’association, avec 3 autres femmes qui ont aussi des parcours de vie chaotiques. […] maintenant, je vais pouvoir me reposer, faire des cours de français et d’intégration, faire reconnaître mon diplôme pour trouver un travail d’infirmière. Je suis spécialisée dans le contrôle des infections, cela sera utile en ce moment !

Je ne dors pas encore très bien, je dois retrouver le calme, la sécurité. Je dois aussi accepter que ma famille prenne soin de mes filles, je voudrais être indépendante économiquement mais cela va prendre du temps. J’aimerais avoir des ami.es, je me sens un peu abandonnée ici. Heureusement, avec la maison, nous avons des activités collectives, et je suis entourée."

Travailleuses et travailleurs du sexe : victimes oubliées du coronavirus - JT

Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be.

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/info/dossier/les-grenades/detail_prostitution-et-coronavirus-on-a-constate-le-sentiment-d-impunite-des-clients?id=10543276

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Dépénalisation de l'IVG: le vote reporté pour la quatrième fois , femmes, sante ,ivg,

20 Juillet 2020, 05:13am

Publié par hugo

 Dépénalisation de l'IVG: le vote reporté pour la quatrième fois

  
Dinant : le port du masque peu respecté dans les lieux touristiques
Dinant : le port du masque peu respecté dans les lieux touristiques
RTBF avec Agences
 Publié le mercredi 15 juillet 2020 à 17h33
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La proposition de loi dépénalisant totalement l’avortement se trouve à nouveau reportée. 


Le CD&V, la N-VA et le Vlaams Belang ont demandé mercredi l'envoi au Conseil d'Etat d'une nouvelle série d'amendements à la proposition de loi dépénalisant l'avortement.

C’est du jamais vu dans l’histoire de la Chambre a tenu à souligner le président de la Chambre, Patrick Dewael (Open VLD). Les députés peuvent en effet solliciter l’avis du Conseil d’état sur les textes de loi. Le règlement de la Chambre ne prévoit pas le nombre de recours possible. Jamais les députés n’en avaient abusé.

Les députés N-VA, CD&V et Vlaams Belang créent donc un précédent.

Flibuste
Deux heures et demie de débat ont été consacrées à ce sujet, d'abord pour inscrire la proposition à l'ordre du jour des travaux, qui a reçu l'aval d'une majorité, avant que les trois partis ne requièrent l'avis du Conseil d'Etat.  Les échanges ont parfois été vifs. Les partisans du texte ont dénoncé une manoeuvre dilatoire et un hold-up démocratique, le Conseil d'Etat s'étant déjà prononcé trois fois sur la proposition et les amendements.  

Une majorité de députés (socialistes, libéraux, écologistes, PTB, DéFI) soutiennent la proposition de loi. La minorité utilise donc les arcanes de la procédure parlementaire pour en empêcher le vote. Une minorité empêche donc le vote.

N-VA et CD&V espèrent surtout que le futur accord gouvernemental encadrera une éventuelle dépénalisation de l’IVG. Les deux formations comptent en faire une " monnaie d’échange " lors des négociations gouvernementales, qui n’ont toujours pas commencé.

Cette loi prévoit également la réduction de délai obligatoire de réflexion qui passerait de 6 jours à deux jours.

Autre élément clé du texte, le passage de la durée dans lequel l’IVG peut se pratiquer de 12 à 18 semaines.

La proposition de loi reviendra à l'automne, après les vacances parlementaires.


https://www.rtbf.be/info/belgique/detail_depenalisation-de-l-ivg-le-vote-reporte-pour-la-quatrieme-fois?id=10543371

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Déconstruire les masculinités toxiques (1/4): "Sois fort, ne pleure pas" ,articles femmes hommes, societe,

20 Juillet 2020, 05:09am

Publié par hugo

 Déconstruire les masculinités toxiques (1/4): "Sois fort, ne pleure pas"
Déconstruire les masculinités toxiques: "Sois fort, ne pleure pas"
Déconstruire les masculinités toxiques: "Sois fort, ne pleure pas" - © Getty Images 

 Publié le mercredi 15 juillet 2020 à 11h46
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Cet été, Les Grenades décortiquent les stéréotypes de genre qui engendrent des comportements masculins toxiques. Quatre articles pour creuser le sujet et faire valser les étiquettes. Parce que l'égalité femmes-hommes passe aussi par une remise en question des rôles sociaux qu’endossent ceux qui forment la moitié de la population. Pour ce premier article, plongeon au cœur des émotions.


Un homme doit être fort, dur, protecteur. Un homme ne pleure pas, ne demande pas d’aide, ne craque pas. Rien de pire que les injonctions à être de "vrais hommes" bien solides, bien sexistes.

Rien de pire et pourtant, depuis très longtemps (et encore maintenant) on enseigne aux petits garçons à réprimer leurs émotions, à ne pas montrer leurs faiblesses sous peine d’être "traités de filles". Ce phénomène entretient le patriarcat et la masculinité toxique.

Timidement, les choses commencent à changer, depuis quelques années, un nouvel équilibre entre la part du masculin et du féminin est proposé. De plus en plus d’individus déconstruisent les rôles de genre prédéfinis. La Pop culture, qui a longtemps mis en avant le modèle du mec sauveur ou gros macho est en train de prendre un autre tournant.

Les choses changent, que ce soit sur Netflix avec par exemple The mask you live in , sur Youtube avec Entre mecs ou encore à travers les podcasts  Mansplaining ou le génial Les couilles sur la table. Et ça fait du bien (il était temps) !


Déposer le sujet (et les couilles) sur la table
Le patriarcat, ce n’est bon pour personne, ni pour les femmes, ni pour les hommes. Comme l’explique la journaliste Suzannah Weiss , la construction culturelle de la masculinité - en particulier lorsqu'elle devient toxique - a de nombreuses conséquences problématiques comme la misogynie, la perpétuation de la culture du viol, l’homophobie, l’encouragement à la violence, la suppression des émotions et le découragement à demander de l’aide.

Rien de pire et pourtant, depuis très longtemps (et encore maintenant) on enseigne aux petits garçons à réprimer leurs émotions, à ne pas montrer leurs faiblesses sous peine d’être "traités de filles". Ce phénomène entretient le patriarcat et la masculinité toxique. 

La réappropriation de la question des masculinités est essentielle pour un changement de société. De plus, comme le rappelle le poisson sans bicyclette dans son outil pédagogique "construire une approche féministe des masculinités" :  "Il est important d’aborder la question des masculinités afin de ne pas la laisser aux seuls masculinistes, qui portent un discours victimaire et conservateur vis-à-vis des relations femmes-hommes et de leur place dans la société."

En effet, les masculinistes, méprisent les femmes, regrettent le patriarcat et se victimisent par rapport au féminisme. Issu d’un travail de veille et de déconstruction des discours masculinistes, "Contre le masculinisme, guide d’autodéfense intellectuelle" est un outil de résistance à l’offensive actuelle des militants de la cause des hommes. L’objectif est de diffuser une autre parole sur leurs thèmes de prédilection : droits des pères, violences faites aux hommes, crise de la masculinité.

►►► A lire : Les communautés misogynes (la manosphère) et leur haine des femmes explosent sur internet

Masculinité hégémoniste
Un article intitulé ‪‪Les émotions à l’épreuve du genre‪‪ paru dans la revue Clio, Femmes, Genre, Histoire, souligne que les émotions sont souvent considérées comme un puissant marqueur de genre et jouent un rôle central dans les délimitations culturelles et sociales du masculin et du féminin. Dans le monde occidental, on considère aussi que les émotions sont davantage féminines et que la raison est plutôt masculine.

Comme l’explique l’autrice Olivia Gazalé dans l’ouvrage Le Mythe de la virilité : un piège pour les deux sexes, pour marquer sa domination sur le sexe féminin, l'homme a, dès les origines de la civilisation, théorisé sa supériorité en construisant le mythe de la virilité. Une bonne grosse construction sociale qui perdure depuis des millénaires…

Ça fait du bien aux hommes de questionner ce modèle de masculinité, les hommes aussi peuvent être vulnérables, être dans le soin aux autres. [...] C’est très important, on a une responsabilité en tant qu’homme de déconstruire cette masculinité hégémonique, dans une dimension plus politique. Comment on agit en tant qu’homme au sein de notre propre groupe ? 

La thématique des masculinités a largement été ignorée jusqu’au début des années 1970.  Le renforcement des théories critiques féministes de la deuxième vague a permis l’émergence des études sur les hommes. Au cœur de celles-ci, le concept de masculinité hégémonique développé par la sociologue australienne Raewyn Connell qui définit le type de masculinité mis en avant dans nos sociétés.

Comme l’explique le poisson sans bicyclette : "L’idée principale est que la masculinité hégémonique produit des rapports de dominations externes (la domination des hommes sur les femmes), mais qu’elle produit également des rapports de dominations internes (c’est-à-dire entre hommes). Il s’agit ainsi d’un concept relationnel, qui se définit dans sa relation avec d’autres."

Selon l’outil genre et masculinités du Monde selon les femmes , "l’anthropologue David Gilmore, étudiant les masculinités en Espagne, caractérise la masculinité hégémonique (qu’il appelle masculinité traditionnelle) par une série de traits qu’il nomme "la règle des trois P" : pourvoir (l’homme est celui qui rapporte l’argent au foyer), protéger (l’homme est celui qui se responsabilise pour les membres de son foyer et leur apporte aide et protection), puissance (l’homme est celui qui est actif dans la relation sexuelle)."

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

Des comportements violents
Les conséquences de ces constructions sociales sont multiples et les comportements violents en font partie. En supprimant les émotions, la réceptivité, l’empathie et la compassion, qui sont associés à la féminité, l’image du "vrai homme" repose sur une affirmation de soi fondée sur la violence mais sans pouvoir exprimer sa souffrance. Cette aliénation de soi et l’isolation qu’elle procure alimente le mécanisme de la violence.  

Une étude suédoise a prouvé que les garçons soutenant les clichés autour de la masculinité avaient quatre fois plus de risques d’être violents. Les femmes sont victimes de de cette violence qui se concrétise en harcèlement sexuel, violences conjugales, agressions sexuelles, sexisme, féminicides…

►►► A lire : 12 féminicides en Belgique en 2020

Une violence qui se cristallise aussi en un profond mal-être. Selon le centre de prévention du suicide, la différence la plus flagrante dans l'analyse des taux de suicide est la différence hommes - femmes. Ceux-ci se suicident environ trois fois plus que les femmes.

Enfin, la plupart des meurtriers de masse sont des hommes. Comme le rappelle Le Devoir, dans 94 des 97 cas de tueries aux USA entre 1982 et février 2018, le tueur était un homme.

Des ateliers pour réparer
Encore assez subversive, la mise en place de " cercles d’hommes " ou d’ateliers prend, néanmoins de l’ampleur.

Ces espaces permettent d’accéder aux émotions. Pour beaucoup d’hommes, ça a changé la perception qu’ils avaient d’eux même et la façon dont ils vivaient leur masculin

Alex Govers Pijoan a étudié l’anthropologie, c’est pendant son Master qu’il a commencé à s’intéresser de plus près aux questions de genre.  "J’ai effectué un travail de terrain, c’est là que j’ai commencé à questionner ma position en tant qu’homme et les privilèges qui en découlent. Je me suis interrogé sur le rôle des alliés. Ce sont des questionnements que j’ai prolongé dans mon travail au Monde selon les femmes où je donne des formations, j’y anime aussi des groupes de paroles et je mène une recherche action autour de la déconstruction de la masculinité hégémonique."

Selon lui, il faut agir au niveau individuel et collectif. "Le mouvement #metoo a amené beaucoup d’hommes à réaliser que les violences sexuelles n’étaient pas un phénomène individuel mais une des conséquences du modèle de masculinité hégémonique produit par la société. De plus en plus d’hommes veulent s’impliquer. Ça fait du bien aux hommes de questionner ce modèle de masculinité, les hommes aussi peuvent être vulnérables, être dans le soin aux autres. Cette démarche libère la parole mais surtout, ça les responsabilise. C’est très important, on a une responsabilité en tant qu’homme de déconstruire cette masculinité hégémonique, dans une dimension plus politique. Comment on agit en tant qu’homme au sein de notre propre groupe ? C’est ça aussi l’enjeu."

Le poisson sans bicyclette a également organisé un travail de déconstruction et de réflexion créative avec un groupe de dix hommes d’octobre à novembre 2018. A travers des ateliers d’écriture, Marie Leprêtre les a amenés à plonger dans leurs vécus et leurs connaissances pour livrer des textes sincères qui mettent à jour et défient la masculinité hégémonique.

De son côté Jérôme de Béthune est actif dans plusieurs réseaux de réconciliation entre le masculin et du féminin. "On organise des cercles d’hommes et parfois on va à la rencontre de cercles de femmes. J’avais un rapport difficile aux hommes, ça m’a ouvert un nouvel espace. Pour moi, à côté, des grands enjeux comme l’écologie et l’éducation, les relations entre femmes et hommes sont l’un des piliers de l’évolution du monde si on veut tendre vers l’harmonie." A travers ces rencontres, il explique avoir entendu des histoires bouleversantes. "Ces espaces permettent d’accéder aux émotions. Pour beaucoup d’hommes, ça a changé la perception qu’ils avaient d’eux même et la façon dont ils vivaient leur masculin."

Et si la déconstruction commençait par l’éducation ?

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Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d'actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


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Parité dans le théâtre belge francophone : chantier en cours , articles femmes hommes, egalite,

20 Juillet 2020, 04:43am

Publié par hugo

 Parité dans le théâtre belge francophone : chantier en cours
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Parité dans le théâtre belge francophone : chantier en cours - © Getty Image
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Une chronique de Lisa Cogniaux
 Publié le dimanche 12 juillet 2020 à 11h29
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Le secteur théâtral n’échappe pas à la règle : la majorité de ses institutions sont dirigées par des hommes. Une étude récente commandée par Elsa Poisot et la compagnie Ecarlate, dirigée par l’ULIEGE en collaboration avec la Bellone et la Chaufferie Acte I, fait le bilan sur les chiffres de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

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Elle analyse les proportionnalité hommes-femmes à tous les niveaux : directions mais aussi instances d’avis, CA, répartition des subventions, emplois administratifs, techniques et artistiques.

Des chiffres révélateurs
Les premières statistiques qui ont été rendues publiques sont éclairantes : environ 70 % des institutions subventionnées, qui reçoivent 86 % du budget complet alloué au secteur théâtral, sont dirigées par des hommes. 20 % sont dirigées par des femmes et 10 % par des directions mixtes.

L’étude s’est déroulée de septembre à avril 2019 à avril 2020 et les résultats complets seront communiqués lors de trois journées d’étude à la Bellone les 5, 6 et 7 octobre 2020.

Environ 70 % des institutions subventionnées, qui reçoivent 86 % du budget complet alloué au secteur théâtral, sont dirigées par des hommes

Interpellant : c’est la première étude qui se penche sur des résultats chiffrés en termes d’égalité hommes-femmes dans le théâtre belge francophone. Elsa Poisot et la compagnie Écarlate aimeraient continuer ce travail de recherche en se penchant sur la situation les personnes aux intersections des discriminations et les personnes les plus précaires, mais pour l’instant les financements ne sont malheureusement pas garantis.

Constat récent
Pour l’instant, il n’existe aucun quota ferme qui obligerait les institutions à employer/programmer un certain pourcentage de femmes, et nous avons dit que la première étude transversale sur le sujet vient d’être achevée. Le chantier est donc vaste…

C’est seulement depuis quelques années, et notamment sous l’impulsion du groupe F(s), dont l’autrice de cet article fait partie, que la presse, les politiques et les acteur.rice.s du milieu commencent à prendre conscience de l’anormalité de cet état de faits.

Pour rappel, F(s) est une association militante née spontanément le 4 mai 2018 suite à l’énième nomination d’un homme à la tête d’une institution, alors que de nombreuses femmes étaient candidates. Le ras-le-bol et la colère face au sexisme "inconscient" et jamais nommé du milieu a donné lieu à la formation d’un groupe en non-mixité de personnes s’identifiant comme femmes.

►►► A lire : "Moins de cravates, plus de chattes": les militantes féministes dénoncent le sexisme au festival Ars Musica

Le groupe milite pour qu’il y ait plus de femmes aux postes de pouvoir : dans les directions mais aussi les instances d’avis et CA, afin d’atteindre petit à petit une parité autant dans les employés administratifs que dans les artistes programmés.

Pour l’instant, il n’existe aucun quota ferme qui obligerait les institutions à employer/programmer un certain pourcentage de femmes, alors que la première étude transversale sur le sujet vient d’être achevée. Le chantier est donc vaste…

Fissures dans le plafond de verre théâtral ?
2020, 2021 et 2022 sont des années de renouvellement dans le secteur théâtral. Les directions du Varia, de la Balsamine, du Théâtre de Namur changeront pour la saison 2021-2022 ; l’atelier Théâtre Jean Vilar à Louvain-la-Neuve annoncera sa nouvelle direction d’ici peu ; et enfin, l’atelier 210 et le Rideau, théâtres situés à Bruxelles, viennent d’annoncer qu’ils ont choisi leurs nouvelles… directrices. Au 210, l’artiste Léa Drouet succède à Isabelle Jonniaux, qui a dirigé la programmation artistique du lieu durant 15 ans. Au Rideau de Bruxelles, Cathy Min Jung succède à Michaël Delaunoy, qui vient de terminer son second mandat de 5 ans. Notons que Cathy Min Jung est la première femme racisée nommée à la tête d’une institution théâtrale, dans un milieu où celles-ci sont doublement sous-représentées et discriminées.

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

Le Varia, La Balsamine, l’atelier Jean Vilar sont déjà dirigés par des femmes (respectivement Sylvie Somen, Monica Gomès, Cécile Van Snick), le Théâtre de Namur par un homme (Patrick Colpé) : espérons que la proportionnalité de femmes nommées aux postes de pouvoir ne sera pas renversée dans les prochaines nominations.

Des femmes compétentes aux multiples atouts
Léa Drouet et Cathy Min Jung peuvent se prévaloir d’un parcours artistique singulier et riche. Les deux femmes ont en commun d’être polyvalentes, aux croisements de plusieurs disciplines et socialement engagées.

Cathy Min Jung, nouvelle directrice du Rideau de Bruxelles
Cathy Min Jung, nouvelle directrice du Rideau de Bruxelles - © Beata Szparagowska
Cathy Min Jung est metteuse en scène, autrice, comédienne, réalisatrice, directrice de sa compagnie Billie on stage ; elle a réalisé un documentaire, écrit trois pièces de théâtre (Les Bonnes intentions – qui a reçu un prix de la critique pour le texte et la scénographie – , Sing my life et récemment La cour des grands, dont la diffusion a été interrompue par le COVID-19), joué pour le théâtre, la télévision et le cinéma.

Elle a également une vision politique proche du féminisme et des mouvements décoloniaux, ainsi qu’une volonté de défendre des politiques culturelles diversifiées et humaines.


Léa Drouet, nouvelle coordinatrice de l’atelier 210
Léa Drouet, nouvelle coordinatrice de l’atelier 210 - © Bea Borgers
Léa Drouet est une metteuse en scène qui aime travailler aux croisements des arts : musique, performance, arts visuels, théâtres. Elle fonde et dirige la structure de production Vaisseau. Notamment programmée aux Kunstenfestivaldesarts en 2018 (avec la performance Boundary Game) et en 2020 (avec le spectacle Violences), c’est une artiste engagée.

Dans ses œuvres, elle mêle les questionnements propres aux sciences humaines à la création artistique. Pour l’atelier 210, elle souhaite une vision pluridisciplinaire : on peut donc s’attendre à ce que la danse, théâtre, musique ou performance se croisent et se répondent dans les saisons à venir. Tant dans son travail que dans son projet pour le 210, elle veut aussi s’interroger sur les rapports de classes, de genres, de races.

Ce qui est réjouissant dans leur nomination n’est pas qu’elles soient des femmes, même si c’est un signe d’avancement positif. Leurs projets, bien distincts, se rejoignent par une réflexion d’inclusion et de diversité qui, peut-être ?, nait aussi de l’expérience singulière d’être en position minoritaire.

Légitimité des "femmes de pouvoir"
L’imposition de quotas permettrait que la parité devienne une habitude ancrée et qu’il soit possible à tou.te.s, homme ou femme, de s’imaginer dans une position de leadership, que ce soit pour diriger une entreprises ou une institution culturelle, ce qui n’est pas encore le cas aujourd’hui.

Dans un contexte de backlash féministe, lorsqu’une femme est nommée à un poste de pouvoir il y a toujours un soupçon : et si c’était pour "faire bien" ? Pour "les quotas" ? à l’inverse, on n’imagine rarement qu’un homme soit nommé parce que c’est un homme. Pourtant, dans l’inconscient collectif, la masculinité et la compétence vont encore de pair : beaucoup d’hommes sont donc probablement à des postes de pouvoir parce que ce sont des hommes.

L’imposition de quotas permettrait que la parité devienne une habitude ancrée et qu’il soit possible à tou.te.s, homme ou femme, de s’imaginer dans une position de leadership, que ce soit pour diriger une entreprises ou une institution culturelle, ce qui n’est pas encore le cas aujourd’hui. Et quand je parle de parité, je parle également de représentations égales de toutes les classes sociales et de toutes les origines.

Les perspectives et les subjectivités sont multiples et déterminées par nos positionnements sociaux. Si c’est toujours le même type de profil aux postes dirigeants, nous sommes enfermés dans une subjectivité, une perspective qui ne rassemble qu’une poignée de personnes.

Nommer des femmes, des personnes queers, des personnes ayant l’expérience de la précarité à des postes de pouvoir permettra/it l’émergence de nouveaux récits et trajectoires pour les institutions culturelles. Et peut-être, qui sait ?, de réinventer les modes hiérarchiques de gouvernance…

Au début de son dossier "Visions" pour le Rideau de Bruxelles, Cathy Min Jung écrit un poème en prose qui évoque le soin qu’il faudra apporter aux équipes qui travaillent pour le théâtre, au public.

Cette forme, qui part de l’intime pour s’ouvrir sur le sociétal, me semble éminemment féminine, voire féministe. Pas parce que les femmes sont essentiellement plus empathiques ; mais parce qu’elles ont appris, pendant des siècles, à prendre soin. Institutions culturelles, artistes, spectat.eur.rice.s : dans un contexte précaire, fragile, nous avons besoin plus que jamais de personnes qui tissent des liens et prennent soin des relations.

Lisa Cogniaux est dramaturge et passionnée par les enjeux politiques soulevés dans les questions de représentations.

Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d'actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/info/dossier/les-grenades/detail_parite-dans-le-theatre-belge-francophone-chantier-en-cours?id=10540436

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POURQUOI LE COMBAT ANTIRACISTE EST DE PLUS EN PLUS PORTÉ PAR DES FEMMES , femmes , feminisme, racisme,

20 Juillet 2020, 04:31am

Publié par hugo

 POURQUOI LE COMBAT ANTIRACISTE EST DE PLUS EN PLUS PORTÉ PAR DES FEMMES
Publié le 13 juillet 2020 à 2:00
En tête des cortèges ou invitées dans les médias, les femmes antiracistes portent une parole engagée enfin entendue et brisent l’invisibilisation dont elles étaient victimes jusqu’alors.
 
Camelia Jordana à la manifestation du 2 juin 2020 à Paris, capture d'écran BFM TV
Camelia Jordana à la manifestation du 2 juin 2020 à Paris, capture d'écran BFM TV


“Je travaille sur ces questions depuis 15 ans et je n’ai jamais vu un tel bouillonnement dans l’espace public. C’est devenu le sujet incontournable de ces dernières semaines.” Enthousiaste, Mame-Fatou Niang revient sur les mobilisations contre le racisme qui secouent la France depuis le rassemblement contre les violences policières du 2 juin dernier à Paris. La réjouissance de la maîtresse de conférences à l’université Carnegie-Mellon (Pennsylvanie) dépasse la mise à l’agenda médiatique et politique de ces discussions: “La visibilité des femmes noires, là où elles n’étaient pas représentées auparavant est une vraie victoire”. D’Assa Traoré à Rokhaya Diallo, en passant par Maboula Soumahoro, l’universitaire salue une nouvelle génération de femmes engagées autour des questions antiracistes. “Elles sont ‘unapologetic’ (Ndlr: en français, ‘qui ne s’excuse pas’). Elles n’ont rien à prouver, elles ne quémandent rien, elles veulent juste les mêmes droits que les autres.”

 

Sororité et intersectionnalité
“Ça fait du bien en terme de représentativité, lance Saphia Aït Ouarabi, vice-présidente de SOS Racisme, lorsqu’on évoque la figure d’Assa Traoré. Elle porte des idées guerrières de combattante et permet d’inspirer d’autres militantes.” La jeune femme de 19 ans est rejointe sur ce point par Grace Ly, podcasteuse, autrice et vidéaste engagée contre le racisme anti-asiatique. “L’incarnation des luttes contre les violences policières par Assa Traoré peut donner envie à d’autres femmes, victimes des mêmes situations, de prendre la parole.” Née de parents chinois, la cocréatrice du podcast Kiffe ta race se reconnaît sans problème dans les revendications d’Assa Traoré. “On parle de combats français et je suis française. Il s’agit d’histoire d’esclavagisme et d’un impérialisme colonial qui vise également directement les asiatiques françaises.”

“Le militantisme n’est pas une bulle qui échappe au rapport de genre.”

Concernant la lutte contre le racisme anti-asiatique, celle qui a été érigée “malgré [elle] en porte-parole des communautés asiatiques”, souligne l’esprit de sororité qui a permis aux femmes de se faire entendre. “Contrairement aux hommes asiatiques encore complètement silenciés, elles ont pu bénéficier de la lumière faite aux femmes en raison des luttes féministes. Les premières personnes à m’avoir tendu la main ont été des femmes.” D’ailleurs, pour Grace Ly, séparer luttes féministes et antiracistes est une bêtise: “Les femmes racisées sont des cibles sans différenciation: on ne se réveille pas un matin en se disant ‘aujourd’hui, je vais être féministe et demain antiraciste’. La ligne entre ces deux concepts est tracée par rapport à une référence blanche.”

 

Les oubliées des luttes
Si l’incarnation de l’antiracisme par des femmes représente un phénomène nouveau, celles-ci ont toujours joué un rôle important dans les luttes contre les discriminations. “Dans toutes les organisations comme dans notre société patriarcale, les femmes sont les petites mains, qu’on parle des associations politiques, des églises, de l’organisation d’événements personnels, explique Fania Noël, penseuse, activiste et militante, membre du collectif Mwasi. Le militantisme n’est pas une bulle qui échappe au rapport de genre.” Pour Mame-Fatou Niang, le manque de reconnaissance du travail des femmes dans les milieux militants antiracistes trouve son origine au moment des indépendances africaines des années 60. “La gauche française a choisi d’accompagner les hommes intellectuels. Le travail des femmes comme Suzanne Césaire ou Aoua Keïta a été totalement invisibilisé. Les combats pour l’indépendance sont devenus les combats des hommes, et on est resté sur l’idée que quand une lutte doit être menée publiquement, il faut que cela soit fait par des hommes.”

 


 

Même son de cloche lorsque l’on s’intéresse de plus près à la lutte contre l’antisémitisme, dans laquelle “les paroles fortes portées par des femmes” gagnent du terrain, d’après Noémie Madar. La présidente de l’Union des Etudiants Juifs de France (UEJF) regrette que le rôle de résistantes comme Lucie Aubrac, Germaine Tillion ou Joséphine Baker ait été “reconnu bien tardivement” et de façon “bien moindre” par rapport à celui des hommes. “Dans l’imaginaire collectif, le ‘militant de terrain’ est davantage incarné par un homme, vu comme fort, solide, indestructible face à la dureté de ce milieu. La femme militante est plus facilement considérée comme une ‘énervée’, une ‘excitée’ ou une ‘hystérique’.” Questionnée sur la quasi absence de femmes à la tête de SOS Racisme, Saphia Aït Ouarabi évoque pour sa part un autre reflet du patriarcat: l’existence d’un sentiment d’illégitimité chez les femmes, contre lequel elle affirme lutter au poste qui est le sien.

 

Écouter la parole des femmes
Sujet d’une des chroniques Ouvrez les guillemets de Mediapart, également abordée par Le Monde dans son portrait d’Assa Traoré et portée en Une de L’Humanité –qui confond de façon problématique Maboula Soumahoro et Ndella Paye– : la place occupée par la parole féminine dans les luttes contre le racisme n’est pas passée inaperçue auprès des médias. “Les voir, ça n’est pas tout, tempère Mame-Fatou Niang. Il faut les entendre et les laisser parler.” La spécialiste dénonce un traitement médiatique bien souvent “très stéréotypé, dans l’esthétique et basé sur l’interprétation en surface, qui empêche de toucher au cœur de l’objet éminemment politique”. La dépolitisation des luttes antiracistes est également le résultat  d’un traitement “naturaliste” de la part de certain·e·s journalistes: “Concernant Assa Traoré, on parle du combat d’une sœur pour son frère, on sous-entend que s’occuper de la famille et de sa communauté est très féminin, on évoque l’instinct maternel, les thèmes du care… Comme si les femmes avaient une inclination naturelle à protéger leur groupe.”

“On attend des femmes militantes noires qu’elles soient jolies, que ce soient des coquilles vides.”

Fania Noël, se montre également critique concernant la réception de la parole des militantes: “Il existe un certain paternalisme, du type ‘elles jouent à faire les guerrières’, mais le discours change quand on est face à une mobilisation réelle. On attend des femmes militantes noires qu’elles soient jolies, que ce soient des coquilles vides, et si elles sortent de ce cadre, elles se retrouvent racialisées. C’est ce qu’il s’est passé lorsque nous avons créé le Festival Nyansapo. On nous a reproché d’être ingrates envers la France, d’être sournoises, d’être des laveuses de cerveau, d’entourlouper les hommes…” C’est d’ailleurs sur ces derniers que l’activiste invite à réfléchir. “Les hommes noirs ou arabes sont considérés comme dangereux par la société. Ils ne sont pas vus comme des personnes qui réfléchissent, et la parole ne leur est pas donnée.” Quand on sait que BFMTV a fait le choix d’interviewer Jean-Marie Le Pen pour parler du racisme dans la police, on se dit en effet que les premier·e·s concerné·e·s manquent encore de visibilité.

Margot Cherrid


https://cheekmagazine.fr/societe/antiracisme-femmes-black-lives-matter-feminisme/

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•SOCIÉTÉ POURQUOI LE CONFINEMENT VA LAISSER LONGTEMPS DES TRACES SUR NOTRE SANTÉ MENTALE , sante, societe,

20 Juillet 2020, 04:01am

Publié par hugo

 
 
•SOCIÉTÉ
POURQUOI LE CONFINEMENT VA LAISSER LONGTEMPS DES TRACES SUR NOTRE SANTÉ MENTALE
Publié le 20 juillet 2020 à 2:02
Urgence sanitaire, confinement, crise économique: l’année 2020 restera dans les mémoires comme celle de tous les bouleversements, et n’aura pas épargné la santé mentale des Français·e·s, en particulier des femmes et des jeunes. 
 

"Un Divan à Tunis" © 2019 PROKINO Filmverleih GmbH / Carole Bethuel


Vous sentez-vous déprimé·e, perdu·e, triste depuis l’émergence du sujet Covid-19 dans vos vies? Bonne nouvelle: vous n’êtes pas seul·e·s. Mais ne vous réjouissez pas trop vite, le stress et l’angoisse risquent d’accompagner notre quotidien pour un moment. “Pendant longtemps, nous allons devoir vivre avec les conséquences de ce virus sur notre santé mentale, révèle le manifeste de la Fondation FondaMental, dédiée à la lutte contre les troubles psychiatriques. Les peurs liées à la maladie, aux incertitudes pour l’emploi et l’inquiétude pour l’avenir seront durables.” Dans le texte publié fin mai, les spécialistes réclament une mise à disposition de moyens pour faire face à “l’inévitable accroissement du besoin de prise en charge”.

D’après l’analyse des appels reçus par CovidEcoute, la plateforme de téléconsultations psy gratuite lancée par la fondation le 15 avril, il y a effectivement de quoi être inquiet·e. Les plus de 1400 appelant·e·s ont auto-évalué leur niveau de stress ou de tension à 7,3 sur 10 et 28% d’entre eux·elles ont affirmé avoir pensé au suicide pendant le confinement. Si on compte parmi ces personnes des patient·e·s déjà suivi·e·s avant la crise liée à la Covid, une grande majorité (65%) déclare n’avoir jamais consulté de psychiatre ou de psychologue auparavant. On a discuté avec Anne Giersch, chercheuse à l’Inserm, psychiatre au pôle de Psychiatrie du CHU de Strasbourg et membre de la Fondation FondaMental pour faire le point.

 

Quel impact a eu le confinement sur la santé mentale des Français·e·s?

On a pu noter une augmentation nette du stress et de l’anxiété. Au-delà du confinement en lui-même, c’est le contexte général qu’il a fallu gérer pour les Français·e·s. Les repères ont changé. L’épidémie est soudainement devenue une réalité et nous avons compris qu’il existait un risque pour nous et nos proches de tomber malades. Tout le monde n’a pas vécu ce moment de façon identique. Les effets du confinement ont varié selon la capacité de chacun·e à supporter l’ennui, selon la présence d’une activité professionnelle ou non, selon l’environnement de confinement, ou encore selon l’existence ou non de violences intrafamiliales.

On parle aujourd’hui d’un risque de deuxième vague psychiatrique. De quoi s’agit-il?

Celles et ceux qui se sont retrouvés en état de sidération pendant le confinement voient des conséquences majeures arriver aujourd’hui concernant leur santé mentale. Pour beaucoup, cela se manifeste par un syndrome de stress post-traumatique, qui apparaît parfois des mois après un choc. C’est le cas des soignant·e·s par exemple. Même si faire face à la mort fait partie de leur métier, ils et elles ont parfois dû remplacer la famille au chevet des mourant·e·s et donc s’impliquer personnellement. Le syndrome de stress post-traumatique peut également toucher celles et ceux qui ont vécu des violences intrafamiliales ou qui ont perdu un proche. Les concerné·e·s ressentent un stress aigu, une anxiété majeure et font parfois face à une impossibilité à retourner sur leur lieu de travail.

Les femmes, en première ligne lors de la pandémie, risquent-elles d’être particulièrement concernées par cette vague psychiatrique?

Étant donné qu’elles ont été plus exposées, on peut effectivement s’attendre à ce que cette vague touche particulièrement les femmes, mais pas forcément sous la forme de stress post-traumatique si elles n’ont pas été confrontées à un choc. Elles pourraient souffrir de crises de panique, de dépression, d’anxiété persistante ou associer leur métier avec la peur de mourir.

“Il a fallu se confronter à l’idée de la mort à un âge où l’on imagine que l’on ne mourra jamais.”

Combien de temps risque de durer cette vague psychiatrique?

C’est impossible à évaluer aujourd’hui. La durée de cette vague n’est pas uniquement liée à l’évolution de l’état psychiatrique des Français·e·s. Elle dépendra aussi du contexte culturel, social et économique.

La population jeune a-t-elle particulièrement souffert du confinement?

La période entre 18 et 30 ans est une période de construction de l’identité personnelle. Les jeunes doivent faire face à une redéfinition de leurs repères. Ils et elles ont dû se mettre à distance des autres et n’ont pas pu profiter de tout ce qui leur paraissait normal: retrouver son insouciance dans un bar, rigoler ensemble, aller au cinéma, voir des spectacles. Il a fallu se confronter à l’idée de la mort à un âge où l’on imagine que l’on ne mourra jamais.

Quelles conséquences cela engendre-t-il?

Il est encore trop tôt pour savoir comment les jeunes vont intégrer ces réflexions dans leurs histoires personnelles. L’effet pourra être positif comme négatif. On peut faire preuve de résilience pendant et après cette période, qui peut permettre de donner un but à sa vie, de faire naître des vocations d’infirmier·e ou de soignant·e par exemple. L’effet est négatif quand il remet en cause un projet préexistant et qu’il créé une incapacité à se projeter dans l’avenir. Lorsqu’on évolue dans un cadre, on définit le but de sa vie avec des repères, en fonction de notre vision de nous-même et de nos valeurs. La pandémie peut avoir fragilisé ce cadre ou l’avoir modifié, ce qui peut amener à tout remettre en question.

Qui sont les jeunes pour lesquels cela pourrait être le plus difficile?

Comme dans la population en général, les individus qui ont une vulnérabilité pré-existante sont ceux qui risquent de développer une psychose s’ils sont exposés à un stress important. Un ensemble de symptômes risqueront alors de se manifester comme des délires ou hallucinations.

“S’il y a souffrance, il faut trouver de l’aide.”

Quel rôle ont joué les réseaux sociaux dans le confinement chez les jeunes adultes?

Les études montrent que les réseaux sociaux ont permis aux jeunes de rester connecté·e·s à leurs familles, plus qu’avec leurs ami·e·s. Ce contact semble les avoir beaucoup aidé·e·s.

Que reste-t-il à mettre en place pour venir en aide à celles et ceux qui souffrent?

La Fondation FondaMental travaille sur une plateforme interactive qui permettra aux patient·e·s de s’autotester pour mieux les orienter. S’il y a souffrance, il faut trouver de l’aide, malgré les peurs encore associées au monde de la psychiatrie. Nous avons également besoin de meilleures structures pour accueillir les patient·e·s, mais ça vient tout doucement.

Propos recueillis par Margot Cherrid

 

https://cheekmagazine.fr/societe/confinement-covid-coronavirus-psy-traumatisme-sante-mentale/

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«D'homme à homme» : la double offense de Macron , femmes , feminisme ,

20 Juillet 2020, 02:51am

Publié par hugo

«D'homme à homme» : la double offense de Macron
Par Laure Bretton — 15 juillet 2020 à 07:25
Lors de l'intervention d'Emmanuel Macron le 14 juillet. Photo Cyril Zannettacci (Vu) pour Libération 
Lors de son entretien du 14-Juillet, le chef de l'Etat a défendu le ministre de l'Intérieur, au nom de la présomption d'innocence. Mais pas que, et c'est tout le problème.
  «D'homme à homme» : la double offense de Macron
Pouvait-il choisir pire défense ? «Il y a aussi une relation de confiance d’homme à homme», a expliqué Emmanuel Macron mardi, pour justifier sa décision de promouvoir au ministère de l’Intérieur un élu visé par une enquête pour viol. Tout d’un coup, aux yeux des partisans comme des pourfendeurs de Gérald Darmanin, il n’est plus question de présomption d’innocence et encore moins de «grande cause du quinquennat». On parle de solidarité masculine, de cet entre-soi qui est au cœur du combat pour l’égalité entre les femmes et les hommes. Le chef de l’Etat dit avoir discuté avec Gérald Darmanin, un homme «intelligent» et «engagé». A eux deux, ils ont parlé de «la réalité des faits et de leurs suites» donc de l’enquête et rien que cela devrait nous alerter : un président s’informe auprès d’un mis en cause, se range à ses arguments sans attendre que la justice se prononce.

Emmanuel Macron, déroulant le même argumentaire juridique que tout le gouvernement depuis le remaniement, rappelle que cette affaire a fait l’objet de décisions de justice favorables à Gérald Darmanin. C'est vrai. Il y a eu classements sans suite mais uniquement parce que la procédure judiciaire n’avait pas été respectée. En l’occurrence, aucune confrontation n’avait été organisée entre son accusatrice et Gérald Darmanin, dont on peut raisonnablement penser que son statut de ministre avait pesé dans cette décision. Faussée, la procédure reprend. Politiquement et symboliquement, quand on se veut le héraut de la cause des femmes, il eût été raisonnable d’en attendre l’issue.

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La violence des mots présidentiels ne s’arrête pas là : décrédibilisant la victime présumée du désormais ministre de l'Intérieur (elle aurait tardé à faire éclater l'affaire, ce qui prouverait l'instrumentalisation politique), Emmanuel Macron confie que Gérald Darmanin a été «blessé» par les attaques de celles et ceux qui contestent sa promotion. C’est l’inversion du fardeau de la preuve, la victimisation de l’accusé, la confiance accordée sur le genre. Soit la triste routine dans les affaires de violences faites aux femmes, routine que des policiers et des magistrats de mieux en mieux formés essaient de faire mentir chaque jour sur le terrain.

«Une relation de confiance d’homme à homme» : ce choix de mots semble vertigineux. Soit c’est une formule inventée sous la pression des caméras du 14-Juillet et cela dit en creux qu’Emmanuel Macron n’a pas compris grand-chose des rapports de force entre les hommes et les femmes qui matricent toujours notre société. Et rappeler ad libitum son bilan en matière d’égalité ne changera rien à l’affaire. Soit cette formule a été testée et validée par les communicants présidentiels comme une contre-attaque politique – un clin d'œil appuyé à la frange la plus conservatrice de son électorat – et c’est alors une provocation voulue à l’égard des féministes.

Une cause pourtant décrétée «juste» par le chef de l’Etat au début de sa démonstration, avant de dénoncer les manifestants réclamant la démission de Gérald Darmanin. «Si, à partir du moment où quelqu’un est accusé, il ne peut pas avoir de responsabilité politique, notre démocratie change de nature. Elle devient une démocratie d’opinion», a mis en garde Emmanuel Macron. «Remaniement sexiste, riposte féministe», pouvait-on lire vendredi sur le parvis de l’Hôtel de ville de Paris où un millier de personnes s’étaient réunies pour dénoncer le choix de Darmanin. Après avoir écouté le Président, on rêve désormais de l’inverse : à la riposte sexiste, un remaniement féministe.

Laure Bretton


https://www.liberation.fr/politiques/2020/07/15/d-homme-a-homme-la-double-offense-de-macron_1794289

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