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Pourquoi les hommes ne portent plus de robe

15 Mars 2022, 03:44am

Publié par hugo

 AccueilSociétéPourquoi les hommes ne portent plus de robe
SAVOIRS
Pourquoi les hommes ne portent plus de robe
17/06/2021 (MIS À JOUR À 10:36)
Par Barbara Marty
Avec les beaux jours, les robes estivales font leur grand retour. Mais pourquoi ce vêtement - idéal pour supporter la chaleur - n’est-il aujourd'hui réservé qu’aux femmes, en Occident ?


5 MIN
Pourquoi est-ce si inhabituel de voir un homme en robe ? Associé aujourd’hui exclusivement au genre féminin dans les pays occidentaux, ce vêtement n’a pourtant pas toujours été réservé aux femmes. Longtemps, la robe a été un vêtement unisexe. 

Quand la robe était unisexe
Dans l’Antiquité gréco-romaine, le vêtement qui domine n’est pas le pantalon mais des dérivés de la robe. Les hommes comme les femmes portent des tuniques, des tissus drapés, des toges, des chemises longues. Dans la Rome antique, même les soldats portent des jupes. Courtes et amples, elles permettent de se mouvoir facilement au combat et sont alors perçues comme un symbole de virilité.

Une illustration de 1820 représentant l'acteur britannique Edmund Kean dans le rôle de Brutus pour la pièce de théâtre "Jules César".
Une illustration de 1820 représentant l'acteur britannique Edmund Kean dans le rôle de Brutus pour la pièce de théâtre "Jules César".• Crédits : Smith Collection/Gado/Getty Images - Getty
Au Moyen Âge aussi, hommes comme femmes s’habillent en robe sans que cela ne pose problème.

La robe du Moyen Âge, c’est un ensemble de vêtements, donc elle n’a pas du tout une connotation féminine dans les écrits médiévaux. Au XVe siècle aussi, une sorte de houppelande sera portée par des hommes et par des femmes. Donc le côté féminin du terme en lui-même n’est pas du tout revendiqué au Moyen Âge. On va parler plutôt de vêtements longs ou de vêtements courts. Nadège Gauffre-Fayolle, Historienne médiéviste

En réalité, la mode du Moyen Âge sera mixte durant trois siècles.

On va avoir une mode mi-XIe, XIIe, XIIIe siècle, qui va pouvoir être qualifiée d’unisexe, parce qu’à ce moment-là on va avoir une cotte pour l’homme et la femme et un surcot pour l’homme et la femme qui vont être quasiment identiques. A part quelques petites adaptations : la robe va aller jusqu’aux chevilles pour les hommes, pour les femmes, elle va vraiment couvrir le pied. Les hommes vont avoir des aménagements pour se mouvoir plus facilement. Nadège Gauffre-Fayolle, historienne médiéviste

Un homme et une femme en cotte et surcot, vers 1310-1320.
Un homme et une femme en cotte et surcot, vers 1310-1320.
Révolution vestimentaire au XIVe siècle
Au XIVe siècle, une rupture vestimentaire s'opère entre les hommes et les femmes avec la popularisation d'une nouvelle veste pour hommes plus complexe à coudre et plus confortable à porter. Les hommes délaissent les robes pour une tenue deux-pièces. C’est une révolution vestimentaire profonde. 

On appelle ça "la révolution du costume court", parce que cette fois-ci, l’homme va porter un vêtement en deux pièces. Donc, un pourpoint, agrémenté de chausses pour recouvrir les jambes - ce sont des sortes de bas. La femme, elle, va rester dans un vêtement long, qui couvre l’entièreté des jambes et les bras. Nadège Gauffre-Fayolle, historienne médiéviste

À la Renaissance, malgré l’omniprésence du pourpoint, les robes ne sont pas effacées des gardes-robes masculines. Jusqu’à la fin du XIXe siècle, les bébés garçons et les vieillards portent le vêtement long.

La robe reste également un vêtement synonyme de dignité qui s’impose dans de nombreux métiers, aujourd’hui appelés : “Métiers de Robe”.

Les vêtements de pouvoir sont des vêtements longs. Il y a aussi toute une catégorie institutionnelle qui va continuer à porter ces vêtements d’autorité. Donc, on aura l’université, la magistrature, et puis bien sûr tout ce qui recouvre du personnel ecclésiastique. Nadège Gauffre-Fayolle, historienne médiéviste

C’est donc à la Renaissance que les silhouettes masculines et féminines se distinguent. Elles reflètent aussi le statut social imposé aux femmes de l’époque : quand l’homme en pantalon est actif, la femme en robe est domestique.

Mode mixte et désir d'égalité vestimentaire
Dans les années 1960, un grand mouvement pour la mode unisexe se développe mais ce désir d’égalité vestimentaire connaît des limites. Si les femmes s’approprient le pantalon, les cheveux courts et les chaussures plates, les hommes eux, vont adopter peu de vêtements mixtes.

Le vêtement fait partie de ces normes, de ces carcans, que cette époque veut faire exploser. Le vêtement ouvert - la robe, la jupe - n’a pas été adopté par les hommes, sauf à la marge. Christine Bard, historienne du féminisme

En 1984, Jean-Paul Gaultier crée la jupe pour hommes sans que cela ne se démocratise en dehors des podiums. De nombreux freins sociétaux l'en empêche.

D’une manière générale, pour un homme, porter une jupe c’est s’exposer à des agressions multiples dans l’espace public. Il y a de l’homophobie, de la transphobie, déclenchées par le port d’un vêtement identifié encore au féminin, même s’il est accessoirisé au masculin. Christine Bard, historienne du féminisme

L'artiste américain Kid Cudi rend hommage à Kurt Cobain sur le plateau de l'émission "Saturday Night Live" le 10 avril 2021.
L'artiste américain Kid Cudi rend hommage à Kurt Cobain sur le plateau de l'émission "Saturday Night Live" le 10 avril 2021.• Crédits : Will Heath/NBC/NBCU Photo Bank via Getty Images - Getty
Depuis les années 1970 et jusqu’à aujourd’hui, de nombreux artistes masculins ont porté des robes ou des jupes pour dénoncer la binarité des genres. Malgré tout, la robe n’a pas retrouvé sa place dans le dressing masculin.

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BIBLIOGRAPHIE
La Robe
La Robe Une histoire culturelle - Du Moyen Âge à aujourd'hui
Georges Vigarello
Seuil, 2017
Ce que soulève la jupe : identités, transgressions, résistances
Ce que soulève la jupe : identités, transgressions, résistances
Autrement, 2010


https://www.franceculture.fr/societe/pourquoi-les-hommes-ne-portent-plus-de-robe

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16 EMMES FEMMES TUEES PAR SON COMPAGNON EN 2022

15 Mars 2022, 03:31am

Publié par hugo

2022 - Féminicides par Compagnons ou Ex – Google My Maps

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Accueil | Féminicides France (feminicides.fr)

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Martine Delvaux : "Les écrivain·es sont des oracles"

15 Mars 2022, 03:27am

Publié par hugo

 Martine Delvaux : "Les écrivain·es sont des oracles"
Martine Delvaux : "Les écrivain·es sont des oracles"
13 mars 2022 à 11:13

5 min
Par Irène Kaufer, une chronique pour Les Grenades
Les Grenades
Culture
Culture & Musique
FEMINISME
LITTERATURE
AUTRICE
MARTINE DELVAUX
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Les livres mettent davantage de temps que les avions pour traverser l’Atlantique. Il aura donc fallu patienter pour que ceux de Martine Delvaux nous arrivent, mais quand enfin ils nous atteignent, c’est en plein cœur.

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"À la fin du discours qu’elle a livré à la réception de son prix Nobel, Svetlana Alexievitch affirme qu’elle a trois foyers : la Biélorussie, terre paternelle, l’Ukraine, terre maternelle, et la grande culture russe, sans laquelle elle ne peut s’imaginer. Tous les trois, dit-elle, sont chers à mon cœur. Mais de nos jours, il est difficile de parler d’amour." Cet extrait de "Pompières et pyromanes", l’un des deux livres que Martine Delvaux est venue présenter à Bruxelles, a une résonance particulière en ces temps de guerre. "Les écrivain·es sont parfois des oracles", commente l’autrice lors de la rencontre organisée par la librairie TuliTu. Les Grenades y étaient.

Martine Delvaux, ce sont des récits comme "Les cascadeurs de l’amour n’ont pas droit au doublage" (rien que le titre devrait lui valoir un prix) ; ce sont aussi des essais comme "Les filles en série" ou "Le boys club", où elle met en pleine lumière cet entre-soi d’hommes, le plus souvent blancs, un peu âgés, assez riches, qui fonctionnent en circuit fermé, en politique, en économie, en guerre ou encore dans les séries qu’elle analyse finement.


Dans ses deux ouvrages récents, elle s’adresse à sa fille, à quelques années de distance. "Le monde est à toi" se demande et nous demande : qu’est-ce qu’une mère féministe ?

Dans "Pompières et pyromanes", le propos est plus général et le ton plus grave : que faire de la responsabilité d’avoir mis un enfant au monde, dans ce monde-là, menacé de toutes parts ?

À lire aussi
"Dibbouks" d'Irène Kaufer, une lecture en apnée
"La radicalité de l’amour"
A TuliTu, c’est dans une ambiance chaleureuse, devant un public très largement féminin, qu’elle a explicité ses préoccupations. A-t-elle trouvé des réponses à ses questionnements ? Elle rit :

"Dans le 'Monde est à toi', c’est moi qui m’interroge sur ce que c’est d’être ou d’avoir été une mère féministe. Loin de moi le désir de dicter des façons de faire, alors qu’il s’agit justement de ne pas figer la maternité. Quand on est visible sur la place publique, on fait face à des discours d’antiféministes qui prennent plaisir à nous attaquer, à répandre un cliché selon lequel on élèverait nos enfants dans une sorte de secte pour devenir féministes sans avoir le choix. Alors qu’en fait ma fille et moi avons grandi ensemble, elle m’a formé autant et même plus que l’inverse. Je voulais penser la radicalité de l’amour, pas le côté mièvre de l’amour maternel mais ce qu’il y a de véritablement révolutionnaire quand on aime de manière absolue. Là c’est l’amour entre moi et ma fille, mais ça peut être n’importe quel amour."

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

Cependant, à défaut de recommandations, l’ouvrage livre des pistes pour les mères : "Ne pas te dire que tu es une fille. Ne pas te rappeler que tu es une fille. Ne rien te permettre ou t’interdire parce que tu es une fille". Et néanmoins : "Te rappeler qui tu es : blanche, née avec un corps en plutôt bonne santé, dans une famille de classe moyenne, sur un territoire où vivaient des peuples déjà et que tes ancêtres d’Europe ont colonisé. Te rappeler que, malgré tous les écueils, tous les dangers, tous les risques, tout ce dont tu pourrais être privée, il reste que tu es privilégiée".

Le feu c’est aussi celui de la révolte, du militantisme, de l’amour. Il faut allumer les feux pour sonner l’alerte. Il faut être capable de faire les deux : les allumer et les éteindre

Serait-ce une façon très concrète d’illustrer ce que peut être une approche intersectionnelle, où on peut faire partie à la fois d’une catégorie dominée et d’une catégorie dominante ? "En effet, j’ai voulu faire comprendre à ma fille quels sont ses privilèges et à partir de ces privilèges, comment elle peut habiter ce monde, quelle est sa responsabilité. Quand le livre a été publié au Québec, en 2016, on m’a suggéré de mettre une photo de ma fille en couverture. Mais il n’était pas question de mettre sur la page une photo de ma fille blonde aux yeux bleus ! Alors on a pris une photo de ses bottes, ses bottes de guerre".


© Tous droits réservés
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Quand les livres pour enfants ouvrent le champ des possibles
"Le feu de la révolte"
En voyant le titre de l’autre ouvrage, "Pompières et pyromanes", et connaissant l’engagement féministe de Martine Delvaux, on ne peut s’empêcher de penser que si "pompières" est de toute évidence au féminin, "pyromane" devrait être lu au masculin. Le message est-il celui-là : les hommes allument des feux que les femmes s’échinent à éteindre ?

Ce n’est pas aussi simple. "Au départ mon idée était d’écrire sur le réchauffement climatique. Après m’est revenu une insulte reçue sur les réseaux sociaux : 'pompière pyromane'. Artistiquement je trouvais intéressant de comprendre ce qu’est une pompière pyromane, de là l’obsession pour le feu. Le réchauffement ne se traduit pas seulement par le feu, mais le signe le plus important, le plus dramatique, ce sont ces grands incendies qui ont dévasté l’Australie, la Sibérie, la Californie, l’Ouest canadien, des feux devenus incontrôlables. J’ai débusqué le feu dans mes souvenirs, le parfum, du feu, qu’est-ce que ça va sentir, la fin du monde ? Mais le feu c’est aussi celui de la révolte, du militantisme, de l’amour. Il faut allumer les feux pour sonner l’alerte. Il faut être capable de faire les deux : les allumer et les éteindre".

Dans son livre, truffé de références et de citations, Martine Delvaux reprend cette merveilleuse phrase de Susan Sontag : "L’amour, c’est l’amitié qui a pris feu".

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A propos de ce livre, sa fille lui dit qu’elle parlait de la mort. Martine Delvaux fait de multiples allusions à la fin du monde et songerait à écrire une version féminine de "La route" de Cormac Mc Carthy, cette histoire d’un père et son fils errant dans un monde d’après l’apocalypse. "Quand j’ai commencé à penser à ce livre, j’étais profondément désespérée. Quel monde allais-je laisser à ma fille ? Mais en écrivant 'Pompières et pyromanes', j’ai déposé ce désespoir ; je ne peux pas laisser à ma fille un livre désespéré, il faut que je sois plus intelligente. Il faut que je puisse penser ensemble le désespoir et l’espoir".

Et c’est réussi : si le livre fait référence à une série de catastrophes, il évoque aussi cette jeunesse qui se lève contre le changement climatique, la génération de sa fille, précisément, pour laquelle elle éprouve une immense admiration. Et parmi les fragments dont est fait l’ouvrage, elle cite cette inscription vue sur un mur de Montréal : "Des rêves ôtés créent des révolté·es".

Martine Delvaux : "Le monde est à toi" et "Pompières et pyromanes", tous deux parus aux éditions les Avrils.

Irène Kaufer est autrice et membre de l’asbl Garance.

Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/article/martine-delvaux-les-ecrivaines-sont-des-oracles-10953844

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Yaël Nazé, les femmes et l’étude des étoiles

15 Mars 2022, 03:11am

Publié par hugo

 LES GRENADES

Yaël Nazé, les femmes et l’étude des étoiles
Yaël Nazé, les femmes et l’étude des étoiles
12 mars 2022 à 11:09

6 min
Par Jehanne Bergé pour Les Grenades
Les Grenades
Sciences et Techno
FEMME
SCIENCE
YAEL NAZE
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En Belgique, selon le top 100 des professions de Statbel, on ne compte que 13% d’ingénieures civiles, 19% de femmes managers TIC et seulement 11% de conceptrices de logiciels. Pour lutter contre ces écarts et déconstruire les stéréotypes genrés, Les Grenades réalisent chaque mois le portrait de femmes actives dans le monde des sciences, de la tech’ ou de l’ingénierie.

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Astrophysicienne FNRS à l'Université de Liège, Yaël Nazé est spécialiste des étoiles massives et de leurs interactions avec leur environnement. Outre ses recherches et ses enseignements, dès qu’elle a un peu de temps, elle se consacre à la diffusion des sciences par le biais d'animations, d'expositions, de débats, de conférences. Autrice, elle est également à l’origine d’une multitude d'articles et de plusieurs livres, dont l’un dédié aux femmes dans l’histoire de l’astronomie. Rencontre avec une scientifique prolifique.

À lire aussi
Yaël Nazé récompensée par le prix Jean Perrin 2017 pour ses travaux de vulgarisation sur les étoiles massives
Les galaxies comme horizon
C’est au cœur du campus verdoyant du Sart Tilman à Liège que se loge le bureau de l’astrophysicienne Yaël Nazé. Derrière la porte, des posters d’étoiles, des ordinateurs, une belle bibliothèque. Pour cette spécialiste, l'observation des astres s’est révélée une évidence depuis toujours ou presque. "Vers 10 ans je me suis dit que j’allais faire l’astro ! Mes parents ne sont pas universitaires, mais ils m’ont soutenue dans mes projets."

En 1994, elle commence ses études d’ingénierie. "La proportion de filles était faible. En revanche, pour la première fois, dans ma promo, il y avait une élève inscrite en informatique. Pour ma part, j’étais en électricité et nous étions 10% de filles." À la fin de ce cursus, elle quitte son Borinage natal et débarque dans la Cité Ardente pour réaliser son stage et son mémoire au Centre Spatial de Liège. C’est dans la ville de bord de Meuse qu’elle poursuit son parcours par son doctorat et son entrée au FNRS.

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

À savoir : l'Université de Liège est la seule du paysage francophone belge à proposer depuis une dizaine d’années un Master en sciences spatiales. Cette filière est accessible aux personnes des BAC en Sciences physiques et en Sciences de l’ingénieur·e ; des cursus qui ne comptent en moyenne que 20% de filles. Cependant, l’astronomie se révèle un domaine assez féminin. "La moitié des étudiants sont des étudiantes. Même chose au niveau des doctorats. Cependant, quand on passe au post doc, on tombe à un tiers de femmes. Ensuite, dans les postes permanents, selon les statistiques de l’International Astronomical Union, en Belgique nous ne sommes plus qu’à 20%."

Qu’est-ce qui explique cet écart ? Les réponses ne sont pas à décoder dans les étoiles, mais dans les stéréotypes de genre qui continuent d’influencer nos comportements sociaux. "Le post doc est une période où on doit être très productif·ve. Nous devons souvent partir à l’étranger. C’est aussi le moment, autour de 30 ans où les personnes commencent à s’installer... Beaucoup de chercheurs quittent le pays et sont suivis par leurs compagnes, mais le contraire reste plus rare..." Même logique à la naissance des enfants, sans un véritable soutien du co-parent et/ou de l’entourage et/ou de bonnes structures d’accueil de la petite enfance, difficile de garder le cap. Les obstacles sont multifactoriels. Le plafond de verre reste une réalité.

Qui découvrit la loi permettant d’arpenter l’Univers, qui trouva des phares dans l’espace, qui comprit le fonctionnement des forges stellaires ou qui bouleversa notre vision de l’Univers ? Encore et toujours des femmes


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Soapbox Science : une initiative pour mettre les femmes scientifiques en valeur
Ensemble pour faire bouger les lignes
"Durant mon parcours, je n’ai pas vraiment senti de discriminations sexistes, mais je me suis beaucoup intéressée à la question des femmes en astronomie et je sais que pour certaines, c’est plus compliqué. Personnellement, la discrimination que j’observe et subis est surtout liée au fait que je fasse de la vulgarisation. Quand mon premier livre est sorti, certains collègues ne m’ont plus saluée pendant six mois. Sans oublier les insultes... Est-ce que si c’était un homme qui faisait de la vulgarisation, ce serait pareil ? Je ne peux le confirmer..." Une discrimination pour cause de vulgarisation et non pour patriarcat avéré, Yaël Nazé accorde le bénéfice du doute à ses détracteurs sans cacher une pointe de scepticisme.

Beaucoup de chercheurs quittent le pays et sont suivis par leurs compagnes, mais le contraire reste plus rare

Maitre de recherche FNRS, Yaël Nazé donne quelques cours, mais ne fait pas partie du corps académique. Au niveau astrophysique/planétologie, celui-ci est constitué de cinq hommes. "Parmi les chercheurs FNRS du même domaine, nous sommes trois femmes sur 10. Contrairement à l’Allemagne, chez nous, il n’existe pas de quotas de genre au niveau académique. Cependant, dans les équipes de doyen·nes, la mixité tend à devenir une bonne pratique." Si la prise en compte du genre dans les comités de décision est une initiative salutaire, dans la pratique ce n’est pas toujours simple de jongler avec tous les engagements...

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Les chercheuses étant moins nombreuses que leurs homologues masculins, elles sont plus sollicitées pour participer à ces organes et se retrouvent dès lors avec plus de charges administratives en plus de leur travail au quotidien.

C’est le cas de notre interlocutrice qui en outre de toutes ses activités liées aux sciences, prend entre autres part au comité genre de l’université. "Il a été mis en place il y a quelques années et rassemble des personnes de différentes facultés. Ensemble, nous réfléchissons aux actions à organiser. Nous avons notamment travaillé sur le Plan Égalité des Genres."

Visibiliser les femmes astronomes
Si nous avons décidé de rencontrer Yaël Nazé, c’est également pour ses recherches autour de la place des femmes dans l’histoire de l’astronomie. Elle est l’autrice de l’ouvrage plutôt génial "Femmes astronomes". "Un jour, je suis tombée sur un bouquin dans lequel il y avait une liste de quatre ou cinq astrophysiciennes. Je n’en connaissais qu’une. J’ai fouillé pour en savoir plus. Quand je commence un truc, j’ai tendance à creuser beaucoup, et mes recherches sont devenues un bouquin !"


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Le livre s’ouvre sur une série de citations sexistes écrites par des hommes. Par exemple, les mots de Jules Renard : "Ce qui fait le plus plaisir aux femmes, c’est une basse flatterie sur leur intelligence." Le ton est donné ! L’avant-propos de l’autrice dézingue les fausses croyances quant à la non-présence des femmes dans les sciences. "Qui a découvert un nombre incroyable de comètes et d’astéroïdes ? Une femme. Qui permit de comprendre comment s’organise la population stellaire ? Une femme, de nouveau. Qui découvrit la loi permettant d’arpenter l’Univers, qui trouva des phares dans l’espace, qui comprit le fonctionnement des forges stellaires ou qui bouleversa notre vision de l’Univers ? Encore et toujours des femmes..."

Chaque chapitre du livre est ensuite organisé autour d’une personnalité féminine. Traversant les époques, cet ouvrage se révèle d’une grande richesse d’un point de vue historique, mais aussi scientifique !


"L’astronomie, ce sont de grandes questions philosophiques. Cette matière n’a pas de genre. Les femmes observent et étudient les étoiles depuis la haute antiquité. Pourtant quand j’étais étudiante, je n’ai pas entendu parler d’elles ! Je pense qu’il faut donner des exemples diversifiés pour les nouvelles générations", conclut-elle. Il est temps pour la spécialiste de se replonger dans ses massives étoiles bleues...

Un travail qui aboutira en article scientifique, livre de vulgarisation, conférence ou exposition. Finalement, l’histoire des femmes astronomes, Yaël Nazé en fait pleinement partie.

[Yaël Nazé] Art et astronomie – Impressions célestes

Les femmes dans la recherche astronomique et scientifique - Les Grenades, série d'été

Dans la série de portraits Les Grenades de femmes scientifiques
Rania Charkaoui, pour plus de diversité dans les STEM dès l’université
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https://www.rtbf.be/article/yael-naze-les-femmes-et-letude-des-etoiles-10951472

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Safia Kessas : « Chère Elena Osipova, vous criez que le peuple russe n’est pas le pouvoir russe »

15 Mars 2022, 03:10am

Publié par hugo

 DANS QUEL MONDE ON VIT

Safia Kessas : « Chère Elena Osipova, vous criez que le peuple russe n’est pas le pouvoir russe »

12 mars 2022 à 10:44

4 min
Par Safia Kessas
Dans quel monde on vit
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LETTRE
PASCAL CLAUDE
UKRAINE
SAFIA KESSAS
ELENA OSIPOVA
Elle a été arrêtée il y a quelques jours par la police russe lors d’une manifestation contre la guerre en Ukraine. Elle s’appelle Elena Osipova et elle une figure du mouvement pour la paix en Russie. Pour " En toutes lettres ! ", la journaliste et réalisatrice, Safia Kessas a décidé de lui écrire cette missive.

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Chère Elena Osipova,

 

J’ai découvert votre visage joliment marqué par le temps et votre silhouette modeste, lors d’un rassemblement contre la guerre en Ukraine. C’était il y a quelques jours, vous manifestiez à Saint-Pétersbourg, la ville où vous résidez. J’ai vu des policiers vous emmenez avec votre petit béret bleu, votre écharpe brune à carreau bien serrée et votre pardessus. Vous étiez emmitouflée pour vous protéger du froid et aussi de la bêtise répressive. J’ai découvert que vous étiez devenue un symbole du mouvement pour la paix en Russie. Vous à la destruction des arsenaux nucléaires dans le monde avec vos pancartes dessinées.

A 77 ans, on vous présente comme peintre et militante. On vous surnomme aussi "la grand-mère de l’opposition". Est-ce un bien ou est-ce un mal ? Oui, grand-mère c’est affectueux, mais c’est aussi réducteur. C’est comme si vous manifestiez en arborant la bonne odeur du savon à la rose, une gentille étiquette inoffensive dans un halo de douceur. Pourtant vous êtes en colère Elena, une colère saine, une colère légitime, une colère que l’on a envie de crier avec vous. Et cette colère, n’est pas nouvelle. Elena, oui, vous êtes une résistante.

Toutes celles et ceux qui ont déjà manifesté à Saint-Pétersbourg vous connaisse car vous n’avez manqué aucun rassemblement depuis près de deux décennies. Vous n’avez rien laissé passer à Vladimir Poutine.

Avec vous c’est l’histoire sombre de la Russie des oligarques qui défile, celle que nous n’avons pas assez regardé et qui explose au visage de l’Europe.

Parfois, seule, vous étiez dans la rue, pour réclamer des autorités russes "toute la vérité" sur la prise d’otages de l’école de Beslan qui a eu lieu en 2004. Les souvenirs de cet acte terroriste, sont remontés à la mémoire comme l’odeur des égouts qui fait suffoquer. 332 morts dont 186 enfants, dans un dénouement très controversé à l’époque en raison des manquements des autorités russes.

Vous étiez présente, encore, pour soutenir les " prisonniers du 6 mai ", ceux et celles qui avaient été arrêtés en 2012 alors qu’iels manifestaient comme plusieurs milliers de personnes, contre l’investiture au Kremlin de Vladimir Poutine pour un troisième mandat népotique présidentiel.

Vous étiez présente lors des rassemblements Stratégie 31, pour rappeler tous les mois que l’article 31 de la Constitution russe garantit la liberté de rassemblement.

Vous étiez déjà présente lors des rassemblements anti-guerres en soutien à l’Ukraine en 2014.

Et vous revoici aujourd’hui en 2022, comme figure d’opposition à Poutine, arrêtée comme des milliers d’autres opposants pour dire stop à la guerre en Ukraine, crier que le peuple russe n’est pas le pouvoir russe.

Pour chaque action, vous dessinez votre propre affiche. Ainsi, vous avez présenté deux corbeaux symbolisant " l’anti-guerre".

Vous avez dessiné cela après le meurtre de Boris Nemtsov, opposant russe populaire, abattu de quatre balles tirées à bout portant sur un pont à deux pas du Kremlin, en 2015 : la zone la plus protégée de Russie comme pour ajouter une dose de cynisme et de théâtralisation. Un sort qui fait lourdement penser à celui de la journaliste Anna Politkovskaïa, qui devait impérativement raconter ce qu’elle avait vu, peu importe ce qu’il en coûte.

Et vous, chère Elena, vous montrez ce que nous ne voulons pas voir. Pour cela, vous mêlez l’action à l’esthétique, la colère au raffinement, comme si ces deux univers se nourrissaient mutuellement.

Dans une interview donnée à un journal russe, vous dites avoir été influencée dans votre art, par les fresques du mystique Roublev. Elles sont imprégnées par la générosité, la spiritualité et le génie de l’artiste russe. Les fresques médiévales, riches en couleur et sereines de Roublev transmettent une idée d’humeur éclairée de victoire. C’est tout ce que vous nous inspirez, vous qui clamez ne pas croire en la " justice de la guerre ! "

Bien chaleureusement

Safia Kessas


https://www.rtbf.be/article/safia-kessas-chere-elena-osipova-vous-criez-que-le-peuple-russe-nest-pas-le-pouvoir-russe-10952949

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Marie Dasylva : "Face au harcèlement, je crois à la nécessité de l’autodéfense"

14 Mars 2022, 15:02pm

Publié par hugo

 Marie Dasylva : "Face au harcèlement, je crois à la nécessité de l’autodéfense"
Marie Dasylva : "Face au harcèlement, je crois à la nécessité de l’autodéfense"
11 mars 2022 à 12:23

5 min
Par Adeline Thollot pour Les Grenades
Les Grenades
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HARCELEMENT
ENTREPRISE
RACISME
AUTO-DEFENSE
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Coach, entrepreneuse, podcasteuse et à présent autrice, Marie Dasylva est une véritable figure d’empouvoirement (traduit de l’anglais empowerment). Depuis maintenant plus de trois ans, son agence Nkaliworks, située à Paris, met en place des stratégies de survie au travail pour les personnes racisées. Via un accompagnement individuel, mais aussi à travers des coachings de groupe, l’agence permet de développer de véritables armes d’autodéfense. Nous l'avons rencontrée à l'occasion de sa venue au Same Festival.

Prendre conscience
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Travailleuse dans le milieu de la mode pendant plus de dix ans, Marie Dasylva se fait licencier en 2015. Suite à cela, elle tombe en dépression. Prenant conscience du harcèlement et du racisme auxquels elle a dû faire face sur son lieu de travail pendant de nombreuses années, Marie Dasylva décide de monter son agence de coaching. De son expérience personnelle, elle a tiré beaucoup d’enseignements qui lui permettent de venir en aide aux personnes qui la contactent, souvent dans l’urgence, parce que les discriminations vécues au travail sont devenues insupportables.

Dans son livre "Survivre au taf", sorti en janvier 2022, aux éditions Les Daronnes, Marie Dasylva présente neuf personnes aux parcours différents. Les récits relatés ont en commun la dureté des épreuves traversées. Que le racisme soit décomplexé ou prenne des formes plus insidieuses, il engendre des conséquences dévastatrices sur la confiance en soi.

Le fait d’être la seule personne racisée dans son espace de travail est déjà une violence, puisque la personne minorisée doit sans cesse justifier sa présence dans le milieu. À cela, peuvent s’ajouter les remarques blessantes, le harcèlement ou l’humiliation. Pour Marie Dasylva, un des premiers pas pour sortir la tête de l’eau est de poser des mots sur son vécu : "Les discriminations, il faut les visibiliser pour soi. Il ne faut pas avoir peur de prononcer les mots 'j’ai été victime de racisme'. Ce qui vous remet sur la voie, c’est ce que vous ressentez : il y a des signaux que l’on ne peut ignorer. L’appréhension que vous avez en passant votre badge à l’entrée de votre lieu de travail ou les insomnies qui vous empêchent de dormir, elles, ne mentent pas".

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Retrouver sa dignité
"Face aux traitements subis par les personnes minorisées en entreprise, je crois à la nécessité de l’autodéfense. Dans ce processus, la colère est souvent un premier pas vers la dignité. Elle permet de trouver l’élan, la force de se propulser", déclare Marie Dasylva. Si la première des choses pour s’en sortir est de prendre conscience des discriminations vécues au quotidien de mettre des mots dessus, il faut ensuite établir un plan d’action.

Dans son parcours personnel, cette première étape a eu lieu lorsqu’elle a commencé à écrire tous les incidents racistes vécus dans sa vie. En discutant avec ses ami·es, elle prend conscience qu’elle n’est pas la seule à devoir affronter tout cela. Afin d’élaborer des fins alternatives à ces situations vécues, elle couche sur le papier des exemples de ripostes ou d’actions concrètes. Alors qu’elle commence à élaborer des stratégies d’empouvoirement, elle demande à ses proches de les mettre en pratique sur le terrain. Pour elle, "il faut sortir du mythe de la répartie instantanée, parce que cela met une pression terrible sur les gens qui subissent des discriminations. Il faut se dire que tant que le traumatisme est présent, la riposte est ouverte".

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Marie Dasylva écrit : "Ranger ses affaires et s’en aller, c’est un acte d’auto-défense. […] C’est un acte de survie mais aussi de grandeur". Si refuser les traitements de défaveur qu’on nous impose dans le cadre du travail peut avoir des répercussions, elle ne raisonne pas en termes de gains ou de pertes : "Même dans l’urgence, pour se protéger, on doit être capable de prendre des décisions qui vont s’avérer bénéfique sur le long terme. Rester dans une structure dans laquelle on a subi du racisme, ce n’est pas une bonne décision". Partir n’est jamais facile, mais c’est pour cela qu’il est important de bien préparer son départ et de laisser une trace de ce que l’on a vécu.

Dans "Survivre au taf", Marie Dasylva raconte la manière dont Marjane a fait changer la honte de camp. Cette travailleuse d'origine maghrébine, en période d’essai dans une entreprise, subissait du harcèlement quotidiennement de la part de sa supérieure. Dans la stratégie qu’elle élabore avec Nkaliworks pour échapper à cette violence, elle prend soin de documenter minutieusement les agressions subies et de couper court à toute interaction désagréable avec sa responsable. Une des techniques mise en place est la stratégie des 300 secondes : le temps maximum qu’elle consacre aux interactions oppressives.

En appliquant les méthodes de Nkaliworks, Marjane déstabilise sa supérieure, qui va tenter d’inverser la charge victimaire, en l’accusant de l’avoir mise à mal. Si cette responsable n’a pas été démise de ses fonctions, elle est aujourd’hui reléguée à des tâches subalternes. Quant aux ressources humaines dans cette histoire, bien que mises au courant régulièrement des discriminations subies par Marjane, elles ne l’ont jamais défendue. Marie Dasylva constate dans son expérience de coach, que les réparations se font rarement à l’intérieur des structures : "De manière générale, les ressources humaines se positionnent rarement du côté du salarié harcelé : leur but est de protéger les intérêts de l’entreprise. Les informer de la situation est néanmoins une étape essentielle, surtout si la personne souhaite porter son cas jusqu’au tribunal du travail".

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Marie Dasylva choisit de se concentrer sur l’accompagnement des personnes à l’échelle individuelle, qui ont besoin d’une aide immédiate et de pistes de solution personnalisées en fonction des difficultés qui leur sont imposées dans l’espace travail. Pourtant, comme elle l’explique dans son livre : "En aucun cas, notre travail ne se substitue à l’absolue nécessité de la lutte collective, dont l’horizon est l’émancipation totale des groupes dominés".

Infos pratiques
Le 11/03 à 19h : présentation du livre " Survivre au taf " à la librairie Pépites Blues, à Ixelles.

Le 12/03 à 16h : workshop avec Marie Dasylva au Café Congo à Anderlecht.

Le 13/03 de 16h30 à 19h : séance de coaching en live à la Maison des Femmes à Schaerbeek.

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Le milieu de la bière, un entre-soi masculin et blanc ?

14 Mars 2022, 14:59pm

Publié par hugo

 Le milieu de la bière, un entre-soi masculin et blanc ?
Le milieu de la bière, un entre-soi masculin et blanc ?
11 mars 2022 à 11:18

5 min
Par Jehanne Bergé pour Les Grenades
Les Grenades
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FEMME
BIERE
ZYTHOLOGIE
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L’équipe du site d'actualité zythologique Beer.be a mené l’enquête pour visibiliser les disparités en matière de genre dans les brasseries belges. En exclusivité pour Les Grenades, nous avons reçu les premiers chiffres concernant Bruxelles...

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La discipline qui se consacre à l’étude de la bière constitue la zythologie (mot composé de zythos – bière et logos – étude en grec ancien). Sensible aux questions de féminisme et d’intersectionnalité, l’équipe de Beer.be a cherché à quantifier la représentativité des acteurs et actrices du secteur brassicole belge. "Nous nous sommes rendu compte que traiter de sujets liés à l’inclusion sans chiffres devenait problématique. Plutôt que de partir sur des postulats sans preuve concrète, nous nous sommes associé·es à Brussels Beer City pour créer la première base de données belge de nos brasseries artisanales", explique Cédric Dautinger, rédacteur en chef du projet Beer.be.

Des chiffres qui en disent long
Dans un article préambule, le journaliste explique la démarche de cette recherche statistique. Voici quelques points d’attention : la sélection de l’étude est basée sur la liste des brasseries belges, établie en 2021 par le site belge Zythos. Les près de 400 brasseries ont été divisées par région (Bruxelles, Flandres et Wallonie), et n’ont été gardées que les brasseries artisanales. Les statistiques concernent les dirigeant·es d'entreprise (personnes physiques inscrites comme administrateur·rices à la BCE) ainsi que les travailleurs et travailleuses (employé·es et ouvrièr·es) équivalents à des temps pleins dans les brasseries.

C’est important également d’avoir une nomenclature adaptée, notre fédération s'appelle la ‘Fédération des brasseurs belges’ et pas ‘des brasseries belges’...

L’étude porte sur le genre, mais aussi sur le pourcentage de personnes racisées au sein des équipes. Beer.be a récolté et continue de recueillir ces données directement auprès des brasseries, et ce de façon anonyme. "Quand j’ai publié l’article d’introduction à la démarche, j’ai reçu beaucoup de critiques. Je dois bien dire que 100% des messages provenaient d’hommes blancs. Aussi, je pense que si j’avais été une femme on m’aurait beaucoup plus attaqué...", commente Cédric Dautinger.

►►► Retrouvez en cliquant ici tous les articles des Grenades, le média de la RTBF qui dégoupille l’actualité d’un point de vue féministe

Les Grenades publient aujourd’hui en exclusivité les premiers chiffres concernant Bruxelles. 20 brasseries bruxelloises ont été étudiées. Celles-ci comptent 84% d’hommes et 96% de personnes blanches parmi les propriétaires. Du côté des travailleurs et travailleuses : 72% d’hommes et 93% de personnes blanches. À savoir, Bruxelles ne compte "que" 5 brasseries entièrement masculines sur 20, soit 75% des brasseries comptent au moins une femme dans leur équipe.

"Ces chiffres permettent d’objectifier la situation et d’observer les potentielles évolutions. Récemment, de nouvelles brasseries ont ouvert avec en leur sein des équipes plus mixtes. On est sur une bonne pente en tous cas en ce qui concerne le genre", clarifie Cédric Dautinger.

Les femmes dans le milieu brassicole, une longue histoire
Si elles sont aujourd’hui en minorité, il est important de rappeler que par le passé, les femmes ont joué un rôle prépondérant dans la fabrication de la bière. Comme l’expliquent nos consœurs Lucy Dricot et Cindya Izzarelli dans cet article, longtemps ce sont d’abord les femmes qui ont brassé tandis que les hommes, eux ne sont arrivés que bien plus tard. Les journalistes nous apprennent notamment que les premières traces de la bière remontent à 14 500 avant notre ère. Et que son invention serait liée à la fabrication du pain et à la conservation des céréales, deux tâches domestiques alors principalement réservées aux femmes.

"Chez les Celtes et les autres peuples nordiques, les femmes ont continué de brasser même si les hommes ont commencé à s’en mêler. En Angleterre, il y a eu des ‘Alewifes’ jusqu’à la fin du Moyen Âge. Ce qui a surtout dérangé les hommes, c'était l'impossibilité d'avoir un monopole d'état et/ou religieux sur la bière, mais aussi l'indépendance que la bière fournissait aux femmes qui travaillaient et gagnaient parfois plus que leurs maris", complète Cédric Dautinger.

Au XIVe siècle, les brasseuses sont diabolisées et considérées comme des sorcières. Petit à petit, les femmes disparaissent des brasseries. Elles continuent néanmoins de boire de la bière jusqu’au XXe siècle, jusqu’à ce que le marketing genré les évince pour de bon. Sans parler des stéréotypes autour de la consommation d'alcool par les femmes.

Bonne nouvelle, un essai vient de sortir sur le sujet. À travers "Maltriarcat", la journaliste Anaïs Lecoq nous éclaire sur le rôle des femmes dans l’histoire de la bière et sur les mécanismes qui les ont écartées du milieu brassicole. Passionnant !

Quand j’ai publié l’article d’introduction à la démarche, j’ai reçu beaucoup de critiques. Je dois bien dire que 100% des messages provenaient d’hommes blancs. Aussi, je pense que si j’avais été une femme on m’aurait beaucoup plus attaqué...

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Les efforts à entreprendre
Il est temps de redonner leur place aux femmes auprès des cuves. Cédric Dautinger se dit confiant quant à l’avenir ; les nouvelles brasseries semblent s’inscrire dans une vision plus inclusive. Cependant, ne crions pas victoire trop rapidement. Les stéréotypes autour du travail manuel des femmes sont à déconstruire. Selon une étude de l’Université Stanford, les produits fabriqués par des femmes et destinés à la vente sur des marchés à caractère plus masculin (comme celui de la bière artisanale) sont pénalisés sans autre raison que le fait qu'ils soient fabriqués par des femmes.

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Pour attirer différents publics au cœur des brasseries, Cédric Dautinger ajoute la nécessité d’en finir avec la logique de boy's club. "Que ce soient les remarques déplacées, les blagues sexistes et bien entendu le harcèlement ou les agressions... Il faut pouvoir en parler. C’est important également d’avoir une nomenclature adaptée, notre fédération s'appelle la ‘Fédération des brasseurs belges’ et pas ‘des brasseries belges’..."

Le chemin est encore long. En espérant que ce travail statistique mené par Beer.be, additionné à la valorisation du matrimoine brassicole ouvre des discussions sereines pour plus d’inclusion, et ce, sous toutes ces formes. Santé à toutes et tous !

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Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias.


https://www.rtbf.be/article/le-milieu-de-la-biere-un-entre-soi-masculin-et-blanc-10952627

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“Les femmes savent pourquoi”, un mois de mars 100% féminin à Jupille-Wandre

14 Mars 2022, 13:28pm

Publié par hugo

 “Les femmes savent pourquoi”, un mois de mars 100% féminin à Jupille-Wandre
“Les femmes savent pourquoi”, un mois de mars 100% féminin à Jupille-Wandre
11 mars 2022 à 08:17

3 min
Par Mathieu Neuprez pour Les Grenades
Les Grenades
Info
 
Depuis 2016, le Foyer culturel de Jupille-Wandre consacre sa programmation du mois de mars uniquement aux femmes. Concerts, spectacles et projections sont au planning pour promouvoir le talent féminin au festival Les femmes savent pourquoi.

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“Un jour pour les droits des femmes en général, nous trouvons que c’est trop peu. Nous avons donc eu l’envie de leur accorder un mois entier”, explique Céline Masset, responsable de projet au Foyer culturel. “Nous avons réfléchi à comment, à notre échelle, au niveau culturel, nous pouvions agir. Nous avons donc naturellement décidé de mettre exclusivement des femmes en avant, idéalement issues du bassin liégeois. Le reste de l’année, on remarque une légère disparité dans la programmation.” Un constat n’est pas propre au Foyer culturel de Jupille-Wandre.

En 2021, la Compagnie Écarlate publiait son étude Acte 3, laquelle révèle que dans les 8 opérateurs les plus subventionnés de Belgique, 60% de la programmation était masculine pour les saisons 2018-2019 et 2019-2020, avec une légère amélioration pour 2020-2021 (57% d’hommes, pour 43% de femmes).

Ce sont majoritairement des hommes à la tête des centres culturels, ce pourrait être une piste qui expliquerait cette disparité dans les programmations

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“Quand on cherche, on trouve”, rigole Céline Masset qui confirme que la “contrainte” n’a pas été très difficile à surmonter. “Bien sûr, il y a un travail de recherche pour proposer des spectacles de qualité qui traitent de sujets dont on parle moins mais qui intéressent néanmoins notre public”. Avec pour objectif avoué de susciter de nouvelles interrogations dans l'esprit des spectateurs, tout en leur donnant quelques clés. Dans cette optique, plusieurs projections gratuites de documentaires questionnant la place de la femme dans la société ont été planifiées

“Elles sont systématiquement suivies d’un échange, soit avec la réalisatrice, Safia Kessas, dans le cas de Casser les codes, soit d’une spécialiste du sujet, Maïté Warland, en ce qui concerne Woman”, confirme-t-elle.

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Le festival, qui en est à sa quatrième édition (les deux dernières ayant été annulées à cause de la crise sanitaire), a vu son public évoluer avec les années. "Au départ, nous intéressions essentiellement un public averti. Aujourd’hui, nous attirons aussi les curieux", explique Céline Masset qui avoue avoir été surprise par la faible présence du public masculin lors de la toute première édition. "Certains hommes pensaient ne pas être admis sous prétexte que nous organisions un festival féminin, voire féministe. Nous avons dû adapter notre communication pour les encourager à participer. C’est une thématique qui touche toute la population, sans exception."

La sélection du festival par les Grenades
Montenero est un spectacle né d’entretiens et de rencontres effectuées par les comédiennes. Elles parlent et chantent : des chants que l’on sent venus de très loin. La performance rappelle que les femmes de l’immigration italienne n’étaient pas uniquement des accompagnatrices, cantonnées à la cuisine. Quelle est l’histoire de ces femmes arrivées dans l’ombre de ces travailleurs ? Montenero, c’est aussi une participation à l’Europe, à la mémoire ouvrière, à la lutte des femmes et contre la xénophobie.

Le spectacle sera joué le vendredi 11 mars à 20h15 à la salle Prévers de Jupille. Il est mis en scène par Martine de Michele, que nous avions déjà interrogé cet été d pour les 75 ans des accords charbon.


Casser les Codes est un film qui, en racontant les parcours de femmes emblématiques du secteur de la technologie, nous guide à l’intérieur de ces métiers méconnus qui bouleversent nos vies. Il répond à une série de questions au travers d’histoires individuelles pour briser les stéréotypes, mais également les préjugés encore bien établis dans le domaine des STIM. Certaines femmes ont payé le prix fort mais toutes ont pu surmonter d’importantes barrières pour être des modèles d’inspirations pour les jeunes générations aujourd’hui.

Le film, réalisé par Safia Kessas, sera projeté gratuitement le vendredi 31 mars à la salle Prévers de Jupille et sera suivi d'une rencontre avec la réalisatrice.

Le programme complet par ici.


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Le programme complet par ici.

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Les féministes victimes de Zoombombing : une technique pour les faire taire

14 Mars 2022, 13:27pm

Publié par hugo

 Les féministes victimes de Zoombombing : une technique pour les faire taire
Les féministes victimes de Zoombombing : une technique pour les faire taire
10 mars 2022 à 14:00

5 min
Par Camille Wernaers pour Les Grenades
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Le 7 mars dernier, l’association féministe Le Monde selon les femmes, en collaboration avec le Collectif des femmes de Louvain-la-Neuve, présentait sa dernière publication sur l’écoféminisme, "Polyphonie écoféministe : entre terres et mèr·es".

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"C’était un moment de fête pour nous, à la veille du 8 mars. Cela fait plus de 25 ans que nos associations collaborent. Nous étions très heureuses de présenter ce travail à l’intersection entre les luttes environnementales et pour les droits des femmes", souligne aux Grenades Agnès Bertrand Sanz, coordinatrice au sein du Monde selon les femmes.

L’événement s’est déroulé à la fois en présentiel et en ligne via la plateforme de vidéoconférence Zoom – une pratique qui s’est démocratisée durant la pandémie et permet la présence d’un public international. 50 personnes y participaient lorsque l’événement a dû être interrompu à la suite d’un Zoombombing causé par des hommes opposées aux mouvements et revendications féministes. Un zoombombing est une intrusion non désirée et perturbatrice dans une vidéoconférence, généralement effectuée par des trolls ou des pirates informatiques.

"Est-ce que c’est vrai que vous tuez des bébés ?"
Concrètement, les intrus interrompaient les invitées en criant des menaces, des insultes, notamment des "sales putes", ou des paroles inintelligibles, les empêchant de réaliser leur présentation. Lorsqu’une intervenante a parlé du droit à l’accès à l’avortement en Amérique latine, les "hackeurs" l’ont interrompue avec des "est-ce que c’est vrai que vous tuez des bébés ?". Les organisatrices ont dû couper le lien de la vidéo-conférence après la prise de contrôle de l’écran partagé par les hackeurs et la diffusion d’images pornographiques violentes.

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Ce n’est pas la première fois que le Monde selon les femmes se retrouve face à ce genre d’agression. En novembre 2021, un évènement en ligne qui réunissait une militante brésilienne et un militant congolais, toustes deux féministes, avaient déjà fait l’objet d’une attaque similaire.

Sophie Charlier, chargée de mission au Monde selon les femmes, était également présente à l’événement du 7 mars sur l’écoféminisme. Encore secouée, elle réagit : "Notre publication est née d’une recherche croisée entre des expériences de femmes en France, Belgique, Bolivie, Mexique, Brésil, Équateur et Sénégal pour préserver leur habitat et revendiquer leurs droits. L’écoféminisme est un mouvement pacifique, qui a pour boussole la justice sociale et environnementale. Ce genre d’attaques nous surprennent tant elles sont en décalage avec notre message."

Le cyberespace est un espace public où les femmes et particulièrement les féministes sont agressées

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Agnès Bertrand Sanz reprend : "C’était d’autant plus violent que nous, nous étions dans un endroit discret qui accueille des femmes victimes de violence. Entendre des insultes faites aux femmes dans ce lieu était difficile. Il y avait aussi des messages racistes. Au début, nous avons culpabilisé, car nous avions laissé le lien vers notre réunion sur notre page Facebook, nous nous étions dit qu’il s’agissait d’un événement public où tout le monde était bienvenu. Puis nous avons compris que ce n’était pas notre responsabilité, nous sommes victimes de cette cyberattaque ! Le cyberespace est un espace public où les femmes et particulièrement les féministes sont agressées, et cela commence petit à petit à être reconnu. Nous devrions y être en sécurité."

Elle ajoute : "Pourquoi saboter deux ans de travail de cette façon ? C’est pour nous faire taire ! Et c’est facilité par le fait qu’ils sont derrière leur écran. Nous sommes néanmoins bien conscientes que cela est sans commune mesure avec ce que vivent les militantes environnementalistes et féministes dans certains pays d’Amérique latine, où elles sont assassinées."

"En tout cas, il faut dire que ces techniques ne fonctionnent pas car nous en sortons renforcées dans nos convictions écoféministes. On sert à quelque chose en portant ce discours et on va continuer à le faire", lance encore Agnès Bertrand Sanz.

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Et ce type d’attaque en ligne concertée semble devenir un problème global. Au moins un autre événement féministe en a récemment été victime : l’événement "Sexisme en archéologie : des vestiges du passé aux enjeux actuels", organisé le 8 mars par le Bureau de l’Égalité de l’université de Lausanne, a également été la cible d’une cyberattaque, rapporte l’archéologue féministe Laura Mary, déjà interviewée par Les Grenades pour son travail de visibilisation des violences faites aux femmes dans ce milieu.

"Cette attaque prenait la forme d’un groupe d’une vingtaine d’hommes misogynes plus ou moins organisés qui se sont connectés à l’événement Zoom et qui ont essayé de déstabiliser les organisateurices, moi qui intervenais, l’intervenante et les participant·es en créant du chaos dans le but de faire stopper l’événement", explique-t-elle sur Twitter. "Les armes auxquelles ils ont recours sont simples mais elles peuvent se révéler hautement efficaces si on n’y est pas préparé : messages injurieux dans le chat, diffusion de sons parasites via micro, tentatives de prise de contrôle de l’écran des hôtes de la réunion Zoom, diffusion d’images scabreuses une fois la prise de contrôle réalisée."


Un retour de bâton
Laura Mary rapproche ces attaques du concept de backlash, théorisé par Susan Faludi en 1991. L’autrice défend la thèse d’un retour de bâton en réaction aux avancées féministes. "Ce backlash peut être plus ou moins subtil (censure, moqueries, coups, etc.) et a pour but de reconquérir le pouvoir perdu ou menacé. Il faut dans tous les cas avoir conscience qu’il existe afin de pouvoir préparer au mieux la riposte", précise Laura Mary.

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Cela fait déjà des années que des groupes d’hommes masculinistes menacent des féministes ou perturbent leurs événements, des stratégies antiféministes étudiées notamment par le chercheur québécois Francis Dupuis-Déri et qui relèvent "d’une prise de pouvoir sur les femmes, sur les mouvements des femmes." Il écrit : "Des répondantes indiquent avoir assisté à des évènements publics qui ont été perturbés par des antiféministes, surtout lors des périodes de questions, alors que des hommes monopolisent le micro pour critiquer les féministes et revendiquer des ressources pour les hommes."

Ces techniques ne fonctionnent pas. On sert à quelque chose en portant ce discours et on va continuer à le faire

Que faire ?
Déjà confrontée à ces attaques auparavant, Laura Mary conseille : "Les 4 erreurs de débutant·e à ne pas commettre sont d’ouvrir la réunion à tous·tes sans y intégrer au minimum une salle d’attente qui permet de filtrer les entrées, de laisser traîner sur les réseaux sociaux l’heure et le lien de la réunion Zoom, de laisser ouvert les micros des participant.es, d’autoriser le partage d’écran aux participant·es. Si vous commettez une ou plusieurs de ces 4 erreurs et que votre réunion devient la cible d’un raid, d’abord restez calme. Expliquez en quelques mots aux participant·es désorienté·es ce qui est en train de se passer. Si vous avez accepté le contrôle à distance de votre écran par un autre participant : cliquez sur "arrêter le partage". Créez immédiatement un code d’accès pour la réunion. N’acceptez plus personne dans la réunion, bannissez toutes les personnes qui ouvrent leurs micros. Et 'don’t feed the troll', ne répondez pas dans le chat."

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"Déraciné·e·s", la poésie en lutte

14 Mars 2022, 13:13pm

Publié par hugo

 "Déraciné·e·s", la poésie en lutte
"Déraciné·e·s", la poésie en lutte
10 mars 2022 à 09:39

3 min
Par Jehanne Bergé pour Les Grenades
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CAMILLE WEALE
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Mardi 15 mars, les Midis de la Poésie invite au Théâtre des Martyrs le spectacle Déraciné·e·s qui questionne notre ancrage et notre humanité. À l’honneur, les textes de l’auteur afro-américain Bob Kaufman mis en musique et portés sur scène par Camille Weale, marolito et YA$KA.

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Camille Weale est musicienne et autrice. Dans ses écrits, le déracinement des sociétés occidentales et la défense des minorités sont des thématiques centrales. Franco-Anglaise et férue de poésie, il y a quelques années, elle découvre les mots de l’auteur afro-américain Bob Kaufman. De cette rencontre littéraire nait un spectacle : Déraciné·e·s. Un projet qu’elle incarne aujourd’hui avec le guitariste et compositeur bruxellois marolito, et le musicien YA$KA.

Les mots d’un écorché
C’est à quelques jours de la représentation que nous retrouvons Camille Weale à une terrasse de café. Sous les premiers rayons de soleil de l’année, l’artiste engagée revient sur la genèse de cette pièce musicale. "Depuis toujours, je me sens poreuse au monde. En 2015, j’ai lancé avec marolito le groupe DALVA. Notre musique entre blues et rock urbain s’ancre dans la volonté de créolisation des cultures", introduit-elle.

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Autrice, c’est à travers l’écriture qu’elle explique incarner un rôle de témoin du présent. "Je suis à l'origine des textes que j'interprète, exception faite pour Déraciné·e·s où la poésie de Bob Kaufman est à l'honneur. En Europe, il demeure un invisible, il n’a pas été mis autant en avant que ses pairs blancs de la Beat Generation."

L'affiche du spectacle : un portrait de Bob Kaufman, réalisé par Obi Okigbo.
L'affiche du spectacle : un portrait de Bob Kaufman, réalisé par Obi Okigbo. © Tous droits réservés
Bob Kaufman (1925–1986), poète de San Francisco bouscule par sa plume brut et vibrante et fait résonner les cris des opprimé·es. "C’était un écorché, il organisait des putsch poétiques. Il entretenait un rapport très oral à la poésie, c’est sa femme qui a retranscrit ses textes. Pour moi, il représente la figure du griot."

Notre interlocutrice insiste sur la modernité de Kaufman. "Il parle de l’histoire de l’esclavage et des Afro-descendant·es, mais aussi de tous ces déracinements qui touchent nos villes occidentales. Le capitalisme comme on le connait coupe les gens de leur culture. Tout ce qu’il dépeint dans ses textes résonne vraiment aujourd’hui."

Mon corps est un matelas déchiré 

Endroit pulsant

Pour les allées venues

Des passants sans amour.

 

(Extraits du poème Porteriez-vous mes yeux ?)

Sur scène, la musicienne-interprète alterne des slams de textes traduits en français et des chants de passages en anglais, langue originale des poèmes. La musique électronique de YA$KA et la guitare électrique de marolito entrent en échos avec les mots de l'auteur.  


Visibiliser d’autres paroles
"On a aussi la volonté de visibiliser sur les scènes institutionnelles les minorités à qui on ne donne pas la parole", ajoute Camille Weale. La première partie de Déraciné·e·s offre à entendre les mots de celles et ceux qui se battent pour les droits des personnes sans papiers ; sont invité·es sur scène Modou et Doulo Kandé du collectif La Voix des Sans-Papiers, la slameuse Leïla Duquaine et l'autrice et performeuse Milady Renoir. À quatre voix, elles et ils déclinent le déracinement à partir de cartes blanches poétiques et politiques. "Pour moi la question des sans-papiers est l'une des plus importantes crises de notre époque", ajoute l’artiste.

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Avec pour arme l’écriture, la chanteuse défend les invisibles, y compris les femmes. "Les milieux musicaux du blues ou du rock sont tenus par un solide patriarcat. Les hommes qui gardent les rênes ne laissent que peu de place aux femmes..." À travers ses textes, elle aborde notamment la question du genre et la solitude des mères... "Être artiste femme aujourd’hui, c’est oser prendre des risques, oser tenir tête."


© Tous droits réservés
Si le chemin pour plus d’égalité dans le milieu de la musique reste long, Camille Weale souligne néanmoins une amélioration. "Mais j’attends le moment où l’on dépassera les quotas. J’ai envie que toutes les cases explosent. C’est pour ça que je décide de monter sur scène et d’ouvrir ma gueule. C’est mon combat."

Déraciné·e·s, une errance poétique et musicale sur des textes de Bob Kaufman à découvrir ce mardi 15 mars de 12h40 à 13h30 au Théâtre des Martyrs dans le cadre des Midis de la Poésie. Plus d’infos par ici.

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