Saviez-vous que les 300 députés grecs de la Vouli (le parlement monocaméral local) sont parmi
les mieux payés d’Europe ? Et qu’ils refusent fermement toute baisse de salaire, alors qu’ils n’hésitent pas à réduire les revenus de leurs compatriotes ? Un sens très
particulier de la solidarité dans un pays qui s’enfonce chaque jour un peu plus dans la crise. Ce n’est pas un hasard si les manifestants grecs hurlent « kleptes »
(voleurs) dès qu’ils passent sous les fenêtres du Parlement, place Syndagma.
En effet, le salaire mensuel net d’un député grec s’élève à la coquette somme de 8500 euros nets par mois. À
cela il faut ajouter une indemnité pour frais de 4900 euros, une indemnité pour participation aux commissions parlementaires de 1200 euros, une indemnité de logement de 1000 euros
(pour les députés de province), un forfait de 1800 euros pour les frais de bureau ainsi que les transports gratuits. Soit un joli pactole.
Depuis 2011, les déclarations de patrimoine des élus sont publiées sur internet(page inaccessible…) alors qu’auparavant seuls les journalistes accrédités à la Vouli y avaient accès. Un journaliste grec a été jeter un œil
pour moi, mon grec n’étant absolument pas à niveau. Seule limite de l’exercice : la famille n’est pas obligatoirement concernée par cette déclaration de patrimoine. Or,
beaucoup de députés ont des femmes ou des maris immensément riches… Voici les revenus et patrimoines de quelques vedettes politiques locales pour l’année 2009 :
- Georges Papandreou, ancien premier ministre grec : 122 113,94 euros au titre de
son salaire de député et 6926,15 euros de revenus divers. Une maison à Athènes sise sur un terrain de 640 m2. Un portefeuille boursier au nom de son épouse de 228.000 euros.
Une épargne de 61.379 euros. Papandreou n’a rien hérité de son père, Andreas, lui-même ancien premier ministre : « je vous lègue mon nom », a-t-il dit à ses enfants.
C’est la seconde femme de son père, l’hôtesse de l’air « Mimi », qui a fait main basse sur ses biens…
- Antonis Samaras, leader de la Nouvelle Démocratie (droite) :
107.150,05 euros au titre de son salaire de député et 110.695,28 euros de revenus divers. 5 terrains dont un situé dans la banlieue chic d’Athènes et un appartement (pas de valeur
déclarée). 285.467 euros d’épargne déposés dans une banque belge, la KBC, et 8951,94 euros dans une banque grecque. Enfin, 3500 actions d’une compagnie de ferry.
- George Karatzaferis, leader du Laos (extrême droite) : 268.074 de revenus divers plus
une fortune foncière.
- Konstantin Karamenlis (ancien premier ministre, Nouvelle Démocratie) : 130.335 euros
de salaire. Un portefeuille boursier (vente de 600.000 euros et achat de 300.000 euros en 2009). Une épargne de 600.000 euros. Et bien sûr, des propriétés foncières.
- Dora Bakoyanni (leader de l’Alliance démocrate, scission de la Nouvelle démocratie) :
129.385 euros de salaire. Des propriétés immobilières (dont deux terrains en Savoie). Un compte à la Deutsche Bank (857.461 euros) et un autre dans un établissement grec
(182.289 euros). Son mari est millionnaire.
- Aleka Papariga (leader du KKE, le parti communiste stalinien) : 91.750 euros pour son
salaire de députée et 43.401,25 euros pour sa retraite, une « grande partie » étant versée à son parti, ce qui est sans doute vrai, le KKE fonctionnant comme une
secte.
Et tout cela ne concerne que la partie émergée de l’iceberg, la fraude fiscale étant un sport
national en Grèce. Comme si cela ne suffisait pas, 121 députés
ou anciens députés (dont 52 du PASOK et 66 de la Nouvelle Démocratie) viennent de réclamer environ 250.000 euros chacun à l’État(soit plus de 30 millions d’euros) d’arriérés.
Pourquoi ? Suivez bien : les présidents des trois cours suprêmes grecques ont obtenu que leur salaire soit aligné sur celui du mieux payé des fonctionnaires grecs, le
président de la commission nationale des postes et communication, un protégé de Karamenlis le petit qui lui a fait cadeau d’un salaire royal. Or, en vertu de la Constitution
grecque, le salaire des députés ne peut être inférieur à ceux des trois présidents des cours suprêmes…
Quoi qu’il en soit, par comparaison, les députés français (qui ont aussi refusé en novembre dernier une baisse
de 10 % de leur salaire) font presque miséreux : 5247 euros nets de salaire, 6412 euros pour frais divers, 9138 euros pour payer des assistants, transport et téléphone
gratuit. Les Italiens, longtemps les mieux payés d’Europe, ont du consentir des sacrifices : en 2006, une baisse de 10 %, en 2007, un gel pour six ans, en 2011, une baisse
de 10 % pour les députés gagnant plus de 90.000 euros bruts par an et de 20 % pour ceux qui déclarent plus de 150.000 euros. Mais ils sont loin d’être à plaindre :
ils peuvent compter en plus sur une indemnité de résidence de 3500 euros pour ceux qui n’habitent pas Rome, une indemnité pour frais de 3690 euros, etc. Tous comptes faits, les
députés allemands sont les plus raisonnables : ils n’ont droit qu’à un salaire de 7688 euros net par mois, sans indemnité supplémentaire (voir, pour un comparatif plus complet,
le siteMyEurop).