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Le blog de hugo,

Emma, le coup de crayon engagé derrière la "charge mentale,femmes,feminisme,sexisme

5 Juillet 2017, 00:12am

Publié par hugo

Emma, le coup de crayon engagé derrière la "charge mentale"
Par Julie Falcoz | Le 04 juillet 2017
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La bande dessinée sur la «charge mentale» des femmes, c’est elle. Portrait d’une illustratrice qui croque la société sans concession sur son blog.
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Elle a mis en images le concept de «charge mentale», celle qui incombe aux femmes dans la répartition des tâches ménagères. Elle, c'est la dessinatrice Emma, également ingénieure, épouse et mère de famille. Sur Facebook, la publication de ses planches relatives à cette tare du quotidien ont été partagées plus de 200.000 fois. Autrement dit, ses dessins sont devenus viraux. Outre ces coups de crayon largement relayés sur les réseaux sociaux, la trentenaire est également l'auteure du blog Emmaclit (1), dont les posts ont été regroupés dans un livre, paru en mai dernier et intitulé Un Autre Regard (Éditions Massot). Rencontre avec celle qui dénonce.
Rendez-vous est donné dans un café du XIIIe arrondissement, un matin de juin, entre une séance de sport et la sortie de l'école de son fils de 6 ans. Le succès récent de sa B.D. sur la «charge mentale» ? Emma, elle-même, s'en étonne. Et si elle avoue volontiers que le marathon des interviews l'a épuisée, elle reconnaît que ce retentissement lui a (re)donnée espoir. «En tant que militante, je me suis dit qu’on avait du pouvoir, qu’on pouvait s’en servir. D’autant plus que la B.D. sur la «charge mentale» est sortie du cercle militant, elle a été lue par des femmes qui ne voient pas l'intérêt du féminisme. J’ai l’impression d’avoir mieux réussi», raconte-t-elle. La contrepartie de cette forte résonance : une plus grande responsabilité. Désormais, analyse-t-elle, «il faut que je fasse attention à ce que je dis».
Remarques sexistes
Avec le dessin, ça va vite et il y a de l’émotion
Avant l'écho rencontré par son blog, puis sa planche dédiée à la «charge mentale», Emma a eu du mal à trouver sa voie artistique. Alors qu'elle était ingénieure depuis plusieurs années, elle est confrontée, en 2011, en raison de ses horaires à rallonge et de l’arrivée de son fils, à la difficulté de concilier vies professionnelle et de famille. Un jeu d'équilibriste alourdi par les remarques sexistes de la part de ses collègues masculins dans une entreprise au management, justement, «très masculin». Il fallait réagir. «J'ai commencé à lire des blogs, des livres et réfléchir sur ces sujets liés aux femmes. Tout cela m’a ouvert les yeux. D’un coup, j’ai compris. Il fallait que je raconte ça autour de moi.» Emma lance des débats, en vain, avec ses amis. «Beaucoup ne se sentaient pas forcément concernés sur le moment.» Ni le blog, ni les fiches explicatives imprimées et distribuées à la sortie du métro ne trouvent leur public.
Puis, un jour, la jeune femme se met à dessiner. «Je le faisais déjà depuis toujours.» Sauf que, cette fois, elle met son crayon au service des thématiques qui la préoccupent. Son premier fait d'armes artistique ? Une scène de harcèlement de rue, postée sur son blog. L'article est dix fois plus partagé que ses précédents posts. «J’ai réalisé que les gens en avaient marre des textes. Ils n'avaient pas le temps de lire, ni l'envie. Avec le dessin, ça va vite et il y a quand même de l’émotion.» Autre succès d'ampleur : une planche sur la loi Travail et la pétition qui a récolté plus d'un million de signatures. «Quand Manuel Valls (alors premier ministre, NDLR) a expliqué qu'on ne comprenait rien à la loi, j'ai trouvé ça tellement odieux et méprisant qu'il fallait que je le dessine pour le faire sortir de ma tête», s'enflamme Emma. Son choix de traiter l'histoire, méconnue, de Mohamed, victime collatérale de l'assaut à Saint-Denis contre certains commanditaires des attentats de Paris de 2015, lui fait aussi gagner ses galons de contestataire. Ses fans le lui rendent bien : sur Facebook, ils sont désormais plus de 175.000 à la suivre.
"Trimer dix heures par jour, pendant soixante-cinq ans"
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Sa B.D. Un Autre regard est sorti le 10 mai 2017. La suite devrait arriver d'ici la fin de l'année.
Photo Massot Éditions
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Forte de ces combats, la dessinatrice de 36 ans a désormais trouvé un équilibre de vie, entre son travail d'ingénieur au 4/5e et son blog. Après un burn-out, elle a très vite compris qu'elle ne s'accomplirait pas forcément dans le travail. «C’est le côté aliénant que je n'apprécie pas. Mon employeur, en me salariant, pense avoir un droit sur plus que mes journées au bureau. J'ai du mal à subir des injonctions sur mes horaires ou ma tenue. Je me suis rendu compte que tout ce que je donnerais, personne ne me le rendrait. Nous ne sommes pas dans un rapport égalitaire», s'indigne-t-elle.
Concernant le blog et le dessin, en revanche, elle profite de sa liberté dans ses choix artistiques. Qu'elle entend bien entretenir. Parmi ses sujets préférés, elle cite le féminisme et les injustices sociales. «Je pense que les gens sont persuadés qu’on est obligé de trimer pour des métiers que l'on n'aime pas, dix heures par jour jusqu’à 65 ans. J’essaie d’expliquer que c’est le système, créé par des gens qui prennent les décisions, qui veut ça.» Très peu pour elle.
"Tu penses toujours à plein de choses"
Ce système, Emma l'a d'ailleurs rejeté très jeune. Dès son dixième anniversaire, alors qu'elle apprend qu'elle sera contrainte de travailler toute sa vie, elle tombe dans une longue dépression. Les jobs d'été n'arrangent rien à ses questionnements existentiels. L'image que renvoient ses parents ne vient pas la réconforter. Si les deux, enseignants, aimaient leur métier, ils déploraient les conditions dans lesquelles ils l'exerçaient. Conditions de travail qui se sont détériorées avec le temps, note la dessinatrice. «Tous les deux se sont rendu compte qu’ils ne changeraient pas le monde grâce à leur profession. C’est triste.»
Devenue mère à son tour, comment fait-elle pour transmettre une vision éclairée de l'univers professionnel à son fils ? «Je lui dis qu'il faut trouver un travail qu'on aime pour souffrir le moins possible.» En tout cas, il semble avoir compris le principe de la «charge mentale» : «Il n’y a pas longtemps, j'étais dans mes pensées et il m'a dit "je sais que tu ne m’écoutes pas parce que tu penses toujours à plein de trucs".» Tout un tas de «trucs» qui viendront bientôt s'animer sur la tablette graphique d'Emma.
(1) emmaclit.com.
Ces illustratrices engagées et connectées


http://madame.lefigaro.fr/societe/emma-bd-dessinatrice-charge-mentale-portrait-040717-133076

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