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Theresa Kachindamoto, docteure honoris causa de l’UCLouvain : "Je ne veux plus de mariages forcés de filles"

17 Février 2024, 06:36am

Publié par hugo 🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️🏳️‍⚧️

 LES GRENADES

Theresa Kachindamoto, docteure honoris causa de l’UCLouvain : "Je ne veux plus de mariages forcés de filles"

© Alexis Haulot

hier à 16:17

Temps de lecture4 min
Par Juliette Vandestraete pour Les Grenades
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Ce jeudi 15 février, l’UCLouvain et la KULeuven ont décerné les prix de Docteur·es Horonis Causa à trois personnalités : la philosophe et essayiste Seyla Benhabib, le musicien et compositeur belge Bernard Foccroulle ainsi que Theresa Kachindamoto, cheffe traditionnelle d’un district du Malawi.

Cette reconnaissance offre l’opportunité de découvrir davantage l’histoire de Theresa Kachindamoto, qui œuvre depuis 21 ans contre les mariages précoces et en faveur de l’accès à l’éducation des enfants. Les Grenades l’ont rencontrée avant la cérémonie.

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

Une figure au Malawi
Icône du militantisme au Malawi, Theresa Kachindamoto a fait annuler plus de 2000 mariages forcés depuis 2003, date à laquelle elle a accédé au poste de cheffe de Dezda, bousculant ainsi les traditions en devenant la première femme à diriger ce district comptant 900.000 personnes.

Le directeur de l’école m’a remerciée de lui avoir donné des étudiantes si talentueuses

Douze ans plus tard, sous son impulsion, l’Assemblée nationale du Malawi adopte une loi interdisant les mariages avant 18 ans. En collaborant avec les communautés locales, elle s’oppose aux traditions et à la résistance de certains parents pour qui marier leur fille signifie une perte de revenus.

Pour ce faire, elle cherche et propose des alternatives financières afin de permettre aux filles d’aller à l’école sans que cela ne soit trop coûteux pour la famille.

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Un changement de mentalité qui prend du temps
"Je n’étais pas d’accord avec l’idée de marier les jeunes filles à un âge précoce. J’ai réuni tous mes chefs chez moi et je leur ai dit que je refusais que ces mariages se poursuivent et qu’ils devaient me soutenir. Je voulais que ces filles aillent à l’école. Certains n’ont pas été d’accord, alors je les ai renvoyés. Trois mois plus tard, ils sont revenus en s’excusant et en m’informant qu’ils avaient bien inscrit les filles à l’école. Quand je suis arrivée à l’école pour vérifier, le directeur de l’école m’a remerciée de lui avoir donné des étudiantes si talentueuses", nous explique Theresa Kachindamoto.

Plusieurs fois remerciée par le Président, mais également par les familles et les enfants, elle estime que les mentalités sont en train d’évoluer, même si le changement mettra du temps à se mettre en place.

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L’importance de l’éducation
"Quand je me balade et que je vois des filles qui ne sont pas à l’école, je vais directement voir les parents pour leur demander pourquoi elles ne sont pas à l’école et je leur explique qu’une fille qui va à l’école a beaucoup plus de chances de pouvoir les aider dans le futur", explique-t-elle.

Theresa Kachindamoto insiste donc sur l’importance cruciale de l’éducation dans le processus de changement de mentalité, tout en étant consciente des défis financiers auxquels sont confrontées de nombreuses familles au Malawi.

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Même si les parents décident d’envoyer leurs enfants à l’école, cela reste un investissement financier considérable. La cheffe se bat donc pour trouver des solutions financières afin de garantir l’accès à l’éducation de ces enfants. Par ailleurs, elle témoigne d’un fort soutien de la part de groupes de femmes sur place, mais également d’ONG internationales.

Soutenue par UNWomen, PNUD (Programme des Nations Unies pour le développement) ou encore UNICEF, Theresa Kachindamoto souligne l’importance vitale de ces associations dans son combat : "De nombreux parents reconnaissent l’importance de scolariser leurs filles, mais se demandent comment ils vont pouvoir financer cela. Ils n’ont pas d’argent. Les ONG m’aident à payer leur scolarité et je leur en suis tellement reconnaissante."

Docteurs Honoris Causa 2024
Docteurs Honoris Causa 2024 © Alexis Haulot / RED 22
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Le Malawi : le pays avec un des taux de mariages d’enfants les plus élevés au monde
D’après un rapport de l’UNICEF, le Malawi figure parmi les pays affichant l’un des taux de mariages d’enfants les plus élevés au monde, avec près de la moitié des filles mariées avant l’âge de 18 ans.

Cette réalité précaire expose ces jeunes filles à des défis considérables. En effet, elles sont plus susceptibles d’être contraintes d’abandonner leurs études, ce qui limite leurs perspectives et les placent davantage en situation de vulnérabilité.

De plus, elles sont exposées à un risque accru de violences domestiques et sont confrontées aux conséquences potentiellement graves d’une grossesse précoce sur leur santé.

Ce constat alarmant s’inscrit dans un contexte plus large de pauvreté et de précarité au Malawi. En effet, le pays figure parmi les nations les plus démunies au monde, ce qui aggrave encore la situation. Le Malawi présente également l’un des taux de prévalence du VIH les plus élevés, accentuant les problèmes de santé.

À l’échelle mondiale, les chiffres demeurent également alarmants. Selon l’Unicef, aujourd’hui encore, 650 millions de femmes ont été mariées alors qu’elles étaient encore mineures. Chaque minute, 28 filles sont mariées avant l’âge de 18 ans ce qui porte le total annuel à 12 millions de mariages impliquant des filles mineures. D’où l’importance du combat de Theresa Kachindamoto, récompensé par l’UCLouvain et la KULeuven.

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Cet article a été écrit lors d’un stage au sein de la rédaction des Grenades.

Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be.

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/article/theresa-kachindamoto-docteure-honoris-causa-de-luclouvain-je-ne-veux-plus-de-mariages-forces-de-filles-11330854

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