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feministes

TERRIENNES Sorcières, nouvelles icônes féministes En Ecosse, des militantes réclament justice pour les sorcières

15 Février 2022, 20:28pm

Publié par hugo

 En Ecosse, des militantes réclament justice pour les sorcières
En Ecosse, l'association "Witches of Scotland" milite pour que les personnes exécutées pour sorcellerie, en très grande majorité des femmes, soient graciées et qu'un mémorial rende hommage à ces grandes oubliées de l'Histoire.
En Ecosse, l'association "Witches of Scotland" milite pour que les personnes exécutées pour sorcellerie, en très grande majorité des femmes, soient graciées et qu'un mémorial rende hommage à ces grandes oubliées de l'Histoire.
©Facebook/Witches of Scotland
En Ecosse, l'association "Witches of Scotland" milite pour que les personnes exécutées pour sorcellerie, en très grande majorité des femmes, soient graciées et qu'un mémorial rende hommage à ces grandes oubliées de l'Histoire.En Ecosse, Claire Mitchell et Zoe Venditozzi se battent pour que les personnes exécutées pour sorcellerie, en très grande majorité des femmes, soient graciées et qu'un mémorial rende hommage à ces grandes oubliées de l'Histoire.<br />
 
14 FÉV 2022
 Mise à jour 14.02.2022 à 10:42 par 
Terriennes
 
avec AFP
À partir du XVIe siècle en Écosse, des milliers de personnes, en très grande majorité des femmes ont été accusées de sorcellerie. Plus de 2 500 d'entre-elles furent torturées, puis étranglées et brûlées en place publique. Une association milite pour leur réhabilitation.
"On les empêchait de dormir pendant des jours (...) et elles avouaient qu'elles étaient des sorcières, dansaient avec le diable ou avaient des relations sexuelles avec lui", raconte Claire Mitchell, fondatrice de "Witches of Scotland" (Les sorcières d'Ecosse).

Cette avocate de 50 ans a fondé cette association il y a deux ans, le 8 mars 2020, à l'occasion de la journée internationale des droits des femmes, après avoir découvert l'ampleur du l'impact du Witchcraft Act. Cette loi de 1563 prévoyait la peine capitale pour les coupables de sorcellerie et fut en vigueur jusqu'en 1736.

Son association réclame trois choses: la grâce de toutes les personnes condamnées pour sorcellerie, des excuses officielles des autorités, et un monument national pour se souvenir de ces drames méconnus.

En Ecosse, Claire Mitchell et Zoe Venditozzi se battent pour que les personnes exécutées pour sorcellerie, en très grande majorité des femmes, soient graciées et qu'un mémorial rende hommage à ces grandes oubliées de l'Histoire.<br />
 
En Ecosse, Claire Mitchell et Zoe Venditozzi se battent pour que les personnes exécutées pour sorcellerie, en très grande majorité des femmes, soient graciées et qu'un mémorial rende hommage à ces grandes oubliées de l'Histoire.
 
©facebook/Witches of Scotland
Un génocide à 80 % féminin
"Cela n'aurait jamais dû se produire", lance Claire Mitchell qui se bat pour que les personnes exécutées pour sorcellerie, en très grande majorité des femmes, soient graciées et qu'un mémorial rende hommage à ces grandes oubliées de l'Histoire.

"Entre le 16e et le 18e siècle en Ecosse, environ 4.000 personnes ont été accusées de sorcellerie. 84% étaient des femmes", explique l'avocate à l'AFP. Au total, plus de 2.500 personnes ont été exécutées pour sorcellerie, la plupart du temps étranglées puis brûlées, après des aveux extorqués sous la torture.


La dernière "sorcière" de Dundee
"La pierre des sorcières", au cimetière de Dundee (nord-est de l'Ecosse) connu sous le nom "The Howff".
"La pierre des sorcières", au cimetière de Dundee (nord-est de l'Ecosse) connu sous le nom "The Howff".
©wikipedia
Dans le cimetière de Dundee (nord-est de l'Ecosse), un cimetière du 16e siècle balayé par un vent glacial connu sous le nom "The Howff", se trouve une petite colonne en pierre surnommée "la pierre des sorcières". Des passants y laissent des pétales de fleurs et des pièces de monnaie, en hommage aux personnes exécutées pour sorcellerie dont Grissel Jaffray, étranglée et brûlée en 1669.

Dans une rue du centre ville, une mosaïque représentant un cône d'où s'échappent des flammes commémore cette femme connue comme "la dernière sorcière de Dundee".
 

Les femmes avaient tendance à être accusées parce qu'elles étaient perçues comme des personnes pouvant être facilement manipulées par le diable.

Zoe Venditozzi, membre de "Witches of Scotland"
Zoe Venditozzi, 46 ans, membre de la même association, raconte que jusqu'à récemment, elle ne connaissait "rien" de ces chasses aux sorcières, "bien que je sois née à Fife, où il y a eu beaucoup d'exécutions". Elle a découvert que "n'importe qui pouvait être accusé", des gens "généralement ordinaires, souvent pauvres, vulnérables, qui ne pouvaient pas se défendre" ou qui étaient "perçus comme bizarres ou gênants".

À cette époque, "les gens croyaient vraiment très fort au diable", rappelle-t-elle, et "les femmes avaient tendance à être accusées parce qu'elles étaient perçues comme des personnes pouvant être facilement manipulées par le diable".

A Dundee, dans le nord de l'Ecosse, une mosaïque représentant des flammes symbolise le lieu où fut exécutée, Grissel Jaffray, étranglée et brûlée en 1669, la dernière "sorcière".
A Dundee, dans le nord de l'Ecosse, une mosaïque représentant des flammes symbolise le lieu où fut exécutée, Grissel Jaffray, étranglée et brûlée en 1669, la dernière "sorcière".
©facebook/Witches of Scotland
Une loi pour réhabiliter "les sorcières"
Elle aussi sensible à cette cause, une députée du SNP (parti indépendantiste au pouvoir en Ecosse), Natalie Don, compte bientôt déposer une proposition de loi au parlement écossais pour obtenir la grâce de toutes les personnes condamnées pour sorcellerie.

L'Écosse devrait montrer la voie en reconnaissant les horreurs de notre passé et en veillant à ce que ces personnes ne restent pas dans l'histoire comme des criminelles.

Natalie Don, députée du SNP (parti indépendantiste au pouvoir en Ecosse)
"Dans plusieurs pays, des personnes sont encore accusées et condamnées pour avoir pratiqué la sorcellerie. L'Écosse devrait montrer la voie en reconnaissant les horreurs de notre passé et en veillant à ce que ces personnes ne restent pas dans l'histoire comme des criminelles. Cela enverra également un message fort à l'échelle internationale pour montrer que ces pratiques ne sont pas acceptables", fait valoir la députée.
 

L'Ecosse a été particulièrement touchée par ces chasses aux sorcières.

Julian Goodare, professeur d'histoire émérite à l'université d'Edimbourg, a supervisé la création d'une base de données pour les recenser. Comparant les 2.500 personnes exécutées pour ce motif en Ecosse au 2 millions d'habitants à l'époque, il souligne que c'est un ratio "cinq fois supérieur à la moyenne en Europe".
 

Nous ne pouvons pas changer le passé mais nous pouvons apprendre de ce passé.

Julian Goodare, professeur d'histoire émérite à l'université d'Edimbourg
Cet historien souligne qu'il s'agissait d'exécutions à la suite de procès lors desquels des "preuves" étaient apportées: des aveux ou encore des déclarations de voisins affirmant que la suspecte les avait "ensorcelés", explique-t-il sur l'esplanade du château d'Edimbourg, où ces exécutions étaient organisées au vu de tous.

La chasse aux "sorcières" était le fait de l'Etat, d'une élite persuadée que "le diable tentait de faire tout le mal possible et que les sorcières étaient ses alliées". Lui aussi est favorable à l'installation d'un monument retraçant cette histoire: "Nous ne pouvons pas changer le passé mais nous pouvons apprendre de ce passé".

"The witches well", fontaine et plaque à Edimbourg en mémoire des personnes exécutées pour sorcellerie.
"The witches well", fontaine et plaque à Edimbourg en mémoire des personnes exécutées pour sorcellerie.
©wikimedia commons
A lire aussi dans Terriennes : 

►Qui était Catillon, dernière femme brûlée pour sorcellerie en Suisse ?
►La chasse aux sorcières en Europe : visite du musée HEX au Danemark
►En Écosse, des juristes rejouent des procès sous l'angle féministe
►Savantes, indépendantes, nullipares, vieilles, les sorcières de Mona Chollet vous saluent bien
►Cinéma : "I'm not a witch", au pays des sorcières esclaves
►"Les Sorcières de la République", exquises vengeresses de Chloé Delaume
►Au Ghana, des camps pour “sorcières“
►Les sorcières roumaines se rebellent
Terriennes
 
avec AFP
 Mise à jour 14.02.2022 à 10:42
SUR LE MÊME THÈME


https://information.tv5monde.com/terriennes/en-ecosse-des-militantes-reclament-justice-pour-les-sorcieres-444755

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"La science québécoise au féminin" : paroles de chercheuses

15 Février 2022, 20:26pm

Publié par hugo

 "La science québécoise au féminin" : paroles de chercheuses
Six des vingt chercheuses rencontrées par Florence Meney, de gauche à droite : (haut) Victoria Kaspi, Joanne Liu, Caroline Quach ; (bas) Maryse Lassonde, Suzy Basile, France Légaré.
Six des vingt chercheuses rencontrées par Florence Meney, de gauche à droite : (haut) Victoria Kaspi, Joanne Liu, Caroline Quach ; (bas) Maryse Lassonde, Suzy Basile, France Légaré.
©Wikipedia/Radio Canada
17 AVR 2021
 Mise à jour 11.02.2022 à 13:18 par 
TerriennesCatherine François
Les femmes scientifiques sont de plus en plus nombreuses, même si elles rencontrent encore de nombreux obstacles et souffrent parfois du syndrome de l’imposteur. Dans son livre Têtes chercheuses, la science québécoise au féminin, Florence Meney nous présente 20 scientifiques québécoises qui lui ont parlé de leur carrière, leur parcours et leur expérience. Entretien.
 
Florence Meney, qui a longtemps été journaliste, à Radio-Canada notamment, travaille depuis sept ans dans les départements des communications de plusieurs institutions de santé montréalaises. Elle est donc au contact quotidien avec des médecins, chercheurs, psychologues et autres professionnels de la santé. Et c’est au gré de ces rencontres avec des femmes scientifiques qu’elle a eu envie de faire le portrait de ces 20 Québécoises, dont plusieurs comptent parmi les plus grands scientifiques du Québec

Florence Meney
Florence Meney
" J’ai remarqué que souvent, elles hésitent à aller dans les médias et si elles y vont, c’est avec beaucoup d’humilité : 'Es-tu es sûre que c’est moi la bonne personne, la bonne porte-parole ?'. C’est peut-être une humilité excessive, mais je trouvais important pour le public de connaître la richesse scientifique du Québec à travers ces portraits de femmes scientifiques," explique Florence Meney. L’autrice voulait aussi, avec ce livre, inspirer les jeunes femmes à se lancer dans une carrière scientifique.

Il n’a pas été facile de faire la sélection, mais plusieurs critères ont guidé ses choix : "J’ai essayé de diversifier les domaines d’expertise, avec une majeure assumée en santé parce que ça m’intéresse, et ça touche tout le monde. C’est un livre un peu éclectique pour donner le goût d’en apprendre sur la science et c’est un livre grand public".

Le lecteur va donc à la rencontre, par exemple, de Caroline Quach, microbiologiste de l’hôpital pour enfants de Sainte-Justine, qui depuis un an intervient régulièrement dans les médias pour parler de la COVID 19 et de cette pandémie. On découvre aussi les parcours de Joanne Liu, spécialiste des épidémies, qui a été de 2013 à 2019 présidente de Médecins Sans Frontières, de Hélène Boisjoly (ophtalmologie), et de France Légaré (santé communautaire).

Florence Meney s’est entretenu avec deux expertes en intelligence artificielle, Irina Rish et Joëlle Pineau, membres toutes deux de MILA, l’Institut québécois d’intelligence artificielle, réputé partout dans le monde. Le lecteur en apprend un peu plus sur des psychologues et neuropsychologues, dont la réputation dans leur domaine de recherche dépasse les frontières du Québec depuis longtemps : Patricia Conrod (spécialiste de la toxicomanie chez les jeunes), Sonia Lupien (experte du stress), Sylvie Bellefeuille (gériatre), Maryse Lassonde (neuropsychologue de l’enfant).

Livre paru en avril 2021
Livre paru en avril 2021
Florence Meney parle aussi de ces chercheuses qui ont des carrières impressionnantes : Anne-Marie Mès-Masson (spécialiste de biologie moléculaire et cellulaire, directrice du Réseau de recherche sur le cancer du Fonds de Recherche du Québec-Santé ), Morag Park (cancers résistants aux thérapies, spécialiste de renommée mondiale du cancer du sein), Anne Monique Nuyt (néonatalogiste). Deux biologistes, Catherine Potvin (spécialiste en écologie tropicale) et Janice Bailey (reproduction animale) font partie de ces portraits. Florence Meney a aussi rencontré l’astrophysicienne Victoria Kaspi, Kelley Kilpatrick, docteure en sciences infirmières, et Mona Nemer, la conseillère scientifique en chef du Canada. Enfin l’autrice a tenu à nous présenter deux scientifiques autochtones, Isabel Desgagné-Penix, une Innue biochimiste, et Suzy Basile, Atikamekw et anthropologue,
Les sciences : une passion partagée :
"Au fil des rencontres effectuées pour rédiger ce livre, mon hypothèse de départ se confirme : loin des vieux clichés dépeignant les scientifiques, les femmes surtout, comme des êtres tranquilles, un peu ternes, reclus dans leur laboratoire et enchaînés des décen­nies durant à d’obscurs travaux, j’ai découvert en tous points des êtres passionnés et débordants de vie" écrit Florence Meney dans son livre.

Ce qui fait qu’un cher­cheur est efficace, ce n’est pas l’intelligence, c’est avant tout la pas­sion.

Sonia Lupien, spécialiste du stress

La passion est clairement la caractéristique qui lie ces 20 femmes. "Souvent, il y a un déclencheur, quelqu’un dans la famille ou dans l’entourage, qui a inspiré cette passion chez ces femmes. Il y a aussi une curiosité intellectuelle incroyable," précise Florence Meney. Cette passion, on la retrouve dans les 20 portraits.

La neuropsychologue de renommée internationale, Sonia Lupien, spécialiste du stress, le dit à Florence Meney : "Je n’aurais pas pu exercer un autre métier. Ce qui fait qu’un cher­cheur est efficace, ce n’est pas l’intelligence, c’est avant tout la pas­sion. Oui, c’est un travail difficile, de longue haleine et on peut s’en lasser, mais pas quand on est passionné. Quand j’ai des étudiants au labo, je les regarde dans les yeux lorsqu’ils parlent de leur projet et, parfois, je leur dis : 'Non, ça ne t’intéresse pas assez, je n’ai pas encore vu la lumière dans tes yeux.' Et je continue à leur dire non, jusqu’à ce que la lumière s’allume. Quand je la vois dans les yeux d’un étudiant, je sais que je viens de trouver sa niche… Ça peut prendre des années, et ce n’est pas grave, on fait autre chose en attendant. Pour ma part, si je ne suis pas passionnée par mon tra­vail, c’est sûr que dans six mois je fais autre chose."

Générosité, empathie et transmission
Un autre trait commun qui ressort, c’est leur dévouement au bien collectif, l’envie d’être utile à la société, de faire avancer au maximum leur domaine de recherche. "Au fil des rencontres effectuées pour ce livre, plusieurs constatations s’imposent à la néophyte que je suis, dont celle que les femmes scientifiques de haut niveau sont souvent des individus possédant d’indéniables qualités humaines, et que leur générosité, ajoutée à leurs grandes compétences, explique sans doute au moins en partie le succès de leur carrière," constate Florence Meney dans son livre.

Travailler avec des jeunes chercheurs est incroyablement gratifiant... Leur regard frais sur la science nous fait avancer.

Victoria Kaspi, astrophysicienne

Une certaine forme de générosité envers leurs prochains donc, mais aussi envers les jeunes, car la majorité de ces scientifiques accordent une importance fondamentale à faire du mentorat auprès des jeunes, et notamment des jeunes femmes, afin de les aider dans leurs études ou à mettre le pied à l’étrier. Ces scientifiques veulent former la relève : "Le mentorat, c’est une constante, elles veulent transmettre," souligne Florence Meney. L’astrophysicienne Victoria Kaspi confirme : "Travailler avec des jeunes chercheurs est incroyablement gratifiant. Ces jeunes, intelligents, motivés, viennent de partout et posent toutes sortes de questions. On partage la même passion. Leur regard frais sur la science nous fait avancer. Ils absorbent tout comme des éponges et vous remettent en cause".

Au début de ma carrière, aux États-Unis en particulier, courait le vieux mythe que les grandes chercheuses avaient peu de vie familiale.

Hélène Boisjoli, ophtalmologue

L’ophtalmologue Hélène Boisjoli s’est elle aussi donné cette mission de mentorat auprès, surtout, de jeunes femmes scientifiques : "J’ai toujours eu conscience que je pouvais être un exemple pour d’autres, mais au sens très humble du terme, aussi bien pour les médecins que pour les autres professionnelles de la santé, plus jeunes. Oui, c’est faisable. Au début de ma carrière, aux États-Unis en particulier, courait le vieux mythe que les grandes chercheuses avaient peu de vie familiale".

Pour la conseillère scientifique en chef du Canada, Moma Mener, avoir de plus de femmes scientifiques est un "combat de longue haleine" écrit Florence Meney : "Si on prend une vue d’ensemble, on a l’impression que l’on a fait du chemin et que les choses vont mieux, mais dès qu’on commence à y regarder de plus près, on se rend compte des nombreuses em­bûches qui subsistent," explique Noma Mener. Et de citer les chiffres suivants : "Le fait que 75 % des étudiants aux programmes de pre­mier cycle du côté de la biologie soient des femmes n’est certaine­ment pas reflété par une embauche massive des femmes dans ces domaines. Par ailleurs, si vous regardez les domaines de pointe, où l'on a des pénuries importantes de main-d’oeuvre, comme du côté de l’informatique, du génie, des mathématiques et de la phy­sique, le pourcentage de femmes est toujours très faible, entre 15 et 20%".

Les "Mères de la Confédération" recréent le : en 2014, 23 femmes qui se sont illustrées dans des domaines divers - sciences, politique, affaires, culture... - recréent le tableau des Pères de la Confédération de Robert Harris. Parmi elles, Catherine Potvin.<br />
©<a href="http://biology.mcgill.ca/faculty/potvin/index_fr.html" rel="nofollow">DR</a>
Les "Mères de la Confédération" recréent le : en 2014, 23 femmes qui se sont illustrées dans des domaines divers - sciences, politique, affaires, culture... - recréent le tableau des Pères de la Confédération de Robert Harris. Parmi elles, Catherine Potvin.
©DR
Noma Mener estime que tout le monde doit mettre l’épaule à la roue dans ce milieu pour offrir notamment une image moins austère des sciences, notamment pour les femmes : "Les gens sont souvent surpris que j’aie l’air d’une femme nor­male" fait remarquer à Florence Meney.  

L'indispensable force de caractère
Ces 20 femmes sont également dotées d’une force de caractère qui leur a permis d’arriver là où elles sont aujourd’hui, de mener cette carrière remarquable en sautant par-dessus les multiples obstacles qui étaient sur leur route, notamment celui de frayer dans un milieu très majoritairement masculin et celui aussi, et non le moindre, de mener de front leur carrière et leur vie familiale.

Etre chercheur, ce n’est pas seulement être un individu brillant. Il faut aussi avoir une personnalité particulière, rassembleuse.

Sylvie Belleville, psychologue

"Être capable de subir des critiques souvent virulentes ou sans pitié quand on publie des études ou les résultats de ces recherches… un milieu dur, sans pitié, avec beaucoup de compétition, ce qui demande une grande force de caractère, surtout quand on est une femme," écrit Florence Meney. C’est ce qu’a expliqué la psychologue Sylvie Belleville à l’autrice : "C’est pour ça que je dis souvent à mes étudiants de ne pas se laisser démonter par un échec et que l’une des plus grandes qualités, en recherche, c’est d’être capable de rebondir face aux refus et aux embûches, que ce soit pour un poste ou une demande de bourse ou de subvention. Il faut voir cela comme une occasion de grandir, de mettre en avant ses forces et, en même temps, d’améliorer la qualité de la science". Et d’ajouter : "J’ai toujours pensé qu’être chercheur, ce n’est pas seulement être un individu brillant. Il faut aussi avoir une personnalité particulière, rassembleuse, surtout de nos jours, on ne peut travailler en vase clos. Il fut un temps où la recherche se faisait en individuel. Maintenant, elle nécessite la contribution de grandes équipes, y compris des professionnels de recherche, des collègues et des étudiants, il faut être capable de mobiliser. Ceux qui ne sont pas généreux intellectuellement ne vont pas très loin. Ils pensent que c’est comme cela qu’ils vont réussir parce qu’ils gardent leur petite affaire, mais mon expérience m’a montré que c’est faux".

Les lauréates de la bourse L'Oréal USA For Women in Science 2018 posent avec de jeunes scientifiques à l'ambassade de France, le 25 octobre 2018 à Washington.
Les lauréates de la bourse L'Oréal USA For Women in Science 2018 posent avec de jeunes scientifiques à l'ambassade de France, le 25 octobre 2018 à Washington.
©Paul Morigi/AP Images pour L'Oréal USA
L’importance de se créer un réseau
La majorité de ces femmes scientifiques ont insisté auprès de Florence Meney sur l’importance du réseautage dans leur milieu. Se créer un réseau solide et pertinent aide ces femmes à transcender les obstacles qui sont sur leur route. "C’est quand on parle sciences avec d’autres que l’on bâtit la confiance et les collaborations," précise Morak Parg, chercheuse en oncologie. La neuropsychologue Maryse Lassonde ajoute : "On veut penser à la famille avant tout et, bien que ce soit important, il ne faut pas négliger le réseautage et les comités. On y apprend plein de choses, comment faire des demandes de subvention, par exemple, et on rencontre d’autres chercheurs… Ce n’est pas sorcier : si vous travaillez avec des gens qui viennent d’un peu partout dans le monde, vous serez citée plus souvent. Quoi qu’il en soit, moi, j’amenais ma famille partout".

Une autre chercheuse en oncologie, Anne-Marie Mès-Masson, fait valoir que ce réseautage peut être difficile à faire, surtout en début de carrière : "Quand on entame sa carrière, il y a des choix à faire. Pour ma part, les débuts ont coïncidé avec le moment où j’ai eu mes enfants, et je sais que je ne suis pas la seule à avoir vécu ça. Mes congés de maternité ont été respectivement de six et de dix semaines, on était bien loin de ce qui existe aujourd’hui. Dans un tel contexte, il faut réaliser qu’on ne peut pas tout accomplir et faire des choix qui nous aident à avancer dans notre carrière. Le réseautage va souffrir au début, on ne peut pas aller à tous les congrès et faire toutes les présentations".

Julia Valdemarin Burnier, Sylvie Halde, Anne–Marie Mes-Masson, Lucie Pichet à la Conférence canadienne sur la recherche sur le cancer 2019.<br />
©<a href="https://rimuhc.ca/fr/">DR</a>
Julia Valdemarin Burnier, Sylvie Halde, Anne–Marie Mes-Masson, Lucie Pichet à la Conférence canadienne sur la recherche sur le cancer 2019.
©DR
Le syndrome de l’imposteur
"J’ai aussi constaté chez plusieurs, mais pas toutes, ce fameux syndrome de l’imposteur, ça m’a vraiment frappée, souvent elles sont pleines de doutes sur elles, elles croient qu’elles ne méritent pas cette attention," fait remarquer Florence Meney.

Je vais entendre 200 beaux commentaires et un qui est négatif, et c’est celui-là qui va me tourner dans la tête.

Isabel Desgagné-Pénix, biochimiste
C’est le cas de la biochimiste innue Isabel Desgagné-Pénix,  professeure émérite de biochimie à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), chercheuse de renommée internationale lauréate de plusieurs grands prix scientifiques. Elle a confié à l’autrice : "J’ai énormément de reconnaissance quand je vois où je suis maintenant et j’ai encore l’impression que je n’ai pas d’affaire là. C’est un peu fou. Je pense par contre que c’est ce sentiment d’imposture qui nourrit notre travail acharné, qui fait qu’on va plus loin et qu’on réussit. Mais en chemin on se fait mal, on s’égratigne, on se stresse et on s’épuise. On veut être la super maman, la super épouse, être super bonne au travail. Et puis c’est enfoui, caché, on ne s’en vante pas. On pense que les autres l’ont facile, mais, dans le fond, tout le monde gère plus ou moins ces sentiments-là". La biochimiste reconnait sa très grande sensibilité aux critiques et aux commentaires négatifs, notamment sur ses origines et sa carrière : "Je vais entendre 200 beaux commentaires et un qui est négatif, et c’est celui-là qui va me tourner dans la tête".

La biologiste Janice Bayley avoue avoir elle aussi souffert de ce syndrome et du fait d’être une femme dans un milieu qui a parfois des airs de boy’s club : "Je manquais énormément de confiance en moi. Cela a pesé sur moi, même si les succès en recherche m’ont aidée, au fil du temps".  L’anthropologue autochtone Suzy Basile estime que la nouvelle génération de femmes scientifiques souffrira peut-être moins de ce syndrome et c’est aussi pour ça qu’elle a pris plusieurs jeunes femmes autochtones sous son aile : "De plus en plus, ces jeunes femmes qui formeront la relève ont la confiance nécessaire pour aller de l’avant et pour affronter le racisme systémique ambiant. Il y aura toujours un doute qui persistera chez ces femmes. Moi-même, le syndrome de l’imposteur, je l’ai encore à l’occasion. Je me dis : Voyons donc, qu’est-ce que je fais dans un poste de prof à l’université ? Ça vient de très très loin. Le plus difficile, c’est de casser ce moule, cette perception erronée et invalidante que les femmes peuvent avoir d’elles-mêmes. Heureusement, les choses changent".

Ne pas avoir peur, se lancer et foncer
Dans sa préface, Rémi Quirion, le scientifique en chef du Québec écrit : "Je suis tout à fait convaincu qu’une plus grande présence de femmes scientifiques aidera notre société à relever avec succès ces défis grâce à davantage de travail en équipe vraiment multidisciplinaire et intersectoriel. Les chercheuses sont souvent plus sensibles que leurs collègues masculins aux inégalités sociales et au bien commun. On aura besoin de leur expertise et de leur grande ouverture à l’autre si on veut être en mesure d’atteindre les objectifs ambitieux de développement durable émis par les Nations unies. Il en va du futur de nos sociétés et de notre planète".
 

La lecture d'une même action est différente selon qu'elle est faite par un homme ou une femme.

Catherine Potvin, biologiste

La biologiste Catherine Potvin partage le point de vue de Rémi Quirion : "Je pense que les femmes font les choses un peu différemment, et que les hommes tendent à déprécier cette différence. Moi, par exemple, je fais beaucoup plus de communications que la plupart de mes collègues scientifiques et, pourtant, je publie autant d’articles qu’eux, et des articles d’aussi bonne qualité. Pourtant, on a tendance à dire : 'Ah, elle n’est pas sérieuse, elle fait beaucoup de communications.' Comme si ça enlevait quelque chose à la qualité de mon travail de chercheuse, de ma production scientifique. J’imagine que si j’étais un homme on dirait : 'C’est extraordinaire de voir comment il publie et, en plus, c’est une personnalité publique.' La lecture d'une même action est différente selon que l’on est un homme ou une femme, je crois." La spécialiste en intelligence artificielle du laboratoire MILA, Joëlle Pineau, abonde en ce sens : "Comme femme, souvent, on pose des questions différentes, on approche les problèmes de façon différente".

Marche pour la science à Washington, le 22 avril 2017 : les manifestants montrent portraits de femmes pionnières de la science devant l'Agence américaine de protection de l'environnement.
Marche pour la science à Washington, le 22 avril 2017 : les manifestants montrent portraits de femmes pionnières de la science devant l'Agence américaine de protection de l'environnement.
©AP Photo/Sait Serkan Gurbuz
Florence Meney, de son côté, est moins encline à dire que les femmes scientifiques ont plus de qualités d’empathie et de sensibilité que les hommes et elle n’a pas voulu écrire ce livre dans cette optique de comparaison entre les sexes. L’autrice reconnaît avoir eu des coups de cœur pour plusieurs de ces femmes qu’elle a rencontrées, la docteure Quach en premier lieu, avec qui elle travaille régulièrement, et qui lui a inspiré le livre, mais aussi "l’Innue Isabelle Desgagné-Penix, cette femme-là elle est d’une chaleur, d’une vivacité, tout comme Janice Bailey, et France Légaré, qui est d’une chaleur, d’une gentillesse…"

Et de conclure : "C’est un livre pour les jeunes, et les jeunes femmes aussi… Si on a envie de faire de la science, il faut passer par-dessus ses peurs et se lancer, foncer, foncer, c’est ça mon message".

A lire aussi dans Terriennes :

► Femmes en sciences : pourquoi sont-elles toujours si peu nombreuses ?
► Claudie Haigneré, scientifique, astronaute et femme de transmission : "N'attendez pas d'être parfaites!"
► Les "sans pagEs" en action : 5000 femmes de plus en quatre ans sur Wikipédia francophone
► Au Québec, offrir des modèles pour attirer les femmes dans les sciences
► Des femmes scientifiques répliquent avec humour au sexisme
►Sciences : les chirurgiennes s'approprient le New Yorker pour célébrer leur art
► "Hidden figures", femmes occultées de la conquête spatiale aux Etats-Unis
► 1875 : quand les femmes du Harvard College Observatory changeaient le cours de l’astronomie
► Etre femme ingénieure au 21ème siècle : blocages, clichés et auto-censure
► Etre chercheuse archéologue dans un univers d'hommes

TerriennesCatherine François
 Mise à jour 11.02.2022 à 13:18
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https://information.tv5monde.com/terriennes/la-science-quebecoise-au-feminin-paroles-de-chercheuses-404889

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Au Mexique, des refuges féministes pour échapper à la violence

15 Février 2022, 20:24pm

Publié par hugo

Au Mexique, des refuges féministes pour échapper à la violence
Au Mexique, le Réseau national de refuges travaille sur le long terme. Il existe cinq types de centres d’accueil différents pour s’adapter au mieux aux besoins des femmes.
Au Mexique, le Réseau national de refuges travaille sur le long terme. Il existe cinq types de centres d’accueil différents pour s’adapter au mieux aux besoins des femmes.
©Red Nacional de Refugios A.C. (RNR)
15 FÉV 2022
 Mise à jour 15.02.2022 à 09:44 par 
TerriennesFlorencia Valdés Andino
C’est un constat global. Coincées avec leur agresseur, les femmes ont payé le prix fort des restrictions sanitaires. Depuis deux ans, le nombre de féminicides a explosé, ainsi que la violence. Au Mexique, le Réseau national de refuges, une organisation féministe indépendante, se mobilise jour et nuit pour éloigner les femmes du danger, ainsi que leurs enfants. Une fois à l’abri, ces maisons leur offrent l’opportunité de retrouver leur dignité.
Casquette blanche visée sur la tête, une femme d’une trentaine d’années s’occupe du potager. Les pousses de salade se portent à merveille. Un peu plus loin, une mère de famille se promène au soleil avec sa fille. A l’intérieur de la maison aux murs colorés, d’autres enfants jouent avec des blocs de construction ou écoutent une histoire. Des mains s’activent dans la cuisine. C’est presque l’heure du déjeuner.

Ce calme contraste avec le parcours cahoteux des femmes qui y ont trouvé refuge. Battues et abusées sexuellement par leur compagnon, elles ont réussi à fuir leur bourreau et à être prises en charge dans un réseau qui « fait le travail à la place des pouvoirs publics depuis 20 ans ».
 

Si je n’arrivais pas à ôter ma propre vie, la violence physique et sexuelle m’auraient tuée de toute façon.

Anli
Anli est arrivée dans une maison similaire après deux tentatives de suicide : « Si je n’arrivais pas à ôter ma propre vie, la violence physique et sexuelle m’auraient tuée de toute façon ». La jeune femme a fait une fausse couche. Plongée dans la dépression, elle a perdu son travail dans la foulée. Sans ressources et sans forces, c’est un ami qui lui a conseillé de se rendre dans un centre « d’empoderamiento ». « C’est le seul endroit où je pouvais trouver de l’aide gratuitement », raconte-t-elle.

Wendy Figueroa, directrice du Réseau national de refuges au Mexique.
Wendy Figueroa, directrice du Réseau national de refuges au Mexique.
©Red Nacional de Refugios A.C. (RNR)
« Dans ces maisons, vous et moi nous devons nous y sentir bien, accueillies. Nous sommes très attentives à l’esthétique », explique Wendy Figueroa, la directrice générale du Réseau national de refuges.

Car souvent, les femmes qui hésitent à faire appel à l’organisation, craignent de se retrouver dans un endroit sordide, triste. Or, c’est tout le contraire. « C’est joli. Nous sommes toutes ici à cause de la violence mais c’est calme », témoigne anonymement cette jeune femme de 28 ans.

Au pays où le mot « féminicide » a été forgé - plus de dix femmes sont assassinées chaque jour - la pandémie a fait basculer des milliers de Mexicaines dans la précarité et l’insécurité. La crise sanitaire a détruit des millions d’emplois, surtout informels, qui leur permettaient de sortir de la maison. En mai 2021, sept chômeurs sur dix étaient des femmes, selon l’Institut national de statistiques et de géographie (Inegi). En fin d’année, 894.320 femmes étaient sans emploi, toujours selon l’Inegi. Avec les écoles fermées pendant des mois, le temps consacré à l’école à la maison, aux soins et aux tâches ménagères a aggravé la situation en les empêchant de retrouver du travail.

Urgence permanente « pour éviter le pire »
C’est dans cette situation d’urgence permanente que Wendy Figueroa et son équipe travaillent depuis deux ans : « Nous avons accueilli 55% de femmes supplémentaires. L’année dernière nous en avons reçu 45 490. Quant aux enfants qui les accompagnaient, neuf sur dix avaient été victimes de violences physiques ou sexuelles ». 492 de ces femmes avaient échappé à une tentative de féminicide. « Nous sommes là pour éviter le pire », ajoute la psychologue de formation.


Nous avons lancé des campagnes tous azimuts parce qu’il fallait atteindre des femmes enfermées qui ne pouvaient pas parler ou qui ne parlent pas l’espagnol dans les communautés indigènes, les femmes sourdes.

Wendy Figueroa, la directrice générale du Réseau national de refuges.
En 2020 au moment le plus critique, l’activité de l’organisation a augmenté de 80%. Ce qui inclue également le soutien à distance sur les réseaux sociaux et par téléphone. « Nous avons lancé des campagnes tous azimuts parce qu’il fallait atteindre des femmes enfermées qui ne pouvaient pas parler ou qui ne parlent pas l’espagnol dans les communautés indigènes, les femmes sourdes. Les réseaux sociaux, y compris WhatsApp, ont été fondamentaux pour mener à bien des campagnes discrètes », explique-t-elle.

Avant la crise sanitaire, il existait 69 lieux d’accueil répartis dans le territoire mexicain. Dans ce contexte, « nous avons dû ouvrir de nouveaux lieux d’accueil : quatre maisons d’urgence et quatre refuges ».


Offrir aux femmes victimes de violence un avenir
Car, le Réseau national de refuges travaille sur le long terme. Il existe cinq types de centres d’accueil différents pour s’adapter au mieux aux besoins des femmes. Quand elles sont particulièrement vulnérables, l’accueil d’urgence n’est que la première étape vers la reconstruction « intégrale », physique, psychologique et financière.

D’où la nécessité d’ouvrir de nouveaux espaces pendant la crise sanitaire car certaines qui devaient quitter les maisons de transition –la dernière étape avant de retrouver une vie « normale » n’ont pas pu le faire car les promesses d’embauche n’ont pas abouti. « Et il fallait les isoler avant d’intégrer les espaces sûrs afin de diminuer les risques de cluster ».
 

Le but est de retrouver la confiance, de construire un projet professionnel.

Wendy Figueroa
Pour y arriver, il faut des moyens, beaucoup de moyens. Sans soutien public conséquent, le Réseau compte sur les dons de particuliers, d’entreprises et d’organisations. C’est grâce au soutien de l’Union européenne que les nouveaux espaces ont pu ouvrir pendant la pandémie.

Depuis 2018, le programme « Alas de mariposa » (ailes de papillon) est l’aboutissement du travail de deux décennies. « Le temps d’accueil est illimité, certaines femmes peuvent rester jusqu’à trois ans. Le but est de retrouver la confiance, de construire un projet professionnel », explique la militante des droits des femmes.

<em>« Dans ces maisons, vous et moi nous devons nous y sentir bien, accueillies. Nous sommes très attentives à l’esthétique »</em>, explique Wendy Figuero, directrice du Réseau national de refuges au Mexique. 
« Dans ces maisons, vous et moi nous devons nous y sentir bien, accueillies. Nous sommes très attentives à l’esthétique », explique Wendy Figuero, directrice du Réseau national de refuges au Mexique. 
©Red Nacional de Refugios A.C. (RNR
Thérapies féministes
Le premier objectif est de faire comprendre à toutes celles qui fuient une situation de violence que ce n’est pas de leur faute et qu’elles ont des droits. Pour en finir avec l’emprise, les séances de « thérapie féministe » sont indispensables.
 

Le regard féministe de ces thérapies m’a permis de me sentir forte et pas comme une victime.

Anli
« Une fois que tu es reçue et que tu commences tes séances de thérapie, tu prends conscience qu’il y a tout un réseau de femmes qui est là pour toi. Tu comprends ce que c’est d’être en sécurité. J’ai appris que ma douleur et ma frustration étaient légitimes. Je croyais que je ne m’appartenais pas. J’ai appris à identifier les comportements qui me mettaient en danger », raconte Anli.

Partager son histoire avec d’autres femmes victimes de violence a été précieux pour la jeune femme : « Dans les groupes de parole, on partage nos histoires de harcèlement, d’abus, de maternité. Le regard féministe de ces thérapies m’a permis de me sentir forte et pas comme une victime. Les cicatrices restent à vie mais on nous apprend à les regarder sans éprouver de la peine parce qu’on sait que nous avons survécu et que nous sommes puissantes ».

« Une fois que quelqu’un arrive chez nous, un processus commence. Elles reçoivent des soins physiques, les enfants sont également soignés, elles assistent à des formations pour apprendre un nouveau métier, elles ont droit à de l’aide juridique », ajoute Wendy Figueroa.

Des militantes organisent des ateliers de "thérapie féministe" avec des femmes accueillies dans une maison de transition du Réseau national de refuges au Mexique.
Des militantes organisent des ateliers de "thérapie féministe" avec des femmes accueillies dans une maison de transition du Réseau national de refuges au Mexique.
©Red Nacional de Refugios A.C. (RNR)
Un coup de pouce financier
Les projets professionnels sont très divers mais il s’agit souvent de micro entreprenariat ou d’agriculture urbaine. Quand elles sont prêtes à s’envoler, les bénéficiaires du programme reçoivent 15 000 pesos, environ 637 euros. « Ce n’est peut-être pas grand-chose pour vous mais pour elles, c’est énorme ».

Grand sourire aux lèvres, Wendy Figueroa se souvient de cette femme qui a payé tous les soins médicaux dont elle avait besoin : « Ella a acheté des chaussures orthopédiques, fait des soins dentaires, elle a pu se rendre chez le gynécologue. Et elle m’a dit qu’elle avait retrouvé sa santé et qu’elle était donc moins dépendante. Pour nous c’est fondamental de promouvoir l’autonomie ».

La directrice du Réseau se souvient aussi de l’achat de ruches qui ont permis de faire du miel dans le jardin familial ou encore l’ouverture d’une petite cuisine communautaire dans une population indigène isolée : « Avant, cette femme devait faire quatre heures de route en transport collectif tous les jours pour se rendre au travail et rentrer chez elle. Pendant ce temps, ses enfants restaient seuls. Quand elle a ouvert sa cuisine, elle a retrouvé sa famille, un revenu, et une fois de plus, la santé. Elle était épuisée ».

Mariée de force très jeune, Maria Elena, elle, a pu divorcer à 68 ans après une vie passée à subir des violences.

Les témoignages dans ce sens sont foison. Les parcours sont pourtant loin d’être linéaires. Environ 12% des femmes accueillies dans le réseau reviennent au foyer violent. Que les survivantes prennent leur envol ou qu’elles reviennent, Wendy Figueroa souligne que le Réseau est toujours présent ; par téléphone avec les psychologues, sur internet et même dans les espaces d’écoute ponctuelle. Il est tout à fait possible de retrouver les refuges.

Environ 12% des femmes accueillies dans le réseau reviennent au foyer violent.
Environ 12% des femmes accueillies dans le réseau reviennent au foyer violent.
©Red Nacional de Refugios A.C. (RNR)
Structures publiques défaillantes
Ce soutien sans faille et gratuit est d’autant plus important que les maigres filets de sauvetage qui existaient disparaissent. L’administration de l’actuel président de gauche Andrés Manuel Lopez Obrador a supprimé les crèches publiques au niveau national, des crèches qui bénéficiaient aux familles les plus démunies, et cela au nom de la lutte contre la corruption. Le budget destiné à la lutte contre les féminicides et la violence faite aux femmes a fondu comme neige au soleil. Les ONG de défense de droits des femmes perdent leur subvention. Et les structures publiques existantes sont défaillantes.

J’étais dévastée. J’ai osé demander de l’aide et j’ai été humiliée.

Témoignage anonyme d'une femme, dans un refuge
« Je me suis rendue dans l’Institut de la femme de mon Etat –organisme national en charge de la lutte contre les inégalités et la violence sexiste- où on m’a déconseillé de porter plainte. La psychologue m’a traitée de folle. Je ne savais plus quoi faire, j’avais peur pour mon fils et pour moi-même. J’étais dévastée. J’ai osé demander de l’aide et j’ai été humiliée. Je pense que c’est pour cette raison que nous avons autant de féminicides. Les victimes sont fatiguées de demander de l’aide et de trouver portes closes », s’insurge cette femme de 34 ans qui n’a pas souhaité être identifiée.

L’organisation se bat au quotidien pour panser les plaies. « Pour moi, le plus important c’est de montrer ce que l’Etat veut rendre invisible. Nous dénonçons haut et fort la violence conjugale qui est l’avant-salle des féminicides et nous dénonçons aussi l’inaction de l’Etat. La seule voie politique pour sortir de cette impasse est le féminisme », affirme Wendy Figueroa.

Ces derniers mois, l’Organisation a réussi à acquérir deux maisons, toutes les autres sont louées. C’est un succès amer. Car le souhait du Réseau national de refuges est que ces maisons soient vides, et que plus aucune femme n’ait besoin de fuir ni de se cacher.

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TerriennesFlorencia Valdés Andino
 Mise à jour 15.02.2022 à 09:44
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Féminicides ou "crimes d'honneur", quand la loi donne le permis de tuer en Iran

11 Février 2022, 12:21pm

Publié par hugo

 
Féminicides ou "crimes d'honneur", quand la loi donne le permis de tuer en Iran
Mona Heydari, 17 ans, victime de violences conjugales, est morte décapitée par son mari et son beau-frère, un "crime d'honneur" de plus qui vient s'ajouter à une longue liste.
Mona Heydari, 17 ans, victime de violences conjugales, est morte décapitée par son mari et son beau-frère, un "crime d'honneur" de plus qui vient s'ajouter à une longue liste.
©capture d ecran/twitter
10 FÉV 2022
 Mise à jour 10.02.2022 à 17:32 par 
TerriennesIsabelle Mourgere
Entre un et deux, sans doute plus, "crimes d'honneur" sont commis chaque jour en Iran. Les requalifier de "crimes d'horreur" ou "du déshonneur" serait plus juste. Mona Heidari avait 17 ans. Les images de son mari brandissant, tout sourire, en pleine rue, la tête de sa jeune épouse relèvent de l'indiscible. Ce nouveau drame ravive la question des lois patriarcales qui font des femmes les propriétés des hommes en Iran.
"Mona, l'innocente assassinée", c'est ainsi qu'un artiste iranien a titré le dessin qu'il a publié sur les réseaux sociaux. Mona Heidari avait 17 ans, et elle est la énième victime innocente de "crime d'honneur" en Iran. Car comme le souligne l'agence de presse iranienne Isna, la jeune femme était "soupçonnée d'adultère. Elle a été assassinée par son mari et son beau-frère. Décapitée en pleine rue, à Ahvaz, capitale de la province du Khouzestan dans le sud-ouest iranien.

Cela devrait suffire pour choquer. Mais à ce drame, hélas quasi-quotidien en Iran, s'ajoute l'horreur. Le sourire d'un mari tenant dans sa main la tête de son épouse qu'il vient de décapiter. Devenues virales, ces images filmées par un portable ont bouleversé le pays où ce qu'on appelle les crimes d'honneur sont loi.


Selon les médias locaux, Mona Heydari n'avait que 12 ans lors de son mariage. Elle était la jeune maman d'un fils de 3 ans. Mariée de force à son cousin, Sajjad Heydari, l’adolescente était victime de violences conjugales, selon le Women’s Committee NCRI, un comité de défense des femmes iraniennes. "Chaque fois qu’elle demandait le divorce, sa famille la persuadait de rentrer chez elle et de continuer à vivre avec son mari pour le bien de son enfant", rapporte l’organisation.

Selon le journaliste iranien Farzad Seifikaran cité dans Le Parisien, qui évoque une source proche de la famille, l’adolescente aurait rencontré un Syrien réfugié en Turquie via Instagram. Elle avait décidé de quitter le pays pour fuir la violence de son mari, se réfugiant quelques mois en Turquie où elle aurait rencontré un autre homme, selon Haft-eSobh. "L’assassin a déclaré avoir tué sa femme car elle était partie en Turquie à son insu et sans son autorisation." précise le journal.

Un prétexte suffisant pour "justifier" le "crime d’honneur" aux yeux de son meurtrier. Sajjad Heydari et son frère, complice du meurtre, ont été arrêtés par la police "lors d'un raid dans leur cachette", a annoncé la police locale, citée par l'agence officielle Irna. Seront-ils pour autant punis ? Rien n'est moins sûr car la loi iranienne protège les maris comme les pères, considérés comme étant les propriétaires de leurs épouses ou filles. 

Photo de la une du journal <em>Sazandegi</em> avec un dessin de l’artiste Hadi Heidari qui a publié sur Twitter un portrait de <em>“Mona, l’innocente assassinée”, </em>publiée dans<em> <a href="https://www.courrierinternational.com/article/droits-mona-linnocente-assassinee-liran-sous-le-choc-dun-feminicide-ultra-violent" target="_blank">Le Courrier International.</a></em>
Photo de la une du journal Sazandegi avec un dessin de l’artiste Hadi Heidari qui a publié sur Twitter un portrait de “Mona, l’innocente assassinée”, publiée dans Le Courrier International.
©Hadi Heidari
Féminicides et lois patriarcales 
Réagissant au drame, plusieurs défenseurs des droits humains ont exhorté les autorités à réformer la loi sur la protection des femmes contre la violence conjugale et à augmenter l'âge minimum du mariage pour les filles, fixé actuellement à 13 ans.
"Un être humain a été décapité, sa tête a été exhibée dans les rues et le tueur en était fier. Comment peut-on accepter une telle tragédie? Nous devons agir pour que les féminicides ne se reproduisent plus", écrit le quotidien réformateur Sazandegi, rapporté dans Le Courrier international. "Écrire ou lire sur cet horrible incident nous bouleverse : un jeune homme marche dans la rue avec un vilain sourire en tenant à la main la tête de sa femme, qu’il vient de décapiter", déplore le quotidien Ebtekar.

Mona a été victime d'une ignorance dévastatrice, nous sommes tous responsables de ce crime.

Tahmineh Milani, cinéaste iranienne
"Mona a été victime d'une ignorance dévastatrice, nous sommes tous responsables de ce crime", s'insurge pour sa part la cinéaste féministe Tahmineh Milani, sur Instagram.

Pour l'avocat Ali Mojtahedzadeh, cité par le journal réformateur Shargh, la loi a des "lacunes" concernant la protection des femmes. Elle ne leur octroie pas d'indépendance et échoue à "déterminer rationnellement l'âge légal du mariage afin de mettre fin au mariage d'enfants."Tout cela "ouvre la voie aux crimes d'honneur", regrette-t-il.


"Il n'y a aucune mesure concrète pour garantir l'application des lois visant à empêcher la violence contre les femmes", souligne de son côté la députée Elham Nadaf, citée par l'agence de presse Ilna. "Les femmes appellent le Parlement à prendre des mesures urgentes pour combler certaines lacunes juridiques et les autorités doivent s'efforcer parallèlement pour élever le niveau de conscience de la population", a déclaré sur Twitter la vice-présidente iranienne chargée des Femmes et des Affaires familiales, Ensieh Khazali.


Féminicides de masse
Plusieurs milliers de femmes sont tuées chaque année dans le monde sous le motif "d'honneur", selon l'association Human Rights Watch. Une étude publiée en 2020 par la revue scientifique The Lancet a recensé 8.000 victimes en Iran entre 2010 et 2014. Une estimation qui ne traduirait qu'une partie de l'ampleur du fléau des féminicides, la plupart des familles préférant ne pas porter plainte et garder le silence. Le magazine rapporte aussi que certaines des victimes avaient moins de quinze ans, d’autres à peine dix ans.

En décembre 2019, l’agence de presse officielle ISNA précisait que "les crimes d’honneur" représentaient environ 20 % de tous les meurtres et 50 % des meurtres familiaux en Iran. L’Iran est l’un des quatre pays qui n’ont pas adhéré à la Convention des Nations unies sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.

Un groupe de militantes des droits des femmes kurdes a organisé un rassemblement de protestation devant le ministère de la Justice à Sanandaj, la capitale de la province du Kurdistan iranien, le mercredi 6 octobre 2021.
Un groupe de militantes des droits des femmes kurdes a organisé un rassemblement de protestation devant le ministère de la Justice à Sanandaj, la capitale de la province du Kurdistan iranien, le mercredi 6 octobre 2021.
©DR
Début octobre 2021, un autre meurtre mettait en lumière le drame des crimes d'honneur en Iran.

Faezeh Maleki, une veuve de 22 ans, a l’intention de se remarier avec l’homme dont elle est amoureuse. Son père n’est pas d’accord avec ce mariage. Il décide de l'enfermer dans les toilettes d’un jardin, avant de l'asperger d’essence et de l'immoler par le feu. La victime, brûlée à 80% finit par décéder de ses blessures à l'hôpital. Le père de Faezeh a déclaré que sa fille s’était auto-immolée. Aucune autopsie n'a été effectuée. Les responsables ont eux aussi conclu à une auto-immolation. 

"Aucun endroit n’est sûr pour les femmes", " Nous sommes toutes des Faezeh", "Tout le monde porte une responsabilité dans le meurtre des femmes", "Non au meurtre des femmes", pouvait-on lire sur les pancartes brandies par un groupe de militantes des droits des femmes kurdes, quelques jours après la mort de Faezeh, rassemblées devant le ministère de la Justice à Sanandaj, la capitale de la province du Kurdistan iranien.

20% des crimes perpétrés en Iran chaque année sont des "crimes d'honneur". 
20% des crimes perpétrés en Iran chaque année sont des "crimes d'honneur". 
©DR
A (re)lire ►Onde de choc en Iran après la mort de Romina, 14 ans, décapitée par son père
"Crimes d'honneur", le permis de tuer
"Dans de nombreux crimes d’honneur commis contre des jeunes femmes, la police et le système judiciaire agissent avec négligence. Ce qui revient à un permis de tuer", indique sur son site internet Le Comité de soutien aux droits de l’homme en Iran (CSDHI).

"Je crois que les crimes d’honneur sont ancrés dans le sentiment de 'posséder le corps et la vie d’une femme', et tout meurtre ancré dans ce sentiment de propriété est considéré comme un crime d’honneur", estime la militante des droits des femmes Rezvan Moghaddam, qui a documenté les crimes d’honneur en Iran au cours des dernières décennies, dont les propos sont rapportés par le Comité.
 


"En examinant l’article 301 et le grand nombre de filles tuées par leur père, on découvre que la plupart de ces meurtres ont pour but de protéger la dignité du père. Les articles 612 et 630 de la loi islamique sur les châtiments concernent les femmes. Dans ces articles, le pouvoir judiciaire accorde la décision légale au meurtrier. Ainsi, la violence à l’égard des femmes trouve ses justifications légales et sa licence"(Source : Iran HRM), lit-on encore sur le site. 

8.000 femmes ont été victimes de "crimes d'honneur" entre 2010 et 2014 en Iran, selon une étude de la revue scientifique <a href="https://www.thelancet.com/pdfs/journals/lanpsy/PIIS2215-0366(20)30359-X.pdf" target="_blank">The Lancet.</a>
8.000 femmes ont été victimes de "crimes d'honneur" entre 2010 et 2014 en Iran, selon une étude de la revue scientifique The Lancet.
©DR
Romina Ashrafi, tuée par son père à Gilan.
Sargol Habibi, tuée par son mari à Sanandaj.  
Mobina Souri ,14 ans, étranglée avec son foulard par son mari, un jeune religieux. 
Les soeurs Sahar et Moradi Bayan, dont les plaintes pour violence conjugale n’ont pas été prises en compte.
Faezeh Maleki, 22 ans, brûlée vive.
Mona Heidari, 17 ans, décapitée par son mari et son beau-frère.
Chaque jour, la liste s'allonge. 
Qui sera la prochaine et qui saura même son nom ? 
 

A lire aussi dans Terriennes : 

 https://information.tv5monde.com/terriennes/feminicides-ou-crimes-d-honneur-quand-la-loi-donne-le-permis-de-tuer-en-iran-444202
 

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À quand plus de femmes derrière la caméra, pour un cinéma moins stéréotypé ?

11 Février 2022, 12:18pm

Publié par hugo

À quand plus de femmes derrière la caméra, pour un cinéma moins stéréotypé ?
<p>La réalisatrice Jane Campion (ici aux côtés de Kirsten Dunst) devient la première femme à être nommée deux fois pour un Oscar du (de la) Meilleur(e) cinéaste. "The Power of the Dog"a reçu 12 nominations aux Oscars 2022. Un exploit qui cache une autre réalité, car les réalisatrices restent sous-représentées, selon une étude. </p>
La réalisatrice Jane Campion (ici aux côtés de Kirsten Dunst) devient la première femme à être nommée deux fois pour un Oscar du (de la) Meilleur(e) cinéaste. "The Power of the Dog"a reçu 12 nominations aux Oscars 2022. Un exploit qui cache une autre réalité, car les réalisatrices restent sous-représentées, selon une étude. 

©Evan Agostini/Invision/AP
<p>La réalisatrice Jane Campion (ici aux côtés de Kirsten Dunst) devient la première femme à être nommée deux fois pour un Oscar du (de la) Meilleur(e) cinéaste. "The Power of the Dog"a reçu 12 nominations aux Oscars 2022. Un exploit qui cache une autre réalité, car les réalisatrices restent sous-représentées, selon une étude. </p>
<a href="https://realisatrices-equitables.com/dames-des-vues/" target="_blank"><em>"Dames de vue"</em></a>, une plate-forme qui met en avant les réalisatrices de cinéma au Québec. <em>"44% des films réalisés par des femmes ont été produits par des femmes, contre 28% par des hommes"</em>, rapporte une étude québécoise menée par des chercheuses et l'association Réalisatrices équitables.Au Québec, ce sont des femmes qui ont réalisé 15 des 39 films produits en 2019 : le nombre de réalisatrices a été multiplié par deux en huit ans, un bon signe mais elles restent sous-représentées selon l'étude « Qui filme qui ? Vers des représentations équilibrées devant et derrière la caméra ».
09 FÉV 2022
 Mise à jour 09.02.2022 à 16:27 par 
TerriennesCatherine François
Douze nominations pour Jane Campion aux Oscars 2022, un exploit pour une réalisatrice ! Selon les conclusions d'une étude québécoise, les femmes cinéastes restent encore largement sous-représentées. Plus de femmes derrière la caméra, ça veut aussi dire plus de femmes dans des premiers rôles, moins stéréotypés, une distribution plus équilibrée et des personnages et des récits plus diversifiés. Bref, un cinéma plus égalitaire. 
C’est avec « les larmes aux yeux » que Jane Campion a appris que son film The Power of Dog a reçu 12 nominations aux Oscars 2022. La réalisatrice devient la première femme à être nommée deux fois pour un Oscar du Meilleur cinéaste, qu'il faudra sans doute conjuguer au féminin. Peut-être faudrait-il aussi rappeller que Jane Campion avait été la première femme à décrocher une Palme d'Or à Cannes, qu'elle avait néammoins dû partager ex-aequo avec un autre réalisateur, c'était pour La leçon de Piano, en 1993. Une réalisatrice dans un monde d'hommes, Jane Campion fait encore aujourd'hui figure d'exception. 

Des réalisatrices sous représentées, selon une enquête québécoise
En 2011, sept des 35 longs métrages de fiction tournés au Québec avaient été réalisés par des femmes, en 2019, elles étaient derrière la caméra pour quinze des 39 films produits cette année-là : le nombre de réalisatrices a donc été multiplié par deux en huit ans.

A noter également que la Société de développement des entreprises culturelles, la SODEC, a annoncé que des femmes réaliseront sept des dix longs métrages de fiction qui seront prochainement tournés au Québec, et que six de ces films ont des budgets de 2,5 millions de dollars et plus.

Des progrès louables et salués dans cette recherche très pointue qui vise donc à faire un bilan de la place des femmes dans l’industrie cinématographique au Québec.

Pour ce faire, les Réalisatrices Équitables se sont associées à des chercheuses de renom, Anna Lupien, Anouk Bélanger et Francine Descarries, de l’Université du Québec à Montréal. Pour cette édude intitulée « Qui filme qui ? Vers des représentations équilibrées devant et derrière la caméra », elles ont visionné 49 films au total : 25 réalisés par des femmes en 2018 et 2019 et 24 réalisés par des hommes en 2019. Et analysé les caractéristiques de 1 017 personnages présentés dans ces films. 

Au Québec, ce sont des femmes qui ont réalisé 15 des 39 films produits en 2019 : le nombre de réalisatrices a été multiplié par deux en huit ans, un bon signe mais elles restent sous-représentées selon l'étude « Qui filme qui ? Vers des représentations équilibrées devant et derrière la caméra ».
Au Québec, ce sont des femmes qui ont réalisé 15 des 39 films produits en 2019 : le nombre de réalisatrices a été multiplié par deux en huit ans, un bon signe mais elles restent sous-représentées selon l'étude « Qui filme qui ? Vers des représentations équilibrées devant et derrière la caméra ».
©Catherine François
Films à gros budgets, domaine masculin
Au niveau des budgets des films, les hommes ont encore le gros bout du bâton : les réalisateurs ont fait des films dont les budgets étaient plus du double à ceux des films réalisés par des femmes (budget moyen de 4,4 millions de dollars contre 2,1 millions de dollars). Et 4 des films dont les budgets dépassaient les 5 millions ont tous été réalisés par des hommes. Sur cette question de financement donc, les femmes ont encore une sacrée pente à remonter…
 


« Phénomène de non-mixité créative »
Autre donnée intéressante, ce sont surtout des productrices qui soutiennent des réalisatrices : 44% des films réalisés par des femmes ont été produits par des femmes, contre 28% par des hommes. Et 67% des films réalisés par des hommes sont soutenus par des producteurs.

Peu importe le sexe des cinéastes, la violence représentée est d’abord masculine.

"Qui filme qui ?"
Dans le même ordre d’idée, les chercheuses rapportent un « phénomène de non-mixité créative », à savoir que parmi les 49 films, tous ceux réalisés par des femmes ont été scénarisés ou coscénarisés par des femmes et tous les films réalisés par des hommes ont été scénarisés ou coscénarisés par des hommes. Autrement dit, lit-on dans l’étude, « les réalisateurs, en 2019, ont travaillé uniquement avec des hommes scénaristes et les réalisatrices, en 2018 et 2019, uniquement avec des femmes scénaristes ».

L’analyse des 49 films étudiés révèle aussi qu’en moyenne, les réalisateurs font presque deux fois plus de scènes violentes dans leurs films que les réalisatrices et « peu importe le sexe des cinéastes, la violence représentée est d’abord masculine ». Les autrices du rapport s’interrogent donc sur la prédominance d’une culture de la masculinité, voire d’une « formule médiatique de la masculinité ».


1 017 personnages passés à la loupe
L’analyse des caractéristiques des 1 017 personnages de ces 49 films révèle que les réalisatrices ont un plus grand souci de parité et d’équilibre entre les personnages féminins et masculins que les réalisateurs en mettant en scène autant d’hommes que de femmes, « elles composent une parité presque parfaite entre les personnages masculins et féminins » lit-on dans le rapport. Ce qui n’est pas le cas des réalisateurs, les femmes restent minoritaires dans leurs distributions, 38%, versus 61% pour les hommes.

Les réalisatrices confient aux femmes 84% des premiers rôles, tandis que les réalisateurs accordent 72% des premiers rôles à des hommes.

Rapport "Qui filme qui ?"
L’étude révèle également que les réalisatrices mettent davantage en scène des personnes racisées dans leur film, presque deux fois plus que les réalisateurs.

Campagne lancée en 2019 sur les réseaux sociaux par Réalisatrices équitables.
Campagne lancée en 2019 sur les réseaux sociaux par Réalisatrices équitables.
©Réalisatrices équitables
Dans les films sortis en 2019, « les réalisatrices confient aux femmes 84% des premiers rôles, tandis que les réalisateurs accordent 72% des premiers rôles à des hommes » … et les femmes représentent 48% des premiers rôles, c’est donc presque la parité sur ce plan. En revanche, au niveau des « têtes d’affiche », les hommes restent majoritaires, 55%, ce qui s’explique par le fait qu’il y a plus de réalisateurs que de réalisatrices et que les réalisateurs ont tendance à mettre plus d’hommes en têtes d’affiches que des femmes.

« Près de la moitié des personnages féminins mis en scène par les réalisateurs ont entre 20 et 39 ans, tandis que les réalisatrices orchestrent des distributions plus équilibrées » souligne l’étude.

Les réalisatrices sont aussi plus équitables dans leur représentations de personnages dépeints avec profondeur, alors que les réalisateurs vont privilégier des personnages masculins. « Un des principaux apports des réalisatrices se situe dans leur manière d’approfondir les personnages féminins qu’elles mettent en scène » est-il écrit dans le rapport.
 

"Dames des vues"
 
Réalisatrices équitables, fondé en 2007, vise à atteindre l’équité pour les femmes dans le domaine de la réalisation au Québec.
Réalisatrices équitables, fondé en 2007, vise à atteindre l’équité pour les femmes dans le domaine de la réalisation au Québec.
©facebook/realisatrices equitables
Fondé en 2007, Réalisatrices Équitables vise à atteindre l’équité pour les femmes dans le domaine de la réalisation au Québec et à faire en sorte que les fonds publics soient accordés de façon plus égalitaire aux hommes et aux femmes cinéastes. L’organisme aspire également à ce qu’une place plus juste soit accordée aux préoccupations, à la vision du monde et à l’imaginaire des réalisatrices sur tous les écrans. Il cherche enfin à sensibiliser le milieu des arts médiatiques à la nécessité de diversifier les personnages féminins comme masculins écrits et mis en scène par les créateurs et créatrices d’ici et d’ailleurs, afin de s’éloigner des stéréotypes genrés.

Les Réalisatrices Équitables viennent de mettre en ligne une plateforme baptisée Dames des Vues qui offre des films réalisés par des femmes mais aussi des portraits de réalisatrices et des conseils pour présenter des projets de films. 
 
Le site <em>Dames des vues</em> met en avant le cinéma au féminin au Québec. 
Le site Dames des vues met en avant le cinéma au féminin au Québec. 
©capture d ecran

​Chaque réalisatrice y est répertoriée avec une fiche, sa filmographie et sa biographie, et des liens vers les films qu’elle a réalisés. Cette plateforme veut faire connaître aux producteurs-trices et aux distributeurs les centaines de réalisatrices québécoises actives sur le marché du travail, afin de les aider à découvrir les nouveaux talents du cinéma québécois de demain, tout comme les réalisatrices et cinéastes chevronnées qui sont des valeurs sûres de l’art cinématographique. De quoi aussi favoriser le réseautage et le partage de ressources entre les réalisatrices et les autres acteurs du cinéma québécois et du cinéma international.
Vers moins de sexisme systémique ? 
Autre donnée intéressante : depuis 2013, les réalisateurs ont moins tendance à sexualiser les personnages féminins de leurs films.

Un secteur qui se « dépouille tranquillement d’un sexisme systémique et d’un sexisme ordinaire ».

49 films ont été visionnés lors de cette étude : 25 réalisés par des femmes en 2018 et 2019 et 24 réalisés par des hommes en 2019. 1 017 personnages présentés dans ces films ont été passés au crible. 
49 films ont été visionnés lors de cette étude : 25 réalisés par des femmes en 2018 et 2019 et 24 réalisés par des hommes en 2019. 1 017 personnages présentés dans ces films ont été passés au crible. 
©CF
Bref, les autrices de ce rapport saluent la présence croissante des femmes derrière les caméras et les progrès réalisés par les réalisatrices au cours des huit dernières années mais elles soulignent qu’on est encore loin de la parité et qu’il faut maintenir le cap pour y parvenir un jour. « La sous-représentation des réalisatrices restreint encore la diversité des représentations offertes sur nos écrans. Il apparait également que la présence grandissante des femmes derrière la caméra contribue à diversifier le panorama des personnages et des récits de notre cinématographie, tout comme elle ouvre davantage l’accès à un imaginaire féminin à travers les scénarios signés par des femmes ».

L’industrie du cinéma, comme d’autres actuellement, se dépouille tranquillement d’un sexisme systémique et d’un sexisme ordinaire qui affectent certainement ce qui se joue devant comme derrière la caméra.

Conclusion du rapport "Qui filme qui ?"
Plus de femmes derrière la caméra, c’est donc plus de femmes devant la caméra mais aussi davantage de films représentant la réalité des femmes. « L’industrie du cinéma, comme d’autres actuellement, se dépouille tranquillement d’un sexisme systémique et d’un sexisme ordinaire qui affectent certainement ce qui se joue devant comme derrière la caméra » concluent les chercheuses.


https://information.tv5monde.com/terriennes/quand-plus-de-femmes-derriere-la-camera-pour-un-cinema-moins-stereotype-441717
 

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La pièce "Girls and Boys" pour requestionner les relations hommes-femmes

11 Février 2022, 03:30am

Publié par hugo

 La pièce "Girls and Boys" pour requestionner les relations hommes-femmes
La pièce "Girls and Boys" pour requestionner les relations hommes-femmes
hier à 13:33

5 min
Par Sarah Lohisse, une chronique pour Les Grenades
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Plus un mot. Après 1h45 intense de monologue presté par France Bastoen, la pièce Girls and Boys nous laisse bouche bée. Le silence est la seule première réponse, avant les applaudissements évidents, que l’on arrive à donner après tant d’émotions.

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Seule en scène, l’actrice nous emmène dans les méandres de la pensée de la vie d’une femme. Une femme comme tout le monde, qui tente de dénoncer un système, une société profondément capitaliste et patriarcale et dont elle en subit les dommages collatéraux.

"J’ai rencontré mon mari dans la file d’embarquement d’un vol Easyjet et je dois dire que cet homme m’a tout de suite déplu". Ce sont les premiers mots de la pièce. La suite, fluide et limpide suit tout naturellement son court.

Si dans un premier temps France Bastoen nous berce avec ses histoires, elle nous emmène ensuite dans les tréfonds de sa pensée, parfois tragique. C’est ici toute une montée en tension jusqu’à la dérive, à la découverte de l’abominable. Mais l’abominable n’y est pas le seul point central. Girls and Boys, c’est aussi raconter la complexité humaine, c’est questionner les relations entre les hommes et les femmes, c’est aller fouiller dans les cœurs et dans les âmes.

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

Comme le dit si joliment le metteur en scène Jean-Baptiste Delcourt, c’est une archéologie de l’intime. C’est aller questionner le capitalisme, la société, le patriarcat. Alors que France Bastoen est seule en scène, la place de l’homme dans le spectacle y devient importante, au point d’en devenir écrasante. C’est toute la dépendance, l’emprise, le contrôle qui sont mis en lumière, autant par le jeu de l’actrice, sous la plume de Dennis Kelly, que dans la scénographie et l’espace dédié à la prestation. Girls and Boys c’est l’histoire d’une femme qui s’émancipe, et qui prend son destin en main.

C’est un personnage complet et total, parce qu’il n’y a pas que ce qu'elle nous dit qui existe


Mathieu Delcourt
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Les mots forts et perçants, l’humour noir et la plume de Dennis Kelly, France Bastoen connaît puisqu’elle a joué dans plusieurs pièces écrites par l’auteur et est la doublure de Jessica Hyde dans la série Utopia pour laquelle il a été scénariste. C’est après une discussion avec le directeur du théâtre de la place des Martyrs, que l’actrice a souhaité mettre le spectacle en scène avec le travail de Jean-Baptiste Delcourt.

La richesse du texte les a séduit tous deux directement et la mise en spectacle s’est passé naturellement. Entre récit et jeu, Girls and Boys joue à la fois sur le désordre de la condition humaine, et sur la temporalité, sur la force de l’instant présent : "C’est une pièce très difficile à pitcher sans l’avoir vue. Il y a une grande part de mystère. Dans la manière dont c’est construit, on ne sait pas trop où ça va aller. Cela déteint sur la manière dont on envisage la protagoniste. Il y a des moments de silences, où elle plonge dans sa tête, et où les spectateurs n’y ont pas accès. C’est parce qu'il y a des choses qui nous échappent que c’est un personnage complet et total, parce qu’il n’y a pas que ce qu'elle nous dit qui existe", explique France Bastoen.

Jean-Baptiste Delcourt poursuit : "On a énormément travaillé le jeu. Il y a cette question de l'émotion. On s'est souvent retrouvé au début, aux répétitions, complètement en pleurs, très émus par la matière. Quand l'émotion arrive à France, elle est véritable. Cette force du présent avec les spectateurs, finalise, donne vie au spectacle. C'est comme si on avait exploré toutes les intentions, les manières de dire les choses. France a cette liberté au plateau de pouvoir choisir au présent et d'être réellement avec les gens dans une sincérité, une vérité totale pendant 1h45 de concentration. On voulait d’ailleurs garder une certaine temporalité. C'est un spectacle pour lequel, à travers cette histoire aussi forte, on voulait éviter le côté " single " où l'histoire est plus courte".

1h45, un temps nécessaire donc, à la fois pour pouvoir recevoir le message, avaler son émotion et s’identifier au personnage. La force du récit permet l’émancipation de la pensée : "La protagoniste n'est pas la même femme au début de sa vie, au moment où elle raconte cette histoire qu'au moment où elle vit le drame de la pièce. Elle a décidé de se battre pour vivre. Elle a du tempérament, ouverte au monde et elle a su trouver des ressources en elle pour échapper à une condition inéluctable quand on vient de certains milieux sociaux et qu'on est une femme. Elle est la perception individuelle que chacun peut se faire d'elle à ce moment-là", insiste Jean-Baptiste Delcourt en parlant de l’évolution du personnage de France Bastoen.


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Mais l’émancipation passe aussi dans les thématiques que la pièce aborde. "Je pense que Dennis Kelly est allé repérer dans ses propres petites noirceurs et ce qu'il a pu apercevoir chez d'autres hommes, pour pouvoir parler aux hommes du patriarcat et ainsi montrer à quel point cela peut mener à des choses abominables. On se pose toujours la question du moment de bascule", poursuit-il.

À cela, France Bastoen ajoute que la pièce permet de poser les bonnes questions : "La manière dont cette femme emmène les spectateurs dans les méandres de sa vie et de ses émotions, elle sème les balises de cette critique patriarcale, de cette différence de communication [entre les hommes et les femmes], de cette question de contrôle et de domination dans les rapports intimes, mais aussi dans le rapport à la société et aux minorités." Elle continue : "Certains hommes se retrouvent perturbés par ce qui se raconte dans la pièce. En sortant, ils se disent "ce n’est pas moi, mais je comprends quand même ce qu'on raconte, c’est assez perturbant"".

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La force de la pièce passe aussi par la mise en scène épurée : un fond noir, un décor blanc comme pour nous inviter dans la tête de la protagoniste. Jean-Baptiste Delcourt et son frère Mathieu, avec qui il a travaillé la scénographie, parlent ainsi de "vérité augmentée" pour rester en authenticité, en sincérité, avec le texte. Un travail pudique qui accompagne Jean-Baptiste Delcourt dans toutes ses mises en scène. "Je travaille toujours avec des petits outils. Ici, nous voulions que l’histoire [et le décor] avancent inexorablement au rythme de France, en accord avec elle, sous nos yeux, pour accompagner le texte. On ne voulait jamais illustrer le propos. On a travaillé le son sur des perceptions sensorielles, psychiques. Nous voulions rendre des éléments au service de l'actrice sans que cela soit pour autant du décor, pour travailler sur les sensations, les siennes et celles du spectateur", commente-t-il.

Une mise en scène qui se transforme donc sans que l’on s’en aperçoive au fil du temps, en même temps que la protagoniste, jusqu’à un point de non-retour.

Infos pratiques

Girls and Boys est à découvrir jusqu’au 26 février au Théâtre des Martyrs les mardis et samedis à 19h, les mercredis, jeudis et vendredis à 20h15 ainsi que le dimanche 20 février à 15h.

 


Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/article/la-piece-girls-and-boys-pour-requestionner-les-relations-hommes-femmes-10932134

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Choc après la décapitation d'une jeune iranienne de 17 ans, tuée par son mari

10 Février 2022, 21:45pm

Publié par hugo

 Choc après la décapitation d'une jeune iranienne de 17 ans, tuée par son mari
Par Manon Henrotte Mis à jour le 10/02/2022 à 13:13
decapitation-jeune-fille-iran-par-epoux-crimes-dhonneur
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Mona Heydari, victime d'un mariage forcé alors qu'elle était mineure, puis de violences conjugales, vient d'être décapitée par son mari. Les associations de défenses des femmes et certains politiques réclament des mesures concrètes pour protéger les femmes, et dénoncent les "crimes d'honneur", encore fréquents en Iran.

Elle n'avait que 17 ans. Mona Heidari, une jeune fille iranienne a été décapitée par son mari, samedi 5 février 2022 à Ahvaz, en Iran, capitale d’une province au sud-ouest du pays. Depuis le lendemain, une vidéo extrêmement choquante circule sur les réseaux.

On y voit Sajjad Heydari, cousin et mari de la victime, paradant dans les rues de la ville avec la tête de Mona Heidari dans une main et un gros couteau dans l'autre.

Mona Heidari a été mariée de force à son cousin alors qu'elle était encore mineure, 12 ans pour être exacte, précise le Women's Committee NCRI, un comité de défense des femmes iraniennes. Elle avait aussi un petit garçon de 3 ans et était victime de violences conjugales.

Une fuite en Turquie
À plusieurs reprises, la jeune fille souhaite divorcer. Mais "chaque fois qu'elle demandait le divorce, sa famille la persuadait de rentrer chez elle et de continuer à vivre avec son mari pour le bien de son enfant", explique Women's Committee NCRI.


En ultime recours, Mona Heidari s'enfuit en Turquie. Elle y reste six mois avant que son père et son oncle ne la retrouvent et la convainquent de rentrer, raconte Le Parisien. Ils lui promettent qu'elle sera en sécurité.

Une promesse non tenue puisqu'à son retour, son mari et le frère de celui-ci, l'assassinent prétextant un "crime d'honneur".

Vidéo du jour :

Les crimes d'honneur, fréquents en Iran
En Iran, les maris et pères sont propriétaires de leurs enfants et/ou épouses selon la loi iranienne. Ils ont ainsi le droit de vie ou de mort sur eux. Les "crimes d'honneur" sont ainsi fréquents en Iran.

Les crimes d'honneur "sont des actes de violence, généralement des meurtres, commis par des membres masculins de la famille contre des membres féminins de la famille qui sont perçus comme ayant déshonoré la famille", explique l’ONG Human Rights Watch. Comme pour cette histoire, ce crime serait justifier pour "laver" l'honneur.

De plus, selon le journaliste iranien Farzad Seifikaran, qui cite une source proche de la famille, la jeune fille aurait rencontré en Turquie un réfugié syrien via Instagram. Un possible adultère qui aurait justifié le crime d’honneur aux yeux de l'assassin.

En octobre 2020, la revue médicale The Lancet avait recensé au moins 8 000 victimes de "crimes d’honneur", en Iran entre 2010 et 2014. Des victimes très jeunes, parfois à peine âgées de 10 ans. Mais ce chiffre serait largement sous-estimé. En effet, les meurtriers sont rarement dénoncés, recensés par la justice puisque peu de familles déposent plainte.


"Les lois iraniennes donnent un permis de tuer"
Concernant Sajjad Heydari et son frère, les deux hommes ont été arrêtés lundi 7 février "lors d'un raid dans leur cachette" a annoncé la police locale, citée par l'agence officielle Irna et repris par Le Dauphiné.

Toutefois, les deux coupables ne risquent pas grand-chose puisqu'ils sont protégés par la loi iranienne. Comme expliqué plus haut, les hommes de la famille ont le droit de vie ou de mort sur leurs épouses. Les crimes d'honneur sont rarement condamnés.

Les femmes sont des citoyennes du second degré détenues par des hommes.

Le pays autorise un père, un frère ou un oncle à tuer en toute légalité une femme qu'ils jugent infidèle pour "laver" l’honneur de la famille. Dans quelques cas particuliers, la loi prévoit une peine maximale de cinq ans de prison.

"Les lois iraniennes donnent un permis de tuer", dénonce le comité de défense des femmes iraniennes, visant un système patriarcale et archaïque.
Un appel à combler les lacunes juridiques pour protéger les femmes et les filles
Cette révoltante et brutale décapitation publique a ravivé plusieurs débats en Iran. Notamment autour des mariages de mineures et sur cette loi choquante qui protège et autorise les "crimes d'honneur".

"Mona a été victime d'une ignorance dévastatrice, nous sommes tous responsables de ce crime", s'est insurgée la cinéaste féministe Tahmineh Milani, sur Instagram.

"Il n’y a aucune mesure concrète pour garantir l’application des lois visant à empêcher la violence contre les femmes", a souligné la députée Elham Nadaf, citée par l’agence de presse Ilna.

En Iran, les jeunes filles peuvent se marier dès l'âge de 13 ans. Avec cette affaire, les mariages forcés de ces mineures semblent (enfin) amenés au centre du débat politique en Iran. Pour l'avocat Ali Mojtahedzadeh, cité par le journal réformateur Shargh et FranceInfo, la loi n'accorde pas d'indépendance aux femmes et échoue à "déterminer rationnellement l'âge légal du mariage afin de mettre fin au mariage d'enfants."

Il n’y a aucune mesure concrète pour garantir l’application des lois visant à empêcher la violence contre les femmes.

"Les femmes appellent le Parlement à prendre des mesures urgentes pour combler certaines lacunes juridiques et les autorités doivent s'efforcer parallèlement pour élever le niveau de conscience de la population", a lancé sur Twitter la vice-présidente iranienne chargée des Femmes et des Affaires familiales, citée par FranceInfo.

Un système bien rodé qui en plus de mettre en danger quotidiennement la vie des femmes iraniennes, protège juridiquement les agresseurs et futurs meurtriers.

Comme le résume le Women's Committee NCRI : "L'augmentation catastrophique des crimes d'honneur en Iran est enracinée dans la misogynie et la culture patriarcale institutionnalisée dans les lois et la société. Bien que le père, le frère ou le mari tienne le couteau, la faucille ou le fusil, les meurtres sont enracinés dans la vision médiévale du régime au pouvoir. Les lois du régime clérical signifient officiellement que les femmes sont des citoyennes du second degré détenues par des hommes."

Lire aussi :
Féminicide à Paris : une femme retrouvée étranglée, son conjoint policier recherché
Alain Schmitt, entraîneur de judo, arrêté puis relaxé pour violences conjugales
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https://www.marieclaire.fr/choc-apres-la-decapitation-d-une-jeune-iranienne-de-17-ans-tuee-par-son-mari,1422673.asp

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Violences sexistes et sexuelles : le rapport pour en finir avec la crise de l’accueil

10 Février 2022, 20:48pm

Publié par hugo

violences-sexistes
Violences sexistes et sexuelles : le rapport pour en finir avec la crise de l’accueil
10 février 2022
Chaque année, 94 000 femmes majeures sont victimes de viol ou de tentative de viol comme le rapporte l’Observatoire des violences faites aux femmes en 2019. L’Observatoire indique qu’ « on estime que 12% des femmes majeures victimes de viols ou de tentatives de viols ont déposé plainte ». En 2019, moins de 1 300 viols étaient condamnés par la justice. Des écarts saisissants concernant ce crime à propos duquel de plus en plus de voix s’élèvent. Un rapport publié le 19 janvier 2022 par le Centre Hubertine Auclert permet aujourd’hui d’expliquer ces écarts. Notre article.

Violences sexistes et sexuelles : une condamnation qui prend de l’ampleur, un ministre sexiste loin de toute réalité
La réalité n’est pas dans les chiffres des condamnations pour viol. Ce sont des écarts saisissants qui en font un crime très peu condamné. Un crime à propos duquel de plus en plus de voix s’élèvent, en témoignent les mouvements #MeToo, #MeTooPolitique ou encore #MeTooThéâtre et plus récemment le mouvement #DoublePeine. La France Insoumise a d’ailleurs affirmé son plein soutien à ses mouvements, en réitérant son engagement contre les violences sexistes et sexuelles.

Le viol est un crime très peu condamné car peu d’auteurs sont traduits devant la justice. Pour expliquer cet écart, plusieurs réponses se superposent. Peu de victimes parviennent à déposer une plainte, lorsqu’elles sont dans le commissariat, certaines renoncent à le faire. Quand elle veulent le faire, beaucoup de dossiers ne permettent pas de donner lieu à une instruction.

Le problème est systémique, n’en déplaise à Gérald Darmanin qui estimait sur France Inter à la fin du mois de janvier 2022 qu’en cas de violence au sein du couple, les dépôts de plainte étaient aujourd’hui « systématiques ». Un ministre qui s’est distingué par son sexisme et son mépris mardi 8 février face à la journaliste Apolline de Malherbe sur RMC en lui assénant d’un ton arrogant : « Non mais calmez-vous Madame, ça va bien se passer ! ». Ce, alors qu’elle lui exposait quelques chiffres émanant de son ministère.


Violences sexistes et sexuelles : un rapport explique les écarts saisissants entre la réalité et les chiffres de la justice
Un rapport permet d’éclairer une partie de ce phénomène. Rendu discrètement public le 19 janvier 2022, ce rapport publié par le Centre Hubertine Auclert est le fruit de plusieurs années de travail : lecture de procès-verbaux, entretiens, observations dans trois commissariats de Paris et de la petite couronne, ce rapport permet de comprendre comment les femmes qui viennent déposer plainte sont accueillies. Il a fallu un article de Causette et des demandes maintes fois réitérées par l’élue EELV au Conseil de Paris Raphaëlle Rémy-Leleu.


Voici les propos de la préfecture de police rapportés par Anna Cuxac, journaliste à Causette : « Il n’a jamais été question de rendre ce rapport public, nous explique le service communication. La volonté de la préfecture de police est de s’améliorer sur la prise en charge des victimes, mais ce rapport était destiné à un usage interne, à la manière d’un audit interne dans une entreprise. Pour nous, cela a toujours été très clair ». Si la préfecture de Police estime qu’un nombre important d’améliorations ont été apportées, la lecture du rapport laisse planer le doute tant les manquements sont criants.

Grâce à cette mobilisation, le rapport a finalement été publié. Les 24 pages de synthèse consultables en ligne sont éloquentes : manque de confidentialité, absence de cadre propice au dépôt de plainte, absence de recherche ou d’expertise médico-légale, procès verbaux trop courts… Autant d’éléments qui peuvent reproduire un traumatisme auprès de la victime ou qui ne permettent pas de constituer un dossier complet afin d’ouvrir une enquête.

Le rapport montre aussi que certaines formes de violences sont banalisées pour ne pas dire éludées : la recherche de coups, de blessures est prioritaire et les violences verbales ne sont pas ou peu prises en compte. De même, les gifles ou une bousculade sont considérées comme normales dans le cadre d’une dispute alors qu’elles constituent des formes de violence. Les auteurs du rapport pointent ainsi du doigt une approche encore trop « romantisée » des violences. Ainsi, les violences, lorsqu’elles ont lieu dans le cadre conjugal, apparaissent comme particulièrement mal traitées.

Ce rapport change la donne : il montre que le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin ment lorsqu’il dit que l’accueil des victimes progresse. Justement, elle reste encore bien imparfaite, faute d’une formation adéquate, de commissariats dont l’architecture permet d’accueillir comme il se doit les victimes, faute d’effectifs suffisants notamment le soir pour que les policiers puissent consacrer du temps à un témoignage. Le rapport montre en effet que les auditions peuvent aller de 12 minutes à plus de 3 heures. Il n’y a aucun doute sur le fait qu’une audition qui dure moins d’un quart d’heure ne permet pas de constituer un solide dossier.

Ce rapport recoupe également plusieurs propositions formulées par la France insoumise, comme par exemple l’expérimentation en France de la méthode de Philadelphie. Radio Canada décrit la méthode de la sorte : “Chaque année, pendant plusieurs jours, les militantes féministes examinent plusieurs centaines de dossiers de police classés comme non-fondés. Elles posent ensuite des questions aux chefs du corps de police et font des suggestions”. 

L’article précise aussi qu’“aujourd’hui, à Philadelphie, ce sont seulement 4 % de plaintes qui sont mises de côté, contre 20 % il y a 18 ans”. Cette méthode améliore aussi la confiance entre la police et la population, en ayant fait progresser le nombre de plaintes déposées pour des faits de violences sexistes et sexuelles de 50% en quelques années. Cette méthode était évoquée pendant les Amfis 2021 lors d’une conférence intitulée “comment mieux juger les discriminations ?”.


La question de l’état des commissariats, leur aménagement est également un sujet crucial. Un quart des locaux sont aujourd’hui dégradés. Il est plus qu’urgent de démarrer un grand plan de rénovation, d’aménagement pour en finir avec la vétusté et de penser de nouvelles circulations afin de garantir un accueil respectueux des victimes, de garantir également la confidentialité. Cette proposition permet aussi d’améliorer les conditions de travail.

La publication de ce rapport est une excellente nouvelle. Derrière les discours de Gérald Darmanin et Marlène Schiappa, la réalité est beaucoup moins réjouissante. Ce rapport et ses nombreuses recommandations donnent des pistes concrètes d’améliorations, des pistes qui correspondent parfois avec le programme défendu par Jean-Luc Mélenchon.

Par Marion Beauvalet

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https://linsoumission.fr/2022/02/10/violences-sexistes-sexuelles-rapport/

Comment mieux juger les discriminations ? - Conférence #AMFIS2021 - YouTube

 https://www.youtube.com/watch?v=73_Ie5NsGN8 

https://www.youtube.com/watch?v=73_Ie5NsGN8

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Surendettement : les femmes sont les plus touchées

9 Février 2022, 11:19am

Publié par hugo

 Surendettement : les femmes sont les plus touchées
Les femmes seules ou avec un enfant à charge sont encore les plus touchées par le surendettement, selon un rapport de la Banque de France publié en février 2022.
Les femmes seules ou avec un enfant à charge sont encore les plus touchées par le surendettement, selon un rapport de la Banque de France publié en février 2022.
©demarchesadministratives.fr
08 FÉV 2022
 Mise à jour 08.02.2022 à 14:52 par 
Terriennes
 
avec AFP
Voilà une bonne nouvelle qui en cache une mauvaise. Malgré les craintes liées à la crise du Covid, le surendettement est en baisse en France. Mais pas pour tout le monde : si on est une femme, d'autant plus à la tête d'une famille monoparentale, les fins de mois sont devenues encore plus difficiles depuis mars 2020. En cause : des salaires qui restent inférieurs à ceux des hommes. 
Les femmes seules ou avec un enfant à charge sont encore les plus touchées par le surendettement, malgré la baisse du nombre de dossiers parmi les Français. C'est ce que montre une enquête publiée par la Banque de France, lundi 7 février. Les mamans solo ou femmes solo tout court représentent 54% des personnes surendettées entre 25 et 54 ans.

Pourquoi ? Selon l'institution, cette majorité de femmes s'explique par des rémunérations inférieures à celles des hommes, et le plus grand nombre de mères en situation monoparentale. L'enquête, qui s'intéresse plus largement aux caractéristiques des personnes surendettées, rappelle que plus de la moitié d'entre elles sont séparées, célibataires ou veuves, hommes et femmes confondues. Plus d'un quart sont également au chômage.

Pour Jean-Louis Kiehl, président de la Fondation Cresus, invité sur France Inter, "Les femmes sont plus représentées dans les dossiers de surendettement, non pas parce qu'elles ne maitrisent pas leur budget, mais parce qu'elles se retrouvent parfois seules, avec des enfants à élever. La crise a aussi amené des séparations, créant un trouble psychologique dans les ménages. Les femmes sont abandonnées, les pensions alimentaires n'arrivent pas. (...) Le divorce, la maladie, tout cela, ce sont des causes de surendettement. "


Un surendettement en baisse, mais pas pour les femmes
Au total, le nombre de dossiers de surendettement déposés l'an dernier a cependant baissé de 15% par rapport à 2019, avec 120 968 dossiers. L'endettement global des ménages surendettés est aussi en baisse, à 4,9 milliards d'euros en 2021, soit 1,2 milliard d'euros de moins qu'en 2019. 

"La crise sanitaire n'a pas remis en cause la tendance à la baisse du surendettement que l'on constate depuis 2015", se félicite la Banque de France, même si elle constate "une petite hausse des dépôts de dossiers de surendettement des personnes jeunes" entre 18 et 32 ans.

La région la plus touchée est de loin les Hauts-de-France : les cinq départements remontent chacun plus de 250 dossiers pour 100 000 habitants, contre 225 en moyenne en France.

Selon les chiffres de l'Insee en mai 2021, quelque 1,9 million de personnes sont en situation de "grande pauvreté" en France, vivant avec moins de 930 euros par mois pour une personne seule et subissant de nombreuses "privations matérielles et sociales".


©Banque de France
Toujours plus de familles monoparentales 
Deux ans avant la crise Covid, en 2018, le Centre d'observation de la société estimait déjà que la situation était particulièrement difficile pour les mères seules qui ne sont ni en emploi, ni au chômage. La moitié d’entre elles vivent avec moins que le seuil de pauvreté (846 pour une personne seule au seuil à 50 %). Pas moins de 560.000 femmes sont concernées. 

La part de familles monoparentales est passée de 9,4 à 24 % de l’ensemble des familles entre 1975 et 2017, selon l’Insee. Au total, on compte plus de deux millions de familles de ce type qui rassemblent environ 3,5 millions de personnes, parents et enfants compris. Dans 82 % des cas elles sont formées d’une mère avec ses enfants.
 

©Centre d observation de la societe

La progression de la monoparentalité est principalement la conséquence de l’augmentation des ruptures de couples qu’ils soient mariés ou non. Choisi ou subi, ce mode de vie pose des difficultés d’organisation et entraîne une baisse notable de niveau de vie.

Il constitue l’une des premières causes de pauvreté. Le niveau de vie moyen par personne au sein des familles monoparentales est inférieur d’un tiers à la moyenne des autres familles, constate le centre d'Observation de la société. 
 
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Terriennes
 
avec AFP
 Mise à jour 08.02.2022 à 14:52
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Lutte contre l'excision : au Kenya, Nice Nailantei Leng’ete forme une nouvelle génération de militants

9 Février 2022, 04:51am

Publié par hugo

Lutte contre l'excision : au Kenya, Nice Nailantei Leng’ete forme une nouvelle génération de militants
Nice Nailantei Lengete lutte depuis des années contre l'excision, au sein de sa fondation, et forme des jeunes militants, filles et garçons, pour poursuivre cette mission au Kenya et en Tanzanie. 
Nice Nailantei Lengete lutte depuis des années contre l'excision, au sein de sa fondation, et forme des jeunes militants, filles et garçons, pour poursuivre cette mission au Kenya et en Tanzanie. 
©instagram/Nice Place foundation
Nice Nailantei Lengete lutte depuis des années contre l'excision, au sein de sa fondation, et forme des jeunes militants, filles et garçons, pour poursuivre cette mission au Kenya et en Tanzanie. Dix ans de combat contre l'excision pour la militante Nice Nailantei Neng'ete, 31 ans, qui ont permis d'éviter à 20 000 fillettes kenyanes et tanzaniennes d'éviter de se faire mutiler. 
04 FÉV 2022
 Mise à jour 04.02.2022 à 10:09 par 
TerriennesLouise Pluyaud
Entretien. Nice Nailantei Leng’ete, 31 ans, fait partie de ces milliers de femmes qui à travers le monde combattent l’excision. Cette militante maasaï kenyane a elle-même échappé à cette mutilation à l’âge de 8 ans. Depuis, à travers un livre et sa fondation, elle a permis à plus de 20 000 Kenyanes et Tanzaniennes d’éviter ce triste sort et de poursuivre leur éducation. 
La Journée internationale de la tolérance zéro à l'égard des mutilations génitales féminines (MGF) a été instaurée en 2012 par l’ONU. Chaque année, selon l’ONU, près de 4 millions de jeunes filles dans le monde risquent d’être excisées. Depuis toute petite, Nice Nailantei Leng'ete a compris que seuls le combat de terrain, la rencontre, l'échange pouvaient changer les mentalités et faire bouger les choses.

Terriennes l'a rencontrée. 

En finir avec l’excision nécessite des lois, de la persévérance, du dialogue et beaucoup d’écoute .

Nice Nailantei Leng’ete
Terriennes : Dix ans de combat… Pourtant, la pratique archaïque de l’excision perdure. Comment l'expliquer ?

Nice Nalantei, le sourire et la détermination d'une survivante. 
Nice Nalantei, le sourire et la détermination d'une survivante. 
©instagram / Nice Place foundation

Nice Nailantei Leng’ete : Ce rituel ancestral est ancré dans les traditions culturelles depuis des siècles. On ne peut pas les changer en un jour. En finir avec l’excision nécessite des lois mais aussi de la persévérance, du dialogue et beaucoup d’écoute. Aujourd’hui, au Kenya, des villages maasaï dont le mien ont créé des rites de passages alternatifs : les filles dansent et participent à des concours qui mettent en valeur leur éducation, leurs capacités à prendre la parole en public et améliorent leur confiance.

Les anciens qui pratiquaient l’excision guident les filles tout au long des cérémonies. Les parents participent à des dialogues mère-fille ou père-fils sur les droits reproductifs et encouragent leurs enfants à poursuivre leur scolarité. Les hommes proclament leur soutien à épouser des femmes non excisées.

Il a fallu du temps pour en arriver là… J’avais 8 ans lorsque je me suis enfuie de mon village maasaï pour échapper à l’excision. Ce rite de passage est censé préparer les jeunes filles au mariage. Il les ampute aussi de leur avenir. A mon retour, j’étais très mal vue. Une femme non excisée est une honte pour la communauté. Mais mon grand-père qui m’a élevée m’a autorisée à poursuivre mes études. J’ai ensuite passé des années à convaincre les anciens d’ouvrir le dialogue sur ce sujet. Même si vous savez que leurs pratiques sont mauvaises, il ne faut ni blâmer ni juger les gens mais plutôt tenter de les comprendre. D’autant que la culture maasaï est magnifique à bien des égards. C’est elle qui m’a enseigné le partage et la générosité. J’ai donc proposé de ramener ces valeurs à nos filles. Et, petit à petit, les mentalités ont évolué. Depuis, la constitution orale maasaï a été changée pour mettre fin à l’excision.

(Re)lire notre article ►Au Kenya, Nice Nailantei Leng'ete milite contre l'excision depuis l'âge de 8 ans
Si ces lois existent, elles ne sont pas toujours appliquées.

Nice Nailantei Leng’ete
L’excision est également condamnée par la loi depuis 2011 au Kenya, le premier pays africain à avoir interdit cette mutilation génitale féminine.…

C’est toujours un plus d’avoir un texte législatif qui confirme le bien fondé de notre combat, partagé par le président kényan Uhuru Kenyatta lui-même. En 2019, il a en effet affirmé son souhait de voir l’excision éliminée du pays d’ici 2022. Le 5 mars 2021, il a aussi présidé une cérémonie lors de laquelle des anciens du comté de Samburu, au nord du pays, ont publiquement déclaré leur volonté de mettre un terme aux mutilations sexuelles et aux mariages d’enfants. Leur voix faisant autorité au sein des villages, nous avons bon espoir de voir suivre une évolution des mentalités. Ailleurs dans le monde, nous constatons aussi des avancées comme au Soudan où, depuis 2020, l’excision est interdite et condamnée par la loi. Néanmoins, le dialogue doit rester ouvert car si ces lois existent, elles ne sont pas toujours appliquées. Des jeunes filles continuent chaque année de subir des mutilations sexuelles.

Au Kenya, la fondation de Nice, baptisée "Nice place foundation" lutte contre les mutilations génitales féminines. 
Au Kenya, la fondation de Nice, baptisée "Nice place foundation" lutte contre les mutilations génitales féminines. 
©Nice place foundation
La crise du coronavirus a entraîné une hausse inquiétante des mutilations génitales féminines. Pourquoi ?

Comme dans d’autres pays d’Afrique et ailleurs, nous avons constaté au Kenya une recrudescence des MGF après des années de bons résultats obtenus. Selon les prévisions de l’ONU, plus de deux millions de filles pourraient être excisées au cours de la prochaine décennie. L’année 2020 a vu se succéder les confinements. Les écoles qui s’avèrent être pour les filles des endroits sécurisants, où elles sont aussi nourries, ont fermé pendant un an ! Pour certains parents qui ont fait face à de nombreuses difficultés dont économiques, marier une fille représente une bouche de moins à nourrir. Ces mariages précoces ont amené à des mutilations sexuelles pour que les filles soient des femmes « pures ». Notre combat est encore loin d’être terminé.

L’excision et les autres mutilations génitales féminines ne sont pas un problème africain. C’est un problème mondial.

Nice Nailantei Leng’ete
En France aussi, les associations ont enregistré des chiffres à la hausse, avec des estimations qui ont doublé en dix ans, passant de 60 à 125.000 femmes excisées vivant dans le pays. Votre réaction ?

Je ne suis pas surprise. L’excision et les autres mutilations génitales féminines ne sont pas un problème africain. C’est un problème mondial. L’explication réside dans le fait qu’en Europe et en Amérique du Nord des diasporas de différentes communautés voyagent en s’accrochant avec force à des traditions même si elles sont d’un autre temps. Pendant les vacances scolaires, des jeunes filles peuvent être emmenées dans le pays d’origine de leur famille pour y être excisées. Mon combat contre l’excision n’a pas de frontières. C’est pourquoi, allant de pays en pays, je partage mon histoire et sensibilise davantage de personnes aux conséquences terribles des MGF (la biographie de Nice publiée en 2021 et intitulée « La jeune fille dans le figuier sauvage » (non traduit en français) devrait être adaptée au cinéma, ndlr.).


Quel est votre rôle en tant qu’ambassadrice internationale de l’Association pour la médecine et la recherche en Afrique (Amref) ?

Promouvoir le processus qui conduira à mettre fin aux mutilations génitales féminines d’ici à 2030, comme le préconise l’ONU qui a inscrit cette lutte parmi les objectifs de développement durable (ODD). Les communautés du monde entier doivent prendre conscience que des jeunes filles décèdent suite à une excision. Or, comme l’affirme la Déclaration universelle des droits humains : tout individu a droit à la vie. Toutefois, la solution ne viendra pas de l’extérieur mais des communautés elles-mêmes, celles qui pratiquent encore l’excision. Il faut les responsabiliser et les convaincre de changer cette tradition au profit de l’éducation. Avec les équipes d’Amref, nous diffusons ainsi l’idée de rites de passage alternatifs. En poursuivant leurs études, les filles peuvent devenir professeures, docteures, travailler dans les nouvelles technologies, etc. Autant de métiers indispensables au développement et à la croissance de leur village, de leur pays et du continent africain.

Coller ici le code HTML. Pour une vidéo 16/9ème en pleine largeur, choisir le format 670 x 377.
En 2019, vous avez déclaré au magazine ELLE : « Pour peser encore plus et promouvoir la cause des femmes, j'envisage de me lancer en politique. » Y songez-vous toujours ?

Absolument. Je me demande souvent ce que je peux faire de plus afin de renforcer la protection des droits des filles et des femmes au Kenya. L’élection présidentielle est prévue cette année, en août 2022. Quand ce sera le bon moment, je me lancerai en politique. Vous me verrez peut-être briguer un mandat de députée ou de ministre. Mais pour l’heure, le projet qui attire toute mon attention, c’est la Nice Place Fondation. Un endroit inauguré en octobre 2021, qui accueille à ce jour 52 filles, sauvées de l’excision. Prise de parole en public, renforcement de capacités, … Nous les formons pour devenir des ambassadrices du combat contre les MGF, et les futures leaders africaines de demain.

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TerriennesLouise Pluyaud
 Mise à jour 04.02.2022 à 10:09
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